Texte 13C Jules Verne Le tour du monde en quatre-vings jours (1873) La discussion fut suspendue pendant le robbre. Mais bientôt Andrew Stuart la reprenait, disant : « Comment, autrefois ! Est-ce que la terre a diminué, par hasard ? — Sans doute, répondit Gauthier Ralph. Je suis de l’avis de Mr. Fogg. La terre a diminué, puisqu’on la parcourt maintenant dix fois plus vite qu’il y a cent ans. Et c’est ce qui, dans le cas dont nous nous occupons, rendra les recherches plus rapides. — Et rendra plus facile aussi la fuite du voleur ! — À vous de jouer, Monsieur Stuart ! » dit Phileas Fogg. Mais l’incrédule Stuart n’était pas convaincu, et, la partie achevée : « Il faut avouer, Monsieur Ralph, reprit-il, que vous avez trouvé là une manière plaisante de dire que la terre a diminué ! Ainsi parce qu’on en fait maintenant le tour en trois mois… — En quatre-vingts jours seulement, dit Phileas Fogg. — En effet, messieurs, ajouta John Sullivan, quatre-vingts jours, depuis que la section entre Rothal et Allahabad a été ouverte sur le « Great-Indian peninsular railway », et voici le calcul établi par le Morning-Chronicle : De Londres à Suez par le Mont-Cenis et Brindisi, railways et paquebots 7 jours. De Suez à Bombay, paquebot 13 — De Bombay à Calcutta, railway 3 — De Calcutta à Hong-Kong (Chine), paquebot 13 — De Hong-Kong à Yokohama (Japon), paquebot 6 — De Yokohama à San-Francisco, paquebot 22 — De San-Francisco à New-York, railroad 7 — De New-York à Londres, paquebot et railway 9 — Total 80 jours. — Oui, quatre-vingts jours ! s’écria Andrew Stuart, qui, par inattention, coupa une carte maîtresse, mais non compris le mauvais temps, les vents contraires, les naufrages, les déraillements, etc. — Tout compris, répondit Phileas Fogg en continuant de jouer, car, cette fois, la discussion ne respectait plus le whist. — Même si les Indous ou les Indiens enlèvent les rails ! s’écria Andrew Stuart, s’ils arrêtent les trains, pillent les fourgons, scalpent les voyageurs ! — Tout compris, » répondit Phileas Fogg, qui, abattant son jeu, ajouta : « Deux atouts maîtres. » Andrew Stuart, à qui c’était le tour de « faire », ramassa les cartes en disant : « Théoriquement, vous avez raison, Monsieur Fogg, mais dans la pratique… — Dans la pratique aussi, Monsieur Stuart. — Je voudrais bien vous y voir. — Il ne tient qu’à vous. Partons ensemble. — Le ciel m’en préserve ! s’écria Stuart, mais je parierais bien quatre mille livres (100,000 fr.) qu’un tel voyage, fait dans ces conditions, est impossible. — Très-possible, au contraire, répondit Mr. Fogg. — Et bien, faites-le donc ! — Le tour du monde en quatre-vingts jours ? — Oui. — Je le veux bien. — Quand ? — Tout de suite. Verne. Le tour du monde en quatre-vings jours 2022, février 5). Wikisource.org. Page consultée le 17:08, février 5, 2022 à partir de : https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Tour_du_monde_en_quatre-vingts_jours Le Tour du monde en quatre-vingts jours. (2022, janvier 30). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 12:50, janvier 30, 2022 à partir de http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Le_Tour_du_monde_en_quatre- vingts_jours&oldid=190372722.