ACTE 1 Un salon dans une conforiable maison de campagne. Trois portes a la cour et deux portes au jardin. Au fond, au centre, la porte d'entree de la maison. A gauche, en pan coupe jardin. une baie vitree. Canape, fauteuils, chaises, un pouf, un bar avec des verres, bouteilles et flacons, telephone, une table contre le mur entre la porte 1 et 2 jardin. Quand le rideau se leve, la scene est vide. Jacqueline entre de 2jardin avec trois assiettes et une nappe. Elle regarde autour d'elle, allume la lampe jardin qui se trouve devant la fenitre, met la nappe et dispose les trois assiettes sur la table avec les deux chaises qui se trouvent au 3s plan jardin. Elle va allumer la 2s lampe cour et va ressortir au moment ou le telephone sonne. Elle decroche. Jacqueline. — Alio oui ?... Oui, c'est ici!... Oui, c'est moi!... Ah, c'est l'agence ?... Vous m'avez fina-lement trouve une femme de menage ?... Une interi-maire ?,.. Oui, oui, extra !... Bon, eh bien alors c'est parfait!... Combien?!... Cinq cents francs par 5 jour ? !... Et 20 % pour vous ? !... Oui, oui bon c'est entendu !... Ah, elie s'appelte Brigitte ?... Ties bien ! Bon ! Merci, au revoir Madame... oh pardon. Monsieur !... {Elle raccroche et va pour ressortir. Quand elle est devant la porte, on entend une sonnerie a I'entree. Elle y va rapidement et elle ouvre. Robert est dans I'encadrement de la porte avec une valise a la main.) robert. — Bonjour! C'est moi! (Jacqueline le tire a I'interieur, referme la porte derriere lui et lui saute au cou pour I'embrasser.) Jacqueline. — Oh, toi! Toi! robert, la repoussant et regardant autour de lui. — II n'est pas la ? Jacqueline. — Si, en bas! robert. — Mais voyons, il pourrait remonter ! (II la repousse sans I'avoir embrassee.) Jacqueline. — Impossible, il vient de descendre. (Elle se rapproche de lui et ils s'embrassent.) jacqueline. — Je suis ravie que tu sois la, tu sais, ravie ! (Lui prenant la valise et la posant, elle lui 6te sa casquette qu 'elle pose sur la valise egalement) Et toi? robert. — Quoi ? jacqueline. — Tu es heureux ? robert. — Sans q&, est-ce que je serais la ? (II la regarde pendant un temps minuscule et ils restent enlaces.) 6 ROBERT. — On est fous, non ? jacqueline. — Mais oui! Mais c'est merveilleux ! Quand il m'a dit qu'il t'avait invite pour le week-end, je l'aurais presque embrasse, tu vois ! ROBERT. — Oui! Et il avail vraiment fair de tenir a ce que je vienne ! jacqueline. — Mais moi aussi! (Tout pres de lui.) Alors, fespere qu'on arrivera a se retrouver tous les deux rien que toi et moi! ROBERT. — Oui, oui, on verra ! Mais il faudra faire tres attention ! Jacqueline. — Mais oui! ROBERT. — Et surtout, pas d'imprudences ! Jacqueline. — Mais non, ne t'inquiete pas! Regarde, je nous ai prepare cette chambre-la ! (Elle designe la porte cour. On entend une porte a I'exte-rieur se fermer) jacqueline. — Eh bien ! tiens, le voila ! (Robert toussote, il reprend sa valise et elle lui remet la casquette.) ROBERT. — Deja ! (Bernard entre de la porte du cellier. troisieme plan cour.) Bernard. — Ah ! tu es arrive ! Robert. — Oui, tu vois, j'arrive, j'arrive a ['Instant ! jACQUELiNE. — Oui, a l'instant, il n'y a pas cinq minutes ! Tiens ! II a encore sa casquette ! 7 bernard. — Oui, en effet! Eh bien, je suis ravi de te voir! ROBERT, ötant sa casquette. — Ah ! mais moi aussi! bernard. — Tu as une mine superbe ! robert. — Eh bien ! toi aussi! bernard. — Merci. ROBERT. — Eh bien ! tant mieux, tant mieux ! Je suis bien content de vous trouver tous les deux en pleine forme ! Et je tiens ä vous remercier beaucoup de votre invitation ! bernard. — Mais voyons ! Un copain comme toi, c'est tout naturel! (A Jacqueline.) Si tu savais les manieres qu'il a faites ! Jacqueline. — Oui, tu me 1'as dit! ROBERT. — Mais non, mais c'est parce que... n'est-ce pas, j'avais peur de vous deranger... bernard. — Nous deranger ? Mais tu plaisantes ou tu cherches des compliments ? ROBERT. — Pas du tout, mais... bernard. — Eh bien ! on est enchantes que tu sois la ! (A Jacqueline.) N'est-ce pas, ma cherie ? Jacqueline. — Ah! ca oui! ROBERT. — Eh bien ! moi aussi! bernard. — Alors, qu'est-ce que tu veux de plus ? JACQUELINE. — Bon ! Tu n'oublieras pas qu'il faut qu'on retourne au village, parce que demain tout sera ferme !... ROBERT. — Mais ne vous croyez surtout pas oblige de mettre les petits plats... BERNARD. — Dans les grands pour toi ? Mais bien sur que si! JACQUELINE. — Et nous y tenons absolument! (A Bernard.) N'est-ce pas? Bernard. — Ca absolument! ROBERT. — Je suis confus, vraiment! BERNARD. — Mais non, mais non ! C'est la premiere fois que tu viens ici, je crois ? ROBERT. — Oui, oui! C'est tres joli, c'est arrange avec un gout... BERNARD. — C'est Jacqueline qui a tout fait! ROBERT. — Ah ! ga, on... on sent la... enfin la... enfin, on la sent, quoi! JACQUELINE. — Je suis ravie que ca vous plaise ! Mais je n'ai pas tellement de merite ! BERNARD. — Ah ! si, tout de meme ! Elle garde pour nous ce qu'elle a de mieux dans son magasin ! JACQUELINE. — Oui, c'est bien ce que je dis, je n'ai qu'a choisir dans mon stock... BERNARD. — Eh bien ! bravo pour ce choix! Jacqueline. — Merci. 8 bernard. — A propos, tu lui as montré sa cham-bre? jacqueline. — J'allais le faire quand tu es arrive. bernard. — Bon, eh bien ! c'est lä ! (11 designe la porte 1 cour. A Jacqueline.) Cest bien celle-la que tu veux qu'il ait ? jacqueline. — Oui, oui, c'est la plus grande ! (A Roben.) Alors, si vous voulez déballer vos affaires... robert. — Volontiere. bernard. — Eh bien ! alors, tu es chez toi! robert, prenant sa valise. — Merci. (H sort 1 cour et referme derriěre lui.) jacqueline. — Ah ! a propos, l' agence m'a telephone. Elle nous envoie une intérimaire. J'espere qu'elle sera bien ! bernard. — Oh ! Une femme de menage, on ne lui demande pas la lune ! jacqueline. — Oui, hein, enfin elle sera la dans une heure ! Elle s'appelle Brigitte ! bernard. — Ah bon ! Brigitte ? Jacqueline. — Oui, pourquoi pas ? bernard. — Ah ! bien sür! Pourquoi pas ? (Robert rentre de 1 cour.) robert. — Formidable, cette chambre ! Jacqueline. — Elle vous plait ? robert. — Ah ! beaucoup ! Elle est vraiment épa-tante cette maison ! jacqueline. — Malheureusement, on n'en profite pas assez ! Bon, je vais finir la liste de ce qu'il faut acheter. Bernard. — Cest ca ! jacqueline. — A tout de suite ! (Elle sort 2 jardin, cuisine.) robert. — Oui, oui, ä tout de suite. bernard. — Eh bien ! assieds-toi! Tu veux boire quelque chose ? robert. — Oui, merci. Bernard. — Whisky ? robert. — Oui, rres bien ! Sans glace ! (Bernard va servir pendant ce qui va suivre.) Bernard. — C'est épatant que tu sois venu, tu sais ! Épatant! robert. — Eh bien ! tant mieux ! bernard. — Oui, tant mieux, parce que... voilä, j'a vais absolument besoin de ť avoir sous la main ! robert. — Ah bon ? Pourquoi ? bernard. — Eh bien ! voilä ! (II lui donne son verre.) Qa fait quoi ? Cinq ans qu'on se connaít, non ? robert. — Oh oui! au moins ! bernard. — On se voit le plus souvent possible ? robert. — Ah ! ca, évidemment! Mais tu sais, je suis débordé ! 10 11 Bernard. — Eh oui, moi aussi! On en est tous au meme point! Mais ca n'est pas parce qu'on ne se voit pas tres souvent... qu'on n'est pas des amis ! ROBERT. — Ah, ca bien sür! BERNARD. — Alors, j'ai une confiance totale en toi! ROBERT. — Oh, mais tu peux, tu peux! BERNARD. — Tu me le jures sur ta tete ? ROBERT. — Ah ! it te faut une tete aussi serieuse que la mienne ? Bernard. — Ne plaisante pas ! C'est tres important ! ROBERT. — Bon, bon ! Eh bien, je te jure sur ma tete que... que quoi ? Bernard. — Que ce que je vais te dire restera entre nous ! ROBERT. — Oui, oui, eh bien ! c'est... c'est jure ! BERNARD. — Alors, voilä ! II y a un mois j'ai rencontre par hasard... un mannequin... Robert. — Ah ! bon ? BERNARD. — Oui... euh... un petit bijou !... enfin quelque chose de süperbe ! ROBERT. — Ah ! bon ? De süperbe ? Bernard. — Oui! Ca a l'air de t'etonner ? ROBERT. — Non, non, non, mais enfin... BERNARD. — Bon ! Bref, alors voilä, je... me suis tres attache a cette fille !... robert. — Ah ! bon ? BERNARD. — Oui, alors ne te vexe pas, hein... en dehors du plaisir que j'ai a te voir, c'est surtout la raison pour laquelle je t'ai demande de venir ! Robert. — Ah ! bon. BERNARD. — Mais ne repete pas tout le temps « Ah ! bon », veux-tu ! robert. — Eh bien ! c'est parce que, n'est-ce pas, je... je ne vois pas du tout ce que moi je viens faire la-dedans ! BERNARD. — Mais c'est tres simple ! Comme je ne pouvais pas donner a Jacqueline un pretexte valable pour lui refuser de quitter Paris ce week-end, je t'ai invite pour ne pas etre oblige de laisser Brigitte toute seule le jour de son anniversaire. Robert. — Brigitte ? BERNARD. — Oui! C'est le nom de ma... enfin... c'est son nom ! robert. — Ah !... bon ! Oui, oui, d'accord. Mais je ne vois toujours pas le rapport qu'il y a avec moi! BERNARD. — Eh bien ! c'est pourtant clair ! Je t'ai invite pour quelle puisse venir ici. robert. — Parce quelle va venir ? ! BERNARD. — Naturellement! robert. — Eh bien ! tu ne manques pas de culot! Faire venir ta mattresse chez toi! BERNARD. — Ah ! non, non, non ! Tu n'y es pas du tout! Ce n'est pas moi qui la fais venir, c'est toi! 12 13 robert. — Je ne comprends pas ! bernard. — Enfin, voyons ! Comme je ne pou-vais pas l'inviter moi~meme, c'est toi qui seras cense 1'avoir amenee ! Robert. — A quel titre ? Bernard. — Eh bien ! tu feras comme si c'etait TA maitresse ! Robert. — Quoi ?! Bernard. — Oui! robert. — Ah ! mais non ! Bernard. — Comment non ? robert. — Eh bien ! parce que... Parce que non ! Bernard. — Pourquoi ? robert. — Mais comment, pourquoi ? Enfin, voyons, mais ca ne va pas ! Bernard. — Ah ! mais si, ga va tres bien ! robert. — Non, non, non ! Ca ne Peu* Pas a^er' bernard. — Pourquoi pas ? ROBERT. — Pourquoi pas ? Pourquoi pas ? Enfin, reflechis! Vis-ä-vis de Jacqueline, enfin, je veux dire... j'aurai l'air de quoi? Bernard. — Mais de rien du tout! C'est ton droit d'avoir une copine et de venir avec eile ! robert. — Oui! Eh bien ! non, justement, je n'ai pas de copine ! bernard. — Enfin, ga, c'est ce que tu dis ! Mais tu as une vie privee, n'est-ce pas ? 14 ROBERT. — Elle ne regarde que moi ! Bernard, — Eh bien ! justement, ga m'arrange tres bien ! robert. — Comment ga ? BERNARD. — Eh bien ! personne ne connaissant tes... enfin tes copines... et quand je dis personne, je pense aussi bien a moi qu'a Jacqueline... elle ne pourra done jamais supposer que Brigitte n'est pas reellement ta maftresse ! C'est du beton ! Robert. — Oui, eh bien ! beton ou pas, je ne veux pas! BERNARD. — Tu ne veux pas, tu ne veux pas, c'est trop tard! ROBERT. — Comment trop tard ? BERNARD. — Eh bien ! c'est... c'est convenu avec Brigitte ! Quand elle arrivera, elle fera comme si elle etait ta maitresse ! Robert. — Ah ! oui! ? Eh bien ! ne compte pas sur moi pour le laisser croire a ta femme ! Ca, je ne marche pas ! Bernard. — Mais enfin pourquoi ? ROBERT. — Mais pourquoi, pourquoi ? Cesse de me repeter tout le temps pourquoi, veux-tu, c'est assommant! BERNARD. — Mais je le repete parce que je ne comprends pas pourquoi tu refuses de me rendre ce service. ROBERT. — Parce que c'est impossible ! Bernard. — Pourquoi ? robert. — Arrete avec ces pourquoi! Reflechis une seconde ! Qa ne tient pas debout! bernard. — Ah ! si, tres bien ! Robert. — Non! bernard. — Mais enfin pourquoi ? robert. — Parce que ! Parce que si j'ai soi-disant une copine, on aurait du arriver ensemble, la ! bernard. — Mais non ! Justement pas ! Je lui ai fait prendre le train expres pour que tu arrives avant elle et que je puisse te mettre au courant! C'est tres bien organise ! robert. — Mais j'aurais pu tomber en panne ! bernard. — Oui! Mais tu es la ! robert. — Oui, bon, peut-etre ! Mais moi, je pense tout a coup que je ne peux pas rester! bernard. — Pourquoi ? robert. — Ah ! non, non, je t'en prie ! J'en ai marre de tes pourquoi! C'est une manie ! bernard. — Ne t'enerve pas ! robert. — Je ne m'enerve pas ! Mais je vais te le dire pourquoi! C'est parce que j'ai... un vendeur... un vendeur qui... qui... Bernard. — Qui quoi ? robert. — Qui quoi! Qui quoi! Qui quoi! Comme tu es dans les assurances, tu ne connais rien aux ascenseurs ! Qa ne sert a rien que je te l'explique. 16 bernard. — Si! C'est une occasion de m'ins-truire ! Alors, ton vendeur, qu'est-ce qu'il fa fait ? robert. — Eh bien ! il m'a vendu trois cabines au prix plancher, la ! Bernard. — Et alors ? robert. — Eh bien ! alors, il a joue sur les mots ! Et il les a vendues sans... sans les cotes ! Bernard. — Et alors ? robert. — Et alors, et alors... alors, si y'a pas de cotes, on ne peut pas poser les boutons ! Bref, l'ascenseur ne marche pas ! Tu comprends ? bernard. — Ah ! oui, oui, je comprends tres bien ! robert. — J'etais tellement content de ton invitation que cette affaire m'etait momentanement sortie de 1' esprit! Mais il faut que je rentre dare-dare a Paris ! Bernard. — Ah ! oui, ca, c'est tres embeTant! robert. — Eh bien ! oui! Enfin, qu'est-ce que tu veux... dans tous les metiers, il y a des hauts et des bas ! Surtout dans les ascenseurs ! (II rit, soulage de penser qu'il va pouvoir filer.) Bon ! Eh bien ! je vais chercher ma valise ! bernard. — Ah non, non ! Je dis : c'est tres embetant, parce que si tu pars, moi je vais quand meme etre oblige de dire a Jacqueline que Brigitte est ta maitresse ! robert. — Dis ce que tu veux! Debrouille-toi! 17 1 Mais je t'interdis de me faire passer pour l'amant de cette fille ! Et en mon absence en plus! bernard. — Alors, ne pars pas ! Puisque de toute facon, que tu sois la ou pas, c'est ce que je dirai! Puisque je ne peux plus rien dire d'autre, c'est 1'evidence ! robert. — Quelle evidence ? II n'y a aucune evidence puisque c'est faux ! bernard. — Naturellement que c'est faux ! Mais comme c'est combine pour avoir l'air vrai... je ne peux plus changer! robert. — Mais je n'accepte pas ! (Jacqueline entre du 2 jardin.) jacqueline. — Mes enfants, nous n'avons plus rien ! C'est terrible ces maisons qu'on n'habite pas tout le temps, quand on arrive, on s'aperqoit qu'il y a des tas de choses qui manquent! robert. — Oui, eh bien ! ne vous fatiguez pas pour moi, parce que je pars ! Jacqueline. — Comment ? bernard. — Oui, figure-toi qu'il veut s'en aller! Jacqueline. — Mais pourquoi ? robert. — Mais je viens de lui expliquer que j'ai une affaire embetante avec un vendeur, et il faut que je rentre ! jacqueline. — Mais enfin c'est ridicule ! bernard. — Mais c'est bien ce que je lui ai dit! 18 jacqueline. — Mais on etait content que vous soyez la, voyons ! (A Bernard.) Tu lui as dit quelque chose qui l'a vexe ? bernard. — Mais moi pas du tout, je l'adore ! jacqueline. — Eh bien ! alors, oubliez votre vendeur et restez! Robert. — Abs... Absolument impossible ! jacqueline. — Mais enfin voyons ! Vous ne pou-vez pas me faire ca ! Enfin, je veux dire, j'ai prevu un merveilieux petit diner pour trois... bernard. — Non, pour quatre ! jacqueline. — Oui, enfin c'est pour trois, mais vous pourrez manger comme quatre si vous voulez ! bernard. — Mais non ! (A Robert.) Ne t'inquiete pas, on achetera tout ce qu'il faut et il y aura assez ! jacqueline. — Pourquoi ? II a peur de manquer ? robert. — Mais non !... bernard. — Non, mais nous allons vraiment avoir de l'appetit comme quatre ! jacqueline. — Comment le sais-tu ? bernard. — Eh bien ! voila... robert, coupant. — Mais c'est inutile de lui parler de tout ca puisque je pars ! bernard. — Que tu sois la ou pas, je t'ai dit que ca ne changerait rien ! jacqueline. — Mais de quoi parlez-vous ? 19 bernard. — Eh bien ! il a eu brusquement des scrupules ! robert. — Mais non ! Jacqueline. — Des scrupules ? Bernard. — Oui! robert. — Mais pas du tout! bernard. — Mais si, enfin disons qu'il est gene, c'est pour ca qu'il veut s'en aller ! Robert. — Mais non ! bernard, a Jacqueline. — Tu comprends ? jacqueline. — Ah ! eh bien ! pas du tout! Pas du tout! A peine arrive il veut partir et il est gene ! Mais gene de quoi ? robert. — Mais de rien ! bernard. — Mais si! Gene de m'avoir dit la verite au sujet de sa vie intime ! Jacqueline. — Comment ?! robert. — Mais non ! bernard. — Mais si ! II m'a avoue sa liaison ! Jacqueline. — Quoi ? ! robert. — N'ecoutez pas ce qu'il vous dit, Jacqueline ! bernard. — Tu vois comme il est! Devant toi, il n'ose plus le dire ! robert. — Mais je n'ai rien dit! 20 bernard, coupant. — Mais pourquoi persistes-tu a nier puisque tu me 1'as dit ? Puisque maintenant je suis au courant! Puisque je sais que c'est ta mai-tresse ! robert. — Mais non ! Jacqueline. — Quoi ?! bernard, a Jacqueline. — Tu vois, tu vois. devant toi, il n'ose plus dire qu'il me l'a dit! robert. — Mais je n'ai rien... bernard. — Ce qu'il est drole, alors ! Est-ce que j'en fais un drame, moi ? Non ! Alors ? On n'est pas nes d'hier! On connaTt la vie ! (A Jacqueline.) N'est-ce-pas ? jacqueline. — Eh bien !... c'est-a-dire que... bernard, a Robert. — Tu vois bien ! Alors, repete done devant elle ce que tu viens de me dire ! robert. — Mais je n'ai rien dit! bernard, a Jacqueline. — II est inou'i, non ? De ne pas vouloir reconnaitre devant toi qu'il me l'a dit! Enfin, qu'est-ce que tu penses de ca ? jacqueline. — Eh bien !... mais rien ! Rien ! Qu'est-ce que tu veux que j'en pense ? bernard, a Robert. — Mais puisque tu me I'as dit! (II se toume vers Jacqueline.) C'est si simple d'avouer, non ? jacqueline. — Eh bien ! c'est-a-dire que... Si tu me dis qu'il te l'a dit... robert. — Mais non ! 21 bernard. — Mais si! Alors, avoue ! Jacqueline. — Eh bien ! oui... j'avoue. bernard, la regardant, etonne. — Tu avoues ! Tu avoues quoi ? robert. — Rien du tout! Rien du tout! Jacqueline veut dire que... que puisque je te l'ai dit, ce serait aussi simple que j'avoue aussi devant elle ! bernard. — Mais oui! Tellement plus simple ! jacqueline. — Je suis sideiee ! Bernard. — Que quoi ? jacqueline. — Eh bien ! qu'il t'ait dit que lui et... robert, coupant precipitamment. —Brigitte ! Bri-gitte ! Elle s'appelle Brigitte ! bernard. — Eh bien ! voila ! Jacqueline. — Voila quoi ? bernard. — Brigitte ! II se decide enfin a te dire qu'elle s'appelle Brigitte ! Jacqueline. — Qui ca ? bernard. — Eh bien ! sa maitresse ! jacqueline. — Comment ? ! (A Robert.) Mais ce n'est pas vrai ? ! bernard. — Si, si, si! Tout ce qu'il y a de vrai! jacqueline. — Enfin, voyons, c'estinimaginable ! bernard. — Quoi ? Qu'il me l'ait dit ? jacqueline. — Oui, non, enfin je ne sais pas, je ne sais plus ! Que tu saches qu'il a une... enfin que... que tu sois au courant... et que moi, enfin... c'est... c'est d'une goujaterie ! bernard. — Mais il ne faut rien exagerer, n'est-ce pas, il n'y peut rien ! jacqueline. — Comment, il n'y peut rien ?! ii arrive ici, sans prevenir, avec... bernard. — Mais non, voyons, c'est ma faute ! Quand je lui ai telephone pour l'inviter, il m'a demande s'il pouvait amener sa... enfin sa copine... robert. — Mais c'est inutile de raconter tout ca puisque je pars ! bernard. — Regarde comme il est! Parce que moi j'ai oublie de t'avertir qu'il ne viendrait pas seul, maintenant il veut s'en aller! C'est vraiment faire beaucoup d'histoires pour bien peu de chose ! Jacqueline. — Ah! tu trouves ? bernard. — Oui! Pas toi ? Jacqueline. — Ah ! non, alors! bernard. — Je ne te savais pas si formaliste ! jacqueline. — Formaliste ? Je suis formaliste, moi ? bernard. — Ah ! oui, alors ! Si ca n'est pas formaliste de te mettre dans cet etat parce que sa copine vient sans que tu l'aies su ä I'avance... qu'est-ce que c'est si ce n'est pas formaliste !... Jacqueline. — Eh bien ! c'est... c'est... robert, coupant. — C'est ties genant pour elle ! 22 23 jacqueline. — Parfaitement! Tres genant pour une maTtresse... robert. — Pour une maTtresse de maison... jacqueline. — Euh !... oui, oui... de maison... bernard. — Quoi ? D'attendre une seule per-sonne et qu'il en vienne deux? Robert. — Oui! Voila ! jacqueline. — C'est ca ! Je ne sais pas ce qui me retient de vous demander de partir ! robert. — Eh bien ! C'est justement ce que... bernard, a Jacqueline. — Enfin, est-ce que tu te rends compte de ce que tu lui dis ? C'est tout juste si tu ne !e chasses pas ! On dirait que tu es jalouse ! Jacqueline. — Jalouse ? Ah, ah ! Moi, jalouse ? Mais jalouse de qui ? bernard. — Mais de lui! robert. — Mais qu' est-ce que tu racontes ? jacqueline. — Mais oui, qu'est-ce que tu racontes ? bernard. — Mais rien du tout! Tu etais ravie qu'il soit la... a la minute ou tu apprends qu'il y aura sa copine, tu es furieuse ! jacqueline. — Moi ? Moi, moi, je suis furieuse ? bernard. — Ah ! oui, alors ! A tel point que si je ne vous connaissais pas comme je vous connais... je me demanderais s'il n'y a pas quelque chose entre vous ! 24 I Jacqueline. — Mais tu es fou! robert. — Mais oui, mais tu es completement fou ! bernard. — Oui, enfin, je disais ca comme ca !... jacqueline. — Ah ! bon, quand meme! (A Robert.) Alors, ou est-elle ? Robert. — Qui ca ? Jacqueline. — Eh bien! votre... Bernard. — Ah ! tu veux dire sa... robert. — Brigitte ?... Oui, eh bien !... bernard. — Eh bien ! justement, il vient de me dire qu'elle... (A Robert.) Qu'est-ce que tu m'as dit deja... qu'elle n'avait pas pu... pas pu... robert. — Ah ! oui! Oui ! Elle n'a... elle n'a... elle n'a pas pu partir de Paris en meme temps... Bernard. — Oui! En meme temps que lui! C'est ca ! C'est ce qu'il vient de m'expliquer, hein, mon vieux ? robert. — ... Oui... oui... alors... bernard. — Oui. alors. elle arrivera par le train ! C'est bien ce que tu m'as dit, hein, mon vieux ? robert. — Oui, oui, c'est ca, par... par le train ! jacqueline. — Par le train de quelle heure ? Robert. — Ah ! ca... bernard. — II ne salt pas ! Je lui ai demande. mais il ne le sait pas ! Hein, mon vieux ? 25 Robert. — Non ! Oui! Non, ca je ne sais pas du tout! Bernard. — Et comme il ne le savait pas, il lui a dit de prendre un taxi directement de la gare jusqu'ici! C'est bien ce que tu m'as dit, hein, mon vieux ? ROBERT. — Oui, oui, c'est tout a fait 9a ! BERNARD. — A mon avis, ce sera surement l'ex-press de... de 19 h 25, tu ne crois pas mon vieux ? ROBERT. — Ah ! oui, oui, peut-etre ! Je ne sais pas. Tu connais mieux que moi !es horaires de la region. Bernard. — Ah ! oui, oui! Elle aura surement pris celui-la ! C'est le plus rapide ! Robert. — Ah ! si tu le dis ! Bernard. — Bon ! Eh bien ! maintenant l'incident est clos et toi tu vas t'installer tranquillement pendant qu'on va finir ces courses ! Robert — J'aime autant vous accompagner! Bernard. — Non, non, non! II vaut mieux que tu restes la... si par hasard ta copine avait pris le train de 18 h 05 au lieu de l'autre, il vaut mieux qu'il y ait quelqu'un pour ouvrir ! (A Jacqueline.) Alors, tu es prete ? jacqueline. — Oui, oui, je vais chercher ma liste ! (Elle sort porte cuisine office.) BERNARD. — Eh bien ! tu vois! C'est passe comme une lettre a la poste ! 26 robert. — Ah ! ru trouves ? bernard. — Ah ! oui ! Je ne comprends pas pourquoi d'ailleurs elle s'est enervee comme ga ! robert — Mais c'est une contrariete pour une maitresse de maison ! bernard. — D'apprendre qu'on sera quatre au lieu de trois ? Oui, je sais, tu me l'as dejä dit! Bon. Alors, je compte sur toi pour jouer ton röle comme il faut avec Brigitte, hein ! robert. — Si tu crois que c'est commode... bernard. — Je ne vois pas ce que ca a de difficile ! Alors, pendant qu'on sera au village, profites-en pour faire connaissance avec elle. Robert. — J'aurais prefere que tu sois la. bernard. — Oui, mais si je n'y suis pas, je pourrai retenir Jacqueline un peu plus longtemps dehors, parce que Brigitte a pris le train de 18 h 05 (Jacqueline entre.) jacqueline. — Je suis prete ! Mais si tu veux rester avec lui, je peux y aller sans toi! bernard. — Mais non, mais non, je t'accompa-gne, ga ira plus vite ! jacqueline. — Mais qu'est-ce qu'il va faire tout seul ? bernard. — Eh bien ! il va telephoner ä Paris pour arranger son histoire de vendeur ! Puisque maintenant il ne part plus ! Hein ! mon vieux ? robert. — Oui... Oui, oui... C'est ca ! 27 BERNARD. — Alors, a tout a l'heure ! Robert. — cm.. Oui! BERNARD . a Jacqueline. — Tu viens ? (II sort au fond) JACQUELINE. — J'arrive ! (A Robert entre les dents.) Toi, tu sais, j'aurai deux mots a te dire ! Robert. — a moi ? JACQUELINE, idem. — Oui... a toi! Et tu ne perds rien pour attendre ! ROBERT. — Non, mais, Jacqueline... Jacqueline !... JACQUELINE. — Rien du tout! (Elle sort au fond en claquant la porte.) ROBERT, seul. — Oh ! la, la, la ! (11 va vers la fenetre.) Eh bien ! voila ! Oh ! la, la, la ! (Succession d'onomatopees de mecontentement. Puis soudain, ilsemble prendre une decision etfile verssa chambre 1 com ou il sort. II revient aussitot avec sa valise. A ce moment-la, on sonne. II regarde la porte d" entree, sa valise, va la rapporter dans sa chambre et se decide lentement a aller ouvrir la porte d'entree. Brigitte est dans I'encadrement, elle tient un grand sac cabas.) BRIGITTE. — Je suis bien chez M. et M™ ... Robert. — Out! Oui... BRIGITTE. — Ah ! bon ? Alors, bonsoir! ROBERT. — Bonsoir! BRIGITTE. — Je suis... robert. — Brigitte ! BRIGITTE. — Oui, c'est moi! Je suis l'interimaire, quoi! robert. — L'interimaire ? BRIGITTE. — Oui! Je suis extra ! robert. — Oui, ah ! c'est ga ? BRIGITTE. — Ca a I'air de vous etonner ? robert. — Eh bien ! c'est-a-dire que... non, non, pas du tout! Mais... entrez, je vous en prie ! BRIGITTE. — Merci. robert. — Je ne pensais pas que vous arriveriez si vite ! BRIGITTE. — Ca, vous avez raison, je ne devrais pas etre encore la ! D'autant que Place de la Gare. j'ai rate le bus ! robert. — Ah ! bon ! BRIGITTE. — Oui, alors j'ai fait un bout a pied et puis j'ai trouve un type qui m'a prise en stop ! robert. — Ah ! bon ! BRIGITTE. — Heureusement hein ! Parce que porter un sac comme ca... c'est pas marrant! Je le pose ? robert. — Ah ! bon ? Oui! Non ! Enfin, je veux dire, oui, posez-le ! BRIGITTE. — Merci! Bref, je suis montee dans la voiture et comme la voiture ca va plus vite que le bus... c'est pour ca que je suis la plus tot, quoi! 28 29 robert. —Oui... Ah ! bon. oui!... Oui, oui, enfin je comprends... Brigitte. — Bon ! Ou est la patronne ? robert. — La patronne ? Vous voulez dire sa femme ? brigitte. — Sa femme ? Oui, enfin la patronne, quoi! Robert. — Ah ! bon, oui!... Eh bien, n'est-ce pas... elle est sortie avec son patron ! Enfin, je veux dire avec son man ! Enfin avec Bernard, pour faire les courses ! brigitte. — Ah ! bon ? Et vous Stes ?... robert. — Eh bien ! Robert! L'ami du patron ! Enfin, de Bernard ! Brigitte. — Ah ! oui, oui... D'accord ! robert. — Mais je tiens á vous préciser tout de suite que ce n'est pas moi qui ai eu cette idee biscor-nue ! brigitte. — Quelle idee ? robert. — Eh bien ! de vous faire venir ici! brigitte. — Mais ca a été convenu pari telephone ! robert. — Oui... oui... qa je sais ! Mais qa ne m'empeche pas de trouver l'attitude de Bernard assez gratinée ! Brigitte. — Ah ! bon ? robert. —■ Mais vous n'avez pas 1'air de vous rendre compte de ce que qa va étre comme travail! Brigitte. — Ah! bon ? robert. — Oui, ca va etre plutot coton ! brigitte. — Alors, ou est-ce quelle est ? Robert. — Qui ca ? Brigitte. — Eh bien ! la cuisine ! robert. — Parce que vous voulez allez a la cuisine ? Brigitte. — Si vous me dites que qa va etre coton... il faudrait peut-etre que j'y fasse un tour pour voir comment m'y prendre ! robert. — Vous y prendre ? Brigitte. — Eh oui! S'il y a des farcis a hacher... du hachis a farcir, je ne sais pas, moi!... robert. — Non, non, non ! C'est tres aimable de vouloir aider... Brigitte. — Oh, c'est tout naturel! Robert. — Oui, oui, mais comme je ne sais pas ou est la cuisine... Brigitte. — Si on la cherche, on va la trouver! (Elle ouvre la porte cote jardin.) brigitte. — Ah ! ce n'est pas la ! robert. — Oui, oui ! Mais etant donne que nous ne sommes pas chez nous... n'est-ce pas... brigitte. — Oui, qa evidemment! robert. — Alors, il vaudrait peut-etre mieux ne rien toucher avant qu'ils reviennent! 30 31 Brigitte. — Ah ! bon ? Comme vous voudrez !| Mais alors, en attendant, je pourrais en profiter pourl me mettre en tenue ? robert. — En tenue ? brigitte. — Oui! En tenue de travail, quoi! Oül est-ce que je peux me deshabiller ? robert. — Vous... des... deshabiller? ! brigitte. — Eh bien ! oui! Je n'ai pas apportej mes affaires pour rien ! Robert. — Ah ! non ? brigitte. — Non, non... enfin, vous ne vous ima-l ginez tout de m£me pas que je vais tout faire avecl des habits propres ? robert. — Ah !... bien sür, bien sür, mais... maisl ce n'est peut-etre pas la peine de vous deshabillerl maintenant! Brigitte. — Non ? robert. — Mais non ! C'est inutile de faire le simulacre tout de suite ! brigitte. — De faire le quoi ? robert. — Eh bien ! disons de pousser les appa-l rences aussi loin ! brigitte. — Quelles apparences ? robert. — Enfin, je veux dire il faut d'abord quel vous sachiez qui je suis ! brigitte. — Eh bien ! oui! Vous etes l'ami du patron ! robert. — Oui, mais enfin... il y a tout le reste... brigitte. — Quel reste ? robert. — Eh bien ! ce que je fais, ou j'habite, comment je vis... brigitte. — Parce qu'il faut que je sache tout ca ? robert. — Ah ! oui! Enfin... c'est le minimum ! Alors, qu'est-ce que Bernard vous a dit ? brigitte. — Le patron ? robert. — Oui, oui, le patron, si vous voulez ! brigitte. — C'est pas si je veux ! Je l'appelle comme ca parce que c'est lui qui commande ! robert. — Oui! Oui... bon, enfin, bref, qu'est-ce qu'il vous a dit de moi ? brigitte. — Rien du tout! robert. — Ah ! la la ! Vous avouerez que c'est tout de meme un peu leger de ne pas vous avoir donne des precisions ! brigitte. — Oh ! vous savez, ca s'est decide tres vite ! J'avais juste le week-end... robert. — Oui, oui, je sais ! Moi-meme je n'ai ete averti de votre arrivee qu'il y a un quart d'heure ! Pourtant il faut qu'on ait I'air de bien se connaitre ! A propos, il faudrait commencer tout de suite a nous tutoyer! brigitte. — Ah ! bon ? Vous croyez ? robert. — C'est indispensable ! Bon. alors voila, je suis dans les ascenseurs... j'habite rue de Courcel-les... j'ai une 505 et 35 ans ! 32 33 Brigitte. — On ne dirait pas ! robert. — Ah ! bon ? (Content.) Tu me donne combien ? brigitte. — Ah ! Au moins 45 ! robert. — Oui, bon, bref, j'ai été opéré de ľ ar. pendicite... brigitte. — Mais quest-ce que vous voulez qu^ ca me í... ! robert. — TU ! TU ! Brigitte. — Quoi! tutu ? robert. — Tutoie-moi! brigitte. — Hein ! Ah ! oui, bon alors qu'est-que tu veux que qa me fasse que tu aies été oper et tout le bazar ? robert. — Ces détails-la, on les connaít quanj on couche ensemble ! Brigitte. — Quand on couche ensemble ? robert. — Eh bien ! oui! brigitte. — Mais quand ? Qui couche avec qui ] robert. — Eh bien ! nous deux! brigitte. — Tu rigoles !! robert. — Je n'en ai pas du tout envie ! Pare qu'on va étre oblige de dormir dans le méme Brigitte. — Mais tu réves ou quoi ? robert. — Mais non, pas du tout! Mais rassure toi, je coucherai sur une chaise ! brigitte. — Ah ! bon ! robert. — Mais oui! Évidemment! A moins que... brigitte. — A moins que quoi ? robert. — Oui, eh bien ! il y a une autre cham-bre... alors, je pourrais peut-étre dire que ca te géne de dormir dans la mienne parce que la nuit je ronfle... enfin, ľessentiel c'est que qa paraisse vraisemblable, qu'on ne soit pas dans la méme chambre en étant soi-disant amants ! brigitte. — Soi-disant amants ? Robert. — Eh bien ! oui! On te ľa dit! brigitte. — Non, non, non ! Ca, on ne m'a rien dit du tout! robert. — Qa c'est vraiment insensé ! En somme, si je comprends bien tu nes au couraní de rien ! brigitte. — Ah ! si, si, si, si! Je sais que c'est logée, nourrie, cinq cents francs par jour ! robert. — Ah ! parce que tu te fais... enfin, tu te fais payer ? brigitte. — Certe idée ! C'était convenu comme qa! II n'y a pas ä revenir lä-dessus! robert — Oui, oui... non, non, mais non ! c'est entendu, on ne revient pas ! brigitte. — Ah ! bon ! Mais alors, qu'est-ce que dois faire ? robert. — Faire semblant d'etre ma maítresse ! 34 35 BRIGITTE. — Settlement semblant ? ROBERT. — Eh ! oui! C'est bien süffisant! BRIGITTE. — Ah ! si c'est seulement semblant, a l'air d'etre assez branche ton true ! ROBERT. — Branche... branche... je suis coince oui! BRIGITTE. — Pourquoi ? ROBERT. — Eh bien ! parce que moi je suis... Ol non, je ne peux pas te le dire ! Je ne sais pas du toi comment je vais m'en sortir ! BRIGITTE. — Mais qu'est-ce qu'il faudra que dise ? _ ROBERT. — Rien ! Ne dis surtout rien ! Tais-toi! Et si on te pose des questions, repete ce que je dis! Un point, c'est tout! BRIGITTE. — Bon ! Alors, c'est d'accord ! Robert. — Bon! Brigitte. — Pour un Pascal! Robert. — Un quoi ? Brigitte. — Un quoi ? Un quoi ? Une image di| Pascal! ROBERT. — Quelle image ? BRIGITTE. — 500 F en plus du forfait prevu poi marcher dans ta combine ! ROBERT. — Ah ! bien, ga alors ! On peut dire qu^ tu es vraiment desinteressee, toi! Brigitte. — II faut vivre, non ? Robert. — Mais ä ce point-lä ! brigitte. — Quoi, ä ce point-lä ? Robert — Rien, rien ! C'est entendu, tu les jras! Brigitte. — C'est sür, hein ? robert. — Mais oui! Oh ! lä lä ! Mais je n'ai lais vu queiqu'un de pareil ! (Robert est remonté la fenětre.) Robert. — Les voilä! Les voilä! C'est eux! ieds-toi lä et ayons l'air de bien nous connaítre ! brigitte. — Oui, je sais, on est sense avoir une sexuelle ! robert. — Oui! Hein ? Oui, oui, non, mais enfin }ue ga fasse naturel! Pas trop! brigitte. — Oui, juste pour 500 f quoi! (La porte fond s'ouvre et Jacqueline entre poriant des iquets. Robert allant ä elle:) robert. — Ah ! Laissez-moi vous aider Jacque-íe!... jacqueline. — Mais non, mais non, ga va ! (Voyant Brigitte.) Ah ! La personne que vous atten-est arrivée ? robert. — Oui! Oui! Justement! Eile... eile vient ďarriver. (A Brigitte.) N'est-ce pas? Brigitte. — Oui, oui, je,., enfin, enfin, j'arrive juoi! jacqueline. — Eh bien, présentez-nous! 36 37 ROBERT. — Hein?... Ah! oui, oui... Bien sür! Alors, voilä... Brigitte ! (Bernard rentre ä son tout avec d'autres paquets. Robert met gauchement un bras autour de l'epaule de Brigitte tandis que Bernard dans le dos de Jacqueline lui fait des signes negaüfs.) Une... amie ! (Bernard est de plus en plus agite.) ROBERT. — Enfin, c'est ma... (Bernard, toujours meme jeu dans le dos de Jacqueline. Jacqueline se tourne vers Bernard qui est oblige d'arreter ses signes.) ROBERT. — Oui... Bon. Enfin, voilä, c'est eile, quoi! (Comme Jacqueline s'est detoumee de Bernard, il recommence desesperement ses signes negaüfs.) Brigitte, jouant son röte consciencieusement et contente. — Oui, je suis sa martresse ! (Geste de Bernard.) JACQUELINE. — Oui, qa je sais! Enfin, nous savons! Brigitte. — Ah ! Eh bien ! alors, c'est le principal! (A Robert.) Hein ? ROBERT. — Mais oui! Mais oui! (Präsentant les deux autres.) Jacqueline... et Bernard ! BRIGITTE, allant ä Jacqueline et lui serrant la main — Bonjour madame ! Jacqueline. — Bonjour! BRIGITTE, ä Bernard. — Monsieur ! Bernard. — Oui, oui... BRIGITTE, a Jacqueline et Bernard, designant Robert. — II est sympa mon amant, hein ! robert, coupant. — Oui, oui, bon, bon ! Mais ce n'est pas la peine de parler de qa ! BRIGITTE. — Mais... robert, sec. — Non ! BRIGITTE, passant son bras autour du cou de Robert. — Enfin, il faut bien qu'ils sachent qu'on s'aime ! robert, se degageant. — Eh bien ! pas mainte-nant! BRIGITTE, meme jeu. — Mais je croyais... robert, la repoussant. — Qa suffit! BRIGITTE, accrochee a Robert. — Quand je te sens pres de moi, je voudrais 1'embrasser tout le temps ! JACQUELINE. — Mes compliments ! (Robert la repousse.) BRIGITTE. — Mais cheri ! robert. — J'ai dit: ca suffit! BRIGITTE. — Mais avec tes 35 ans, meme si tu en parais 50, tu aimes bien que je t'embrasse, quand tu m'emmenes rue de Courcelles dans ta 505 avant d'aller ronfler! JACQUELINE. — Quel programme ! Robert. — C'est fini, oui ? 38 39 brigitte. — Ah ! si on ne peut pas raconter sa vie, alors... robert, a Jacqueline. — Non ! Je... je vous sup-plie de l'excuser! jacqueline. — En tout cas, elle est expansive! brigitte. — Ah ! oui, madame, c'est ma nature ! Hein, cheri ? (Pendant tout ce qui precede, Bernard marche agite a travers la piece, excede, se tenant la tete dans le dos de Jacqueline et n'en pouvant subitement plus.) bernard, tranchant. — Oui, bon, bon ! ii faudrait qu'on s'occupe tout de suite de ces paquets! robert. — Eh bien ! donnez-les-moi! jacqueline. — Non ! Laissez ca ! robert. — Mais je peux vous aider! brigitte. — Moi aussi! Jacqueline. — Non! robert. — Vraiment, vous ne voulez pas ? jacqueline, sortantavec les paquets vers la porte. — Non ! (La porte se referme sechement) bernard, a Brigitte. — Qui etes-vous ? brigitte. — Moi ? Bernard. — Oui, vous! robert. — Comment ? Tu ne la connais pas ? bernard. — Bien sur que non ! Tu n'as pas v mes signes ? robert. — j'ai vu que tu t'agitais... Eh bien ! sa maitresse ! (Elle designe bernard. — Évidemment, ce n'est pas elle ! robert. — Mais alors, qui est-ce ? bernard. — Cest justement ce que je voudrais savoir! brigitte. — Mais cest moi! bernard. — Taisez-vous ! (A Brigitte.) Qui étes-vous ? brigitte. Robert.) bernard. — Ah ! non ! Je vous interdis de vous foutre de moi! brigitte. — Mais... bernard. — Qu est-ce que vous faites lá ? brigitte, á Robert. — Je peux le lui dire ? bernard. — Mais bon sang, vous allez répondre oui ou non ? robert. — Oui! Réponds ! brigitte, á Robert. — Parle-moi gentiment. chéri ! robert, á Bernard. — Oui, parle-moi gentiment, chéri ! bernard. — Alors, gentiment, ďoú sortez-vous ? brigitte. — De 1*Agence ! robert. — Quelle agence ? brigitte. — Mais je croyais que tu le savais! robert. — Mais non, je ne sais rien ! 40 41 Bernard, hors de lui. — Alors qui etes-vous ? brigitte. — Mais la femme de menage ! Bernard. — Quoi ? ! (Jacqueline rentrant du 2 jardin.) Jacqueline. — A propos, la femme de menage n'est pas encore arrivee ? Brigitte. — Ah ! Eh bien ! si... bernard, coupant et enchainant — Si... si elle etait arrivee, eile serait lä ! brigitte. — Mais la femme de menage ! robert, coupant, meme jeu. — N'est pas venue ! brigitte. — Mais si ! bernard, meme jeu. — Mais si elle etait venue... robert. — Je l'aurais entendu sonner ! Brigitte. — Mais puisque la femme de menage, c'est... Bernard, idem. — C'est quelle est en retard si elle n'est pas lä ! robert. — C'est normal, d'ailleurs, les femmes de menage sont toujours en retard ! brigitte. — Les autres peut-etre, mais... Bernard, meme jeu. — Mais celle-lä est encore plus en retard que les autres! Brigitte. — Mais... robert. — La preuve, c'est qu'elle devrait etre la! bernard. — Mais qu'elle n'est pas lä ! Brigitte. — Mais... robert. — Non, eile n'est pas lä ! BERNARD. — D'ailteurs, s'il y avait une femme de menage ici... robert. — On l'entendrait! bernard. — On la verrait! robert. — On saurait que c'est la femme de menage ! Brigitte. — Mais... bernard. — Mais comme on n'entend rien... Robert. — Et qu'on ne voit rien... Bernard. — C'est qu'il n'y a PAS de femme de menage ! Robert, reprenant. — Non ! II n'y en a pas ! Brigitte. — II n'y en a pas ? Bernard. — Non ! II n'y en a jamais eu ! Robert. — Non ! II n'y en a jamais eu ! Brigitte. — Ah! oui! Non, il n'y en a jamais eu ! jacqueline. — Oui, eh bien ! ce n'est pas la peine de faire tant d'histoires parce que la femme de menage n'est pas encore lä ! bernard. — Oui, oui, tu as raison ! Et je suis sür qu'elle finira par arriver! jacqueline. — Mais certainement! C'est une tres bonne agence ! 42 43 Brigitte. — Ah ! oui, ca c'est vrai! Jacqueline. — Quoi done ? bernard, enchainant sur Brigitte qui avait dejä ouvert la bouche. — Eh bien ! c'est vrai que quand on s'adresse ä une bonne agence, on a du boni personnel! robert, ä Brigitte. — C'est bien ce que tu voulais dire ? brigitte. — Ah ! non ! Oui, c'est bien ca ! bernard, triomphant — Eh bien ! voilä ! Bon! (A Robert.) Alors, vous etes installes ? Robert. — Pas encore ! Brigitte. — Non, pas encore ! robert, designant Brigitte. — Elle est arrivee quelques minutes avant vous ! brigitte, docile. — Oui, quelques minutes ! robert. — Je lui ai d'ailleurs dit que vous aviez une... brigitte. — Oui, une seconde chambre ! robert. — Et eile m'a dit que si qa... brigitte, suivant Robert pied ä pied. — Oui, s qa ne vous derangeait pas... robert. — Elle prefererait... brigitte. — Oui, je prefererais... Robert. — Coucher dans la seconde ! Brigitte. — Oui, coucher dans la seconde ! 44 robert. — Oui, pas dans la mienne parce que la nuit... brigitte. — II ronfle ! jacqueline. — Je sais ! Je sais... vous l'avez deja dit! Vous n'avez pas de valise ? brigitte. — Eh bien !... Bien si, c'est qa ! Jacqueline. — Ah ! ga ! robert. — Oui, oh ! c'est tout simple ! brigitte. — Oui, c'est tout simple ! bernard. — II lui a dit d'amener des affaires toutes simples ! brigitte. — Oh ! oui, c'est des affaires toutes simples ! jacqueline. — Bon ! Alors, venez Mademoiselle ! Brigitte. — Appelez-moi Brigitte ! Jacqueline. — Eh bien ! alors, venez Brigitte ! (A Robert.) Si vous voulez bien lui porter son sac !... Robert. — Mais oui! Brigitte. — Mais non, laisse cheri ! Je suis cos-taud! jacqueline. — Ah ! oui, vraiment ? brigitte. — Forcement, n'est-ce pas ? l'habitude des gros travaux du... bernard, coupant. — Du theatre ! Du theatre ! (A Robert.) Elle est artiste, c'est bien ce que tu m'as dit, hein ! mon vieux ? 45 robert. - - Oui... oui, oui... eile est... elle artiste... dans son genre ! brigitte. — Oui, dans mon genre ! jacqueline. — Et qu'est-ce que c'est, votrej genre ? Brigitte. — Eh bien !... bernard, ä Robert. — Oui, elle debute, hein mon vieux ? robert. — Oui, oui! Elle debute, oui! brigitte. — Je debute, oui! jacqueline. — Enfin, vous avez bien un emploi ? brigitte. — Oui, femme de menage ! bernard. — Oui, eh bien ! c'est ca... c'est ca, voilä, elle debute dans les emplois de femme dc menage ! Au... theatre, naturellement! (A Robert.) C'est bien ce que tu m'as dit, hein ! mon vieux? robert. — Oui, oui, c'est bien ca... jacqueline. — Et vous étes cantonnée dans cet I emploi ? brigitte. — Oh ! quasiment! bernard. — Cantonnée, cantonnée... on ne peut pas dire cantonnée, hein ! mon vieux ? robert. — Non, non ! Elle debute dans les emplois de femme de menage, sans pour autant s'y cantonner! brigitte. — Non ! Je ne suis pas cantonnée ! robert. — Elle est bonne ä tout faire, quoi! (A Brigitte.) Hein ? brigitte. — Oui! Hein ? Oui, oui, c'est ca... enfin femme de menage, bonne ä tout faire ! robert. — Oui! Elle a des emplois de domesti-que ! brigitte. — Oui, voilä, c'est ca ! Tous les emplois domestiques ! jacqueline. — Eh bien ! alors, vous allez bien nous reciter quelque chose ! Brigitte. — Reciter ?! robert. — Elle ne sait rien ! brigitte. — Oui... Non, non, je ne sais rien ! robert. — Comme elle debute, n'est-ce pas, elle a juste 1'occasion de dire quelques phrases ! bernard. — Oui, dans le genre de... Madame est servie !... brigitte. — Voilä ! C'est ca ! « Oü est la mouli-nette ä legumes ? J'ai fini ďégoutter les poireaux... Je viens d'encaustiquer l'escalier... Et voilä que le boucher n'avait plus de bavette ! »... Enfin, pour moi. tout ca, c'est du courant! jacqueline. — Et vous ne savez rien ďautre ? brigitte. — Franchement... robert. — Elle n'a pas tellement eu le temps... bernard. — D'etendre son repertoire ! 46 47 BRIGITTE. — Et pour le moment, je m'en sors avecj ca! JACQUELINE. — Bon ! Venez ! Je vais vous installe dans la seconde chambre ! BRIGITTE, prenant son sac. — Ah ! oui, je préfěrej parce que... JACQUELINE. — Oui, je sais ! ii ronfle ! BRIGITTE. — Et lui donner des coups de couc, toute la nuit... ga m'empéche de dormir ! (Elle sor deuxieme porte cour derriěre Jacqueline.) BERNARD. — Voilä ! Tu as gagné ! Tu es le plu bei abruti que la terre ait porté ! Et quand je dis: abruri... ROBERT. — Ah ! non ! Je te préviens tout de suite que si tu m'insultes, je ne prendrai méme pas peine de te répondre ! BERNARD. — Mais enfín, tu te rends compte de cc j que tu as fait! ROBERT. — Oui! Ce qui était prévu ! On a sonné, j'ai ouvert! J'ai vu une fille qui m'a dit: Je suis Brigitte ! Bon, eh bien ! pour moi c'était la bonne! BERNARD. —Justement! Puisque c'était la bonne, il ne fallait pas la faire passer pour ta maítresse ! ROBERT. — Mais j'ai cru que c'était la bonne ! Si j'avais su que c'était TA bonne, je ne ľaurais pas prise pour la bonne ! Mais comme TA bonne est arrivée avant la bonne, j'ai pris ta bonne pour la bonne ! Cest clair! bernard. — Éblouissant! tu as vu la téte quelle a? ROBERT. — Quoi, quoi ? Elle n'est pas mal! bernard. — Pas mal, pas mal... ah ! oui, eile est bien, trěs bien ! ROBERT. — Et puis j'ai pense que pour ce que tu en faisais... eile était assez bonne ! bernard. — Ah ! oui! Ca ne ťa pas étonné qu'elle ne soit au courant de rien ? ROBERT. — Eh bien ! je me suis dit que tu n'avais pas eu le temps de lui donner des details ! bernard. — Et tu ť en es chargé ? ROBERT. — Eh bien !... tu m'as dit de faire connaissance, j'ai fait ce que j'ai pu ! bernard. — Ah ! ga, j'ai vu ! ii faut reconnaitre qu'elle a mis le paquet! ROBERT. — Mais eile a exigé cinq cents francs pour le mettre ! bernard. — Et qa ne ť a pas fait tiquer non plus qu'elle te demande de l'argent ? ROBERT. — Oh ! maintenant, tout le monde en demande ! Cest un peu normal de payer ä ton age ! bernard. — Merci! Merci! Cest vraiment de mieux en mieux ! ROBERT. — Total: maintenant ta femme pense que je couche avec la bonne ! Bernard. — Qu'est-ce que ca peut te faire ? 48 49 robert. — Ca me gene ! Et si on disait qu'on lui a fait une blague ? Bernard. — Et tu crois qu'elle avalera ca apres toutes nos simagrees ? Jamais de ia vie ! On a ete beaucoup trap loin ! On ne peut plus reculer ! On y est! On y est! (Jacqueline rente de la deuxieme porte cour, suivie de Brigitte.) jacqueline. — Voila ! j'ai installe votre amie... Brigitte. — Oui, oui, j'aime mieux etre seule parce que la nuit... Jacqueline. — Oui, je sais, je sais ! Vous l'avez deja dit! (A Bernard.) Toujours pas de femme de menage ? Bernard. — Toujours pas ! Robert. — Toujours pas ! Brigitte. — Toujours pas ! Jacqueline, a Brigitte. — Vous, vous ne pouvez pas le savoir puisque vous etiez avec moi! Brigitte. — Hein ? Eh bien ! oui! (Elle designe Robert.) Mais comme il dit, toujours pas... jacqueline. — Vous dites, toujours pas! bernard. — Oui, elle dit ca comme ca ! Robert. — Pour suivre ! Brigitte. — Oui, voila, je suis! jacqueline, hochant la tete, meprisante. — Oui, oui, je vois ! Eh bien ! alors, je vais commencer a aller preparer le diner ! robert. —Mais..., (designantBngitte) elle va aller avec vous ! (A Brigitte.) N'est-ce pas ? brigitte. — Ah ! oui! Parce que la, je serai vraL ment a mon affaire ! jacqueline. — Comment ? robert. — Elle... elle veut dire que ca lui ferait plaisir ! Brigitte. — Oui, ca... qa me ferait plaisir! robert. — De vous aider ! brigitte. — Oui, de vous aider ! bernard. — Puisque tu n'as pas encore de femme de menage ! robert. — Oui, puisque vous n'avez pas encore de femme de menage... brigitte. — Comme ca, je serai votre femme de menage ! BERNARD. — Voila! robert. — Oui... voila ! Brigitte. — Oui, voila ! jacqueline. — Oui, voila ! Eh bien ! alors, venez ! brigitte. — Mais il faudrait peut-etre que je me mette en tenue ? Jacqueline. — En tenue ? Robert. — Oui, elle veut dire, si vous pouviez lui preter un tablier... Jacqueline. — Un tablier ? 50 51