r Wr+ A LIRE : Esprit de Diderot, choix de citations de Laurent Loty et Eric 091306 Vanzieleghem, Hermann, 160 p., 6 €; La Petite Copiste de Diderot, Danielle Digne, Le Passage, 240 p., 19 €; Diderot. Passions, sexe, raison, Dominique Lecourt, PUF, 100 p., 13 €; Diderot ou le Bonheur de penser, Jacques Attali, Fayard, 540 p., 24 €. Diderot, un penseur eclaire a Paris Ecrivain, philosophe, encyclopediste, dramaturge, critique d'art... C'est dans la capitate que Denis Diderot s'est revele homme des Lumieres. Denis aurait dů étre prétre, Diderot sera philosophe. Né le 5 octobre 1713 á Langres (Haute-Marne), il arrive á Paris á l'äge de 15 ans. Ii poursuit ses etudes dans la capitale aprěs avoir requ la tonsure de 1'évéque de Langres pour une carriěre qui s'annonce, a priori, ecclésiastique. II fréquente le college d'Harcourt, á l'emplacement de l'actuel lycée Saint-Louis (6e). Mais c'est la Sorbonne (5e), oú il étudie la theologie et la philosoph ie, qui le séduit. La deuxieme voiel'emporte. Son pere, decu, lui coupe alors les vivres. Le jeune Diderot se debrouille done avec de petits metiers : pre-cepteur, redacteur de sermons, ecrivain public... Sans jamais s'eloigner du Quartier latin, il multiplie les domiciles : rue de la Parcheminerie (5e), rue du Vieux-Colombier (6C) ou rue des Deux-Ponts, sur l'ile Saint-Louis (4°). La rue Boutebrie (5e) fait chavirer son cceur. II y tombe amoureux d'Antoinette Champion, dite « Nanette », la fille de sa lingěre. II 1'épouse en secret en novembre 1743. Le jeune couple emménage rue Saint-Victor (5e). Diderot étudie l'anglais et traduit les ceuvres de philosophes britanniques pour gagner sa vie. II fréquente les theatres, les salons et les cafes parisiens. Premiers écrits subversifs En 1746, il publie les Penséesphi-losophiques, une premiere ceuvre pleine de hardiesse par sa critique de la religion. Le philosophe des Lumiěres voit le jour. Mais le Par-lement de Paris ordonne la destruction de l'ouvrage. L'ecrivain s'essaye alors á d'autres genres : un roman libertin, Les Bijoux indíscrets (1748), Mémoires sur différents sujets de mathéma-tiques (1748) et puis un texte trěs particulier : la Lettre sur les aveugles á usage de ceux qui voient (1749). Diderot y affirme son athéisme et sa pensée materialisté, ce qui n'est pas du tout du gout de la censure. II invente la critique ďart en rédigeant les comptes rendus des salons de peinture. •o Denis Diderot travailla avec Jean Le Rond ďAlembert á 1'écriture de VEncycIopédie. Arrete le 24 juillet 1749 chez lui, au deuxieme etage du 3, rue de l'Estrapade (5e), Diderot est empri-sonne au chateau de Vincennes. II y restera cent trois jours, rece-vant regulierement des visites de son ami Jean-Jacques Rousseau. II cessera alors de diffuser ses ecrits majeurs. La plus grande par-H tie de son ceuvre, La Reli-=? gieuse (1780), Le Neveu de Ra-j? meau (1762-1773) et Jacques le Q Fataliste (1765-1784), sera editee au cours du xixe siecle. 28 <1 En haut ä gauche : la galerie de Valois (l*r). Ci-dessus : la place de la Sorbonne (5"). Ci-contre : le café Le Procope (6°). En 1751, l'ceuvre proteiforme de Diderot s'enrichit d'un nouveau genre. Depuis quatre ans, il tra-vaille avec Jean Le Rond d'Alem-bert, mathematicien, au projet de VEncyclopedie ou Dictionnaire raisonne des sciences, des arts et des metiers, qui a pour objectif de recenser toutes les connaissances de l'epoque. Plus de 150 savants, philosophes, specialistes aident a la redaction de cette ceuvre, parmi lesquels Rousseau, Voltaire, Montesquieu... VEncyclopedie censuree Les reunions de travail se tiennent au cafe Le Procope, 13, rue de l'Ancienne-Comedie (6e), ou il est aujourd'hui toujours possible de boire un verre ou de s'attabler dans le salon Diderot. Mais la censure suspend en 1752 la diffusion des deux premiers volumes, avant de l'interdire completement en 1759. Diderot poursuit alors secrete-ment son ouvrage tout en creant au theatre le « drame bourgeois » que la Comedie-Francaise est la premiere a representee II invente egalement la critique dart en redi-geant les comptes rendus des salons de peinture qui se tiennent au Louvre (1"). La vie du philo-sophe est faite de multiples horizons, et ses amours de plusieurs liaisons. II demeure depuis 1754 avec sa femme et sa fille, Marie-Angelique, aux 4e et 5e etages du 2, rue Taranne, emplacement actuel du 149, boulevard Saint-Germain (6e). Mais son cceur est ailleurs, pres de Sophie Vol-land, qu'il retrouve dans les jar-dins du Palais-Royal (1"). sur le banc de l'allee d'Argenson (ac-tuelle galerie de Valois). De 1755 et jusqu'a sa mort, il entretiendra avec elle une liaison passionnee et une correspondance amoureuse remarquable *. Cote finances, Diderot est a l'abri du besoin grace a l'amitie de Catherine II de Russie. En juillet 1784, l'ecrivain, qui approche des 71 ans, quitte les étages élevés de la rue Taranne pour déménager au rez-de-chaussée de l'Hotel de Bezons, au 39, rue de Richelieu (Ier). loué par la tsarine. II n'y vivra que douze jours. L'homme des Lumiěres s'eteint le 31 juillet 1784. De son corps inhumé ä 1'église Saint-Roch (1er) il ne reste plus de traces, les caveaux ayant été pillés durant la Revolution francaise. Et si son nom est parfois cité pour le Pantheon, cest avant tout son esprit qui laisse un heritage im-mortel. https://sites.google.com/site/ diderot2013 * Lettres ä Sophie Volland, 1759-1774, éd. Non Lieu, 750 p., 39 €. LE TRICENTENAIRE DU PHILOSOPHE Le theatre Le Ranelagh (16e) cree I'evenement du 6 septembre au 31 decembre avec le festival Diderot 1713-2013. Au programme notamment, deux spectacles quotidiens : Le Neveu de Rameau a 19 h et La Relig/euse a 21 h. Les 7 et 8 novembre, I'universite Paris Ouest Nanterre organise un colloque intitule « Diderot et le politique, aujourd'hui». A Langres, ville natale de l'ecrivain, la Maison des Lumieres de Denis-Diderot ouvre ses portes le 5 octobre. Elle est le seul musee francais consacre au philosophe. * Le Ranelagh, 5 rue des Vignes (16°). Tel. 01 42 88 64 44. www.theatre-ranelagh.com