110 LES PARTIES DU DISCOURS Remarque. — Aprés un noni ou aprěs un pronom démonstratif, méme peut, dans bien des cas, étre considéré comme adjectif ou comme adverbe selon le point de vue oü ľon se place : Ces murs méme(s) ont des orei/les (= ces murs eux-měmes.. ces murs aussi...). Ceux-lé mdme(s) ľont trahi. ou bien : CHAP1TRE IV 225. Tel peut etre adjectif ou pronom. A. Adjectif. — a) Tel est adjectif qualificatif quand il signifie « sem-blable » ou « si grand, si fort » : La pauvreti vaut mieux qu'une teile richesse. (La Font.) // ne faut pas manquer ä de telles graces. (Bossuet.) Remarques. — ). Tel est souvent employe, sans que, dans la langue moderne, comme conjonction de comparaison ; il s'accorde alors tantöt avec Ie premier terme de la comparaison, tantöt avec le second ; l'usage hesite : // bandait ses muscles, tel une bete qui va sauter. (Saint-Exupery.) // filait, telle une ombre. (G. Duhamel.) 2. Tel, suivi de que, peut annoncer une enumeration developpant un terme synthetique ; il s'accorde alors avec ce terme synth&ique : Plusieurs langues, telles que le grec. le latin. I'allemand, etc., divisent les noms en trois genres. (Acad.) b) Tel, place devant le nom, est adjectif indeuni dans des phrases oü Ton parle de personnes ou de choses qu'on ne veut ou ne peut designer precisement : II y a tel hotel ä Möns, oü, le samedi, les gens des petites vil/es voisines viennent expres diner, pour faire un repas dä/icat. (Taine.) B. Pronom. — Tel est pronom indéfini quand il designe une per-sonne indéterminée ; il ne s'emploie guěre qu'au singulier : Tel brille au second rang qui s'éclipse au premier. (Voltaire.) Remarque. — Un tel s'emploie au lieu d'un nom propre pour designer une per-sonne qu'on ne veut ou ne peut nommer plus précisément : En ľan 1600 ou en ľan 1500, un tel. de tel village, a báti cette maison pour y vivre avec une telle son épouse. (P. Loti.) LE PRONOM 226. Le pronom est un mot qui, en general, represente un nom, un adjectif, une idee, une proposition : Prenez ces cent äcus: gardez-\es avec soin. (La Font.) Ms ont fui, mes beaux jours. Brave, eile Vest. — L'oisivetö est funeste, croyez-\%. Une locution pronominale est une reunion de mots equivalant ä un pronom : // s'est adresse ä je ne sais qui. Remarques. — 1. Souvent le pronom ne represente aucun nom, aucun adjectif, aucune idee, aucune proposition dejä exprimes : il joue alors le role d'un nom ind&ermine : Tout est dit. Rien ne ľeffraie. — Cela va mieux. 2. Le pronom peut servir, dans la conjugaison, simplement ä indiquer la per-sonne grammatical : Je lis. tu écoutes. 3. Quand le pronom represente un nom, il est masculin ou feminin ; quand il represente autre chose qu'un nom ou quand il exprime une notion vague, il est neutre : Vous comprenez, je le vois. Vous étes fort aujourd'hui: le serez-vous encore demain 7 Que dois-je faire ? — Vous le prenez de haut. — II faut du courage. 4. II arrive que le pronom representant un nom collectif singulier s'accorde en nombre non avec ce collectif, mais avec le nom pluriel qu'on a dans la pensée (il y a alors accord par syllepse l) : Je ne saurais dire avec quel beau courage le peuple beige supporte cette situation a' goissante. Ms sont terriblement gěnés dans leur industrie et dans leur commerce. (G. Duhamel.) 1. La syllepse consiste a regler l'accord d'un mot non avec le terme auquel il se rapporte selon les regies grammaticales, mais avec un autre terme que le sens eveille dans la pensee. 112 LES PARTIES DU DISCOURS PRONOMS PERSONNELS 113 227. Pour qu'un nom puisse etre represente par un pronom, il faut, en principe, que ce nom soit determine, c'est-a-dire precede d'un article ou d'un adjectif possessif, demonstratif, etc. : On cherche les rieurs, et moi je les 6vite. (La Font.) Je vous at donne ce conseil; suivez-\o. On ne dirait pas : Vous avez tort et je ne Vai pas. — 11 a agi par jalousie, qui est une passion detestable '. 228. On distingue six especes de pronoms : les pronoms personnels, les possessifs, les demonstratifs, les relatifs, les interrogatifs et les indefinis. 1. PRONOMS PERSONNELS 229. Les pronoms personnels d6signent les etres en marquant la per-sonne grammaticale, done en indiquant qu'il s'agit : soit de l'etre qui parle (1" personne) : Je lis. Nous lisons. soit de l'etre a qui Von parle (2e personne) : Tu lis. Vous lisez. soit de l'etre de qui Von parle (3e personne) : D lit. lis lisent. Remarque. — C'est seulement a la 3* personne que le pronom personnel represente, remplace un nom deja exprime. 230. Les pronoms personnels sont : 1" PERS. 2- PERS. 3« PERS. Pr. réfl. 3* pers. Sing. • Atones Sujet Obj. dir. Obj. ind. sans prép. je me me tu te te il, elle le, la lui se se Toniques moi toi lui, elle so i Plur. - Atones Sujet Obj. dir. Obj. ind. sans prép. nous nous nous vous vous vous ils, elles les leur se se Toniques nous vous eux, elles soi 1. Autrefois le pronom pouvait representer un nom indetermine : Si vous etes si touches de curiosity, exercez-\a du moins en un sujet noble. (La Bruyere.) — Cet usage se retrouve excep-tionnellement dans la langue actuelle : Par grand vent, qui agile nos tentes... (P. Loti.) Outre ces formes il y a en et y, qui sont pronoms personnels quand ils representent un nom, une proposition, une idee. Remarques. — 1. Me, te, se sont toujours, dans la prononciation. atones, c'est-a-dire depourvus d'accent d'intensite ; ils precedent un verbe (ou un pronom), sur lequel ils s'appuient intimement : Qu'on me pardonne. — Qui te /'a dit ? On se voit d'un autre ceil qu'on ne voit son prochain. (La Font.) Moi, toi, soi, eux sont toujours toniques : Crois-moi. — C'est a toi que je parle, non a eux. Chacun pour soi, dit I'igoiste. Les autres pronoms personnels sont toniques ou atones selon leur fonction et leur place par rapport au verbe : On nous parle (atone). — Pa/Venous (tonique). 2. Les formes toniques peuvent etre renforcees par l'adjonction de meme . Moi-meme, toi-meme, etc. Nous, vous peuvent etre renforces par autres : Nous autres, vous autres. 3. Dans les formes atones, je, me, te, se, le, la, la voyelle s'elide devant un verbe commencant par une voyelle ou un h muet, et devant en, y : J'ouvre, il m'appelle, je Vhonore, tu t'en vas, je \'y envoie. 4. Le pronom personnel est dit reflechi lorsqu'il sert a former les verbes prono-minaux ; il reflete alors le sujet (tantot il est complement d'objet : je me blesse ; je me lave les mains ; ils se reconcilient ; — tantot il n'a aucune fonction logique : je m'evanouis. — Voir § 287). Le pronom reflechi est : pour la 1" personne : me, nous : Je me blesse ; nous nous blessons. pour la 2e personne : te, vous : Tu te blesses ; vous vous blessez. II n'a de forme speciale qu'a la 3e personne : se, soi : // se blesse. — Chacun pense a soi. Emploi. 231. Les pronoms personnels peuvent remplir, dans la phrase, les memes fonctions que les noms. Ils peuvent etre : 1° Sujets : tu, il, elle, nous, vous, ils, elles — et dans certains cas : moi, toi, lui, eux. 2° Complements d'objet directs : me (apres imperat. : moi), te (apres imperat. : toi), le, la, se, nous, vous, les. 3° Complements d'objet indirects sans preposition : me, te, lui, se, nous, vous, leur. 114 LES PARTIES DU DISCOURS PRONOMS PERSONNELS 115 4° Complements precedes d'une preposition : moi, toi, lui, elle, soi, nous, vous, eux, elles. Ces dernieres formes s'emploient aussi comme attributs et comme mols renforcant le sujet, le complement d'objet direct ou indirect. Remarque. — On voit que le pronom personnel peut presenter des formes ditfe-rentes selon sa fonction ; il a done garde une certaine declinaison : il a un cas sujet (nominatif) et un cas regime [= cas du complement, qui comprend le cas du complement d'objet direct (accusatif), le cas du complement d'objet indirect (datif), le cas prepositionnel (ablatif)]. Pronom personnel sujet. 232. Le pronom personnel sujet est le plus souvent une forme atone : je, tu, il, elle, nous, vous, ils, elles. Les formes toniques moi, toi, lui, elle, nous, vous, eux, elles, s'emploient comme sujets : 1° Quand le pronom sujet est suivi d'une apposition ou d'une proposition relative : Lui, loup, gratis le guSrirait. (La Font.) Moi, qui, grace aux dieux, de courage me pique. En ai pris la fuite de peur. (Id.) 2° Quand le pronom sujet s'oppose a un autre sujet ou le renforce : Eux le sentaient vaguement; lui, plus nettement. (R. Bazin.) Je le so is bien, moi. 3° Dans les propositions oil il y a ellipse du verbe : Qui vient ? — Moi. 4° Quand le pronom sujet est joint a un ou plusieurs autres sujets : J'espere que ni moi ni mes enfants ne verrons ces temps-la. (Vigny.) 5° Avec l'infinitif exclamatif ou interrogatif, avec l'infinitif dc narration et avec le participe absolu (§ 392) : Moi ! le faire empereur ? (Racine.) Eux de recommencer la dispute a I'envi. (La Font.) Eux repus, tout s'endort. (Id.) 6° Comme sujets reels et avec le gallicisme e'est ... qui : II n'y eut qu elle de cet avis. C'est moi qui suis Guillot. (La Font ) 233. Le pronom // s'emploie comme neutre sujet avec les verbes de forme impersonnelle et suivis du sujet reel : II neige. — II est arrive un malheur. Pronom personnel complement. 234. Le pronom personnel complement est le plus souvent une forme atone : me, te, se, le, la, lui, nous, vous, les, leur : On me voit. on lui nuit. Les formes toniques moi, toi, soi, lui, elle, nous, vous, eux, elles s'emploient comme complements : 1° Pour renforcer un complement : On I'estime, elle. 2° Quand le pronom personnel complement est joint a un ou plusieurs autres complements de meme espece que lui : // contemplait la foule sans distinguer ni moi ni personne. 3° Dans les propositions ou il y a ellipse du sujet et du verbe : Qui blame-ton ? — Toi. 4° Apres un imperatif affirmatif — sauf devant en et y : Ecoute-mox (Mais : Donnez-m'en, menez-m'y.) 5° Apres une preposition : Qui n'est pas avec moi est contre moi. Gloire a toi, fitiros inconnu, qui as dbfendu la patrie et qui es mort pour elle ! 6° Apres ne ... que et avec le gallicisme c'est ... que : On n'admire Quelle. — C'est toi que je cherche. Remarques. — 1. Dans des phrases comme les suivantes, mettez bien, avec a, la forme tonique du pronom personnel complement : Ces ruines (...) a moi signages. (P. Loti.) Les choses a lui destinies. (G. Duhamel.) Gardez-vous de dire : Ces ruines me signalees ; les choses lui destinies ; la lettre vous envoyee, etc. 2. Pour le pronom personnel expl&if (go&tez-mw cela), voir § 68, 3". 116 LES PARTIES DU DISCOURS PRONOMS PERSONNELS 117 235. Le s'emploie comme pronom neutre complement : 1° Pour representer ou annoncer une idee, une proposition : Tu te justifieras apres, si tu le peux. (Corneille.) Nous le jurons tous. tu vivras ! 2° Dans certains gallicismes ou il exprime une notion vague : Vous le prenez bien haut. — Je vous le donne en cent. etc. 3° Facultativement dans les propositions comparatives apres autre, plus, moins, mieux, etc. : // est autre que je ne croyais, que je ne le croyais. (Acad.) Place du pronom personnel complement d'objet. 236. a) Le pronom personnel complement d'objet d'un imperatif sans negation se place apres le verbe : Regarde-moi, obe'issez-\u\. Avec un imperatif negatif, il se place avant le verbe : Ne me livrez pas, ne leur obiissez pas. b) Si un imperatif sans negation a deux pronoms complements d'objet, l'un direct, l'autre indirect, on place le complement d'objet direct le premier : Dites-\e-moi. Toutefois, il arrive qu'on ait l'ordre inverse : Rends-nous-\es. (Hugo.) Mais si l'imperatif est negatif, le pronom complement d'objet indirect se place le premier : Ne me le ripitez pas. Toutefois lui et leur font exception : Ne le lui dites pas, ne le leur dites pas. 237. a) Avec un mode autre que l'imperatif, les formes atones complements d'objet me, te, se, le, la, lui, nous, vous, les, leur se placent avant le verbe (avant l'auxiliaire dans les temps composes) : Je te conduirai. — On leur nuit. — Tu lui as parte. b) Quand le verbe a deux complements d'objet, l'un direct, l'autre indirect, celui-ci se place le premier (sauf avec lui et leur) : Tu me le dis. — Nous le lui dirons. c) l^es formes toniques complements moi, toi, soi, lui, elle, nous, vous, eux, ellei se placent generalement apres le verbe : Nous les blamons, eux. — On m'obiira, a moi. Elles precedent parfois le verbe, par effet de style : A toi (...) je ne celerai rien. (Corneille.) d) Avec un infinitif complement d'un verbe principal, le pronom personnel complement de cet infinitif se place immediatement avant ce dernier : Je veux le voir. Toutefois si l'infinitif est complement de voir, entendre, sentir, laisser, /aire, regarder, envoyer, le pronom personnel compliment de cet infinitif se place avant le verbe principal : Ce paquet, je le ferai prendre. — Ne le faites pas prendre. Cette maison. je I'ai vu batir; a moins que le verbe principal ne soit a l'imperatif sans negation : Faites-\e prendre. Pronom personnel attrihut. 238. Les formes toniques moi, toi, lui, elle, soi, nous, vous, eux, elles s'emploient comme attributs aprěs le verbe étre (surtout avec le sujet ce) : Mon meilleur ami, e'est toi. Est-ce voire mere ? — Oui, e'est elle. Pourquoi suis-je moi ? 239. a) Pour representer un nom determine (c.-ä-d. precede d'un article défini ou d'un adjectif possessif, démonstratif, etc.), on emploie comme pronom attribut un des pronoms le, la, les, accordé avec ce nom : La reine, je la suis. Étes-vous les juges (mes juges, ces juges) ? — Nous les sommes. b) Pour representer un adjectif ou un nom indéterminé (c.-á-d. sans article ou précédé de 1'article indéfini ou de Particle partitif), on emploie comme pronom attribut le neutre le, invariable : Étes-vous chrétienne ? — Je le suis, l/s étaient juges, ils ne le sont plus. Est-ce une servantě ? — Elle le fut. 118 LES PARTIES DU DISCOURS 240. Le, neutře, peut représenter comme attribut un participe passif : Sans vous, je serais hai et digne de Vétre. (Fénelon.) II peut aussi représenter, en le faisant sous-entendre au passif, un verbe qui precede, á 1'actif : cet usage est condamné par Littré et par beaucoup de grammairiens, mais il est attesté par nombre de bons auteurs : On ne peut bien déclamer que ce qui mérite de Větre. (Voltaire.) Ne vous laissez pas troubler (...). J'avoue que je Vai été moi-méme au debut. (A. Maurois.) Pronom reflechi. (Voir definition : § 230, Rem. 4.) 241. A la lre personne, on emploie comme reflechis les pronoms me, nous : Je me blesse, nous nous blessons. PRONOMS PERSONNELS 119 Remarques. — 1. Avec un sujet determine, on emploie généralement lui, elle(s), eux : Racine avait contre lui toute la vieille generation. (J. Lemaitre.) Mais il ne serait pas incorrect de mettre soi, comme ä ľépoque classique : Le feu s'était de soi-méme steint. (Flaubert.) // a soudain peur de soi-méme. (G. Duhamel.) En particulier on met soi pour éviter une equivoque et ordinairement aussi quand le sujet designe un type : Le frěre de Paul me parle toujours de soi. — Ľégoiste ne vit que pour soi. 2. Soi-disant s'applique ä des personnes ou ä des choses : De soi-disant docteurs. (Acad.) Ce soi-disant défaut. (M. Barrěs.) II peut se dire au sens adverbial de « censément» : Vous m'avez consulté soi-disant au sujet de voire femme de chambre. (M. Prévost.) A la 2e personne, te, vous : Tu te blesses, vous vous b/essez. A la 3e personne, le pronom reflSchi a deux formes speciales : une forme atone : se (toujours devant le verbe) ; une forme tonique : soi (apres le verbe) : ll(s) se blesse(nt) ; chacun pense a soi. Remarque. — Au point de vue de sa valeur logique, le pronom de forme re-flechie a tantöt un sens reflechi, tantöt un sens non reflechi : a) Au sens reflechi, il indique, comme complement d'objet direct ou indirect, que Taction revient sur le sujet : Je me blesse. — Tu te nuis. Au pluriel, il peut marquer un sens reciproque : Nous nous quere/Ions. — Ces deux hommes se disent des injures. b) Au sens non reflechi, il ne marque aucunement que Taction revient sur le sujet ; it n'est pas alors analysable separement et fait corps avec le verbe. 11 s'em-ploie ainsi, soit comme pronom sans fonction logique : Je m'ävanouis, je me meurs; soit comme pronom auxiliaire de conjugaison servant ä faire exprimer au verbe Tidee du passif: Le b/6 se vend bien. Pronoms en et y. 243. En et y sont pronoms personnels quand, representant, soit un nom de chose ou d'animal, soit une idée, ils equivalent, le premier á un complement construit avec de, le second á un complement construit avec a ou dans : Jaime beaucoup Paris et /"en admire les monuments. (Acad.) Ce cheval est vicieux: défiez-vous-en. Vous chantiez ? /'en suis fort aise. (La Font.) Void une lettre: vous y répondrez. Ce chien est caressant: je m'y suis attache. On meurt comme on a vécu: pensez-y bien. Elle a un jardin; elle y cultive toutes sortes de legumes. Remarques. — 1. II est parfois difficile de decider si en (du lat. inde, de lá) et y (du lat. ibi, la) sont adverbes de lieu ou pronoms personnels. On pourra observer, en particulier : a) qu'ils sont pronoms personnels quand ils représentent un nom ou une proposition : Viens-tu de la ville ? Oui, /'en viens. — Vous risquez gros : pensez-y bien. b) qu'ils sont adverbes de lieu lorsque, ne representant ni un nom, ni une proposition, ils equivalent á « de lá », « lá » : Sors-tu d'ici ? Oui, /'en sors. — N'allez pas la : il y fait trop chaud. 2. En et y ont une valeur imprecise dans un grand nombre d'expressions, telles que : s'en alter, en vouloir á quelqu'un, e'en est fait, il y va de I'honneur, il n'y pa-rait pas, n'y voir goutte, il s'y prend mat, etc. 242. Soi, seul ou renforcé par tněme, ne se rapporte, en general, qu'á un sujet indéterminé et singulier : Chacun travaille pour soi. (Acad.) 244. En et y representent parfois des noms de personnes : C'est un veritable ami, je ne pourrai jamais oublier les services que /'en ai recus. (Acad.) C'est un homme equivoque, ne vous y fiez pas. (Id.) 120 LES PARTIES DU DISCOURS PRONOMS DEMONSTRATIFS 121 2. PRONOMS POSSESSIFS 245. Les pronoms possessifs representent le nom en ajoutant a l'idee de ce nom une idee de possession : Cette maison est plus confortable que la mienne. Le pronom dit « possessif» marque souvent, non la possession au sens strict, mais divers rapports : Ma disgrace entrainera la tienne. Les lunerailles de son p'ere avaient 6t6 simples; les siennes furent solennelles. 246. Les pronoms possessifs sont : Un seul objet Plusieurs objets Masculin Feminin Masculin Feminin le mien la mienne les miens les miennes Un seul le tien la tienne les tiens les tiennes possesseur le sien la sienne les siens les siennes le nôtre la nôtre les nôtres Plusieurs < le vôtre la vôtre les vôtres possesseurs le leur la leur les leurs 247. Le pronom possessif s'emploie parfois ďune maniere absolue, sans repré-senter aucun nom exprimé : 1° Au masculin pluriel pour designer les proches, les partisans : // est plein ďégards pour les miens. (Acad.) 2° Dans certaines locutions : Y mettre du sien. — Faire des siennes. 3. PRONOMS DEMONSTRATIFS 248. Les pronoms demonstratifs designent, sans les nommer, les etres que Ton montre, ou dont on va parier, ou dont on vient de parier : Prenez ceci. — Cela ätonne, un si grand ädifice. Voilä deux beaux livres, mais je prälere celui-ci a celui-lä. Le pronom démonstratif n'implique pas toujours l'idee demonstrative : cette idee est effacée dans celui, ceux, celle(s), ce : Ceux (= les personnes, non ces personnes) qui vivent. ce sont ceux qui luttent. (Hugo.) 249. Les pronoms demonstratifs sont : SINGULI ER PLURIEL Masculin Feminin Neutre Masculin Feminin Formes simples celui celie ce ceux celieš Formes composées celui-ci celui-lä celle-ci celle-lä ceci cela, pa ceux-ci ceux-lä celles-ci celles-lä Emploi. Celui, celle(s), ceux. 250. Celui, celle(s), ceux demandent toujours apres eux, soit un par-ticipe, soit un complement introduit par une preposition, soit une proposition relative : Je joins a ma lettre celle icrite par le prince. (Racine.) Les amis de ce pays-la Valent bien. dit-on, ceux du notre. (La Font.) Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent. (Hugo.) Remarque. — L'emploi apres celui, celle(s), ceux, d'un participe ou d'un complement introduit par une preposition autre que de est autorise par 1'usage actuel : Un autre empire que celui promis aux Latins. (E. Henriot.) Tauzin (...) compta les piles de ble, celles pour la vente et celles pour le tour. (J. de Pesquidoux.) On trouve aussi (mais cela parait peu correct) celui, celle(s), ceux, suivis d'un adjectif : Le nombre des patients depassait celui visible les soirs d'ilection. (P. Adam.) Ce. 251. Ce s'emploie comme sujet : 1° Devant un pronom relatif: Ce que I'on concoit bien s'inonce clairement. (Boileau.) 122 LES PARTIES DU DISCOURS PRONOMS DEMONSTRATIFS 123 2° Devant le verbe etre (parfois precede de devoir ou de pouvoir) Ce fut une grande joie. — Ce doit etre un beau spectacle. Ceci, celui-ci, celle(s)-ci, ceux-ci, etc. 252. Ce, devant le verbe etre, peut reprendre un sujet : Le premier des biens, c'est la vertu. Que le bien doive etre räcompensä. c'est une certitude. II peut aussi annoncer un sujet, qui est : soit un nom ou un pronom introduits par que : C'est un tresor que la sante. soit un infinitif introduit par de ou que de : C'est une folie (que) d'entreprendre cela. soit une proposition introduite par que, parfois par comme, quand, lorsque, si : C'est une honte qu'il ait fait cela. C'est ätonnant comme eile grand it. C'est rare quand eile se trompe. Ce fut miracle si cet imprudent ne se rompit pas le cou. Remarques. — 1. C'est forme avec qui ou que un gallicisme qui pennet de mettre en relief n'importe quel element de la pensee, sauf le verbe : C'est moi qui suis Guillot. (La Font.) C'est I'erreur que je fuis. (Boileau.) Ce nest done pas des hommes qu'il est ennemi. (J.-J. Rousseau.) C'est demain que nous partirons. 2. Si le complement mis en vedette au moyen de c'est ... que est precede d'une preposition, on doit mettre en tete avec lui cette preposition : C'est ä vous que je parle. C'est A'eile que je parle. La tournure C'est ä vous ä qui je parle est archaique. 253. Ce s'emploie comme attribut ou comme complement immediate-ment devant un pronom relatif : Cette affaire n'est pas ce qui me präoecupe, ce a quoi je donne mes soins. Prenez ce qui vous convient, ce dont vous avez besoin. Ce, non suivi d'un pronom relatif, est complement dans certains tours anciens : ce dit-on, et ce, ce disant, ce faisant, pour ce faire, sur ce, de ce non content. 254. Les demonstratifs prochains ceci, celui-ci, celle(s)-ci, ceux-ci s'em-ploient en opposition avec les demonstratifs lointains cela, celui-la, celle(s)-la, ceux-ld, pour distinguer nettement l'un de l'autre deux etres ou objets, deux groupes d'etres ou d'objets qu'on a devant soi : Ceci est beau, cela est laid. (Acad.) Void deux tableaux, pr6f6rez-vous celui-ci ou celui-la ? (Id.) 255. a) Le plus souvent, quand il y a opposition, les demonstratifs prochains designent l'etre ou l'objet, les etres ou les objets les plus rapproches ou nom-mes en dernier lieu ; les demonstratifs lointains designent l'etre ou l'objet. les etres ou les objets eloignes ou nommes en premier lieu : Dimocrite et HSraclite itaient de nature bien diffirente; celui-ci pleurait toujours, celui-la riait sans cesse. (Acad.) b) S'il n'y a pas opposition, les demonstratifs prochains s'appliquent a ce qui va etre dit, a l'etre ou a l'objet, aux etres ou aux objets, qu'on a devant soi, ou dont on parle, ou dont on va parler ; les demonstratifs lointains represented ce qui a ete dit, l'etre ou l'objet, les etres ou les objets dont on a parle : Dites ceci de ma part a votre ami: qu'il se tienne tranquille. (Acad ) Tout ceci n'annonce rien de bon. (Littre.) // m'a demands une devise; je lui ai propose celle-ci : « Repos ailleurs. » Que votre ami se tienne tranquille: dites-lui cela de ma part. (Acad.) On ne prend la-dessus que trop d'autres lecons sans celle-la. (J.-J. Rousseau.) Remarques. — 1. Celui-la, ceux-la s'emploient au lieu de celui, ceux, lorsque la relative qui les determine est rejetee apres la principale : Ceux-la font bien qui font ce qu'ils doivent. (La Bruyere.) 2. Qa est une forme reduite de cela. Au XVII' siecle, il etait de la langue populate ; c'est au XIX' et au XX* siecle qu'il s'est impatronis^ dans l'usage general, tout en restant cependant moins «distingue» que cela : Je suis roi. Co suffit. (Hugo.) Qa pourrait devenir dangereux pour elle. (A. Maurois.) 3. Cela, ca, dans la langue familiere, designent parfois des personnes : Ouvrons aux deux enfants. Nous les me/erons tous. Cela nous grimpera le soir sur les genoux. (Hugo.) 124 LES PARTIES DU DISCOURS PRONOMS RELATIFS 125 4. PRONOMS RELATIFS 256. Les pronoms relatifs servent á joindre á un nom ou á un pronom qu'ils représentent une proposition dite relative, qui explique ou determine ce nom ou ce pronom : Un loup survient ě jeun qui cherchait aventure. (La Font.) Le premier pas, mon fits, que /'on fait dans le monde Est celui dont depend le reste de nos jours. (Voltaire.) Le nom ou le pronom représenté par le pronom relatif s'appelle antecedent. 257. Les pronoms relatifs ont des formes simples et des formes com- posées : II 1 FORMES SIMPLES qui 1 V des deux genres et des deux nombres. que J quoi : ordinairement neutre. dont ] > des deux genres et des deux nombres. ou J FORMES COMPOSÉES SINGULIER PLURIEL Masculin Feminin Masculin Feminin lequel duquel auquel laquelle de laquelle ä laquelle lesquels desquels auxquels lesquelles desquelles auxquelles N. B. — Outre les formes signalees dans ce tableau, il y a les pronoms relatifs composes quiconque, qui que, quoi que, qui que ce soit qui, qui que ce soit que, quoi que ce soit qui, quoi que ce soit que, qui sont des relatifs indefinis : Quiconque est hup agisse en loup. (La Font.) Qui que (u sois, ne t'enf/e pas d'orgueil. Quoi que vous puissiez dire, vous ne le convaincrez pas. Sur quoi que ce soit qu'on I'interroge, il a riponse prete. (A. Gide.) Dans l'analyse des mots de la subordonnee, on peut considerer globalement chacun des relatifs composes qui que, quoi que, etc., mais strictement parlant, c'est le premier element qui a une fonction particuliere de sujet, d'attribut, etc. Remarques. — 1. S'emploient sans antecedent : 1° qui, que, quoi, ou, pris comme relatifs indefinis ; 2° les relatifs indefinis quiconque, qui que, quoi que, qui que ce soit qui (ou que), quoi que ce soit qui (ou que) : Qui veut peut. — Advienne que pourra. Elle a de quoi vivre. — Elle n'a pas ou reposer sa t6te. Quiconque ment se degrade. 2. Le pronom relatif est du meme genre, du meme nombre et de la meme per-sonne que son antecedent : Vous que j'ai secourus (2e pers. masc. plur.). 3. Les formes composees lequel, duquel, etc. ne sont que des formes variees du meme pronom lequel, compose de l'article defini et du pronom interrogatif quel, et qui peut se combiner avec d ou de. Emploi. 258. Qui est sujet ou complement : a) Comme sujet, il s'applique a des personnes ou a des choses : L'homme qui travaille 6vite I'ennui. L'arbre qui ne porte pas de bons fruits sera coupi. II s'emploie sans antecedent comme relatif indefini, dans certains proverbes ou dans certaines expressions sentencieuses : Qui veut mourir ou vaincre est vaincu rarement. (Corneille.) De meme dans qui plus est, qui mieux est, qui pis est, et apres void, voila : Elle est compStente et, qui mieux est, tres honn§te. — Voili qui est fait. Remarque. — Qui repete s'emploie comme sujet au sens distributif de « celui-ci... celui-la, ceux-ci... ceux-la » : L'auditoire gimit, en voyant dans I'enfer tout ouvert qui son pere et qui sa mere, qui sa grand-mere et qui sa sceur. (A. Daudet.) b) Comme complement, qui est precede d'une preposition et s'applique a des personnes ou a des choses personnifiees, parfois aussi a des animaux : La femme A qui je parte. Ceux