LE POPUIAIRE DU CENTRE MARO! 3 řtói 2016 33 Mai 1936 ^Le Front populaire MAJORITAIRE ■ Le 3 mai, eile obtenait 376 sieges contre 222 ä la droite pour un programme social historique Une gauche mythique au pouvoir En mai 1936, il y a 80 ans, le Front populaire, coalition des socialistes, des communistes et des radicaux, gagne les legislatives. II porte au pouvoir Leon Blum qui met en ceuvre un programme social sans precedent. Experience mythique de la gauche au pouvoir, etape capitale de emancipation de la clas-se ouvriere, le Front populaire a accouche de refor-mes historiques - conges payes et semaine de 40 heures pour tous les salaries, notamment - et donne un formidable elan aux loisirs et a la culture. Pourtant, a resume l'his-torien Michel Winock, il « est aussi un echec, politique - il ne dure qu'une annee -, economique, et surtout peut-etre ideolo-gique ». « Pour ne pas avoir assez vu que le veritable danger se situait a l'exterieur, il ne parvien-dra pas a son objectif premier : faire piece au fas-cisme. » Programme commun Le 3 mai 1936, le Front populaire obtient 376 sieges (dont 72 communistes, 116 radicaux et 147 SFIO) contre 222 pour la droite. Dans l'attente de la formation du gouverne-ment, une vague de gre-ves, avec occupations d'usines, paralyse le pays. Nomme le 5 juin, Leon Blum, premier socialiste ä diriger un gouvernement en France, annonce qu'il mettra en ceuvre le « Programme commun » de la gauche. Le PCF de Maurice Thorez soutient le gouvernement sans y partici-per. Revolution sociale Le 7, Blum reunit patro-nat et syndicats qui con-cluent en quelques heures les « accords de Mati-gnon », avancee sociale sans precedent : generalisation des conventions collectives, reconnaissance de la liberty syndicale, augmentation generale des salaires (de 7 % ä 15 %) et creation de dele-gues ouvriers elus par le personnel. Malgre tout, les occupations d'usines se poursui-vent et Thorez doit donner de la voix : « II faut savoir terminer une greve ! » La fuite des capitaux s'accelere pendant que la Chambre des deputes vote notamment les deux se- maines de congés payés (11 et 12 juin). La Banque de France passe sous le controle de l'Etat, les industries aéronautiques sont nationalisées. S'il n'accorde pas le droit de vote aux femmes, Blum nomme, pour la premiere fois dans un gouvernement, des femmes aux postes de sous-secrétaires d'Etat : Suzanne Lacore, Irene Joliot-Curie et Cecile Brunschvicg. Jean Zay, a l'Education nationale, allonge la scola-rite de 13 a 14 ans, lance un vaste programme d'equipement scolaire et innove avec l'education physique et artistique, 6paule par le jeune Leo Lagrange charge des Sports et des Loisirs. Non-intervention En juillet, l'Espagne s'embrase dans la guerre civile. Le PCF souhaite l'engagement de la France aux cotes des republicains espagnols contre la rebellion fasciste de Franco. Mais Blum, face a Top-position de la droite, des radicaux, du president de la Republique, le modere Albert Lebrun, et du Royaume-Uni, tranche en faveur d'une « non-intervention » tout en fermant les yeux sur des livraisons d'armes aux forces pro-gressistes. L'antifascisme, ciment du Front populaire, se manifeste essentiellement par la dissolution des Ligues ď extreme droite. Declin Ä la rentrée, la periodě se tend avec la devaluation du franc en septembre, le suicide du ministře de 1'Intérieur, Roger Salengro, victime de calomnies, en novembre, et le refus de la confiance du PCF sur la politique étrangěre en dé-cembre. Les difficultés économi-ques s'aggravent. En fé-vrier 1937, Blum annonce une « pause » dans les ré-formes. En juin, il démis-sionne devant le refus du Senat de droite de lui ac-corder les pleins pouvoirs pour augmenter les im-póts, réduire les dépenses et contröler les changes. Le radical Camille Chau-temps forme un nouveau cabinet de Front populaire que les ministres socialistes quittent en Janvier 1938. Un nouveau gouvernement Blum ne tient méme pas un mois face ä l'obstruction du Senat. Et c'est le retour ä une politique « modérée » avec Édouard Daladier ä Mati-gnon et Paul Reynaud aux Finances, a