L’âge de Lumières Louis XV de France oLouis XV, dit le « Bien-Aimé » ( 1710-1774) dont le règne s'étend de 1715 à1774. o oSuccédant à son arrière-grand-père Louis XIV à l'âge de cinq ans, il voit son pouvoir alors délégué à son grand-oncle, le duc d’Orléans, proclamé « Régent du Royaume » le 2 septembre 2015 , jusqu'au15 février 1723, date de l'entrée du jeune roi dans sa quatorzième année, où il prend officiellement le contrôle du gouvernement. o oÀ la différence de Louis XIV, Louis XV n'a pas été en contact direct avec la vie politique du pays. Homme intelligent mais blasé, son désintérêt pour la politique et la succession de ministres aux tendances différentes aboutissent à un affaiblissement de l'influence de la France en Europe, qui porte en germe la future Révolution française. o oSous son règne, toutefois, la France connaît de grands succès militaires sur le continent européen et acquiert pacifiquement le duché de Loraine et le duché de Bar, ainsi que la Corse. En revanche, elle perd le contrôle d'une grande partie de son empire au profit de la domination colloniale britanique : spécialement la Nouvelle-France, en Amérique, comme la prépondérance aux Indes. o ohttp://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_XV_de_France oLouis XV, dit le « Bien-Aimé » (1710-1774) dont le règne s'étend de 1715 à 1774. o o o o o o o o ohttp://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_XV_de_France o o Louis XV France by Louis-Michel van Loo 002.jpg La régence du duc d’Orléans (1715-1723) oA quarante et un ans, Philippe d'Orléans est un esprit cultivé. Mais les débauches auxquelles il s'adonne, sa réputation d'homme paresseux vont donner l'impression d'un régime corrompu qui accélère le discrédit sur la royauté. o Les soupers du Régent, comme les bals de l'Opéra, sont fameux dans tout le pays. S'y retrouvent tout ce que Paris compte de libertins et d'esprits sceptiques. La vie dissolue de Philippe d'Orléans choque un peuple qui garde en mémoire l'austérité et la sévérité de la fin du règne précédent. o La capitale se délecte des rumeurs concernant les fêtes données par celui qui gouverne le pays. Pourtant loin d'être totalement néfaste, la régence voit apparaître une véritable révolution des esprits, qui annonce la philosophie des Lumières et le règne de la Raison contre les Préjugés. ohttp://chrisagde.free.fr/bourb/l15etat.php3?page=2 o Qu'est-ce que les Lumières ? oPierre Bayle, l'auteur du Dictionnaire historique et critique (1696-1697), la première machine de guerre contre l'ignorance et le fanatisme, avait prédit que le siècle à venir serait «de jour en jour plus éclairé». La métaphore de la lumière désigne le mouvement intellectuel critique, la floraison d'idées nouvelles, qui caractérise le XVIIIe siècle européen: illuminismo en italien, ilustración en espagnol, Aufklärung en allemand désignent le passage de l'obscurité au jour, de l'obscurantisme à la connaissance rationnelle. Les Lumières en effet sont un processus, une méthode, une attitude intellectuelle, plutôt qu'une doctrine achevée. o oPour les intellectuels du XVIIIe siècle européen, l'homme se caractérise par ses facultés cognitives, dont il doit faire un usage critique à l'encontre des préjugés et des superstitions. En cela, ils sont les héritiers de Galilée, de Descartes puis de Newton (dont les recherches théologiques et alchimiques sont alors inconnues), qui les premiers ont donné la priorité à la raison et à l'expérience sur la Révélation divine et l'autorité religieuse. À la suite de John Locke et de Pierre Bayle, ils définissent une méthode critique pour réfuter les prétendues Rayonnement européen oLes Lumières ne connaissent pas de frontières. Leur cosmopolitisme découle de l'universalité de la condition humaine. Le mouvement touche donc toutes les élites cultivées d'Europe, mais sa langue est le français, qui remplace le latin comme langue internationale des intellectuels. À la cour de Vienne ou de Saint-Pétersbourg, les Français sont à l'honneur, et leurs livres à la mode. Cette hégémonie tient au poids particulier de la France en Europe depuis Louis XIV, mais aussi au modèle de modernisme qu'elle incarne, à travers ses écrivains et ses savants, aux yeux des étrangers. Et, de fait, c'est en France que le mouvement des Lumières conquiert la plus large audience intellectuelle dans l'opinion. Dans les autres États d'Europe continentale, il n'a entraîné qu'une partie des élites. Le cas de l'Angleterre est singulier: elle a précédé et influencé les Lumières françaises naissantes, mais ses intellectuels n'ont pas prétendu se substituer au gouvernement ou à l'Église; sa classe dirigeante est restée imprégnée de puritanisme et s'est plus préoccupée de commerce que de philosophie : elle s'est satisfaite des acquis de sa révolution de 1689. La nature est rationnelle o oDu coup, la vérité est recherchée du côté du monde physique, de l'univers pratique. Avec les Lumières, le regard intellectuel curieux se détourne du ciel au profit du monde concret des hommes et des choses. À l'étal du libraire, dans la liste des nouvelles publications, la proportion s'inverse entre les rubriques «arts, sciences et techniques» et «religion», au détriment de cette dernière. Les dogmes et les vérités révélées sont rejetés. Les Lumières refusent la prétention de la religion à tout expliquer, à fournir les raisons ultimes; elles veulent distinguer entre les différentes sphères de la réalité: le naturel, le politique, le domestique, le religieux, chacun ayant son domaine de pertinence et ses lois, chacun exigeant des savoirs et des méthodes de connaissance différents. En ce sens, les Lumières sont laïques. o oPourtant, la plupart des intellectuels éclairés restent déistes: pour eux, l'Univers est une mécanique admirablement réglée, dont l'ordre implique une intelligence ordonnatrice. «Je ne puis imaginer, dit Voltaire, que cette horloge marche et n'ait pas d'horloger.» Cette religion dite «naturelle» postule l'existence d'un «Être suprême»: nous savons qu'il est, mais nous ne pouvons savoir ce qu'il est; il échappe à la connaissance rationnelle. En revanche, la raison peut rendre compte des rouages de sa construction, «l'horloge». La nature est donc connaissable. On est loin de la croyance chrétienne en un Dieu personnel, Christ mort et ressuscité pour le salut du monde, toujours impliqué avec l'humanité en marche dans la réalisation de sa propre histoire. oD'autres, peu nombreux (Helvétius, d'Holbach, Diderot), vont plus loin: ils réfutent tout déisme, au profit d'un matérialisme athée selon lequel n'existe que la matière en mouvement. Les sources de la connaissance : expérience et sensation o oSi la vérité de la nature s'éclaire par les démonstrations impartiales de la raison, elle procède aussi de la sensibilité humaine. À la suite de Locke, Condillac (1715 - 1780) affirme que toute connaissance provient des sens (Traité des sensations, 1754). oL'expérience occupe ainsi une place centrale dans la théorie de la connaissance du XVIIIe siècle. Cette méthode procède par l'observation, l'analyse, la comparaison. D'où l'importance du voyage comme moyen de connaissance; d'où aussi le souci presque obsessionnel de la classification des faits, de la construction de tableaux : connaître, c'est décrire, inventorier, ordonner. Ainsi procède Buffon dans les trente-six volumes de son Histoire naturelle. Le bonheur et le progrès o oLa philosophie des Lumières procède d'un humanisme laïque : elle place l'homme au centre du monde, et entend œuvrer à son bonheur. oIl y a là un optimisme fondamental, aux effets mobilisateurs : les hommes des Lumières croient au progrès possible des connaissances, à la capacité de la raison de saper les conventions, les usages et les institutions qui contredisent la nature et la justice. Pour eux, l'avancée de la science garantit la marche vers le bonheur. Cette foi dans le progrès indéfini de l'humanité se trouve d'ailleurs confortée par les découvertes scientifiques et la croissance économique du siècle. Le combats des Lumières pour la liberté oC'est sur le terrain des libertés, de la lutte contre l'arbitraire (insupportable dans les faits, révoltant dans les principes) et l'intolérance que les Lumières ont mené leurs principaux combats. o oContre l'arbitraire o oLa critique des Lumières s'attaque aux manifestations jugées les plus insupportables de l'absolutisme monarchique, et en premier lieu à l'arbitraire et à la toute-puissance de l'appareil policier. Il n'existe d'habeas corpus qu'en Angleterre : depuis 1679, personne ne peut y être arrêté et inculpé sans avoir été déféré dans les vingt-quatre heures devant un juge qui doit notifier le motif précis de l'arrestation et laisser l'inculpé choisir un avocat. Police et administration n'y ont aucun pouvoir juridictionnel : la justice est indépendante, ce qui garantit la liberté. Rien de tel dans les monarchies absolues. En France, la pratique des «lettres de cachet», en particulier celles laissées «en blanc», qui permettent à tout agent royal qui en dispose de priver n'importe qui de liberté, symbolise l'arbitraire du pouvoir. Contre l'intolérance o oDans l'Europe du XVIIIe siècle, la question religieuse reste l'enjeu le plus brûlant. Les différentes confessions affirment toutes en effet la même prétention à l'universalité et à l'exclusivité (à l'exception du judaïsme, qui ne prétend pas convertir les non-juifs). De plus, partout prévaut le modèle de la religion d'État (catholique ou protestante) imposée à tous les habitants et tolérant difficilement (très difficilement en France, en Espagne, dans les États italiens, ou plus facilement en Prusse ou dans les Provinces-Unies) la présence d'étrangers de confessions différentes. Certes, en Angleterre, la loi de tolérance de 1694 reconnaît la liberté de culte pour les dissidents de l'Église anglicane, mais nullement pour les catholiques; de plus, les fonctions d'État y restent réservées aux seuls anglicans. Partout, enfin, les juifs se voient confinés aux marges de la société. Contre les discriminations o o oL'appel à la tolérance n'est pas une apologie de la différence. Il ne s'agit pas de faire reconnaître juridiquement des particularismes, mais bien plutôt de faire disparaître les différences légales : les philosophes des Lumières sont universalistes. Leur lutte contre les discriminations repose sur la conviction d'une égalité naturelle du genre humain. Pour eux, les préjugés historiques ont perverti l'être original de l'homme. D'où leur fascination pour les cas d'ensauvagement d'enfants, réintégrés par l'éducation dans la société. D'où le souci d'abolir les situations d'exclusion des marginaux, des malades, des pauvres ou des fous, dans lesquels le christianisme voyait au contraire le signe du péché originel et l'occasion pour les fidèles de manifester la vertu de charité. Pour la liberté d'entreprise et de commerce o oToute la pensée des Lumières repose, au fond, sur une conception de l'homme qui place au premier plan l'utilité : par nature, l'homme recherche son intérêt, moteur de sa perfectibilité et de sa sociabilité; mais des groupes d'intérêts particuliers, les tyrans, les prêtres, les armateurs qui vivent de la traite négrière, les charlatans qui profitent de la crédulité, ont détourné la masse des hommes de leur intérêt bien compris, celui où l'intérêt individuel n'est pas contradictoire avec l'intérêt collectif. oDe cette conviction d'une plus grande efficacité sociale de la liberté découle le libéralisme économique. D Les contradictions du despotisme éclairé oFaute de trouver suffisamment de crédit au sein des élites, par méfiance envers une noblesse et des parlementaires jugés obscurantistes, et considérant le peuple trop peu éclairé, les Lumières françaises reportent leurs espoirs sur des souverains qu'ils espèrent convertir à leurs idées: c'est le «despotisme éclairé». Il s'agit de subordonner les intérêts privilégiés et les coutumes au système rationnel d'un État censé représenter le bien public, de favoriser le progrès économique et la diffusion de l'enseignement, de combattre tous les préjugés pour faire triompher la raison. Ce despotisme éclairé inspira Frédéric II en Prusse, Catherine II en Russie, Joseph II en Autriche. Mais les philosophes qui croyaient jouer un rôle positif en conseillant les princes, comme Voltaire auprès de Frédéric II et Diderot auprès de Catherine II, perdirent vite leurs illusions. Ce qu'ils avaient pris pour l'avènement de la raison et de l'État rationnel était en réalité celui de la raison d'État, cynique et autoritaire. L'impasse découle d'une insurmontable contradiction: vouloir imposer le progrès d'en haut, c'est s'exposer à l'autoritarisme. Il faut convaincre la société entière et pas seulement le prince. Le despotisme éclairé est antinomique de la liberté politique. La diffusion des Lumières oLe mouvement des Lumières se distingue des mouvements intellectuels qui l'ont précédé par son destinataire : l'opinion publique. Voltaire, Diderot et leurs amis sont des agitateurs d'idées; ils veulent discuter, convaincre. Les progrès de l'alphabétisation et de la lecture dans l'Europe du XVIIIe siècle permettent le développement de ce qu'on a appelé un «espace public» : les débats intellectuels et politiques dépassent le cercle restreint de l'administration et des élites, impliquant progressivement des secteurs plus larges de la société. La philosophie est à double titre « l'usage public de la raison », comme le dit Kant : à la fois le débat public, ouvert, contradictoire, qui s'enrichit de la libre discussion, et l'agitation, la propagande pour convaincre et répandre les idées nouvelles. o Les salons o oLe siècle des Lumières invente, ou renouvelle profondément, des lieux propices au travail de l'opinion publique. Ce sont d'abord les cafés, où on lit et on débat, comme le Procope, à Paris, où se réunissent Voltaire, Diderot, Marmontel, Fontenelle, et qui sont le rendez-vous nocturne des jeunes poètes ou des critiques qui discutent passionnément des derniers succès de théâtre ou de librairie. Ce sont surtout les salons mondains, ouverts par tous ceux qui ont quelque ambition, ne serait-ce que celle de paraître. Mais il faut y être introduit. o oLes grandes dames reçoivent artistes, savants et philosophes. Chaque hôtesse a son jour, sa spécialité et ses invités de marque. Le modèle est l'hôtel de la marquise de Lambert, au début du siècle. Plus tard, Mme de Tencin, rue Saint-Honoré, accueille Marivaux et de nombreux autres écrivains. Mme Geoffrin, Mme du Deffand, Julie de Lespinasse, puis Mme Necker reçoivent les encyclopédistes. Les gens de talent s'y retrouvent régulièrement pour confronter leurs idées ou tester sur un public privilégié leurs derniers vers. Mondaines et cultivées, les créatrices de ces salons animent les soirées, encouragent les timides et coupent court aux disputes. Ce sont de fortes personnalités, très libres par rapport à leurs consœurs, et souvent elles-mêmes écrivains et épistolières. Les académies, les bibliothèques et les loges o oLes académies sont des sociétés savantes qui se réunissent pour s'occuper de belles-lettres et de sciences, pour contribuer à la diffusion du savoir. En France, après les fondations monarchiques du XVIIe siècle (Académie française, 1634; Académie des inscriptions et belles-lettres, 1663; Académie royale des sciences, 1666; Académie royale d'architecture, 1671), naissent encore à Paris l'Académie royale de chirurgie (1731) et la Société royale de médecine (1776). Le clergé et, dans une moindre mesure, la noblesse y prédominent. En province, il y a neuf académies en 1710, 35 en 1789. oVoisines des académies, souvent peuplées des mêmes hommes avides de savoir, les bibliothèques publiques et chambres de lecture se sont multipliées, fondées par de riches particuliers ou à partir de souscriptions publiques. Elles collectionnent les travaux scientifiques, les gros dictionnaires, offrent une salle de lecture et, à côté, une salle de conversation. oToutes ces sociétés de pensée fonctionnent comme des salons ouverts et forment entre elles des réseaux provinciaux, nationaux, européens, échangeant livres et correspondance, accueillant les étrangers éclairés, lançant des programmes de réflexion, des concours de recherche. On y parle physique, chimie, minéralogie, agronomie, démographie. o http://www.philonet.fr/auteurs/Lumieres.html