MIGNOISm, ALLOJSS VOIR SJ LA ROSE... 12 Cette ode a C A S S A N D R E est univcrsellement connue : mise en musique, elle tta\t sur toutes les levres et a contribu6 ^ guider le poete vers un lyrisme plus fainilier. II s ngit d'un eleruel lieu cotiwmu : P. l.AUMONiKn, dans son Romard poile lynqiie, consacre tlix pages aux sources possibles de ccs dix-huit vers, mais ne pent que conclure h la superiorite et, en definitive, h VorigiuaUte de Romard. Aussi convient-il, au lieu de I'ecraser sous les comparaisons, de s'abandonner au charme de cc petit chcf-d'(ruvre : epicurisme discret. mdlancolie contenue, perfection du style dans son nalurcl et son exacte propridte. -Vlignonne, allons voir si la rose ' Qui ce matin avait declose ^ Sa robe ' de pourpre au soleil, A point perdu cette vespree * Les piis de sa robe pourpree, Et son teint au votre pareil ^ Las ^ ! voyez comme en peu d'espace, Mignonne, elle a dessus la place', Las, las ses beautes ^ laisse choir I ID O vraiment maratre Nature ^ Puisqu'une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir ! Done * S si vous me croyez, mignonne Tandis que votre age fleuronne ' V E n sa plus verte nouveaute, ' Cueillez cueillez votre jeunesse : Comme k cette fleur, la vieillesse Fera ternir votre beaute ^\ ODES, I , 17 Je veux lire en trois jours... Ce sonnet, paru dans la Condmialion des Amours ( i c c O fi.t Tftrar.^Ui A sans doute a cause de la disposition irr^Euii^re des ,imP« N I . M "^""'^^'f ' ' ^ «"vres en .578, de C A S S A N O H B , puisqu'elle en'fut I ' i n s p S c e m s ' C t de R^Lrn^'Si \ ; n " T . ' " l ''V'- " on remarquera I'emploi de Valexandrin et la charmante s . ^ S f d u tn^ sensd,!ement dvo ue : prdcositj non plus languissante mais amusie; et leTes 1 du onnef oh rlanlvZ n.ste et de l'6picurien, nous introduit dans VintimiU du pofcte ' ^ * Je veux lire en trois jours Vlliade d'Hom^re Et pour cc, Corydon \e bien Thuis 2 su'r moi • bi nen me vient troubler, je t'assure ma foi a l u sentiras combien pesante est ma colore, ' Je ne veux seulement * que notre chambri^re Vienne taire men lit, ton compagnon ni toi • Je veux trois jours entiers demcurer h recoi ^ lour foiatrer apr^s une semaine enti6re. Mais si quelqu'un venait de la part de Cassandre Ouvre-lui tot la porte, et ne le fais attendre ; ' -boudam entre en ma chambre et me viens accoutrer". Je veux tant seulement a lui seul me montrer • Au reste si un dieu voulait pour moi descendre Uu ciel \e la porte et ne le laisse cntrer I ' ^ QUAND VOUS SEREZ BIEN VIEILLE. Au thtme Vwiinortalite que donnent les poetes se nifile le theme ^picurien du Carfte diem > d ' l I o R A c i i , si souvent repris par Ronsard lui-nieme «. II fallait la discretion et la dehcalesse d'un poete pour evoquer I'heure des souvenirs ni^lancoliques et des inutiles regrets, moment si p6nible dans la vie d'une femme, surtout lorsqu'elle est jolie, L'artiste, devenu plus pressant, revient mSme avec quelque cruaut^ sur le tableau de cette « vieille occroupte ». Heureusement il est temps encore, si H ^ L E N E , toute frissonnante, sait ^couter I appel ardent et gracieux du galant U O N S A R D I • vQuand vous serez bien vieille, avi soir, a la chandelle ^ Assise aupr^s du feu, devidant * et filant, Direz, chantant mes vers, en vous emerveillant ^ : « Ronsard me celebrait du temps que j'etais belle" ! » lyors, vous n'aurez servantc ' oyant telle nouvelle, , Dejh sous Ic labeur h demi sommeillant > Qui au bruit dc Ronsard nc s'aille reveillant, Benissant» votre nom de i» louange immortelle. Je serai sous la terre, et, fantome sans os, Par les ombres myrteux je prendrai mon repos : Vous serez au foyer une vieille accroupie, Regrettant >2 mon amour et votre fier dedain. Vivez, si m'en croyez, n'attendeO demain ; Cueillez des aujourd'hui les roses de la vie. SONNETS POUR H E L E N E , I I , x L i i r JE N'AI PLUS QUE LES OS... ^ue^\/,rrJA;;r.? Ro^'nsa analyse ses souffrances avec un r6alisme d.gne de V 1 U . 0 N . une simplicit6 douloureuse qui I'apparente aux lynqucs du x.x" s.eclc. J e n'ai plus que les os, un squelette je semble, Decharne, denerve, demuscle, depoulpe \ Que le trait ^ de la mort sans pardon a frappe ; Je n'ose voir mes bras que de peur je'ne tremble \ Apollon et son fils ^ deux grands maitres ensemble, , Ne me sauraient guerir, leur metier m'a trompe ; ^ Adieu, plaisant soleil M M o n ceil est 6toupe «, f Mon corps s'en va descendre ou tout se desassemble . Quel ami, me voyant en ce point depouille \ Ne remporte au logis u n ceil triste et mouille, M e consolant au lit et me baisant la face,