ChapitreXIV LES COMPLETIVES Les propositions completives sont des propositions subordonnees qui se substituent, dans certains cas determines et selon certaines regies k preciser, a des groupes nominaux (GN) constituants du groupe verbal (GV), ou plus rare-rnent au GN sujet, voire a des GN complements de noms et d'adjectifs. On remarquera done que toutes les completives ne sont pas des compliments, pas plus que toutes les propositions subordonnees complements ne sont des compleuves : les deux termes doivent £tre soigneusement distingues. On peut ain-si mettre en parallele: Je vois Paul IJe vois que Paul est arrivi. I Je vois Paul marcher vers nous. I Je vois comment Paul conduit sa voiture. Selon le mecanisme syntaxique mis en jeu pour leur formation, on distingue les completives introduites par que (ou conjonctives); les constructions infinitives (incluant les propositions infinitives, mais aussi des infinitifs depourvus de sujet explicite); enfin les constructions interrogatives (dites interrogatives indirectes) ou meme exclamatives. L'unirf de la classe des completives nest pas seulement attestee par les possi-bilir.es de substitution evoquecs ci-dessus, mais aussi par la possibility de coordination i l'aide de et (ou ni) entre les completives des differences sous-classes: Je ne vtux ni venir, ni que tu viennes - Je sais que tul'as fait et comment tu las fait. Bibliographie. — M. Gross, 1975 • H. Huot, Recherche sur la subordination en francais, These, Lille, 1979 et 1981 - A. Delaveau, F. Kerleroux, 1985 - A. Lemarechal, Extension possible de U notion d'orientation aux subordonnees completives etä leurs equivalents, BSLP, LXXXVII, 1, p 1-35. 1. COMPLETTVES INTRODUITES PAR LA CONJONCTION QUE 1.1. Complements directs du verbe Ce sont les completives les plus frequentes ct les plus typiques: Nous savons que la terre est ronde - Je souhaite que tu riussisses. Les verbes (ou locutions verbales) dont elles dependent se referent a des actes psychologiques et 492 Grammaire méthodique dufrancais ont done pout sujets des étres animés, généralement humains. II peut s'agir de declarations, de jugemenes, de sentiments, ou encore de volontés. Beaucoup de verbes (mais pas tous) désignant de telles réalités ont la propriété de se construi-re avec une completive: e'est le cas de dire, declarer, raconter (mais non de parier) ; de penser, croire, juger, savoir, découvrir, démontrer, étre ďavis (mais non de condamner, connaitre, chercher, raisonner); de sentir, eraindre, espérer, děplorer, avoir peur (mais non de compatir, braver); de vouloir, ordonner, toUrer, désirer, avoir envie (mais non de sommer, convóiter). Les verbes comme parier ne con-tiennent pas, dans leur structure sémantique, de place complement disponible pour un contenu propositionnel. Remarques. — 1. Certains de ces verbes garden! la propriété de se construtre avec une completive méme lorsque, dans des emplois derives plus ou moins métaphoriques, Us ont pour sujets des inanimés : Le feu vert signifie que f'on peut passer - La situation exige que ťon réagisse. 2. En tant que complements directs, les complétives introduites par que sont pronominalisables en le (pour certaines exceptions apparentes, voir 1.4). L'ordre des mots dans la completive est l'ordre canonique. En effet, le propre de la conjunction que (a la difference du relatif) est d'etre un pur instrument de subordination et de n'avoir aucune fonction dans la subordon-née; de ce fait, sa presence n'entraine aucun remaniement. Tout au plus peut-on noter que, selon une regle generale s'appliquant á toutes les subor-donnees, 1'inversion du sujet est possible si le verbe subordonné est intransitif, et a. condition que ce sujet soit un GN d'un volume süffisant (ce qui exclut par consequent d'emblee l'inversion du pronom personnel): Jaime que sur-viennent de nombreux rebondissements. Le probléme du mode est le plus important et le plus délicat de ceux que posent ces propositions. Le choix entre indicatif et subjonctif est le plus sou-vent contraint, mais il est parfois libre (pour les valeurs du subjonctif, voir VII : 2.AZ3). L'indicatif est de regle apres des verbes comme declarer, penser, croire, espérer, decider, le subjonctif est obligatoire aprés eraindre, souhaiter, se réjouir, vouloir, perntettre. Pour certains verbes comme dire, écrire, le mode change selon l'acception: Je lui ai éait que tout allait bien (informer) / Je lui ai éerit qu 'il viert-, ne vite (ordonner). Mais le plus remarquable est qu'un certain nombre de verbes normalement construits avec l'indicatif admettent le subjonctif lorsqu'ils sont ä la forme negative ou interrogative: Je crois qu'il viendra. Je ne croispas qu'il vienne (ou: qu'il viendra). Crois-tu qu'il vienne? (ou: qu'il viendra). Ou inversement: Je deute qu'il vienne. Je ne doutepas qu'il viendra. Bibliographie. — C. Vet, 1996. 1.2. Suites de formes impersonnelles On peut observer trois types de constructions apparentées (voir XI: 8): ► Certaines complétives dependent de verbes ou locutions verbales impersonnelles: it arrive, il se peut, il est question, il semble, ilfaut: Il arrive que cet T XIV— Les complétives 493 enfant fasse des betises. Le mode dans tous ces cas est le subjonctif, que le verbe principal soit ä la forme affirmative, negative ou interrogative. Toutefbis, lorsque le verbe sembler est pourvu d'un complement indirect, l'indicatif est preferable: // semble que ce soit un sucecs. II me semble que c 'est un succes. Remarque. — Seul fatloir admet une pronominalisation en le; if est question admet la pronominali-sation par en. It faut qu'une porte soit ouverte ou fermée. II le faut. - II est question qu'il vienne. II en est question. ► D'autres complétives dependent d'une construction verbale attributive ilest *■ Adj: les adjectifš autorisant ce tour sont ceux qui expriment un jugement de fait (ou jugement épistémique, par excmple vrai, clair, exclu) ou de valeur (jugement axiologique, par exemple bon, mauvais, scandaleux): II est exact que je me suis levé tot. II est impensable qu'il n'y aitpas songé. On peut en rapprocher la tournure, éventuellement elliptiquc: (liest) dommage qu'il soit parti. Le mode le plus frequent est le subjonctif: il est obligatoire quelle que soit la forme du tour impersonnel apres il est possible, douteux, faux, comme aprés il est honteux, juste, naturel; mais e'est l'indicatif qui apparait, sauf en cas de forme negative ou interrogative, apres // est probable, certain, vrai. On oppose done: // est possible qu'il vienne. I II est probable qu 'il est aejä loin. ► On peut enfin signaler et rapprocher des tours precedents les complétives dependant d'un présentatif (XI: 9.1) : Cest que Pierre est maintenant un grand garcon (phrase ä valeur explicative) - II y a que je suis en colere (réponse a la question: Mais enfin quy a-t-il?) - Void que commence place de l'Etoile le defile des troupes. 1.3. Sujets Place, mement au •es en tete de phrase en position de sujet, ces completives sont unifor-au subjonctif: Qu 'il vienne m etonnerait beaucoup. Remarque*. — 1. A cette structure, rare en francais, on prefere geneValement la completive d&achee en tSte de phrase et reprise par un pronom ou un CN, ou mieux encore postposee, voir 1.6 : Qu'il vienne, pa m'etonnerait/la chose m'itonnerait. 1. Dans les toumures du type GN est que (ou le GN est parfois un adjectif nominalise), comme La v£riU est que, le malheur est que (avec l'indicatif), le mieux est que, I'inquiitant est que (avec ie subjonctifl, ia completive occupe la position d'attrlbut, et constitue effectivement le propos de la phrase (XXi: 2.1), en face du GN sujet qui fonctionne comme theme. Mais sur le plan logique, la completive est le sujet sur lequel est porte un jugement de fait cu de valeur (comparer avec 1.2). 1.4. Complements indirects introduits par a ce quel de ce que Lorsque la construction du verbe dans la phrase simple est de forme indi-recte, la compleuve prend elle-meme normalement une forme indirecte, mais 494 Grammaire měthodiquc dufrancais la canjonction apparait sous la forme ce que. Ainsi, parallelement a travailler, arriver, veiller d quelque chose, on a travailler, arriver, veiller a ce que (suivis du subjonctif): J'ai longtemps travailli a ce qu'il recoive une juste recompense. Parallelement a se rtjouir, se plaindre, s'indigner de quelque chose, on a se rejouir, se plaindre, s'indigner de ce que {suivis de preference de 1'indicatif, alors que la construction directe de ces memes verbes reclame de preference le subjonctif) : Je me rijouis qu 'il soit venu. I]e me rejouis de ce qu 'il a enfin reussi. Informer de ce que, consister en ce que softt egalement suivis de 1'indicatif. Remarques. — 1. Ce que est une forme ambigue, introduisanl soit une relative (XIII: 3.2) soit une conjonctive (soit meme une interrogative indirecte, voir ci-dessous 3.2). II y a done lieu de bien dis-tinguer: Je m'oppose a ce que tu viennes (completive : la conjonction que n'a pas de fonction dans la subordonnee)/ le m'oppose a ce que tu viens de me dire (relative : le pronom que est complement direct du verbe dire). Dans un cas totalement ambigu comme : // s'est formalise' de ce que nous de'eidions sans lui, le test de dislocation permet de meflre en evidence la difference des deux structures: Ce que nous d£ci-dions sans lui, il s'en est formalise'/Que nous dgcidions sans lui, il s'en est formalist. 2. Les completives du type a ce que/de ce que ont, apres certains verbes, des variantes en que; mais la pronominalisation par en montre que la structure sous-jacente reste la construction indirecte : J'ai informs Pierre que ma decision est prise. -* le t'en at informs. 1.5. Complements de noms et d'adjectifs • Certains noms (VI: 4.6), correspondant generalement pour la forme ou le sens a des verbes (I'ide'e, la crainte, I'hypothhe) ou a des adjectifs (la certitude, la probability) eux-memes pourvus d'une construction completive, ont la-pos-sibilite d'avoir pour complements des propositions conjonctives introduites par que (ou de ce que): J'ai retrouve I'espoir que tout va s'arranger — J'eprouve le disir que tous mes amis soient beureux. Voila bien la preuve qu 'il n a rien fait de mal. A ce tour, il est possible de rattacher le fait que qui, en raison de sa commodity d'emplot devient une veritable locution conjonctive substitutive de que partout ou cette conjonction est inacceptable (en particulier apres des prepositions autres que a et de): Je ne condamne pas le fait qu'il ait chercht h sauver sa vie - // faut prendre en consideration le fait qu 'il a prisente ses excuses.-II n 'a pas compti avec le fait que tous n etaient pas d'accord avec lui. Remarque. — De ce que ia locution le fait que soit employee ici cemme une veritable locution conjonctive, on peut voir un indice dans I'lmpossibilitc de dire Ten condamne le fait, comme on dit Yen ai perdu I'espoir. • II existe egalement des adjectifs qui ont la propriety d'avoir une completive comme complement (VIII: 5.3): construits directement avec que, ils exigent generalement le subjonctif; on trouve aussi bien 1'indicatif que le subjonctif avec de ce que: Ces sauveteurs sont heureux, fiers et confus que le President soit venu les feliciter. XIV- Les completives 1.6. Détachées 495 On trouve enfin des completives introduites par que en position detachee, c'est-ä-dire annoncees ou reprises par un pronom « neutrc » (comme cela, ou le) ou a un GN (comme cet ivincment, ou cette chose). Placees en täte de phrase, et pour ainsi dire en attente, dans un tour qui releve de la dislocation emphatique (XI: 6.1), leur valeur de vente1 est suspendue a la suite et elles sont uniformement au subjonctif (comme les completives sujets, 1.3). Postposees, elles sont generalement au subjonctif, mais peuvent etre ä 1'indicatif si !e sens le permet: Que cet individu soit un escroc, nous le savions depuis longtemps -Qu 'il faille en venir lä, cette perspective ne Venchantait guere - Tu n 'en es pas swr, que ce soit un escroc ? - J'en suis sür ä present, que e'est un espion. 2. CONSTRUCTIONS INFINITIVES On peut mettre en relation d'une facon generále les syntagmes dont la téte est un infinitif (á l'exception, naturellement, des infinitifš substantives et de ceux qui dependent d'un semi-auxiliaire: aller, devoir, pouvoir, venir de) avec une structure conjonctive (completive ou circonstancielle): chaque infinitif a .™ son sujet, non realise certes, mais qui est soit coréférent avec un GN du contex- ;U te, soit de type indéterminé (on/ca) et dans ce cas régulierement efface; il peut recevoir les mémes types de complements que routes les formes verbalcs. •qA Remarque. — Que les infinitifš, méme dépourvus de sujet apparent, en possédent un qui reste impli- cite, on en verra une preuve non seulement dans le fait que les locuteurs sont capables de le restituer au besoin (dans le te conseille de paríir chacun s'accorde á penser qu'il s'agit que toi, tu partes, et non un autre), mais encore dans les restrictions exercées sur le choix du sujet: e'est ainsi que si ' Le lait veut cailler est agrammatical en raison de I'incompatibilite de tail et de vouloir, alors que i.e lait caille est bien formé, "Cefie femme veut cailler, est, dans son interpretation standard, agrammatical en raison de I'anomafie, non de Cette femme veut, mais de *Cette femme caille! Voila qui montre bien que cette femme est aussi interprete comme sujet de I'infinitif cailler. Le parallélisme entre constructions conjonctives et constructions infinitives n'est toutefois pas totalement systématique. Tout depend, en ce qui concerne les completives, du sémantisme du verbe principal: si remarquer que n'a pas de correspondant dans les constructions infinitives, tenter de + VInf n'en a pas dans les conjonctives. La construction infinitive fait appariitre le contenu propositions! de la subordonnee comme directement dans le champ du verbe régissant ou plus particuliérement de son sujet, alors que la construction conjonctive disjoint plus nettement les dean, propositions: on est soi-méme l'auteur de ce que 1'on tente; ce que Ton remarqueest hors de soi ou du moins objective par rapport á soi. La oil les deux constructions sont théoriquement correctes, quel peut étre 1'intéret ou la raison d'etre de la construction infinitive ? D'une pan la reduction infinitive peut réduire 1'ambiguíté: Jean est rentré de vacances, Paul pense 496 Grammaire méthodique dufrancais XIV- Les complétives 497 qu'il ira It voir est ambigu, mais Paul pense aUer U voir ne lest pas; d'autre part et surtout la construction infinitive constitue une economic: comparons Je pense que je viendrai á ]e pense venir. Dans certains cas de coréférence des sujets, la tournure par i'infinitif en devient méme obligatoire: *]e veux que je réussim disparait au profit de Je veux réussir. Remarques.— 1. C'est, bien entendu, le syntagme constitue par I'infinitif et, le cas echeant, par son sujet et ses complements, qui est structurellement sur le méme plan que les autres complétives. Le symbole Vlní représente ce syntagme, et non la seule forme verbale. 2. On pourra appeler ce syntagme groupe infinitif, plutót que proposition infinitive, terme qui a dans la grammaire traditionnelle une acception plus restreinte (2.2 Dík.). 3. II ne sera question ici que des groupes infinitifs complements directs ou indirects de verbes, ou encore sujets, e'est-a-dire de ceux qui assument les mémes fonctions que les autres complétives. 2.1. Infinitifs dont le sujet est identique á celui du verbe principal (sujets corclerentiels) Certains des verbes qui régissent cette construction ont par ailleurs la proprieta de se construire dans la phrase simple avec une completive introduite par que: c'est le cas de savoir, vouloir, esperer, aimer: J'espere cela. J'espire que je reussirai. J'espere réussir. Remarque. — La coutume veut que/l'usage veut que n'onx pas de construction infinitive corres-pondante; aucun veritable sujet n'exerce ici une volonté. ► Lorsque dans la phrase simple le complement était un complement indirect, 1'infinitif conserve normalement la preposition: II a menace son Jih d'une punitionlde le gifler - // s'est plaint de son voisin I'd'etre reveille par des bruits nocturnes - II a posse trois heures a son travail I a regarder la tili - II commence par la Jin Ipar déguster une douzaine d'buitres. ► Mais certains verbes dont la construction dans la phrase simple est directe exigent a ou de devant le groupe infinitif (on peut hésiter á y voir une veritable preposition et certains parlent ici plutót de marqueurs d'infinitif ou de complémenteurs, cf. to dans l'anglais fg do; en effet, la pronominalisation du groupe infinitif, si elle est possible, est toujours du type direct): // commence son travail/a travailler - // arhéve son repas/de diner - II offre un cigare a ses amis Ie ses amis de leur verser une liqueur - J'apprends le portugaisla nager - // refuse de venir, il I'a déja refuse bier. Remarque. — Certains verbes connaissent la construction avec un complement simple, mais non avec une completive: is dots un cierge d Saint Antoine. /Je dois le remercier. ■ le peux le faire. Ou méme n'ont, en dehors de la construction infinitive, que des emplois intransitifs, et la pronominalisation du groupe infinitif se trouve, de ce fait, exclue : I'ai failli casser une tasse/'je I'ai failli. - Use dépéche de finir/*ll s'en dépéche. Dans res emplois, ces verbes sont proches des auxiliaires aspec-tuels et modaux. ► II faut faire une place á pan aux verbes de mouvement construits directe-ment avec un infinitif: // court acheter des cigarettes. Ira-t-il embrasser sa vieille a tame i Cette construction est en effet fortement contrainte: le sujet doit etre un anime-, le verbe a I'infinitif ne peut etre ni un second verbe de mouvement, ni un verbe de modality (pouvoir, vouloir), ni un verbe statif (etre, souf-Jrir...). Ces limitations ne concernent pas les emplois du verbe alier comme auxiliaire, qui en revanche n'existe qu'au present ou a l'imparfait (VII: 12.3). Bibliographic. — A. Delaveau, f. Kerleroux, 1985, p 33-48 - M Cross, 1968, p. 75-81. 2.2. Infinitifs dont le sujet est different de celui du verbe principal ► Le sujet de I'infinitif apparait en position de complement direct du verbe (avec les mémes possibilités de pronominalisation) lorsque le verbe principal est: regarder, voir, écouttr, entendre, sentir; laisser, faire; emmener, envoyer: J'entends le tonnerre gronder. Je I'ai vu arriver. Je I'ai fait manger. J'emmene les enfants sepromener. Toutefois si le sujet de I'infinitif est indéterminé (on/ca) il est réguliérement efface; et si I'infinitif complement du verbe faire (VII: 1.4.7) est employe transitivement, le sujet prend la forme d'un complement préposi-tionnel (a I par): J'entends chanter. J'aifait manger un gáteau aux enfants. J'ai fait repeindre la cuisine par des professionals. Remarques.— t.Ce complement prépositionnel qui apparait comme une sorte de complement d'agent est observable aussi avec d'autres verbes, á titre de variante ; i'ai entendu Montand chanter cette chanson /I'ai entendu chanter cette chanson par Montand. 2. Il y a généralement parallélisme avec les constructions de ces verbes en phrase simple: f entends un oiseau chanter/un oiseau/des gazouiltements. Toutefois laisser et faire ont des sens différents de celui qu'ils ont lorsqu'ils sont suivis d'un GN complement: J'ai fait manger les enfants/'I'ai fait un enfant. (!) - I'ai laissé les enfants courir/l'ai laissé les enfants. (!) 3. Les verbes regarder, voir, ěcouter, entendre connaissent deux autres constructions équivalentes : avec une relative predicative (XIII: 2.5) ou un participe attribut du complement ďobjet (VII: 1.5.3.2): le I'ai entendu qui chantait. - Maintes his děje Altssa nous avail vus marchant ainsi (Gide). 4. Le GN sujet de I'infinitif employe intransitivement peut précéder ou suivre celui-ci, sauf dans le cas de faire, oil il ne peut s'intercaler entre le verbe principal et I'infinitif: I'ai vu Pierre arriver/arriver Pierre - I'ai fait sortir lout le monde/'S'ai fait tout le monde sortir. Discussion. — La grammaire scolaire traditionnelle ne reconnait de proposition infinitive que si I'infinitif a un sujet propre et exprimé, elle considěre sans I'expliciter que ni I'infinitif ni son sujet ne doivent etre prépositionnels et enfin que I'infinitif ne doit pas exprimer le but de I'action [I'emmene les enfants se promener/pour qu'ils se prominent). Ces considerations trop restnetives établissent des clivages arbitrages et sembtent surtout avoir pour but de preparer les élěves á la grammaire latine, oú I'infinitif complement de verbe, beaucoup plus largement employe qu'en francais, a son sujet á I'accusatif. Bibliographie —) Picoche, Reflexions sur la proposition infinitive. Ft. mod. (oct), 1989 ■ !.P. Seguin, ie frangais aujourd'hui, 7, 1969 - M. Gross, 1968, p. 85. ► L'infinitif apparait normalement pourvu d'une preposition lorsque le verbe principal connait, dans la phrase simple, une construction double (complement direct, devenant alors sujet de I'infinitif; complement indirect, fonction remplie par I'infinitif lui-méme): Nous invitons nos lecteurs d nous critiquer - 498 Grammaire mithodique dufrancais II habitue ses enfants & vivre a la dure - J'ai chargi mon man de fain la vaisselle - J'ai dicouragi ma femme de riparer le lavabo. Remarque. — Dans certains employs, la construction infinitive est totalement originate, sort qu'elle reorganise le rapport entre complements directs et indirects, soit que le groupe infinitif ne corres-ponde pas a un complement dans la phrase simple : I'autorise le sport a mes enfants/i'autorise mes enfants a fa/re du sport. - le supplie Paul/je supplie Paul de (aire attention. Dans le cas du verbe obfiger la transformation passive entralne curieusement un changement de preposition : On t'a obli-g4 a y alter/II a &4 oblige d'y ailer. '' Mais, par un phenomene semblable a celui qui a iti observe en 2.1, le groupe infinitif prenant la place du complement direct dans une construction double est, apres certains verbes, precede de a ou de (mais toujours pronomi-nalis£ par le invariable, comme un c.o.d. propositionnel): // a appris la natation a son fils/a son fib a nager - Le general a ordonni Vattaque aux soldats/ aux soldats d'attaquer - Cette affaire a valu deux mots de prison au dilin-quantlau cUlinquant de payer une amende. 2.3. Infinitifs dependant d'un tour impersonnel • Si le verbe impersonnel a un complement indirect, c'est nacurellement celui-ci qui permet de restiiuer le sujet de l'infinitif: // lui semble avoir ripondu du tac au tac — II luifaut gagner sa vie — II lui diplait de s'expliquer davantage - II lui appartient defaire le nicessaire - II lui est loisible de se taire. • Dans le cas contraire, le sujet de l'infinitif est indetermine^ (equivalent a on, regulierement efface): Un jour ou Vautre, ilfaut mourir - II est bonteux de men-tir■ — IIserait dommage de ne pas en profiter- C'estune erreur de parler ainsi. Remarque. — On observe dans certains cas et particulierement apres le tour impersonnel il est + Adj I'apparition du marqueur de devant l'infinitif. 2.4. Infinitifs sujets Ces infinitifs sont facultativement precedes du marqueur de: (De) crier toute lajowmie finissaitpar les rendre aphones. Ce de subsiste en cas de dislocation: De crier ainsi, (a les rtnda.it aphones. Quand un infinitif est sujet du verbe etre, un autre infinitif peut ai >