Appel à communications Le devenir de l’homme - le devenir d’une société en littérature 26-27 mars 2020 « Les riches sans sagesse, sont-ils autre chose que les porcs engraissés par le son ? Les pauvres qui ne comprennent rien, que sont-ils, sinon des ânes malheureux condamnés à porter la charge ? » (J. A. Comenius) Le colloque est organisé dans le but de commémorer les 350 ans de la disparition de Comenius. théologien, linguiste et grand pédagogue tchèque, Jan Amos Komensky (Johannes Amos Comenius en latin) naît le 28 mars 1592 à Uhersky Brod, un village de Moravie (République tchèque) et meurt en exil à Amsterdam le 15 novembre 1670. Considéré comme l’un des fondateurs de la pédagogie moderne, Comenius est lié avant tout au domaine de l’éducation et de l’enseignement. Ami des esprits les plus éclairés de son temps, de René Descartes ou de Samuel Hartlib, fondateur de la Royal Society de Londres en 1662, il a même refusé par deux fois la proposition du cardinal Richelieu de diriger un Collège Pansophique à Paris car il devait participer à la réforme de l'enseignement en Suède. Comenius a, par contrainte, voyagé à travers toute l'Europe; il a travaillé en Hongrie, en Pologne, s’est établi quelque temps en Angleterre, où il a exercé une influence marquante sur les milieux scientifiques, pour finir par s'installer aux Pays-Bas. John Winthrop l’a également invité à se rendre Outre-Atlantique dans la colonie puritaine du Massachusetts pour y diriger le célèbre Collège de Harvard. Par son œuvre, Comenius a ouvert la voie qui conduit de la chrétienté médiévale et de la Réforme au siècle des Lumières Rappelons ses œuvres les plus importantes : Opera didactica omnia (La Grande didactique), Ianua linguarum reserata (La Porte ouverte sur les langues) ou Orbis sensualium pictus. Ce dernier, Monde en images, dont la première édition paraît à Nuremberg en 1658 et qui a été traduit dans presque toutes les langues européennes, est une sorte d’encyclopédie où les mots sont accompagnés de vignettes illustratives. C’est l’ancêtre et le modèle des encyclopédies illustrées encore en usage de nos jours. Ajoutons que Comenius paraît insister sur la réceptivité, d’où le rôle des images et des données sensibles. L’exigence de Comenius, que tout se passe agréablement et spontanément, est aussi liée sa conception du jeu à l’école qui devait être « vera hominum officína ». Or, la meilleure conception de l’art d’enseigner devait bien constituer le foyer de la « pansophie ». C’est dans cet esprit que Comenius cherche à composer le grand ouvrage avorté qu’est Délibération universelle sur la réforme des affaires humaines. Le projet « pansophique » de tout enseigner à tous et à tous points de vue a eu bien d’autres conséquences, puisqu’il était destiné dès le principe à une rééducation de la société. Il reprend le projet d’un ouvrage sur la réforme universelle de la société humaine par les moyens suivants : 1) unification du savoir et sa propagation grâce à un système scolaire perfectionné sous la direction d’une sorte d’académie internationale ; 2) coordination politique sous la direction d’institutions internationales tendant à assurer le maintien de la paix ; 3) réconciliation des Églises sous l’égide d’un christianisme tolérant. Il ne voit aucune autre possibilité pour combattre la corruption des hommes qu’une bonne éducation de la jeunesse. Ainsi est attribuée à l'école une vocation messianique universelle, le salut du monde entier par voie pédagogique: Que les penseurs et les philosophes, de Montaigne et Rabelais à Descartes ou à Leibniz, aient exprimé en passant des remarques profondes sur l'éducation, cela va également de soi, mais c'était à titre de corollaires de leurs idées dominantes. Comenius, au contraire, non seulement est le premier à avoir conçu dans toute son ampleur une science de l'éducation, mais, répétons-le, il la place au coeur même d'une "pansophie" qui, dans son esprit, doit constituer un système philosophique d'ensemble.[1] Il n'est pas nécessaire d'insister sur l'actualité des propos de Comenius. Pour lui, le monde est également une école, l’idée qu’il illustre dans son roman utopique Le labyrinthe du monde et le paradis du cœur (1623-1631). Inspirés par les idées de Comenius, nous proposons trois axes de réflexion qui concerneraient les livres destinés aux enfants et aux jeunes lecteurs : 1) L’image du monde et son rôle en littérature de jeunesse : le visuel et l’imaginaire dans la construction du sens et de sa compréhension ; 2) L’enseignement/l’apprentissage idéal, vu par les enfants/les jeunes: l’école et l’éducateur comme une véritable fabrique de l’humanité; 3) L’homme et la pansophie : l’amélioration de la société, une société utopique? Les débats lors du colloque seront répartis autour de ces trois groupes thématiques. Comité d’organisation Kvĕtuše Kunešová, Faculté de Pédagogie, Département de langue et littérature françaises, Hradec Kralové, République tchèque Bochra Charnay, ALITHILA, Université de Lille Thierry Charnay ALITHILA, Université de Lille Comité scientifique CHARNAY Bochra, Université Lille, E.A. 1061 ALITHILA CHARNAY Thierry, Université Lille, E.A. 1061 ALITHILA CHEKALOV Kirill, Institut de la Littérature mondiale de l’Académie des sciences de la Russie KUNEŠOVÁ Kvĕtuše, Faculté de Pédagogie de l’Université de Hradec, République tchèque POHORSKÝ Aleš, Université Charles, Prague, République tchèque Les propositions de communication (titre, résumé de 1500 caractères maximum (espaces comprises), mots clés, et références bibliographiques) seront accompagnées d’une brève biobibliographie de1500 caractères (espaces comprises) maximum comprenant : statut, établissement et équipe d’accueil ainsi que les principales publications récentes. Les communications (inédites) retenues par le comité scientifique et présentées lors du colloque feront l’objet d’une publication. Les propositions sont à adresser au plus tard le 15 janvier 2020 à l’adresse suivante : hradeclitteraturejeunesse@gmail.com ________________________________ [1]Jean Piaget, L'Actualité de Jean Amos Comenius, dans Jean Amos Comenius 1592-1670, in : Pages choisies, UNESCO, Paris, 1957.