Au travail, comment rester stimulé quand on ne rencontre plus personne ? Plus de déjeuners, de cocktails, de conférences, de salons... La pandémie empêche les rencontres professionnelles et, par là même, freine l'inspiration et les idées neuves. Une rupture nécessaire […] Beaucoup de Français ont réalisé combien ils étaient de moins en moins enclins à laisser le travail prendre toute la place. […] Déconnecter n'est donc pas un caprice : c'est une nécessité pour tous. Et une bouffée d’air frais pour ceux qui ont besoin de nourrir leur créativité. « J'aime lire et écouter des choses qui n'ont rien à voir avec l'entrepreneuriat ou la mode », explique Jessica Troisfontaine, la fondatrice de la marque de mode Septem Paris. Ces derniers temps, elle s'est plongée dans le podcast et le dernier livre de Marie Robert, Philosophy is Sexy et Le Voyage de Pénélope, Boomerang, l'émission d'Augustin Trapenard sur France Inter, Une chambre à soi de Virginia Woolf, Une farouche liberté de Gisèle Halimi et Annick Cojean, Devenir Beauvoir de la philosophe Kate Kirkpatrick... « Je prends des notes, je repère des passages, des tournures que j'injecte dans ma marque, quand j'écris l'histoire des collections ou quand j'enregistre les entretiens du Septem Club », explique Jessica Troisfontaine. Stratégie d'inspiration Puisque l'inspiration ne vient plus d'elle-même, ne peut plus surgir au détour d'un dîner ou d'un événement, il faut s'organiser pour la chercher. Comme on pisterait la bonne recrue pour un poste, on cherche désormais le bon filon d'inspiration. « Il n'y a plus de hasard dans ma vie, je m'en rends compte, soupire Eléonore Baudry, présidente de Figaret Paris. La source s'est tarie, la sérendipité a disparu et notre inspiration s'est recroquevillée. On doit maintenant solliciter l'inattendu. » Après avoir écumé les galeries d'art jusqu'à leur fermeture récente, elle aussi cherche sa nourriture intellectuelle dans la littérature. L'intégrale d'Annie Ernaux, les romans d'Emmanuelle Bayamack-Tam - ou de son pseudonyme, Rebbecca Lighieri, d'Alexandre Dumas, des livres sur l'histoire de la mode... « J'ai besoin d'aventures et de livres qui m'embarquent, résume-t-elle. J'écoute aussi Bookmakers, le fabuleux podcast littéraire d'Arte Radio, et passe davantage de temps sur Instagram, à l'affût d'artistes ou de marques intéressantes. » Certains poussent cette stratégie un cran au-dessus, jusqu'à organiser des rendez-vous réguliers. Jusqu'aux dernières restrictions sanitaires, les équipes du site de vente privée The Bradery se réunissaient chaque jeudi soir au bureau pour écouter un invité. « Des investisseurs, partenaires, entrepreneurs... On cherche des destins intéressants, explique Edouard Caraco, cofondateur de The Bradery. Des gens plus âgés, expérimentés, qui se mettent à nu, nous racontent leur parcours, leur expérience de la pandémie, leurs livres préférés... C'est une ouverture, ça élargit notre champ de vision. » Et l'horizon, un peu, en attendant qu'il retrouve une taille normale. […] Sofiane Zaizoune Le 07 avril 2021 https://madame.lefigaro.fr/business/au-travail-comment-rester-stimule-quand-on-ne-rencontre-plus-pe rsonne-020421-195994