NUANCES DANS L’EXPRESSION : EXERCICES DE SYNTHÈSE 1 LESEXERCICESDEFRANÇAISDUCCDMDwww.ccdmd.qc.ca Nuances dans l’expression : ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ exercices de synthèse ŒIL (OUTILS D’EXPLORATION ET D’INTÉGRATION DE LA LECTURE) Nuances dans l’expression Exercices Dans le texte suivant, sélectionnez dix mots ou expressions qui donnent une impression négative et transcrivez-les. Exemple Les aspirants petits-bourgeois en révolte implorent le gouvernement de leur laisser continuer leur route vers la domination, vers l’oppression des masses par le savoir techno-bureaucratique. Cessez de couper dans les fonds universitaires, disent-ils, nous deviendrons vos pantins, vos idéologues et vos technocrates, nous soumettrons le peuple à votre loi, nous pervertirons le savoir pour qu’il vous serve, nous serons fidèles et méchants... Ils sentent leur pouvoir disparaître. Ils pleurent la déchéance de l’État et la perte de leurs privilèges. L’administration publique et les institutions étatiques subissent des compressions qui n’en finissent plus. Les petits-bourgeois voient leurs emplois de direction s’éclipser. Ils se portent à la défense de leur classe et gémissent devant la diminution de leur pouvoir d’achat. Réponse aspirants petits-bourgeois, implorer, domination, oppression, technobureaucratique, pantins, technocrates, soumettre, pervertir, servir, méchants, pleurer, déchéance, perte, petits-bourgeois, s’éclipser, gémir ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ NUANCES DANS L’EXPRESSION : EXERCICES DE SYNTHÈSE 2 LESEXERCICESDEFRANÇAISDUCCDMDwww.ccdmd.qc.ca EXERCICE 1 1. Il me semble souvent que nos élus, conseillers, échevins et députés, sont des créatures très dociles et oublieuses. Ils savent lever le bras au bon moment et voter pour ou contre lorsqu’il y a lieu, mais ils ont oublié qui ils représentent et ce qu’ils ont dit ou promis avant d’être élus. Cette attitude équivoque endommage la démocratie et entrave son processus. À force d’observer l’asservissement de ses élus, leur adhésion mollassonne à la ligne de leur parti, le « citoyenquossa-donne » perd patience et confiance. Quand celui pour qui il a voté se transforme en un pion insignifiant, au service d’une machine bureaucratique qui lui met les mots dans la bouche, le citoyen maudit la politique et se promet bien que la prochaine fois, il ne se fera pas avoir... ________________________________________________________________________________________________________________________________________ ________________________________________________________________________________________________________________________________________ ________________________________________________________________________________________________________________________________________ 2. L’occupation télévisuelle constitue une utilisation déficiente et handicapée de tous nos sens et de notre manière la plus humaine de capter la vie bruissante : cent mille heures de télévision dans une vie signifient ainsi cent mille heures de sous-développement pernicieux de notre capacité sensorielle. Vivre devant la télévision immerge notre métabolisme dans un bain décapant pour notre vitalité profonde, entraînant une négation du corps dont les tensions et les besoins dérangent la fascination envoûtante de l’image. La télévision s’adresse à des anges dépourvus d’élans sensorimoteurs, de purs réceptacles d’ondes lumineuses et sonores. La messe télévisuelle se déroule ainsi dans un univers anti-humain, un ghetto froid et sans intensité qui nous éloigne de la réalité normale, comme une dérive des sens1. ________________________________________________________________________________________________________________________________________ ________________________________________________________________________________________________________________________________________ ________________________________________________________________________________________________________________________________________ 3. D’où vient l’homme ? D’une lignée hétéroclite de bêtes aujourd’hui disparues, et qui comptaient des gelées marines, des vers rampants, des poissons visqueux, des mammifères velus... Par cette chaîne d’ancêtres, dont l’humilité augmente à mesure qu’on s’enfonce dans la durée, il se rattache sans solution de continuité aux microscopiques éléments qui naquirent, voici plus d’un milliard d’années, aux dépens de la croûte terrestre. Accident entre les accidents, il est le résultat d’une suite de hasards, dont le premier et le plus improbable fut la formation spontanée de ces étranges composés du carbone qui s’associèrent en protoplasme. 1. LEMIEUX, Vincent. L’affreuse télévision, Montréal, Guérin éditeur, 1990, p. 44. NUANCES DANS L’EXPRESSION : EXERCICES DE SYNTHÈSE 3 LESEXERCICESDEFRANÇAISDUCCDMDwww.ccdmd.qc.ca 2. ROSTAND, Jean. Pensées d’un biologiste, Paris, Stock+plus, 1978, p. 100-102. 3. BOURGAULT, Pierre. La colère, écrits polémiques, tome 3, Montréal, Lanctôt éditeur, 1996, p. 112-113. © Lanctôt éditeur L’homme n’est rien moins que l’œuvre d’une volonté lucide, il n’est même pas l’aboutissement d’un effort sourd et confus. Les processus aveugles et désordonnés qui l’ont conçu ne recherchaient rien, n’aspiraient à rien, ne tendaient vers rien, même le plus vaguement du monde. Il naquit sans raison et sans but, comme naquirent tous les êtres, n’importe comment, n’importe quand, n’importe où [...] Quoi qu’il en soit, l’homme est apparu... D’une certaine lignée animale, qui ne semblait en rien promise à un tel destin, sortit un jour la bête saugrenue qui devait inventer le calcul intégral et rêver de justice. Le pessimiste aurait beau jeu à déplorer la venue de cette créature paradoxale, accablée par sa supériorité, qui ne soit qu’un surcroît de tourments à l’hypertrophie de son intelligence et de son affectivité, qui traverse la vie dans l’épouvante de la mort, qui s’attache sans mesure à d’autres créatures éphémères, qui, trop bestiale ou trop peu, souffre quand elle réprime ses instincts et ne souffre pas moins quand elle y cède, qui ne sait pas défendre son cœur contre les rêves que lui interdit sa raison2. ________________________________________________________________________________________________________________________________________ ________________________________________________________________________________________________________________________________________ ________________________________________________________________________________________________________________________________________ 4. Un verre dans le nez, ça monte à la tête et ça tombe dans les jambes. Ça n’empêche quand même pas les irresponsables de conduire leur voiture et d’écraser les gens. Par ailleurs, on dit que ces gens-là boivent plus pendant le temps des Fêtes et que, incapables de se passer de leur maudit char, ils sont encore plus dangereux qu’en temps normal. Que faire ? Quelqu’un, il y a quelques années, a eu une idée de génie. Ça s’appelle l’opération « Nez rouge ». Depuis, l’affaire a fait boule de neige et c’est par milliers maintenant que, partout à travers le Québec, on ramasse tous ces joyeux irresponsables pour les ramener sains et saufs à la maison. Un bénévole prend en charge le pauvre type, pendant qu’un deuxième s’occupe de ramener son maudit char. C’est le ramassage et du type et du char qui fait le succès de l’opération. Si on ne ramassait pas son char, le gris malveillant ne songerait même pas à faire appel à Nez rouge. Lui et son char ne font qu’un et il songerait sans doute à mettre fin à ses jours s’il devait s’en passer, ne fût-ce qu’une journée. C’est ainsi que Nez rouge, par une sorte d’effet pervers, est devenue une vaste entreprise de déresponsabilisation3. ________________________________________________________________________________________________________________________________________ ________________________________________________________________________________________________________________________________________ ________________________________________________________________________________________________________________________________________ NUANCES DANS L’EXPRESSION : EXERCICES DE SYNTHÈSE 4 LESEXERCICESDEFRANÇAISDUCCDMDwww.ccdmd.qc.ca 4. SIMARD, Carolle. Cette impolitesse qui nous distingue, Montréal, Boréal, 1994, p. 15-16-17. EXERCICE 2 1. Qu’ils aillent au diable ces balourds et ces sans-gêne sur lesquels je tombe chaque fois que j’ai le malheur de sortir ! Qu’ils sachent que j’en ai assez de me faire tutoyer sans vergogne, au magasin ou à la caisse populaire ; de me faire bousculer à la sortie du métro, sans recevoir le moindre sourire d’excuse; de les voir jeter tout naturellement leurs ordures n’importe où, sauf dans les poubelles; de les voir salir leurs vêtements à toutes les sauces, en lieu et place de vraies serviettes de table. Vrai : la vue de tous ces jeunes et moins jeunes, cachés sous une casquette qu’ils ne quittent que sous la douche, suffit à me donner le cafard. Vrai : entendre les hommes nous servir l’excuse de l’égalité des sexes pour mieux asseoir leur goujaterie devient insupportable. Vrai encore : garder son calme quand, au restaurant, un voisin de table sort un peigne et passe à l’acte constitue un acte de bravoure [...] Vrai toujours : la coupe est pleine. Lorsque je regarde les baby-boomers [...] je me désole. Lorsque j’observe leurs enfants, je déprime [...] Ayant lu le docteur Spock, les parents d’aujourd’hui ont levé tous les interdits : ils laissent tout faire, parce que tout est permis. Le résultat est là, probant, et ne se dément pas : leurs rejetons sont impolis et grossiers ; pire, ils sont effrontés et insolents; plus grave encore, la plupart n’ont aucune idée de ce que veulent dire les mots respect, responsabilisation et hiérarchie. Vrai et capital : notre impolitesse collective, mal dont nous sommes tous atteints, véritable cancer est en train de ronger notre système de relations sociales, entraînant à sa suite tout un lot de violence, d’agressivité et de mépris pour les autres. Parce qu’elle est quotidienne, parce qu’elle est devenue la règle plutôt que l’exception, l’impolitesse a modifié la nature des relations entre les individus. Tout le monde perd au change, les prosélytes de l’impolitesse comme les autres. Vrai et alarmant : l’impolitesse est en passe de devenir notre nouveau milieu naturel. La violence étant de moins en moins latente, les heurts et les empoignades sont de plus en plus fréquents. Les conséquences sont inquiétantes parce que la régression collective nous guette; si nous n’y prenons garde, nous n’aurons bientôt plus d’humain que le nom4. ________________________________________________________________________________________________________________________________________ ________________________________________________________________________________________________________________________________________ ________________________________________________________________________________________________________________________________________ NUANCES DANS L’EXPRESSION : EXERCICES DE SYNTHÈSE 5 LESEXERCICESDEFRANÇAISDUCCDMDwww.ccdmd.qc.ca 2. Oserai-je l’avouer, je suis élitiste. Pire, je suis un intellectuel élitiste. Voilà un aveu qui pourrait me coûter cher dans une société où on pratique allègrement un anti-intellectualisme primaire [...] où les élites sont condamnées au nom d’une doctrine égalitariste et où la démagogie le dispute au mépris de soi et des autres. Il est facile de tenir un discours contre l’excellence tout en exigeant, pour soi-même, les meilleurs services et les meilleurs produits. Ce qui, souvent, fausse notre jugement, c’est que nous entretenons une image « élitiste » des élites. Elles seraient constituées d’un petit nombre de personnes qui se prennent pour d’autres et qui n’ont d’autre but dans la vie que d’asseoir leur domination sur l’exclusion de la plèbe qui ne les mérite pas. Cette image est fausse parce qu’elle ne tient pas compte de la réalité. En vérité, les élites sont partout et, chaque fois que nous avons besoin d’un service, c’est d’abord à elles que nous nous adressons. Si je dois me faire opérer pour une tumeur au cerveau, je chercherai le meilleur des médecins. Si je veux m’acheter une auto, je vais m’adresser au meilleur constructeur et je demanderai aux amis de me présenter le meilleur concessionnaire. Je veux le meilleur plombier et le meilleur menuisier. [...] Mon tailleur est meilleur que le tien et j’aime mieux voir jouer Mario Lemieux que le dernier des petits gros qui patine sur la bottine [...] Les élites sont partout et nous sommes en droit d’exiger d’elles de meilleurs services et de meilleurs produits. Il en va de même des élites intellectuelles. C’est vrai qu’elles sont trop souvent arrogantes et c’est également vrai qu’elles ont tendance à s’isoler dans des tours d’ivoire pour se rendre inaccessibles. Cela ne devrait pas nous empêcher de requérir pour nos enfants les meilleurs professeurs ou d’exiger de nos chercheurs qu’ils trouvent quelque chose de temps en temps5. ________________________________________________________________________________________________________________________________________ ________________________________________________________________________________________________________________________________________ ________________________________________________________________________________________________________________________________________ 5. BOURGAULT, Pierre. La colère, écrits polémiques, tome 3, Montréal, Lanctôt éditeur, 1996, p. 112-113. © Lanctôt éditeur NUANCES DANS L’EXPRESSION : EXERCICES DE SYNTHÈSE 6 LESEXERCICESDEFRANÇAISDUCCDMDwww.ccdmd.qc.ca Corrigé EXERCICE 1 1. créatures très dociles et oublieuses, oublier, équivoque, endommager, entraver, asservissement, mollassonne, « citoyen-quossa-donne », pion insignifiant, maudire 2. Déficiente, handicapée, sous-développement, pernicieux, décapant, négation, déranger, fascination envoûtante, anti-humain, ghetto, froid, sans intensité, dérive 3. Hétéroclite, bêtes, rampants, visqueux, velus, accident, improbable, même pas, sourd, confus, aveugles, désordonnés, rien, vaguement, sans raison, sans but, n’importe comment, n’importe quand, n’importe où, saugrenue, déplorer, paradoxale, accablée, hypertrophie, épouvante, sans mesure, trop bestiale, trop peu 4. Irresponsables, écraser, ces gens-là, incapables, maudit, dangereux, irresponsables, pauvre type, maudit char, joyeux irresponsables, ramasser, le gris malveillant, pervers, dérespon- sabilisation EXERCICE 2 1. Aller au diable, balourds, sans-gêne, malheur, sans vergogne, bousculer, n’importe où, salir, cachés, cafard, goujaterie, insupportable, la coupe est pleine, désoler, déprimer, rejetons impolis et grossiers, effrontés, insolents, plus grave, impolitesse, mal, cancer, ronger, violence, agressivité, mépris, perdre, alarmant, inquiétant, régression 2. Anti-intellectualisme primaire, condamner, démagogie, mépris, fausser, se prendre pour d’autres, asseoir leur domination, exclusion, plèbe, fausse, le dernier des petits gros qui patine sur la bottine, arrogant, tour d’ivoire, inaccessible