LA TROISIÈME RÉPUBLIQUE 1870-1914 essor économique et culturel (la Belle Époque) EMPIRE COLONIAL La France se dote d’un important empire colonial – l’aventure coloniale doit augmenter le prestige du pays, les républicains parlent d’une mission civilisatrice. La république parachève la conquête d’un nouvel empire entamée à l’époque du Second Empire – la Polynésie et l’Indochine (Viêt Nam, Cambodge, Laos). Or elle se concentre notamment à l’Afrique : Maghreb – Algérie devient partie intégrante de la France, protectorats Tunisie et Maroc Afrique occidentale (Sénégal, Mauritanie, Mali, Guinée française, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Niger, Bénin) Afrique équatoriale (Congo français, Gabon, République centrafricaine, Tchad) Madagascar et Somalie française SCANDALES La république a dû parcourir plusieurs graves crises qui ont pourtant fini par renforcer le caractère républicain et démocratique du pays. Le plus grand scandale qui a ébranlé la France de la Belle Époque est lié aux problèmes d’antisémitisme, de nationalisme (les revanchards prônant la guerre contre l’Allemagne pour récupérer les territoires perdus en 1870), d’anticléricalisme : l’affaire Dreyfus (1894-1906) capitaine juif Alfred Dreyfus accusé d’espionnage en faveur de l’Allemagne, condamné et envoyé au bagne en Guyane, la vague d’antisémitisme les républicains réagissent par des protestations massives (Émile Zola : J’accuse – lettre ouverte au président de la République), à la fin, la plupart des Français demandent la libération de Dreyfus qui est réhabilité en 1906 Pour la première fois dans l’histoire de France, de diverses couches sociales (étudiants, intellectuels, ouvriers) se réunissent dans les rues pour défendre les valeurs républicaines). Les droits de l’Homme doivent être appliqués à tous sans égard à ses origines ethniques ou sociales. Sous l’impulsion de l’un des dirigeants des socialistes, Jean Jaurès, les ouvriers, jusqu’alors hostiles à la république bourgeoise, acceptent enfin la République française. Les plus radicaux fonderont le parti communiste en 1920. L’affaire a terni le prestige du catholicisme en partie antisémite ce qui mène à la séparation de l’État et des Églises en 1905 (l’un des principes fondamentaux de la République française). LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE (1914-1918) La France s’allie à la Russie et à la Grande-Bretagne pour pouvoir arracher à l’Allemagne l’Alsace et la Lorraine annexées après la défaite de Napoléon III - la Triple Entente l’Allemagne, désireuse d’agrandir son empire colonial, s’allie à l’Italie et à l’Autriche-Hongrie - la Triple Alliance/la Triplice Les Français sont plutôt favorables à une guerre contre l’Allemagne sauf les socialistes menés par Jean Jaurès qui symbolise le pacifisme (il sera assassiné peu avant l’éclatement de la guerre) L’éclatement de la guerre : l’attentat de Sarajevo perpétré par les nationalistes serbes de Bosnie le 28 juin 1914 – assassinat de l’héritier du trône austro-hongrois archiduc François-Ferdinand d’Este l’Autriche-Hongrie veut punir la Serbie, alliée de la Russie – l’Allemagne en profite pour attaquer la France et la Russie. Elle envahit la Belgique et le Luxembourg pour contourner les armées françaises et s’assurer une défaite rapide de la France (le Blitzkrieg) et pour pouvoir se concentrer à la guerre contre la Russie Elle sous-estime les capacités de l’armée française, mais les Français soutenus par les Anglais parviennent à arrêter les Allemands dans la bataille de la Marne, le front se fige – la guerre des tranchées dès 1914. Aucune des puissances combattantes n’est capable de percer le front malgré les combats sanglants durant les années suivantes (batailles de Verdun et de la Somme en 1916) : des millions de soldats tués sans que le front bouge considérablement, le nord du pays ravagé, la population fatiguée le progrès technologique (chars, avions) ou l’utilisation des armes chimiques 1917 année critique : la révolution de février en Russie affaiblit les armées russes, le front de l’Est s’effondre et la révolution bolchévique d’octobre 1917 met fin à la guerre l’année suivante. Des révoltes au sein des armées alliées épuisées par cette guerre interminable. 1918 les Allemands peuvent concentrer leurs forces à l’ouest et lancent plusieurs offensives massives, La France à bout de forces, mais l’arrivée des troupes américaines sauve la situation (les États-Unis déclarent la guerre à l’Allemagne en 1917 suite aux attaques des sous-marins allemands) l’Autriche-Hongrie démembrée (le 28 octobre, la naissance de la Tchécoslovaquie et de la Yougoslavie, la Pologne est renouvelée, la Roumanie s’empare d’une partie de la Hongrie) l’Allemagne signe l’arrêt des combats à Compiègne le 11 novembre 1911 – cet armistice met fin à la Grande Guerre L’ENTRE-DEUX-GUERRES (1918-1938) la France, dévastée par la guerre, veut reconstruire le pays qui a perdu 1,4 millions de morts, 3 millions de Français ayant été blessés, mais elle veut surtout empêcher l’Allemagne de redevenir une grande puissance militaire et industrielle capable de déclencher une autre guerre paneuropéenne C’est la politique menée par le Bloc National regroupant les partis de droite qui dirige la France de 1919 à 1924 – gouvernements nationalistes, hostiles à l’Allemagne vaincue, politique de fermeté vis-à-vis de l'Allemagne qui doit être punie la conférence de paix 1919-1920 – traités de paix avec les Empires centraux vaincus (Allemagne, Autriche, Hongrie, Empire Ottoman, Bulgarie) – le traité de Versailles avec l’Allemagne qui perd ses colonies et une partie de son territoire, elle doit payer des réparations et est empêchée de se doter d’une armée importante. La France chargée de l’administration de deux anciennes colonies allemandes (Cameroun et Togo) et du Liban et de la Syrie, deux anciennes provinces de l’Empire ottoman Or l’Allemagne est paralysée par une grave crise économique, incapable de payer les réparations – les Français occupent la région de Ruhr en 1923 pour pouvoir contrôler l’industrie allemande. La France doit remplir le rôle de garant des traités de paix, c’est pour cette raison qu’elle crée un système des alliances en Europe centrale et en Europe du Sud-Est – un cordon sanitaire capable de repousser toute attaque de la part de la Russie bolchévique ou de l’un des pays vaincus (Allemagne, Hongrie) – elle s’allie à la Pologne et à la Petite-Entente qui réunit la Tchécoslovaquie, la Roumanie et la Yougoslavie La France très active au sein de la Société des nations – organisation internationale regroupant la majorité des États, prédécesseur de l’ONU actuelle. Opposition au système des traités de paix né à Versailles – la Hongrie qui a perdu deux tiers de son territoire, depuis 1922 l’Italie fasciste menée par Benito Mussolini et surtout l’Allemagne nazie depuis 1933. Une autre guerre mondiale approche. Les années folles (les années 1920) sont une période de croissance économique, or la crise économique qui a ébranlé le monde entier depuis le Jeudi noir en 1929 a considérablement changé la situation. La France devrait garantir l’ordre en Europe, mais elle se rend compte de son incapacité de remplir toute seule ce rôle sans soutien de la Grande-Bretagne et des États-Unis qui mènent la politique d’isolationnisme Sur le plan international, elle n’ose pas affronter les régimes autoritaires et punir leurs provocations permanentes (l’Italie envahit l’Abyssinie – l’Empire éthiopien et l’Allemagne occupe la Rhénanie démilitarisée), sur le plan intérieur, elle doit faire face à la montée du radicalisme de droite : plusieurs ligues d'extrême droite se développent : Action française, Croix-de-feu, etc. 1934 : l’affaire Stavisky : préfet de police bienveillant à l'égard des ligues renvoyé ce qui déclenche des manifestations d’extrême-droite – les républicains craignent un coup d’État et la gauche forme le Front populaire en 1936, le socialiste Léon Blum forme un gouvernement des socialistes et des radicaux avec soutien des communistes. Réformes sociales importantes, l’idée de la collaboration de l’ensemble des partis de gauche, le cauchemar fasciste qui mène à la naissance de l’intellectuel engagé, proche de la gauche qui sera typique pour la France de la II^e moitié du XX^e siècle. Mais son gouvernement vite renversé – instabilité politique, des gouvernements se succèdent les uns aux autres, les partis politiques n’étant pas capables de former un gouvernement stable 1938 : le gouvernement dirigé par le radical Daladier ne réagit pas à l'Anschluss (rattachement de l'Autriche à l'Allemagne) et signe les accords de Munich le 30 septembre 1938. La France espère éviter une nouvelle guerre.