LA RESTAURATION (1814/1815-1830) LOUIS XVIII (1814/1815-1824) Frère cadet de Louis XVI, il devient son successeur légitime après la mort du petit Louis XVII, fils du roi décapité émigré pendant la Révolution, il revient en 1814 avec le soutien des armées étrangères qui occupent la France après l’abdication de Napoléon I^er La France, épuisée par les guerres et par les bouleversements révolutionnaires, accepte le retour des Bourbons. Louis XVIII ne désire pas le retour de l’Ancien Régime, il préfère une forme plus souple – la monarchie absolue n’est pas rétablie, par contre, Louis XVIII octroie au peuple une constitution en 1814 (Charte) qui instaure un régime parlementaire bicaméral tout en conservant des pouvoirs importants du souverain la Charte, un texte de compromis, garantit des libertés fondamentales (droits individuels, droits de propriété, liberté de presse et d’expression, liberté religieuse), les biens saisis pendant la Révolution ne sont pas rendus aux aristocrates Plutôt modéré, Louis XVIII prône la politique de réconciliation pour éviter la Terreur blanche Mais le suffrage censitaire (seuls les citoyens dont le total des impôts directs dépasse un seuil, assez élevé en 1815, appelé cens, sont électeurs) a pour résultat que les deux chambres du parlement sont dominées par des légitimistes intransigeants (appelés ultras) – le régime devient de plus en plus réactionnaire, notamment après l’assassinat du duc de Berry, fils du frère du roi (le futur Charles X). Cet attentat instrumentalisé par les ultras. politique étrangère Congrès de Vienne (1814-1815) – les représentants de tous les pays européens se sont réunis dans la capitale autrichienne pour décider les frontières et pour instaurer un nouvel ordre européen la France retrouve ses frontières d’avant 1789 et grâce au ministre des Affaires étrangères Talleyrand, la France reste une puissance européenne. Les Bourbons adhèrent à la Sainte-Alliance des monarques conservateurs qui ont pour but d’empêcher toute nouvelle révolution en Europe – les interventions partout en Europe (la France, elle, intervient en Espagne en 1823 pour aider le roi d’Espagne à réprimer le soulèvement des libéraux) CHARLES X (1824-1830) le dernier petit-fils de Louis XV, frère des rois Louis XVI et Louis XVIII, extrêmement conservateur, chef du parti des ultras, il essaie de restaurer l’Ancien Régime dans sa forme originale Le régime se durcit, le drapeau tricolore et la Marseillaise sont interdits, la censure de plus en plus sévère. Le roi rencontre une opposition de plus en plus téméraire (p. ex. de jeunes libéraux, attachés aux idées du romantisme) qui remporte les élections de 1827 – conflits avec le roi En 1830, Charles X tente de gagner la sympathie du peuple par une aventure coloniale – la prise d’Alger – le début de la colonisation de l’Algérie qui attirera un million de Français et deviendra une partie intégrante de la France ; le régime colonial y sera renversé par une guerre d’indépendance extrêmement violente (1954-1962) RÉVOLUTION DE 1830 (révolution de Juillet) Charles X dissout la Chambre (chambre basse du parlement), mais l’opposition de nouveau victorieuse – en juillet 1830, le roi se sent en danger et pour ne pas répéter les fautes de son frère aîné Louis XVI, il refuse de s’accommoder avec les libéraux et publie quatre Ordonnances qui suspendent le régime constitutionnel et la liberté de la presse et prévoient la réduction du corps électoral pour empêcher aux libéraux de remporter les nouvelles élections L’émeute parisienne contre les Ordonnances dégénère en une révolution les 27, 28 et 29 juillet 1830 (les Trois Glorieuses) Charles X n’a plus d’alliés sauf les ultras. L’un des héros de la guerre d’indépendance américaine et de la Révolution, marquis de La Fayette, nommé à la tête de la Garde nationale (une sorte de milice de citoyens). Le roi est obligé d’abdiquer et de quitter le pays (il séjournera un certain temps à Prague). La révolution aura des conséquences dans d’autres pays et inspirera d’autres peuples à réclamer des droits politiques : les Polonais se soulèvent contre la domination russe, la Belgique devient indépendante des Pays-Bas, des soulèvements dans plusieurs États italiens et plusieurs mouvements constitutifs dans plusieurs États allemands et en Suisse. Paris est révolutionnaire et républicain, les jeunes sont républicains, mais la province reste attachée à la monarchie ainsi que la plupart de la bourgeoisie qui choisissent la stabilité d’une monarchie en craignant une nouvelle Terreur républicaine. De ce fait, la bourgeoisie conservatrice décide de s’adresser au duc d’Orléans, Louis-Philippe. Les ducs d’Orléans sont les cousins des rois de France, traditionnellement plus libéraux que les Bourbons. Le père de Louis-Philippe, partisan de la Révolution et député de la Convention nationale sous le nom de Philippe Égalité, a voté la mort de son cousin, Louis XVI en 1792, mais a été, lui aussi, guillotiné l’année suivante. Il devient le roi des Français (et non roi de France), Louis-Philippe I^er ne se fait pas sacrer à Reims (il ne se présente pas comme roi de droit divin), il prête serment de fidélité à la Charte qui a été modifiée – monarchie constitutionnelle appelée communément la monarchie de Juillet. LA MONARCHIE DE JUILLET (1830-1848) la France entre de plain-pied dans l'ère industrielle – libéralisme économique : l’industrialisation du pays s’accélère, extraction de la houille, extension du réseau ferroviaire période de la paix – aucun conflit militaire majeur l’expansion économique n’empêche pas l’opposition à multiplier les attaques contre le régime, 2 forces d’opposition : - les républicains – le régime perçu comme de plus en plus conservateur, ils réclament l’extension des libertés, notamment la réforme du système électoral (suffrage universel au lieu du suffrage censitaire existant) - socialistes – changements sociaux résultant de la révolution industrielle : la montée de la bourgeoisie et l'apparition d'une classe ouvrière nombreuse, revendications sociales (précarité des conditions de vie des ouvriers, le travail enfantin) L’instabilité politique et le durcissement progressif du régime mèneront à la révolution de 1848 et à la chute du dernier roi qui a régné en France. RÉVOLUTION DE 1848 L’interdiction d’une réunion des républicains mène le 23 février 1848 à une insurrection qui éclate à Paris. Des barricades érigées, les premiers affrontements avec la garde nationale. Mais Louis-Philippe 1^er se refuse à s’y opposer et quitte la France. Cette fois, les républicains ne se laissent pas déborder. Ils proclament à l'Hôtel de Ville de Paris la II^e République (la I^ère ayant été instaurée en septembre 1792 après la chute de Louis XVI) La Révolution parisienne a un énorme retentissement dans les élites européennes. Devant la contagion révolutionnaire, les monarques concèdent des Constitutions en Prusse, en Autriche, etc. (le printemps des peuples) Elle a été menée, entre autres, par le poète Lamartine LA DEUXIÈME RÉPUBLIQUE (1848-1852) la république instaure le suffrage universel masculin, abolit définitivement l’esclavage, mais la plupart des Français en province sont plutôt conservateurs et la république devient conservatrice par contre, en juin 1848, les ouvriers réclament la République sociale, c'est-à-dire non seulement des droits formels, mais aussi du travail pour tous. Le gouvernement réprime dans le sang la manifestation parisienne - rupture entre le mouvement ouvrier et le mouvement bourgeois-républicain L'élection au suffrage universel du premier président de la République favorise les candidats populaires. Louis-Napoléon Bonaparte, qui jouit de la notoriété de son oncle, Napoléon I^er, prétend rendre à la France son prestige international. Il est élu président en décembre 1848 l'insurrection ouvrière de juin 1848 a inquiété les campagnes, aux élections législatives de mai 1849, un « parti de l'Ordre », dominé par des conservateurs, obtient la majorité. Il adopte des lois réactionnaires, restreignant la liberté de la presse et le droit de vote Louis-Napoléon Bonaparte très populaire – il pense à s’emparer du pouvoir, avec la complicité des chefs militaires, il organise le coup d'État du 2 décembre 1851 (tradition bonapartiste – il suit le modèle du 18 brumaire de Napoléon I^er) Il fait arrêter les opposants monarchistes et républicains, puis dissout l'Assemblée, l'armée étouffe rapidement les tentatives de résistance au coup d'État le chef de l’État fait valider par la population son coup d’État, sous la forme d'un plébiscite – il devient prince-président, la France s’achemine vers le rétablissement de l’Empire Louis-Napoléon se fait proclamer empereur en 1852, il prend le nom de Napoléon III, cet acte validé par un plébiscite qui met définitivement fin à l’existence de la Deuxième république Napoléon II – fils de Napoléon I^er proclamé empereur après l’abdication de son père - il n’a que quatre ans et il est déjà à Vienne où il est emmené en 1814 par sa mère Marie-Louise d’Autriche, la seconde épouse de Napoléon I^er Napoléon II y meurt à l’âge de 22 ans comme duc de Reichstadt (vévoda zákupský), son surnom l’Aiglon inventé par Victor Hugo, le dramaturge Edmond Rostand écrit le drame L’Aiglon en 1900 LE SECOND EMPIRE (1852-1870) Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon I^er devient empereur en 1852 sous le nom de Napoléon III POLITIQUE INTÉRIEURE il instaure un régime dictatorial, la liberté d'expression strictement limitée, mais au fil des années, le régime a évolué vers des formes plus libérales, proches d'un régime parlementaire (Empire libéral) Convaincu des bienfaits du libre-échange, Napoléon III stimule les activités économiques, c'est à cette époque que la France a accompli sa révolution industrielle entamée sous la monarchie de Juillet, le pays se modernise et redevient une des plus grandes puissances économiques Paris change de visage. Napoléon III engage la rénovation de la capitale avec le baron Haussmann, préfet de la Seine EMPIRE COLONIAL Le gouvernement impérial voit dans les conquêtes coloniales une occasion de manifester la grandeur de la France. Les troupes marines de Napoléon III jettent les bases d'un nouvel empire colonial : au Sénégal, au Cambodge, en Cochinchine (Vietnam du Sud), en Nouvelle-Calédonie Expédition du Mexique Napoléon III a l'idée de profiter des embarras des États-Unis, engagés dans la guerre de Sécession, pour créer un empire catholique et latin en Amérique, protégé et client de la France. Le débarquement à Veracruz en 1862 ; Maximilien d'Autriche (frère de l’empereur d’Autriche François-Joseph I^er) devient empereur du Mexique. Mais l'armée française s'épuisa vite, le rappel du corps expéditionnaire en 1866, Maximilien finit par être fusillé POLITIQUE ÉTRANGÈRE Napoléon III désireux de rendre la grandeur à la France il renoue avec la tradition bonapartiste – conflits avec des empires conservateurs multinationaux (Autriche, Russie), par contre, il fait prévaloir en Europe le « principe des nationalités » (une nation, un pays) – même les Tchèques cherchent du soutien auprès de Napoléon III après la création de la double monarchie austro-hongroise en 1867 il met en question l’ordre européen des traités de 1815 (Congrès de Vienne) Guerre de Crimée (1853-1856) – contre les Russes la Russie veut profiter de l'affaiblissement de l'Empire ottoman pour accroître son influence vers les Balkans, l'Empire ottoman déclenche la guerre en 1853. Les Français et les Anglais, soutenus par les troupes piémontaises, débarquent en Crimée en 1854 et assiègent la forteresse de Sébastopol qui tombe en 1855 Le traité de paix est signé à Paris en mars 1856. La Russie est évincée des Balkans, réussite de la diplomatie française Campagne d’Italie (1859) – contre les Autrichiens Le royaume de Sardaigne (Piémont) veut poser la base d’un futur royaume d’Italie, mais il doit affronter l’Autriche qui domine le Nord de la péninsule – Napoléon III devient allié du Piémont La guerre éclate en 1859, les troupes autrichiennes sous le commandement direct de l’empereur François-Joseph I^er, les armées françaises commandées par Napoléon III en personne les Autrichiens écrasés dans les batailles de Magenta et Solferino – ils perdent tout sauf la Vénétie, le royaume d’Italie proclamé en 1861 Guerres franco-prussienne (1870) la Prusse dont la politique étrangère est menée par son chancelier Otto von Bismarck vainc les Autrichiens en 1866 (bataille de Sadová ou bataille de Hradec Králové) et réussit à s’emparer du Nord de l’Allemagne Napoléon III croit pouvoir arrêter la montée de la Prusse et effacer la perte de prestige après l’échec de l’expédition du Mexique, il déclare la guerre à la Prusse en 1870 pour empêcher les Hohenzollern de monter sur le trône d’Espagne (cet encerclement rappelle l’empire de Charles Quint au XVI^e siècle) bataille de Sedan – les armées françaises battues, Napoléon III capitule et capturé par les Prussiens CRÉATION DE LA TROISIÈME RÉPUBLIQUE (1870-1871) la chute du Second Empire, le soulèvement de Paris, la république proclamée (faute de candidats monarchistes largement acceptés, les légitimistes et les orléanistes incapables de collaborer), le gouvernement décide de poursuivre les combats – Paris assiégé jusqu’en 1871 en 1871, la France capitule – elle cède l’Alsace et la Lorraine à l’Allemagne qui est proclamée à Versailles une république pour la France ? la nouvelle Assemblée majoritairement monarchiste, mais le gouvernement reste républicain, il doit faire face à l’insurrection de Paris – la Commune de Paris (mars-mai 1871) inspirée par des idées socialistes, voire communistes la Commune écrasée par le gouvernement qui parvient à stabiliser le pays, le prestige du régime républicain renforcé – même les monarchistes finiront par accepter la république dans les années suivantes