L´époque du Baroque dans la littérature française[1] /fin du 16e siècle – 1ère moitié du 17e siècle/ - c´est la période entre la Renaissance et le Classicisme, le terme « baroque » est postérieur - historiquement, c´est la fin des guerres de religion (l´Édit de Nantes – 1598), le gouvernement de Henri IV et Louis XIII, l´époque des réorganisations dans l´économie, l´agriculture (ministre Sully), l´administration du pays avec l´influence du cardinal Richelieu (qui a fondé l´Académie française en 1635) et du cardinal Mazarin - le mot « baroque » avait un sens péjoratif, il vient du portugais et signifie qc d´irrégulier, de bizarre, hors normes; au 20e siècle, cela devient la catégorie de l´histoire de l´art par opposition au classicisme et on commence à l´utiliser aussi dans la littérature - il s´agit de l´ouverture sur l´infini, de la fascination par le changement, le mouvement, l´instabilité des choses ce qui peut s´exprimer de manières variées, on aime les jeux de la métamorphose et de l´illusion (cf. « le trompe-l´oeil ») - le ton de la culture est donné par des femmes cultivées et leurs salons aristocratiques : Melle Madelaine de Scudéry (1607 – 1701) – dans son salon, les personnes érudites se rencontrent et discutent sur les moeurs – l´idéal de cette société, c´est l´honnête homme qui sait parfaitement les bonnes manières de la conduite dans la société – ses livres enseignent les bonnes manières de l´homme idéal o L´Honnête homme (1630) o Ibrahim ou l´Illustre Basse (1641) o Clélie. Histoire romaine (1654 – 60) – c´est une pseudohistoire – elle décrit la psychologie raffinée des sentiments amoureux (aventures extraordinaires avec les délices de l´époque) – elle publie aussi quelques volumes de Conversations – c´est le code de civilité à l´usage des honnêtes gens, la question touchant les femmes est intéressantes : elles n´aiment ni la vulgarité ni les manières libérées, la femme a même le droit de se décider à propos de son avenir (même dans la question de son futur mari !) = c´est NOUVEAU !! la marquise de Rambouillet - c´est la haute noblesse qui se réunit chez cette dame : les hauts dignitaires ecclésiastiques, les poètes, les écrivains - la « chambre bleu » de son palais, c´est une réalité connue à cette époques-là - elle développe le genre épistolaire – on fait des lectures des lettres de Guez de Balzac, de Vincent Voiture etc., on lit des poèmes, des pièces de théâtre littérature : - elle s´enferme dans des conventions - le peuple et tout ce qui est bas est exclu - règle de choix, refus de l´ordre - développement de la préciosité, du raffiné, l´effort de tromper (p. ex. une idée banale exprimée par une forme originale) - sujets invraisemblables, le goût des techniques exagérées – l´hyperbole - genres : roman pastoral, roman héroïque, roman galant, roman précieux, tragicomédie, ballets de cour, poésie galante, précieuse (X vers la fin de cette période aussi le burlesque qui est grossier et irrespectueux) - les conditions ne sont pas favorables à un développement considérable de la litt. (la poésie est soumise à l´intellectualisme) - la préciosité – mode de recherche (manière de se vêtir, de s´exprimer), c´est une affectation de la « rareté » (attaques satiriques – Molière) - déviation extrémiste vers un raffinement dans l´expression métaphorique et périphrastique et vers le besoin d´emphase : - ex. : le cimetière des morts et des vivants – une librairie - l´instrument de propreté – un balai - l´ameublement de la bouche – les dents poésie - idées banales exprimées d´une manière originale, raffinée - refus de l´ordre, de logique, de tout ce qui est bas (aussi du peuple) - beaucoup de descriptions, de détails - thèmes non vraisemblables, beauté de la laideur et la déformation du beau, passions, violence, crainte de mort, visions apocalyptiques, obscurité - souvent on décrit les souffrances de l´amour, les tortures subies par les amants, leur angoisse – d´une part la glorification de la beauté de la femme aimée et d´autre part des plaintes qu´elle est cruelle - on joue sur les contrastes et la polyvalence des images et des notions Jean de Sponde (1557 – 1628) - un des rares poètes métaphysiques français - études humanistes, bonnes connaissances du latin et du grec, milieu des protestants - vers la fin de sa vie – une conversion sincère et méditée au catholicisme pour laquelle il était très attaqué des protestants, p. ex. d´Agrippa d´Aubigné Sonnets d´amour Sonnets sur la mort - stances (comme genre des strophes lyriques) où l´amour et la mort sont inséparablement liés, la perspective de la mort pousse l´homme à jouir de la vie (=jeu d´antithèses) Philippe Desportes (1546 – 1606) - influencé par Ronsard et Pétrarque, considéré comme poète néo-pétrarquiste, c´est une poésie raffinée avec une musicalité douce - il travaille dans la diplomatie, à la cour royale - c´est un imitateur (l´art d´imiter était apprécié aussi à cette époque-là), mais sa virtuosité technique et l´audace de son imagination sont très appréciées, il s´occupe de la pureté de son vocabulaire poétique, il écrit une poésie raffinée et musicale Stances Amours (de Cléonice, de Diane, d´Hippolyte) Traduction des psaumes de David – poésie chrétienne de qualité Agrippa d´Aubigné (1552 – 1630) - protestant, formé par l´humanisme, fiancé de Diane Salviati, nièce de Cassandre de Ronsard, or, le père de la fille a rompu les fiançailles à cause de la différance des religions (elle était catholique), le poète en était trop marqué et sa poésie, bien sûr aussi Le Printemps - sonnets et stances pleins de douleur et de la violence expressive de l´amour perdu - images sombres et pathétiques, funèbres sanglantes, visions d´horreur, de guerre - un des sommets (paroxysme) de la poésie baroque Les Tragiques - une des oeuvres les plus importantes de l´épique français – c´est un produit authentique du baroque - malgré la déception en amour l´auteur continue son service de soldat, même du maréchal plus tard - après la déception par la politique de conciliation d´Henri IV, il s´exile à Genève - il exprime d´une manière allégorique son fanatisme du militant et ses visions apocalyptiques, avec une éloquence enflammée de la foi, beaucoup d´hyperboles, de contrastes et d´images inattendues, il n´est pas objectif, il accuse les Valois et Catherine de Médicis de la poursuite des protestants - 7 chants: Misères, Princes, La Chambre dorée, Les Feux, Les Fers, Vengeances, Jugement Les Aventures du baron de Faeneste - une satire qui oppose deux modes de vie: celui d´un catholique Faeneste (= du grec paraître) et celui du protestant d´Énay (=du grec être) François de Malherbe (1555 – 1628) - le poète qui refuse l´esthétique du baroque - la poésie doit se gouverner aux mêmes lois que le discours - poète favori (officiel) d´Henri IV et de Marie de Médicis - Prière pour le Roi allant en Limousin - Ode à la reine pour sa bienvenue en France - il écrit des odes, des stances de circonstance - il n´aime pas l´imagination, il a les idées claires, l´intelligence disciplinée - il a le sens du sublime, il présent le grand et le surchargé – il veut frapper des esprits - dans ses poèmes sur les lieux communs, il médite sur l´amitié, la gloire et la mort - le développement logique – chaque partie a sa place, les constructions grammaticales et métriques doivent correspondre - il interdit dans la poésie l´enjambement, les césures faibles, l´hiatus, la cacophonie, les rimes négligées - sa doctrine, ce sont seulement les préceptes grammaticaux et métriques et une critique de défauts, il s´agit en fait d´une série d´interdictions et de prescriptions dans la versifications fr. - la poésie est selon lui « un jeu de société », le poète n´a pas une mission importante - il a tué la poésie lyrique en France pour 200 ans - il n´a pas écrit un art poétique spécial, il met en pratique tout ce qu´il veut changer et proclamer, mais il a écrit Les Poèmes de Philippe Desportes où il critique les fautes et les négligences stylistique que selon lui le poète a fait dans sa poésie baroque prose roman héroïque et galant – genre moins idyllique, un rôle plus important de l´histoire, influence de la préciosité, le héros doit se montrer digne de sa dame (dévouement, exploits intrépides) épopée héroïque - conception proche du roman héroïque - sujets plus faibles, l´histoire sainte ou française – Moise sauvé (Saint-Amant), La Pucelle d´Orléans (Chapelain) genre réaliste – les parodies des « hauts » genres Charles Sorel – L´Histoire comique de Francion - peinture des milieux sociaux - la critique de l´époque sous Louis XIII et des hommes - L´Antiroman ou le Berger extravagant – parodie des r. pastoraux Paul Scarron – Le Roman comique – parodie de la société qui veut écouter des histoires comiques et bouleversantes – communication ironique à l´intérieur de l´œuvre, mais aussi vis-à-vis le lecteur – comparable avec le roman Don Quichotte de Cervantes (Espagne) parodie burlesque – Saint-Amant – Le Roman ridicule genre satirique : Mathurin Régnier – Satires – l´auteur donne l´image des moeurs et des caractères ; il demande l´indépendance du talent poétique une partie de ses Satires : Contre Malherbe – l´auteur défend la poésie du 17^e s. que Malherbe a rejetée le baroque - orientation philosophique : Hector Cyrano de Bergerac - l´auteur des romans de voyage, des 1^ers romans « science-fiction », dans ses oeuvres – pensées philosophiques en même temps que histoires satiriques - il devient le personnage principal d´une pièce de théâtre d´Edmond Rostand au 19^e s. (et au 20^e s. du film avec Gérard Dépardieu) - roman L´Autre monde – 2 parties : Les États et Empires de la Lune + Les États et Empires du Soleil François de Sales – évêque de Genève - représentant de l´humanisme chrétien (l´Église catholique l´a proclamé « saint ») - il défend le catholicisme contre la Réforme - dans ses oeuvres, il rend ses propositions de la spiritualité moderne accessible à tous - son idéal de la vie est basé sur la douceur et la dévotion (malgré son caractère cholérique qu´il a su maîtriser) - Introduction à la vie dévote, Traité de l´amour de Dieu René Descartes – le représentant du rationalisme, Discours de la méthode – (voir le cours magistral sur le classicisme) drame - selon le modèle des tragédies antiques, 3 unités, fin tragique, pureté du style (les tragicomédies ne sont pas appréciées, on considère leur forme comme impure) Roger Garnier - reste dans le genre des tragédies, style oratoire (les personnages parlent plus qu´ils n´agissent) - les thèmes pessimistes :l´horreur, la mort, l´enfer - la force du destin - il est catholique, glorifié par les guerres de religion Hippolyte Cornélie Antigone La Troade Les Juives – l´atmosphère tragique, l´éloquence « visionnaire » des personnages est réduite à l´échec, l´auteur donne une justification à l´horreur Pierre Corneille - l´auteur de transition entre le baroque et le classicisme (voir le cours magistral sur le classicisme) ________________________________ [1] Voir - http://membres.lycos.fr/barpreciosite/b_litter.htm Baroko i s ukázkami - http://www.etudes-litteraires.com/bac-francais/mouvement-litteraire-baroque.php Šrámek – Přehled dějin francouzské literatury. FF MU, Brno 1997. ISBN 80-210-1584-5 Dictionnaire Bordas de la littérature française. Bordas, Paris 1994. ISBN 2-04-028041-3 Berthelot, Bury, Cherpentier – Langue et Littérature. Anthologie Moyen-Age – XVIe – XVIIe – XVIIIe siecles. Nathan, Paris 1992. ISBN 2.09.172033.X