t-'CEUVRE - ETUDE 5 Ľ Encyclopédie g 751-1766) Le premier tome de V Encyclopédie (voir p. 494), paru en 1751, fait place ä un texte décisif sur la legitimite du pouvoir... ä peine plus d'une generation avant la Revolution francaise. Fervent admirateur de Locke (voir p. 417), Diderot y exprime sa pensée de facon théorique en s'appuyant sur les croyances chrétiennes pour dejouer la censure. Mais, dans ľ article«Autorite politique », il élimine Dieu de son systéme politique, et fonde la legitimite de la monarchie non plus sur le droit divin, mais sur le consentement du peuple : ce faisant, il jette les bases ďun nouveau contrat social. Autorite politique Diderot Encyclopédie (1751-1766) 1. Souverain bénéfidant du consentement populaire. 2. Usurpateur. 3. ĽÉtat. 10 Autorite politique. Aucun homme n'a recu de la nature le droit de commander aux autres. La liberté est un present du ciel, et chaque individu de la měme espěce a le droit d'en jouir aussitôt qu'il jouit de la raison. Si la nature a établi quelque autorite, c'est la puissance patemelle : mais la puissance patemelle a ses bomes ; et dans ľétat de nature eile finirait aussitôt que les enfants seraient en etat de se conduire. Toute autre autorite vient d'une autre origine que de la nature. Qu'on examine bien, et on la fera toujours remonter ä l'une de ces deux sources : ou la force et la violence de celui qui s'en est emparé ; ou le consentement de ceux qui s'y sont soumis par un contrat fait ou suppose entre eux, et celui ä qui ils ont déféré ľautorite. La puissance qui s'acquiert par la- violence, n'est qu'une usurpation, et ne dure qu'autant que la force de celui qui commande l'emporte sur celle de ceux qui obéissent; en sorte que si ces demiers deviennent ä leur tour les plus forts, et qu'ils secouent le joug, ils le font avec autant de droit et de 15 justice que l'autre qui le leur avait impose. La měme loi qui a fait ľ autorite, la défait alors : c'est la loi du plus fort. Quelquefois ľ autorite qui s'établit par la violence change de nature ; c'est lorsqu'elle continue et se maintient du consentement expres de ceux qu'on a soumis : mais eile rentre par la dans la seconde espěce dont je vais parier; et celui qui se ľétait arrogée devenant alors prince1, cesse d'etre tyran2. La puissance qui vient du consentement des peuples suppose nécessai-rement des conditions qui en rendent 1'usage legitime, utile ä la societě, avantageux ä la république3, et qui la fixent et la restreignent entre des limites. [...] D'ailleurs le gouvernement, quoique héréditaire dans une famille, et mis entre les mains dun seul, n'est pas un bien particulier, mais un bien public, qui par consequent ne peut jamais ětre enlevé au peuple, ä qui seul il appartient essentiellement et en pleine propriété. Aussi est-ce toujours lui qui en fait le bail: il intervient toujours,dans le contrat qui en adjuge l'exercice. 20 25 30 Ce n'est pas l'État qui appartient au prince, c'est le prince qui appartient ä l'État: mais il appartient au prince de gouvemer dans l'État, parce que l'État ľa choisi pour cela ; qu'il s'est engage envers les peuples ä l'administration des affaires, et que ceux-ci de leur côté se sont engages ä lui obéir conformément aux lois. Celui qui porte la couronne peut bien s'en décharger 35 absolument s'il le veut: mais il ne peut la remettre sur la těte d'un autre sans le consentement de la nation qui ľa mise sur la sienne. En un mot, la couronne, le gouvernement, et X autorite publique, sont des biens dont le corps de la nation est propriétaire, et dont les princes sont les usufruitiers, les ministres et les dépositaires. [...] 40 Les conditions de ce pacte sont différentes dans les différents Etats. Mais partout, la nation est en droit de maintenir envers et contre tous le contrat qu'elle a fait; aucune puissance ne peut la changer; et quand il n'a plus lieu4, eile rentre dans le droit et dans la pleine liberté d'en passer un nouveau avec qui, et comme il lui plait. C'est ce qui arriverait en France, si par le plus 45 aranH rips malhp>urQ la famillp» p>nfiŕ>rťi rponantp \«*nait ä c'p>tŕ>inrlrp> iiiQniifs