L'IMMIGRATION et LE RACISME Françoise J.M. Davies - www.aber.ac.uk LES IMMIGRES, QUI SONT-ILS? En Grande-Bretagne, la majorité des immigrés sont Indiens d'origine, mais il y aussi des Antillais, des immigrés d'origine européenne, par exemple des Italiens et des immigrés d'origine asiatique, par exemple des Chinois et des Vietnamiens. En France, la majorité des immigrés - contrairement à ce que l'on croit - sont d'origine européenne: ils sont originaires du Portugal, d'Italie, d'Espagne ou de Turquie, mais il y aussi beaucoup d'Arabes, par exemple des Algériens, des Marocains et des Tunisiens. Ce sont des Maghrébins des gens qui viennent de l'Afique du nord. Il y a pour finir un assez petit nombre d'immigrés qui viennent de l'Afrique noire. POURQUOI SONT-ILS VENUS EN FRANCE? La majorité d'entre eux sont venus en France pour trouver du travail. Leurs conditions de vie dans leur pays d'origine étaient souvent épouvantables et donc, ils quittaient leur famille (laissaient leurs femmes et leurs enfants dans leur pays d'origine) dans l'espoir de trouver un emploi. Dans leur pays d'origine, ils ne pouvaient pas subvenir aux besoins de leur famille. Très souvent, ce sont seulement les hommes qui viennent. Leurs familles ne viennent pas les rejoindre plus tard, bien au contraire. lis se contentent tout simplement d'expédier au Maroc, en Tunisie ... l'argent qu'ils gagnent en France. Certains d'entre eux, quand ils ont gagné suffisamment d'argent repartent dans leur pays d'origine et avec l'argent qu'ils ont économisé, ils arrivent même parfois à ouvrir des commerces, les salaires en France étant beaucoup plus élevés qu'au Maroc. QUELS EMPLOIS OCCUPENT-ILS? En France, ils occupent très souvent les emplois que les Français ne veulent pas, c'est à dire des emplois sales comme éboueur (travailleur de la voirie) ou mal payés (mal rémunérés). Ils travaillent dans le bâtiment, dans la construction et dans les usines et ce sont toujours des métiers qui demandent très peu de qualifications. lis deviennent ouvriers dans la construction automobile, forment la plus grande partie de la main d'oeuvre sur les chantiers de construction, en bref, occupent des emplois subalternes. En Grande-Bretagne, la situation est un peu différente pour les Indiens. Beaucoup d'entre eux ouvrent des commerces (sont commerçants) ou travaillent dans la restauration (sont propriétaires de restaurants). Mais en ce qui concerne les autres immigrés de couleur, par exemple les Antillais, la situation est plus ou moins la même qu'en France. LEURS PROBLEMES A) L'EMPLOI Comme ils occupent dans l'ensemble les emplois les plus mal payés - bien que leurs salaires soient nettement plus élevés que ce qu'ils auraient eu dans leur pays d'origine - leur niveau de vie est relativement bas et n'est souvent pas comparable à celui des autres habitants du pays où ils résident. De plus, ils sont souvent exploités par leurs employeurs. La situation est bien pire pour les immigrés clandestins (les travailleurs clandestins) qui eux n'ont aucune protection sociale. Si leurs employeurs les exploitent, ils ne peuvent pas faire appel à la justice française puisqu'ils sont entrés dans le pays clandestinement. En période de récession économique - ce qui est le cas aujourd'hui- ils sont beaucoup plus touchés par le chômage que les autres catégories sociales. Ils sont les premiers à perdre leurs emplois (à être licenciés). B) LE LOGEMENT Ils ont du mal à trouver un logement, non seulement parce qu'ils ne gagnent pas suffisamment d'argent pour s'acheter un logement ou même pour en louer qui soit correct, mais aussi parce que beaucoup de propriétaires n'aiment pas louer leurs appartements à des gens de couleur. Par racisme, ces propriétaires refusent de leur louer des appartements prétendant qu'ils sont sales, bruyants, qu'ils font des histoires, qu'ils sont plus violents que les Français, que leurs enfants sont des délinquants, des voyous, des vandales, ce qui fait que dans beaucoup de grandes villes françaises, on trouve des quartiers qui sont uniquement peuplés d'Arabes. Les Blancs vivent ailleurs. C'est une véritable ségrégation basée sur la couleur de la peau. Les Maghrébins vivent souvent dans les quartiers les plus pauvres, dans les zones urbaines les plus défavorisées où les maisons, les immeubles sont mal entretenus, une sorte de cités-ghettos. C) L'INTEGRATION Ils ont du mal à s'intégrer dans la société dans laquelle ils vivent. Leurs coutumes, leur religion et même leur langue sont différentes de celles du pays où ils résident. Souvent, ils n'arrivent pas à comprendre la façon de vivre des Français qu'ils rencontrent et ils n'ont rien de commun avec eux. Ils se sentent exclus, différents ... Ils ont leur propre culture, leurs propres coutumes auxquelles ils sont souvent très attachés et qu'ils veulent préserver à tout prix. Comme cette culture, ces coutumes sont tout à fait différentes de celles des Français; cela peut exacerber le racisme de ces derniers. Ainsi, certains Français, au lieu de respecter une culture qui est différente de la leur, s'en moquent ou la tournent en dérision. D) LE RACISME En période de récession économique, en période de chômage, lorsque les choses ne vont pas bien, il est souvent beaucoup plus facile de trouver un bouc-émissaire plutôt que d'accepter la situation telle qu'elle est. Il est plus facile de dire que c'est la faute aux immigres, qu'ils volent les emplois des Français, que sans eux il y aurait moins de chômage en France ... Le slogan "un immigré de moins, un chômeur de moins"est très souvent repris par les membres des partis d'extrême-droite (tel que le Front National et son leader Jean-Marie Le Pen). Certains Français voudraient donc qu'on expulse tous les immigres (qu'on les rapatrie dans leur pays d'origine) ou du moins qu'on favorise leur retour dans leur pays d'origine. De plus, certains Français croient que ces immigrés coûtent cher à la France parce que, s'ils sont au chômage, il faut leur verser une allocation au chômage ... s'ils sont malades, ils prennent la place d'un Français à l'hôpital et il faut que l'état - en d'autres termes, le contribuable français - les prenne en charge. Ces Français ont peur d'une culture qui est différente de la leur,. Ils se méfient des gens qui sont différents et ils peuvent même en arriver à se sentir menacés par ces coutumes différentes. Selon eux, il faudrait que les immigrés, les Arabes ... adoptent la culture française, un point, c'est tout. Ils ne tolèrent pas ce qui est différent (Ils manquent de tolérance). En bref, certains Français pensent que les immigrés sont responsables de tous les maux qui touchent la société française. Ce sont surtout les immigrés de couleur qui sont les victimes de ces sentiments racistes. LA SECONDE GENERATION D'IMMIGRES La plupart d'entre eux sont nés en France, ils ont vécu toute leur vie en France mais ils sont toujours considérés comme des immigrés et traités comme tels par un grand nombre de Français. Tel est le cas des Beurs qui sont de jeunes Maghrébins nés en France de parents immigrés. Très souvent, ces jeunes n'acceptent pas la culture, les coutumes de leurs parents et ils rejettent leur milieu familial - les filles maghrébines veulent pouvoir choisir leur mari, trouver un emploi, sortir le soir et elles ne veulent pas obéir aveuglément à leur père - Certains ont honte de leur origine et préfèrent copier le comportement des adolescents de leur âge. Malheureusement, ce qui est assez triste, c'est que cette seconde génération d'immigrés n'est pas non plus vraiment acceptée par la population française et c'est bien sûr une situation intenable pour eux car ils ne se sentent bien nulle part. Ils ne sont ni tout à fait français, ni tout à fait étrangers. Tout cela peut mener à une frustration terrible, frustration qui peut déclencher de la violence, surtout lorsqu'on sait que la grande majorité d'entre eux n'ont aucune chance de trouver du travail ou s'ils en trouvent, ce sera probablement le même genre de travail que leurs parents. De là à la délinquance, il n'y a qu'un pas. FAITS A SIGNALER En août 1996, des Maliens sans papiers ont été expulsés de l'église Saint Bernard à Paris où ils s'étaient réfugiés. Cette intervention des forces de l'ordre a été beaucoup critiquée par des organisations telles que S.O.S Racisme, mais elle a reflété la détermination du gouvernement de Jacques Chirac de résoudre le problème des clandestins en France. Cinq cents clandestins avaient déjà été expulsés de France au début de l'année 96. Un tiers de la population globale du Mali, soit 5 millions, a immigré vers les pays riches. En effet, cela fait partie de la tradition du pays de laisser les hommes jeunes quitter leurs villages et de les envoyer en France ou ailleurs, dans l'espoir qu'ils pourront ainsi aider leur famille financièrement. Sur ces 5 millions d'immigrés, 1 à 2 millions seraient clandestins.