De la religion Les évolutions de la pratique religieuse Une enquête de l'Ifop réalisée pour « La Croix » dresse le profil des catholiques en France. Ils sont moins de 5 % à déclarer assister à la messe chaque dimanche, mais un quart à se qualifier de pratiquants On peut être catholique sans pratiquer et pratiquant sans aller à la messe : c’est, en résumé, la conclusion d’une enquête réalisée par l’Ifop. Une enquête exceptionnelle par son ampleur – près de 30 000 personnes interrogées –, qui permet, pour la première fois depuis longtemps, de mesurer le nombre de « messalisants » en France (lire les Repères). Alors que les deux tiers des Français se disent catholiques, ce « noyau dur » des catholiques représente 4,5 % de la population. Un chiffre en nette érosion, surtout depuis le milieu des années 1970. Au point que les sociologues ont renoncé à le prendre en compte et considèrent comme « pratiquants » les catholiques déclarant aller au moins une fois par mois à la messe. Pour cette enquête, l’Ifop a choisi de laisser aux interviewés eux-mêmes le soin de se qualifier ou non de pratiquants. 25 % des catholiques seraient ainsi pratiquants, tandis que 7 % iraient régulièrement à la messe. « Dans la bouche même des catholiques, on peut donc se dire pratiquant sans aller à la messe tous les dimanches », relève Jérôme Fourquet, directeur adjoint de l’opinion publique à l’Ifop, qui a supervisé cette enquête. Comment expliquer ce décalage ? L’islam En France, à peu près 60 000 personnes (les estimations varient selon les sources) se seraient converties à l’islam^[]. Il y aurait environ 3600 conversions tous les ans. Entre 150 et 200 musulmans se convertiraient au catholicisme par an, dont beaucoup d'enfants issus de mariages mixtes^[]. Le nombre de personnes quittant l'islam, sans adopter le catholicisme, n'est pas comptabilisé. D’après Stefano Allievi, c’est là un domaine peu exploité en sociologie religieuse car ce sont les « conceptions statiques de la religion »^[] qui sont généralement étudiées. Néanmoins, la conversion musulmane est un sujet exploité par plusieurs chercheurs : Stefano Allievi, Sarah Daynes, Mercedes Garcia-Arenal, du milieu des années 1980 jusqu’à aujourd’hui. Le rôle des convertis semble pouvoir devenir un enjeu important dans la configuration de l’islam européen, et cela à plusieurs titres. D’une part, ils sont des intermédiaires sociaux fondamentaux, car ils produisent une culture islamique européenne. D’autre part, le converti se repositionne par rapport à son environnement social et il exprime son acte en termes de choix Les études montrent une évolution de la pratique religieuse : d'après un sondage CSA-La Vie réalisé en 2006, 49 % des musulmans sondés ne vont jamais à la mosquée, 88 % respectent le jeûne du ramadan ainsi que les prières ou la pratique de la charité, contre 60 % en 1989 En France, la population musulmane est surtout concentrée dans certains quartiers souvent défavorisés, en particulier dans de grandes agglomérations comme Lyon, Marseille, Paris ou Strasbourg. On parle parfois de ghettos. À titre d’exemple, le département de la Seine Saint-Denis dans la banlieue parisienne cumule une forte proportion de musulmans (un tiers de la population) et un fort taux de chômage (30 % dans la commune de La Courneuve). L'intégration des populations musulmanes a connu plusieurs entraves du fait de traditions et modes de pensées liés au culte. En plus des problèmes de compatibilité entre le droit européen et la loi islamique, le port du voile islamique dans les établissements scolaires a été perçu comme entrant en contradiction avec le principe de laïcité. Une enquête du Centre de recherches politiques de Sciences Po^[48] fait apparaître que la proportion de musulmans pratiquants revendiquant des positions culturelles traditionalistes. Selon ce sondage, 39 % des musulmans pratiquants condamnent l'homosexualité (contre 21 % de l'ensemble des Français), 43 % approuvent des horaires séparés pour les femmes dans les piscines et 46 % manifestent des sentiments antisémites (contre 18 % de Français). On compare ici les réponses de l'ensemble de la population française avec la fraction musulmane pratiquante. En revanche, 80 % des pratiquants expriment une opinion positive sur la religion chrétienne. Selon ce même sondage, « Alors que seulement 3 % des Français de 18 à 35 ans donnent des réponses qui les classent comme « conservateurs », ils sont 40 % parmi ceux issus de cette immigration. » Comprenez-vous ce dialogue? Madame Laparoisse: "Alors, Pierre, c'est pour aujourd'hui ou pour la saint-glinglin?! Mon fils n'est pas très obéissant. C'est la croix et la bannière pour lui faire faire n'importe quoi! Madame Lemaître: - Vraiment?! On lui donnerait le bon Dieu sans confession! Pas comme la fille de Mme Joyeux. Madame Laparoisse: - Vous avez raison! Sa fille est une sainte nitouche! Et sa mère est une grenouille de bénitier! Leurs voisins disent aussi qu'ils tirent le diable par la queue. Madame Lemaître: - Ah bon?!" Petit reportage sur la pratique religieuse en prison http://www.youtube.com/watch?v=PjD6fAbveGw