L'Alexandrin Je crains Dieu, / cher Abner, // et n'ai point / d'autre crainte /Jean Racine/ Oui, / c'est Agamemnon, // c'est ton roi / qui t'eveille /Jean Racine/ Tantot legers, / tantot boiteux, / toujours pieds nus. /Alfred de Musset/ Le decasyllabe Oliver sent // qu'il est a mort nasfret /La chanson de Roland/ Fache d'ennui, // console d'esperence /Clement Marot/ Ainsi partages, // boiteux et mal faits, Ces vers languissants / ne plairont jamais. /Voltaire/ L'Octosyllabe Mais oil sont / les nei/ges d'antan? /Frangois Villon/ Mes chers / amis,/ quand je mourrai Plantez / un sau/le au cimetiere /Alfred Musset/ L'hendecasyllabe Les sylphes legers // s'en vont dans la nuit brUne Courir sur les flots // des ruisseaux querelleurs /Theodore de Banville/ L'Enneasyllabe Oui! c'est Dieu / qui t' appe/lle et t'eclaire. A tes yeux / a brille / sa lumiere /Eugene Scribe/ L'Heptasyllabe J'ai couche / mollement, Et, contre mon / ordinaire /Jean de la Fontaine/ Le Pentasyllabe Gothi/que donjon, Et fleche gotique, Dans un ciel / d'optique, La-bas, / c'est Dijon. /Theodore de Banville/ Le Trisyllabe Ce bruit vague Qui s'endort, C'est la vague Sur le bord, /Victor Hugo/ Le Monosyllabe Sur la mort d'une rose Fort Belle, Elle Dort. Sort Freie, Quelle Mort! Rose Close, La Brise L'a Prise. /Jules de Resseguier/ L' Assonance Co sent Rollanz que la morz li est pres, Par les oreilles fors s'en ist li cervels ; De ses oers priet Damnedeu ques apelt, E pois de lui a 1'angle Gabriel. /La Chanson de Roland/ La Rime La rime imparfaite /approximative/ : grande x gronde ; Rosemonde x Ho11ande La rime inversée : Chine x niche ; cor x roc Les rimes isométriques : bruit x nuit Les rimes hétérometriques : lion x rébélion La rime pauvre : nos x os La rime süffisante : mer x fer ; va x trouva ; voix x bois La rime riche : pensée x dispensée ; utilitě x tranquillité Les rimes masculines : beau, nouveau ; cité, beauté ; port, bord Les rimes feminines : destinée, lignée ; finie, bénie La disposition des rimes a/ rimes plates : aa bb cc dd b/ rimes croisées : ab ab be be cd cd c/ rimes embrassées : abba beeb eddc d/ rimes mélées : feminine x masculine e/ rime en echo : Qui est l'auteur de ces maux advenus : Venus. /du Beilay/ f/ le vers léonin : Mais voirement, ami Clement, la rime batelée : Que n'avons-nous Juvenal et Horace ? Que n'est or ä ce un second Perse en vie /Cretin/ h/ la rime brisée : j.......a..........A ........b..........B 1/ la rime equivoque retrograde : Playsir n'ay plus, mais vy en desconfort Fortune m'a remis en grand douleur : /Marot/ L'enjembement ; le rejet ; le contre-rejet Et quand il s'en allait sans rien voir, á travers Les champs, sans distinguer les étés des hivers /Baudelaire/ Je répndrai, Madame, avec la liberté D'un soldat, qui sait mal farder la véritě /Racine/ L'Assonance Co sent Rollanz que la morz li est pres, Par les oreilles fors s'en ist li cervels ; De ses oers prlet Damnedeu ques apelt, E pois de lui a 1'angle Gabriel. /La Chanson de Roland/ La Rime La rime imparfaite /approximative/ : grande x gronde ; Rosemonde Hollande La rime inversée :t Chine x niche ; cor x roc Les rimes isométriques : bruit x nuit Les rimes hétérometriques : lion x rébélion La rime pauvre : nos x os La rime süffisante : mer x fer ; va x trouva ; voix x bois La rime riche : pensée x dispensée ; utilitě x tranquillité Les rimes masculines : beau, nouveau ; cité, beauté ; port, bord Les rimes feminines : destinée, lignée ; finie, bénie La disposition des rimes a/ rimes plates : aa bb cc dd b/ rimes croisées : ab ab be be cd cd c/ rimes embrassées : abba beeb eddc d/ rimes mélées : feminine x masculine e/ rime en echo : Qui est l'auteur de ces maux advenus : Venus. /du Beilay/ f/ le vers léonin : Mais voirement, ami Clement, g/ la rime batelée : Que n'avons-nous Juvenal et Horace ? Que n'est or ä ce un second Perse en vie /Cretin/ h/ la rime brisée : ........a..........A ........b..........B i/ la rime equivoque retrograde : Playsir n'ay plus, mais vy en desconfort Fortune m'a remis en grand douleur : /Marot L'enjembement ; le rejet ; le contre-rejet Et quand il s'en allait sans rien voir, ä travers Les champs, sans distinguer les étés des hivers /Baudelaire/ Je répndrai, Madame, avec la liberté D'un soldat, qui sait mal farder la vérité /Racine/ Les Poémes á forme fixe Le nombre de strophes, des vers, des syllabes et des rimes est fixe : Le Moyen Äge : le lai : 12e s. - les romans en octosyllabes ( Marie de France Le lai de chěvrefeuille le virelai : 3 strophes, octosyllabe, deux rimes le rondel : 3 strophes, 2 rimes, refrain le rondeau la ballade : 3 strophes, refrain ; 3 strophes, refrain, 1'envoi le chant royal : 5 strophes, 1'envoi le sonnet : 14 vers, 2 quatrains (abba, abba), 2 tercets (ccd, eed ou ccd, ede) le stances ; 8 vers de 11 sylabbes (abababcc) La Renalssence : le sonnet l'ode 1 'hymne 1'élégle 1'Idylle 1'épltre la satire 1'épigramme Symbolisme : ♦ 4 le vers l±bre Wane de France Lai du Chěvrefeuille PIERRE DE RONSARD Asez me piest e bien le voil, Del lai qu'hum nume Chievrefoil, Que la veríte vus en cunt Pur quei fu fez, coment e dunt. Plusur le m'unt cunté e dit E jeo ľai trove en escrít De Tristram e de la reine, De lur amur ki tant fu fine, Dunt il eurent meinte dolur, Puis en mururent en un jur. Li reis Marks esteit curuciez, Vers Tristram sun nevu iriez ; De sa tere le cungea Pur la reihe qu'il ama. En sa cuntree en est alez, En Suhtwales u il fu nez. ün an demurat tut entier, /Ye pot ariere repeirier; Mes puis se mist en abandun De mort e de destructľun. 10 15 20 BALLADE DES DAMES DU TEMPS JADIS FRANCOIS VILLON Dites moi ou, n'en quel pays Est Flora la belle Romaine; Archipiades 1 ne Thais Qui fut sa cousině germaine; Echo, parlant quand bruit on mene Dessus riviere ou sus étang, Qui beauté ot trop plus qu'humaine? Mais ou sont les neiges d'antan? Ou est la tres sage Helois, Pour qui fut chátré et puis moine Pierre Esbaillart2 a Saint Denis? Pour son amour ot cette essoine. Semblablement ou est la roine Qui commanda que Buridan Fút jeté en un sac en Seine ? Mais ou sont les neiges d'antan? II me plait assez, et je veux bien, A propos du lai qu'on nomme Chěvrefeuille, Vous en dire la vérité, Pour quoi il fut fait, comment, et en quelles circonstances. Plusieurs m'en ont conté et dit, Et je ľai trouvé dans des textes écrits, De ce qui conceme Tristan et la reine, De leur amour qui fut si parfait, Dont ils souffrirent maintes douleurs, Puis en moururent en un seul jour. Le roi Marc était courroucé, Et en colěre contre son neveu Tristan ; 11 le chassa de sa terre. A cause de la reine qu'il aimait. II alia en son pays, En Southwales ou il était né. II y resta un an tout entier, Sans pouvoir revenir en arriěre ; Mais ensuite il prit le risque De mourir et d'etre mis ä mort. Ne vous étonnez nullement, Car celui qui aime loyalement Est trěs dolent et mélancolique Quand il n'a ce qu'il veut. ,, » CHARLES D'ORLÉANS Rondeaux Le temps a laisse son manteau De vent, de froidure et de pluie, Et s'est vetu de broderie, De soleil luisant, clair et beau. II n'y a bete, ni oiseau, Qu'en son jargon ne chante ou crie Le temps a laiss6 son manteau! Riviere, fontaine et ruisseau Portent, en livree jolie, Gouttes d'argent d'orfevrerie, Chacun s'habille de nouveau : Le temps a laisse son manteau. o \___ Ode O Fontaine Bellerie, Belle fontaine cherie De nos Nymphes, quand ton eau Les cache au creux de ta source, Fuyantes le Satyreau, Qui les pourchasse ä la course Jusqu'au bord de ton ruisseau, Tu es la Nymphe eternelle De ma terre paternelle : Pource en ce pre verdelet Vois ton Poete qui t'orne D'un petit chevreau de lait, A qui l'une et l'autre corne Sortent du front nouvelet. L'Ete je dors ou repose Sur ton herbe, oü je compose, Cache sous tes saules verts, Je ne sais quoi, qui ta gloire Enverra par l'univers, Commandant ä la Memoire Que tu vives par mes vers. L'ardeur de la Canicule Ton vert rivage ne brule, Tellement qu'en toutes parts Ton ombre est epaisse et drue Aux pasteurs venant des pares, Aux bceufs las de la charrue, Et au bestial epars. 16! tu seras sans cesse Des fontaines la princesse, Moi celebrant le conduit Du rocher perce, qui darde Avec un enroue bruit L'eau de ta source jasarde Qui trepillante se suit. La roine Blanche comme un lis Qui chantoit a voix de seraine, Berthe au grand pied, Bietris, Alis, Aremburgis qui tint le Maine, Aussi ces pauvres femmelettes Qui vieilles sont et n'ont de quoi, Quand ils voient ces pucelettes Emprunter elles 1, a recoi Ils demandent a Djeu pourquoi Si tot naquirent, n'a quel droit. Notre Seigneur se tait tout coi, Car au tancer2 il le perdroit. Q öS co -5 O OS -S1 "S3 S jo Cd U J TJ cd „ v co u 3 03 u p — Ih co TJ tí 5 u feo T3 fd co 'Cd -c , a 5 o co tí tí ^ CLí o 6 cd CO & co o -S u" a, y a-5 U g f § co *■ c/3 tí *» p cd u ň p G u u ^ v -a c o £ p kí if > co feo C cd -tí u co a. CO co *- 3 CO O ■» S « -S c p v c* "E p co B CO fee C cd -c — p cd 3 u" • tí ^ 3 £3 -V ■> p V p p co c feo CO x) u p (« o tí v -CD o- S p MU cd cd S > 2 c3 ^ cd ^4 TJ B, u o u u a u vi cx B u w tu -o " -ä . „- «j ■ C o cd TJ u CS S -cd • CO > C cd ň CO" o -v '< .< ö w S a:.m.S$,.^-S.ÍOi*: ° cP m o u o 3 tí 5 u cß .S U CO O-TJ CO g CO 3 o a 3 ,ca 3 CO 3 CO 3 3 J- ° — TJ o. .S •7 6 § U _ 2 co Ch C co CO 3 CO Q -CO tn m Q '3 .2 „ feo cd cd C g tj cd c TJ p V '> CO CO 3 ■a CO •CO Q* — S tí S 3 tí° -C CO u tí tí CO CO CO tí '> o u O, cd g CO 3 TJ —i tí CO c cd TJ cd TJ 3 *- O 3 co CO S 3 ŕ 2 cd tí — , v - T ■ 3 .TJ co C co c "S- S C: tí: S. )co .S '''3i-tí-uhU o'O- -3 o hQ tí cd u '3 "E. TJ C cd í-. feo CO c TJ PAUL VERLAINE _ MÜSSET Le son du cor s'afflige vers les bois D'une douleur on veut croire orpheline Qui vient mourir au bas de la colline Parmi la bise errant en courts abois. L'ame du loup pleure dans cette voix Qui monte avec le soleil qui decline D'une agonie on veut croire cáline Et qui ravit et qui navře á la fois. Pour faire mieux cette plainte assoupie, La neige tombe á longs traits de charpie A travers le couchant sanguinolent, Et Pair a Pair d'etre un soupir d'automne, Tant il fait doux par ce soir monotone Oú se dorlote un paysage lent. JEAN MOREAS Stance, Ne dites pas : la vie est un joyeux festin; Ou c'est d'un esprit sot ou c'est d'une äme basse. Surtout ne dites point : eile est malheur sans fin; C'est d'un mauvais courage et qui trop tót se lasse. Riez comme au printemps s'agitent les rameaux, Pleurez comme la bise ou le flot sur la grěve, Goůtez tous les plaisirs et souffrez tous les maux; Et dites : c'est beaucoup et c'est l'ombre d'un réve. Le coq chante la-bas; un faible jour tranquille Blanchit autour de moi; Une derniere flamme aux portes de la ville Brille au mur de l'octroi. O mon second berceau, Paris, tu dors encore Quand je suis eveille Et que j'entends le pouls de mon grand coeur sonore Sombre et depareille. Que veut-il, que veut-il, ce cceur? malgre la cendre Du temps, malgre les maux, Pense-t-il reverdir, comme la tige tendre Se couvre de rameaux? elegie Mes chers amis, quand je mourrai, Flantez un saule au cimetiere. J'aime son feuillage eplore; La paleur m'en est douce'et chere Et son ombre sera legere A la terre ou je dormirai. Un soir, nous etions seuls, j'etais assis pres d'elle; Elle penchait la tete, et sur son clavecin La.ssan, tout en revant, flotter sa blanche main. Ce n etait qu un murmure : on eut dit les coups d'afle pun zephyr elcngne glissant sur des roseaux Et craignant en passant d'eveiller les oiseaux .es tiedes voluptes des nuits melancoliques Sortaient autour de nous du calice des fleurs Les marronniers du parc et les chenes antiques ;Se berca^nt doucement sous leurs rameaux en pleurs 'Nous ecoutions la nuit; la croisee entr'ouverte Laissan venir a nous les parfums du printemps-Les vents etaient muets, la plaine etait deserte' N""S etl?nS seuls> P^sifs, et nous avions quinze ans i regarda, Lucie. - Elle etait pale et blonde! ^mais deux yeux plus doux n'ont du del le plus pur »onde la profondeur et reflechi l'azur ? | beaute m'enivrait; je n'aimais qu'elle au monde t';,C 1>aimer « onlime une Zur ant ce qUI venait d'elle etait plein de pudeur- t n7.tumes longtemps; ma main touchait la sienne regardais rever son front triste et charmant Ije sentais dans lw> , chaque mouvemen; tembien peuvent sur nous, pour guerir toute peine^ Ges deux signes jumeaux de paix et de bonheur, Jeunesse de visage et jeunesse de cceur. La lune, se levant dans un ciel sans nuage, D'un long reseau d'argent tout a coup l'inonda; Elle vit dans mes yeux resplendir son image; Son sourire semblait d'un ange : elle chanta.... Doux mystere du toit que 1'innocence habite, Chansons, reves d'amour, rires, propos d'enfant, Et toi, charme inconnu dont rien ne se defend, Qui fit hesiter Faust au seuil de Marguerite, Candeur des premiers jours, qu'etes-vous devenus? Paix profonde a ton ame, enfant! a ta memoire! Adieu! ta blanche main sur le clavier d'ivoire, Durant les nuits d'ete, ne voltigera plus... Mes chers amis, quand je mourrai, Plantez un saule au cimetiere. J'aime son feuillage eplore; La paleur m'en est douce et chere, Et son ombre sera legere A la terre ou je dormirai.