1/ Le champ lexical 1.1 Lisez le texte suivant et répondez aux questions J'étais bien incapable de mesurer le chemin parcouru, ni le temps. Je sais seulement que nous allions vite, très vite, de plus en plus vite. Le vent de la course n'était plus, comme au début, l'obstacle auquel je m'appuyais de tout mon poids, il était devenu un couloir vertigineux, un vide entre deux colonnes d'air brassées à une vitesse foudroyante. Georges Bernanos, Journal d'un curé de campagne, Pion, 1936. o Plusieurs mots de ce texte se rattachent au thème de la vitesse, repérez-les. o Établissez une classification de ces mots (à titre d'exemple : classifications grammaticales...). o Parmi les propositions d'interprétation suivantes, quelles sont celles qui vous semblent convenir ? Le champ lexical de la vitesse exprime : a) l'ivresse grandissante de la vitesse ; b) la sensation d'une accélération ; c) l'angoisse grandissante face à la vitesse ; d) le refus de la vitesse. 1.2 Lisez le texte suivant et répondez aux questions : Ou plutôt) toute sa personne était une grimace. Une grosse tête hérissée de cheveux roux ; entre les deux épaules, une bosse énorme dont le contre-coup se faisait sentir par devant ; un système de cuisses et de jambes si étrangement fourvoyées, qu'elles ne pouvaient se toucher que par les genoux, et, vues de face, ressemblaient à deux croissants de faucilles qui se rejoignent par la poignée ; de larges pieds, des mains monstrueuses ; et, avec toute cette difformité, je ne sais quelle allure redoutable de vigueur, d'agilité et de courage ; Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, 1831. o La dernière proposition du passage résume les deux champs lexicaux du texte : quels sont-ils ? o Soulignez dans le texte, de deux couleurs différentes, les mots qui se rattachent à chacun de ces champs lexicaux. o Quelle interprétation pouvez-vous donner à ces champs lexicaux ? justifiez votre réponse. 2/ Procédés musicaux · exercice n° 1 Des meubles luisants, Polis par les ans, Décoreraient notre chambre ; Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs Aux vagues senteurs de l'ambre, Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale, Tout y parlerait A l'âme en secret Sa douce langue natale. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. Charles Baudelaire, extrait de « L’invitation au voyage », les Fleurs du mal, 1857. 1-Lisez le texte suivant et relevez les allitérations et les assonances dans la strophe. Comment interprétez-vous cette musique ? 2-Analysez le rythme du distique (groupe de 2 vers) et dites en quoi il participe au sens du poème. · exercice n°2 Femme, pose sur mon front tes mains balsamiques, tes mains douces plus que fourrure. Là-haut les palmes balancées qui bruissent dans la haute brise nocturne À peine. Pas même la chanson de nourrice. Qu'il nous berce, le silence rythmé. Écoutons son chant, écoutons battre notre sang sombre, écoutons Battre le pouls profond de l'Afrique dans la brume des villages perdus. L.S. Senghor, Extrait de « Nuit de Sine », Chants d’ombre, 1945 Etudiez et interprétez les procédés musicaux à l’œuvre dans cette strophe. 3/ Figures de style · Exercice 1 : Identifiez les figures de style dans les extraits suivants : v « L'avarice perd tout en voulant tout gagner. » (La Fontaine, Fables) v L'Elysée a annoncé que le SMIC serait réévalué de 20 % au 1^er juillet. v C'est le plus bel homme qui ait jamais existé. v De l'horrible danger de la lecture (titre d'un pamphlet de Voltaire). v Mes parents sont partis dans un autre monde. v Les mousquetaires croisaient le fer trop souvent au goût de certains. v « Vous êtes mon lion superbe et généreux. » (Victor Hugo, Hernani.) v « C'est un roc !... C'est un pic !... C'est un cap !... Que dis-je, c'est un cap ?... C'est une péninsule ! » (Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac.) v Un silence assourdissant s'est abattu sur l'assemblée. v « Poésie ! Ô trésor, ô perle de la pensée. » (Alfred de Vigny) v Tel qui rit vendredi dimanche pleurera. (Racine, Les Plaideurs.) v « Nous troublons la vie par le soin de la mort et la mort par le soin de la vie. » (Montaigne, Essais) v Ce bordeaux a une belle couleur. v « Madame se meurt ! Madame est morte ! » (Bossuet, Oraison funèbre de Henriette Anne d'Angleterre.) v « L'œil était dans la tombe et regardait Caïn. » (Victor Hugo, La Légende des siècles) v Quel silence éloquent ! v Tel père, tel fils. v La vie est un songe v Les cordes ont particulièrement bien joué ce soir. v C'est un jeune vieillard. v Je voulais en mourant prendre soin de ma gloire Et dérober au jour une flamme si noire. (Jean Racine, Phèdre) v Sans raison il est gai, sans raison il s'afflige. (N. Boileau, Satire VIII) v Je définis la cour un pays où les gens Tristes, gais, prêts à tout, à tout indifférents, (Jean de La Fontaine, Fables VIII, 14, 1668.) v Le lait tombe ; adieu veau, vache, cochon, couvée.(Jean de La Fontaine, Fables, VII, 10, 1668.) v Rome, l'unique objet de mon ressentiment ! Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon amant ! Rome, qui t'a vu naître, et que ton cœur adore ! Rome enfin que je hais parce qu'elle t'honore ! (P. Corneille, Horace, 1640) v Et l'on crut que Philis était l'astre du jour. (V. Voiture, Poésies 1645) v Chimène avoue la force de son amour à Rodrigue : Va, je ne te hais point. (P. Corneille, le Cid) v La puce, un grain de tabac à ressort (J. Renard, Histoires Naturelles, 1896) v Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe, Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur. (V. Hugo, Les Contemplations, 1856) v La Lison (la locomotive), renversée sur les reins, le ventre ouvert, perdait sa vapeur, par les robinets arrachés, les tuyaux crevés en des souffles qui grondaient, pareils à des râles furieux de géante. (E. Zola, La bête humaine, 1890) · Exercice 2 Voici quelques phrases de la conversation de tous les jours. Indiquez, pour chacune, s'il s'agit d'une hyperbole, d'une litote, d'un euphémisme, d'une redondance ou d'une prétérition. 1. Je suis mort de fatigue. 2. Je ne veux pas t’influencer, mais ton avis me paraît contestable. 3. J'ai le cœur brisé, la mort dans l'âme. 4. Ce n'est pas désagréable, 5. Je suis fou de rage. 6. Il est vraiment gentil, vraiment sympathique 7. Cette robe n'est pas vilaine, mais elle n'est pas bon marché. 4/ Les sens Un hémisphère dans une chevelure Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l'odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l'eau d'une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l'air. Si tu pouvais savoir tout ce que je vois! tout ce que je sens! tout ce que j'entends dans tes cheveux ! Mon âme voyage sur le parfum comme l'âme des autres hommes sur la musique. Tes cheveux contiennent tout un rêve, plein de voilures et de mâtures; ils contiennent de grandes mers dont les moussons me portent vers de charmants climats, où l'espace est plus bleu et plus profond, où l'atmosphère est parfumée par les fruits, par les feuilles et par la peau humaine. Dans l'océan de ta chevelure, j'entrevois un port fourmillant de chants mélancoliques, d'hommes vigoureux de toutes nations et de navires de toutes formes découpant leurs architectures fines et compliquées sur un ciel immense où se prélasse l'éternelle chaleur. Dans les caresses de ta chevelure, je retrouve les langueurs des longues heures passées sur un divan, dans la chambre d'un beau navire, bercées par le roulis imperceptible du port, entre les pots de fleurs et les gargoulettes rafraîchissantes. Dans l'ardent foyer de ta chevelure, je respire l'odeur du tabac mêlé à l'opium et au sucre; dans la nuit de ta chevelure, je vois resplendir l'infini de l'azur tropical; sur les rivages duvetés de ta chevelure je m'enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l'huile de coco. Laisse-moi mordre longtemps tes tresses lourdes et noires. Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs. Charles Baudelaire - Le Spleen de Paris a) Relevez les mots et expressions du poème qui attestent la participation des cinq sens. b)Quelle image de « l’ailleurs » rêvé par Baudelaire apparaît, à travers le sens de la vue ? c) « Les parfums, les couleurs et les sons se répondent » écrit Baudelaire dans son poème « Correspondances ». Analysez le jeu des synesthésies (correspondances des différentes sensations) dans le poème d)Que manifeste cet éveil des sens chez le poète ? 5/ La tonalité du texte Lisez les extraits suivants et déterminez la tonalité de chacun d'eux. Précisez sur quels éléments du texte vous vous appuyez. a) Bélise Veux-tu toute ta vie offenser la grammaire ? Martine Qui parle d'offenser grand'mère ni grand'père ? Philaminte Ô Ciel ! bélise Grammaire est prise à contre-sens par toi, Et je t'ai dit d'où vient ce mot. Martine Ma foi ! Qu'il vienne de Chaillot, d'Auteuil, ou de Pontoise, Cela ne me fait rien. Molière, les Femmes savantes, II, 6, 1672. b) Ils se battent - combat terrible - corps à corps. Voilà déjà longtemps que leurs chevaux sont morts ; Us sont là tous deux dans une île du Rhône. Le fleuve à grand bruit roule un flot rapide et jaune, Le vent trempe en sifflant les brins d'herbe dans l'eau. L'archange saint Michel attaquant Apollo Ne ferait pas un choc plus étrange et plus sombre ; Déjà, bien avant l'aube, ils combattaient dans l'ombre. Victor Hugo, la Légende des siècles, 1859. c) En face de moi, dans le corridor, se tenait, debout, une forme haute et noire, - un prêtre, le tricorne sur la tête. La lune l'éclairait tout entier à l'exception de la figure : je ne voyais que le feu de ses deux prunelles qui me considéraient avec une solennel- le fixité. Le souffle de l'autre monde enveloppait ce visiteur, son attitude m'oppressait l’âme. Auguste Villiers de L'Isle-Adam, Contes cruels, 1883. d) Oui, Prince, je languis, je brûle pour Thésée Je l'aime, non point tel que l'ont vu les Enfers Volage adorateur de mille objets divers, Qui va du dieu des morts déshonorer la couche ; Mais fidèle, mais fier, et même un peu farouche, i Charmant, jeune, traînant tous les cœurs après soi, , Tel qu'on dépeint nos dieux, ou tel que je vous voi. Jean Racine, Phèdre, II, 5, 1677. e) Il se leva derrière la broussaille pluvieuse et les nuages bas d'une plaine déserte. De durs cahots secouèrent la voiture sur une piste écorchée et galeuse, rongée de larges plaques malsaines d'une herbe maigre. Cette piste ressemblait à une tranchée basse. Julien Gracq, le Rivage des Syrtes, Corti, 1951. f) Une voix me dit : Marche ! et l'abîme est profond, Et de flamme ou de sang je le vois rouge au fond ! Cependant à l'entour de ma course farouche, Tout se brise, tout meurt. Malheur à qui me touche ! Victor Hugo, Hernani, III, 4, 1830. g) Le piano que baise une main frêle Luit dans le soir rose et gris vaguement, Tandis qu'avec un très léger bruit d'aile Un air bien vieux, bien faible et bien charmant Rôde discret, épeuré quasiment, Par le boudoir longtemps parfumé d'Elle. Paul Verlaine, Romances sans paroles, 1874. h) Ce fut dans cet important et brillant tourbillon où le Roi se jeta d'abord, et où il prit cet air de décence et la majesté. On peut dire qu'il était fait pour elle, et que, au milieu de tous les autres hommes, sa taille, son port, les grâces, la beauté, et la grande mine qui succéda à la beauté, jusqu'au son de sa voix et à l'adresse et la grâce naturelle et majestueuse de toute sa personne, le faisaient distinguer jusqu'à sa mort comme le roi des abeilles, et que, s'il ne fût né que particulier, il aurait eu également le talent des fêtes, des plaisirs, de la galanterie, et de faire les plus grands désordres de l'amour. Saint-Simon, Mémoires, 1694 i) Je définis la cour un pays où les gens, Tristes, gais, prêts à tout, à tout indifférents, Sont ce qu'il plaît au prince, ou, s'il ne peuvent l'être, Tâchent au moins de le paraître : Peuple caméléon, peuple singe du maître^; On dirait qu'un esprit anime mille corps : C'est bien là que les gens sont de simples ressorts. Jean de La Fontaine, Fables, VIII, 14, 1668.