1. Qu’est-ce qu’un phrase ? (rappels) 1.1 Phrase verbale /phrase non verbale La phrase verbale a pour noyau un groupe verbal à un mode personnel (même s’il existe des phrases infinitives qui ont pour noyau un infinitif comme dans « Me faire ça ! » ou « Et tous de rire ») La phrase non verbale a pour noyau un groupe non verbal, soit un nom, un adjectif, un adverbe, une interjection. è La situation d’énonciation et le contexte sont importants pour les comprendre. Généralement ce sont des phrases très expressives. Leur usage n’est pas innocent. 1.2 Types de phrase Quatre types : Déclaratif (ou assertif) : qui apporte une information ou un constat Interrogatif : qui pose une question Impératif (ou injonctif) qui donne un ordre Exclamatif qui exprime une émotion. Quelques usages particuliers : Quand une phrase interrogative exprime : - Un ordre (Peux-tu me passer le sel ?) - Une assertion (question rhétorique : Qui ne comprend pas que la planète est en danger ?) - L’émotion (surprise ou indignation) Exercice d’application : Solal et Ariane voient l’intensité de leur amour diminuer malgré les efforts de Solal pour raviver leur passion. Solal médite sur cette déchéance. Leur pauvre vie. Parfois le recours aux méchancetés forcées, sans nulle envie d’être méchant, mais il fallait mouvementer leur amour, en faire une pièce intéressante, avec rebondissements, péripéties, réconciliations. Recours aussi aux imaginations jalouses¹ pour la désennuyer et se désennuyer, pour faire du vivant, avec scènes, reproches […]. Bref, la faire souffrir pour en finir avec ses migraines, ses somnolences après dix heures et demie du soir, ses bâillements poliment mordus, et tous les autres signes par lesquels son inconscient disait sa déception et sa révolte contre les langueurs d’un amour sans plus d’intérêt, un amour dont elle avait tout attendu. Son inconscient, oui, car de tout cela elle ne savait rien. Mais elle en devenait malade […]. Albert Cohen, Belle du Seigneur, 1968 ¹ Solal fait volontairement des scènes de jalousie à Ariane. Questions : 1°)Relevez une phrase infinitive. Quelle y est la valeur de l’infinitif ? 2°) Relevez les phrases non verbales. De quelle nature est leur noyau ? 3°) Quel est l’effet produit par ces phrases non verbales ? 4°) Relevez les trois propositions indépendantes dont le noyau est un verbe conjugué à un mode personnel ; par quel type de mot sont-elles introduites ? Quel est l’effet produit ? 2. Les phrases complexes Proposition =un sujet et un pivot verbal Phrase simple : indépendante : ne dépend d’aucun autre élément/ne fait dépendre aucun élément.==> elle exprime en général une vision du monde simple. Phrase complexe comporte plusieurs propositions ; plusieurs types de liens. EXERCICE Au sein des phrases complexes suivantes, isolez les différentes propositions en les nommant et indiquez les relations qui les unissent. « Cette nuit-là, Mondo avait dormi sur des coussins, au fond de la grande salle. Il avait dormi là les autres nuits aussi, parce qu’il aimait bien cette maison. […] Depuis qu’elle [la femme] lui avait demandé son nom et d’où il venait, la première fois, elle ne lui posait plus de questions. Simplement, elle le prenait par la main et lui montrait des choses amusantes, dans le jardin, ou dans la maison. Elle lui montrait les cailloux qui ont des formes et des dessins bizarres […]. » (J-M. G. Le Clézio) 2.1 La coordination et la juxtaposition Coordination : (mais où et donc or ni car) relie 2 éléments qui occupent la même fonction dans une phrase. Juxtaposition séparés par une virgule, un point-virgule ou deux points ð Ces deux éléments sont parfois associés, dans les textes littéraires, à l’anaphore et à la gradation. Dans les phrases complexes par juxtaposition, les liens logiques sont implicites. 2.2 La subordination Les propositions sont liées entre elles par un rapport de dépendance unilatéral. Elément dépendant = subordonnée et l’autre est la principale. Pour reconnaître les subordonnées : · Test d’effacement (la principale peut rester/pas la subordonnée) · Présence de mots introducteurs (en général) ð La phrase complexe par subordination, dans les textes, peut montrer une réalité complexe mais organisée. 2.3 La corrélation Cas limite : nous sommes en présence de deux propositions en apparence juxtaposées, mais qui n’ont aucune autonomie l’unes par rapport à l’ autre : « Plus il est grand, plus il est bête » ou « il est si puissant que tous l’admirent » Exercices d’application : 1/ À partir des éléments suivants, rédigez des phrases complexes comprenant une proposition principale et une ou plusieurs propositions subordonnées (faire toutes les transformations nécessaires) : EXEMPLE Les travaux de restauration de l'église dureront plus longtemps que prévu. La pierre est très fragile. L'église date du XIV^e siècle. —>- Les travaux de restauration de l'église, qui date du XIV^e siècle, dureront plus longtemps que prévu parce que la pierre est très fragile. (A) 1. Mon cousin était très souvent intervenu pour nous ; nous n'osions plus lui demander de service. 2. A-t-il réussi ? Qu'a-t-il obtenu ? Je me le demande... 3. L'entrepreneur a parfois confondu intérêt général et intérêt personnel. Personne ne s'en est jamais aperçu. 4. Félicitez-le : il vous ignore ; ignorez-le : il vous sollicite. 5. Les députés n'ont pas examiné tous les textes de loi prévus. Les amendements déposés par l'opposition ont retardé les débats. Une session extraordinaire sera nécessaire. 6. L'étudiant désire changer de classe. Il se plaisait pourtant dans celle-ci ; il suivait le cours avec assiduité. Le professeur est surpris. 7. Van Gogh s'est établi à Paris en 1886 : il n'avait alors aucune notoriété ; il peignait ou dessinait pourtant depuis longtemps. 8. La psychanalyse est une science récente. Elle a bouleversé la réflexion sur les comportements humains ; elle a aussi suscité de nombreuses critiques. Freud en est le père. 9. On donne à la Comédie-Française le Dom Juan de Molière : c'est une pièce difficile à jouer ; on s'est souvent interrogé sur sa signification. On attend beaucoup de cette nouvelle mise en scène. 10. Des pluies diluviennes se sont abattues sur l'ouest de la France. Elles ont rapidement provoqué une forte crue des rivières. La météorologie nationale prévoit la fin de ces pluies. Plusieurs villages ont été inondés. (B) 1. S'abstenir, ce serait faire le jeu de l'adversaire. 2. Il a beaucoup de talent : il pourra réussir ; il faudra qu'il y mette du sien. 3. Vous pouvez entreprendre votre voyage : rien ne s'y oppose désormais ; vous en avez obtenu l'autorisation. 4. Ne lui demandez pas de rendre des comptes : vous l'indisposeriez. 5. Son récital a obtenu un grand succès : le pianiste a dû jouer encore trois morceaux. Le public applaudissait à tout rompre. 6. La jeune fille s'est esquivée. Personne ne s'en est aperçu. La fête battait son plein. 7. On le lui avait défendu, il savait que c'était dangereux : l'enfant a voulu escalader le mur. 8. Il est lent de nature : il mène à bien ses projets, il ne faut pas le bousculer. 9. Le brouillard était très dense. Trente voitures ont été accidentées dans un carambolage. Aucun blessé grave n'est à déplorer. Les voitures roulaient trop vite. 10. Les sondages d'opinion envahissent quotidiennement nos journaux. On peut les approuver ou les rejeter. On peut y voir un bienfait ou un danger pour la démocratie. Tous les responsables politiques et sociaux sont contraints d'en tenir compte. 2/ Etudier les phrases complexes dans un texte littéraire Eulalie est une vieille domestique qui rend visite régulièrement à la tante du narrateur. Et comme Eulalie savait […] comme personne distraire ma tante sans la fatiguer, ses visites, qui avaient lieu régulièrement tous les dimanches sauf empêchement inopiné, étaient pour ma tante un plaisir dont la perspective l’entretenait ces jours-là dans un état agréable d’abord, mais bien vite douloureux comme une faim excessive, pour peu qu’Eulalie fût en retard. M. Proust, Du côté de chez Swann, 1913 1°) Identifiez et délimitez les subordonnées circonstancielles. Que remarquez-vous sur leur place dans la phrase ? 2°) Quels liens logiques expriment-elles ? 3°) Dans chaque subordonnée circonstancielle, relevez le sujet du verbe. Quelle remarque peut-on faire ?