La littérature courtoise Mort de Tristan et Iseut, enluminure du xv^e siècle La littérature courtoise est, en quelque sorte, utilisée par les nobles au xii^e siècle. Elle illustre les principes de l'époque, les valeurs courtoises: la force, le culte, la générosité et l'élégance. Les auteurs ne signent pas leurs œuvres à cette époque. L'évolution du Roman courtois x^e siècle : La Lingua romana : la langue romaine, elle est la langue de référence pour tous les textes. · xii^e siècle : Apparition du roman, qui permet aux gens ne connaissant pas le latin d'écrire et il donne donc accès à une littérature d'un genre nouveau le roman, ces textes étaient généralement écrits en vers, par octosyllabes. Les Romans de la Table ronde Le roman s'oppose à la chanson de geste en ce qu'il est le récit d'une aventure plus ou moins fictive, alors que la chanson de geste a toujours — ou prétend avoir — un fondement historique. Les romans ont pour origine les traditions celtiques sur le roi Arthur et ses chevaliers. On y joint les contes du Graal, qui serait le vase où Joseph d'Arimathie recueillit le sang du Christ (le Saint Calice). Ces histoires, qui constituent la matière de Bretagne, passent en France au xii^e siècle sous forme de lais, dont les plus célèbres sont ceux de Marie de France. · Les lais de Marie de France, au nombre d'une quinzaine parmi lesquels, le lai d'Yonec, le lai du Chèvrefeuille, le lai de Lanval, le lai d'Eliduc, le lai du Bisclavaret. · Tristan et Iseult, dont il existe deux romans différents : celui de Béroul, composé vers 1150 et celui de Thomas d'Angleterre, composé vers 1170 · Chrétien de Troyes (1135 ?–1190 ?), l'auteur d’Érec et Énide (v. 1165), Cligès (v. 1170) Yvain ou le Chevalier au lion (v. 1170), Lancelot ou le Chevalier de la charrette (v. 1175) et Perceval ou le Conte du Graal (v. 1175) Les Romans d'aventures du xii^e au xv^e siècle Ceux-ci n'empruntent plus leurs sujets et leurs héros à la Bretagne, leurs sources étant plus diverses et souvent byzantines. · Le Roman des sept sages - Floire et Blanchefleur - Partonopeus de Blois - La Châtelaine de Vergi - Jean de Paris · La chantefable Aucassin et Nicolette, deuxième moitié du xii^e siècle, petit roman écrit mi-partie en prose, mi-partie en vers · Le Roman de Silence Jean d'Arras, dans Le Livre de Mélusine (1392) raconte la vraie histoire de la grandeur et de la décadence de la famille de Lusignan, à Chypre. Les Romans Antiques Ceux-ci sont inspirés de l'Antiquité et écrits par des clercs qui recopient, commentent et adaptent des œuvres grecques et latines déjà transformées : le Roman d'Alexandre (v. 1150), le Roman de Thèbes (v. 1150), le Roman d'Énéas (v. 1160), le Roman de Troie(v. 1165) de Benoît de Sainte-Maure, le Roman de Jules César (v. 1250). La Poésie allégorique L'œuvre principale est le Roman de la Rose, composé de deux parties, la première (v. 1230) de Guillaume de Lorris, la seconde, la continuation (v. 1275), de Jean de Meung. La littérature didactique Traités didactiques de tout genre, en vers ou en prose : · Bestiaires de Philippe de Thaon (xii^e siècle), de Guillaume Le Clerc de Normandie (xiii^e siècle) ; · Dits : Dit des rues de Paris, Dit des Cordeliers, etc. ; · Le Livre pour l'enseignement de ses filles du chevalier de La Tour Landry ; · Le Tacuinum Sanitatis, traité médical ; · Les Contenances de la table, petit texte en vers sur les manières de table à l'attention des enfants (xv^e siècle). · La littérature bourgeoise et satirique La littérature bourgeoise et satirique s'oppose à l'esprit féodal, chevaleresque ou courtois par son esprit de satire, de raillerie et de gaité populaire. · Les Isopets, dont le plus célèbre est celui de Marie de France (XII^e-XIII^e s.) ; · Le Roman de Renart (fin XII^e s.); · Les Fabliaux (XIII^e-XIV^e s.); · Les dits de Rutebeuf (1250-1270). · Partonopeus de Blois · La Manekine https://fr.wikipedia.org/wiki/Litt%C3%A9rature_fran%C3%A7aise_du_Moyen_%C3%82ge#L.27.C3.A9volution_ du_Roman_courtois Roman courtois Les amants médiévaux, enluminure tirée du codex Manesse man est un récit, en langue romane (d'où le nom de genre), écrit d'abord en vers octosyllabiques, puis en prose, où dominent les aventures fabuleuses et galantes. Dès la fin du xi^e siècle, des copistes remanient au goût du jour, sans souci d'anachronisme, des légendes antiques ou bretonnes, comme Le Roman d’Alexandre, Le Roman de Troie ou les récits sur les exploits du roi Arthur et des Chevaliers de la Table Ronde. Ces œuvres remaniées représentent, en quelque sorte, la transition entre la chanson de geste et le roman courtois. Dans les romans courtois tous les exploits chevaleresques ont pour but de plaire à la Dame du cœur et de faire valoir les qualités individuelles du héros. L'adjectif « courtois », formé sur le mot cour, permet de comprendre le contexte aristocratique du récit. Le parfait héros courtois est partagé entre l'aventure et l'amour. Le merveilleux chrétien et le surnaturel occupent une grande place dans le récit et en sont les éléments permanents. La nature et certains personnages sont décrits en détail. La vie matérielle y est présente aussi : la description des châteaux, des tenues, des tournois, des cérémonies, représentent une nouveauté par rapport au récit épique. Au cours de la deuxième moitié du xii^e siècle, les auteurs les plus renommés sont : Béroul (Tristan), Thomas d'Angleterre (Tristan), Chrétien de Troyes (Tristan, Lancelot, Le chevalier au Lion, Perceval). Le Roman de la Rose occupe une place particulière dans la littérature courtoise. C'est une œuvre de visée didactique, composée de deux parties, écrites à une quarantaine d'années d'intervalle au xiii^e siècle par deux auteurs différents, Guillaume de Lorris et Jean de Meung. Ce roman va à la recherche de l'Amour et de la Vérité. C'est un songe, ordonné autour du symbole de la Rose, emblème de la féminité qu'il faut conquérir. À la suite du succès du roman, l'allégorie devient l'un des principaux moyens de s'exprimer en littérature à travers des songes et des récits d'aventures. Les romans de Chrétien de Troyes sont aussi très connus à l'époque. Surtout Yvain ou le chevalier au lion ou encore Lancelot ou le Chevalier de la charrette mais aussi Perceval ou le conte du Graal. Avec la littérature courtoise on passe progressivement de la littérature transmise de bouche oreille et anonyme à la littérature écrite et signée d'auteur. · Le Roman de Troie (vers 1160). Matière de Bretagne : · Tristan et Iseut (1170-1190). · Les romans de Chrétien de Troyes (1135-1181) · Le Chevalier au papegau (xv^e siècle) https://fr.wikipedia.org/wiki/Roman_courtois Le roman courtois (En France, de 1150 à 1250 environ) Origines du roman courtois. - Sujets, style, procédés d'invention, images, types de personnages: Les grands récits, mythologiques ou historiques, de l'Antiquité (l'Enéide, de Virgile, les Métamorphoses d'Ovide, la Thébaïde de Stace) fournissent - Les thèmes des récits Histoires et légendes d'origine celtique, baignées de merveilleux païen et de ferveur chrétienne, diffusées par les bardes gallois sont présents dans le Roman de Tristan et les romans de Chrétien de Troyes. - L'influence du roman grec, notamment sur le roman la Fille du Comte Pontieu, sur les romans idylliques Floire et Blancheflore et Aucassin et Nicolette. Le seul roman grec connu (sous forme de traduction latine principalement) au moyen âge est Apollonius de Tyr. - L'influence de la littérature byzantine et orientale. Aimon de Varennes déclare avoir ramené de Philoppopoli le sujet de son Florimont (1188). Influence des Mille et une nuits sur l'Eracle de Gautier d'Arras. - La Poésie lyrique musicale qui exalte la fin'amor. Les romans courtois: - La triade classique: Le Roman de Thèbes (vers 1150). Enéas (vers 1160). Benoît de Sainte-Maure, - Le Roman de Troie (vers 1160). - Le roman breton: Béroul et de Thomas (contemporain ou légèrement antérieur), Tristan et Iseult (1170-1190). Chrétien de Troyes (1135-1181), Erec et Enide (1170), Cligès (1176), Lancelot, ou le Chevalier de la charette (1177-1181), Yvain, ou le Chevalier au lion (id.), Perceval, ou le Conte du Graal (amorcé après le 14 mai 1181). - Le roman byzantin: Gautier d'Arras, Eracle (peu après 1164), Ille et Galeron (peu après août 1167). - Le roman idyllique: Floire et Blancheflore (1170) Aucassin et Nicolette (premier tiers du XIIIe siècle). Description: C'est un récit de longue haleine souvent en vers octosyllabiques à rimes plates, écrit par un clerc, mettant en scène des exploits de chevaliers et des aventures amoureuses. Le héros est un preux: l'amour est la grande affaire de sa vie. Le roman reflète une vie de cour délicate, à l'abri du besoin, et exprime une conception aristocratique de l'amour (la fin'amor). Il s'adresse à un public cultivé, et plus particulièrement aux dames. Le texte est lu, à haute voix, en petit comité, dans la chambre des dames. Il invite l'évasion : la chanson de geste prenait son inspiration dans la "matière de France", le roman se nourrit de la "matière antique" (la "triade classique") et de la "matière de Bretagne" (Tristan, les romans de Chrétien de Troyes). La naissance de ce nouveau genre est à mettre en rapport avec une évolution de la société, caractérisée notamment par l'influence grandissante des femmes et le développement de l'éthique courtoise. Il incarne un rêve de bonheur, un sentiment de force, la volonté de triompher d'un mal. Il a pour fonction sociale de sceller, par le moyen d'une adhésion à un ensemble de valeurs (de beauté et de sentiments) la communauté de la cour (Zumthor 1972). Evolution: - La prose (XIIIe). L'octosyllabe est au Moyen Âge la forme poétique la moins marquée. C'est la prose du XIIe siècle. Le glissement vers la prose proprement dite se fera au XIIIe siècle, la prose sera alors l'une des caractéristiques du genre romanesque. Les romans en vers du XIIe siècle constituent un trésor où puiseront les romans en prose jusque dans le XVIe siècle. Mais le vers résiste dans le roman. La prose fait son apparition dans le roman au XIIIe siècle, mais à la fin du XIVe siècle encore, Froissart rime son Méliador sur le modèle hérité de Chrétien de Troyes. - L'évolution du genre. Le roman connaît une évolution et une diversification, prenant des couleurs diverses, réaliste avec le Roman de la rose de Jean Renart, allégorique et didactique avec le Roman de la rose (vers 1230) de Guillaume de Lorris et de Jean de Meun (1270-1285), mystique et religieux avec la Quête du saint Graal et les grands ensembles cycliques en prose , le Didot-Perceval et le Lancelot- Graal. Le roman courtois imprègne de ses thèmes les dernières chansons de geste. Les romans de chevalerie des XVe et XVIe siècles sortirent de la plume des compilateurs. Mais, dès 1230-1260, l'"aventure" a perdu son sens existenciel, elle se réduit soit à un enchaînement de symboles (la Quête du Graal) soit à une suite d'anecdotes curieuses. La fiction romanesque médiévale a peu de traits communs avec celle qui prévaudra dans des récits ultérieurs. Elle est tournée sur elle-même, sans souci de refléter autre chose que ses propres jeux. La fin'amor: "C'est d'amour, quoiqu'on dise, que provient ce qui a le plus de vertu dans la folie comme dans la sagesse" (Raison de Miraval - D'amors es tots mos consiriers - XIIème siècle) L'amour courtois apparaît dans la littérature de langue d'oc au XIème siècle : - c'est la "fina amor" (fin'amor) inspiratrice de l'art des troubadours. A la fin du XIIème siècle, il se développera, en France du nord chez les trouvères de langue d'oïl, en Allemagne avec les minnesänger et dans toute l'Europe. Il restera toujours attaché au cadre de la poésie courtoise, art féodal et raffiné, qui s'exprime toujours dans la langue maternelle des poètes. Source d'invention et de création jusqu'en 1240 environ, il se codifiera de façon plus formelle au cours des XIIIème et XIVème siècles. Il est difficile d'expliquer son apparition et il est tout aussi difficile de le définir. La "fin'amor" propose une conception de l'amour qui se différencie notablement de celle des auteurs de l'Antiquité. Les écrivains latins écrivaient au masculin : amor carnalis, amour charnel ; amor socialis, amour social ; amor spiritualis, amour spirituel. Les poètes médiévaux déclineront l'amour au féminin et lui attribueront des épithètes de qualité : fina amor, amour subtile ; bona amor, bonne amour ; rica amor, riche amour ; falsa amor, fausse amour... Chez les troubadours et leurs continuateurs, les plus hautes qualités de l'amour ne sont accessibles qu'à une élite: ceux qui savent entendre et comprendre. Sorte de mystique amoureuse, l'amour courtois se teinte ainsi d'ésotérisme. But ultime de la quête, la femme (noble) devient un objet de respect quasi divin et l'obtention de la plus légère faveur est, pour l'amant, un sujet de réjouissance infinie. L’accès à l'ultime "joi" (joie, extase) est pris comme une véritable initiation. Cette sacralisation de la femme lui accorde des privilèges d'ordre intellectuel : juge et parti, elle peut alors devenir une femme de lettres, les chansonniers courtois nous en offrent les premiers témoignages. La morale courtoise prône la vertu dans l’adultère, le droit à l'amour, la recherche d'une joie terrestre et du plaisir partagé. Mais, en même temps, la luxure est l'obstacle le plus total à sa connaissance et les valeurs morales qu'il demande aux amants sont difficiles acquérir : fidélité, loyauté, constance, sincérité, soumission, obéissance... Déifié, l'amour prend un rôle actif, on le prie et on lui demande conseil. C'est par lui que l'on acquiert vertu, intelligence et créativité ; c'est lui qui fait réfléchir, écrire et chanter. Les tourments qu'il occasionne, sont la preuve du prix de la valeur que l'on cherche à acquérir et ces même tourments exaltent plus encore les capacités de création. L'amour courtois apparaît ainsi comme une démarche intellectuelle, son idéal a quelque chose d'onirique, de virtuel, il ne représente pas la vie de chaque jour et ses chantres n'ont très certainement jamais vécu la totalité des tourments qu'ils décrivent. "Chanter ne peut valoir guère, si le chant ne monte pas du fond du cœur, et le chant ne peut monter du cœur s'il n'y a pas de fine amour sincère, c'est pourquoi mon chant est supérieur, car j'ai investi dans la joie d'amour et j'y engage ma bouche, mes yeux, mon cœur et mon esprit." (Bernart de Ventadorn - Chantars no pot gaire valer - XIIème siècle). Bibliographie. AUERBACH, Erich, "Les aventures du chevalier courtois", in Mimésis, Gallimard, 1968, p. 133-152. COHEN, Gustave, le Roman courtois au XIIe siècle : les origines du roman, Paris, Centre de documentation universitaire, 1964. COULET, Henri, "le Roman aux XIIe et XIIIe siècles", in le Roman jusqu'à la Révolution, Paris, Armand Colin, 1967. RIBARD, Jacques, "Aux origines du roman français : le roman au XIIe siècle", in le Genre du roman, les genres de romans (actes de Colloque), PUF, 1980. ZUMTHOR, Paul, Essai de poétique médiévale, Le Seuil, 1972. http://poete.rebelle.free.fr/poetique/roman_courtois01.html Ukázky http://www.la-litterature.com/dsp/dsp_display.asp?NomPage=1_ma_012_Roman Odkaz na učebnici https://www.scribd.com/doc/3008831/Histoire-de-la-litterature-au-Moyen-Age-en-France?content=10079& ad_group=Online+Tracking+Link&campaign=Skimbit%2C+Ltd.&keyword=ft500noi&source=impactradius&medium= affiliate&irgwc=1 La littérature réaliste, didactique et allégorique Les chansons de geste et les romans s’adressent aux grandes dames et aux grands seigneurs. Une poésie plus réaliste s’adresse aux bourgeois, aux clercs et au peuple. C’est la poésie satirique des fabliaux et du Roman de Renart et la poésie allégorique du Roman de la Rose. Textes critiques et moqueurs s’adressant toujours à la classe dominante pour rappeler une exigence morale ou religieuse, comme l’exige la tradition. Exemples : –Le Roman de Renart, suite de poèmes indépendants les uns des autres. Récit de la lutte de Renart le goupil contre Ysengrin le loup : satire légère et amusée de la société féodale sur la justice et la religion. Renart est la parodie du vassal qui ne respecte pas l’idéal féodal ou incarne un certain discours critique sur la société féodale. –Fabliaux de Jean Bodel Le roman de Renart Le roman de Renart Cette oeuvre se présente comme une collection de contes disparates, écrits à des dates diverses par des auteurs différents. Les plus anciens ont été composés à partir de 1175, les plus récents ne sont pas postérieurs au milieu du XIIIème siècle. Cette collection de poèmes narratifs d’origine germanique – au total plus de vingt-cinq mille octosyllabes à rimes plates ( des rimes qui se succèdent deux à deux, dans l’ordre aabb) – a été groupée en branches. Les animaux y sont individualisés, chaque espèce est représentée par un individu qui porte un nom propre : Renart est le héros populaire, gai et malicieux; Ysengrin, le loup; Tibert, le chat; Noble, le lion. Chaque animal a un caractère propre qui lui vient de la tradition, de son allure et de son air. Le monde des animaux est copié sur celui des hommes avec la hiérarchie féodale : c’est une satire de l’époque mais avant tout destinée à amuser, à faire rire. Dans ses aventures, lorsque Renart s’attaque à des plus faibles que lui, ses ruses ne réussissent pas et c’est le trompeur trompé ! Par contre, lorsqu’il s’en prend aux plus forts, c’est lui qui est le vainqueur. https://geudensherman.wordpress.com/lit-ma-fr/ma-1250-1350/le-roman-de-renard/ Les fabliaux Ce sont de petits contes à rire, d’origine picarde, en vers de 8 syllabes, qui se moquent de tout : des prêtres, des moines, des paysans et surtout de la femme qui n’est plus l’être supérieur et idéalisé chanté par les troubadours mais un être rusé, que le mari peut battre à volonté. Les fabliaux disparaissent vers la fin du XIVème siècle. https://geudensherman.wordpress.com/lit-ma-fr/ma-1250-1350/les-fabliaux/ Dit Le dit est un poème narratif à la première personne, destiné à être récité. Le dit de Richeut passe pour en être le premier exemple écrit en français. Rutebeuf (auteur du XIIIe s.) a écrit plusieurs dits : Le dit des Ribauds de Grève, Le dit des Béguines, le dit de frère Denise le cordelier … Le dit peut cependant contenir des poèmes lyriques en musique, comme Le Remède de Fortune de Guillaume de Machaut, qui intègre sept chansons. https://fr.wikipedia.org/wiki/Dit_(po%C3%A9sie) Le roman de la Rose C’est un poème long de vingt-deux mille vers, qui se compose en réalité de deux parties distinctes dues à deux auteurs différents. La première partie, conçue et écrite peu avant 1230, est de la main de Guillaume de Lorris. Il se sert de l’allégorie, la personnification d’une idée abstraite, pour exposer les épreuves que lui avait imposées l’amour, pour composer un art d’aimer, un guide de la fin’ amor. Il a recours au songe qui le conduit aux abords d’un splendide jardin dont l’accès est interdit. Il y pénètre cependant et s’approche du buisson où la Rose, en bouton, attire ses regards. Il n’a plus qu’une pensée, cueillir la fleur dont il est épris. Amour ne lui cache pas les peines qui l’attendent mais Bel-Accueil lui offre ses services. Danger, Honte, Male-Bouche et Peur font bonne garde et chassent le pauvre amant. Raison tente alors de l’arracher à sa passion. Mais Ami l’encourage et avec l’aide de Pitié et de Franchise, de Bel-Accueil et de Venus elle-même, il parvient à approcher ses lèvres de la Rose, un baiser qui l’inonde de délices. Pour bien peu de temps, car les gardiens du buisson se rassaisissent à l’appel de Jalousie qui fait emmurer les fleurs. Bel-Accueil est enfermée. L’amant se désespère. C’est ici que Guillaume de Lorris a interrompu son poème et que Jean de Meun(g) a pris la relève. L’allégorie se poursuit jusqu’à la conclusion attendue, mais dans un tout autre esprit. L’Amant est enfin secouru par le Dieu d’Amour et parvient à libérer Bel-Accueil. Bel-Accueil est enfermée une deuxième fois mais libérée de nouveau grâce à l’aide de Nature et Génius. La Rose est enfin cueillie. Cette histoire est constamment interrompue par de nombreuses et de longues digressions où Jean de Meun(g) expose ses idées révolutionnaires sur l’amour, la vie et la religion. Il y révèle ses conceptions plus bourgeoises et plus matérialistes de la vie https://geudensherman.wordpress.com/lit-ma-fr/ma-1250-1350/le-roman-de-la-rose/ Le théâtre Le théâtre en langue française a une origine religieuse, mais il apparaît aussi dans la ville. C'est un théâtre fondamentalement amateur, c'est un spectacle de la participation. Le théâtre religieux Ce sont des instants de la Bible en liaison avec les offices, que l'on appelle drames liturgiques. Le premier manuscrit de théâtre date de la 2^e moitié du xii^e siècle : Le Jeu d'Adam (rien à voir avec Le jeu de la Feuillée) qui a une vocation religieuse et sociale. Certaines passions étaient jouées sur plusieurs jours (vingt parfois!), si bien qu'elles furent interdites au xvi^e siècle pour trouble de l'ordre public. · Du xi^e au xiv^e siècle au xiv^e siècle : · Drames liturgiques, notamment : · Les Vierges folles - Les Prophètes du Christ - Le Drame d'Adam - Le Jeu de la résurrection, · Miracles, dont les principaux sont : · Le Jeu de saint Nicolas de Jean Bodel, · Le Miracle de Théophile de Rutebeuf, · Les Miracles de Notre-Dame ; · Au xv^e siècle : · Mystères, joués par des confréries d'amateurs, dont la plus célèbre est la Confrérie de la Passion, à Paris : · La Passion, d'Arnoul Gréban, · La Passion, de Jean Michel, · Le Mystère de Saint Louis, de Pierre Gringoire ou Gringore, · Le Mystère de Troie, de Jacques Millet. La comédie La comédie apparaît dans la ville, surtout à Arras avec la célèbre Confrérie des Jongleurs et des Bourgeois d'Arras, dont Adam de la Halle fait partie. Il y a en tout sept pièces de théâtre en langue française, bien qu'on hésite avec la Chantefable, et Le dit de l'herberie (Rutebeuf). Voici quelques titres : · Du xiii^e au xv^e siècle : · Monologues, · Le Jeu de la Feuillée et le Jeu de Robin et Marion d'Adam de la Halle ; · Au xv^e siècle : · Farces : · La Farce de Maître Pathelin, · Moralités : · La Condamnation de Banquet de Nicole de la Chesnaye, · Soties : · Le Jeu du Prince des Sots de Pierre Gringoire ou Gringore, · Sermons joyeux. https://fr.wikipedia.org/wiki/Litt%C3%A9rature_fran%C3%A7aise_du_Moyen_%C3%82ge#Le_th.C3.A9.C3.A2tr e Le théâtre médiéval Après l'avoir durement condamné, c'est finalement l'église qui ressuscite le théâtre en occident. Le drame religieux Une messe spectaculaire Alors que l’Église chrétienne a vivement combattu le théâtre au début du moyen-age, c'est elle, paradoxalement, qui le réanime en Europe sous la forme du "drame liturgique". Afin d'étendre son influence, elle réhabilite des fêtes d’origine païenne et folklorique, dont beaucoup s’apparentent au théâtre. Au X^e siècle, les offices religieux sont proches de représentations dramatiques. La procession du dimanche des Rameaux est désormais célébrée par des manifestations théâtrales. Les contre-chants (ou répons), chantés durant la messe ou les heures du canon, évoquent la forme du dialogue. Par l'intermédiare des tropes, des paroles non liturgiques prennent placent dans la messe. Un trope pascal anonyme constituant un dialogue entre Marie et les anges et datant d’environ 925, est généralement considéré comme l’embryon du drame liturgique. En 970, ce type de représentation comporte une gestuelle et des costumes, qui apparaissent comme une première ébauche de mise en scène. Le drame liturgique Les premières pièces connues sont la "Visite au sépulcre" (Visitatio Sepulcri) datant de 915 et attribuée au moine Tutilon et les œuvres hagiographiques de Hrotsvitha von Gandersheim. Durant les deux siècles suivants, le drame liturgique se développe à travers des épisodes tirés de la Bible, joués en latin dans les monastères puis dans les églises. L'abandon progressif du latin Texte anonyme anglo-normand de la seconde moitié du XII^e siècle (1165), le "Jeu d’Adam" est le premier drame connu en langue vulgaire. Bien que très proche du drame liturgique, il s’en distingue toutefois par une caricature des personnages. Trilogie inspirée par le dogme de l’Incarnation ("Tentation", "Péché", "châtiment d’Ève et d’Adam", "Meurtre d’Abel par Caïn", "Procession des prophètes du Christ"), il comprend 942 vers et comporte des didascalies latines riches et précises. Les premiers "mystères" et "miracles" De nombreux récits bibliques sont représentés, de la Création à la Crucifixion. Ces pièces sont appelées "mystères de la Passion", "miracles" ou encore "pièces saintes". Des mansions spécifiques sont dressées autour de la nef, le paradis étant généralement situé au pied de l’autel, une gargouille (tête monstrueuse avec une gueule béante) représentant l’entrée de l’enfer de l’autre côté de la nef. Acteurs et spectateurs se déplaçent d’un bout à l’autre de l’église selon les nécessités du récit. Les pièces sont divisées en épisodes, couvrant chacun des milliers d’années et réunissant des lieux très éloignés, à l’aide de raccourcis allégoriques. À l’inverse de la tragédie grecque, qui s’organise autour de la progression vers un apogée cathartique, le théâtre médiéval évoque le salut de l’humanité et ne crée pas de tension dramatique intense. Le drame sort de l’Église Le rôle didactique du drame liturgique s'effacent peu à peu derrière l'attrait du divertissement et du spectacle. Ces spectacles n'ont plus leur place dans un lieu de culte et après plusieurs scandales, l’église choisit de déplacer la scène théâtrale sur les places de marché. Tout en conservant des thèmes religieux, le théâtre s’oriente vers une forme de représentation plus indépendante. Les deux œuvres représentatives de cette époque sont le jeu dramatique de Jean Bodel, "le Jeu de saint Nicolas" (v. 1200), et la pièce allégorique de Rutebeuf, "le Miracle de Théophile" (1263). La Fête-Dieu Au XIV^e siècle, le théâtre s’émancipe du drame liturgique. Dans le cadre de la Fête-Dieu, les représentations sont organisées sous la forme de cycles, qui peuvent comporter jusqu’à quarante pièces. Ces cycles sont joués par l'ensemble du village, tous les quatre ou cinq ans, et sur une durée de quelques jours à un mois. Chaque pièce du cycle est confiée à une corporation, en fonction de ses affinités avec le sujet (par exemple, les constructeurs de bateaux mettent en scène l’épisode de l’arche de Noé). Le théâtre profane A la même époque, le théâtre profane se développe aussi. Il est représenté entre autre par les "jeux-partis", drames où se succèdent scènes satiriques, burlesques et féeriques d’Adam de la Halle. Cette forme théâtral comporte divers jeux de troubadours et de jongleurs, récitant des monologues. Les "moralités" Dans le même temps, on voit donc apparaître des pièces folkloriques, des farces profanes et des drames pastoraux, tandis que se perpétuent les multiples formes de divertissement populaire. Tous ces genres influent sur le développement, au XV^e siècle, d’un théâtre moraliste. Bien que vaguement inspirées, pour le thème et les personnages, par la théologie chrétienne, les "moralités", à la différence des "cycles", ne sont plus basés sur les récits bibliques. Ce sont des pièces autonomes, jouées par des professionnels. À l’exemple d’une pièce comme "Tout le monde" (anonyme, XV^e siècle), elles évoquent les étapes de la destinée de l’être humain, à l’aide de figures allégoriques (la Mort, la Gourmandise et divers défauts ou qualités, etc.). Les acteurs font alterner action et musique. Ils exploitent les ressorts comiques des démons et des figures allégoriques du vice pour créer une forme de drame populaire qui rencontre un vif succès. http://www.theatrons.com/theatre-medieval.php Théâtre religieux Exemples : – « Le Jeu d’Adam” (XII ème s.) anonyme. – « Le Miracle de Théophile” (XIII ème s.) de Rutebeuf – “Le Mystère de la Passion” (1450) d’ Arnoul Gréban Le théâtre religieux sort de l’enceinte de l’église pour donner un véritable spectacle aux représentants de toutes les classes sociales. Les premières pièces de théâtre sont liées aux cérémonies du culte où l’on joue : § à Noël : les différents épisodes racontés par les Évangiles, l’annonce faite aux bergers, la naissance du Christ dans l’étable… § à Pâques : le procès du Christ, sa montée au calvaire, sa mort. Le spectacle se déroule dans l’église et en latin, et est représenté par les moines et les prêtres. Peu à peu, les conditions de représentation changent : on invente des décors multiples, la mise en scène est de plus en plus importante. On sort de l’église et on joue sur le parvis. Les acteurs sont désormais des clercs, organisés en troupe, et à partir du XIIIème siècle, le français remplace le latin. Le texte lui-même évolue : de plus en plus, on mêle des épisodes drôles ou grotesques ceux tirés des Ecritures saintes. Théâtre comique Ecrit pour faire franchement rire un public urbain, mettant en scène marchands rusés, maris trompés, bourgeois naïfs, femmes légères, mégères… Genre très vivant, très apprécié du public, qui répond au goût du vrai spectacle, au plaisir de l’émotion et du rire de tout amateur de théâtre. La farce est la comédie de moeurs du moyen âge, qui trouve ses origines dans les fabliaux et qui vise surtout à amuser. Exemples : – De Adam de la Halle (1235-1285), dit Adam le Bossu, trouvère né à Arras. “Le jeu de la Feuillée” (1275), histoire d’un moine berné. “Le jeu de Robin et de Marion” (1285), la bergère Marion échappe au chevalier qui l’a enlevé et retrouve Robin qu’elle aime. – “La Farce de Maître Pathelin” (1460) de Guillaume Alexis, clerc normand très érudit. Pathelin avocat dupe le drapier Guillaume mais est lui-même dupé par le berger Agnelet. La Farce de Maître Pierre Pathelin (1476) de Guillaume Alecis est la meilleure de cette période. Elle fait déjà penser à Molière. Au moment où s’ouvre la scène, Maître Guillaume, marchand de draps et éleveur de moutons, vient de quitter le tribunal. Il a accusé son berger, Agnelet, de lui dérober ses moutons et prétendu, – juste titre – devant le juge, que Pathelin, qui défend Agnelet, lui a volé six aunes de drap. Il a ainsi embrouillé sa cause et Pathelin a fait acquitter Agnelet en le faisant passer pour un simple d’esprit (il disait toujours bée). Dans la scène qui suit, Maître Pathelin, l’avocat sans cause, réclame ses honoraires à son client. https://geudensherman.wordpress.com/lit-ma-fr/le-theatre-medieval/le-theatre/