8. DADA ET LE SURREALISME Le récit ve Le Revolver a cheveux blancs (1932) Le Revolver á chěveux blancs (1932) debute sur une preface retentissante de Breton qui defend les droits supérieurs de /'imagination : • L 'imagination est ce qui tend á devenir reel. • I 'ensemble du recueilbetigne dans i'attente, I'angoisse de i'occuite. Le merveilleux et ses féeries, I'inouT et ses mystěres sont sollicités par le poete en quéte de metamorphoses. Appei á /'imagination, attente anxieuse, transformations fonnidaples qui doivent changer I'homme et la societě: Breton reconnait que son salut depend de ces miracles. Car quejserait la vie sans cette double espérance ? «Le verbe ětre > — écrít en une année sombre pour son auteur ip doit ětre lá comme un aveu, une confession et exprime la peur du poete de voir son espoir décu. f * Le verbe ětre André Breton en 1932. Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. Le désespoir n'a pas d'ailes, il ne se tient pas nécessairement á une table desservie sur une terrasse, le soir, au bord de la mer. Cest le désespoir et ce n'est pas le retour ďune quantité de petits faits comme des graines qui quittent á la nuit tombante un sillon pour un autre. Ce n'est pas la mousse sur une pierre ou le verre á boire. Cest un bateau criblé de neige ; si vous voulez, comme les oiseaux qui tombent et leur sang n'a pas la moindre épaisseur. Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. One forme trěs petite, délimitée par des bijoux de cheveux. Cest le désespoir. tin collier de perles pour lequel on ne saurait trouver de fermoir et dont 1'existence ne tient pas méme á un fil, voilá le désespoir. Le reste nous n'en parlons pas. Nous n'avons pas fini de désespérer si nous commencons. Moi je désespěre de 1'abat-jour vers quatre heures, je désespěre de Péventail vers minuit, je désespěre de la cigarette des condamnés. Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. Le désespoir n'a pas de coeur, la main reste toujours au désespoir hors d'haleine, au désespoir dont les glaces ne nous disent jamais s'il est mórt. Je vis de ce désespoir qui m'enchante. J'aime cette mouche bleue qui vole dans le ciel á I'heure oú les étoiles chantonnent. Je connais dans ses grandes lignes le désespoir aux longs étonnements gréles, le désespoir de la fierté, le désespoir de la colěre. Je me lěve chaque jour comme tout le monde et je détends les bras sur un papier á fleurs, je ne me souviens de rien et c'est toujours avec désespoir que je découvre les beaux arbres déracinés de la nuit. L'air de la chambre est beau comme des baguettes de tambour. II fait un temps de temps. Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. Cest comme le vent du rideau qui me tend la perche. A-t-on idée ďun désespoir pareil ! Au feu ! Ah ils vont encore venir... 25 Au secours ! Les voici qui tombent dans 1'escalier... Et les annonces de journal, et les reclames lumineuses le long du canal. Tas de sable, va, espěce de tas de sable ! Dans ses grandes lignes le désespoir n'a pas ďimportance. Cest une corvée ďarbres qui va encore faire une forét, c'est une corvée ďétoiles qui va encore faire un jour de moins, c'est une corvée de jours de moins qui va encore 30 faire ma vie. André Breton, Le Revolvers cheveux blancs (1932) © éd. Gallimard 10 15 Ü0 POUR LE COMMENTAIRE 1. Le désespoir selon Breton. Qu'estce exacte-ment ? Qualifiez-le. 2. Texte philosophique ou poéme romantique ? Justifiez votre réponse. 3. L'expression du temps dans le texte. 4. Justifiez le litre. 5. Le poeme en prose. Observez dans ce texte les traits d'un imaginaire et d'une musicalite poetiques (visions, rapprochements de termes, images, scansions et rythmes). Nadja ( Écrít entre aoü, I'auteur donnera t IIne s'agitpas o par eux comme f< Nadja est un in héros surrealisté . soucieux d'exami. le personnage mit Le récit surreal! Quels ont été /< relation autremen a guide quelque t de possession, pi n 'a-t-ilpas en effe gardait ses fantas valorise, qui les ň »Qui suis-je ? lui, savoir qui je : mais que je pere par 1'expéríence La premiere pa aux aguets de sU Dessin de Nadj Paris, B.r 216