AUCASSIN ET NICOLETTE Personnages : Nicolette –Kristýna Aucassin – Klára N. Garin de Beaucaire ou le père d’Aucassin - Mirek Mère d’Aucassin - Erika Narrateurs – všichni + Narrateur 1 – Baru Narrateur 2 – Veru Narrateur 3 – Karolína Narrateur 4 – Katka Narrateur 5 - Erika Comte – Vojta Prisonnier - Veilleur – Karolína Bergers – Baru, Karolína, Veru, Erika, Tereza Dame, mère de Nicolette - Erika Prologue I. Narrateur Tereza Qui veut entendre de bons vers, Pour se divertir ou prendre peur, Klára L’histoire sur deux beaux jeunes amants, Sur Aucassin et Nicolette, Baru / Mirek Sur leurs aventures et tourments, Sur leurs exploits et leurs fêtes ? Tina Tout ce qu’Aucassin accomplit Pour Nicolette, pour son amie Mirek Au lumineux visage si doux Beau, joyeux et bon sans limites. II. Mirek Ce jeune homme s’appelait Aucassin, Il était d’un esprit divin, Beau, grand, elegant et bien fait Les cheveux blancs et très bouclés, Tereza Il avait les yeux vifs, rieurs, Il n’était jamais plus sieur Si beau, doué de qualités, Baru / Mirek Si intellitent qu’il était ! Il n’y avait plus de pareil Jamais, nulle part sous le soleil ! Tina Mais Amour, le souverain le maître, En fait de lui un homme, un être Qui ne voulait plus prendre les armes, Baru / Mirek Ni supporter plus le vacarme Des combats ni d’aucun tournois, Ni faire aucun de ses devoirs. III. (Père, mère, Aucassin) Karolína Le seigneur Bougar de Valence Livrait une guerre si violente, Si terrible et imprudente Au bon comte Garin de Beaucaire Qu’il se levait aux barrières De la ville avec les seigneurs Baru / Mirek Courageux, vaillants, belliqueux Contre le comte Garin fatigué. Le comte avait un seul garçon Aucassin était son prénom. Erika Ce jeune prince aimait Nicolette La plus belles et douce des fillettes. Tina Personne ne peut le détourner. De cette liaison acharnée En vain son père lui dit un jour D’aller lutter, défendre leur cour. Père Cher Aucassin, monte à cheval Prends les armes, pense à notre rival. Défends ta terre, aide tes sujets S’ils vont te voir au milieu d’eux, Ils nous défendront et nos biens, Notre royaume, ta terre, la mienne. Aucassin Père, que me racontez-vous là ? Vos demandes, vos récits, tout cela N’a plus aucune valeur pour moi. Que Dieu me refuse tout cette fois, Si j’accepte de faire cette bataille, De lutter contre cette marmaille Sans que vous, mon père m’accordiez D’épouser Nicolette, jolie Et tendre que j’aime à l’infini. Père Fils, je ne serai jamais d’accord, Parce que Nicolette est du Nord Ou du Sud, on ne le sait plus, C’est une captive dont la famille Personne n’a jamais vue ni pu La connaître. Le vicomte d’ici L’a acheté aux Sarrasins. Si Tu veux te marier maintenant, P rends la fille d’un roi riche et grand. Il n’est pas en France d’homme puissant Dont tu n’aies la fille si tu veux. Aucassin Mon père, où se trouve à cette heure, Une grande dignité sur notre terre Pour que Nicolette, ma douce amie, Ne la mérite pas, si elle l’ait ? Même si elle était impératrice, Comtesse ou reine, toute créatrice De bienveillance serait petite, Tellement elle est noble et gentille, Généreuse et douce et tranquille. Mère (Erika) Mon fils, mon fou, que veux-tu faire ? Aucassin Nicolete est gracieuse, mère. Douée de toutes les qualités Que mon cœur, toute ma volonté Ne supporte plus une autre femme. Contre ennemi, je prends la flamme Pour me lancer dans un combat Mais sans Nicolettte, aucun pas, Je ne ferai pas contre rival. Mère (Erika) Tu fais arriver des chacals Dans notre pays. Toi, tu sais bien Qu’elle fut chassée de Carthagène Et puis achetée à un Saxon. Elle n’est pas d’une origine bonne. Choisis une femme de haut rang. Aucassin Je ne puis agir autrement. Nicolette est de bonne naissance, Je ne supporte que sa présence. Son corps charmant et sa beauté Doivent rester à mon côté. Elle soulage mon cœur de toute peine, Il n’est même que juste que je l’aime Car elle est la douceur elle-même. IV. Garin de Beaucaire et vicomte Garin de Beaucaire (Mirek) Sire comte, éloignez Nicolette Pour ne pas maudire votre fillette, Car à cette heure et par sa faute, Je perds Aucassin, mon fils cher. Chevalier qui ne veut rien faire, Qui ne veut pas être chevalier, Pour lui, sire comte, aucun lien N’a plus valeur sauf son amour Pour Nicolette, fille de votre cour. Soyez convaincu, seigneur comte, Si j’attrappe Nicolette, sachez, Que je la brûlerai au bûcher, Et vous pourrez craindre pour votre vie. Vicomte Vojta Sire, je n’aime pas qu’Aucassin vienne Pour voir ma fille, lui parler bien. Je l’avais achetée autrefois Et je l’avais amenée chez moi. Puis, je l’avais fait baptiser Elle était devenue ma filleule Elle est bien élevée et belle Pour devenir épouse d’un jeune homme Vaillant de son rang qui lui donne, Son honneur, sa richesse, son nom. Et cela ne concerne pas votre fils. Même si votre conduite est injuste, J’enverrai ma fille dans une terre Pour qu’Aucassin ne puisse la voir. Je préparerai tout ce soir. Elle partira, n’ayez pas peur. Garin de Beaucaire (Mirek) Sire comte, je vous prie de le faire Pour empêcher qu’un grand malheur Ne surgisse plus dans notre pays Envahi par des ennemis. V. Narrateurs Baru / Erika Ainsi Nicolette est emprisonné, Gardée depuis quelques journées Dans une chambre voûtée d’une vieille tour Qui se trouve dans les alentours Des pays des sieurs de Beaucaire. Tereza Nicole est courageuse, fière De son amour et fait prières Pour qu’elle puisse s’enfuir de cette tour Avant qu’il se lève le beau jour. Nicolette (Kristýna) Hélas ! Misérable captive que je suis ! Je ne peut rien faire, ni enfuir De cette prison haute et perdue Qui est si sombre et sans issue. Aucassin, mon beau jeune seigneur Doit souffrir pour moi, avoir peur. Mais non pour longtemps, je le jure. Comme je ne veux que notre bonheur, Je fuirai pour notre amour pur. Jésus Christ, fils de Vierge Marie, Aide-moi et sauve-nous, je te prie. VI. Narrateurs Veru Pl. Comme vous avez pu entendre Nicolette est emprisonnée, Mais elle s’apprête pour descendre, Pour sauver vite son bien aimé. Baru / Mirek Dans tout le pays le bruit court Que Nicolette était chassée De la ville et puis de la cour Par le vicomte qui a assez De liaison amoureuse De la Nicolette courageuse. Karolína Chevalier Aucassin lui dit : Aucassin Sire vicomte, qu’avez-vous fait d’elle, De ma Nicolette la plus belle Du pays et de la contrée. Vous l’avez tuée, c’est bien vrai ? Donc, croyez, seigneur, que j’en meurs. Vicomte Vojta Renoncez à elle, cher seigneur. Nicolette est captive d’une terre D’où elle a été enlevée. Je l’ai achetée et élevée, Je l’ai prise pour mon propre enfant. Vous savez que je crains pour elle, Que votre père est assez cruel. Epousez donc la fille d’un roi Ou d’un comte qui sera cette fois La plus digne de votre affection. Puis, grâce à une telle perfection, Vous entrerez en paradis. Aucassin Qu’ai-je à faire en paradis Si je n’y trouve pas Nicolette, Ma douce amie et votre fillette. Les gens qui vont en paradis, Ce sont les prêtres, manchots qui prient Toute la journée et toute la nuit, Près des autels sont accroupis. Avec eux, je n’ai rien à faire. Les chevaliers vont en enfer, Y vont les belles dames généreuses, Courtoises, joyeuses et heureuses, Les joueurs de la harpe, les jongleurs, Les reines, les rois de tous les terres. Avec eux je veux y aller Si j’ai avec moi, sans tarder, Ma belle et douce amie Nicole. Vicomte Vojta Sire, vous m’en parlerez en vain, Parce que jamais sur mes terrains, Vous ne la verrez plus jamais. Sinon, sire votre père l’apprendrait Et il fera brûler nous tous Sur le bûcher et vous, en plus, Vous pourriez craindre pour votre vie. Aucassin Donc ainsi, je n’ai plus envie De vivre, de faire n’importe quoi, D’une grande douleur je suis proie. VII. Narrateur Baru / Mirek Nul ne peut le reconforter, Personne ne peut lui apporter Une bonne nouvelle. Vers le palais Il s’est dirigé et allé Dans sa chambre où il a pleuré : Aucassin Nicole, si belle quand vous entrez, Si belle et douce quand vous jouez, Si belle et douce quand vous parlez, Si belle, douce lorsque vous plaisantez, Si belle, douce lorsque vous m’embrassez, Si belle, douce lorsque vous m’entreignez… Pour vous je suis si affligé, Car je ne suis plus protégé Par votre gentille présence heureuse, Par votre affection généreuse Que je ne crois pas y survivre. De votre amour tendre je suis ivre, Ma sœur, douce amie Nicolette. VIII. Baru / Erika Aucassin fermé dans sa chambre Pleure et n’entend pas le vacarme, Il n’entend pas le cri d’alarme, Ne voit pas les soldats aux armes. Garin de Beaucaire (Mirek) Fils, prends les armes, monte à cheval, Aide donc tes hommes, va au combat ! Aucassin Père, j’y vais, si vous m’accordiez Nicolette, si vous l’aimiez Comme mon épouse, ma douce amie, Si vous me laissiez lui dire Quelques paroles de notre amour. Garin de Beaucaire (Mirek) Je l’accepte. IX. Baru / Mirek Aucassin était très heureux, Il revêtit son bel haubert, Puis laça le haume sur sa tête, Ceignit l’épée au pommeau d’or Et monta sur son destrier. Erika Sa satisfaction fut totale. Il arriva en pleine bataille. Il pensait tellement à Nicole Qu’il devenait grand et très fort. Veru Pl. Au souvenir de son amie, Il éperonna son destrier Qui galopa avec ardeur : Il arriva tout droit à la porte, En pleine bataille. Baru / Mirek Il frappait à droite et à gauche, Semant la mort autour de lui, Vers les ennemis il chevauche Et ensuite le comte étourdi Tombe de son cheval sur la terre. Erika Aucassin lui tendit la main, L’ammena près du souverain, Près de son père, près de Garin. Aucassin Mon père, voici votre ennemi, Qui vous a causé tant de mal. Finalement, je vous l’ai remis Après vingt ans de guerre et de mal. Maintenant, je vous prie de remplir Ce que vous m’avez bien promis Garin de Beaucaire (Mirek) Comment ? Quelles promesses, mon cher fils ? Aucassin Père, les avez-vous oubliés ? Mais elles sont gravées dans mon cœur ! Adresser les douces paroles chères A ma Nicolette tant aimée. Garin de Beaucaire (Mirek) Que Dieu ne vienne jamais en aide Si je vous tenais telles promesses ! Aucassin Père,je respecte votre vieillesse, Mais votre attitude paraît laide. Je suis affligé de vous voir Comment vous mentez pour faire croire Que vous ne m’aviez rien dit. (il s’adresse à son prisonnier) Comte de Valence, promettez-moi, Que pour le reste de votre vie, Vous ne direz rien de mauvais De mon père et vous devenez Son bon ami pour tous les jours Depuis maintenant à l’infini. Comte de Valence Vojta Aucassin, par le nom de Dieu, Je vous promets tout ce que vous dites. Garin de Beaucaire (Mirek) Que cet homme parte, je ne le veux ! Aucassin Je tiens à ma promesse donnée. Sire, vous pouvez partir sans peur. X. Baru / Erika Comme le comte Garin voit maintenant Qu’Aucassin, son fils, son enfant, Ne pourra plus se détacher De Nicole aux yeux lumineux, Il l’a mis dans la prison sombre Sans soleil, sans clarté, dans l’ombre. Aucassin Ma belle Nicolette, fleur de lis, Qui est plus douce qu’un calice D’un nectar divin de bonheur, Une fois, je vis un pèlerin Pauvre qui est né au Limousin Qui gisait au fond d’un moche lit, Qui était atteint de folie, Et quand ta beauté, il l’a vue, Il se leva sain et guéri. Pour vous je suis emprisonné, Par la traitrise empoisonné. Jamais je ne vous verrai plus Je mourrai pour vous, mon amie. XI. Nicolette Quelle belle soirée au mois de mai ! Les soirs sont calmes et lumineux. Quelle vive clarté de la lune brille Dans ma chambre pour moi, pauvre fille. Je ne reste plus en ce lieu Je m’en fuis avec l’aide de Dieu. Ma vieille compagne dort fermement, Grâce aux draps, serviettes je descends Dans le jardin, dans la rosée Pour savoir où on a posé Mon doux prince, mon bel Aucassin. Narrateur Baru / Mirek Elle avait les cheveux bruns et longs Le visage allongé et beau, Le nez haut et regulier, Ses yeux marron toujours riaient Comme ses lèvres fines rouge cerise Autour d’elle les fleurs sont éprises Grâce à sa beauté et douceur. Erika Puis, elle atteignit la poterne, Entra dans les rues de Beaucaire Où elle se cachait dans les ombres. Enfin, elle parvint à la tour Où se trouve dans la prison sombre Son pauvre ami, son Aucassin. Karolína Elle entendit son bon copain. Il pleure, évoque sa Nicolette Sa petite amie et belle fillette Au lumineux visage si doux. Nicolette Aucassin, valereux seigneur, Jeune homme riche de noblesse, de terres, A quoi vous sert-il de pleurer, De vous plaindre et de lamenter ? Votre père me hait et vos proches, Ne cessent de vous faire des reproches. Pour vous, je vais passer la mer Je vais me rendre aux autres terres. Je vous jette à l’intérieur Une mèche de mes cheveux marron. (Aucassin s’en saisit, il les a baisés, serrés dans ses bras, puis contre son cœur et il recommence à verser des larmes pour son amie) XII. Aucassin Ma douce amie, ne partez pas, Le premier homme qui vous verra, Fera de vous sa seul maitresse Et je tomberai dans la tristesse Qui me torture et tuera. Moi, je préférirai mourir Plutôt que pour cet acte souffrir. Nicolette Vous m’aimez autant que vous dites ? Pour votre douceur et vos mérites, Je vous aime encore plus que vous. Aucassin Mais moi, je suis encore plus doux Parce que la femme ne peut aimer Autant que l’homme ; ce serait plus fou, Car l’amour de la femme réside Dans son œil, son sein, ses rides. Mais l’amour d’un homme est planté Au fond du cœur sans se vanter. XIII. (Le veilleur les entendit parler et il en est touché.) Veilleur (Karolína) Nicolette, il vous faut partir, Si vous ne voulez pas mourir Au pied de cette vieille tour en pierres. D’amour pour toi le prince se meurt. Sois attentive à mes propos : Méfie-toi des traîtres, sauve-toi vite, Enfuis dans la forêt, prends garde ! Nicolette Ah ! Que l’âme de ton père et ta mère Reposent dans la paix du Seigneur ! Je me garderai des ennemis. Nous nous retrouverons, c’est promis ! XIV. Narrateur Baru / Mirek Elle a fait le signe de la croix Et a glissé dans un fossé, d’où elle a couru vers un bois. Erika Ses jolis pieds et ses belles mains Etaient meurtris et écorchés, Son corps fin et blanc était plein D’horribles blessures et de graves plaies Veru Et pourtant, elle ne resentait Ni mal, ni douleur, ni crainte, ni peur. Elle se cacha dans la forêt Grande de trente lieues en largeur. Nicolette Cette forêt abrite toutes les bêtes Qui sont sauvages, qui ont la fête De me dévorer sur ce lieu. Il y a des serpents, des tueurs Qui ne m’accepte pas parmi eux. Il faut que je reste en ce lieux Dans la ville, on veut me brûler. XV. (Nicolette, bergers) Nicolette Chers enfants que Dieu vous bénisse ! Bergers Vous aussi que Dieu vous bénisse ! Nicolette Connaissez-vous mes chers amis, Ce bon seigneur qui vous a mis Dans ce lieu doux et béni ? Qui cherche bien à vous protéger Contre l’infortune et le danger ? Bergers Oui, nous le connaissons très bien. Nicolette Au nom de Dieu, chers bergers, Dites-lui que dans cette grande forêt, Il y a une précieuse bête Qu’il lui faut chasser pour la fête Qui lui est la plus chère au monde. Bergers Baru / Mirek Pures rêveries sont vos propos ! Veru Il n’y a pas de bête si belle, Ni cerf, ni lion, ni hirondelle Erika Dont une petite partie du corps Tereza Vaille un denier ou même d’or ! Nicolette Si, mes chers amis, croyez-moi, Cette bête peut guérir Aucassin, S’il va la voir seulement une fois. Ces quelques sous, tenez-les bien Et dites à Aucassin d’aller Dans cette forêt vite sans arrêt. (Nicolette part dans la forêt où elle construit une jolie hutte pleine de fleurs.) XVI. (les bruits courent) 1. všichni Nicolette ... Nicolette ?... Nicolette .... 2. Karolína Où est-elle ? 3. Veru Le comte Garin l’a fait tuer ! 4. Tereza Elle s’est enfuie ! (Garin laisse passer Aucassin ; Garin fait organiser une belle fête pour consoler Aucassin. Mais lui, il est assis et est très triste... Un étranger arrive près de lui.) Chevalier Veru Seigneur, je connais la souffrance, Il vous faut monter à cheval, Laisser passer ce carnaval Et vous distraire dans la forêt Où les beautés vous attendraient Si partez tout de suite les trouver : Des oiseaux, des herbes, des fleurs Vous feront du bien, pas de peur. Aucassin Je vous remercie bien, cher Seigneur, Je le ferais pour mon bonheur. XVII. Chanté (les bergers) Un des bergers Baru / Mirek : Mes chers petits amis, Tous Que Dieu aide le jeune Aucassin, Un des bergers - Tereza Oui vraiment, c’est un bel adolescent ; Et la jeune fille en corsage, Karolína La blondinette, Au lumineux visage et à l’œil vif, Qui nous donna des deniers Veru Avec lesquels nous achèterons des tartelettes, Erika Des canifs avec leurs gaines, Des flûteaux et des cornets, Des massues et des pipeaux, Všichni Que Dieu la sauve ! (Aucassin leur donne de l’argent et disparaît dans la forêt.) XVIII. Chanté (Aucassin) « Nicolette au corps gracieux, C’est pour vous que je suis venu au bois ; Je ne chasse ni cerf, ni sanglier, Mais ce sont vos traces que je suis. Vos yeux vifs, votre corps gracieux, Votre beau rire, vos douces paroles M’ont mortellement blessé le cœur. Mais s’il plaît à Dieu, le père tout-puissant, Je vous reverrai encore, Ma sœur, ma douce amie. » (Aucassin erre dans la forêt. « Mais en voyant tomber le soir, commença-t-il à pleurer parce qu’il ne trouvait pas sa Nicolette. » Il arrive près de l’endroit où il trouve la hutte que Nicolette avait faite.) Ma douce Nicolette tant aimée, Dût passer par ici et vient Dans cette hutte faite de ses belles mains, Je l’attendrais en regardant Le ciel foncé et parsemé De millions d’étoiles luisant Pour nous deux et tous les amants. « Petite étoile, je te vois, Que la lune attire à soi. Nicolette est avec toi, Ma douce amie aux blonds cheveux. Je crois que Dieu veut l’avoir avec lui Afin qu’elle rende encore plus belle La lumière du soir. Ma douce sœur, comme je serais heureux Si je pouvais monter tout droit, - peu importe la chute – et être là-haut à tes côtés : comme je te couvrirais de baisers ! Si j’étais fils de roi, Vous seriez bien digne de moi, Ma sœur, ma douce amie. » XIX. (Nicolette arrive et voit Aucassin.) Nicolette Aucassin, mon très cher ami, Ici, soyez le bienvenu. (Ils s’embrassent.) Aucassin Et vous, ma douce amie très chère, Aussi, soyez la bienvenue ! J’ai marché longtemps à travers Cette forêt où toute la nuit J’ai erré en étant blessé Grièvement à tout mon corps. Au moment où je vous ai vue, J’ai cessé de maudire le sort, Les mauvais cauchemars de la nuit. Je ne sens ni mal ni douleur Mais au contraire le grand bonheur Parce que je vous ai avec moi. Nicolette (s’occupe de ses blessures) Mon ami adoré, cette fois, Réfléchissez bien avec moi : Si votre père fait fouiller ce bois, On me trouvera, on me tuera, Sans vous demander n’importe quoi. Aucassin En vérité, ma très chère dame, On ne me prendra pas votre âme ! J’en serais vraiment très affligé, Mais je vais vous bien protéger Contre tous et tous les malheurs. (Les deux montent à cheval et s’en vont.) XX. Chanté Narrateur « Aucassin le beau, le blond, Le noble et l’amoureux, Est sorti du bois profond, Son amour entre ses bras, Devant lui sur l’arçon de sa selle. Il la baise sur les yeux, le front, La bouche et le menton. Elle l’a interrogé : Nicolette Aucassin, mon ami très cher, En quel pays nous en irons-nous ? Aucassin Ma douce amie, comment le savoir ? Peu m’importe où nous allions, Dans une forêt ou en lieu écarté, Pourvu que je sois avec vous. Narrateur Baru / Mirek Ils passent les vallées et les monts, Les villes et les bourgs. Au jour, ils atteignirent la mer Et descendirent sur le sable Le long du rivage. XXI. Pantomime : 1) le navire s’approche, les marins 2) la prise d’Aucassin et Nicolette 3) la tempête 4) Torelore (une équivalence de Kocourkov tchèque) 5) une bataille étrange : on lutte avec des fromages, des gâteaux, des pommes, des champignons, de l’eau… 6) Auccasin trouve le roi caché dans son lit et la reine qui dirige la lutte, par conséquent, il met tout en règle : « Allons ! fou que tu es, que fais-tu ici ? Le roi Tomáš Je suis couché, je viens d’avoir un fils. Quand mon mois sera accompli, Et que je serai complètement rétabli, Alors j’irai entendre la messe, Comme le fit mon ancêtre, Puis, je reprendrai avec énergie la grande guerre Que j’ai contre mes ennemis : Je ne la négligerai pas. » (Aucassin prend un grand bâton et s’apprête à battre le roi. Celui-ci prie de ne pas être battu et il mène Aucassin sur le champ de bataille.) Aucassin Seigneur, ce sont vos ennemis ? Voulez-vous les battre, bannir ? Le roi Tomáš Oui, seigneur, je l’aime volontiers Chassez-les mais sans les tuer. Nous, nous n’avons pas l’habitude De trouver la mort dans le vide De l’au-delà après la vie. Aucassin Ne voulez-vous pas la vengeance, Les richesses de vos ennemis, Leur fortune, leurs biens, tout ce prix Qui appartient à vous ? cette chance Voulez-vous la perdre à jamais ? (le roi fait le signe de la tête en signe d’accord ; tous retournent dans le château où Nicolette organise une danse. Soudain, les Sarrasins apparaissent. Ils emmènent Nicolette. Aucassin reste seul, il sort du château, triste et il rencontre les hommes de Beaucaire qui lui apportent la clé de la ville; ils manifestent le deuil à cause de la mort de son père. XXII. Chanté Narrateur – Baru / Mirek « Aucassin s’en est allé A Beaucaire sa cité. Il gouverne le pays Et le comté sans rencontrer d’opposition. Tereza Mais il jure par le Dieu de majesté Qu’il est beaucoup plus affligé Pour Nicolette au visage lumineux Que pour tous ses parents, Quand bien même il les perdrait tous. Aucassin Ma douce amie au visage lumineux Je ne sais maintenant où te rechercher, Bien que Dieu n’ait créé de royaume Où, par terre comme par mer, Je ne partisse à ta recherche Si je pensais t’y trouver. » XXIII. Narrateur 1 – Baru / Mirek La nef emporte la belle jeune fille A Carthagène, chez sa famille, Chez le roi, son père, et ses frères. Lorsqu’ils virent Nicolette si belle, Ils lui prodiguent tous les honneurs. Narrateur 2 - Veru Elle ne peut pas les renseigner Car elle a été enlevée Quand elle était petite, enfant. Narrateur 3 - Karolína Dès que Nicolette vit le château, Elle se souvint vite du bateau Qui l’avait enlevée du pays, Narrateur 4 – Tereza Où son père resta et vieilli. Oui, elle était la fille du roi. Qui règne toujours à Cartagène. XXIV. Nicolette Quel malheur d’être la fille d’un roi, Du père qui règne à Carthagène, Quel malheur de perdre ma grande foi, Mon amour, mon bel Aucassin. Je suis la cousine de l’émir Qui voudra une journée s’unir Avec moi pour faire agrandir Son royaume, son pays, sa famille. Quel malheur d’être la fille d’un roi Et la fiancée de l’émir, Quel malheur de perdre ma grande foi, Mon Aucassin et ma fortune. En ce lieu m’emmènent des barbares, Loin de mon amour, le phare Qui est calme, qui m’attire et berce. Que Dieu le père puisse m’accorder Tenir Aucassin dans mes bras, Qu’il me trouve et embrasse la face, La bouche, le visage et les yeux, Mon Aucassin, mon jeune seigneur. XXV. Narrateur 3 - Karolína Nicolette resta quelques jours ; Ses parents, ses frères, toute la cour Réjouissaient de son retour. Néanmoins, elle réfléchit Comment partir et puis agir Pour rechercher son Aucassin. Narrateur 5 - Erika Elle se procura une vielle Dont elle apprit vite à jouer ; Quand on voulut la marier, Elle s’enfuit de nuit pour trouver Son grand amour, son jeune seigneur. Narrateur 1 – Baru / Mirek Grâce à une herbe elle devint noire Et se déguisa en jongleur. Elle s’adressa à un marin Et ils naviguèrent en haute mer. Avec sa vielle, elle parvint A la ville connue de Beaucaire, A la résidence d’Aucassin. XXVI. Narrateur 2 - Veru A Beaucaire, au pied de la tour, Aucassin se trouvait un jour Assis sur son beau trône de pierre, Entouré de ses hauts seigneurs. Narrateur 3 - Karolína Il se souvient de son amour, De la belle vaillante Nicolette, Qu’il aimait tant et tant de jours. Il soupire et pleure toute la fête. Narrateur 4 - Tereza Enfin, Nicole prend sa vielle Pour commencer à chanter bien : Nicolette Ecoutez-moi, nobles et hauts seigneurs Ceux d’en bas comme ceux d’en haut : Vous plairait-il d’entendre une chanson Sur Aucassin, un noble et haut seigneur Et sur la vaillante Nicolette ? Ils ne cessèrent de s’aimer Si bien qu’il partit à la recherche de son amie dans le bois profond. Au donjon de Torelore Les païens les prirent un jour. D’Aucassin nous ne savons rien Mais vaillante Nicolette Se trouve au donjon de Carthagène Car son père l’aime beaucoup, Qui est le seigneur de ce royaume-là. On veut lui donner pour époux Un roi païen rempli de félonie. Nicolette refuse Car elle aime un jeune seigneur Jadis nommé Aucassin. Elle jure par Dieu et son saint nom qu’elle ne se mariera jamais si on ne lui donne son amoureux Qu’elle désire tant. XXVII. Aucassin Mon très cher ami, savez-vous, Quelque chose de mon amour doux ? De cette fille Nicolette aimée Dont vous venez de bien chanter ? Nicolette Oui, je sais qu’elle généreuse, Belle, magnifique et sérieuse, La plus noble créature honnête, La plus belle fillette, la vedette Du roi puissant de Carthagène. Chaque jour on veut la marier A un roi très riche et vaillant. Mais elle préfère être brûlée Que prendre cet époux brillant. Aucassin Mon seigneur, mon très cher ami, Retournez dans ce riche pays De lui dire de venir chez moi. Je vous donnerai mes biens du roi, Parce que je n’épouserais qu’elle-même, Cette fille noble, mon amour suprême. Nicolette Si vous agissiez, seigneur, Mon cher roi noble, comme vous le dites, Grâce à vous, pour votre bonheur, J’irai la chercher tout de suite. Narrateur 5 – Erika Nicolette cueillit une herbe rare, Une plante précieuse appelée éclaire Pour devenir encore plus belle Narrateur 1 – Baru Elle s’habilla de riches vêtements, Et demanda à son hôtesse D’aller continuer son beau plan, Et ainsi remplir sa promesse. Narrateur 2 – Veru Donc, la dame parvint au palais, Où, en suivant un des valets, Trouva Aucassin en grands pleurs Manifestant sa grande douleur. Narrateur 3 – Karolína Ce jeune seigneur pleure et gémit, Il réclame Nicole, son amie, En regrettant qu’elle tarde trop. Alors, la dame l’appelle et dit : La Dame – Tereza Mon roi, ne vous désolez plus, Et venez plutôt avec moi ; Je vous montrerai votre amie, Votre amie tendre, votre amie douce. Narrateur 5 – Erika Aucassin est rempli d’une joie Qu’il n’a connu que cette fois. Il a suivi la dame connue Dans son palais où il a vu Enfin sa Nicolette aimée. Narrateur 1 – Baru / Mirek Et Nicolette en le voyant Est remplie d’une joie inconnue. Ils tendent les bras, ils serrent doucement L’un contre l’autre étant si émus. Narrateur 2 – Veru Il lui embrasse les joues longtemps, Les yeux et le visage doucement. Le lendemain au bon matin Ils prennent ensemble leur chemin commun. Narrateur 3 – Karolína Aucassin, le roi de Beaucaire, A fait de la dame de son cœur, Son épouse fidèle et la reine De son pays et son royaume. Narrateur 4 – Tereza Après, ils ont mené longtemps Une belle vie heureuse en donnant La naissance à quelques enfants. Narrateur 5 – Erika Maintenant qu’Aucassin et Nicole Ont enfin trouvé le bonheur, Notre pièce et chanson se collent A toutes les belles histoires des chanteurs. Aucassin et Nicolette Donc, notre chantefable se termine Nous n’avons plus rien à vous dire. Soyez heureux, de bonne humeur, Pensez à nous, à vos seigneurs.