Roller, la vie comme sur des roulettes Le patin en ligne est devenu un phénoměne de masse. Ses adeptes sont plutöt jeunes et bien insérés socialement: ils joignent I 'utile á 1'agréable avec ce mode de déplacement proche du sport de glisse I!s avaient beau étre presents dcpuis Ie débul des années 80, ce n'est qu'en 1995 qu'ils ont été remarques. Au mois de décem-bre, alors que la grěve des transports publics paralysait Paris et plusieurs métropoles regionales, les patins ä roulettes en ligne ont fait réver les citadins condamnés ä la marche ä pied ou aux embouteillages inextricables. Rapides (Putilisa-teur atteint vite les 30 km/h), elegants, sportifs et écologiques. les rollers ont conquis un public non négligeable, pas seulement compose ďadolescents. Pourtant, si 1'on en croit Anne-Marie Waser, chargée de recherches au CNRS (Centre de sociologie européenne -EHESS), c'est bien une envie de se sentir jeune qui anime les pratiquants: « On rajeunit de vingt ans enfaisant du roller ». constate cette specialisté du sport. A tel point que Ton a ainsi pu voir une femme politique, candidate alors ä la candidature ä la mairie de Paris, s'elancer on line pour le plus grand bonheur des chroniqueurs specialises. Le roller est défini- tivement « tendance ». En 1999, 4 millions de patins ont ete vendus en France. Pour autant, la nouvelle version du patin a roulettes ne s'est pas veritablement imposee comme un moyen de transport alternatif, susceptible de renvoyer les automobiles au garage. Certes, dans les grandes villes franchises - et notamment a Paris, qui conccntrerait la moitie des riders - la silhouette du patineur fait desomais partie du paysage urbain. Mais, selon une etude de la RATP, la part des Parisiens qui utilisent leurs rollers pour se rcndre au travail est minime: moins de 1 %. Ce que confirme Anne-Marie Waser: « Les gens qui se depla-cent en rollers occupent des situations sociales marginales, a la difference des pays du nord de VEurope oil un direct cur d'entreprise pent venir au bureau sur ses patins sans que personne n 'en soit effawuche. On pent aller au boulot en scooter ou en mow, un pen moins de'jd avec un VTT. Venir bossera rollers ou en trottinette vous expose a passer pour un loufoque, d ecorner votre statut social. » Bref, l'image de l'avo-cat Arno Klarsl'eld chaussant ses patins pour retourner a son hotel apres une plaidoirie lors du proces de Maurice Papon ne saurait faire oublier la relative marginalite de 1'engin. Pourtant, les amateurs de rollers revendiquent leur place dans la ville. Pour les adoles- cents, les patins en ligne sont avant tout un sport, dans la lignee de la glisse version macadam. Surfant, sur l'en-gouement posterieur ä 1995. ils revendiquent de plus en plus des espaces appropries, susceptiblcs de leur permettre de s'entratner en vue des contests, ainsi qu'ils nomment les competitions dejä frequentes dans d'autres \ illes europeennes et aux Etats-Unis (Xgames). Dans cette version sportive, qui necessite un materiel approprie, le roller est agressive. Initialement. les streeters utilisent le mobilier urbain pour effectuer des figures. Trop de casse, materielle et humainc, ont amene les municipalites ä ouvrir des skate parks, specialement equipes. Et des grandes marques commerciales se sont lancees dans 1'organisation des competitions. A cette version, un brin kamikaze, qui trouve son pendant de rue dans le catching (les rollers s'accrochant ä une automobile), repond la pratique plus douce de la randonnee. Un ou plusieurs soirs par semaine, quelques milliers de riders traversers une ville. selon un itineraire qui n'est connu qu'ä la derniere minute. A Paris, les deux plus importantes « randos » ont lieu le vendredi soir (depart de la place d'Italie ä 22 heures) pour les patineurs experimentes, et le dimanche apres-midi (les voies sur berge etant alors neutralisees) pour les debutants. « Mo ville. i ment Cedr Passt rue c 91 Of vend parti L: agéí « sei n'es la li Ipsi 20C rais roll cor rar, ba} qui pa. ex| c'c gn co ce de ni dt ď Pí 28 « Moyen de se reapproprier la ville, de V apprehender differem-ment », selon 1'expression de Cedric Bouquet, president de l'association Mobile en ville (1, rue de l'lnternationale, BP 59, 91002 Evry), la rando du vendredi reunit jusqu'a 40000 participants. Lit, les participants sont plus ages et la recherche de la «sensation » chere aux streelers n'est plus la seule motivation. A la liberte qui, selon une etude Ipsos-Lion realisee en Janvier 2000, constitue la principale raison de I'engouement pour le roller, s'ajoute la recherche de convivialite. << On se rend a la rando avec ses copains, en bande. Mais mime seul, on salt que Von va trouver des gens qui partagenl la mime passion », explique Nicolas, un staffer, c'est-a-dire Fun des accompa-gnateurs benevoles qui constituent le service d'ordre de cette manifestation bon enfant. C'est un peu sur le principe des rave parties que s'organised les randonnees urbaines, de Paris a Berlin et d'Amsterdam a Londres. Les parcours ne sont connus qu'au dernier moment (ce qui a entratne un conflit, resolu, avec la Prefecture de police de Paris en juillet), sans invitation ecrite (les flyers des raves) mais sur Internet (http ://perso.club-inter-net-fr/korkos/aroulettes.html). Une nebuleuse organisatrice, desormais regroupee dans ['association Paris-Roller, gere l'ensemble sur un mode proche de 1'autogestion. Si des person-nalites se detachent, tel Boris Belohlavek, propulse porte-parole officieux des randonneurs du vendredi, chacun tient ici a son autonomie. « On retrouve chez les adeptes de la rando les mimes valeurs que dans la nouvelle economie, remarque Anne-Marie Waser. Les hierarchies sont floues, on veut s 'eclater et on est tres tranche sur le high-tech. » La panoplie du participant comprend tous les gadgets de la modernite: sac a dos avec compartiment special pour la bouteille d'eau reliee a la bouche par un tuyau de plas-tique et telephone mobile, « indispensable pour rester en relation avec les copains qui sont en tete de la rando ». Plus profondement, si les randonneurs out tous les ages, on note une surreprésentation des 25-35 ans, « jeunes cadres ou étudiants des beaux quartiers », note Anne-Marie Waser. De fait, l'equipement coute cher (une bonne paire de patins coute entre 100 et 150 \ euros) et les banlieues rap sont pratiquement absentes de ces balades oil Ton vient aussi par gout de la mise en representation, pour se faire voir au milieu de ceux qui vous ressemblent. A mi-chemin entre sport et mode de circulation, le roller a ainsi conquis une frange plutót aisée de la population. II n'ef-fraie pas, encadrées que sont les randonnees par une unite special isée de police qui fait bon menage avec les participants. A bas bruit, il conquiert les trot-toirs autant que la chaussée, dans un flou legal bien révéla-teur de son ambiguité. Aujourd"hui encore, le statut du roller fait probléme: doit^on l'assimiler a un véhicule ou á un piéton ? Marc Coutty Le Monde 20 septembre 2000 I. Mots ExpliouES CNRS = Centre national de recherche scientifique. (§1) EHESS ~ Ecole des hautes etudes en sciences sociales. (§2) Maurice Papon = secretaire ä la prefecture de la Gironde pendant la Seconde Guerre mondiale, accuse d'etre ä l'origine de la deportation des Juifs de Bordeaux. (§3) Loufoque = fou. (§3) RATP = Regie autonome des transports parisiens. (§3) 29 VTT = Velo tout terrain. (§3) Propulse porte-parole = nomme malgre lui a la tete de 1'association des randonneurs, comme celui qui park en leur nom et celui a qui Ton s'adresse. (§7) II. Preparation a La coMpRE^ENsioN / . AmlySE ET foNCTION dES diVERS VIRES Reperez les titres, surtitres, titres intercalaires, sous-titres, chapeaux. De quelle nature sont-ils? Quelle est leur fonction ? 2. Nature du texte Le texte est-il narratif, descriptif, informatif, argumentatif, prescriptif ? Justifiez votre reponse. J. Presence dE I'emetteur et du recepteur Quels indices vous permettent de justifier la presence de I'emetteur et du recepteur? 4. RupERAQE dES diffiRENTES PARTIES et flfe diflERENTS pARAQRApHES AVEC I'idiE ESSENT/eIIe dE cilACUN. PIan dE I'articIe 5. connecteurs Oil auires foRMES dE transition 6. IdiE pRINCipAk du 1EXJE III. comprehension qlobAU 1. Pourquoi les rollers n'ont-ils ete remarques qu'en 1995? 2. Qualites de ces patins. 3. Qu'eprouve-t-on sur ces patins? 4. « La nouvelle version du patin a roulettes ne s'est pas veritablement imposee comme un moyen de transport alternatif susceptible de renvoyer les automobiles au garage. » Expliquez cette phrase. 5. Les motivations sont-elles les memes quel que soit l'age du pratiquant? 6. Quelles sont les revendications des amateurs de rollers et pourquoi? 7. Comment reagissent les municipalites devant l'ampleur prise par les rollers? V 8. Quelles sont les manifestations publiques de rollers? 9. « e< A 10. ' 11.. IV. / Expl §1/Un §2/« C exac aprc Le r- §3/Des San; Ecoj §4/Dan Surf Cite §5/Qui 2. Voca Don JO 9. « On retrouve chez les adeptes de la rando les memes valeurs que dans la nouvelle economic Les hierarchies, sont floues, on veut s'eclater. » Expliquez ce que veut dire AM Waser. 10. Comment expliquez-vous cette « surrepresentation des 25-35 ans »? 11. Le texte se termine sur une interrogation. Quelle est la raison de cette interrogation? IV. ElNRichisSEMENT IexJCaI 1. ExpliQUEl Ie SENS cfes EXPRESSIONS pRISES ÖANS Ie COMEXIE §1/Un public non negligeable. §2/« C'est bien une envie de se sentir jeune qui anime les pratiquants. » Quel est le sens exact de «bien » dans cette phrase? Par quel moyen ce sens est-il confirme tout de suite apres? Remarquez la precision dvi verbe d'opinion qui suit. Le roller est definitivement « tendance ». §3/Des situations sociales marginales. Sans que personne n'en soit effarouche. ficorner votre Statut social. §4/Dans la lignee de la glisse. Surfant sur l'engouement. Citez un element de ce qu'on appelle « le mobilier urbain ». §5/Qui trouve son pendant de rue. 2. VoCAbuUiRE ARqOTiQUE Donnez l'equivalent en francais standard des expressions argotiques suivantes: - aller au boulot - venir bosser - passer pour un loufoque - la rando du vendredi ?1 J Ce TEXTE COMpORTE