acte Immediatement. La parte du bureau premier plan jardin est ou-verte. Elle (arrivant du fond jardin. Elle est en robe tres « habillee ». Bernard!... Tu es lkl... Lui (sortant du petit bureau). Oui!... (La voyant.) Oh ! mais tu es süperbe !... Elle (contente). Vraiment ? Tu trouves ?... Lui. Oui! Ca m'etonnerait que ton amant te dise le contraire ! Elle. Parce que toi tu t'es habille pour ta maitres-se ?... Lui. Non ! Pas du tout!... Mais je trouve que nous avons eu raison de revenir assez vite pour avoir le temps de nous changer pour cette soiree... de gala !... Elle. C'est aussi mon avis... Lui (regardant sa montre). Eh! bien, il est onze hen-res moins cinq! C'est tres bien... (Regardant le bar.) Voyons ! Qu'est-ce qu'il manque ?.,. Bon ! II y a de la glace !.,. Elle. Pourquoi ? Tu vas leur offrir ä boire ? Lui. Oui ? Je ne sais pas! II me semble... Non ? Elle. Oui!... Dans le fond... Pourquoi pas ?... Tu as raison! Tu es parfait... Lur. Parfait... parfait!... N'exagerons rien! Mais tant qu'ä organiser des reunions de ce genre, autant penser aux details !... Elle. Justement!... A propos de detail... je crois qu'il y en a un que nous avons oublie\„ un detail tres important !... Lui. Ah ! oui ? Quoi done ?... Elle. Eh ! bien, je me demande si nous n'avons pas eu tort de les faire venir tous Ies deux, ici ä la meme heure ? Lui. Pourquoi ? Elle. Enfin ! Supposons qu'ils arrivent exactement en meme temps ?... Lui. Ah! oui... C'est juste! Chacun verra arriver I'autre... Elle (enchalnant). C'est ca... Et chacun se dira qu'il y a quelque chose qui cloche... puisqu'ils ne se-ront pas seuls... Elle avec toi... Lui. Et toi avec lui... Oui! oui... bien sür!... Et ils risquent de repartir tous les deux sans meme sonner !... Elle. Voila ! Et ce sera rate!... Lui. Oui! Oui!... Mais eile, elle n'est jamais ä l'heu-ro! Elle. Ah ! ? Elle te fait attendre ?... Lui. Ou c'est elle qui m'attend, oui... Si je suis en retard... Elle. Moi... jamais!... II n'est jamais en retard, lui!... Ce n'est pas comme toi, qui m'as I'air d'etre tout le temps en retard... avec toutes tes femmes ! Avec moi quand tu rentres ici, avec eile quand tu vas la rejoindre!... Lui. La n'est pas la question!... D'ailleurs on a aussi oublie autre chose... Elle. Encore ? Lui. Oui! Admettons qu'ils arrivent en meme temps... Bon !... Mais qui devra ouvrir ? Toi ou moi ?... Elle. Comment ? Lui. Enfin... reflechis!... Quand nous entendrons la sonnette... Comment savoir si c'est lui ou elle qui sera en train de sonner?... Elle. Ah! oui... ca c'est difficile!... Lui. Difficile? Mais c'est impossible!... Tu nous vois tous les deux penches a la fenStre, a 11 heures du soir... pour regarder qui sonne ?... On aurait l'air fins !... Elle. Oui... c'est vrai... Oh! Et puis apres tout... C'est ton idee ? ! Debrouille-toi 1... Lui. Debrouille-toi! Debrouille-toi!... C'est facile a dire... II n'y a rien d'autre a faire que de prendre le risque !... Elle. Comment ? Lui. Eh! bien, tu iras te pencher seule a la fenfitre, pour voir qui sonne !... Elle. C'est ca !... Et si c'est elle, tu penses qu'en me voyant elle ne s'en ira pas ?... Lui. Ah ! C'est possible... oui... Eh! bien, c'est moi qui me pencherai !... Elle. Alors si c'est lui qui est en train de sonner a ce moment-la, je te garantis qu'il s'en ira !... Lui. Alors c'est insoluble!... Ou tu te penches a la fenetre et c'est elle qui sonne, qui te voit et qui s'en va, ou c'est moi qui me penche, c'est lui qui sonne, qui me voit et qui s'en va!... Ou nous nous penchons tous les deux et alors que ce soit lui ou elle qui sonne, l'un et I'autre s'en vont immediatement, et nous, nous sommes grotesques !.., Elle. Oui! Reflexion faite, il vaut mieux qu'on ne se penche pas !... Lui. Non ! II vaut mieux ne pas se pencher!... II nous reste done une chance sur deux que ce soit elle qui sonne, en admettant que ce soit moi qui aille ouvrir!... Elle. Ou que ce soit lui qui sonne si c'est moi qui ouvre!... Oui d'accord! Lui. Le tout est de savoir lequel de nous deux va aller ouvrir.. Or ca on ne pourrait le determiner de facon sure qu'a condition de savoir avant, qui est en train de sonner !... Elle. Ah ! si tu m'avais icoutie !... Lui. Mais je ne fais que ca!... Elle. Trop tard!... II y a longtemps que je t'ai demande' de faire installer dans la porte un de ces ceils... Lui. Un ceil!... Des yeux!.,. Elle. Oui... bon... si tu veux!... Enfin un de ces petits machins par lesquels on peut voir a travers!... Nous n'en serions pas la!... Lui. Mais je ne pouvais pas prevoir!... Dire qu'il suffit qu'un seul ceil vous manque et tout est... Oui! Bon ! Ecoute... II est onze heures... II nous reste done entre cinq secondes minimum et une demi-heure maximum, pour trouver une solution I... EllE. Mais trouver quoi ?... Nous allons avoir Pair d'etre de connivence... Je ne sais vraiment pas pourquoi je ťai écouté... C'aurait été si simple que tu aměnes cette fille ici, dans mon dos... Lui. Si simple, oui peut-étre... mais si conventionnel... (On sonne une fois. lis se regardent.) Tu as en-tendu ?... EllB. Oui... Lui. Alors ?... Elle. Alors quoi ?... Lui. On a sonné! EllE. Ah! Oui!... Vraiment?... Lui. Qu'est-ce qu'on fait ?... Elle. Est-ce que tu as reconnu son coup de sonnet-te ?... Lui. Je le rappelle qu'elle n'est jamais venue ici, elle !... Ce serait done plutót á toi de me dire si co coup de sonnette ressemble á celui que, toi, tu as I'habitude d'entendre ?... Ells. Ca,.. Je ne sais pas!.., Celui-la m'a semblé un peu mou... pas trěs fort... enfin, plutót féminin... Lui. Ah ! bon ?... Alors e'est pour moi !... Elle. Bon ! Je me mets la... (Elle prend sa place á coté de la porte.) Des qu'elle sera entrée, tu re-fermes la porte, et elle me voit... trop tard !,.. Lui. C'est assez vache!... Elle. C'est comme ca!,.. Lui. Bon! J'y vais !... (It va se dinger vers la porte ďentrée quand on resonne detix fois, avec itisis-tance et vigueur. II s'arrite net et redescend a reculons.) Ah! non... non!... Non !.., Ca ce n'est pas un coup de sonnette de femme... Qa c'est un coup de sonnette d'homme! C'est pour toi !... Elle. Tu crois ?... Lui. Mais oui! J'en suis sůr!... II a d'abord sonné une fois, timidement. Dans le fond, c'est normal !... C'est la premiere fois qu'il vient la nuit chez toi... chez sa maitresse... enfin chez moi... Et comme tu ne lui as pas ouvert tout de suite... il s'impatiente,.. et il resonne... plus fort... plu-sieurs fois... pour bien montrer que c'est lui... qu'il est lá!... C'est un coup de sonnette posses-sif ca... possessif et vainqueur!... II n'y a pas de doute !... C'est lui !... Elle. Tu crois ? Lui. Mais oui I EllE. Oui... oui... enfin peut-étrel... Lui. C'est sůrement lui!... Elle. Sůrement! Sůrement ? C'est vite dit!... Seule-ment tu oublies quand méme un peu tot le premier coup de sonnette, qui lui était... un coup de sonnette féminin... un coup de sonnette de femme... seulc... dehors... la nuit... et qui croit que tu ne l'as pas entendue!... ou que la sonnette ne marche pas !... Alors elle resonne, elle appuie plus fort... plusieurs fois... Elle doit étre un peu éner-vée á 1'idée de venir pour la premiére fois chez toi pendant que ta femme voyage !... Non I Mais oui!... Cest ca!... Cest elle sůrement!... Je le sens... Dépéche-toi... Vas-y... sans ca elle va re-partir !... Lui. Repartir ? Déja ?! Cest qu'elle ne tiendrait pas beaucoup á moi! Elle. Oh ! tu sais, avec les femmes, on ne sait ja mais !... On resonne trois fois. Lui. Non !... Non!... Mais non !... Tant d'insistanct... C'est un homme! Cest lui!... Elle. Oui! Bon ! Peut-etre !... Mais le seul moyen de savoir, c'est d'y aller ensemble!... Tant pis!... Lui. Mais alors, si c'est lui, retiens-le, des qu'il m'au-ra vu... Elle. Evidemment... Et toi empeche-la de repartir!... Lui. Naturellement !... Iis vont ouvrir ensemble tandis que ca resonne. Elte est placke d'un cöti de ta porte d'oti on ne peut pas la voir immddiatement quand on entre. II ouvre. Brigitte est dans l'encadrement de la porte. Elle tient d'une main son sac et de l'autre les clds de sa voitttre. Elle est aecoudee dans le cham-brante, en biais dans la position de quelqu'tm qui s'est installs pour sonner longtemps. Brigitte! (ä Lui). Bonsoir!... Lui. Oh ! Bonsoir !... Elle (se montrant). Comment ? Cest toi ?... Brigitte. Ah ? Tu es lä ? Elle. Oui! Tu vois bien!... C'est toi?!... Brigitte. Eh ! bien oui!... C'est moi... quoi! Bonsoir Jacqueline ! Elle. Bonsoir... Bonsoir... Alors c'est toi qui est lä ?... Brigitte (innocente). Eh ! bien oui... Mais qu'est-ce qu'il y a ? Elle. Comment qu'est-ce qu'il y a ?.,. Enfin toi... Je croyais que tu dtais une amie!,.. Brigitte. Mais oui... et une de tes bonnes amies, j'es-pere !... Elle pose son sac sur le canape. Elle. Mais alors qu'est-ce que tu viens faire ici ?... Tu ne manques pas de culot... Brigitte. Moi? Lui. Ecoute Jacqueline... Elle. Toi, je ne te demande rien !... Je parle ä Brigitte!... Tu as l'air £tonnee de me voir!... Lui. Ecoute Jacqueline... Elle. Ah ! non... Je t'en prie !... Brigitte. Ca n'a pas l'air d'aller... Elle. Mais si, mais si!... Ca va tres bien! Brigitte. Ah! Bon ?... Alors comme je passais... Elle. Tu passais ?... Vraiment ?... Brigitte. Oui, dans le quartier... tout ä fait par ha-sard... Elle. Par hasard ? Lui. Ecoute Jacqueline... Elle. Non !... Cest elle que j'ecoute!... Alors tu ne t'attendais pas ä me trouver la, hein ?... Lui. Ah ! lä ! lä ! que c'est embetant! Brigitte. Ah! ca je dois dire que non, ma cherie... Elle (ä Brigitte). Laisse les « cherie » de cöti... veux-tu !... Ah ! ca alors ! Brigitte. Mais quoi « ca alors »? Dis-moi ce qu'il y a, ma cherie ? Elle. Explique-moi done ce que tu viens faire ici, puisque tu ne t'attendais pas ä me trouver la Brigitte. Eh ! bien oui... Je ne m'y attendais pas du tout... n'est-ce pas !... Tu vas souvent au cinema, 99 le soir. (Elle designe Lui.) Quand il travaille... Je sais que tu es rarement la... Mais comme je pas-sais... J'ai vu de la lumiere... Elle (a Lui). Tiens !... Elle a vu de la lumiere?... Lui. Mais ecoute Jacqueline... Elle. Quel drole de pretexte!... Je n'aurais jamais pcnse a ca, moi!... (A Lui encore.) Et toi non plus, je suppose ?... Lui. Non, non !... Moi rion plus, bien stir... Mais je voulais te dire... Elle. Non... rien du tout !... Lui. Ah ! la la ! que c'est embetant ! Brigitte, Enfin ma cherie... J'espere bien que si tu etais passee devant chez moi, comme moi devant chez toi, et que tu avais vu de la lumiere, tu aurais sonne, comme moi... Elle. Mais il est 11 heures du soir... Brigitte. Justement... Mais je n'avais rien a faire!... J'ai vu de la lumiere, alors plut6t que de rentrer me coucher tout betement, je me suis dit... Elle. Oui, tu t'es dit... « Puisqu'il y a de la lumiere, autant venir coucher ici !... » C'est a croire que tu n'as pas l'electricite !... Lui. Ecoute Jacqueline! Ecoutez-moi, toutes les deux !... Je vais vous dire exactement ce que... Elle. Mais non... Rien du tout... Laisse-moi parler, veux-tu ?... (A Brigitte.) Enfin si tu es entree... Brigitte. C'est parce que j'ai vu de la lumiere !... Elle. C'est surtout parce que Bernard t'a dit que je devais partir... ou plutot que je venais de partir en voyage... Brigitte. Mais pas du tout!... J'ai vu de la lumiere et... Elle. Ah ! non !... Ca suffit!... Assez avec cette lumiere !... C'est a croire que nous eclairons la rue !... Ne mens plus voyons! C'est inutile! Brigitte (met les elds de sa voiture dans sa poche, le porte-cles depasse.) Mais je ne mens pas... je t'assure... Oh! la! la!... Si j'avais su que ca fe-rait tant d'histoires, je ne serais pas venue !... Elle. Tu es venue a cause du telephone!... Brigitte. Quel telephone ? Elle. Mais pourquoi nies-tu... Puisque lui m'a tout racontd !... Brigitte. Raconte ?... II t'a raconte quoi ? Lui. Ecoute... Jacqueline... C'est une erreur! Elle. Ah! toi... je t'en prie... Tu ne vas pas revenir sur ce que tu m'as avoue !... Lui. C'est-a-dire que ce que je t'ai avoue... Ah! la la !... que c'est embetant! BRiGirni (inquiete). Avoue ? Avoue quoi ?... Elle. Tout!... Je te dis... Tout I Je sais tout! Toute la verite!... Et c'est comme ca que je suis au courant de ta liaison avec lui!... Lui. Ah ! Ia... la... que c'est embetant! Brigitte. Mais ce n'est pas possible! Elle. Si et c'est pour ca que je m'evertue a te faire comprendre que ce n'est pas la peine de me parler de la lumiere !... Lui. Ecoute Jacqueline... Je voudrais te dire... Enfin tu as tort d'insister dans le sens de la lumiere!... Elle. J'insiste... parce que je veux qu'elle avoue elle aussi, une chose qui n'est plus un secret pour moi... ni pour personne de nous trois !... Alors ?.. Brigitte. Alors ?! Oh! Mais si tu le prends de cette facon-la alors ?... Bien entendu... J'avoue... J'avoue 23 tout ce que tu veux... Tu es si calme... si tran-quille... Elle. Sereine !... Je suis sereine!... Tu peux dire se-reine !... Brigitte. Alors en effet... Si tu es sereine I... Mais ca alors!... Je ne pouvais pas penser qu'un jour il te raconterait tout 5a, tu sais... Ca n'a it6 qu'acci-dentel !... Elle. Qu'accidentel ?... Lui. Ah! la la!... que c'est embetant... Brigitte. Oui... enfin je veux dire... Ca n'a pas dure longtemps !... Elle. Pas longtemps ?... ( Brigitte. Mais non! D'ailleurs il n'y a plus rien!... Elle. Plus rien ?... Mais alors tu m'as menti !... Lui. Mais pas du tout !... Brigitte. Comment ?... Tu lui as fait croire que ca continuait toujours ?... LUI. Mais pas du tout!... Ah! la la !... que c'est embetant ! EllE. Mais si... Brigitte. Mais pourquoi ?... Ca alors Jacqueline je le jure... Tu entends... Je te jure qu'il n'y a plus rien entre nous depuis ces malheureux huit jours !... Elle. Ces huit jours ?... Ca alors ?... C'est trop fort ? Et qu'est-ce que tu trouves ä dire ?,.. Lui. Oh! maintenant plus rien!... Qu'est-ce que tu veux que je dise ?... Elle t'a tout dit... C'est trop tard!... Tu ne m'as pas laisse placer un mot... C'est trop tard!... Elle. Heureusement!... Alors. toi, soi-disant une amie... tu m'as trompee avec lui ?... Brigitte. Oh ! si peu... EllE. Si peu ?... (Mors d'elte). Tu ne trouves pas que tu vas fort ?... Brigitte. Mais ecoute Jacqueline... vraiment je ne te comprends plus. Tu semblais prendre tout ca tres bien, et puis brusquement... Tu t'enerves... Je ne comprends pas... puisqu'il te l'avait dejä raconte... Lui. Oui... enfin c'est-ä-dire... que... oh! lä lä, que c'est embetant !... Brigitte. Mais maintenant je ne voudrais pas que tu m'en veuilles trop !... Elle. Ce que je voudrais bien que tu m'expliques, c'est la facon dont ca s'est passe... Brigitte. Comment, il ne te l'a pas dit?... Elle. Non... non... II ne m'a donne" aucun detail!... Brigitte. Ah! parce que tu veux des details ?... Elle. Enfin des precisions! Si tu pr£feres... (ä Brigitte.) Alors ? Brigitte. Alors ! Oh lä lä!... Eh! bien... il n'y a pas grand chose ä dire... (A Lui.) N'est-ce pas ? Lui. Oh ! non pas grand chose du tout... vraiment pas grand chose !... Elle. Enfin tout de meme... Lui. Oui? Eh! bien n'est-ce pas... C'est ä cause de... Elle. A cause de quoi ? Lui. Eh ! bien c'est ä cause de ta maman ! Elle. A cause de ma maman? Brigitte. Oui! ta maman !... Lui. Oui! VoiläL. Elia Maman ? Ma maman ?... Mais qu'est-ce que Maman vient faire lä-dedans ?... Expliquez-moi ca voulez-vous ? Brigitte. Eh ! bien, c'etait il y a six mois !.,. Elle. Quoi il y a 6 mois ? Lui. Oui ! Ah ! la la ! que c'est embetant!... Brigitte. Oui! Je passais par hasard dans le quartier. J'ai vu de la lumiere... Elle. Ah ! bon, dejä ?... Lui. Oui... je te dis... C'est uniquement une question do lumiere !... Brigitte. Oui! Uniquement... alors j'ai sonne... II etait seul !... Elle, Comment ga?... Lui. Oui! Tu etais allee voir ta maman pendant une semaine ä Plombieres !... Rappelle-toi!... Brigitte. Oui... Ta maman faisait une eure je crois... A propos ? Est-ce que ga lui a fait du bien, ä ta maman ?... Elle. Ah ! non je t'en prie !... Alors il y a six mois de ca! Brigitte. Oui! Oh! Mais c'est loin... tout ca... C'esl bien loin. (A Lui.) N'est-ce pas ? Lui. Oh ! la la !... Oui!... C'est bien loin, bien loin !... Brigitte (ä eile). C'est mfime tellement loin que je ne comprends pas pourquoi il te l'a racont6?... Elle. II a eu raison !... Farce qu'il faut toujours dire la verite!... Et toi qui te pretends une de mes amies, tu aurais dü me la dire ! Brigitte. Mais ma cherie... Voyons ?... Tu ne te dou-tais de rien... Alors je n'allais tout de meine pas t'en parier!... Et puis je ne savais pas que tu avais les idees si Iarges!... Remarque bien que maintenant que tu le sais... Moi je respire mieux!... Elle. Oui!... Le remords t'etouffait, en somme ?... Lui. Oui! bon... Eh! bien maintenant c'est fini!... C'est termine et on n'en parle plus !... Brigitte. Oui... Voilä... C'est ga... On n'en parle plus !... Elle. Vous ne trouvez pas que vous allez un peu vite, non ?... Brigitte. Tu vois, je sens que tu m'en veux ? !... Elle. Je ne peux tout de meme pas te remercier!.,. Brigitte. Mais puisque c'est toi qui m'as pousse ä te le dire... puisque tu le savais dejä par lui... J'au-rais etc vraiment idiote de nier !... Alors... maintenant fais comme moi!... Oublie tout!... D'ailleuvs tu peux etre contente!... Je n'ai plus aueun souvenir de lui!,.. Lui. Ni moi non plus !... Plus rien d'elle!.., Flus rien... Le desert... le vide, le ndant! Elle. C'est flatteur! Brigitte. Voilä! plus rien!... Et maintenant moi, je me sens vraiment beaueoup mieux !... Elle. Eh ! bien, je suis tres contente pour toi!... Brigitte. Oh ! Mais j'ai compris !... Je dirai toujours Ja verite !... Toute la verite ä tout le monde... Meme si personne ne me demande rien... Comme ca tout est clair... Ca ne fait pas d'histoires, et on est soulage... N'est-ce pas ?.,. Elle. Mais oui... mais oui!... Brigitte. Bon ! Eh ! bien, maintenant qu'on s'est dit toute la verite, moi je crois qu'il ne me resle plus qu'ä m'en aller!... Elle. C'est ga oui... Va-t'en!... Ah! mais non... Au fait! Puisque tu es lä... Tu vas me rendre « encore » un petit service!... Brigitte. Encore!... Pourquoi « encore »?!... Elle. Pour rien !... Brigitte. C'est avec plaisir... Si je peux!... Elle. Ca tu pourras « aussi »!... Brigitte. Aussi ? Pourquoi « aussi » ? Eixe. Mon Dieu ! Alors... voilä!... Nous avons chacun un rendez-vous avec... quelqu'un, mais comme nous ne savons pas qui va sonner... Brigitte. Mais puisque vous avez rendez-vous !... Lui. Nous ne savons pas lequel va sonner le premier... Brigitte. Ah ! Bon ! Elle. Alors... (On sonne.) Voilä... justement... Alors tu vas aller ouvrir... Brigitte. Ouvrir la porte ? Elle. Oui... evidemment !... Pas la fenetre! Lui. Et quand tu auras ouvert la porte, si c'est un homme qui se trouve devant toi... tu... Tu... Eh! bien, tu tousseras, une fois !... Brigitte. Ah ! Bon ?... Et si c'est une femmc ?... Lui. Eh ! bien si c'est une femme ?... Rien du tout !... Brigitte. Rien du tout?... Quel dröle de truc! (On resonne.) Ca y est ! On a resonne... Elle. J'ai entendu. Brigitte, Alors ? J'ouvre ? Elle. Oui !... Brigitte. Je tousse... Lui. Ou tu ne tousses pas!... Brigitte. Oui c'est ca... Lui (ä Elle). Tu crois qu'elle a compris ? Elle. Je ne crois pas... (A Brigitte.) Et compte jusqu'ä cinq avant d'ouvrir la porte completement... Brigitte. Que je compte jusqu'ä cinq ?... Lui. Oui !... Brigitte. Mais pourquoi ? Elle. Ah ! la la! II faut tout lui dire!... (A Lui.) Tu n'as pas dü t'amuser!... (A Brigitte.) Pour que nous ayons le temps, Fun ou l'autre, de nous rendre compte si c'est le rendez-vous de Bernard ou le mien qui a sonne ! Brigitte. Ah ! Bon ?... Elle. Tu as compris ?... Brigitte. Non! Elle. Ca ne fait rien! Compte ! Brigitte. Bon! Un... Deux... Trois... Lui. Mais non !... Pas ä haute voix!... Elle. Mon Dieu! Compte jusqu'ä cinq en toi-meme... que nous ayons le temps de sortir, Bernard ou moi, si tu tousses ou pas !... Brigitte. Parce que vous allez sortir tous les deux ? Elle. Oui ! Enfin lui ou moi! Brigitte. Je ne comprends pas!... Elle. Quelle patience!... Entrebäille la porte, comme si tu etais la bonne!... Brigitte. Ah ! oui ?... Bon ? Ca y est... J'ai compris !... EllE. Enfin ! Brigitte. Si c'est une femme... je ne tousse pas... je pense jusqu'ä cinq et j'ouvre completement ?... Lui. C'est ga !... Elle. Voilä ! Brigitte. Je dis « Bonsoir ». Elle. C'est ga ?... Tu dis « Bonsoir », tu fais entrer et tu sors ! Brigitte. Je sors !... Elle. Eh ! oui, tu pars !... Brigitte. Ah ! oui! Bon, je pars ! Alors « au revoir » ! Elle. C'est ga, au revoir!... Brigitte, Et ne m'en veux pas trop!... Elle. Mais non, mais non !... Brigitte. Alors embrasse-moi !... Elle. Plus tard... line autre fois !... Brigitte. Tu vois que tu m'en veux!... On sonne. Elle. Mais non !... Mais nous sommes presses !,.. Ouvre done!... Brigitte (entrebaitle la porte). Je tousse! Elte tousse. Lui (ä Elle). C'est lui!... Cinq minutes... pas plus I... Elle, C'est ca... Il sort bureau et : Brigitte. Bonsoir 1 Robert (entre au fond, tandis que Brigitte est sortie en fermant la porte sur eile). Qui etait-ce ?... EllE. Rien... rien... du tout... L'amie avec laquelle j'ai dine ! Robert (it lui baise la main). Ah!... Oh! que tu es belle! Elle. Tu es en retard! Robert. Oui... je sais... Je suis ddsole... Mais impossible de me garer... Elle. Ne parle pas si fort... Robert. Pourquoi ?... J'ai ete tellement heureux quand tu m'as appele tout ä l'heure au telephone et que tu m'as dit de venir... Elle. Oui... Justement... Mais il y a eu un petit contretemps... Robert. Ah! Rien de grave ?... Elle. De grave, non... Un contretemps, c'est tout !... Mais tu m'as bien dit que ton amour etait assez fort pour surmonter tous Ies obstacles, toutes les difficultes ? Robert. Oui... Bien sür... Tu le sais !... Elle. Eh ! bien, ca va etre le moment de me le prou-ver !... Robert (il lui baise la main). Quand tu voudras... Elle. Ca va etre tout de suite!... Robert. Allons-y!... De quoi s'agit-il ?... Elle. Eh ! bien, Bernard n'est pas parti, comme pre- vu !... Robert. Allons bon ! Elle. Non... II est ici! Robert:. Non?,,. Elle. Si! Robbrt. Ou ? Elle. Lä!... Elle disigne le bureau face jardin. Robert. La ? Tu te moques de moi! Elle. Va voir !... Robert. Tu aurais pu me prevenirl... Elle. Quand ?... Comment ? Robert. Je ne sais pas moi! Me reteldphoner !... Elle. II etait la, ä cote de moi... Robert. Trouver un pretexte pour sortir... alors! Aller faire une course et m'appeler d'une cabine... Elle. A dix heures du soir ?... Car il vient de changer d'avis... il y a a peine une demi-heure... Robert. Bon! Eh! bien, alors, moi je file!.. // lui baise la main. Ellb. Pourquoi ? Robert. Mais parce que je ne veux pas me trouver en face de lui... Elle. Pourtant pour lui parier de ton amour... C'est 1'occasion... Robert. Ah ! non ! Elle. Tu ne m'aimes pas ? Robert. Si... si, bien sür... Mais la, maintenant, il faut que je m'en aille !... Elle. Tu as peur? Robert. Non ! Non ! Je n'ai pas peur!... Mais il pour-rait entrer d'une seconde ä l'autre et je ne peux tout de meme pas lui dire que j'ai sonn6, parce que j'ai vu de la umiere! Elle. Ah! non! Alors ca surtout pas ! Ne lui parle surtout pas de lumiere!... Robert. Enfin il faut bien que je trouve un pretexte!... Elle. Eh! bien, tu n'as qu'ä lui dire que tu es mon amant ! Robert. Ton amant ?... Mais il va prendre ca tres mal... Voyons, c'est de la folie!... Moi je m'en vais !... Elle. Alors nous ne nous reverrons jamais!... Robert. Ne me dis pas ca !... EllE. Plus jamais!... Par contre... si tu restes... alors.., tout sera different... Robert. Si je reste ?... Elle. Oui! Reste !... Robert. Tu crois vraiment que ?... EllE. Pour moi!.;. Robert. Mais ä quoi joues-tu ? Elle. Je ne joue pas!... Au contraire... C'est tres grave!... Je veux etre sure que tu m'aimes, vraiment, comme tu me le dis... Alors je te mets au pied du mur... Robert. Oui... En effet!... C'est une execution!... Elle. C'est pour moi! Pour nous! II ne faut pas qu'il se doute que je t'ai dit qu'il ötait lä t Alors, tu seras etonne, affoIe\.. enfin surpris de le voir et tu lui avoueras... que... Robert. Ce n'est vraiment pas raisonnable ce que tu me demandes de faire... Elle. Je sais!.., Viens ici.., Assieds-toi lä... (II s'as-sied.) Plus pres... Robert. Mais... Elle. Ne discute pas... Viens plus pres et regarde-moi... (II ta regarde.) Mieux... Robert. Ce que tu me fais faire!... Lui (entrant). Jacqueline, ma cherie... oil est-ce que tu as mis ?... (Voyant Robert.) Oh! pardon! Bonsoir Monsieur! Robbrt. Bon... Bonsoir Monsieur !... Lui. Je ne crois pas que nous nous connaissons ? !... Robert. Non... non... en effet monsieur... Je ne crois pas non plus! Elle. Eh ! bien, je vais vous presenter, ce sera plus simple... dtant donne que je suis la seule k connai-tre tout le monde... (A Robert, designant Lui.) Mon man !... (A Lui, ddsignant Robert.) Monsieur Renard... (Elle toussote.) Mon amant !... Lui. Ah ! Alors c'est vous qui faites la bombe avec ma femme au lieu de la faire ä Saclay? Robert. Mais non... pas du tout voyons!... Qu'est-ce que c'est que cette idee... Votre femme plaisante... Elle. Pas du tout!... Je ne plaisante pas !... C'est la verite"! Lui. Ah ! Bon ! ? Vraiment ?... Elle. Mais oui!... Dis-]ui que tu es mon amant... Robert. Oui... euh !... Enfin c'est-a-dire que... Elle. II est!... Robert. Ah! que c'est genant!... Lui. Et pour moi Monsieur ?... Vous ne croyez pas que c'est genant d'cntendre ca ?... Rodert. Oh ! si Monsieur !... Oh ! la la... si!... Lui. D'autant plus genant que vous ne vous attendiez pas ä me voir, je crois ?.,. enfin je suppose !... Robert. Non... non.,. Ca en effet... Justement... je ue pensais pas du tout !... Elle. Mais alors dis-lui!... Dis-lui ce que tu as enfin l'occasion de lui dire!... Lui. Farce que vous attendiez une occasion de me parier ?... Robert. Pas exaetement non... mais enfin !... Ecoutez Monsieur, je vais etre tres franc avec vous... Lui. Je ne vois rien de mieux ä faire, au point oü nous en sommes ! Robert. Oui... Eh! bien voilä... Effectivement, je pensais que votre ferame serait seule ici... sans ca... Je ne serais pas venu... bien sür... Lui. Bien sür!... Je me rends parfaitement compte que je ne presente aueun interet pour vous !... Robert. Oui !... N'est-ce pas ?... Enfin je veux dire... Je ne suis pas venu pour vous narguer... Lui. Ca ce serait le comble !... Robert. Oui, n'est-ce pas ? Aussi ötant donne que vous fites lä, il ne me reste plus qu'a m'en aller... Elle. Ah ! mais pas du tout !... Robert. Mais si... Je m'en vais !... Lui. Mais non! Mais non! Restex puisque ma femnie vous le demande ! Elle (ä Lui, designant Robert). D'autant qu'il a quel-que chose d'important ä te dire, n'est-ce pas ? Robert. Mais non!... Elle (ä Robert). Mais si! Dis-lui que tu m'aimes !... Robert. Est-ce bien necessaire ?... Elle. Indispensable!... Robert. Dans ces conditions !... Monsieur... en effet.., j'aime votre femme!... Mon Dieu... que c'est desa-greable !... Lui. D'aimer ma femme ?... Robert. Non... Monsieur!... D'avoir ä vous le dire !... Mais j'ajoute que je crois pouvoir affirmer qu'el-le aussi... de son c6te\.. n'est-ce pas ?.,. Elle. Oui... C'est vrai!... Et il est prfit ä reparer, n'est-ce pas ? Lui. A reparer quoi ? Robert. C'est vrai... Je suis pret ä... Lui. Pret ä quoi ?... Elle. Eh! bien mais, pret ä m'epouscr... Dis-le lui! Robert. Eh I bien... c'est-a-dire que... en effet je... Lui. Vous voulez epouser ma femme ?... Elle. Voilä !... C'est ca !... II veut !... Robert. Voilä c'est ga... Je voudrais bien !.„ Lui. Vous voudriez bien !... Mais vous fites complete-ment fou ?... Rodert. C'est bien ce qui me semble aussi!... Mais c'est votre femme qui a insists pour que nous vous le disions!... Mais je reconnais que c'est complctemcnt fou!... (A Elle.) Je te 1'avais bien dit !... Lui. Eh ! bien vous, on pourra tout vous reprocher 26 sauf de manquer de toupet!... Vous me demandez froidemcnt la main de ma femme !... Robert. C'est ca... Oui Monsieur!... Lui. Mais je ne suis pas son mari. Monsieur! Je suis son pere ! Mais qu'est-ce que je dis ? Je ne suis pas son pere ! Je suis son mari! Robert. Oh ! Je sais Monsieur... Je sais !... C'est bien ca qu'il y a de gfinant! Mettez-vous ä ma place !... Lui. Et vous, ä la mienne!... Robert. C'est comme si j'y étais Monsieur... comme si j'y étais !... Lui. Enfin c'est insensc!... Elle. Quoi ? Lui. D'oser me demander ta main !... Elle. Mais puisque je suis d'accord !... Lui. Lä n'est pas la question... (A Robert.) Vous ne pouvez pas épouser ma femme... monsieur ! Robert. Pourquoi ? Lui. Mais parce qu'ellc est mariée Monsieur!... Robert. Marice ? Mais avec qui?... Oh! oui pardon!... J'oubliais complčtement que vous étiez son mari... parce que vous avez l'air d'accepter si facilemenl que votre femme et moi... Lui. Je ne I'accepte pas, non!.,, Vous me mettez de-vant le fait accompli!... Et que je I'accepte ou pas, ca ne rcgarde que mot!... Je vous trouve tous les deux assis sur un canape, et vous m'an-noncez que vous voulcz vous marier!... Enfin rendezvous compte !... Robert. Oh ! Oui, je me rends compte !... Lui. Cc n'est pas unc situation possible, ca!... Elle. Lcs circonstances... la vie!... Lui. La vie ? Mais jamais de la vie !... D'abord dans la vie, le mari ne connait jamais ľamant de sa femme!... Ou alors s'il le connait, il ne sait pas que c'est ľamant !.,. Elle. Pourquoi ? Lui. Parce que ca ne se fait pas !... Robert (ä Lui). Mais oui... Je suis d'accord!... Ca ne se fait pas !... (A Bile.) Je te ľavais bien dit que ca ne se faisait pas !.. Lui. II a raison!... Ca ne se fait pas !... Ca ne peuL pas se faire !... Ah ! S'il m'avait dit quand je suis entré qu'il s'était trompé ďétage ou qu'il venait chercher son briquet qu'il avait perdu sur le ta-; pis, ä la rigueur, je pourrais le croire!... Rodert. C'est ce que j'aurais d ú dire!... Lui. Mais : « Bonsoir Monsieur, je suis ľamant de votre femme ct je veux ľépouser » Ľ. ca ne va pas !... Elle. Mais puisque c'est la vérité... Lui. Eh ! bien justement!... c'est pour ga que ca ne va pas !... Ca ne me plait pas du tout, mais alors... pas du tout !... Elle. En somme tu lui reproches sa franchise ?... Robert. Ca j'en étais súr!... Je te ľavais dit !... Lui. Oui!... Je la lui reproche, parce qu'elle m'inquie-te !... La tienne aussi m'inquiéte !... Quand on est francs, comme vous ľétes, c'est qu'on tient aux choses!... Et je ne m'attendais pas du tout ä ca !... Cette franchise !... Elle. II a préféré te dire la vérité... Et moi aussi... plutôt que d'inventer une histoire rocamboles-que !... Comme ca, c'est net!... II n'y a qu'ä divorcer !... Lui. Divorcer... Pour une histoire d'amour-propre!... Elle. Mais si c'est devenu une histoire d'amour!... Robert. Mon Dieu ! Que c'est gfinant, tout ga!... Lui. Et si je refuse ? Elle. Pourquoi rcfuserais-tu ? Tu pourras epouser ta maitresse! Robert (ä Lui). Ah! parce que vous avez, vous-meme... (et Elle.) II a?... LUI. Oui... j'aiFigurez-vous ! Et vous aussi n'est-ce pas ? Vous etes pourvu! Alors de quoi vous plai-gnez-vous ?... Robert. Oh ! Mais je ne me plains pas !... Lui. Ce serait Ie comble!... Robert. Non!... Mais je suis simplement surpris... parce que moi, n'est-ce pas... je ne suis pas marie, alors que vous... Lui. Et moi... je lc suis oui !... Elle (ä Robert). Je dois reconnaitre qu'il a ete tres franc... Comme nous ! II m'a dit qu'il avait unci maitresse... Seulemcnt, il ne m'avait pas parle de ses autres femmes !... Rodert. Parce que vous en avez plusieurs ?... Lui. Ca vous regarde ? ! On sonne. Robert. On a sonne!... Lui. Oui! C'est pour moi!,,. Elle. Sa maitresse !... Robert. Comment ? Lui. Vous avez entendu ce que vous dit ma femme ! Non ? Puisqu'elle vous dit que c'est ma maitresse !... Robert. Comment! Vous recevez votre maitresse ici ?... Lui. Pourquoi pas ?... Vous-meme, vous etes bien ici, chez moi, et vous etes... Robert. Oui... oui.., C'est vrai! Mais quelle dröle de situation! Eixe. Viens !... Allons dans le bureau... Nous n'allons tout de memc pas rester lä pendant qu'il reeoit sa maitresse!... RobhrT. Non... non... bien sür!... Mais alors c'est vrai que vous recevez?... Lui. Mais dites-moi, je n'ai pas de comptes ä vous rendre !... Robert. Je pensais que vous plaisantiez... Lui. Parce que vous, vous vous croyez tout permis avec ma femme, et moi j'ai juste le droit de plaisanter ?... Robert. Ce n'est pas ce que je voulais dire, mais cette situation est tellement particuliere... Lui. II faudra vous y faire!... Nous sommes comme ca nous!... Ef quand nous aurons divorce, si j'aeeepte... ma femme vous epousera et eile pren-dra un amant... moi, peut-etre!... Robert. Ah ! mais non, par exemple !... Lui. Pourquoi? Je n'ai pas la tete de l'emploi ?... Robert. Cc n'est pas ce que je veux dire !... Mais... Lui. Je m'aeheterai un blazer comme vous... avec des boutons d'argent... et des chaussures... comme les vötres... On sonne. Elle. Alors tu mc la presenteras dans cinq minutes !... Robert. Ah! parce qu'il va te la presenter!... (ä Ltd.) Vous alle?, la lui ?... Lui. Oui! Bien sür !.,. Elle. II l'a fait venir expres !... Robert. Eh ! bien ca alors !... Elle (ä Lui). Mais pas de tricherie!... Hein ? Je compte sur toi, pour etre aussi fair-play que moi... Lui. Sois tranquille !... Tu ne m'as pas manage... mais tu ne perds rien pour attendre !... 97 Elle, Ce n'est pas moi qui ai commence... Viens! Laissons-les en tete ä tete!... Robert. Ca alors !... Elle sort bureau suivie de Robert. Lui est alle ouvrir. Brigitte entre, regardant par terre. Lui. Comment c'est encore toi ?... Brigitte. Oui... Tu vois!... Je suis désolée de te dé ranger !... Lui. Mais non, mais non... Qu'est-cc que tu veux ?... Brigitte. Eh bien ! figurc-toi qu'il y a vingt minutes que je cherche les elés de ma voiture!... J'ai vidé deux fois mon sac sur le trottoir... Impossible de les trouver... Lui, Ou'est-ce que tu veux que j'y fasse?.,. Brigitte. Eh! bien, si elles ne sont pas dans mon sac, c'est qu'elles sont ici!... Lui, Pourquoi ? Brigitte. Mais parce que quand je suis venue tout h ľheure, je les tenais!... Lui. Tu es súre?... Brigitte. Absolument!.,. Je garde toujours les elés de ma voiture ä la main, pour montrer que j'ai une voiture !... Eue rit. 11 la regarde attristé. Lui. Eh ! bien, cherche-les alors !... Brigitte. Oui!... Oui!... C'est bien ce que je fais! Tu es seul ?.,. Lui. Oui! Oui!... Tu vois bien !... Brigitte (riant). Quelle histoire, hein ?... Lui. Ah ! oui! Quelle histoire !... Brigitte. Mais pourquoi est-ce que tu es alle tout ra-conter a ta femme ?,.. Lui. Mais moi je n'avais pas raconté ca!.,, C'est toi qui as parle !,.. Brigitte. Mais comme vous m'avez dit de dire la veríte, moi j'ai pensé que... Mais oil est-ce que j'ai bien pu les mettre ? (Elle cherche ses elés.) II faudra que je lui disc que ce n'est pas vrai... et que je lui ai raconté tout ca pour rire!... Lui. Ah ! non 1 surtout pas... Maintenant que tu as dit la vérité, continue!... II ne fallait pas com-mencer!... Brigitte. Alors je dois continuer ä la dire ?... Lui. Oh! oui! Maintenant que le plus dur est fait, tu as intérét a la dire ä tout le monde!... Brigitte. Bon! J'ai compris! Toujours la vérité... d'entrée !... Lui. Voila, d'entrée!.., Alors ces elés? Brigitte. Je vois bien que je te derange ? Lui. Oui! Brigitte. Tu es presse ? Lui. Oui! Brigitte. Tu attends quelqu'un peu-étre ?.,. Lui. Oui c'est ca... Justement... J'attends quelqu'un !... Brigitte. Ah ! Un homme ? Lui. Mais non!... Une femme!... Ma maitresse!... Brigitte. Quoi ? Lui. Oui!... J'attends ma maitresse !... Brigitte. Maintenant ?... Lui. Bien sür, maintenant!... Brigitte. Tu I'attends ici ?... Lui. Naturellement ici!... Puisque j'y suis !... Brigitte. Eh bien, tu as un de ces culots!... Recevoir ta maitresse ici pendant que Jacqueline est sortie! Lui. Jacqueline n'est pas sortie!... Brigitte. Mais tu m'as dit que tu (Stais seul ?... Lut Oui... Je suis scul ici.„ Mais Jacqueline est h cote... dans le bureau!... Brigitte. Dans le bureau ?... Ce n'est pas vrai ?... LUI. Pourquoi ?... Qu'est-ce que ca a d'extraordi-naire ?... Brigitte. Mais enfin, elle pourrait entrer... La voir!... Lui. Et alors ?... Brigitte. Comment : « Et alors ? ». Mais qu'est-ce que tu lui dirais ? Lui. Rien "... Elle le sait!... Brights. Elle le sait?... LUI. Evidemment! Je le lui ai dit! Cherche tes cles !... Brigitte. Tu le lui as dit?... Enfin c'est ahurissant!... Dis-moi que je reve ?... Lui. Ah! non !... Surtout ne reve pas!,.. Cherche tes cles ! Brigitte. Alors comme ca, tu attends ta maitresse ici, ta femme le sait, et elle reste dans le bureau en attendant tranquillement que ca se passe ?... C'est ca ?... Lui. Tranquillement ! Tranquillement : elle est avec son amant! Brigitte. Quoi ?.,. Qu'est-ce que tu dis ? Lui. La verite !... Brigitte. Mais enfin ce n'est pas possible ?... Lui. Pourquoi pas possible ? Brigitte. Enfin c'est inoiu! Tu me fais marcher!... Lui. Mais pas du tout! Cherche tes cl^s !... Brigitte. Et d'abord comment le sais-tu ? Que c'est son amant ? Lui. C'est Jacqueline qui me l'a dit, tiens !... Brigitte. Elle te l'a dit?.,. Lui. Oui !... Et lui aussi d'ailleurs ! Cherche tes cles !... Brigitte. Ca alors !... Je n'en reviens pas !... Avoir un souffle pareil!... C'est du souffle !... Hein ?... Mais qu'est-ce que c'est que cette situation ?... Lui. C'est tres simple !... On se dit tout! Cherche tes cles ! Brigitte. Toujours votre fameuse verite ?... lis stmt tous les deux vamris sur te canape1 en train de chercher les cles. Lui. Toujours ! C'est formidable ! Hein ?... Brigitte. Ah ! ga oui ! C'est formidable! Parce que pour ca!... il faut du souffle!... Moi ca me le coupe!... Elle (entrant). Alors ?... Quoi ? Comment ?... C'est encore toi ? Brigitte et Lui (ensemble). — J'avais oublie' les cle*s de ma voiture... — Elle avait oublie les cles de sa voiture... Elle, Eh ! bien tous les deux vous auriez pu trouver quelque chose de mieux! Vous mentez encore plus mal que je ne pensais ! Lui. Mais qu'est-ce que tu veux dire ?... Elld. Tu sais tres bien ce que je veux dire!... Tu as pris le pretexte de ton amour-propre pour renouer avec Brigitte ! Mais qu'est-ce que tu peux bien lui trouver ?... Brigitte. Oh ! Mais ca n'est pas gentil ce que tu me dis la !... Lui. Mais non voyons!... Ecoute !... EllE. Tes mensonges ?... Ah! Ah! non alors!... Ah! II a bon dos ton amour-propre!... Mais tu n'as plus aucune excuse, tu entends... Plus aucune !... Lui. Mais Jacqueline... Elle. Ah ! non je t'en prie ! Mets-la dehors ! Je l'ai assez vue ! Brigitte. Mais ma cherie... Elle. Ah! toi! Tais-toil... Elle ressort en claquant la porte. Lui. Ah ! Ia la que c'est embetant! (Voyant le porte- cles qui depasse de la poche de Brigitte.) Mais qu'est-ce que c'est que ca ? Brigitte. Ca ? C'est mes cles.. Oh ! Dis done!... Mes cles ! Lui (hors de lui). Va-t'en ! Brigitte. Oui! Ca il vaut mieux que je m'en aille! parcc que pour vivre dans une situation comme ca... ce n'est pas tout rose... Hein ?... Et il faut avoir un de ces souffles !... Ah! ca tous les deux, vous avez un dröle de souffle,.. Lui (a ouvert la porte et Bettina est la sur te seuil). Mais oui ! Bettina. Ah ! C'est bien que tu ouvres ! J'allais juste sonner !... Lui. Eh! bien ce n'est pas la peine... J'ouvrais ! Madame s'en allait!... Entra... Entra!... Brigitte, Ah ! La voilä !... C'est elle, hein? Lui. Oui ! Oui!.,. C'est ma bonne Italienne, ca! C'est ma petite Bettina !... Bettina. Si... si.,. Ta femme a oublie de me donner la cle de la casa !... Lui. Ah ! C'est ca ?... Eh! bien, eile est lä... Bettina. La maitresse est lä... Brigitte (ä Bettina, complice). Et on vient rejoindre son amant, hein ?... Bettina (ta regardant sans comprendre). Comment? Tu as raconte ä la madama ? Elle est au courant ? Lui. Mais oui... mais oui... Alors Madame te donnera la cle, demain !... Bettina. Va bene ! Ciao ! Ciao ! Elle sort 3" plan jardin. Brigitte. Jacqueline va lui donner la cle de la mai- son ?... Lui. Naturellement!... Brigitte. Naturellement... Eh! bien ce souffle... Lui. Pourquoi ? Brigitte. Pour trouver beaucoup de femmes qui don-nent la cle de chez elles ä la maitresse de leur mari, il faut se lever de bonne heure!... Lui. Mais c'est ma bonne !... Brigitte. Ah !... C'est ta bonne ?... En plus ? Lui. Mais oui!... Brigitte. Alors 9a y est!... J'ai mis le temps, mais j'ai compris ! Lui. Quoi done ? Brigitte. Je sais pourquoi ta femme sait que tu attends ta maitresse ici! Lui. Ah ! oui ? Eh ! bien tant mieux L. Brigitte. Mais oui... C'est evident!... C'est parce que tu es I'amant de ta bonne!... Lui. Hein ? Quoi ? Ah ! mais oui! C'est ca ! Voilä ! 5a y est ! Tu as trouve!... Je suis I'amant de ma bonne! Allez bonsoir!... Brigitte. Eh ! bien je n'ai jamais vu ca nulle part, moi... Jamais!... Parce que comme souffle... Ca c'est du souffle !... Lui. Eh ! bien va souffler dehors ! ! 11 la pousse dehors, tandis que tombe le... RIDEAU