juin 2005 - Page 17 La crise belge vue de Wanze et de Kruibeke BHV, les lettres sans réponse Par Olivier Bailly et Michaël Sephiha Journaliste, Molenbeek-Saint-Jean (Belgique), coauteur avec Jean-Marc Caudron et Denis Lambert d’Ikea, un modele `a démonter, Luc Pire, Bruxelles, 2006, 108 pages, 15 euros. Journaliste au quotidien économique flamand De Tijd. Trois lettres font trembler le gouvernement fédéral belge depuis plusieurs mois : BHV, c’est-`a-dire l’arrondissement Bruxelles-Hal-Vilvorde (1)... Dans l’ensemble de la Belgique, les arrondissements administratifs et judiciaires sont unilingues, `a l’exception de celui-l`a. Des citoyens vivant en Flandre peuvent ainsi voter pour des francophones bruxellois lors des scrutins législatifs et européens. A l’aube des élections régionales de 2004 – et dans une effervescence toute électoraliste – , mettre fin `a cette exception en scindant l’arrondissement était devenu une revendication non négociable pour tous les partis flamands. Le ton entre communautés est d’autant plus facilement monté qu’il est impossible pour un Flamand de voter pour un candidat wallon, et vice-versa... Le sujet n’a pas passionné les foules. Début mars 2005, alors que la presse affichait le sujet, le Front démocratique des francophones (FDF) a organisé une manifestation pour défendre les droits des 120 000 francophones (2) concernés. N’y vinrent qu’un millier de personnes, tandis que 400 Flamands contre-manifestaient. Cette affluence minimale, en pleine crispation médiatique, en dit long sur l’indifférence, voire le ras-le-bol, de la population face aux crises institutionnelles répétitives. En avril, une solution devait etre trouvée `a ce probleme somme toute anecdotique, au regard des véritables défis qui attendent la Belgique. Médias et responsables politiques tenterent d’étouffer le feu qu’ils avaient eux-memes allumé. Mais, faute de trouver un compromis, le premier ministre Guy Verhofstadt a finalement remis le sujet... au frigo jusqu’en 2007 ! Triple conséquence de ces vains effets de manche : les partis politiques en Flandre sont discrédités et, leurs revendications n’étant pas passées, ils « flamandisent » davantage la périphérie bruxelloise pour sauver la face ; l’extreme droite va profiter de ces tensions communautaires ; enfin, les prochaines discussions institutionnelles risquent de prendre systématiquement un accent communautaire, nul ne sortant indemne du psychodrame BHV. Beau bilan… (1) Pour mieux comprendre la problématique BHV, lire le dossier en ligne du quotidien La Libre Belgique (2) La Libre Belgique, 7 mars 2005. En fait, les francophones présents dans l’arrondissement BHV sont généralement estimés `a 60 000.