DOCUMENT VI.a. Le territoire éduen au début du 4e sicle Nous avons bien, comme je ľai dit, le nombre ďhommes et ľétendue de terrain qui ont été déclarés, mais le tout est dénué de valeur cause de ľinertie des hommes et de ľinfidélité de la terre. O trouver chez nous un champ ou un cultivateur comparables ceux des Rmes, des Nerviens ou mme de nos proches voisins, les Tricasses ? Chez eux, les revenus rivalisent avec la peine qu'ils se donnent. Cependant, il est juste de pardonner aux cultivateurs qui répugnent travailler sans profit. Un champ qui ne vous dédommage jamais de vos dépenses est nécessairement abandonné quand il s'y ajoute encore ľindigence des paysans qui, fléchissant sous le poids des dettes, n'ont pu ni drainer ni essarter leurs terres. Aussi tout ce qui avait autrefois constitué un sol passable a été enseveli sous les marais ou envahi par les broussailles. Il y a plus : le fameux canton Arebrignus lui-mme est bien vainement jalousé et porté aux nues, car on n'y voit plus cultiver la vigne que sur un seul point ; au-del, tout le reste n'est que forts et roches inaccessibles, srs repaires des btes sauvages [...]. Enfin, ces vignes mmes, qu'admirent ceux qui ne les connaissent pas, sont si épuisées par la vieillesse qu'elles ne profitent presque plus de la culture [...]. [...] Que dirai-je des autres régions de cette cité qui, de ton propre aveu, ťont tiré des larmes ? [...] Tu as eu sous les yeux une terre partout dévastée, abandonnée, couverte de broussailles, muette et ténébreuse ; les voies militaires elles-mmes sont si raboteuses, elles franchissent les montagnes successives avec de telles côtes et de telles descentes qu'elles laissent difficilement passer les chariots demi pleins, parfois mme les chariots vides. Il en résulte souvent que nos redevances parviennent en retard, puisque nous avons plus de peine faire sortir de chez nous de maigres denrées que les autres n'en ont pour des quantités considérables. Aussi, empereur, te savons-nous plus de gré encore de ta pitié et ďavoir daigné, malgré les abords et ľaspect de nos pays que tu savais si repoussants et si âpres, taire un détour par l néanmoins et illuminer de ta présence une ville qui vivait de la seule espérance de ton aide. Il est ďun bon prince ďaimer voir ses sujets heureux, il y a plus de bonté encore leur rendre visite aussi dans leur détresse. Panégyriques latins, VIII, 6-7, (trad, E. Galletier, Paris, Belles Lettres, 1952, p. 94-95). Ce discours officiel de louanges fut prononcé Trves en 312 devant ľempereur Constantin. Ľauteur anonyme remercie ľempereur ďavoir procédé des dégrvements ďimpôts pour le territoire ďAutun, ravagé par les troubles du 3e sicle. Il fait une description de la situation catastrophique de cette région qui n'est plus en état de faire face aux impôts prévus en fonction des recensements faits sous Dioclétien pour la capitatio-jugatio. On y constate ľabandon des champs, le mauvais état du vignoble ďArebrignus, ľactuelle zone de Beaune et de Nuits, déj célbre cette époque, et enfin la détérioration du réseau routier. La fin du texte fait allusion une visite que fit Constantin Autun en 311.