Neel Doff A. Biographie La vie de Neel Doff (Cornélia-Hubertina Doff) bouscule le conformisme bourgeois. Elle est née en 1858 dans une famille du sous-prolétariat hollandais. Obligée de se prostituer pour faire vivre ses freres et sœurs (et ce, avec l’ « aide » de sa mere), elle va tenter de se sortir de son milieu en posant pour des peintres. Ainsi dans le milieu de la boheme[1] aisée de Bruxelles, elle rencontre Frédéric Brouez (1881-1900), premier mari de Neel Doff, fils d'un notaire de la région de Mons (Wasmes). Celui-ci, étudiant en droit et puis en médecine sera l'animateur principal de la revue La Société Nouvelle avant d'etre emporté par la maladie. Neel Doff épouse peu apres Georges Sérigiers, un autre avocat socialiste qui l'introduit dans les milieux de la bourgeoisie intellectuelle d'Anvers. Elle commence `a écrire ses souvenirs en 1909, alors qu'elle a cinquante ans. La trilogie Jours de famine et de détresse (1911), Keetje (1919), Keetje Trottin[2] (1921) est largement autobiographique. Chaque livre de la trilogie, composé de petits récits brefs qui ne cherchent pas `a former une fiction articulée, constitue un témoignage extraordinaire sur les taudis[3] des grandes villes. Elle nous fait un exposé descriptif et quasi médical des conditions de vie du sous-prolétariat. Elle ne débouche jamais sur une analyse politique. On pourrait croire `a une certaine naiveté du propos et `a une perception superficielle des choses, mais l'écriture va au-del`a de ce qu'elle prétend rapporter. Le texte dénote une froideur clinique qui est aussi un effet d 'art. Devenue bourgeoise, elle n'oublie pas ses origines et prend en charge une famille pauvre. Elle ne réussira pourtant jamais `a s'intégrer dans la bonne société anversoise ni dans les milieux intellectuels bruxellois. Neel Doff reste marginale, par son origine, son tempérament et une écriture d'une grande sincérité. B. Résumé de l'intrigue de Keetje (1919) Dans ce roman, Neel Doff raconte comment Keetje Oldéma, une des neufs enfants d'un couple de miséreux, réussit `a se sortir de la misere. Alors que sa mere la contraignait `a la prostitution, elle décide au grand dam de cette derniere d'arreter de s’abaisser `a cette activité. Elle va commencer par travailler en tant que modele dans les ateliers de peintre. Elle commence alors `a apprendre le français et `a lire nombre d'auteurs classiques. Elle va plus tard rencontrer André, bourgeois aux idées progressistes et révolté par la misere dans laquelle vit le sous-prolétariat; il aimera Keetje en dépit de ses origines sociales. Durant cette période, Keetje affinera son éducation en entrant au Conservatoire, pour y apprendre d'abord la déclamation, ensuite le chant. Mais son bonheur va etre gâté par la maladie d'André et sa mort. Elle se retire alors dans une petite maison de campagne ou elle mene une vie paisible. ------------------------------- [1] Ensemble de personnes qui menent une vie d'artiste, marginale, au jour le jour. [2] L'ordre de parution ne correspond pas tout `a fait `a la chronologie réelle des événements. En effet, Jours de famine et de détresse paru e 1911 conte l'enfance de Keetje; Keetje Trottin relate son passage `a l'adolescence et est sorti en 1921 apres Keetje (1919) qui est l'évolution vers la maturité. [3] Logement insalubre