VII. Les Mérovingiens (fin 4^e - fin 7^e siecle) Pendant trois cents ans, le territoire de la Gaule connaît une immense mutation. L'effondrement de l'Empire romain, avec les invasions barbares, fait émerger des pouvoirs nouveaux, d'ou se dégagent la puissance franque et, avec elle, la dynastie mérovingienne. C'est sous son incertaine autorité qu'en meme temps s'élaborent la fusion progressive des éléments barbares et romains, le développement d'une société nouvelle, plus rurale, plus violente, et que se poursuit la diffusion du christianisme. VII. Le temps des Barbares. 1 VII.a. Les invasions barbares (5^e siecle) 2 VII.a.i. Les grandes invasions. 2 VII.a.ii. Les royaumes barbares. 3 VII.b. Les Mérovingiens (6^e-7^e siecle) 3 VII.b.i. Clovis 3 VII.b.ii. Le royaume franc. 4 VII.b.iii. Les forces centrifuges. 5 VII.c. Les éléments de fusion.. 6 VII.c.i. Romains et Barbares. 6 VII.c.ii. La société mérovingienne. 6 VII.c.ii. Christianisation. 7 En quatre-vingts ans, de 395 `a 476, l'Empire romain, qui a perdu son unité `a la mort l'empereur Théodose, se trouve d'abord dirigé par deux empereurs qui résident l'un en Orient et l'autre en Occident, puis amputé de sa partie occidentale par la mise en place de nouveaux royaumes barbares. Le phénomene est irréversible, puisque meme l'effort de reconquete entrepris au 6e siecle par l'empereur Justinien est voué `a l'échec. Or l'un de ces royaumes barbares, celui des Francs en Gaule, va donner son nom `a la France d'aujourd'hui. VII.a. Les invasions barbares (5^e siecle) Au début du 5^e siecle, la façade romaine de la Gaule - préfecture du prétoire, dioceses, provinces, cités, aristocratie sénatoriale - cache des transformations tres profondes. Sous la menace des invasions, l'Empire, nous l'avons vu, s'est militarisé : les villes se sont enfermées `a l'abri d'enceintes ; des armées, qui comprennent déj`a une forte proportion de Barbares, campent aussi bien sur la frontiere du Rhin que dans l'arriere-pays, et leurs chefs tendent `a accaparer l'essentiel du pouvoir, au détriment des civils. D'autre part, l'Empire s'est christianisé, en commençant par les villes. Les éveques deviennent des personnages de premier plan, la vie monastique a fait son apparition en Gaule et, sous l'impulsion de saint Martin, l'évangélisation des campagnes a commencé. Mais le fragile équilibre entre Romains et Barbares est définitivement rompu au début du 5^e siecle. VII.a.i. Les grandes invasions. La Gaule a alors connu trois grandes poussées successives, et tres différentes, des peuples barbares. Au début du siecle, un groupe de peuples - Vandales, Alains, Sueves - franchit le Rhin (406-407) et ravage toute la Gaule pour se diriger ensuite vers l'Espagne et l'Afrique du Nord ; peu apres, entre 410 et 420, deux autres peuples entrent en Gaule et s'y installent avec le statut de 'fédérés : les Burgondes au nord des Alpes et les Visigots dans la région de Bordeaux-Toulouse. Au milieu du siecle (451) se produit l'invasion éclair des Huns d'Attila qui provoque la mise en défense des villes - ainsi s'illustra sainte Genevieve `a Paris - et une sorte d'union sacrée entre Gallo-Romains et Barbares : vaincu aux Champs Catalauniques, pres de Châlons-sur-Marne, Attila ne reparut jamais en Gaule. Enfin, pendant tout le siecle, Visigots et Burgondes étendent lentement leur domination au-del`a du territoire qui leur avait été d'abord imparti, tandis que de nouveaux peuples progressent `a l'ouest du Rhin ; il s'agit des Alamans dans la vallée moyenne du fleuve et des Francs, en deux groupes : Francs Rhénans ou Ripuaires autour de Cologne, Francs Saliens autour de Tournai, dans l'actuelle Belgique. En meme temps, la péninsule de l'Armorique voit arriver les premiers Bretons chassés de leur île (l'Angleterre actuelle) par d'autres peuples germaniques, les Angles et les Saxons. VII.a.ii. Les royaumes barbares. La géographie politique de la Gaule vers 476-480, au moment de la disparition de l'Empire en Occident et `a la veille du regne de Clovis, est tres confuse, mais importante pour l'avenir. Des blocs qui se formerent alors, triompherent ou succomberent, allait sortir toute l'histoire nationale et régionale de la France. Mettons `a part l'Armorique, qui, définitivement submergée par les Bretons au 6^e siecle et devenue >> Bretagne <<, allait vivre longtemps, en marge de la Gaule. Au sud dominent les Burgondes, de Bâle et Constance jusqu'`a Vienne sur le Rhône, et surtout les Visigots, dont le >> royaume de Toulouse <<, qui s'étend des Pyrénées `a la Loire et `a la Provence, est la grande puissance du moment. Les uns et les autres se présentent en alliés ou en héritiers de Rome ; ils occupent les régions les plus riches, les plus urbanisées, les plus romanisées. Vis-`a-vis des populations locales soumises au régime de l'hospitalité[1], leur grand handicap est d'ordre religieux ; ils sont chrétiens, certes, mais sous une forme hérétique, l'arianisme : ils ont ainsi rencontré l'hostilité déclarée de l'Église et de l'aristocratie gallo-romaine, pépiniere d'éveques. A cet ensemble méridional, on peut opposer la Gaule du Nord, ou subsistent des généraux romains, dont le dernier, Syagrius, se fixe `a Soissons. Moins riche, moins urbanisée, moins romanisée, cette région subit la pression des Francs et des Alamans, beaucoup moins sensibles que les Visigots et les Burgondes `a l'influence romaine : ils ont fait définitivement reculer la frontiere linguistique de 50 `a 100 kilometres `a l'ouest du Rhin. Ils sont, de surcroît, paiens. Or, en une génération, le royaume des Francs Saliens allait se substituer `a celui des Visigots comme principale puissance en Gaule et transporter dans la moitié nord du territoire les centres du pouvoir, qui étaient restés jusque-l`a proches de la Méditerranée. C'est un des grands tournants de l'histoire française. VII.b. Les Mérovingiens (6^e-7^e siecle) VII.b.i. Clovis L'auteur de ce retournement est le premier roi de l'histoire nationale : Clovis (481-511). La rareté des sources, leur caractere tardif et souvent hagiographique - la principale source étant L'Histoire des Francs écrite par l'éveque Grégoire de Tours plus de soixante ans apres la mort du roi - rendent tres difficile la compréhension des buts politiques réellement poursuivis par Clovis. Il faut s'en tenir aux faits, qui se déroulent en deux grandes phases : d'abord la victoire sur Syagrius `a Soissons en 486 et, vers 496, celle sur les Alamans `a Tolbiac ; ensuite, la victoire sur les Visigots `a Vouillé, pres de Poitiers, en 507, suivie de l'effondrement du royaume de Toulouse, qui, bas Languedoc et Provence exceptés, passe sous le contrôle de Clovis. Entre-temps s'était produit l'événement décisif qui explique le triomphe sur les Visigots ariens : la conversion de Clovis et son bapteme `a Reims, sans doute en 496. Traditionnellement attribuée `a l'influence de la reine Clotilde et de l'éveque de Reims saint Remi, la conversion du roi et de son peuple a eu des conséquences immenses, faisant des Francs Saliens, face aux autres Barbares, paiens ou hérétiques, les champions du christianisme romain, donc les alliés des Gallo-Romains déj`a convertis (cf. document VII.a.). La victoire sur les Visigots, qui se replient alors en Espagne, est suivie de la reconnaissance de l'autorité de Clovis en Gaule par une ambassade venue de Constantinople. Dans ses dernieres années, Clovis réalise l'unité de tous les Francs en succédant au dernier roi des Francs Rhénans, `a leur tour convertis, et fixe `a Paris, hors de la zone primitive du peuplement franc, sa résidence principale et le lieu de sa sépulture. La conquete devait etre achevée par ses fils, qui triomphent du royaume burgonde en 532-534 et s'emparent de la Provence en 536. L'unité de la Gaule était reconstituée au profit des Francs. VII.b.ii. Le royaume franc. Mais des cette époque avaient commencé les partages entre les successeurs de Clovis. Ils posent le probleme de la nature du regnum Francorum et du pouvoir de ses chefs, étrangers aux institutions romaines. Le roi, qui appartient `a une famille d'exception - les Mérovingiens, du nom du grand-pere de Clovis, Mérovée -, descend des dieux germaniques et se distingue par sa longue chevelure. Il est aussi le chef des guerriers, qui l'élevent sur le pavois[2] et lui jurent fidélité. Il vit au milieu d'un ensemble de services `a la fois domestiques et publics - le palais -, qui se déplace avec lui. Mais il est aussi l'héritier des impôts et des domaines de l'Etat romain : le fisc[3]. Il est la source du droit, de la loi, de la justice ; il nomme les comtes[4] et les éveques. Ce pouvoir apparemment sans limites a rencontré trois obstacles. Le premier est surtout sensible au 6^e siecle. C'est la pratique successorale, qui tend au partage du pouvoir entre les fils du roi défunt et engendre rivalités, assassinats et guerres civiles. Apres la mort de Clovis, l'unité du royaume n'est reconstituée que sous le regne de son dernier fils. Clotaire 1^er (555-561). On entre ensuite dans une grande crise ou, aux rivalités des rois, se melent celles des reines, telles Frédégonde ou Brunehaut. L'unité n'est rétablie qu'en 613 par Clotaire II et surtout par son fils Dagobert, dont le regne, qui n'a duré que dix ans (629-639), marque l'âge d'or de l'époque mérovingienne. VII.b.iii. Les forces centrifuges. Alors apparaissent en pleine lumiere les deux autres sources de faiblesse de la royauté mérovingienne. L'une est l'existence d'entités régionales de plus en plus distinctes. Au 7^e siecle, Provence et Aquitaine ont retrouvé une autonomie propice `a la conservation des traditions romaines, et l'autorité des Mérovingiens ne s'exerce plus que sur trois royaumes - les tria regna - tantôt unis et tantôt séparés : `a l'ouest, la Neustrie, de la Somme `a la Loire, ou les Francs Saliens, `a partir de leurs capitales situées dans la vallée de la Seine et de l'Oise, composent aisément avec les populations gallo-romaines ; `a l'est, l'Austrasie des Francs Rhénans, centrée sur les vallées de la Meuse, de la Moselle et du Rhin, ou les aspects germaniques sont renforcés au fur et `a mesure que la conquete franque s'étend au-del`a du Rhin, vers la Baviere, la Thuringe et la Frise ; la Bourgogne enfin, qui se situe dans la lignée du royaume burgonde. C'est dans ce triple cadre que se développe le dernier obstacle, la menace décisive pour la royauté mérovingienne : la montée du pouvoir d'aristocraties régionales auxquelles les rois ont du distribuer les terres du fisc en bénéfice[5] pour s'assurer loin fidélité et dont les chefs naturels sont ceux des services royaux : les maires du palais[6]. En 687, l'aristocratie d'Austrasie, conduite par Pépin d'Herstal, écrase les troupes du roi de Neustrie `a Tertry, pres de Saint-Quentin. La dynastie mérovingienne, sous surveillance des maires du palais, fut maintenue. Elle n'était qu'en sursis. Mais les péripéties de l'histoire politique ne doivent pas cacher une réalité beaucoup plus profonde. Dans la Gaule franque comme `a la meme époque dans l'Espagne visigotique ou dans l'Italie lombarde, émergent une société et une civilisation nouvelles dont les contours se dessinent nettement au 7^e siecle. VII.c. Les éléments de fusion VII.c.i. Romains et Barbares. La fusion qui lentement s'est opérée pendant ces trois siecles `a partir du fond gallo-romain, des apports germaniques et du christianisme est tres complexe. Elle s'est heurtée aux coutumes et aux traditions des peuples en présence, et en particulier `a un obstacle juridique considérable, le principe de la territorialité des lois. Alors qu'`a l'époque impériale le droit romain écrit régissait tous ceux qui habitaient sur le territoire de l'Empire - c'est le principe de la territorialité des lois -, seuls les Gallo-Romains et les ecclésiastiques continuent `a etre régis et jugés selon ce droit apres les invasions. Les nouveaux venus obéissent `a leurs propres lois, qu'ils s'empressent de mettre par écrit, en latin : lois des Francs Saliens (loi salique) rédigée vers 500, des Ripuaires, des Burgon-des, des Alamans... Or ces lois, qui reposent sur la vengeance privée (faide[7]), la composition pécuniaire (wergeld)[8] et l'ordalie judiciaire[9], sont `a la fois différentes entre elles dans la pratique et totalement opposées au droit romain dans l'esprit. Mais cet obstacle juridique a été dépassé par les réalités de la vie quotidienne. Quelques éléments saillants de la civilisation mérovingienne peuvent etre dégagés : parce qu'ils marquent un changement par rapport `a la civilisation gallo-romaine ; parce qu'ils annoncent les traits caractéristiques de la civilisation médiévale. VII.c.ii. La société mérovingienne. Il s agit d'abord d'une société en voie de ruralisation. La population de ces siecles souffre d'un affaiblissement constant que n'ont en aucune façon compensé les apports germaniques et qu'aggrave un cycle d'épidémies de peste apparu dans la deuxieme moitié du 6^e siecle. Le déclin des villes paraît irrémédiable. Certes, le cadre romain de la cité reste le cadre administratif dans lequel s'exercent l'autorité religieuse de l'éveque et l'autorité politique du comte. Mais le modele urbain a perdu tout caractere attractif. La vie se reconstitue `a la campagne, une campagne ou l'espace sauvage l'emporte sur l'espace cultivé. On y note `a la fois la tendance au regroupement de petits propriétaires libres et la progression de la grande propriété au profit du roi, de l'aristocratie laique et de l'Église. Une partie de ces immenses domaines est cultivée directement pour le maître par des esclaves que dirige un intendant, et une autre est confiée, moyennant travaux et redevances, `a des colons ou `a des esclaves chasés[10]. C'est dans ces campagnes cultivées, étendues au 7^e siecle grâce `a un premier mouvement de défrichement, que s'est amorcée, dans la vie quotidienne, chez les esclaves, les colons, les hommes libres et les grands propriétaires, la véritable fusion des Germains et des Gallo-Romains. Dans ce contexte, les échanges se raréfient et avec eux les signes monétaires ; la monnaie d'or héritée de Rome disparaît au profit de monnaies d'argent. Il s'agit ensuite d'une société guerriere. L'homme libre se définit avant tout comme un soldat qui, `a la place de la toge romaine, a adopté le costume court et les armes franques : la hache de guerre et la francisque, nombreuses dans les premieres tombes mérovingiennes. Les rois et les grands, sans cesse rivaux, sont toujours entourés de troupes de guerriers qui leur ont juré fidélité. D'ou une insécurité permanente qui pousse les plus faibles `a rechercher des appuis : c'est le principe de la recommandation[11], par laquelle un faible, aliénant tout ou partie de sa liberté et de ses biens, se place sous la protection d'un plus fort. Ainsi se tissent, en marge de tout droit public, des liens privés du haut en bas de l'échelle sociale. De plus en plus, la force prend le droit. VII.c.ii. Christianisation. Il s'agit enfin d'une société en voie de christianisation. La ville est une ville chrétienne qui, sous la conduite de l'éveque, vit au rythme de grandes cérémonies liturgiques célébrées soit dans l'église cathédrale, `a l'intérieur de l'enceinte, soit `a l'extérieur, dans les basiliques élevées pres des cimetieres ou sur les tombeaux des saints qui attirent les pelerins : saint Martin `a Tours ; saint Denis pres de Paris, dont le culte est encouragé par Dagobert ; saint Hilaire `a Poitiers... Amorcée au temps de saint Martin, l'évangélisation des campagnes progresse `a la faveur des fondations de paroisses rurales par les éveques et plus encore d'églises privées construites par les grands sur leurs domaines. A ce christianisme encore rudimentaire et souvent proche du paganisme, les âmes d'élite préferent la perfection de la vie monastique, qui est aussi un refuge contre la dureté des temps. La multiplication des monasteres est un des aspects marquants de l'époque mérovingienne : rares au début du 5^e siecle, ils sont environ deux cents vers l'an 600. Ce chiffre triple au cours du 7^e siecle, qui fut un grand siecle monastique, avec des fondations telles que Luxeuil, Jumieges, Corbie... On y observe des regles composites ou se melent des influences venues d'Irlande (regle de saint Colomban) et d'Italie (regle de saint Benoît). Le rôle du christianisme dans la fusion des groupes ethniques est primordial, de meme que son rôle dans la conservation de la culture antique. Celle-ci, avec le recul du latin et de l'écrit, la fermeture des écoles, l'abandon des grands travaux et de la sculpture monumentale, semblait vouée `a la disparition. De leur côté, les Barbares, maîtres dans l'art des métaux, avaient apporté des pratiques nouvelles, tant pour la fabrication des armes que pour celle des bijoux. Leurs grandes spécialités sont l'art du filigrane et l'orfevrerie cloisonnée, qui consiste `a sertir des pierres de couleur ou des métaux dans de minces cloisons d'or sur fond d'or ; le seul artiste de ce temps dont nous connaissions le nom était orfevre : saint Éloi, ministre de Dagobert et éveque de Noyon. L'Église a su continuer `a bâtir dans la tradition paléochrétienne, conserver la langue latine et de nombreux textes antiques et adopter les pratiques barbares pour l'élaboration d'un art sacré. A la fin du 7^e siecle, les moines de la Gaule du Nord, imitant leurs freres des îles Britanniques, commencent `a copier les manuscrits latins en les ornant de peintures dont les motifs et les couleurs sont empruntés `a l'art barbare ; un art typiquement médiéval était né : celui de l'enluminure[12]. C'est `a ce moment que s'opere un nouveau déplacement des centres du pouvoir, de la Neustrie vers l'Austrasie. ------------------------------- [1] Hospitalité. Installation de Barbares sur les terres d'un grand propriétaire romain. [2] Pavois. Bouclier sur lequel était élevé le roi germanique lors de la cérémonie d'accession au pouvoir. [3] Fisc. Dans l'Empire romain, ce terme désigne le trésor impérial. Dans les royaumes barbares, il désigne tout ce qui appartient au roi et finit, `a l'époque carolingienne, par prendre le sens de grand domaine. [4] Comte, comté. Le mot >> comte <<, qui vient du latin comes, compagnon, désigne d'abord un compagnon du souverain. Sous les Mérovingiens et les Carolingiens, le comte devient le représentant du souverain dans une circonscription territoriale qu'on appellera plus tard le comté. A partir du 9^e siecle, les comtes cherchent `a rendre leur charge héréditaire et deviennent des princes territoriaux. [5] Bénéfice, bienfait. Concession de terre accordée `a titre temporaire, viager ou définitif par un roi ou un prince `a un homme qu'il veut récompenser. Sous les Carolingiens, le bénéfice est accordé aux vassaux pour la durée de leur engagement militaire. [6] Maire du palais. A l'origine, chef des services domestiques de la Maison du roi mérovingien (le palais), il en vient `a organiser la vie économique de la cour, `a commander la garde du roi, `a présider son tribunal, `a contrôler tous les recommandés. A la fin du 7^e siecle, la famille des Pippinides réussit `a rendre cette charge héréditaire, ce qui lui permettra d'accéder `a la royauté. [7] Faide. Vengeance familiale dans les coutumes germaniques. [8] Wergeld. Mot germanique qui signifie littéralement l'>> argent de l'homme <<. C'est le >> prix du sang <<, c'est-`a-dire la somme `a payer pour apaiser une vengeance familiale. [9] Ordalie. Épreuve judiciaire (par l'eau, le feu...) qui doit manifester la culpabilité ou l'innocence d'un accusé. L'ordalie repose sur le principe d'une intervention divine. Tres pratiquée au haut Moyen Age, elle a été interdite par l'Église au 4^e concile de Latran en 1215. [10] Chasé, casé. Se dit, au Moyen Age, d'un esclave installé hors de la demeure du maître, dans une maison (casa AE casatus, casé ou chasé) ou sur une terre dont il a la jouissance. [11] Recommandation. Au Moyen Age, acte de se mettre sous la protection d'un puissant. [12] Enluminure. L'enluminure, ou décoration de manuscrits, est un art typiquement médiéval. Elle peut porter sur des lettres ornées - le premier sens du mot >> miniature << est celui de lettre peinte en rouge (minium) -, des décorations autour de la page ou des peintures en pleine page. L'art de l'enluminure s'est développé pendant tout le Moyen Age pour s'épanouir `a l'époque gothique et atteindre son apogée au 15^e siecle (Tres Riches Heures du duc de Berry). Il disparaît alors devant l'invention de l'imprimerie et l'essor de la peinture de tableaux.