Déceler la structure L’objectif est de saisir tres vite dans ses grandes lignes la charpente d’un texte long ou, en d’autres mots, l’enchaînement de ses parties principales. Guidez-vous sur le découpage en paragraphes : en principe, chaque paragraphe présente une unité de contenu. Concentrez-vous sur leur début et, éventuellement, sur leur derniere phrase, c’est-`a-dire `a la transition entre les idées : ce sont les places habituelles des signaux qui vous aideront `a dégager la structure de l’ensemble du texte. I. Pour indiquer les enchaînements principaux d’une argumentation, les auteurs marquent parfois le début – et parfois la fin – de chaque étape `a l’aide de certains mots isolés ou d’expressions plus ou moins longues. Texte 1 : dans le texte suivant, quels sont les mots et expressions sur lesquels la lecture peut s’appuyer pour retrouver le nombre exact d’idées principales et d’arguments ? Y a-t-il trois principes ou bien davantage ? Texte 2 : Voici un extrait d’un essai d’Hubert Reeves[1] intitulé Patience dans l’azur. Réfléchissant `a l’organisation matérielle de l’univers `a tous les niveaux, depuis les galaxies jusqu’aux quarks, le physicien pose la question ; « Pourquoi de la musique plutôt que du bruit ? » Il veut dire par l`a : « Pourquoi un agencement ordonné avec des liens `a différents niveaux (comme de la musique) et non pas des éléments apparus par hasard sans relation entre eux (comme du bruit). Il y a deux types de signaux, d’enchaînements `a souligner : - les uns sont communs `a tous les usagers de la langue et peuvent se retrouver dans d’autres textes : ce sont des balises d’enchaînement. - les autres sont, au contraire, inséparables du texte qu’ils servent `a organiser ; ce sont des procédés de répétition visant, par leur insistance, `a renforcer ou `a rappeler la structure : ce sont des redondances structurales[2]. attention 1. Les balises d’enchaînement sont, parmi les marqueurs de cohésion, que ceux qui sont susceptibles d’avertir de la progression d’un texte argumenté considéré dans ses grandes lignes. Elles peuvent se présenter sous trois formes : § mots isolés : mais, pourtant, ensuite, donc, certes… § locutions adverbiales : en particulier, par conséquent, en effet, c’est pourquoi… § périphrase ayant un sens équivalent aux balises breves courantes ou s’en rapprochant. Exemple : « Nous serons tenté de conclure que… » (formule plus nuancée que « donc »). !!! 2. Les redondances structurales sont parmi les procédés de répétition inséparables d’un texte déterminé, ceux qui sont mis en œuvre pour attirer l’attention sur l’organisation de l’argumentation. Elles sont souvent utilisées pour indiquer les subdivisions d’une analyse, soit seules, soit comme soutien des balises. Elles se présentent sous diverses formes : § répétitions pures et simples § synonymes plus ou moins proches dan le champ lexical § antonymes accompagnés de la négation. II. On peut classer les balises d’enchaînement selon trois objectifs : - le report d’attention dans l’espace du texte peut etre dirigé vers le haut ou vers le bas - l’agencement du discours en plusieurs parties peut comporter trois étapes qui sont : 1. l’annonce de l’analyse 2. la subdivision de l’analyse en parties 3. la synthese - la relation logique peut etre de trois types différents : 1. une articulation dans un raisonnement 2. une justification ou une explication 3. une opposition : ici se classe la concession[3] suivie de riposte. En ce qui concerne les redondances structurales, elles sont capables de participer aux trois objectifs pour renforcer la clarté du discours ; par conséquent, elles secondent les balises ou les remplacent. Elles sont nécessairement différentes d’un texte `a l’autre puisque solidaires du sujet traité. Texte 3 : Les balises d’enchaînement (avec des redondances structurales qui leur sont associées) sont mises en évidence dans le texte n°3. Pouvez-vous classer ces balises sans le tableau ci-dessous ? +--------------------------------------------------------------------------------------------+ | | | | | | | | | Report d’attention |Agencement du discours | Relation logique | | | | | | | | | |------------------------------+------------------------------+------------------------------| | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | +--------------------------------------------------------------------------------------------+ !!! Dans les textes, vous trouverez des formules telles que « en vérité », « en réalité », « évidemment ». Elles vous informent que vous lisez une idée de l’auteur du texte et non celle d’un de ses adversaires. ------------------------------- [1] Astrophysicien canadien [2] Dans un texte, on appelle « redondance » la répétition d’une information déj`a donnée. Ce phénomene est, dans une certaine, mesure, indispensable pour donner au message plus de chances d’etre bien compris. Les redondances se présentent donc sous diverses formes et `a différents niveaux du discours. Seules les redondances structurales nous intéressent ici. [3] Fait d'abandonner `a son adversaire un point de discussion; ce qui est abandonné.