78 000 euros pour six mois sur une île enchanteresse Le plus beau job du monde Pour mieux faire connaître ses charmes, une région d'Australie offre un poste de rêve : gardien d'une île tropicale. Recrutement mondial et en ligne Ici, tout n'est que luxe, calme et volupté. Pour de vrai. La plage se nomme en toute simplicité White Paradise, et elle n'a pas volé son nom : sable blanc comme farine, large baie paradisiaque... La maison est vaste et confortable, le balcon surplombe une eau turquoise. Dans le salon, une baie vitrée ouvre à l'infini sur le lagon, cerné de collines verdoyantes. Qui n'en a rêvé ? Et, à l'heure où, dans un hiver glacial, les nouvelles du monde vous flanquent un sacré bourdon, qui n'aimerait s'y envoler pour six mois, seul ou en famille, moyennant le mirobolant salaire de 78 000 euros ? Convaincre, étonner, séduire Un doux mirage, direz-vous. Pourtant, cet incroyable poste de «gardien d'île» existe bel et bien. Proposé par le Queensland, une région d'Australie, pour mieux faire connaître ses charmes, via une vaste campagne sur le web. Certains internautes ont pourtant crié au canular, taxant ce gigantesque casting mondial d'intox. Alors, un job pas très Net ? «L'offre est tout à fait authentique, le poste existe et sera pourvu», assure Nicole Mac Naughton, chef de projet à l'office du tourisme du Queensland, basé à Brisbane. Pourquoi cette rumeur ? A cause des deux premières vidéos mises en ligne à titre d'exemple. «Il ne s'agissait pas de vrais candidats, or ce n'était pas précisé», reconnaît-elle. Maladroit. Car, pour décrocher la timbale, il faut, via une vidéo de soixante secondes, démontrer que vous êtes le meilleur candidat pour ce meilleur job du monde. Mot d'ordre : convaincre, étonner, séduire, et prouver son art de la communication. Précisons un peu la description du poste. L'heureux(se) élu(e), sportif(ve), excellent(e) communicant(e), devra mener une vie de rêve sur l'île Hamilton, située sur la Grande Barrière de corail, et le faire savoir au monde entier. Gardien d'île, donc, et ambassadeur du Queensland à partir du 1^er juillet 2009. Salaire : 150 000 dollars australiens, logé et vol payé pour deux personnes, pour un contrat de six mois. Pourquoi un salaire aussi somptuaire ? «Pour faire du bruit !», explique Annette Kegel. Avec ses collègues du bureau européen, elle s'apprête à visionner quelque 2 000 vidéos sur les 10 000 déjà enregistrées à travers la planète. Dont 500 candidatures françaises : «C'est l'un des pays qui a le mieux répondu en Europe.» Pour chaque continent, quinze candidats seront ainsi choisis, puis mis à l'épreuve «avec notamment des tests psychotechniques, un entretien», explique la jeune femme. Au total, cinquante seront présélectionnés. Puis une finale départagera sur place les onze derniers en piste, à travers toute une série d'épreuves. Jeunes, baroudeurs ou retraités Avec cette maligne campagne - qui lui aura tout de même coûté quelque 18 millions de dollars australiens (9 millions d'euros) -, la notoriété de cette province australienne a explosé. Et si l'on n'a guère plus de chances de gagner qu'au Loto, une petite visite sur son site internet vaut un tour du monde. La plupart des candidats sont jeunes, mais on voit aussi des baroudeurs, des retraités et des familles. Le plus souvent filmés chez eux, dans leur chambre. Dans certains pays, notamment en Orient, ils arborent le costume cravate. Les filles, elles, font volontiers valoir leur silhouette... Beaucoup d'humour et de trouvailles. Et parfois, comme le raconte Annette Kegel, un serrement de coeur : «Certains disent : «Je suis au chômage, j'ai quatre enfants, c'est ma dernière chance !» Nous préparons cette opération depuis un an. A ce moment-là, personne ne prévoyait la crise...» Véronique Radier, Le Nouvel Observateur - 2310 - 12/02/2009 http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2310/articles/a394556-.html