III. La conquête de la Gaule (IIe siècle av. J.-C. – Ier siècle ap. J.-C.) • Au 3e siècle av. J.-C., • l'expansion romaine se heurte à la puissance maritime de Carthage, cité d'Afrique du Nord (près de Tunis) : – guerres puniques • trois guerres entre Rome et Carthage : 264 – 241, 219 – 201, 149 – 146 avant notre ère.. • (- 125 - 50 av. J.-C.) ð la Gaule annexée par Rome Rome et la Gaule du Sud. La Gaule transalpine • Les premiers jalons. • relations entre Marseille et Rome – les activités commerciales de Marseille ð renforcer les liens avec les milieux d'affaires italiens. • la deuxième guerre punique à partir de 218 av. J.-C. • Hannibal lance une grande ð expédition depuis l'Espagne vers l'Italie du Nord • Si Marseille ne put rien faire pour entraver la marche d'Hannibal, par la suite ð elle soutint Rome dans sa lutte en lui fournissant des navires. • La victoire romaine à Zama, en Tunisie, en 202 av. J.-C., est suivie de – Rome dans la péninsule Ibérique. – La Gaule du Sud = région essentielle pour les relations entre l'Italie et l'Espagne. – le marché gaulois s'ouvre • les sites indigènes du Languedoc • la route dite « héracléenne » de l'Italie à la côte espagnole. • les influences romaines depuis les provinces ibériques, qui durent pendant un certain temps contrôler le Languedoc-Roussillon. L'intervention romaine La première intervention de Rome a lieu en 154 av. J.-C. • à l'appel de Marseille, assiégée par des Ligures • la présence militaire romaine à partir de 125 av. J.-C. – une garnison Aquae Sextiae (« les Eaux sextiennes ». Aix-en-Provence), première fondation romaine en Gaule, en 122 av. J.-C. • Les Éduens de la région de Bourgogne concluent une alliance avec Rome. • En 121 av. J.-C., les Allobroges et les Arvernes battus. CNAEUS DOMITIUS AHENOBARBUS installe une garnison chez les Volques Tectosages, à Toulouse, vers 118 av. J.-C. • La même année est fondée Narbonne (Narbo). Organisation provinciale et évolution • En 118 av. J.-C., colons italiens à Narbo. – territoire est cadastré et des lots sont distribués aux colons. – nouvelle route créée par Cnaeus Domitius pour relier l'Italie à la péninsule Ibérique, la via Domitia, (remplace route héracléenne) • La Gaule du Sud sous le contrôle de Rome ð province de Gaule transalpine, – De nouvelles villes sont créées – La présence de Rome modifie les conditions économiques et sociales : • Les premières difficultés sérieuses en Transalpine avec les peuples germaniques : – les Cimbres et les Teutons, – A partir de 109 av. J.-C., les Cimbres et les Teutons ravagent la Gaule – L'envoi du consul CAIUS MARIUS met un terme à leurs destructions : • Les Volques Tectosages se soulèvent en 108 av. J.-C. • L'arrivée de CAIUS IULIUS CAESAR allait donner une nouvelle dimension à la conquête. Organisation provinciale et évolution César et la Gaule chevelue • La création de la Gaule transalpine a renforcé – les influences économiques de Rome en Gaule celtique. – La situation politique ð divisée en cités rivales, la Gaule est confrontée à un double péril : – la menace germanique au nord et – les ambitions romaines au sud, concrétisées en 58 av. J.-C. par la nomination de CÉSAR comme gouverneur de la Gaule transalpine, désormais plus souvent appelée « la Province » (en opposition avec la Gaule indépendante), ce qui donnera le terme de « Provence ».. • Entre 62 et 60 av. J.-C., les Germains conduits par ARIOVISTE s'installent en haute Alsace. • ð CÉSAR peut commencer la conquête • Racontée en détail par César lui-même dans le De bello Gallico, la guerre des Gaules comprend trois phases principales La Conquête de la Gaule par César L'offensive de 58 av. J.-C. Des délégués des cités gauloises viennent demander à CÉSAR de les aider contre ARIOVISTE. • Après l'échec des négociations avec Arioviste, CÉSAR affronte les Germains et les bat dans la région de Mulhouse • ð ils doivent repasser le Rhin. • César peut alors organiser ses quartiers d'hiver chez les Séquanes et envisager d'étendre son action sur la Gaule, • alors qu'il aurait dû se retirer une fois Arioviste vaincu. • De 57 à 53 av. J.-C., CÉSAR et les légions[1] romaines se portent sur les régions périphériques : • ð la Gaule celtique est encerclée. – Tous ces événements préparaient la grande révolte de 52. • [1] Légion. Élément fondamental de l'armée romaine, composé d'environ 5 000 hommes répartis en 10 cohortes. Chaque cohorte comprend 3 manipules subdivisés chacun en 2 centuries de 80 hommes environ. Grande révolte de 52 • Vercingétorix. – Devenu au XIXe siècle le symbole de l'unité du pays – le prototype du héros national, – La réalité est à la fois plus complexe et moins grandiose... • La révolte – commence dans l'hiver 53-52 av. J.-C. par le massacre des commerçants italiens à Cenabum (Orléans). – A cette nouvelle, VERCINGÉTORIX prend la tête de la révolte. • Que représente-t-il dans la Gaule de cette époque ? – Membre d'une famille aristocratique, il regroupe autour de lui les éléments traditionnels et conservateurs qui voient le pouvoir leur échapper autant par la conquête romaine que par les mutations de la société gauloise. – Parmi eux, les druides, dont la puissance est menacée par Rome, durent jouer un rôle important. – Avec l'aide des peuples du centre et de l'ouest de la Gaule, Vercingétorix lance l'offensive. – CÉSAR, parti en Italie, • l'assaut est repoussé et les Gaulois se retirent à Alésia, oppidum du peuple des Mandubiens. – l'art du siège de CÉSAR, qui entoure le site d' • une contrevallation • une circonvallation (voir document III.b.). – Cette armée est repoussée – Vercingétorix doit se rendre (voir document III.c.). DOCUMENT III.b. Les fortifications de César devant Alésia • « [...] César entreprit les travaux que voici [...] Il creusa (deux fossés larges de quinze pieds - 4,5 m) et chacun de profondeur égale ; il remplit le fossé intérieur, dans les parties qui étaient en plaine et basses, d'eau qu'il dériva de la rivière. Derrière ces fossés, il construisit un terrassement surmonté d'une palissade, dont la hauteur était de douze pieds [3,5 m] ; il compléta celle-ci par un parapet et des créneaux, et disposa à la jonction de la terrasse et de la paroi de protection de grandes pièces de bois fourchues qui, pointées vers l'ennemi, devaient lui rendre l'escalade plus malaisée ; il éleva sur toute la périphérie de l'ouvrage des tours distantes les unes des autres de quatre-vingts pieds [24 m]. • « […] César pensa qu'il devait encore ajouter à ces ouvrages, afin de pouvoir défendre la fortification avec de moindres effectifs. On coupa donc des troncs d'arbres ayant des branches très fortes et l'extrémité de celles-ci fut dépouillée de son écorce et taillée en pointe ; puis on creusait des fossés continus profonds de cinq pieds [1,5 m]. On y enfonçait ces pieux, on les reliait entre eux par le bas, pour empêcher qu'on pût les arracher, et on ne laissait dépasser que le branchage. Il y en avait cinq rangées, reliées ensemble et entrelacées : ceux qui s'engageaient dans cette zone s'empalaient à la pointe acérée des pieux. On les avait surnommés les " cippes ". Devant eux, on creusait, en rangées obliques et formant quinconce, des trous profonds de trois pieds [0,9 m], qui allaient en se rétrécissant peu à peu vers le bas. On y enfonçait des pieux lisses de la grosseur de la cuisse, dont l'extrémité supérieure avait été taillée en pointe et durcie au feu ; on ne les laissait dépasser du sol que de quatre doigts ; en outre, pour en assurer la solidité et la fixité, on comblait le fond des trous, sur une hauteur d'un pied [0,28 m], de terre qu'on foulait ; le reste était recouvert de branchages et de broussailles afin de cacher le piège. On en fit huit rangs, distants les uns des autres de trois pieds [0,9 m]. On les appelait " lis ", à cause de leur ressemblance avec cette fleur. En avant de ces trous, des pieux longs d'un pied, dans lesquels s'enfonçait un crochet de fer, étaient entièrement enfouis dans le sol ; on en semait partout et à intervalles rapprochés : on leur donnait le nom d'" aiguillons ". • « Ces travaux achevés. César [...] fit, sur quatorze milles de tour [20,70 km], une fortification pareille à celle-là, mais inversement orientée, contre les attaques du dehors. » • César, La Guerre des Gaules, VII, 72-75 (trad. L. A. Constans, Paris, Belles Lettres, 1964, p. 263-265). DOCUMENT III.c. La reddition de Vercingétorix • 1. Selon César : « II ordonne qu'on lui remette les armes, qu'on lui amène les chefs des cités. Il installe son siège au retranchement, devant son camp : c'est là qu'on lui amène les chefs ; on lui livre Vercingétorix, on jette les armes à ses pieds. Il met à part les prisonniers éduens et arvernes, pensant se servir d'eux pour regagner ces peuples, et il distribue les autres à l'armée entière, à titre de butin, à raison d'un par tête. » César, La Guerre des Gaules, VII, 89 (trad. L. A. Constans, Paris, Belles Lettres, 1964, p. 277-278). • 2. Selon Plutarque : « Le chef suprême de la guerre, Vercingétorix, prit ses plus belles armes, para son cheval et franchit ainsi les portes de la ville. Il vint caracoler en cercle autour de César qui était assis, puis, sautant à bas de sa monture, il jeta toutes ses armes et s'assit lui-même aux pieds de César, où il ne bougea plus, jusqu'au moment où César le remit à ses gardes en vue de son triomphe. » Plutarque, César, 27, 9-10 (trad. R. Flacelière et E. Chambry, Paris. Belles Lettres, 1975, p. 176). L'achèvement de la conquête et les dernières révoltes. L'obstacle germanique Pendant huit ans, la Gaule avait subi les méfaits de la guerre, – avec les pillages, les massacres, les captures de Gaulois vendus en esclavage ; • après sa défaite, elle dut verser à Rome 40 millions de sesterces. L'obstacle germanique. • la présence des Germains sur le Rhin mais aussi dans les régions danubiennes est le problème majeur de l'Occident. • AUGUSTE projette de conquérir la Germanie. Encouragé par les campagnes de Drusus de 12 à 9 av. J.-C., il conçoit d'étendre l'Empire jusqu'à l'Elbe • le Germain Arminius anéantit les trois légions du légat Varus en 9 ap. J.-C. et met un terme définitif à ce projet. • Désormais, les régions rhénanes constituent à la fois les limites de la Gaule et de l'Empire. Les sursauts de la noblesse gauloise. • La guerre menée par Rome sur le Rhin coûte cher. • Tibère, successeur d'Auguste, renforce la pression fiscale sur les peuples gaulois : – des cités exemptées d'impôts comme celles des Éduens et des Trévires perdent leurs privilèges. – L'exploitation économique de la Gaule avec les confiscations de terres, les recensements, conjuguée avec l'augmentation des impôts, aggrave l'endettement des Gaulois. – L'attitude hostile de Tibère envers les druides favorise le développement d'une opposition au pouvoir romain. – ð C'est ainsi qu'éclate une série de révoltes en 21 ap. J.-C. Commencé dans les pays de la Loire, chez les Andécaves (Angers) et les Turons (Tours), le mouvement s'étend aux Éduens et aux Trévires. • Les chefs en sont des aristocrates gaulois romanisés, – JULIUS FLORUS chez les Trévires et JULIUS SACROVIR chez les Éduens. – La révolte des pays de Loire et de Florus est matée facilement. – Mais Sacrovir réussit à occuper Autun et à y prendre en otage les jeunes nobles gaulois – forme une armée, mais elle est écrasée par les Romains.