VI. Les Royaumes barbares (3e – 4e siècle) • 3e siècle - une crise grave – Les invasions barbares – les dissensions du pouvoir romain – crise sous les règnes de Marc Aurèle et de Commode, – la Gaule retrouve sa prospérité avec la dynastie des Sévères (193-235). – Mais ce fragile équilibre est remis en question par la reprise brutale des invasions germaniques. – La Gaule en sort meurtrie, mais aussi transformée. – Ce sont encore les Barbares qui mettent un terme à ce renouveau gaulois du 4e siècle. • 4e siècle - la Gaule un brillant renouveau. – la reprise des invasions ð les transformations du monde gaulois • 5e siècle - les royaumes barbares se mettent en place La crise du 3e siècle l'invasion massive des groupes germaniques. • Les invasions – menace permanente, – difficilement contenue par les fortifications du limes. – A l'est, les Goths et les Vandales – à l'ouest, les Francs et les Alamans • Trois grandes vagues vont ainsi bousculer les populations de la Gaule : – En 253-254 et en 256, les Francs et les Alamans ð les régions du nord de la Gaule – Entre 259 et 262, les Germains ð les vallées de la Saône et du Rhône ðle Midi. – Entre 275-277 : l'ensemble de la Gaule ð les pillages des Francs et des Alamans. L'empire des Gaules (260-274) • Les empereurs tentent à plusieurs reprises de briser l'assaut germanique. – En 256, l'empereur GALLIEN ð organiser la défense – En 260, l'armée du Rhin proclame empereur ð POSTUME • L'empire des Gaules. • veut se substituer à un pouvoir central inefficace. • un Sénat • des monnaies, ð restitutor Galliarum, • l'empereur AURÉLIEN bat le dernier empereur gaulois, TÉTRICUS, en 274, et réintègre la Gaule dans l'Empire. • l'empereur PROBUS ð 277 ðla dernière grande invasion germanique DOCUMENT VI.a. Le territoire éduen au début du 4e siècle « Nous avons bien, comme je l'ai dit, le nombre d'hommes et l'étendue de terrain qui ont été déclarés, mais le tout est dénué de valeur à cause de l'inertie des hommes et de l'infidélité de la terre. Où trouver chez nous un champ ou un cultivateur comparables à ceux des Rèmes, des Nerviens ou même de nos proches voisins, les Tricasses ? Chez eux, les revenus rivalisent avec la peine qu'ils se donnent. Cependant, il est juste de pardonner aux cultivateurs qui répugnent à travailler sans profit. Un champ qui ne vous dédommage jamais de vos dépenses est nécessairement abandonné quand il s'y ajoute encore l'indigence des paysans qui, fléchissant sous le poids des dettes, n'ont pu ni drainer ni essarter leurs terres. Aussi tout ce qui avait autrefois constitué un sol passable a été enseveli sous les marais ou envahi par les broussailles. Il y a plus : le fameux canton Arebrignus lui-même est bien vainement jalousé et porté aux nues, car on n'y voit plus cultiver la vigne que sur un seul point ; au-delà, tout le reste n'est que forêts et roches inaccessibles, sûrs repaires des bêtes sauvages [...]. Enfin, ces vignes mêmes, qu'admirent ceux qui ne les connaissent pas, sont si épuisées par la vieillesse qu'elles ne profitent presque plus de la culture [...]. « [...] Que dirai-je des autres régions de cette cité qui, de ton propre aveu, t'ont tiré des larmes ? [...] Tu as eu sous les yeux une terre partout dévastée, abandonnée, couverte de broussailles, muette et ténébreuse ; les voies militaires elles-mêmes sont si raboteuses, elles franchissent les montagnes successives avec de telles côtes et de telles descentes qu'elles laissent difficilement passer les chariots à demi pleins, parfois même les chariots vides. Il en résulte souvent que nos redevances parviennent en retard, puisque nous avons plus de peine à faire sortir de chez nous de maigres denrées que les autres n'en ont pour des quantités considérables. Aussi, empereur, te savons-nous plus de gré encore de ta pitié et d'avoir daigné, malgré les abords et l'aspect de nos pays que tu savais si repoussants et si âpres, taire un détour par là néanmoins et illuminer de ta présence une ville qui vivait de la seule espérance de ton aide. Il est d'un bon prince d'aimer à voir ses sujets heureux, il y a plus de bonté encore à leur rendre visite aussi dans leur détresse. » Panégyriques latins, VIII, 6-7, (trad, E. Galletier, Paris, Belles Lettres, 1952, p. 94-95). La Gaule à la fin du 3e siècle. • la ruine du pays. – En revanche, on constate un phénomène général pour la Gaule : • enceintes autour des villes. • remploi de matériaux provenant de monuments détruits • changement de nom. – Condate des Redons ð « Rennes » ; – Limonum des Pictons ð « Poitiers » – Samarobriva des Ambiens ð « Amiens », etc. • déplacements de chefs-lieux Le renouveau du 4e siècle • L'avènement de DIOCLÉTIEN en 284 – système tétrarchique ð deux empereurs aidés par deux césars : – DIOCLÉTIEN en Orient avec GALÈRE et – MAXIMIEN en Occident avec CONSTANCE. – CONSTANTIN, seul empereur de 324 à 337, ð une nouvelle géopolitique de la Gaule. La réorganisation de la Gaule • nouveau découpage provincial • le contrôle plus étroit de l’administration, • la perception plus rentable des nouveaux impôts : capitatio-jugatio • une meilleure efficacité de l'armée • deux ensembles régionaux, les diocèses – (lat. diœcesis) = Circonscription administrée par un vicaire de l'empereur romain.). – Trèves ð capitale du diocèse des Gaules – Vienne ð capitale du diocèse du Sud, ou Viennoise • CONSTANTIN et ses fils, entre 330 et 360, → la préfecture du prétoire. – Ainsi toute la Gaule avec la péninsule Ibériqueð sous l'autorité du préfet du prétoire des Gaules résidant à Trèves, – puis vers 408 à ARLES • division de la Gaule entre le Nord et le Midi • schéma du partage du territoire français – langue d'oïl pour le Nord – d'oc pour le Sud La réorganisation de la Gaule Porta Nigra, symbole de Trèves, ville impériale dans l’Antiquité tardive L'aristocratie gauloise et la vie culturelle. • La noblesse gauloise ð les honestiores – villas à la campagne (la villa de Montmaurin (Haute-Garonne)) – ville ð le centre privilégié de la vie socialeð la culture. • 3e siècle et du 4e siècle ð épanouissement intellectuel : Trèves, Autun et Bordeaux. – des grands orateurs ð les panégyriques, discours officiels de louange des empereurs : • MAMERTIN de Trêves, • EUMÈNE d'Autun, • NAZARIUS de Bordeaux. – université de Bordeaux ð AUSONE Les mutations religieuses • développement du christianisme – depuis 177, a progressé régulièrement en Gaule, – malgré les persécutions – des martyrs : saint Denis (Paris), saint Victor (Marseille), saint Saturnin (Toulouse). • la conversion de CONSTANTIN en 312. • monothéisme – CONSTANTIN visite au temple d'Apollon à Grand (Vosges) • concile à Arles en 314 ð la première liste sûre des communautés chrétiennes. • christianisme en Gaule : – Son organisation sur le cadre politique – L'évêque – les limites des anciennes cités – l'évêque de Poitiers, saint HILAIRE – saint MARTIN (cf. document VI.b.iii.) • 360 le premier monastère d'Occident, à Ligugé, • christianisation des campagnes problématique : latin paganus • le « païen » • le « paysan » • 371, saint MARTIN évêque de Tours : – les premières paroisses rurales – monastère de Marmoutier. • Cependant, cette évolution religieuse peut aussi être à l'origine de troubles. Saint Martin Un équilibre fragile • Antiquité tardive. • les invasions. • Activités économiques et contraintes sociales. • La reprise en main des provinces gauloises ð bénéfique pour la vie économique, – une production de plus en plus contrôlée par l'État – besoins de l'armée – l'administration impériales. • Le commerce reste actif, mais les villes ont changé : – Lyon ð le relais d’Arles ou de Bordeaux. – la législation ð fixer les personnes dans leur condition • Les milieux ruraux ð des contraintes plus fortes – les conditions techniques aucun progrès – Les travailleurs agricoles ð humiliores, – par opposition aux notables ð les honestiores. • système fiscal ð système de patronage (qui préfigure le monde médiéval) – Les colons attachés à la terre – Les paysans libres sous la protection d'un grand propriétaire. – patronage Les difficultés religieuses. • 4e siècle ð hérésie l'arianisme. • Arius (prêtre d'Alexandrie) – rejette le principe de la Trinité – l'infériorité du Christ par rapport à Dieu le Père. • Le concile de Nicée (Turquie) en 325 • Nicaise de Die • le pouvoir impérial s’y mêle étroitement. • L'intervention de Hilaire, 356, au concile de Béziers – En 360, le retour d'Hilaire et le concile de Paris L'effondrement de la Gaule. • Les incursions entre 306 et 324 ð CONSTANTIN ð le calme • Mais 352 ð reprise des invasions germaniques – Magnence, depuis 350. – Constance II appel à des Alamans – Julien la défense du pays. – l'expulsion des Barbares, JULIEN empereur, Lutèce, 360. – Mais dès 366, les invasions recommencent • L'équilibre aurait pu être maintenu sans l'arrivée de peuples nouveaux, – les Huns – les Alains – les Germains orientaux. – Le 31 décembre 406, Vandales, Suèves, Alains, Burgondes