Alain ROBBE-GRILLET (1922-2008) Alain Robbe-Grillet, La Jalousie, Paris, Minuit, 1957. 1 La Jalousie (1957) Maintenant l'ombre du pilier -- le pilier qui soutient l'angle sud-ouest du toit -- divise en deux parties égales l'angle correspondant de la terrasse. Cette terrasse est une large galerie couverte, entourant la maison sur trois de ses côtés. Comme sa largeur est la mme dans la portion médiane et dans les branches latérales, le trait d'ombre projeté par le pilier arrive exactement au coin de la maison ; mais il s'arrte l, car seules les dalles de la terrasse sont atteintes par le soleil, qui se trouve encore trop haut dans le ciel. Les murs, en bois, de la maison -- c'est--dire la façade et le pignon ouest -- sont encore protégés de ses rayons par le toit (toit commun la maison proprement dite et la terrasse). Ainsi, cet instant, l'ombre de l'extrme bord du toit concide exactement avec la ligne, en angle droit, que forment entre elles la terrasse et les deux faces verticales du coin de la maison. Maintenant, A... est entrée dans la chambre, par la porte intérieure qui donne sur le couloir central. Elle ne regarde pas vers la fentre, grande ouverte, par o -- depuis la porte -- elle apercevrait ce coin de terrasse. Elle s'est maintenant retournée vers la porte pour la refermer. Elle est toujours habillée de la robe claire, col droit, trs collante, qu'elle portait au déjeuner. Christiane, une fois de plus, lui a rappelé que des vtements moins ajustés permettent de mieux supporter la chaleur. Mais A... s'est contentée de sourire : elle ne souffrait pas de la chaleur, elle avait connu des climats beaucoup plus chauds -- en Afrique par exemple -- et s'y était toujours trs bien portée. Elle ne craint pas le froid non plus, d'ailleurs. Elle conserve partout la mme aisance. Les boucles noires de ses cheveux se déplacent d'un mouvement souple, sur les épaules et le dos, lorsqu'elle tourne la tte. L'épaisse barre d'appui de la balustrade n'a presque plus de peinture sur le dessus. Le gris du bois y apparaît, strié de petites fentes longitudinales. De l'autre côte de cette barre, deux bons mtres au-dessous du niveau de la terrasse, commence le jardin. Mais le regard qui, venant du fond de la chambre, passe par-dessus la balustrade, ne touche terre que beaucoup plus loin, sur le flanc opposé de la petite vallée, parmi les bananiers de la plantation. On n'aperçoit pas le sol entre leurs panaches touffus de larges feuilles vertes. Cependant, comme la mise en culture de ce secteur est assez récente, on y suit distinctement encore l'entrecroisement régulier des lignes de plants. Il en va de mme dans presque toute la partie visible de la concession, car les parcelles les plus anciennes -- o le désordre a maintenant pris le dessus -- sont situées plus en amont, sur ce versant-ci de la vallée, c'est--dire de l'autre côté de la maison. C'est de l'autre côté, également, que passe la route, peine un peu plus bas que le bord du plateau. Cette route, la seule qui donne accs la concession, marque la limite nord de celle-ci. Depuis la route un chemin carrossable mne aux hangars et, plus bas encore, la maison, devant laquelle un vaste espace dégagé, de trs faible pente, permet la manoeuvre des voitures. La maison est construite de plain-pied avec cette esplanade, dont elle n'est séparée par aucune véranda ou galerie. Sur ses trois autres côtés, au contraire, l'encadre la terrasse. La pente du terrain, plus accentuée partir, de l'esplanade, fait que la portion médiane de la terrasse (qui borde la façade au midi) domine d'au moins deux mtres le jardin. Tout autour du jardin, jusqu'aux limites de la plantation, s'étend la masse verte des bananiers. A droite comme gauche leur proximité trop grande, jointe au manque d'élévation relatif de l'observateur posté sur la terrasse, empche d'en bien distinguer l'ordonnance ; tandis que, vers le fond de la vallée, la disposition en quinconce s'impose au premier regard. Dans certaines parcelles de replantation trs récente -- celles o la terre rougeâtre commence tout juste céder la place au feuillage -- il est mme aisé de suivre la fuite régulire des quatre directions entrecroisées, suivant lesquelles s'alignent les jeunes troncs. Cet exercice n'est pas beaucoup plus difficile, malgré la pousse plus avancée, pour les parcelles qui occupent le versant d'en face : c'est en effet l'endroit qui s'offre le plus commodément l'oeil, celui dont la surveillance pose le moins de problmes (bien que le chemin soit déj long pour y parvenir), celui que l'on regarde naturellement, sans y penser, par l'une ou l'autre des deux fentres, ouvertes, de la chambre. Adossée la porte intérieure qu'elle vient de refermer, A..., sans y penser, regarde le bois dépeint de la balustrade, plus prs d'elle l'appui dépeint de la fentre, puis, plus prs encore, le bois lavé du plancher. Elle fait quelques pas dans la chambre et s'approche de la grosse commode, dont elle ouvre le tiroir supérieur. Elle remue les papiers, dans la partie droite du tiroir, se penche et, afin d'en mieux voir le fond, tire un peu plus le casier vers elle. Aprs de nouvelles recherches elle se redresse et demeure immobile, les coudes au corps, les deux avant-bras repliés et cachés par le buste -- tenant sans aucun doute une feuille de papier entre les mains. Elle se tourne maintenant vers la lumire, pour continuer sa lecture sans se fatiguer les yeux. Son profil incliné ne bouge plus. La feuille est de couleur bleue trs pâle, du format ordinaire des papiers lettres, et porte la trace bien marquée d'un pliage en quatre. Ensuite, gardant la lettre en main, A... repousse le tiroir, s'avance vers la petite table de travail (placée prs de la seconde fentre, contre la cloison qui sépare la chambré du couloir) et s'assied aussitôt, devant le sous-main d'o elle extrait en mme temps une feuille de papier bleu pâle -- identique la premire, mais vierge. Elle ôte le capuchon de son stylo, puis, aprs un bref regard du côté droit (regard qui n'a mme pas atteint le milieu de l'embrasure, situé plus en arrire), elle penche la tte vers le sous-main pour se mettre écrire. Les boucles noires et brillantes s'immobilisent, dans l'axe du dos, que matérialise un peu plus bas l'étroite fermeture métallique de la robe. Maintenant l'ombre du pilier -- le pilier qui soutient l'angle sud-ouest du toit -- s'allonge, sur les dalles, en travers de cette partie centrale de la terrasse, devant la façade, o l'on a disposé les fauteuils pour la soirée. Déj l'extrémité du trait d'ombre atteint presque la porte d'entrée, qui en marque le milieu. Contre le pignon ouest de la maison, le soleil éclaire le bois sur un mtre cinquante de hauteur, environ. Par la troisime fentre, qui donne de ce côté, il pénétrerait donc largement dans la chambre, si le systme de jalousies n'avait pas été baissé. A l'autre bout de cette branche ouest de la terrasse, s'ouvre l'office. On entend, venant par sa porte entrebâillée, la voix de" A..., puis celle du cuisinier noir, volubile et chantante, puis de nouveau la voix nette, mesurée, qui donne des ordres pour le repas Alain ROBBE-GRILLET (1922-2008) Alain Robbe-Grillet, La Jalousie, Paris, Minuit, 1957. 2 du soir. Le soleil a disparu derrire l'éperon rocheux qui termine la plus importante avancée du plateau. Assise, face la vallée, dans un des fauteuils de fabrication locale, A... lit le roman emprunté la veille, dont ils ont déj parlé midi. Elle poursuit sa lecture, sans détourner les yeux, jusqu' ce que le jour soit devenu insuffisant. Alors elle relve le visage, ferme le livre -- qu'elle pose portée de sa main sur la table basse -- et reste le regard fixé droit devant elle, vers la balustrade jours et les bananiers de l'autre versant, bientôt invisibles dans l'obscurité. Elle semble écouter le bruit, qui monte de toutes parts, des milliers de criquets peuplant le bas-fond. Mais c'est un bruit continu, sans variations, étourdissant, o il n'y a rien entendre. Pour le dîner, Franck est encore l, souriant, loquace, affable. Christiane, cette fois, ne l'a pas accompagné ; elle est restée chez eux avec l'enfant, qui avait un peu de fivre. Il n'est pas rare, présent, que son mari vienne ainsi sans elle : cause de l'enfant, cause aussi des propres troubles de Christiane, dont la santé s'accommode mal de ce climat humide et chaud, cause enfin des ennuis domestiques qu'elle doit ses serviteurs trop nombreux et mal dirigés. Ce soir, pourtant, A... paraissait l'attendre. Du moins avait-elle fait mettre quatre couverts. Elle donne l'ordre d'enlever tout de suite celui qui ne doit pas servir. Sur la terrasse, Franck se laisse tomber dans un des fauteuils bas et prononce son exclamation -- désormais coutumire au sujet de leur confort. Ce sont des fauteuils trs simples, en bois et sangles de cuir, exécutés sur les indications de A... par un artisan indigne. Elle se penche vers Franck pour lui tendre son verre. Bien qu'il fasse tout fait nuit maintenant, elle a demandé de ne pas apporter les lampes, qui -- dit-elle -- attirent les moustiques. Les verres sont emplis, presque jusqu'au bord, d'un mélange de cognac et d'eau gazeuse o flotte un petit cube de glace. Pour ne pas risquer d'en renverser le contenu par un faux mouvement, dans l'obscurité complte, elle s'est approchée le plus possible du fauteuil o est assis Franck, tenant avec précaution dans la main droite le verre qu'elle lui destine. Elle s'appuie de l'autre main au bras du fauteuil et se penche vers lui, si prs que leurs ttes sont l'une contre l'autre. Il murmure quelques mots : un remerciement, sans doute. Elle se redresse d'un mouvement souple, s'empare du troisime verre -- qu'elle ne craint pas de renverser, car il est beaucoup moins plein -- et va s'asseoir côté de Franck, tandis que celui-ci continue l'histoire de camion en panne commencée ds son arrivée. C'est elle-mme qui a disposé les fauteuils, ce soir, quand elle les a fait apporter sur la terrasse. Celui qu'elle a désigné Franck et le sien se trouvent côte cote, contre le mur de la maison -- le dos vers ce mur, évidemment -- sous la fentre du bureau. Elle a ainsi le fauteuil de Franck sa gauche, et sur sa droite -- mais plus en avant -- la petite table o sont les bouteilles. Les deux autres fauteuils sont placés de l'autre côté de cette table, davantage encore vers la droite, de manire ne pas intercepter la vue entre les deux premiers et la balustrade de la terrasse. Pour la mme raison de vue , ces deux derniers fauteuils ne sont pas tournés vers le reste du groupe : ils ont été mis de biais, orientés obliquement vers la balustrade jours et l'amont de la vallée. Cette disposition oblige les personnes qui s'y trouvent assises de fortes rotations de tte vers la gauche, si elles veulent apercevoir A... -- surtout en ce qui concerne le quatrime fauteuil, le plus éloigné. Le troisime, qui est un sige pliant fait de toile tendue sur des tiges métalliques, occupe -- lui -- une position nettement en retrait, entre le quatrime et la table. Mais c'est celui-l, moins confortable, qui est demeuré vide. La voix de Franck continue de raconter les soucis de la journée sur sa propre plantation. A... semble y porter de l'intért. Elle l'encourage de temps autre par quelques mots prouvant son attention. Dans un silence se fait entendre le bruit d'un verre que l'on repose sur la petite table. De l'autre côté de la balustrade, vers l'amont de la vallée, il y a seulement le bruit des criquets et le noir sans étoiles de la nuit. Dans la salle manger brillent deux lampes gaz d'essence. L'une est posée sur le bord du long buffet, vers son extrémité gauche; l'autre sur la table elle-mme, la place vacante du quatrime convive. La table est carrée, puisque le systme de rallonges (inutile pour si peu de personnes) n'a pas été mis. Les trois couverts occupent trois des côtés, la lampe le quatrime. A... est sa place habituelle ; Franck est assis sa droite -- donc devant le buffet. Sur le buffet, gauche de la seconde lampe (c'est--dire du côté de la porte, ouverte, de l'office), sont empilées les assiettes propres qui serviront au cours du repas. A droite de la lampe et en arrire de celle-ci -- contre le mur -- une cruche indigne en terre cuite marque le milieu du meuble. Plus droite se dessine, sur la peinture grise du mur, l'ombre agrandie et floue d'une tte d'homme -- celle de Franck. Il n'a ni veste ni cravate, et le col de sa chemise est largement déboutonné ; mais c'est une chemise blanche irréprochable, en tissu fin de belle qualité, dont les poignets revers sont maintenus par des boutons amovibles en ivoire. A... porte la mme robe qu'au déjeuner. Franck s'est presque disputé avec sa femme, son sujet, lorsque Christiane en a critiqué la forme trop chaude pour ce pays . A... s'est contentée de sourire : D'ailleurs, je ne trouve pas que le climat d'ici soit tellement insupportable, a-t-elle dit pour en finir avec ce sujet. Si vous aviez connu la chaleur qu'il faisait, dix mois sur douze, Kanda !... La conversation s'est alors fixée, pour un certain temps, sur l'Afrique. Le boy fait son entrée par la porte ouverte de l'office, tenant deux mains la soupire pleine de potage. Aussitôt qu'il l'a déposée, A... lui demande de déplacer la lampe qui est sur la table, dont la lumire trop crue -- dit-elle -- fait ma! aux yeux. Le boy soulve l'anse de la lampe et va porter celle-ci l'autre bout de la pice, sur le meuble que A... lui indique de sa main gauche étendue. La table se trouve ainsi plongée dans la pénombre. Sa principale source de lumire est devenue la lampe posée sur le buffet, car la seconde lampe -- dans la direction opposée -- est maintenant beaucoup plus lointaine. Sur le mur, du côté de l'office, la tte de Franck a disparu. Sa chemise blanche ne brille plus, comme elle le faisait tout l'heure, sous l'éclairage direct. Seule sa manche droite est frappée par les rayons, de trois quarts arrire : l'épaule et le bras sont bordés d'une ligne claire, et de mme, plus haut, l'oreille et le cou. Le visage est placé presque contre-jour. Vous ne trouvez pas que c'est mieux? demande A..., en se tournant vers lui. Plus intime, bien sr , répond Franck, Il absorbe son potage avec rapidité. Bien qu'il ne se livre aucun geste excessif, bien qu'il tienne sa cuillre de façon Alain ROBBE-GRILLET (1922-2008) Alain Robbe-Grillet, La Jalousie, Paris, Minuit, 1957. 3 convenable et avale le liquide sans faire de bruit, il semble mettre en oeuvre, pour cette modeste besogne, une énergie et un entrain démesurés. Il serait difficile de préciser o, exactement, il néglige quelque rgle essentielle, sur quel point particulier il manque de discrétion. Evitant tout défaut notable, son comportement, néanmoins, ne passe pas inaperçu. Et, par opposition, il oblige constater que A..., au contraire, vient d'achever la mme opération sans avoir l'air de bouger -- mais sans attirer l'attention, non plus, par une immobilité anormale. Il faut un regard son assiette vide, mais salie, pour se convaincre qu'elle n'a pas omis de se servir. La mémoire parvient, d'ailleurs, reconstituer quelques mouvements de sa main droite et de ses lvres, quelques allées et venues de la cuillre entre l'assiette et la bouche, qui peuvent tre considérés comme significatifs. Pour plus de sreté encore, il suffit de lui demander si elle ne trouve pas que le cuisinier sale trop la soupe. Mais non, répond-elle, il faut manger du sel pour ne pas transpirer. Ce qui, la réflexion, ne prouve pas d'une manire absolue qu'elle ait goté, aujourd'hui, au potage. Maintenant le boy enlve les assiettes. Il devient ainsi impossible de contrôler nouveau les traces maculant celle de A... -- ou leur absence, si elle ne s'était pas servie. La conversation est revenue l'histoire de camion en panne : Franck n'achtera plus, l'avenir, de vieux matériel militaire; ses dernires acquisitions lui ont causé trop d'ennuis ; quand il remplacera un de ses véhicules, ce sera par du neuf. Mais il a bien tort de vouloir confier des camions modernes aux chauffeurs noirs, qui les démoliront tout aussi vite, sinon plus. Quand mme, dit Franck, si le moteur est neuf, le conducteur n'aura pas y toucher. Il devrait pourtant savoir que c'est tout le contraire : le moteur neuf sera un jouet d'autant plus attirant, et l'excs de vitesse sur les mauvaises routes, et les acrobaties au volant... Fort de ses trois ans d'expérience, Franck pense qu'il existe des conducteurs sérieux, mme parmi les noirs. A... est aussi de cet avis, bien entendu. Elle s'est abstenue de parler pendant la discussion sur la résistance comparée des machines, mais la question des chauffeurs motive de sa part une intervention assez longue, et catégorique. II se peut d'ailleurs qu'elle ait raison. Dans ce cas, Franck devrait avoir raison aussi. Tous les deux parlent maintenant du roman que A... est en train de lire, dont l'action se déroule en Afrique. L'hérone ne supporte pas le climat tropical (comme Christiane). La chaleur semble mme produire chez elle de véritables crises : C'est mental, surtout, ces choses-l , dit Franck. Il fait ensuite une allusion, peu claire pour celui qui n'a mme pas feuilleté le livre, la conduite du mari. Sa phrase se termine par savoir la prendre ou savoir l'apprendre , sans qu'il soit possible de déterminer avec certitude de qui il s'agit, ou de quoi. Franck regarde A..., qui regarde Franck. Elle lui adresse un sourire rapide, vite absorbé par la pénombre. Elle a compris, puisqu'elle connaît l'histoire. Non, ses traits n'ont pas bougé. Leur immobilité n'est pas si récente : les lvres sont restées figées depuis ses dernires paroles. Le sourire fugitif ne devait tre qu'un reflet de la lampe, ou l'ombre d'un papillon. Du reste, elle n'était déj plus tournée vers Franck, ce moment-l. Elle venait de ramener la tte dans l'axe de la table et regardait droit devant soi, en direction du mur nu, o une tache noirâtre marque l'emplacement du mille-pattes écrasé la semaine dernire, au début du mois, le mois précédent peut-tre, ou plus tard. Le visage de Franck, presque contre-jour, ne livre pas la moindre expression. Le boy fait son entrée pour ôter les assiettes. A... lui demande, comme d'habitude, de servir le café sur la terrasse. L, l'obscurité est totale. Personne ne parle plus. Le bruit des criquets a cessé. On n'entend, ç et l, que le cri menu de quelque carnassier nocturne, le vrombissement subit d'un scarabée, le choc d'une petite tasse en porcelaine que l'on repose sur la table basse. pp. 9-27.