la preposition enfrcmgais dans lesquelles la preposition et son complement son séparés par un éJé- -ment interpose. ;- Dans le cadre de la grammaire chomskyenne, Tremblay (1999) propose = une definition syntaxique cohérente de la preposition. Les syntacticiens tm-: vaillant dans ce cadre se sont surtout intéressés aux prepositions grammmi-l cales, principalement ä et de ; on tiendra en particulier compte des travaux -de Kayne (1977), de Ruwet (1982) sur ä locatif, de Milner (1977) sur dex comme marqueur du génitif. Cette preposition a fait ľobjet de nombreuses: etudes fort techniques ; on pourra s'y initier ä partir de Particle de KupfW-: man (2001) et du numero de Langue frangaise consacré ä de (Kupfermim "■-1996). : Pour les prepositions introduisant un complement du verbe, les référen-: ces de base restent Blinkenberg (I960) et les travaux de ľéquipe de M. Gross, en particulier Boons, Guillet & Leclére (1976) et Guillet & Ledere (1992). Pour les datifs, on verra Herslund (1988). 44 Chapitre n LES PREPOSITIONS : PROBLĚMES DE SÉMANTIQUE !,cs prepositions sont porteuses ďun sens qu'il est toutefoís difficile de ojrncr avec precision. Trois facteurs peuvénTexpliquer cette cönstatation. II í'aľíl," CiTpremier lieu, tenir compte de la distribution fort large caractérisant la pliipart des prepositions ; les interpretations qui naissent dans cette grande víiriéié de contextes ďapparition sont en plus fort diverses, ce qui pose la qiK'siion de ľunité du sens. Il convient, en second lieu, de tenir compte du caracičre relationnel des prepositions ; de ce fait, le oontexte intervient de maniere cruciale dans la construction de ľinterprétation, au point qu'il est soil vent difficile de "determiner ľapport propre de la preposition : a-t-elle I )ien mujours une signification, hors contexte, et, si oui, comment celle-ci in-leragir-elle avec les données contextuelles ? Enfin, il se pose la question de sa voir comment le role syntaxique que la preposition joue et qui semble sou-vent determinant interagit avec la signification, Vu ces difficultés, il est utile d'ouvrir ce chapitre par la discussion d'un article de dictionnařre afin de préciser les problěmes qui se posent (§ 1.). Les princi pales pistes empruntées par la recherche seront ensuite parcourues. ľtiiiľ íeur presentation, les emplois locatifs et non locatífs des prepositions oni" čié séparés. Cette distinction, qui est adoptée par la majorite deseher-ch v u is," est iči simplement d'ordre méthodologique ; eile permet de rendre Ivxposé plus clair et le bien fonde de la distinction sera évalué en fin de par-cours. Le paragraphe 2. introduira děs lors les outils mis en place en vue de la LÍest:ription des emplois locatifs et discutera leur application. Les emplois í ion [ocatifs feront ľobjet du paragraphe 3- Le chapitre se clôturera sur les 45 la [imposition enfrangais traitements de la polysémíe dans le domaine des prepositions et sur la que-tion de leur unite sémantique. Comme routes les prepositions sont différentes les unes des aiitres, ü paru preferable de combiner deux approches : d'une part, revenir regulier ment sur la méme preposition, afin de niieux pouvoir comparer les diverse positions, et, d'autre part, varier suffísamment le choix des prepositions, ý telle sorte que les divers probiemes puissent étre abordés. La preposition su servira réguliérement de fíl rouge, alors que d'autres prepositions telies q avec, contre, dans, de, pendant ou pour seront convoquées pour certain' points particuliers. Le choix s'est porté sur des prepositions fréquentes et p-lyvalentes, parce qu'elles sont plus complexes ; les probiemes que pose leur description et les solutions apportées peuvent étre transposes, évidemment avec les adaptations qui s'imposent ä des prepositions cUsposant d'un even-tail d'emplois plus limite. Malgré ľattention portée ä certaines prepositions/ on ne trouvera cependant aucune tentative pour décrire de maniere exhaus-tive le sens d'une preposition. Ľobjectif du chapitre n'est en eŕľet pas de pro duire des descriptions, mais de détecter les probiemes et de voir quelles'1 solutions y ont pu étre apportées. 1. Décrire le sens d'une preposition : questions et probiemes Vu leur role comme elements de relation, tant au niveau syntaxique que sémantique, leur haute frequence et leur distribution fort large, la description sémantique des prepositions pose de nombreux probiemes. Les diverses questions qui surgissent peuvent bien étre mises en evidence par ľanalyse de la pratique íexicographique. A cet effet, nous examinerons l'aiticle que Je Tresor de la langue frangaise (TLF) consacre ä sur. Le propos de ce href exa-men ne sera pas de critiquer la demarche du rédacteur, ni de contribuer ä ■ une meilleure comprehension de la sémantique de sur, mais bien de soule- ' ver un ensemble de probiemes et de questions auxquels toute reflexion sur la description sémantique d'une preposition cloit faire face et qui serviront de fil conducteur tout au long du chapitre. 1.1. Les domaines ďemploi Ľarticle sur est structure en quatre rubriques : les deux premieres sont íntitulées 'domaine spatiaľ, la troisiéme 'emploi temporel ou temporel-cau-saľ et la quatriěme 'au figure, domaine notionneľ. Le premier niveau ďana-lyse est done défíni par le domaine ďapplication ou domaine dans lequel 46 Les prepositions: probiemes de sémantique ..jciinent s'mscrire les emplois et partant les sens véhiculés par la préposi-' En outre, ces domaines ne semblent pas se situer tous sur le méme 0];lí1j puisque íe dernier est présenté comme derive par figure d'un autre, en ('occurrence le domaine spatial. La tripartition - espace, temps, notions - et I primauté du domaine spatial ne sont pas spécifiques ni ä la pratique du •trp ni ä la description de sur, mais se retrouvent, de maniere fort constante, dans la plup^rt ^es articles consacrés aux prepositions majeures dans les dic-Elorinaires et dans les etudes plus pointues. Le detail de ľorganisation varie cependant de maniere sensible. Ainsi le Grand Robert (GR2) ne prévoit-il que deux domaines, le domaine spatial et le domaine abstrait, dans lequel il íncorpore les emplois relatifs au temps ; un troisieme dictionnaire, le Grand Larousse de la langue frangaise, quant ä lui, semble exploiter la tripartition de base, mais il range les emplois ä valeur causale pármi les «marques de subordination et de dépendance», c'est-ä-dire dans le domaine notionnel et non dans celui du temps. Cette pratique soulěve diverses questions que nous examinerons dans le paragraphe 3. : il conviendra en particulier de s'interroger sur la relation entre domaine et sens, sur les principes de distinction et de classement, ainsi que sur íes relations entre les domaines ; dans ce contexte la primauté et partant ľautonomie du domaine spatial méríteront une attention toute particuliére. 1.2. La description du sens dans les dictionnaires Pour le domaine spatial, le TLF fournit deux definitions générales, qui recevront ensuite des specifications et des precisions : Le complement designe le lieu d'un contact, par pesanteur, par pression, par recouvrement (emploi I) Le complement designe l'objet en direction duquel s'exerce une action, la cible, l'objet atteint, ou par métonymie, la direction elle-méme (emploi II). Il est frappant de voir que la formulation ne fait pas reference ä la preposition ěué^méme7rhais bien au complement. L'apport sémantique de la preposition n'est daričqu'indírectement ihdiqué et le lecteur doit le dégager par un calcul faisant intervenir le contexte gauche, e'est ä dire le terme régissant la preposition. Ceci ressort trěs clairement des subdivisions plus fines propo-sées pour l'emploi I. A un premier niveau d'analyse, quatre sous-types sont distingués et ce, en fonction du verbe régissant le groupe prépositionnel et du type de force que celui-ci exerce ; le dictionnaire parle de l'effet de la pesanteur (IA), de la pression (IC) ou de ľadhérence et du recouvrement (ID) 47 La preposition enfrangais et Íl y ajoute le lieu oíi se déploient les activités et les phénoměnes (IB"). A stade de la description ľapport propre de la preposition n'est toujours ptl explicite et íl en va de méme au niveau de specification suivant, comme i ressort des precisions offeites pour le type IA : A. Le complement designe le sol ou bien un support quelconque ijf s'exerce la pesanteur : 1. Apres un verbe exprimant la position du corps relativement au soi 2. Apres un verbe exprimant Faction de déplacer un objet 3. Aprěs un verbe exprimant Paction de transporter, de supporter. L'application des indications offenes par le clictionnaire ä quelques exemples permet finalement de discerner les propriétés attribuables nu contexte et Celles qui semblent caractériser en propre la preposition, rnai^ qui ne sont pas formulées en tant que telies par la source. (1) Les enfants étaient assis sur la terrasse. le livre est sur le tapis, la table. Le livre tombe sur le sol. Elle depose le livre sur la table, le livre sur la table Li dort sur le canape. Li dort sur le dos. II ľemporte sur les épaules. L'opposition des exemples (1, 2) et (3, 4) illustre un aspect du role joué par le verbe different de celui qui est mis en vedette dans les rubriques cías-sificatoires citées ci-dessus : les verbes ďétat (etré) ou en emploi résultatif (etre assiš) ímplíquent que la localisation est valable pour la perióde dé-notée, alors que les verbes tomberet äéposer impliquent une localisation au tefme du proces. On opposera done une interpretation [statique] et une interpretation [dynamiquej. L'exemple (5) qui comporte un groupe nominal complexe montre que ľinterprétation statique est fondamentale et que ľinterprétation dynamique est induite par le verbe. Ľinterprétation d'une preposition est done, au moins en partie, fonction du contexte. Ces meines exemples montrent, en outre, qu'un troisiěme terme entre j en jeu, terme dont ľapport n'est pas explicite par le dictionnaire ; le sujet j dans (1) ä (3), ľobjet complement direct dans (4), le nom noyau du groupe nominal complexe dans (5). Le complement de la preposition fonctionne, dans le domaine spatial, comme localisateur, le terme externe, qui n'est pas nécessairement le terme régissant, comme localise. La formule 'support ou s'exerce la pesanteur' permet enfin d'appréhen-der ľapport sémantique de la preposition. On notera en premier lieu que le 48 (2) (3) (4) (5) (6) (7) (8) Les prepositions: problěmes de sémantique ■"le principal est dévolu ä la force qui lie le localisateur et le localise ; ľana-!( c[e l'effet de cette force, qui relěve des verbes, permet de dégager divers , .„gets pertinents pour la caractérisation de la preposition : [•i reference ä la pesanteur implique que le localise et le localisateur s'or-^jonnent sur ľ axe vertical; _ la qualification 'support' implique un contact entre le localise et le localisateur ; la combinaison des deux aspects est telle que le contact est limite ä la surface des deux entités. Le contraste entre (6) et (7), qui relěvent, d'apres le dictionnaire, égale-iriwit de ce groupe d'emplois, oblige cependant ä nuancer ľinterprétation désagée, puisque en (7) le dos n'est pas en contact avec la personne, suite ä Taction cle la pesanteur, mais réfěre plutôt ä la zone du localise qui entrera en contact avec un support non nommé. le dos est en quelque sorte le support interne du localise. En (8), on retrouve la méme configuration liant le localisateur et le sujet, mais ce dernier ne seit pas de localise, role rempli par l'objet complement direct. L'approche du TLF combine des traits de type géométrique, au sens large, comme l'ordre sur l'axe vertical et la surface, et des traits de type fonc-tionnel, comme le support. Cette approche n'est pas partagče par touš les ciictionnaires, puisque le GR2 se borne ä référer ä des traits géométriques et fournit, pour ľensemble des emplois spatiaux, une definition double, mais qui ne fait apparemment qu'intervenir un seul trait, méme si le detail de la description fait en outre systématiquement reference ä la notion de surface, qui ne joue töütefois pas de role important dans l'approche du TLF : marquant la position «en haut» par rapport ä ce qui est «en bas», ou bien «en dehors », par, rapport ä ce qui est« en dedans », Les divergences entre dictionnaires permettent de soulever la question de la nature des traits exploitables pour rendre compte des prepositions ; comme le montrera le paragraphe 2., les descriptions plus systématiques avancent diverses propositions qui renvoient ä la structure du monde et aux propriétés géométriques, au corps humain comme prototype organisateur de noire representation de la réalité ou ä la facon dont ľhomme fonctionne dans l'univers. A cette approche, qui privilégie la cognition, les composantes encyclopédiques et extra-linguistiques, s'oppose une approche plus stricte-ment linguistique, qui vise ä dégager le fonctionnement de la preposition dans les relations qu'elie entretient comme signe avec ďautres signes de la langue. Aux deux premieres questions, sur le role du contexte et sur .la nature et le type de traits ä mettre en oeuvre, s'ajoute une troisiěme question, relative 49 Lapreposition en. frangais Les prepositions: problemes de sémanttque voit en effet quafre^sous^neÍT8 ^^f/11^10^Ia section I de ľarticle n ■ > u^. -r Paraissant cePendant dans des rubriques distinctes, se ressembient. peuvent tous les trois en-p íľ™' iaPPeles ci-dessus. Si les types IA JC eťw Knfin ľidée de directlon pourrait étre invoquée tant dans les cas rasserablés caliséetlelocalisate^cet^ " ™*™ "---------'™~'~ ' " ' ' " groupe des emplois comme mtľw 7 daas le CaS du **** ^ qui ^ En outre, le traí de ^^ľ^ée Z^T"^ äÍSCU^sur^ parfoís explicitement viole, danľle cas 1, ?C6 n°n pertinent et **£ puyersurun bouton, fraüüeTsZLl ? &3?>l?,s rassemblés sous IC r£ tartin* ,w/„.......J/ ,ppersurun gone) et ID Ceteris ^, *,«.„.„ KaP- (10) 01) (12) 03) , ..._. „.^ vyj Mje zur un mur, écriresurun cahief). Enfin, le trait d contact n'est pas non plus constant. Sa reconnaissance dans un cas comrr (9), pourtant range sous ID, (9) Les nuages courent sur le ciel. \ est douteuse et suppose Intervention d'un raisonnement analogique; en plus, le contact potentiei et done la direction, est exploité par le lexico-graphe pour opposer les emplois ranges sous I aux emplois ranges sous II, tels que Nous fondom sur notre prow, II leve lesyeux sur sa tante. lis se penchant sur le berceau. Les maisons sont suspendues sur le vide. Il semble done que Je descripteur renonce, au moins implicitement, ä proposer une definition unitaire, qui convient ä tous les emplois, méme s'il en réduit ľappíication au seul domaine spatial. Une double question se pose děs lors : comment rendre compte de ce qui unifíe les divers emplois et qui permet de rencontrer le sentiment linguistique qu'il y a une preposition sur et comment décrire les rapports entre les différents emplois ? Que la réponse ä cette derniere question n'ait rien ďévident ressort clai-rement de la confrontation de certains exempies avec l'organisation pro-posée dans ľarticle sur. Il en résulte un tableau duquel aucune organisation ciaíre n'émerge, La verticalité estprésente dans les emplois (1) ä (9), mais aussi dans (12) et (13), tout comme dans (14) Les avions passent sur la ville. Ce trait est toutefois absent de certains emplois réunis sous IB ä ID dout (15) La mouche marche sur le plafond. (IB) (16) // appuie sur le bouton. (IC) (37) L'affiche colle sur le mur. (ID) tout comme en (10) et (11). Le contact n'est pas exdu dans (12) et (13), tout comme dans la plupart des emplois réunis sous I. ; mais, sur ce point, (9) et 50 '\i _ (iü) ä (13) - que pour (3) et (4) et eile ne convient manifestement pas pour (14). Bref, les relations entre les quelques emplois spatiaux retenus ne peu- veni ^tre captées par une structuration hiérarchique, ce qui souleve ä nou- .iU rnaís ä partir d'un angle d'attaque different, la question de ľunité sémantique de la preposition et, partant, celie du mode de representation ■idéquat. j/ensemble des questions soulevées dans le present paragraphe sera rends dans le paragraphe 2. consaeré aux emplois locatifs des prepositions et éaalernent dans les paragraphes suivants, en particulier dans les paragraphes 41. et 4.3-, consaerés respectivement aux descriptions de la polysémie des prepositions par enchainement et ramification (§ 4.1.) et aux descriptions prévoyant un schéma unitaire abstrait en langue qui s'instancie en discours dormant lieu ä des effets de sens diversifies (§ 4.3.). 1.3. Des emplois centraux aux emplois derives La description des emplois spatiaux que propose le dictionnaíre ne se limite pas aux types ďemplois illustres plus haut, mais eile inclut égaiement un ensemble ďemplois qu'il qualifie ďexpressions figées (18) ou ďemplois figures (19), ainsí que certains emplois particuliers non qualifies, tels que (20), figurant tous dans la section IA. (18) L 'inspectrice nous a mis sur la sellette. (19) Lis vivaient les uns sur les autres. (20) lis ne portaienl Hen sur eux. Pour le lexicographe, tous ces emplois se situent done dans le prolonge-ment des emplois spatiaux libres et n'appellent aucun commentaire spéci-fique. Les mécanismes permettant de relier (18) ä (20) aux emplois de base méritent toutefois quelque attention. Pour rendre compte de l'emploi de swr.dans (18), le locuteur doit en quelque sorte procéder ä une déconstruction de ľexpression non composi-tionneíle et envisager ensuite un rapport métaphorique. Un phénoméne analogue s'observc dans le cas des emplois figures, qui ne relévent pas du domaine spatial si on les envisage du point de vue de la reference, mais qui y sont toutefois integres, alors que ďautres emplois sont situés expressément dans un domaine autre, défini comme figure et notionnel. Enfin, tant (19) que (20) montrent qu'au moins certains des emplois integres dans la section I.A. 1,, ou il est fait reference ä la pesanteur, ne correspondent pas du tout ä la 51 La preposition enfrangais Les prepositions: problemes de sémantique caractérisation donnée, les propriétés 'verticalité' et 'support' ne s'applií ju;int! pas en (19), aíors que (20) implique certes une forme de support, sans mirie-i fois impliquer ni contact au sens strict, ní effet spécifíque de la pesanteur. \^\ processus de métaphorisation et de métonymisation affectent done st;k:<.:Li-: vement certaines propriétés et en oceultent ou annulent ďautres, Le traitement des emplois figures pose un autre probléme, qui est de .sa-! voir oü s'arréte le domaine spatial, dans lequel ľauteur de ľarticle range Jň; exemples (18) ä (20) et oü s'ouvre un domaine nouveau, explicitemem qu^ lifié de figure' et regroupant les emplois notionnels (section IV de ľarticIt'K Le rédacteur y range des emplois tels que ; (21) Régner sur un pays. ' (22) L 'acide agit sur le cuivre. et il établit, dans son commentaire, un lien ďanalogie avec la pesanteur, la. pression, le recouvrement et la dépendance, notions qui servent ä rendrc' compte des emplois sous I et II. Or, ces sections comportent elles aussi clc:s ■ emplois dits figures, dans lesquels joue un rapport ďanalogie semblable : : (23) Une torpeur s 'appesantissait sur eile. ' (24) Une menace plane sur la ville. On retrouve ainsi 3a problématique des domaines ďemploi, soulevťv au; § 1.1. en termesplus généraux. Les questions peuvent maintenant étrepréd-' sées : Íl s'agit de determiner la nature des liens qui permettent de rapprocher les divers emplois, de verifier si íes mémes mécanismes sont ä ľoeuvre ä ľin-térieur ďun domaine donne et entre domaines, de telle sorte que les pri napes sous-jacents ä ľorganisation en domaines puissent étre mis ä nu et que: les conditions sous lesquelles une organisation en rubriques discretes,: comme semble íe proposer le dictionnaire, soient clarifiées. En plus, le ■ . observes soulěvent deux questions inéluctables : celie des enchaínej ■ Continus ďemplois lies de proche en proche et celle de ľautonom ■ chaque domaine. Or, 1'ordre de traitement et ľimportance du développement accord- ■ '• emplois spatíaux suggěrent fortement que ce domaine est primordial < ■ au morns pour le cas de sur, le sens jouissant ďautonomie : le sens ft mental de la preposition semble en reiever. En outre, certaines formúl; ■ utilisées par le TLF établissent des rapports explicites entre certains en-- ■. locatifs et non locatifs. Ainsi, il est fait appel ä la notion spatiale de recc ment pour rendre compte de ľusage temporel de sur signifiant ľappro ■ ■ tion : (25) sortir sur le coup de buit heures /sur le midi. ,, slJl- cvNc de fondement, done de support pour divers emplois notionnels doni. (2d) s'fippuyer sur un argument ď autorite. \\ eonvient de formuler une derniěre observation qui concerne ľintégra-lion des emplois non spatíaux dans ľensemble. Ceux-ci révělent en effet ľc'xislence ďhétérogénéités. Si sur introduit, dans le domaine spatíal, le point vers iequel est oriente le proces, comme il ressort, entre autres, des exempli {10) et (11), sur peut également introduire la cause, c'est-ä-dire le plténornČTU' initial ä partii" duquel se développe le proces et non son terme : (27) // ľa fail sur son conseil. (2S) I;u bal sur invitation. (let cmploi causal est lié ä l'emploi temporel (25), scion le toposposthoc orgojirojUvrboc. La prise en consideration ďun tel topos general permet de [vfonnulcr certaines des questions déjä formulées. La premiére est celie des luccanismcs permettant de relier entre eux les divers usages et plus particu-íičivmen! celie de leur spécificité : ces mécanismes sont-ils propres aux pré-posiíions ou s'agit-il de procedures générales qui interfěrent avec les nľopi'íclcs caractéristiques des prepositions et de leur environnement ? La seconcle concerne le découpage en domaines d'emploi: quel est l'effet des propriék-s jiropres ä un domaine donne sur les propriétés de sens attribuées ;i líi preposition ? faut-il considérer que ces derniěres forment un ensemble de consiaiues ou une base modifiable par interaction avec 3e domaine ? Les (|iielqiie-i breves remarques faites ä propos des emplois relatifs au temps et ä la cause niontrent, en tout cas, que la prise en compte des emplois non spatíaux rend ľétablissement ďune description sémantique cohérente encore hieri plus complexe qu'il n'yparaissait au seul examen des emplois spatiaux. 1-1 n-oisic'ine enfin concerne la preeminence accordée au domaine spatial, Il /iciif, dans ce contexte, de discuter l'hypothese localiste, qui pose que . ■ e preposition ou, pour le moins, toute preposition au spectre d'emploi ■: :', es[ fonciěrement spatiale. Nous reprendrons ces questions dans les pa-■ \;iplu\s .1 et 4.2. I.i. Les prepositions vides i:nfin: il faut attirer l'attention sur le fait que certains emplois retenus par '.('lionrmire ne sont pas décrits sur le plan sémantique, mais ne recoivent ■' jne caractérísation syntaxique. Ceci est en particulier le cas des verbes ■ ■ lis v\\ (29) (29) insister sur quelque chose; informer quelqu 'un sur quelque chose 52 53 5 La preposition enfrangais Les prepositions.- problemes de sémantique pour lesquels ľemploi de sur est caractérisé comme suit: \ IV.C. Swr introduit le regime d'un verbe exprimant une activité inidlcV tuelle ou un jugement. 1. Le complement est en correlation avec- le signu fié du verbe. : Ce type de commentaire évoque le probléme des prepositions diU\s vi: des ou depourvues de sens, thématique généralement évoquée ä propos dpi de et de ä, mais qui est d'une application plus large. En plus, le commcniair^ établit un lien plus étroit entre le verbe recteur et la preposition t|iiVntn' celle-ci et son complement, instaurant une rupture avec la descripiion (jt,: touš les autres emplois pour lesquels le complement et ses propriéiés oauJ pent le premier plan, conformément aux observations syntaxiques 'vlaNv«: ä ľunlté formée par la preposition et son complement (cf. chapitrc I. % 2.).'' II convient d'observer que Particle sur propose un double traitemeni dts verbes qui se constmisent avec un complement prépositionnel. A In difľé--rence de ce qui est propose pour insister, le dictionnaire rapproche ďaiiijvs' verbes, tels compter, avoir cle ľ ascendant, tirer, se terminer d'emplois sign if]-, catifs et évoque ä leur propos un emploi figure. Le cas de la préposiiii m syn-taxique apparaít-il děs lors comme ľétape ultime de la chame qui part tics emplois pleins et passe par les emplois figures pour aboutir aux cas 011 |a; preposition est une simple cheville syntaxique ? Nous reprendrons relic pro-' blématique au § 3.3- 1.5. La preposition sur et les autres prepositions Le TLF propose une description détaillée de swrconsidéré en hi i merne.' D'autres prepositions ne sont guěre évoquées. Cette pratique est en opptwi- \ tion nette avec celle du GR2 qui évoque ä vingt-cinq reprises au moins une; ou plusieurs autres prepositions. Ce dictionnaire rappelle ainsi que ami-: prendre le sens d'une preposition implique un double jeu de rappmehc-i ments : d'une part des rapprochements syntagmatiques, vu le role des\ données contextuelles qui a été mis en evidence ci-dessus, et d'anire parti des rapprochements paradigmatiques, mettant en jeu des adverbes comme' ou et y et surtout des prepositions, synonymes, antonymes ou plus en grin'- -: ral concurrentes. II apparaít d'ailleurs fréquemment que ľappréhensinn du; sens impliqué par une preposition ressort avec plus ďévidence d'une con- ] frontation avec d'autres que d'une analyse immanente, comme le niontrc; 1'exemple suivant, certes banal, mais instructif: ; (30) Ä a glissé le livre sur/ dans / deniere / sous Varmoire. ^existence d'un tel tissu de rapports, fort denses, suggěre en outre qu'il lc un champ dont la structuration influe sur le fonctionnement de cha-de ses membres. Cette problématique sera commentée au § 4.4. »s 2. Décrire le sens des prepositions dans leurs emplois locatifs ■j Taní j'intuätion des locuteurs, telle qu'elle est reflétée dans leurs juge- ~- iiKTiis el dans la pratique descriptive pré-théorique et lexicographique, que s- les prises de position explicites des sémanticiens accordent aux emplois lo-ciilils des prepositions une position eminente. II est communément aclmis s' que les prepositions les plus fréquentes et les plus typiques sont avant tout .: dt:s prepositions de lieu et de nombreux auteurs posent en outre que leurs s: autres emplois sont, d'une maniere ou d'une autre, lies ä leur emploi locatif. li nvst děs lors pas étonnant que la description des emplois locatifs ait rc-lenu ['attention de nombreux linguistes et qu'elle ait méme donné lieu ä s. une grande diversité ďapproches. II ne sera pas possible de les presenter et v: Je* les eonfronter en detail dans le cadre de cet ouvrage, tout comme il ne sera pas possible de proposer une analyse détaillée d'une ou de plusieurs ŕ pľéposiiions en emploi spatial. Ľobjectíf de ce paragraphe est plus mo-ibsle : il s'agira de presenter certains des outils analytiques proposes et de \ ii\s discuter ä la lumiěre de quelques exemples sélectionnés. ; Avant de procéder ä une telle analyse, il convient de proposer une délí- inilalion provisoire des emplois locatifs. En premiere approximation, on '■■ pail poser qu'un groupe prépositionnel est en emploi locatif s'il constitue "; une léponse adequate ä la question partielle en oü?, ou, éventuellement, ;' ituxijLiestions comportant une preposition suivie de cet adverbe : d'oü?,par " \ m ?, ce qui ne manque pas de soulever une question spécífique relative au ~\ Ibiui it m mement de ces prepositions. Il est ä observer que cette delimitation a [ anivre sans aucun probléme les exemples (1) ä (6), ainsi que (15) ä (17), du I 5 I-. ni:iis exclut du domaine spatial 1'exemple (7) et peut-étre aussi ľĽxciiiple (8) et ce contre l'avis des clictionnaires. L'application du test dc la "[ qucsiion en oü ? n'est pas univoque pour (9) ä (13), qui apparaissent égale-1 \ incur et unme plus marginaux dans le traitement que propose le TLF : 1; l - i;i question Oü les nuages courent-ils ?, qui devrait correspondre ä (9) sug-\ jíťľc uric interpretation directionnelle que la phrase de depart n'a pas ; - - ihns le cas de (10) ä (12), une question du type vers oü ?semble plus ap-i pľopriée ; 54 55 La preposition enfrangais - dans le cas de (13), la question appropriée semble píutôt étre au desstu quoi ? íl semble done qu'il existe des emplois spatiaux typiques et des emp] plus marginaux, 3}ans la suite, nous nous pencherons avant tout sur les e plois centraux et nous exarainerons les emplois en marge plus tard. II faut tout cas noter que la delimitation du domaine ä ľaide de la question oil ŕ qualífie comme rapport de localisation que certaines des relations qui s't blissent dans ľénoncé et en écarte ďautres qui, sur le pian référentiel, im] quent entre autres un rapport spatial, tels que en train dans U vient en tra La langue privilégie en effet {'interpretation moyen de transport. Nous considérerons que la preposition intervient dans une operation repérage spatial ou de localisation dont nous décrirons ďabord les tern (S 2.1.) et que nous envisagerons ensuite pour elle-méme (§ 2.2.) ä (§ 2.< 2.1. Le site, la cible et la relation de localisation I/operation de localisation ä laquelle participe le groupe preposition implique deux entités : un localisateur et un localise ; en linguistiquc fr; caise et ä la suite des travaux de Vandeloise (1986), le premier est genera ment appelé site et le second cible. Dans (31), le sujet, la tapisserie I'Apocalypse est la cible et le complement de la preposition, Angers, est site : (31) La tapisserie de I'Apocalypse est ä Angers. La preposition pennet au locuteur de fournir ä ľinterlocuteur des indicatic iui permettant de localiser la cible par rapport au site. 2.1.1, Le site L'expression servant de site doit done étre dotée de propriétés spatial qui facilitent son repérage et autorisent son exploitation dans la relation localisation. L'on peut distinguer trois sortes d'expressions pouvant servir site : les groupes nominaux comportant un nom doté de propriétés spatial les groupes qui renvoient ä une activřté, se dčroulant nécessairement en lieu, et les groupes nominaux indiquant la distance. Le premier type de site est le plus commun, dans deux sens : Ü s'obsei avec le nombre le plus élevé de prepositions et il est le plus largement í ploité. Les noms qui y figurent relěvcnt de deux types : les noms de lieu les noms ďobjets et de personnes. Ils renvoient en principe ä des entités premier ordre. Les noms de lieu désignent de maniere intrinsěque une portion de ľ< pace - platne, pays, Vendée; riviere, lac, Mer Baltique; ciel, Mars; vii 56 Les prepositions: probtemes de sémantique , {ľUcK Avignon - les noms ďobjet une entitě materielle qui oceupe une ,1-tion ik- 1'espace ; ceux-ci peuvent étre subdívisés en noms désignant un }iC[ cín! oceupe une place fixe - haie, ebene, maison, appartement, La Irre \ jet plus petit qui n'est pas associé de maniere typique ä un lieu donné.; comme le signále entre autres Vandeloise (1986) qui oppose les éimncéí: plus naturals, comme (37), aux énoncés moins vraisemblables ou qui i sitent un contexte trěs spécifique, tels que (38) : (37) Le cure est pres de ľéglise. Le dé ä coudre est sur la hotte. ß g) ! Ľéglise est pres du cure. ! La hotte est sous le dé ä coudre. 21.3- La re^at^on de localisation: les propriétés spatiales r.íi relation de localisation rapporte la cible au site ; eile peut s'exprimer, foniiTie le montre Borillo (1998), de maniěres třes diverses, encore que les prepositions y jouent un role eminent. Cette constatation autorise une ap-nroolie onomasiologique, qui s'appuie sur une representation de ľespace et des relations qui y existent et qui s'interroge ensuite sur les moyens linguistiques qui permettent leur expression. Le statut de cette representation fait ľobjet ďun debat entre spécialistes : deux theses s'affrontent, selon que l'on siuu* cette representation dans la langue ou dans des structures cognitives non linguistiques. Sans vouloir ni pouvoir trancher, il semble qu'il existe des íiľgunients pour adopter une position mediane, étant donné que des conciliates linguistiques spécifiques interagissent avec des propriétés generates de ľespace humain construit par ľexpérience. Trois types de propriétés géométriques et topologiques ont été avancés pour stmeturer la representation de ľespace et ont été appliqués ä ía description du sens des prepositions : iis concernent la granularité, le systéme de coordonnées ä appliquer et la distance entre objets dans ce systéme. Il con Went de signaler ďemblée que cette representation n'est pas ä propre-nienl parier mathématique ou objective, mais qu'elle fait reference ä ľexpérience ; un role eminent est reserve au corps, ä sa position verticale sur la surface de la terre, ä ľasymétrie entre la face et le dos et ä la latéralisation. !.e terme de granularité renvoie au nombre de dimensions mises en a-uvTC pour stmeturer ľespace. En pratique, les descriptions font reference ä des espaces ä deux ou ä trois dimensions ; le recours ä ce type de propriété semble relever de ľévidence : ainsi dans impliquerait le recours ä un espace ) a trois dimensions, alors que sur n'impliquerait qu'un espace ä deux dimen- ; siorw. Ľespace ä trois dimensions permet de localiser des corps ; ľespace ä ; deux dimensions des surfaces. ľe systéme de coordonnées concerne le repérage des dimensions rete-niies, et done de ľespace active ; ce repérage se fait en fonction ďun point de reference. La representation standard ďun systéme de coordonnées applique ä un espace ä trois dimensions pose un point de reference dans le-quel se croisent trois axes unidimensionnels : ľaxe vertical, 1'axe frontal et |,;ixe lateral. La combinaison de deux axes définit un plan, Dans la representation de ľespace exploitée par la langue, il y a lieu de klinjíuer deux plans : le plan vertical, impliquant la combinaison de ľaxe 58 59 38 La preposition enfrangais vertical et d'un autre axe, et le plan horizontal, combinant i'axe fronia ľaxe lateral. Certaines prepositions s'inscrivent ä premiere vue égaleiľ sans peine dans cette organisation : au dessus de réfěre ä I'axe vertu n I, . vant ä ľaxe frontal et ä côté de ä ľaxe lateral. D'autres prepositions sembl implíquer la combinaison ďun axe et ďun pian : ďaprés le témoignage GR2, on pourrait ainsi interpreter sura partir de la combinaison de ľaxe \\-cal et du plan horizontal. Le point de reference oü se croisent les axes peut étre défini de den k i . niěres différentes. D'une part, il peut ľétre ä partir de ľexpérierHv < ľhomme a de son environnement: le pian horizontal se confond aver l.-| f face de la terre et ses deux axes se déterminent en fonction de la position corps, doté de maniere intrínsěque ďune face ; ľaxe vertical est défini p.; position debout. II se singularise par le fait qu'il possěde, ä la difference deux autres, une structure en deux demi-droites, ľune orientéc vers !e 1: et ľautre vers le bas. D'autre part, le point de reference peut étre délerm par les propriétés inhérentes de certains objets et de certains lieux, dt d'une face ; ainsi une chaise a une face, tout commc un cap, qui fait face mer et une table est dotee d'un plan horizontal inherent. Certaines phe exploitent ou peuvent exploiter ce systéme de reference indépendani du . cuteur, provoquant parfois une certaine indétermination de la localKilk (39) Le vose se troiive devant le canapé. La localisation établie ä partir du point de reference constitué par le U. ■ teur et celie qui fait recours aux propričtés inhérentes du site ne coľnckľ que si le locuteur fait face au canapé. Les deux systemes partagent cep dant une propriété fondamentale, ils ínstaurent une relation ďordíc ei places dans ľespace. Le dernier type de propriété concerne la distance entre deux poinls d le systéme de coordonnées ainsi défini. Ľopposition fondamentale esi o qui existe entre la coincidence ou distance nulle et ľabsence de coin« ideou distance (non nulle). Dans (40) site et cible oecupent chaeun une posil sur ľaxe vertical et sont séparés par une distance positive ; en plus iis s oretonnés sur un axe de telle sorte que le referent de la carte occupe une sition plus élevée que le referent de la table. (40) La carte esi au dessus de la table. La localisation obtenue est en quelque sorte indirecte, ou projective (. rillo 1998), puisque la position de la cible est définie indirectement par i port ä celie du site. La localisation par contigu'ité est au contraire dirct ■ comme ľon peut encore distinguer, sur la base de caractéristiques topole ques, deux sous-types de contigu'ité - le contact ou contigu'ité externe (41 ľinclusion ou contigu'ité interne (42) - la localisation directe est quaiifu-e le meine auteur de topologique : 6o Les prepositions: problěmes cle sémantique ) l.a carte est sur la table. ) /.a carte est dans le tiroir. i ):i r! i r de cette opposition, on pourra définir deux groupes de préposi-... . ..-s prepositions topologiques, traitées au § 2.2., et les prepositions pro- .' . ;. cnvisagées aux § 2.3.2 et 2.3.3. Ces paragraphes viseront ä verifier si - . iblc des propriétés introduites ci-dessus permet de rendre compte des . . s spatiaux des prepositions. i j, Moments pour une description du sens des prepositions lopologiques \ lis considérerons en premier lieu les prepositions topologiques sur et '■carlant provisoirement en et chez qui appartiennent ä la merne série, . Lii nianifestent des propriétés supplémentaires, ainsi que la préposi- ■. . qui en est souvent rapprochée, mais qui possěde des caractéristiques . . ■ ■ s. comme nous espérons le montrer plus loin (§ 2.3.1.). _' ». /. //exploitation des propriétés spatiales \ :>[víniěre vue, les emplois les plus typiques de ces deux prepositions . ■ enl appréhender ä ľaide de deux propriétés de ľespace : la granulari-'. contigu'ité des positions. Sur fait intervenir un espace ä deux dimen- ■ ■:. ■ i la contigu'ité par contact, tandis que dans oblige ä tenir compte ďun ii (rois dimensions et de la contiguľté par inclusion de la cible dans le ) I.e lait est sur la table. !.e lait est dans la cuisine. ■ ■ ■ noi.era ďemblée que Interpretation de (43) fait intervenir non seule-les relations entre les referents des groupes nominaux, maís égaie- ■ " -es dimensions Ünguistiques et cognitives menant ä un ajustement des ■nliicions: le 'lait', cible de la localisation, est en effet ä concevoir . hi n liquide condirionné par un recipient et la 'table' peut étre clressée, ■■ ■ ■.■mpie recouverte d'une nappe, par activation de ses propriétés fonc- : . U-s et des routines qui lui sont associées dans la vie courante. Ces mé- . onnations permettent cle préciser la localisation : dans le cas de sur la ■ ' \.\s propriétés fonctionnelles que nous retenons de la table permettent ■' ■ ■ ipivndre que la surface servant de site est le plan horizontal et que le "" . se fait sur ľaxe vertical et sur la face supérieure. Le contexte con- ■ ■ .lone ä enrichir et ä préciser la configuration spatiale. ' e i eile operation est merne indispensable dans le cas de sur applique objet, normalemcnt tri-dimensionnel : il importe en effet de 61 La preposition enfmngais sélectionner le plan pertinent. II semble que deux cas de figure doiveni ôtte-distingués. Dans le premier cas, le plan sélectionné est le plan horizoniaj! comme en (43) ; ce cas constitue le choix par défaut, puisqu'il appar;i;|[ merne en ľabsence d'inclications contextuelles : \ (44) lis jouent /travaittent sur la dalleen béton. = Ce choix peut étre cependant renforcé par des indications provenant de4 f informations lexicales et encyclopédiques livrées par le site ou par la cibk;; ; (45) Lapluie de confettis tombe sur le cortege. \ Elle s 'écroule sur le sol. \ (46) La ville est située sur la Garonne. Dans le second cas de figure, les indications contextuelles annulent la \ selection du plan horizontal et le contact sur ľaxe vertical; il en va ahisj t|c; ľexemple (47), appartenant ä un type souvent commenté : ; (47) L'affiche colle sur le mur du fond. \ Notre experience et nos representations de la scene font que !e choix f par défaut ne convient pas et une autre representation, situant la surface ]o-| calisatrice sur le plan vertical est mise en place. Le contact s'établit celie Ibis; non sur la face supéríeure du site, mais sur la face extérieure, celie qui garaii-[ tit ľacces ä la perception. Le fait que la scene globale doit étre prise en cnriSH deration et non pas seulement le site, ressort clairement de la conlroniaiiui;-de (47) avec (48), pour lequel ľ interpretation par défaut est seule possible: j (48) L 'enfant s'assied sur le parapet. ; Dans certains cas, les deux interpretations sont méme en concu nvnee: f (49) La clef est sur ľarmoire. : La premiere correspond ä ľinterprétation par défaut: la clef repose sur l;i! face supéríeure, horizontale, de ľarmoire ; la seconde est construiic ä parlirf de ľ experience : la clef est dans la serrure de la porte et le plan veriical osi f done pertinent; en outre ľaxe frontal intervient dans la selection du plait. [ Enfin, ľorientation de la cible par rapport au site peut étre inversée, sons f la pression des données contextuelles, comme dans (50) : \ (50) le mouslique sur le plafond \ Les instructions de sens véhiculées par le nom plafond \mp\fc^vv\\ en of-1 fetqueia surface pertinente pour le contact n'est pas la face supéríeure et in- \ visible, mais bien la face inféríeure, visible du site. I íl importe enfin de préciser que la preposition peut iníluer sur ľi nl erpré- [ tation du site. Ce role actif de la preposition se vérifie aisément par hi m m pa- ■ raison de sur et de dans appliques au méme site : [ (51) Les letlres sont sur/ dans le secretaire. \ 62 E Les prepositions: problěmes de sémantique [,es propríétés de granularité et de contigu'íté vont aboutir ä sélectionner ■ „.presentation pertinente du site, c'est-ä-dire soit sa surface, soit son inté-.'.'(. in flexibilite des propriétés de sens peut étre située ä deux niveaux : en cnlier lieu, chaque propriété posséde un certain nombre de latitudes inter-' r('.[;itives et, en second lieu, les deux propriétés fundamentales ne doivent ôas #re co-présentes. 2 2.2- ta flexibilite des emplois spatiaux [,e commentaire des exemples ci-dessus montre que les elements de sens attribués ä la preposition sont largement sous-spécifiés, mais qu'ils sont sufTisants en combinaison avec des mécanísmes indépendants, mis en oeiivre ä partír du contexte pour rendre compte des emplois les plus typi-mies. Pour couvrir ľensemble des emplois locatifs, il est cependant néees-sřiire de rendre plus flexible la description de sens ä partii- des propriétés striates. Ainsi la propriété de contact n'implique-t-elle pas nécessairement íe contact effectif, comme il ressort de (52) : (52) Lefauue bondit sur saproie. Ll sepenche sur le berceau. Si ľon veut la maintenir, il faut admettre que le contact peut étre potential. Ľon peut de méme diseuter de ľinterprétation ä accorder ä la propriété 'surface' car le site n'est pas bi-dimensionnel en vertu de ses propriétés in-iľinséques dans (46) et aussi dans (53) ; on peut toutefois considérer qu'il est ínscrít dans un plan, par exemple celui de la feuille : (53) Elle a inscril le point sur la ligne. Los t [eux latitudes interprčtatives se combinent méme dans (54) : (54) La manifestation marche sur la capitale. Le scanner a des problěmes pour reconnoitre le point sur le i. Dans ďautres cas, une des deux propriétés semble non opératořre. Les disiirictions de granularité paraissent aínsi devoir étre annulées dans (55), alors que ľinclusion ou le contact est niaintenu : (55) // se proměně dans la Campagne, le givre sur les branches 1,'inverse, maintien de la granularité et neutralisation des formes de conttgmté, pourrait étre en jeu dans le contraste bien connu entre sur les che-niiľtset dans les rues, alors que ľannulation du contact, avec maintien de la configuration du site comme une surface s'observe dans (56) : (56) Les rapacesplanaient sur la ville. 63 La preposition enfmngais 2.2.3- Les Untites de ťapprocheparpropriétés spatiales Bien que le recours aux propriétés spatiales en combinaison uve principes ďinterprétation et d'ajustement permette de rendre conipu-nombre important de données, il existe trois types de cas pour lesquel.s approche semble peu satisfaisante. Le premier est illustre par (57) : (57) fat entendu cette nouvelle sur les ondes. Le site, les ondes, ne semble pas doté de propriétés de granularilé ei difficile de voir en quoi 'la nouvelle1 et 'les ondes' sont en contact. II t contraire Hen vrai que les ondes' sont le support de 'la nouvelle'. (\>\\ tion fonctionnelle, qui, dans d'autres cas, peut étre concue comme une i tante des propriétés spatiales canoniques, semble étre la. seule ä po motiver ľemploi de sur id ; eile doit done étre incluse dans les traits de qui seront děs lors : le contact, la surface et le support, Certains am comme Vandeloise (1986, 1993), défendent merne la these de la pi in des propriétés fonctionnelles ; ils considerent que les propriétés gmr ques, au sens étroit, et topologiques en sont des conerétisations. G iív s'appuie ďune part sur des données comme (57) ou sur le contrastc en lampe dans la douille et * la bouteiUe dans la capsule qui ne peut s'ccki l'aide de notions géométriques ou topologiques, mais qui s'éclaire ä du rapport fonctionnel contenant/contenu. Elle se fonde d'autre part mí considerations générales d'ordre cognitif quant ä la representation dc pace comme un espace biaisé en fonetion de Taction des hommes e( su ficacíté des notions fonctionnelles dans le traitement des emplois marginaux (voir § 3.3.2.). Les deux autres types de problěmes concernent le site et sa relation la cibie ; ils s'observent dans des configurations locatives quclque peu ginales, puisqu'elles ne répondent pas ä la question oil ?: (58) La route longe lafalaise sur trois kilometres. (59) // est tombé sur ľépaule, qui ťest fractttrée. Dans (58), le verbe établit un rapport de localisation par contact ent places occupées par le referent du sujet et du complement direct; l;i pi sition signále uniquement ľétendue de ce contact. Dans (59), le complé de la preposition permet de focaliser une zone de la cible, zone qui In de support lors de son contact avec le site, non exprimé, mais impüqu le verbe, On notera que dans ces emplois, certaines composantes du file contact et le support - restent pertinents, permettant done de ratfach' emplois plus marginaux au centre (voir aussi § 3,3.). Le tableau qui ressort de notre examen est complexe. Pour re compte du fonctionnement de prepositions comme dans et sur, il con de faire appel ä des propriétés spatiales de type divers - geometrii 64 Les prepositions: problěmes de sémantique gíques et fonctionnelles -, ä des contraintes propres aux unites lexica-es principes d'ajustement operant au niveau de la preposition, du site cible, et ä une stmcturation du sens qui n'impose pas la co-présence, >ut emploi, des propriétés définitoires, bref, ä une approche de type rpique. , ■_ |)es prepositions topologiques aux autres prepositions locatives . paragraphe precedent a permis de montrer comment peuvent étre ■ ■ ;s les propriétés de sens qui conviennent pour rendre compte des em-uariaux manifestes par les prepositions topologiques. Dans le present iphe, trois prepositions non topologiques seront briěvement exami-\t sous et contre, afin de voir si des traits d'un autre type sont indispen-ä leur traitement. j. ).l. la preposition ä, un localisateur general preposition ä en emploi loeatif manifeste des propriétés trěs spécifi-,es sites admis appartiennent en effet ä deux ensembles disjoints aux utés bien définies. D'une part, il s'agit de noms de lieux et d'objets oc- ■ une position fixe et děs lors proches des noms de lieu, en particuiier . ■ ains noms propres, et, d'autre part, de noms référant ä des activités : ) Je les at mis ä Paris. Nous sommes arrives ä tin endroit bien tranquille. ä une maison abandonnée. ) Je les ai vus ä la reunion du bureau. ) Je les ai vus au bureau / au café. interpretation de (60) a (62) fait certes intervenir le trait de coi'nei-mais avec neutralisation des distinctions entre contact et inclusion, semble au contraire pas évoquer de propriétés géométriques : les dims du site et de la cible ne sont pas pertinentes. Si le cas (60) n'ap-■ ;uěre de remarques dans ce contexte, les combinaisons en (6l) et ■ ■ , en (62) sont plus interessantes : ä se combine en premier lieu avec ms qui ne dénotent pas un lieu, mais une activitč et sélectionne dans ■ le noms sous-déterminés, comme bureau, la lecture 'activite' et non la 'Heu'. Méme dans (63), oü figure apparemment un nom de lieu, l'in-ation activée par la preposition cvoque une routine, une activité, une. ■ "" ie associée au lieu et non celui-ci en tant que lieu, alors que dans re-■stte derniěre interpretation (64) : 65 La preposition enfmngais (63) Je vois Julien ä la gare, liest au jardin. (64) Je ľai vu dans la gare. H est dans le jardin. Deux points semblent ä retenir : les propriétés topologiques et get ques sont indépendantes et, surtout, la preposition sélectionne ľinle-tion du nom servant de site, aboutissant ä localiser avec ce qui ne n' pas en soi ä un lieu (6l) et ä mettre ä ľarriere-plan les composantes Io< des noms de lieu ou ďobjet, pour en extraire les composantes font'ii les, comme ií ressort de (62) ä (64), aínsi que de phénoměnes de fig comme aller au lit ou passer ä table. Si ä peut étre caractérisé toul .s ■ ment comme un instrument de localisation, íl fonctionne done pur j dance dans le cas des noms de lieu intrinséques (60) , domaine dVinj regression au profit de sur, et avec sa valeur pleine, chaque fois que le posséde pas les propriétés voulues. La position singuliěre de ä dans "■ téme des prepositions de lieu, par exemple le fait qu'elle ne peut Oln donnée ä aucune autre preposition locative (Ruwet 1982), est liú structure sémantique particuliěre. 2.3-2. Sous et la limite entre les prepositions topologiques et projectives La preposition sows peut étre choisie comme exemple type de h fit tion projective ; son interpretation n'implique pas de relation de com mais au contraire la position relative de la cible par rapport au sue rendre compte de (65) : (05) La route passe sous le chemin de Jer. on peut faire appel aux données géométriques - le plan horizont;! i c vertical dont la demi-droite orientée vers íe bas est activée - mais el" suffisent pas, car la route est située quelque part dans 1'espace donl ie tes sont données par les instructions géométriques : cible et site ne son pas contigus, mais ä une distance non spécifiée, qui peut tendre ver.s a (66) 11 Jaul cacher I'enveloppe sous la nappe. Une telle description convient certes pour les emplois central r x preposition et eile permet de metü-e en evidence le fait que sous n'ex pas la relation locative converse de sur, mais une relation spécifique. ■ est toutefois assez proche, ä cause du recours au merne dispositií de données pour rendre la coordination opposixxve pas sur, mais sous ml Elle ne suffit cependant pas pour rendre compte de cas comme ((>7) (67) Ilportait une serviette sous le bras. 66 Les prepositions: problěmes de sémantique , . uv manifestement une forme de contigu'ité. Pour rendre compte '" . íl semble utile de considérer qu'il constitue un cas limite de ľem- . -t i ľ dans lequel la distance a été ramenée ä zéro et oü se produit ■ rbnne de contact. Le recours ä sous pourrait étre motive par le fait oi de sur aurait impliqué un contact sur la face supéríeure ou ex- :ssil>le ä la perception, ce qui ne convient guěre dans le cas pré- . i-jploi de dans aurait oblige ä concevoir une representation * ■ . ■ onnelle, alors que le geste évoqué en (67) situe le bras et le tronc : n, celui de la coupe laterale du corps et non dans un volume. La i d'une telle suggestion, qui dépasse de loin le cadre de ce travail, ., ■■ ivant tout un examen minutieux des contextcs linguistiques, seule - d( tfit dispose le linguiste, comme le souligne avec vigueur Lee- ■ ■ -;; 1999). ■.:ni[>le comme (67) montre toutefois que la distance entre les pre-opulogiques et projectives n'est pas absolue et que la pression . ie peut induire un effet de sens contraire aux traits qui semblent (es emplois fondamentaux de la preposition. .».;. í. í ontec et la nécessité de äéfinir des propriétés \ njifylémentaires , . ■■ ničre preposition qui sera considérée dans ce paragraphe, contre, lusieurs problemes, dont un seul sera évoqué ici (voir aussi § \- meltons que la preposition, qui est projective, signifie une orienta- ■ihk: vers Ie site, qui fonctionne děs lors comme une sorte d'attrac-_ . ;in contraire de sur eile ne privilégie aucune portion de ľespace ■' ^ I>e Mulder 1998b, Leeman 1998). Sur ces bases, on peut com- ne contre et sur entrent en concurrence dans certains contextes ■ . ■ ns (68) : une ajjiche contre/ sur laparoi íxpliquer pourquoi dans (69) seul contre est possible et en (70) un tableau/cadre contre laparoi des grajjitis / une Jresque sur la parol ! ■ priété pertinente semble étre ľautonomie de la cible relativement i doit se verifier dans le cas de contre, mais non dans Ie cas de sur. ■ -nomie, ou son absence, n'est pas indépendante du contexte, car ■ ! :ompte des contrastes et parallélismes en (71) : U y a une moucbe qui court contre/sur la Pure. 9 y a une moucbe morte ? contre /sur la vitre. U y a des traces de moucbe * contre /sur la vitre. 61 La preposition enfrangais La confrontation des deux prepositions et ľexamen détaillé des diMril tions permettent ainsi de détecter des propriétés nouvelles. íl en v;i de mC> pour en et chez opposes ä dans. Les trois prepositions partagent l:i propn fonctionnelle 'contenanť, mais pour rendre compte de la pn-miere convient d'y ajouter ľ Interiorisation complete de la cible dans le si k-, coin le signále Leeman (2001), faisant echo ä Guillaume (1919)- Ľanalyse de la conde requiert, de toute evidence, une reference au domicile, ä la rnnij comme contenant type. II vsemble done qu'ü n'y ait pas d'ensembk- cios propriétés, fourni par une analyse a priori de ľespace et dans íequel vj. nenť s'inscrire les emplois locatifs des prepositions. La conclusion , emerge au contraire avec force est que ľespace se construit ä íhiutí-langue. 2.4. Emplois statiques et emplois directionnels Avant de clore ce paragraphe consacré aux emplois locatifs, il faul c miner un dernier point: ľopposition des localisations statiques ci dyna ques. Les obsei"vations ä propos de swrtirées de ľexamen du TLF oni mor que cette preposition peut exprimer une localisation stable ou une dirccl et que ľapparition des diverses nuances est liée au contexte verbal (vo 1.1.1.). Le facteur determinant se situe au niveau des modalités d';icliori de ľaspect lexical. Comme ľa montré ľexemple (5), conťirmé par Cl\ la calisation est en principe statíque, sauf si une composante dynamique i au verbe ou au nom déverbal intervient (73) : (72) les raisins dans la coupe, la reunion au cbäleau, ľéchelle contre le mur (73) Il depose les raisins dans la coupe, le voyage au Brésil Les différentes variantes ďemploi directionnel sont, ä leur tour, nux tes par les propriétés aspectuelles du verbe. Si en (73) la localisation lable au terme du proces, eile ľest pour la phase initiale en (74). en avec le sémantisme verbal: (74) Uprená les livres sur la table. Le marquage implicite de ľopposition statique / dynamique e.M qui oppose le francais ä ďautres langues, comme le latin et ľallemaru courent ä une opposition de cas - ľaccusatif est associé ä ľinterprei a namique et ľablatlf ou le datif ä interpretation statique - ou differences syntaxiques. Le néerlandais recourt ainsi ä la postposilic (75) Hijgaat de tnin in. IL VA LEJARDINDANS Il va aujardin. 68 Les prepositions.- problemes de sérnantique U- fa'i (iue ľopposition des interpretations statique et dynamique dé--j Ju contexte s'observe merne dans le cas de vers, vu le contraste entre lT (77) : fj(\) li babite vers Poitiers. (77) // se dirige vers Poitiers. pour implicite qu'elle soit, la distinction n'est pas sans consequences ľ ['ensemble des prepositions locatives, car e'est dans ce contexte uni-■nenl qu'il y a lieu ďévoquer des prepositions d'origine et de trajectoire, mťŕ/fľt/wr. ;78) // "a de Nantes ä Blois par Angers et Tours. Ces prt;positions occupent en quelque sorte une position secondaire j le sysiéme ; elles n'entrent en jeu que relativement ä une autre localisa-plus Ibndamentale. On objectera que (79) et (80) sont possibles ; [70) li ment de Nantes. Il 'jiassera par Blois ;*«)) // a vu la scene de la fenétre /par lafenétre. Vlais, les contre-exemples ne sont qu'apparents. En (79) le point d'abou-mein est implicite ; il doit étre donné dans le contexte ou par les condi-* tľénonciation. En (80), une trajectoire perceptive est construite reliant cue vue. qui en est le point d'aboutissement, et ľobservateur, origine de íiveplinii; la preposition de permet de localiser ce dernier, alors quepar ile un point crucial sur le parcours, Il n'est děs lors pas étonnant que ce .il précisément de et par qui se combinent aisément avec ďautres prépo-:i.s localises, en partículier les prepositions projectives : 'Hl) U ment de derriěre la maison. II passe par devant la mairie. \insi se dessinent les contours d'un systéme des prepositions locatives ie f(inclement est constitué par les prepositions de la localisation sta-:. Celles ci admettent, dans les conditions favorables, une interpretation unique, menant généralement ä ľidentification du point d'aboutisse-I, eľ permettent corrélativement ľexpression du point initial ou du seg-t median. Les prepositions locatives peuvent ä leur tour s'ordonner en gninds ensembles : la preposition ä signalant simplement la localisa-_ li\s prepositions topologiques de base, s'appuyant sur la relation de ífiuiió, et les prepositions projectives, bien plus diversifiées. Ce systéme .milé si i r un petit nombre de propriétés saillantes, d'ordre géométrique, logique et fonctionnel, mais ces propriétés ne doivent pas étre activées chaque emploi et subissent la pression du contexte, tout comme les ositions influent sur {'interpretation du site ; en plus, le contexte peut ' enrich ir la preposition de propriétés nouvelles. Ľinterprétation d'un 69 La preposition enfrangais emploi concret suppose done la mise en oeuvre de principes ou de s( gies diverses qu'il importe de décrire avec la méme precision que k\s priétés qui semblent plus inhérentes ä chaque preposition. 3. La description des emplois non locatifs Aprěs avoir sommaírement présenté la maniere dont les emplois lot peuvent étre décrits, nous considérerons ici les emplois non locatifs en quant quatre points : íerôle et la delimitation des domaines ďemplni, -ľ; bÜssement» du sens des prepositions dans certains contextes mi* éventuellement ä des emplois dits vides, la nature des liens qui uni.ssei divers emplois et la these de la primauté des emplois spatiaux. 3.1- Les domaines d'emploi temporel et notionnel La pratique des dictionnaires et la plupart des etudes, dorn ľc (I962), rangent les emplois des prepositions en domaines, dont ľespace té ci-dessus, le temps et un troisiěme domaine, dénommé domain c no nel ou abstrait. Dans le paragraphs suivant, le domaine tempore! envisage en premier lieu ; la question centrale sera de verifier, al'insiari qui a été fait au § 2. pour ľespace, comment les propriétés organK-ini 1 presentation du temps interagissent avec les prepositions (§ 3.1.1.). I'n nous traiterons le domaine dit notionnel, dont nous montrerons le i.ara factice ; d'une part, il apparaitra utile de regrouper en un ensemble les tions de type argumentatif (§ 3.1.2) et, d'autre part, il sera montré. ä in un bref examen des emplois d'avec que la distribution de la picpo.1-structure un domaine propre (§ 3-1.3.). 3.1.1. Les prepositions et le repérage dans le temps Le fonctionnement des prepositions en emploi temporel panage celui des prepositions en emploi spatial un certain nombre de ciraclc ques ; la plus fondamentale est que la preposition participe ä ľétabUssc d'une relation de repérage ou de localisation temporelle et qu'i! esi possible de distinguer cible et site, ainsi qu'une structure rendani po." leur mise en rapport. Dans (82) (82) Nous les avons rencontres pendant ľété. la preposition situe une cible, la rencontre, par rapport ä un site u-nij ľété, et eile signále que ľévénement rapporté est en relation de coTneki avec le site. 70 Les prepositions: problemes de sémantique : operation de repérage se fait en fonction de trois types ďinforma- s propriétés retenues pour représenter le temps, les informations ■■xuiellcs, fournies par le site et la cible et singuliěrement par les indica- lemporelles que véhiculent les tiroirs verbaux et finalement les indica- tjiľapporte la preposition. ;(miine le signále Berthonneau (1998), le temps est représenté comme succession ordonnée et structurée de deux maniěres : eile est d'une part : d'une mesure intrinseque, fondée sur ľexistence du rythme cyclique ->urs et des années, et, d'autre part, de points de reference : le moment áionciíition ou maintenant et le point d'origine de la chronologie crilionnelle, permettant de se repérer dans la structure cyclique. En r. mail'i•tenant introduit une rupture entre le passe et ľavenir, entre ce 'est pi'oduit, qui peut étre connu, mais qui ne peut étre modifié et ce qui .sc faire et qui est done inconnu et ouvert. Enfín, le temps est dyna-c, il es! par nature mouvement. )ans un cas comme (82), le repérage temporel est le produit de ľinterac-:ie la cible, qui renvoie ä une portion, non localisée, de ľaxe temporel, nľerprelation temporelle du tiroir verbal - le passé compose situant tant :.* (jLie les autres composantes dans le passé relativement au maintenant dariť ■ et de la preposition qui offre au moins deux indications : la cornice de la cible et du site et la configuration de celui-ci comme un inter-clus dans lequel ľintervalle associé ä la cible est inclus. On peut done uer ä pendant des propriétés topologiques ; cette conclusion n'im-e cependant pas que le repérage temporel soit derive du repérage spa-nais plutôt qu'un méme type de notion peut étre opérationnel dans les domaines. Ramener dans le cas de pendant le temps ä ľespace serait eurs peu éclairant, vu que cette preposition ne connait aucun emploi al. En outre, on observera que les propriétés du site, en particulier la dé-nation du ňom, joue un role crucial dans le repérage, puisque le groupe Dsitionnel en (83) 33) Nous les avons rencontres pendant deux teures. ;rmet pas le repérage temporel, mais informe uniquement sur la durée ntervalle oceupé par ľévénement. La propriété topologique d'inclusion »le toutefois conservée. a pertinence des propriétés topologiques pour certaines formes de reje temporel peut également étre mise en evidence par ľexamen de cer-emplois temporeis de dans et de sur -. 34) II est arrive sur le coup de midi/sur le soir. 35) // est passé dans la journée. 71 La preposition en frctngais Ľon peut en effet soutenir que sur permet ďétablir une relati contact en (84) et que dans implique une relation d'incľusion en (85; ce soient précisément les propriétés topologiques qui soient commurn emplois spatial et temporel ne doit pas surprendre, vu que les prop géométriques - bi- ou tri-dimensionnalité - et fonctionnelles - supj contenant - ne peuvent pas étre interprétées dans le domaine tempore s'agit cependant pas d'une transposition pure et simple des propriétés vées dans les emplois spatiaux, puisque ľon note des effets spécifiq des restrictions particulieres. Ainsi sur semble-t-il impliquer que le sit cede la cible sur ľ axe du temps, effet qui est encore plus manifeste dan (86) Sur ce bon mot, il nous quitta. et que ľon peut éventuellement rattacher ä la condition generale d'acc perception, non pas visuelle, mais temporelle. Dans le cas de dans il f nir compte de ľopposítion avec pendant qui signifie ľinclusion totale, que dans signále que la cible n'occupe pas tout l'intervalle auquel ren^ site, mais surtout de restrictions sévěres portant sur le lexique et sur la ture du groupe nominal. Il est ainsi impossible de remplacer dans ( journée par Vété ou les vacances, tous possibles aprěs pendant; en (87) met en evidence que dans nc se combine avec moment que dans nes structures : (87) * // lefera dans le moment, clans le merne moment, ? dans ce moment, dans un moment d'inattention, dans les moments difficile: Enfin, (88) est possible, mais avec une interpretation aspecaielle ; ť ■ définít, tout comme dans (89), quantitativement un intervalle au tern quel se produira ľévénement et qui est situé dans ľavenir par rapport pere temporel impliqué par le tiroir verbal: (88) ll lefera dans un moment, (89) // lefera dans trots jours. Parier ici d'inclusion et de transposition de ľemploi spatial semb hardi; il semble bien que le domaine temporel impose ses propres coi tes ä la preposition et ce, de deux maniěres : ďune part, les propriétés fiques du temps interviennent, tel le role du point de reference en (č mais aussi dans ľemploi de depuis, et d'autre part, la concurrence entí positions, comme le montrent les quelques remarques ä propos de a de pendant. En conclusion, on peut avancer ľhypothese qu'un domaine d'emp paraít comme un ensemble d'emplois caractérisé par une organisation fique, qui impose des contraintes. Espace et temps apparaissent ainsi c des domaines possédant chacun sa structure, méme s'il existe des ani 72 Les prepositions: problěmes de sémantique ■ s f r; impositions dans un sens ou dans ľautre s'observent. L'auto-i deux domaines se marque, au niveau des prepositions de trois fa- . .j.sirnce de prepositions qui ne possědent qu'un des deux emplois h;z ou devant et děs ; ľexistence de propriétés spécifiques interfé- .. les composantes propres des prepositions, comme il ressort des .' ■ ms a propos de sur ou de dans ; ľexistence de contraintes Unguis- ľ-cifíques. Ľanalogie entre les deux domaines explique qu'une ■position peut fonetionner comme expression du temps et de l'es- en conservant les propriétés compatibles avec les deux domaí- .- va ainsi de ä localisateur a-spécifique dans ľespace tout comme ups, de sur et de dans non aspectuel. Enfin, il existe des transposi- ; passages de ľespace au temps et du temps ä ľespace. Ainsi ■ dniettre que ľemploi de vers ou celui de pres de dans l/s arriveronl vers midi, il est pres de onze heures. ■ ransposition des emplois spatiaux, plus frequents, plus diversifies ľxique admis et qu'inversement, avant et aprěs sont fonciěrement wiiions temporelles. Celles-ci peuvent exprimer une relation spa-lndition toutefois qu'un mouvement soit impliqué (Berthonneau . ! H); dans (91), Vi a is obliquerez ä gauche juste avant la mairie. l '(vjise est quelques centaines de metres apres la mairie. 1 ion suppose un mouvement, fut-il mental, et done un parcours qui ■ ■ U'IllpS. .J. i f s relations argumentatives • ■ ne ľa montré la presentation au § 1. de ľarticle sur du TLF, il est e distinguer, outre les domaines spatial et temporel, un troisieme qualifié d'abstrait ou de notionnel. La discussion a également mon-s contours et ľautonomie de ce domaine sont moins évidents ; ain-iplois de sur liés ä ľexpression de la cause sont tantôt unis aux .'inporels, tantôt distingviés de ces derniers et le TLF considére que ■ . c des emplois qualifies d'abstraits est ä rattacher par figure ä des ->jus basiques. Le present paragraphe proposera trois arguments niiier un troisieme domaine, plus restreint, celui des relations alives. I j m i er argument en faveur de la reconnaissance d'un troisieme do- •mplois, relatif aux relations argumentatives, peut étre trouvé dans " ■ - ce domaine ne concerne pas uniquement les prepositions, mais, ä 1 lemps, ďautres moyens linguistiques, comme les connecteurs, 73 la preposition en/ran fats dont il structure les relations et permet de mieux saisir le fonctionnemcn aussi deux termes sont en jeu (A et B), ainsi qu'une relation telle que \ ;i rise ou n'autorise pas B. La premiere differentiation est entre les iapf pour lesquels A n'autorise pas B (ou rapports concessifs) et ceux pcmr quels A autorise bei et bíen B. Dans ce dernier groupe, un ensemble de différenciations ultcVk-peut étre introduit. Le parametre central concerne le statut de A et t k: ] ceux-ci sont envisages comme des entités posées dans le monde, la ivki instaurée est un relation factuelle de cause ä effet (// lefait, parce que tu / demandes.) ; si, au contraire, ils sont présentés comme des entités rele-du discours, la relation est justificative ; eile lie un argument ä sa cor sion {Comme tu le vols, je ľaífait.). Les entités peuvent également étre ii duites comme des entités supposées, avec la merne distinction entre, d part, un rapport de condition ä consequence (// lefera si tu le lui demam et, d'aufre part, une relation entre la supposition justifiant ľintroduction ( dans le discours et les implications qu'elle autorise (Si tu veux, íly a du blane au frais.'). Une distinction supplemental concerne le passage de A ä B selon . suppose ou n'impose pas ľintervention ďune intentionnalité ; dans le mier cas, il est question de but ou de finalité. Cette premiére systématisation, qui doit étre complétée pour rei compte de ľensemble des connecteurs, a le caractěre ďun systéme k jouissant, tout comme les representations de l'espace et du temps. d forme ďautonomie par rapport ä ľemploi des prepositions. Le second argument, bien plus important, car il concerne les piép tions, est que ce systéme contribue ä Interpretation de certains empk »is prepositions. Ceci est en particulier le cas de pour dans des exem comme les suivants : (92) Fermépour inventaire. (93) U est appréciépour son dévouement. (94) Je vienspour ľaspirateur; pour la récolte. (95) Je ľacheverai pour ton anniversaire. (96) H fait trop humide pour la récolte. (97) II fem encore de gros sacrifices pour ce poste. (98) Pour étre laplus discrete, cette decoration florals n'estpas la mains sopbistiquée. En termes trěs approximatifs (voir Cadiot 1991 pour une etude fouillée), on peut avancer ľhypothese que dans Apour B, la préposi 74 les prepositions.- problemes de sémantique .■ que B est i'occasion par rapport ä laquelle A doit étre situé. Ce sont l>;irt les indications fournies par le lexique et la grammaire, par ->[[■ les formes verbales, et d'autre part les inferences que ľensemble ■ii: qui permettent de reconnaítre en (92) une cause et en (93) une justi--iiion, de voir que (94) est vague, autorisant diverses interpretations que íil le eontexte plus large peut lever, que la preposition en (95) introduit le rJ1K. cr le motif, en (96) la consequence et en (97) le but, alors que (98) ex-rjinf une concession. La structure du domaine influe done sur 1 interpretaci (.le ia preposition. I.ť dernier argument concerne les contraintes que le domaine impose ä nierp relation du complement de la preposition. Il peut étre illustre ä partir ■Lm excMiple comme (99) oppose ä (100), qui illustre des emplois non argu-icninľifs de pour: (<;9) Je le ferai pour Marie. Ilferait tout pour un appartement en ville. (100) J'ai donne une lettre ä Jean pour Marie. Il a échangé ce terrain pour un appartement en ville. n ((/)), les complements recoivent nécessairement une interpretation pro-osiiionnelle, alors que celle-ci est absente en (100). Dc la discussion des domaines spatial, temporel et locatif, il ressort que noiion de domaine peut étre utile pour rendre compte des interpretations ljs pre) ■>< >sitions, dans la mesure oil le domaine est un dispositif ďinterpréta-:)j] independant de la preposition et qui interfere avee les composantes se-iíinliques que celle-ci a en propre. De ce fait, on ne reconnaítra de domaine Vmploi que si la condition ďautonomie, relative, est satisfaite. Sc pose děs lors la question de savoir comment s'organisent les autres mplois des prepositions. La premiére hypothěse qu'il convient d'examiner sr qu'il existe d'autres domaines encore ; conerětement, cette hypothěse re-ienl :i ir;igmenter le domaine notionnel, que proposent les dictionnaires ou . sysirniatique de Pottier (1962). La discussion de la preposition avec dans ' p:iľ;!giaphe suivant envisagera ce cas. La seconde hypothěse consiste ä v?;tncer qu'il existe d'autres modes ď organisation. Anticipant quelque peu ir les svsultats du paragraphe suivant, il semble que trois modes différents uisserU étre envisages : la preposition est elle-méme ä la base de la structu-nion des emplois, les emplois ä classer sont dans la dépendance, par figure u par figement, d'autres emplois de la méme préposidon ou ils sont dans la qiendance de conditions non sémantiques, mais syntaxiques. Nous envisa-Ľľon.s 1c premier cas au § 3-1.3. et les deux autres au paragraphe 3.2, ainsi u'au paragraphe 3-3. 75 La preposition enfmngais - 3.1.3. La preposition comme principe structurant: le cas ppement d'acceptions nouvelles ä partir d'emplois figures, qui semble ľencontre de ľassociation classique entre emploi figure et figement. is quelques exemples qui ont été donnés ci-dessus montrent qu'un lien existe entre le verbe et la preposition ; d'autres exemples montrent que position peut étre liée ä un verbe support et son complement nominal, ? Vaccent sur, at-Hrer I'attention sur, porter unjugement sur. Dans les cas, la condition semble étre parallele, le groupe prépositionnel doit irune fonction qui garantit un lien étroit avec le verbe, qu'il fonctionne ie complement adverbial indirect ou comme complement accessoire :nt aux relations que le prédicat contracte avec ses actants. Ce lien in-ait également que le développement de l'emploi figure est lié ä un particulier ou ä une combinaison verbe support + complement nomine s'étend pas ä des synonymes ou ä des para-synonymes ; on note ^ue se courberet s'incliner, pourtant proches de se pencher, n'ont pas í la méme evolution. Ľassociation étroíte du prédicat et de la préposi-st un nouvel indice du figement qui caractérise de nombreux emplois s ; il s'ajoute aux cas de figement total déjä mentionnés. Ces derniers :nt étre subdivisés plus finement selon que le figement implique une Líre figurée motivée et isomorphique : 16) Elle a mis le doigt sur la plaie. ée, mais non isomorphique : 17) Les spectateurs se tapent sur les cuisses. lotivée, mais isomorphique : 18) lis se mettent sur leur trente et un. .alement, ni motivée, ni isomorphique : 19) íl est monté sur ses grands chevaux. nloi figure et emploi fige sont fréquemment associés, cette association systématique. Il existe ďune part des emplois figés qui n'impli- de figure, comme Ü a été signále ä propos des contraintes sur le ínt de dans en emploi temporel ou comme il ressort ďexpressions 79 La preposition enfrangais comme sur le moment, sur-le-champ, pour le moment ou des sévěres con-traintes portant sur la determination du complement locatif introduit par <$ qui n'est pas le complement essentiel d'un verbe de mouvement: (120) Je les ai vus a la maison. * Je les ai vus ä une/cette maison. Il existe d'autre part des emplois figures libres, dans lesquels le déplacement qu'implique la figure a permis ľémergence ďune nouvelíe acception de la preposition. Ce phénoměne s'observe avec beaucoup de netteté dans le cas de swrrecevant interpretation 'ä propos de'. Les exemples (121) ä (124) per-mettent de saisir les différentes étapes : (121) Les colonnes du choeur portent sur lespiliers de la crypie. (122) Cette etude / cet article porte sur lespiliers de la crypte / sur la tbčorie quantique et ses rapports avec la gravitation. (123) cet article sur les piliers de la crypte une etude sur la tbéorie quantique et ses rapports avec la gravitation. (124) Sur la tbéorie quantique et ses rapports avec la gravitation. Le mécanisme reliant (121) ä (122) est parallele ä celui qui a été observe pour sepencher; (123) est íié ä (122) par nominalisation et liběre ľemploi de la preposition de son Hen avec le verbe, tant sur le plan syntaxique que surle pian sémantique : swne signifie plus ni le contact, ni le support, mais le propos. Ľautonomie acquise peut méme aller jusqu'au détachement du nom, comme dans le titre ďune publication ou d'un chapitre en (124). 3.2.2. Les prepositions et les modifications des contraintes syntaxiques Les emplois figures discutés ci-dessus sont lies, dans leur stade initial, au lexique, plus exactemcnt au terme recteur, le prédicat verbal dans les exemples donnés, et au terme complement de la preposition ou site. Le dévelop-pement suppose d'ailleurs une configuration syntaxique spécifique garantissant que ľassociation est étroite. Des emplois figures peuvent cepen-dant se développer également en d'autres circonstances, comme dans les exemples (125), (126) et (127) : (125) N'aurais-tu par hasardpas un ou deux euros ä mepreter? (126) Il est, entre nous, difficile ä convaincre. (127) lis étaientpres de/pas loin de dix mille. Ils étaient entre vingt et trente. Dans le premier cas le groupe par hasard est un complement accessoire de phrase, externe au prédicat (Le Goffic 1993 : § 351) qui a un effet énoncia-tif, comme attenuation de la question ; si ľon compare cet exemple ä (128) 80 Les prepositions: problemes de sémantique (128) Je ľai vupar hasard. dans lequel le méme groupe fonctionne comme complement accessoire interne au prédicat et oü il exprime la cause ou plus exactement ľabsence de cause apparente, ľon voit que c'est le changement d'incidence qui determine le changement ďinterprétation. Il en va de méme pour (126) oü entre nous n'apporte pas une localisation, mais caractérise les conditions ďénon-ciation, limitant sa portée ä la sphere prívée. Dans le dernier exemple, trois prepositions qui possědent par ailleurs un emploi locatif seivent ä exprimer 1'approximation dans le cadre de la quantification du nom. Elles conservent dans ce nouvel emploi une large part de leur sens, 1'approximation pour pres de et loin de et ľintroduction d'un intervalle structure pour entre, mais les composantes spatiales sont désactivées. En plus, des phénoměnes de fige-ment peuvent s'observer, dont la negation obligatoire dans pas loin de et, plus nettement encore, la fixation de la formulation en (125) et en (126) : au-cun modificateur ne peut accompagner hasard, alors qu'un certain nombre de possibilités s'observent en (128), et le seul pronom admis aprěs entre est bien nous. Les modifications des conditions ďřnsertion syntaxique condi-tionnent done des changements sur le plan interprétatif et sont ä la base d'extensions d'emplois. 3-2.3- Existe-t-il des emplois figures systémaHques ? Dans les deux paragraphes precedents, nous avons considéré des extensions ďemploi, considérées comme reliées par figure ä un emploi plus ba-sique ; les cas retenus partagent une autre caractéristique, qui est d'etre des cas particuliers. A chaque fois, et malgré les phénoměnes ďautonomisation mis en evidence pour sur signifiant 'ä propos de', des conditions particuliě-res iexicales et syntaxiques interviennent. Dans le present paragraphe, nous envisagerons des cas ďun autre type ; il a en effet été propose de voir dans touš les emplois non locatifs de certaines prepositions comme contre, que nous diseuterons ci-dessous, des emplois figures. Si cette hypothěse s'avérait correcte, il existerait des emplois figures systématiques et libres. Empruntant les données ä Dendale et de Mulder (1998a), nous pouvons dresser le tableau suivant des emplois non spatiaux de contre : (129) Cette organisation lutte contre Vexclusion. (130) Pierre vote /joue contre Julien. (131) une tisane contre le sfress (132) 7/ a proteste contre la construction de la nouvelle route. (133) On peut échanger ces bons contre des couverts. (134) 77 est coté ä dix contre un. 81 la preposition enfrangais Dans tous les cas, l'emploi de contre implique qu'il existe une opp tion, un contraste, une tension entre la cible et le site, qui en contexte d] mique s'interprete comme un jeu de force et de contre-force. La question se pose est de savoir si tous ces emplois peuvent étre considered comme extensions ä partir de l'emploi spatial de contre. Or, contre en emploi sp; présente un spectre d'emplois assez éclaté dont le noyau peut toutefois trouvé dans des exemples tels que (135) Ľécbelle est contre le mur. 11 pose ľécheíle contre le mur. Sa maison est contre la mairie. Dendale (2001) propose de caractériser l'emploi par deux traits : 'maximalization de la proximité de la cible par rapport au site' et 'configuration tin site comme un element de blocage'. II est evident que ces traits et 3e liaii. d'opposition ou de tension qui a été utilise pour caractériser (131) ä {IM) peuvent étre mis en relation. II semble toutefois qu'il y ait autant d'aijju-ments internes, sinon méme plus, pom- estimer que ce sont les emplois spa-tiaux qui dependent des emplois non spatiaux et non inversement. Le blocage peut en effet étre considéré comme la traduction en termes spatiaux de la notion plus generale d'opposition et la maximalisation du contact comme un trait derive qui doit précisément contribuer ä refbrmulcr en pro-priétés. spatiales la notion d'opposition, en particuHer dans les contextes sia-tiques. On y ajoutera les arguments historiques et extra-linguistiqucs que Dendale et de Mulder avancent dans leur etude. Loin de justifier une derivation massive des emplois non spatiaux ä partir des emplois spatiaux, les don-nées ä propos de contre semblent appeler un type de configuration analogue ä celie qui a été proposée ci-dessus (§ 3.1.3.) pour avec -. les com-posantes propres de la preposition assurent la coherence des emplois qui se concrétisent en fonction de ľenvironnement et, la ou Íl y a lieu, du domaine ďemploi doté ďune representation propre. Si le cas de contre n'apporte done pas de confirmation ä ľhypothése Selon laquelle les emplois non spatiaux, qui ne relěvent pas d'un domaine ďemploi caractérisé, sont derives des emplois spatiaux, eile n'exclut pas qu'il existe de tels cas. Or, une telle derivation semble bien étre en cause dans le cas de certains emplois de sur tels que (136) et (137) : (136) La porte tourne sur ses gonds. (137) Les Dupont vivent sur un rythmefou. li a parlé sur un ton cassant. La connexion avec les emplois spatiaux de sur n'est toutefois pas directe. Elle passe par un cas particulier, métonymique, déjä évoqué (§ 2.2.3-) et illustre par (138) : (138) Jlesttombé surlatéte. 82 Les prepositions: problěmes de sémantique Le complement de la preposition renvoie ä une partie de la cible et la ;ente comme la zone de contact avec le sol et done avec le site. De ce fait, erprétation de la configuration globale change, méme si le trait de tact, tout comme ďautres propriétés spatiales, est conserve. Swrintroduŕt efois non le site, mais la zone de contact. Un tel emploi se caractérisé [ement par son ambivalence relativement au jeu des questions ; (138) ré- d tant ä la question sur quoi ? qu'ä la question comment ?. On peut re- naítre un cas analogue en (136), qui, vu la configuration typique des _ ;es et les conditions dans lesquelles un tel énoncé fait sens, est plus éloi- gné de la configuration spatiale et se cantonne plutôt dans le secteur délimi- té par la question comment ?, c'est-ä-dire dans ľexpression de la maniere. Un tel usage est devenu autonome, ce dont témoignent les exemples sous (137) dans íesquels le lexique renvoie bien ä un aspect de la cible, mais non ä un aspect localisable. Nous retrouvons done le cas de figure illustre par sur 'ä propos de' dans le paragraphe precedent. 3.3. Les prepositions incolores ou vides Toutes les prepositions sont-elles porteuses de sens ? ou une preposition est-elle toujours significative ? La question préoccupe les linguistes qui s'oc-cupent du francais au moins depuis les années vingt du siede dernier, de-puis que Vendryes a lancé en 1925 le terme de mot 'vide' et que ce terme a été applique ä certaines prepositions, notamment de, ou ä certains usages des prepositions, comme semble le faire le TLF pour certains emplois de sur (§ 1.4.). Avant de discuter cette hypothěse, qui a déjä été introduite dans le chapitre syntaxique (voir chapitre I. § 3.1.3.), Ü convient de faire deux observations préalables. La premiére concerne le caractěre absolu ou relatif de la distinction entre prepositions vides ou incolores et prepositions pleincs ou coloriées, L'opi-nion commune est que cette opposition est graduelle ; de serait ainsi plus in-colore que ä, qui précéderait sur ľécheíle en, suivie ä son tour de prepositions semi-vides telies que dans, pour ou sur, alors que des prepositions comme chez, malgré ou sehn occuperaient ľ autre extremitě de ľécheíle. L'on observe une correlation étroite entre la frequence, la distribution, le nombre de contextes et partant d'acceptions et la position sur ľécheíle. II en irait d'ailleurs de méme pour les emplois de certaines prepositions : de article partitif ou complémenteur d'infinitif occuperait la position la plus proche du pole de vacuité, si du moins ces emplois ne sont pas detaches des emplois de la preposition (voir chapitre III. § 3), suivls de l'emploi de cette méme preposition dans le groupe nominal, alors que de spatial ou 83 La preposition enfmngais causal, introduisant un complement circonstanciel serait ä situer pres i[X] pole oppose. La seconde observation concerne interpretation du terme vide el par_ tant la definition des conditions de reconnaissance. L'on peut retenir <|iuitrc types de definition. Une preposition est vide si son apparition esi condi-tionnée par la syntaxe et uniquement par celle-ci; eile est vide si son imt.r_ prétation peut étre entiěrement déduite des données contextuelles : elk- esi enfin vide si son sens est trěs abstraft et general ou si eile dispose d'une udit multitude d'acceptions que celles-ci ne se laissent plus unifier, ni snisir p;ll-une representation d'ensemble. Nous ne soumettrons que les deux premieres definitions de la notion ä un examen direct, bien que les deux amres fas-sent ľobjet de remarques au cours de ľinvestigation; elles seront loulefuis explicitement discutées dans le paragraphe 4. Notre examen portem sur deux types de données : le fonetionnement des prepositions introdui.sani utj complement essentiel du verbe et la distribution et 1 'interpretation de la preposition de dans le groupe nominal. 3-3-1- Les prepositions introduisant un complement essentiel sont-elles signißcatives ? La réponse ä la question du sens des prepositions introduisant un complement essentiel du verbe peut étre cherchée dans ľanalyse de verbes pani-culiers ou de classes de verbes et de constructions. Pour le premier type de cas, les considerations avancées lors cle la discussion des empíois figures de sepencher, compter et porter apporle un premier element de réponse. II est en effet apparu que des elements eeniraux du sens de la preposition sont actives dans ces constructions. II en v;i dc méme pour les emplois suivants de tirer, empruntés ä Paillard (2002): (139) Ha tiré de Vargent sur son compte. It a tiré un trait sur son posse. (140) Ce rouge tire sur le violet. ou les notions de support et de zone de contact se vérifient. Cede meine étude considěre également des exemples d'un type different, canicléľi.sá; par le fait que la construction prépositionnelle y entre, pour certains noitis. en concurrence avec la construction nominale directe : (141) // a tiré sur le lapin. U a tiré sur lefrein. Outre la permanence de certaines composantes du sens de la preposition, ces exemples montrent que ľopposition avec la construction direclc est significative, ce qui constitue un second argument en faveur d'une réponse positive ä la question initiale. Un troisiěme argument peut étre tiré de 84 Les prepositions ■. problemes de sémantíque ľohseivation qu'un changement de preposition est corrélé ä ľapparition J'iine autre acceptíon du verbe ; il suffit ďévoquer ä ce propos des paires [dies que compter avec / compter sur; croire ä / croire en ou encore jouerä/ avec / de / sur; í [-i2) Dominiquepue ä lapoupée. Ellejoue avec une amie. Ellejoue du piano. Celte publicite joue sur la crédulité du consommateur. Pans tous ces cas, la preposition introduisant le complement essentiel iVt'St done pas vide et le sens qu'elie manifeste n'est pas fonciérement different de celui qui s'observe dans des emplois moins contraints sur le pian .syninxique, tels les emplois introduisant des circonstants locatifs. La confron-laiion avec ces derniers peut créer ľimpression que les prepositions intro-(lucl rices d'un complement essentiel ont un sens moins 'precis', moins 'riche' ou n m ins 'conereť et sont done (plus) incolores. Cette impression est due, .sĽinble-í-il, ä une illusion ďoptique : en emploi spatial, ľinterprétation nait de ľínteraction entre les propriétés spécifiques de la preposition, celieš du (kmiaine et les données fournies par le contexte, tandis que dans le cas des complements essentiels, seules la preposition et les indications fournies par !e aJtitexte entrent en jeu. J."impression que la preposition pálit peut également naítre de la convergence de sens entre celle-ci et le verbe, qui s'observe assez fréquemment duns !e cas des complements essentiels. Partant de ľhypothese generale que l\ présente son complement comnie le point de reference externe par rap-porl auquel la cible est située, on peut voir que ľapport de la preposition et celui du verbe sont paralleles au point que la preposition peut sembler redundante, ce qui ne veut pas dire qu'elie est dépourvue de sens, dans des cis cnirime amener ä, conduireä, convierä,forcerä, inciterä, inviter ä, pré-äcsliiicr ä, prédisposer ä. Pour le second type de cas, celui qui concerne des classes de verbes et des constructions, considérées dans leur totalite, nous évoquerons le cas du dulif. e'est-a-dire le cas des verbes qui admettent d'une part les clitiques lui/ lour vi d'autre part un groupe prépositionnel introduit par ä (voir aussi cha-pilre I. § 3-1-3.)- La premiere construction est la plus courante et le recours au clitkjue lui ou leur confere au participant qu'il introduit une position plus clever dans la structuration de la scene qu'au participant non agent, qu'il soit complement ou sujet: (I ■•! 3) II lui donne le livre. II lui coupe les cheveux. (1-14) // lui est arrive une étrange aventure. 85 1 La preposition enfmncais La question qui se pose děs lors est de rendre compte du choix cle ä comme preposition. L'analyse peut se faire en deux étapes : la premiere consiste ä montrer que le recours ä un groupe prépositionnel reflěte de maniere iconique le caractěre plus extérieur du participant qu'elle introduit el la seconde porte sur la selection de ä. La premiére etape se vérifie ä partir de données diverses comme les ;i|-ternances entre constructions directes et indirectes et les constructions ä permutation : (145) H atteint (ä) ľétagére. (140 On lui a commando une montre. On ľa commands. (147) // lui envie son aisance. U ľ envie pour son aisance. (148) U luiprend le bras. Il leprendpar le bras. Dans touš les cas le constituant realise par un complement direct est plus étroitement impiiqué dans le proces verbal que le constituant prépositionnel. Ceci donne lieu ä des effets distincts selon les cas. Dans (145), ľeffer csi d'ordre aspectuel : la limite est atteinte (construction directe) ou approcliée (construction prépositionnelle). Pour commander dans (146), la construction directe implique la soumission et la construction indirecte la transmission d'un ordre ponctuel, c'est-a-dire que le referent de l'objet direct cm totalement implique et celui du datif est concerné. Un phénoměne analogue s'observe pour (147) : envier quelqu'un implique un sentiment personnel bien plus fort que envier quelque chose ä qtwlqu 'un. Quant ä ľaíternance il-lustrée par (148), eile met en jeu ľoppositíon entre une focalisation sur la partie dans la construction dative et sur le tout dans la construction nvei: par; dans les deux cas, le constituant de construction directe est bien plus implique que le constituant indirect. Le codage du participant occupant unc position externe par un groupe prépositionnel se vérifie done de maniere systématique. La prise en consideration de ľopposition entre les verbes de translert materiel datifs, comme donner et offrir, et les verbes de transfert materiel transitifs, tels approvisionner, doter ou pourvoir permet de tirer la meine conclusion. Le sémantisme de ces derniers est plus riche et precis: ii contient en particulier une specification de ľobjet implique dans le transfert, des provisions ou une dot. Un éventuel complement ne pourra done que fournir des precisions, des explicitations ä propos d'un element prč-concu ; un tel complement sera done plus périphérique et le choix de la préposilinn de est conforme aux instructions générales que celle-ci véhicule (Gidint 1997). La position stmcturale de complement direct est děs lors disponible 86 Les prepositions.- problěmes de sémantique pour le troisiěme participant. Que celui-ci soit étroitement lié au verbe se uinrqiie d'ailleurs au fait qu'il intervient dans la selection du complement en de: (I Í9) // a équipé la voiture d'un dispositif de sécurité. Il a équipé la ville d'un systémeperformant de transports en commun. La ville a équipé ses policiers de tenuespare-balles. i.a deuxiěme étape de l'analyse consiste ä rendre compte du choix de ä comme introducteur du complement prépositionnel. La question peut ětre íipf ■>!■( h hée par deux voies, soit en considérant les instructions générales que véhicuie cette preposition, soit en exploitant la filiation des effets de sens eonci'ets. Si 1'on adopte la premiere voie, l'on peut s'appuyer sur la caractérisation que Gidiot (1997) fournit de ľopposition entre les deux prepositions centrales du francais, ä et de, les seules prepositions d'ailleurs qui interviennent in:is.sivement dans la complementation indirecte : celle-ci s'articule autour du double contraste entre 'intérieuť et 'continu', caractérisant de et 'extérieur' et 'discontimť caractérisant ä. Cette hypothěse convient non seule-nienl au cas des verbes qui introduisent par de le complement qui explicite le sémantisme verbal, mais aussi au datif. Le choix de ä n'est done pas formu. ; il ne procěde pas seulement d'une fiiiation historique entre le cas datif er une certaine preposition. Le fait que ľemploi de cette preposition dans la consiruction dative soit en conformité avec sa valeur instructionnelle fonda-mcni:ile explique par ailleurs ľapparition du groupe prépositionnel non pro-nntninaíisable dans touš les cas oü un clitique est exclu pour des raisons íbrmelles : (l'iO) Il s'adresse au public / ä lui. 11 se compare ä sa mere / ä eile. Aiusi s'établit, sous la pression de contraintes syntaxiques indépendan-irs. un premier lien entre les constructions datives et les autres constructions prépositionnelles en ä. Ce lien est toutefois bien plus développé, puisque la merne valeur fondamentale rend compte de ľapparition de ä en combínai-son avec les verbes locatifs (envoyer) et neutřes (penseŕ) dans ía terminologie de Herslund (1988) et qu'il s'établit ainsi une filiation des effets de sens ä im-vrs un spectre large d'emplois : (IS 0 H a abandonné sa valise au vestiaire. Il a abandonné cet enfant ä ('assistance / aux soins de sa famílie. Il lui a abandonné la direction de I'ajfaire. I )ans les trois cas, la preposition manifeste la méme valeur generale ďin-Irtxliicieur d'un point de reference externe, qui ne constitue pas une specification du proces, mais définit une borne ä considérer lors de ľ interpretation du proces. L'effet de sens precis, observe en discours est ensuite question de 87 La preposition enfrangais contexte, fonction du sémantisme du verbe et des groupes nominaux mis en relation. De cette facon les complements datifs prépositionnels, et par extension clitiques, peuvent étre associés aux interpretations dynamiques - but, destinataire - si le verbe s'y přete et aux interpretations statiques -position, partie-tout, possession - dans les autres cas. La conclusion qui ressort de cette double analyse des prepositions intro-ductrices d'un complement essentiel est claire : la preposition n'y est pas vide de sens. 3-3-2. La distribution de la preposition de dans le groupe nominal La distribution des prepositions dans le groupe nominal est le second domaine dans lequel la problématique des prepositions vides joue un role essentiel et ceci sous deux formes : en premier lieu, il s'agit de rendre compte des alternances entre prepositions comme en (152) et en (153) et, en second lieu, de la flexibilite de la preposition de introduisant un complement du nom qui ressort déjä de (152) et de (153), mais qui existe également inde-pendamment des alternances comme en (154) et (155). (152) une iisine ä Talence l'usine de Talence (153) lafondation de Julien lafondation de cette nouveüe cite la fondation de cette nouvelle cite par Julien (154) laphoto de Marie (155) le mal de mer, le liure de chevet, le verre de vin Le premier probléme a été étudié en detail par Spang-Hanssen (1963) son analyse mene ä la reconnaissance ďune hierarchie entre prepositions c ä la detection de facteurs qui déterminent le choix de la preposition en fonc tion de sa position dans la hierarchie. L'auteur procěde ďabord ä une ani lyse du sens des différentes prepositions qui ont un poids sémantiqu inegal: certaines dont de et, dans une moindre mesure ä, sont caractérisée par moins de traits et sont děs lors plus légěres que ďautres, ce qui ne vei pas dire qu'elles sont vides de sens. Il passe ensuite ä un examen des cor traintes qui regissent la distribution des prepositions et dégage divers fac teurs dont le principe de cohesion - les prepositions incolores s'emploier de preference lorsque le nom téte et l'adjoint sont fortement lies, les préposi tions pleines en cas d'autonomie plus grande du groupe prépositionnel -, 1 relation avec la determination nominale, qui est ďailleurs liée ä la cohesion si le complement participe ä la determination de la reference, ce qui s'ofc serve surtout avec Particle défini, les prepositions incolores, en particulie de, sont de mise (cf.l52) - et le principe de dissimilation : si un nom et Les prepositions: problemes cle sémantique accompagné de plusieurs complements de merne rang syntaxique, seul un complement est introduit par une preposition incolore et les autres le sont par des prepositions pleines, alors que la méme relation de sens peut étre expi'imée par de au cas oü un seul complement accompagne le nom (cf. Les observations fort minutieuses de Spang-Hanssen montrent que le poids sémantique des prepositions interfere avec leur distribution et que l'expression de certains rapports, par exemple celui d'agent en (153), ne re-quierent pas, en tout contexte, ľemploi d'une preposition explicite. Elles ne conduisent cependant pas ä admettre que les prepositions, méme les plus incolores, sont vides de sens. Elles měnent bien ä ľhypothése que certaines prepositions sont dotées de propriétés de sens qui leur permettent de fonc-tionner dans des contextes trěs divers et d'exprimer des rapports parfois con-traires, comme la source et la destination (J'admiration de Proust) ou l'agent etle patient (cf. 154). Ľhypothése ďun continuum avec aux pôles ďune part les prepositions ä sémantisme ténu et d'autre part celieš qui disposent d'un sémantisme trěs precis est done bien confirmee. La conclusion que certaines prepositions ont un sémantisme trěs élé-mentaire mene toutefois ä soulever la question de savoir comment définir de maniere adequate une telle preposition et en particulier de, Cette problématique se pose avec acuité ä la lumiěre de données comme (154) et (155). Plusieurs auteurs, dont Bartning (1993) ont avancé ä ce propos ľidée que de introduisant un complement du nom signále ľexistence d'une relation, mais ne la spécifie pas, laissant aux informations contextuelles le soin ďen préci-ser la nature : La fonction essentielle de la preposition de est de véhiculer une relation qu'elle ne code pas, mais qu'elle tire des SN ou du contexte linguistique ou extralinguistique. (Bartning 1993 : 187). En ce sens, de serait une preposition caméléon. Sa distribution, dans le ťřidre du groupe nominal, serait réglée par le princípe suivant: utiliser le H-#i(eur syntaxique de chaque fois que le recours ä une preposition significative n'est pas nécessaire, c'est-ä-dire chaque fois que la relation peut étre inleiprétée ä partir du contexte. La preposition de serait alors la preposition pat défaut. On peut cependant douter du bien fonde de cette approche ä purl ir de trois considerations : - í,e contexte syntaxique joue un rôíe determinant; quand de n'introduit pas un complement du nom, eile est bel et bien significative, qu'elle signále le point de depart - concretise en expression de l'origine (penirde, dater de) ou de la cause (trembler depeur) - ou qu'elle instaure un rapport de partition ( discuter de, trailer de). Or, il manque pour le moment une explication Kiíisfaisante de cette restriction. 89 la preposition enfrancais - Méme en contexte adnominal de entre en concurrence avec d'autres propositions, ce qui laisse entendre qu'elle apporte du sens, méme s'il est minimal ; on songera ä des paires comme une tasse de café et une lasse ä café. - Dans le méme contexte, de entre en concurrence avec l'absence de preposition, sans que les deux apparaissent comme des variantes : un verre rouge/ un verre de rouge ou (156) oppose ä (157) : (156) 7/ n'aimepas le style Mauroy que cejeune maire qffectionne. (157) H n'aime pas le style de Mauroy. Est-ce ä dire qu'il faut attribuer ä de un sens plein et constant dans Ums ces emplois ? Certes, non ; la distance entre íes emplois oü de véhicule cn lui-měme un sens et ses emplois en contexte adnominal est grande. Mais cette constatation souleve plutôt la question de la nature des rapports enire emplois et acceptions divers ďune méme preposition qu'elle ne mene a accepter la these de la vacuité de la preposition. Nous reprendrons cc probléme dans le paragraphe suivant, nous bornant pour le moment ä consiarcr qu'il n'y a guére ďévidence en faveur de l'existence de prepositions vieles, au sens fort du terme, en francais. Aux yeux de nombreux linguistes ce sernii d'ailleurs impossible, car contradictoire avec la nature méme du signe linguistique. 4. Limite sémantique de la preposition Dans les paragraphes precedents, nous avons tenté de montrer quels sont les problěmes que rencontre la description des sens que manifesie 11 nr preposition dans les contextes divers ou eile peut figurer et quels soul le* elements de réponse qui ont été apportés. II reste une question cruckilc. celle de savoir si les divers sens forment un ensemble et comment un icl ensemble doit étre appréhendé. Nous discuterons les deux approches qui ont été proposées : d'une part, ľapproche que Cadiot (1997) caractérise ä ľaidc du terme ď'approche horizontale' et qui consiste ä voir ľunité d'une preposition sur le pian sémantique dans la ressemblance de famílie qui rassembk: les divers emplois, sans toutefois établir de superstructure unifianle. ct, d'autre part, ľapproche que ce méme auteur appelle 'verticale': celle-d f impose que les sens qui se manifestem dans les divers emplois sont des iriskin-ciations, contextuellement déterminées, d'une valeur generale, consume mais abstraite. Le premier paragraphe sera consaeré ä ľapproche horizontale, HOV ;i la théorie des prototypes en sémantique ; son examen sera prolongé dans lu paragraphe consaeré ä la grammaticalisation, comme approche dynamiqut-de la polysémie horizontale et ä son interpretation dans le cadre de la théorie 90 les prepositions.- problěmes cle sémantique ]ní'íi liste. Le troisiěme paragraphe prendra ľapproche verticale en consideration. En conclusion, H sera revenu sur la question des rapports entre langue ťl cognition et entre spécificité et universalitě du sens véhículé par les prepositions. 4.1. La polysémie horizontale l,a representation du sens des prepositions comme un vaste ensemble (l't'Miplois lies par une ressemblance de famille consiste en premier lieu en un iableau qui rassemble et organise les divers emplois recensés. Comme ľexempíe de sur a déjä été invoqué fréquemment dans les paragraphes precedents, nous reprendrons ce cas id, afin de montrer comment un tel ta-bJe;iu peut étre constitué et ce qui en fait la coherence. Les données ä integrer seront representees íci par des emplois concrets qui sont cependant déjä pourvus ďune analyse locale, c'est-ä-dire ďune analyse du sens qu'ils prŕscntent dans le contexte donné. Afin de ne pas aíourdir la description, il som fait abstraction de nombreux cas déjä évoqués ; ainsi les emplois locaux ne M'ľont-ils représentés que par trois exemples : (i 58) le livre sur la table (I 59) la ville sur la riviere f 160) le poste sur le cäble I.Vxemple (158) représente ici le cas le plus typique - contact de la cible ;ivir la face extéríeure et accessible du site qui la supporte, soit [-(-contact, -1 support]; il ne sera pas tenú compte de ľimpact du verbe qui peut mener ä une interpretation dynamique, ni des diverses modalřtés du contact (reel, polen tiel, horizontal, vertical,...) et du support (pression de la cibie sur la zone de contact, fondement offert par celle-ci ä la cible). Les exemples (159) d (160) représentent les cas que ľon peut analyser respectivement par la coml nnaison [+contact, - support] et [- contact, + support]. Pour le domaine temporel, deux exemples sont également retenus. Le premier illustre la configuration oü le site est en contact avec la cible dans le déwloppement du temps, alors que dans le second le site fournit un intervalu- qui sert de support ä ľinscription de la cible (les trois rendez-vouš) : {\ 6l) Elle est arrivée sur le coup de six beures. C162) Ce champion fait de la glisse 4 ä 5 beures par semaines sur toute ľannée. íl apu placer trois rendez-vous stir une teure. ľour ie domaine argumentatif, il suffit de retenir un type : (163) Sur l'avis du juge d'instruction, ľenquete a été close. 91 La preposition enfrangais La preposition y introduit la circonstance qui sert de fondement ä l'evriv-ment rapporté par la cible ; contact et support, que ľon peut analytiquemeru distinguer dans certains des cas precedents s'y présentent ä nouveau ni étroite union. On notera qu'il existe des cas pour lesquels tant une interpretation temporelle qu'une interpretation causale est possible : (164) Sur ces mots, U a quitté la reunion. On observera que les notions de contact et de support, dont il a élé í-iii usage, sontälafois constantes et variables dans les trois domaines d'apj >lic;i-tion : variables dans la mesure oü leur interpretation est function des pin-priétés du domaine et constantes dans la mesure oü la relation exprimŕe est analogue. A ces emplois, on peut rattacher divers emplois plus spécifiques. Dans |c; domaine spatial, on retiendra les emplois dans lesquels la mesure du coniaci est donnée (165) ou la zone de contact (166), qui est ä la base de (167) dans lequel se manifeste un sens autonome de maniere : (165) La route fange la falaise sur dix kilometres. (166) II dort sur le côté droit. (1Ó7) 11 nous a parle sur un ton insolent. Dans ce méme domaine, mais cette fois ä partír de la composante port, on note les emplois figures en combinaison avec certains vt comme en (I68), et, s'y rattachant l'emploi autonome comrne introdi du propos (I69) : (1Ó8) La conversation a porté sur tout et Hen. (169) ll nous a parle sur tout el rien. L'application temporelle du support comme intervalle dans lequel nent s'inscrire des entités est liée ä (170) et (171) ; l'application argun tive donne lieu ä des emplois comme (172) oü réapparaít un éléme 'maniere' : (170) // vient un jour sur deux. II a une chance sur dix ďy arriver. (171) La piece mesure trois metres sur quatre. (172) // a agi sur ordre. Le schéma suivant permet de visualiser les rapports entre ces divei plois ; les numéros dans le tableau renvoient aux cxemples, tandis qi cadres regroupent les emplois en fonetion des deux propriétés fondarr les, le support et le contact, et des trois domaines pré-construits. Les í usages sont situés dans le prolongement de la partie centrale du schér fonetion des commentaires ci-dessus. 92 Les prepositions: problěmes de sémantique 172 Argumentation Contact Support ! s résultat est une structure ďemplois relies de proche en proche dans . ■ ■ lie les deux propriétés de contact et de support définissent un axe prin-■ . dont se détachent les emplois particuliers. Une analyse plus détaillée, icnsible aux conditions contextuelies, pourra mener ä un schéma plus iv, mais qui présenterait fonciěrement la méme structure et qui codecs informations de méme type. On peut considérer que l'analyse et sa ■ filiation en réseau décrit ie sens de la preposition. Une telle approche : ■ -nk' un grand pouvoir íntégrateur et une grande souplesse, ce qui la ■ pri iticulierement apte ä rendre compte de phénoměnes complexes .ie les multiples usages ďune méme preposition. '.J. La gratnmaticalisation et la théorie localiste i i representation du sens d'une preposition ä spectre ďemplois large !" iv sur sous la forme d'un réseau ďemplois conneetés laisse un certain " >re de questions en suspens. Non seuiement peut-on discuter de 93 La preposition enfrangais ľadéquation méme d'une telle representation, mais méme si on I'accepte, il convient de reconnaítre qu'elle présente des faiblesses. Les extensions senv blent en effet pouvoir se faire de maniere illimitée, vu la grande puissance et la faible spécificité du principe régulateur de la ressemblance de famille t{ des mécanismes d'extension ; or, les données empiriques, en particulier les contrastes entre prepositions dans des emplois proches, comme couperau couteau/ avec un couteau bien tmnchant, montrent qu'il existe un frein ä ľexpansion des usages, dont il convient de determiner le fonctionnement. En plus, au moins deux types de question surgissent: comment un tel réseau se constitue-t-il et posséde-t-il un centre de gravité ? La réponse qui est fré-quemment donnée ä cette double question est que les liens dans le réseau sont la trace d'un développement par grammaticalisation ä partii- d'un centre unique, celui des emplois iocatifs. U y a toutefois lieu de distinguer deux aspects : la grammaticalisation comme proces qui construit le réseau et la these localiste, selon laquelle les emplois concrets de type spatial sont d'une part le point de depart du développement et d'autre part le centre du réseau. Sous sa forme extréme, la these localiste ne peut étre retenue, puisqu'il existe de toute evidence des prepositions qui n'ont pas et n'ont jamais eu ďemploi locatif (pendant, sans) et que d'autres prepositions, qui disposent d'emplois Iocatifs limités, ont manifestement un noyau non locatif (auant, aprěs, depuis). Nous l'envisagerons done uniquement sous sa forme faible, c'est-ä-dire appliquée ä des prepositions qui possědent des emplois Iocatifs bien développés comme stir ou ä. Dans cette interpretation, la these localiste pose que les emplois Iocatifs constituent le centre de gravité de la preposition et le point de depart pour rendre compte des autres emplois. La notion de centre de gravité peut cependant étre définie de plusjeurs maniěres : ľemploi le plus coneret, le plus riche en traits, le mieux conneeté aux autres emplois, le moins contraint, le plus frequent, le plus ancien. Or, certaines de ces definitions ne se laissent pas determiner de maniere indé-pendante. Les deux premieres sont ainsi largement dépendantes de la facon. concrete dont le sens est établi et en particulier de la maniere dont la description tient compte des propriétés du domaine d'emploi; si celles-ci sonl considérées comme indépendantes des propriétés de la preposition, il semble ainsi difficile de determiner si ľemploi spatial de surest plus riche en traits que les emplois temporel et causal. Des problemes analogues se po-sent si ľon veut determiner le sens le plus coneret, car comment définir cetic propriété ? A ce point du développement, la linguistique cognitive, qui adhere ä la these localiste, fait intervenir des considerations extra-linguistiqucs sur la primauté de la representation de ľespace et du visuel, ou psycho-lLn-guistiques sur ľapprentissage. Mais il n'est pas evident que de telies considerations soient déterminantes en description sémantique. Les autrf.s 94 Les prepositions: problemes de sémanlique approches de la notion de centre de gravité semblent plus aisées ä contrôler dans le cadre méme d'une description linguistique. La description sommaire de sur qui a été proposée au paragraphe 4.1. perniet ainsi de voir que les emplois spatiaux sont effectivement au depart de plus de développements et qu'ils sont moins contraints (par exemple quant ä la selection des complements) que d'autres, comme les emplois temporeis ; dans ce dernier emploi, sur ne peut en effet qu'étre suivi d'un ensemble limite de noms. Les deux derniěres propriétés peuvent en principe se préter ä une verification empirique ; elles soulěvent cependant des problemes délicats, parce que les décomptes que suppose le calcul des frequences presuppose des decisions quant aux distinctions qui risquent d'influencer le résultat, parce que tant les etudes de frequences en synchronic que ľanalyse diachronique sont dépendantes des corpus exploités et parce que des prepositions complexes comme sur ont děs les premiers textes des emplois varies. En plus, le recours ä ľargument historique implique tme forme de fixité de la langue ; Involution conserverait le noyau initial. Or, rien ne garantit a priori que ceci est invariablement le cas. La detection du centre de gravité d'une preposition soulěve une autre question encore, celie de savoir si les différentes approches de la notion convergent; outre le probléme de la concordance des données historiques et actuelles, il se pose en effet la question de savoir si richesse sémantique, absence de contraintes et frequence d'emploi sont nécessairement liées. En plus, les connections dans le réseau peuvent étre etabÜes de diverses maniěres. Un bref examen du cas de la preposition ä montre que les divers eritěres ne concordent pas. Le point de depart est un tableau trěs sommaire des emplois de ä dans la zone verbale en francais moderne. D'un point de vue diachronique, ces emplois de ä constituent un ensemble beaucoup plus large que ceux des prepositions latines AD, AB et ÄPUD dont elie est issue, čtant donne que ces derniěres étaient fondamenta-k-unent des prepositions de lieu. Ce résultat peut étre vu comme le résultat d'un processus de grammaticalisation construit par abstraction croissante ä ľ>;irtir du sens étymologique locatif, que nous décrivons plus en detail dans un travail en cours, effectué en commun avec M. Goyens et B. Lamiroy, dont nous reprenons ici quelques elements. Par grammaticalisation on designe un ensemble de processus évolutifs qui se produisent sur les plans phonétique et morpho-phonologíque, syn-laxique, sémantique et pragmatique, qui réduisent ľautonomie d'un terme wi le faisant passer d'une entire lexicale de plein droit ä un outil Jjinimmatical. 95 La preposition enfrangais (173) tableau des emplois de ä I. Complements locatifs correspondant ä ou ? IL Complements temporeis correspondant ä quand ? Je ľai rencontre ä Päques. On sert ä heureßxe. III. Complements correspondant ä comment ? IV. Complements non locatifs commutant avec y V. Complements non locatifs commutant avec lui VI. Emploi possessif directionnel: II va ä Lille. positionnel: íl travaille ä la maison. maniere : On a ferine la porte ä clef. cause : J'ai vu ä sa demarche qu'il étail malade. instrument: On les ramasse ä la pelle. caractéristique : As-tu vu ľhomme auparapluie ? Cela nous amene ä un point crucial. II arrive au merne résultat. II est arrive une aventure étrange ä ma fille. Lui a-t-on coupé les cheveux ä Jeanne ? On a vole une montre ä ce marchand. Ce livre est ä Paul, le livre ä Paul Sur les deux premiers plans, on notera ainsi que la preposition est plus breve que ces antecedents latins, qu'elle condense en une seule forme qui s'amalgame ä Particle défini et qui est enclitique, ce qui lui enlěve uric p;m de son autonomie. En ce qui concerne la syntaxe, il est ä retenir que la preposition ä, qui a pris entre autres les relais du cas datif en latin, perd, dans certains conk-xlcs sa capacité de catégoriser son complement, puisque la commutation avec It-pronom lui, leurmontie que le groupe prépositionnel dans Pioreparle mix voisins entre dans un paradigme nominal. Sur le plan sémantique, le tableau en (173) montre bien que ľévoliuiuii du latin au francais passe par une extension spectacuiaire des don mini's d'emplois et, coirélativement, par une désémantisaíion importante ; ainsi, les prepositions AD et AB étaient fondamentalement des prepositions direcí ion-neues, indiquant d'ailleurs des orientations opposées, alors que ä est un lo-calisateur, qui peut uniquement développer un effet de sens directionnel sous l'effet du verbe ou clu nom recteur (voir § 2.4.). Cette dilution sémantique s'accompagne d'une extension de la distribution qui mene entre auhrs ä des emplois soumis ä des conditions pragmatiques : ä I'entendre, a rmm avis. La preposition ne parle plus du monde, mais du dire. 96 Les prepositions .* problěmes de sémantique Cette brěve evocation des phénoměnes de grammaticalisation affectant il pennet de voir comment un schéma statique analogue ä celui qui a été Ľ()'n.slruit au paragraphs 4.1. pour sur, peut étre le produit d'une evolution coiTiplexe ä travers les siěcles. Elle montre en plus que ľemploi locatif, l'em-pjni! du tableau (173), peut étre considéré d'un point de vue diachronique, coin me ľorigine, directe ou indirecte, des autres emplois et constitue done, ,jt: -\ approche du sens des prepositions. Dans leur optique, il convieni de di. guer les acceptions multiples manifestées dans les emplois concrei.s de | gnification hors contexte qui est constante. Plutôt que de privilégia emploi particulier, ils proposent de les traiter tous comme des pmduiL: i'interaction entre une signification abstraite, indépendante de (mil ľih particulier, et de nombreuses données présentes au moment de iVm effectif. Cette signification abstraite est ä la fois un schéma configuraUontH une instruction de mise en relation qui donnent forme aux rappoHs end site et la cible. Ainsi, le recours sur introduit, dans le prolongement de I'analy* fectuée au paragraphe 4.1., une configuration faisant intervenir les nui de contact et de support et comporte une instruction selon laqnellc lesen de point d'appui ä la cible. La composante schématique, conľigurat nelle, interagit avec les propriétés des domaines d'emploi pour pmduJK divers sens de type spatial, temporel ou argumentaüf. La description tics | priétés de chaeun des domaines ďemploi autonomes, proposée dans If.-, ragraphes 2. et 3-1. pent fournir des indications sur ces transiiions, comme la description precise des contraintes distributionnelles Mir le c piément site, le verbe et la cible et des mécanismes inférentiels qu'ils aul sent. La composante instructionnelle n'en est pas dissociable ; eile se l;i également reconnaitre dans ces emplois, mais, d'une nature pins ab.sli encore, eile est particuliěrement opérationnelle dans les emplois tliis clef comme trois sur clix ou un debat sur les événements récents. Le icnncď ploi derive n'est toutefois plus adéquat dans ce contexte, car la di.slinc entre emploi de base et emploi derive est abolie quand il s'agit de mcllri relation signification et sens; eile n'a plus qu'un intérét historií]ui\ p qu'elle convient uniquement pour rendre compte des filiations ende plois au cours du développement de la langue. Le déplacemenť opéré par cette approche ä deux niveaux apmir efsi: traiter tous les emplois observables comme des effets de merne niveau lieu d'en privilegier un comme centre de gravité. Il parvient ainsi ä cli 98 Les prepositions .problěmes de sémantique s des difficultés que rencontre ľapproche par réseau ďemplois vs. liées ä ľhypothése localiste et aux restructurations qui peuvent celé le réseau au fil du temps. Certains problěmes subsistent, en parcel ni de parvenir ä décrire de maniere minutieuse les conditions sous es les effets de sens se produisent. D'autres sont spécifiques ä cette je : Q faudra en particulier justifier, pour chaque preposition, les ter-[rails retenus dans la representation sous forme de schéma et ďins-t-i, plus en general, proposer des arguments positifs en faveur de j en deux niveaux. ŕponse ä la premiere exigence ne pourra étre donnée en detail qu'ä analyse concrete de prepositions. De ľexemple de sur, dont la des-csi assurément trop sommaire, il ressort toutefois que la représenta-cherche pas ä determiner ce qui est commun ä tous les emplois, vra i dire peu realisté, ni ä définir des conditions nécessaires et suffí-i !;i maniere de la sémantique classique, mais qu'elle fournit un ende propriétés liées qui peuvent étre activées conjointement ou lení en interaction avec le contexte et qui, quoiqu'elles fournissent -merne une representation sous-détermmée, sont capables de pro-leractivement les effets de sens observables. Dans ce sens, on peut :■ ä la constitution de la representation ľexigence d'etre süffisante, lire assez puissante pour engendrer les effets, et d'etre minimale, .lire suffisamment faible et indéterminée pour laisser le contexte i role actif. Les elements de description proposes au paragraphe 4,1. r montrent que les propriétés retenues ci-dessus remplissent ces exi-minimales ; dies définissent done les contours d'une representation ■ du sens absirait de cette preposition. i peut cependant imposer une autre exigence aux representations de kaiion des prepositions, qui est d'etre différentielles, c'est-ä-dire de re de rendre compte des oppositions et convergences entre préposi-i:i objectif n'est pas aisé ä atteindre parce que les prepositions nefor-is nn systéme d'oppositions simple et fermé. On notera en premier ■ ľeKÍstence d'une opposition pour un emploi donne n'implique pas x tie convergences dans d'autres cas. Il suffit d'opposer (177) oú ä et manifestement en opposition ä (178) oü les mémes prepositions aient au méme referent et, semblent, grace ä cette proximité, méme uigeables : ) // vient ä Paris. II vient de Paris, im verre ä porto, un verre cle porto. >) le rendez-vous de Venise/ä Venise /<■ cbapeau de Marie /ä Marie 99 25 La preposition enfrangais On retiendra en second lieu que les oppositions sont multiples. Si ä s'op, pose ä de dans (177), ä s'oppose également dans le domaine spatial ä en dans, sur, chez, mais cette fois d'un tout autre point de vue. En plus semble s'opposer ä de (179) de la méme maniere que ä et entre égaler en concurrence avec cette derniěre, mais dans ďautres contextes (180) (179) H vient en France / de France. (180) une robe en coton/de coíon Ceci suggére que les prepositions s'opposent sur plusieurs plans et s< des axes différents. En (177) et (179) ľopposition concerne le domaine tial et se fait, grosso modo, selon ľaxe [+/- origine], alors que ľoppositioi ä et de en dans ce méme domaine porte sur un autre axe, celui qui oppo; localisateur a-spécifique aux localisateurs spécifiques. Ces oppositions, relěvent du schéma configurationnel ne sont pas pertinentes en (17nnée, méme si toute etude quelque peu détailíée envisage des détermina->ns secondares, par exemple au niveau des extensions, qui sont spéciŕi-les ä chaque langue. Dans cette approche, les correspondances entre igues, surtout si eÜes relěvent ďun méme espace culturel, sont naturelles, i>rs que les relations entre prepositions dans une méme langue ne peuvent re expliquées que par des rapports au niveau des experiences qui les ndent. L'approche par configuration abstraite est issue de la linguistique struc-rate au sens large, qui envisage chaque langue comme un systéme irréduc-)le et qui pose qu'ä un signifiant unique correspond un signifié unique, stains auteurs, comme ceux qui s'inspirent de la psychomécanique de G. uillaume, adherent sans reserve ä cette vue, alors que ďautres admettent ťune sémantique universelle a sa raison d'etre, qu'elle soít ďordre logique ir0ndal 1950) ou expéríentielle (Pottier 1962), mais que chaque langue :ncode de maniere spécifique. Dans cette optique, ľexistence de relations ttre prepositions dans une méme langue constitue une simple application ; la notion de systéme, alors que les correspondances entre prepositions de ague en langue sont soit dues au hasard, soit ä ramener ä la grille com-une, mais eneodée de maniere différente selon les cas. A premiére vue, les données semblent donner raison aux uns et aux au-;s, On retiendra ainsi que diverses langues semblent se caractériser par la 'ésence de prepositions formant couple, ce qui plaide en faveur de ľap-•oche cognitiviste. Au francais swrcorrespond par exemple ľanglais on et le íerlandais op, ä avec, with et met et ä contre, against et tegen. On rappelle-par ailleurs les jeux de contrastes et de rapprochements évoqués ci-dessus ~~": se laissent analyser dans le cadre systématique. 101 La preposition en francais Un examen quelque peu plus attentif des données contrastives et oppositions oblige cependant ä adopter une position plus nuancée, dar quelle cognition et langues interfěrent de maniere trěs intime. Le fait queen francais et op en néeríandais peuvent étre décrits, dans de nombreux. plois, ä ľaide des memes traits, tels que le contact, le support, le point c pui, et que ces deux prepositions possědent un réseau ďemplois semblable, le fait qu'une telle constatation ne vaut pas seulement po? ■ francais et le néeríandais, mais aussi pour de nombreuses autres langue; ropéennes, germaniques et romanes, le fait enfin que ces mémes párali mes s'observent pour de nombreuses autres prepositions ne peuvent dus au hasard. Ils montrentqiťune composante cognitive, indépendant chaque langue particuliěre informe de maniere substantielle les confi^ tions. Mais, ďautres phénomčnes, tout aussi massifs, montrent que les gues font plus qu'encoder et qu'elles proposent chacune un inven spécifique de prepositions. Ainsi, sur et op different profondément, m--pour des emplois cruciaux; il suffit d'opposer (181) et sa traductioi (182) oü apparaít ä et non sur: (181) Zij zagen Marie op de reeeptie. (182) Ils virentMarie ä la reception. Diverses etudes sur corpus portant sur des traductions du néerlanda francais montrent atnsi que le correspondant attendu n'est pas obtenu < la moitié des cas environ pour le couple avec/met et méme dans deux ■■ des cas pour le couple contre / tegen. De telies proportions ne peuvent: pliquer par des differences locales, situées dans les marges. Elles mom au contraire que le systéme des deux langues est fonciěrement different examen un peu plus détaillé montre que le facteur explicatif est la prést: en francais de la preposition ä spectre large ä sans equivalent en néerlam' Ce simple fait montre que ľemploi des prepositions dans une langue conditionné par les rapports qui s'instaurent entre prepositions dans < langue. La description du sens doit done faire reference de maniere cru« aux propriétés spécifiques de chaque íangue, tout comme eile doit inco rer les composantes cognitives plus généraíes. 5. Justifications foihliographiques et suggestions de lecture Les travaux en sémantique des prepositions sont trěs nombreux. tains travaux classiques sont toujours importants : les passages relatifs prepositions dans Guillaume (1919, 19752) et Gougenheim (1939), Ja- 102 Les prepositions : problěmes de sémantique ]956)ľ Puttier (1962) et vSpang-Hanssen (1963) ; Br0ndal (1950) propose une iiiiilyse logique trěs systématique, Pour les emplois spatiaux, on verra ľintroduction de Borillo (1998) et les ■■ífércnces qui y sont données, ainsi que Vandeloise (1986, 1988,1993). Lan-■iftoť-s 110 (1993) est entiěrement consacré au thěme ; on verra aussi divers ■fiiVíiiix dans FdL 9 (1997) - contributions de Leeman, de Dendale et De Müller. Je t l-roussier, - dans Verbum (1998) - articles de Van de velde, de Den-jíilť el tle Mulder et de Leeman - dans i?£P(1999) - contributions de Cadiot jl de Leeman - et dans TL (2001-2002) : articles de Dendale et de Leeman sur ■;oii!iv> de Katz sur ä, en, dans, ainsi que diverses contributions dans Scotia 7002). Pour sur, les développements dans le texte doivent beaucoup ä la hťse inédite ďl. Peeters (Analyse contrastive des systémes prépositionnels včerUJi'dais et francais; le cas de op et sur, Leuven, 1997). pour les emplois temporeis, on consultera en particulier les travaux de :äťfihnníieau (1993, 1998) ainsi que Anscombre dans Lexique 11 (1993) et v'iuulc'lnise dans Verbum 20 (1998) et RSP (1999). Ciidiot (1997) constitue la reference de base pour les prepositions abs-ľiiilfs. en particulier ä, de et avec ; pour cette derniěre preposition voir- aussi Clioi-Jríiiin (1995) et dans Scotia (2002). pour de introduisant un complement du nom, les travaux de Bartning sunt fondamentaux, e. a. Bartning (1993). Englebert (1992) présente une imtiyse de l'ensemble des emplois ; on verra également LF (1996), entiěre-.ncnl consacré ä cette preposition. Les observations sur ä sont le fruits de tra-ŕíiux en cours, effectués par M. Goyens, B. Lamiroy et L. Melis. Poi i ľ les problěmes relatifs ä la polysémie, v. e.a. Leeman (1997) et la nonographie de Cadiot (1991) sur pour, qui propose de distinguerle sens de .a preposition comme schéma de representation et comme instruction ; ä ce -jfopos t »n verra aussi Cadiot (1997) et sa contribution ä TL 43, tout comme wiidioi et Visetti (2001). Demulder et Vanderheyden (2001) proposent une vpivše n ration en réseau dont ils envisagent également la dimension Ikiclmmique. 103