ISBN : 2-7297-0639-9 ISSN : 1243-1052 © Presses universitaires de Lyon, 2000 80 boulevard de la Croix-Rousse - BP 4371 69242 Lyon cedex 04 ARCI 5 avenue Pierre Menděs France CP 11 - 69676 bron cedex Sous la direction Christian Plantin Marianne Doury Véronique Traverso Collection Ethologie et Psychologie des Communications La collection Ethologie et Psychologie des communications publie des ouvrages qui explorent le champ des communications interindividuelles par une approche naturaliste, c?est-ä-dire privilégiant ľobservation, la description et ľanalyse des comportements en situation. Cette perspective, qui s'inscrit dans le mouvement interactionniste contemporain, est ouverte aussi bien au verbal qu'au non verbal, au psychologique qu'au microsocial, au fundamental qu'ä ľ applique. Dominique Bourgain, Jacques Cosnier, directeurs de collection L'association ARCI (Application des recherches sur la communication et les interactions) coédíte cette collection avec les Presses universitäres de Lyon. Elle a pour objectif la promotion du savoir et des pratiques dans le domaine des communications interindividuelles par la participation ä des formations , et par la creation de documents multimédia. Dans la merne collection : — Soins et communication : approche interactionniste des relations de soins, sous la dir. de Jacques Cosnier, Michele Grosjean et Michěle Lacoste, 1993. — Ethologie des communications humaines : aide-mémoire méthodologique, sous la dir. de Robert Pléty, 1993. — La Communication avec unjeune sourd: petit manuel ä Vusage des ensei-gnants qui accueillent un élěve deficient aiiditif dans leur classe, Nicole Tagger, 1994. — L'apprentissage coopérant, Robert Pléty, 1996. Ä Jacques Cosnier Liste des auteurs Amossy, Assef, Atir, Auchun, Barbe, Beaud, Berge, Bertrand, Boblet-Viart, Boissat, Bonnet, Bouchard, Bouvet, BOrgel, Cabasino, Caffi, Cahour, Casolari, Chabrol, Charaudeau, Charnet, Chaton, Cicurel, Colletta, Constants De Chanay, Cosnier, Couegnas, DANBLON, DAUBIĚ, DOURY, DUVAL, EGGS, GaLATI, GARITTE, Getz, Haynal-Reymond, Heller, Henault, Huygues-Despointes, Journiac, Kerbrat-Orecchioni, Koren, Lacassagne, Le Guern, Lubart, Malheiros-Poulet, Manno, Marcoccia, Martel, Matsangos, Maurer, Maury-Rouan, mouchiroud, périchon, plot, plantin, pri ego-valverde, RICHET, SaNGSUE, SaNTODOMINGO, SCHERER, SCHNEIDER, Schröder, Sini, Traverso, Van Son, Vion, Walton, Wauthion Presentation Cette publication propose un ensemble de recherches sur Les emotions dans les interactions communicatives. Ces recherches ont été développées sur la base des communications présentées lors du Coíloque tenú ä l'Université Lyon 2, sur ce méme thěme, du 17 au 19 septembre 1997. Le CD Rom constitue les Actes du Colloque, soit cinquante-sept articles. Dix-neuf de ces articles composent ľouvrage papier. Le choix de cet échantillon, que nous espérons représentatif, ne se justifíe que par ľimpossibilité materielle de publier sur papier ľintégralité des Actes. Les articles formant le lävre sont done repris sur le CD Rom, qui permet en outre la visualisation ou ľaudition de certains corpus ou de documents audio ou video (pour ľutilisation de ce disque voir la notice qui ľaccompagne). Cette Presentation prend en compte, sans aucune distinction, 1'ensemble de ces recherches. Nous espérons que la consultation du CD Rom manifestera clairement ľintéret de ce support pour la recherche sur les interactions. Bien qu'un nombre relativement restreint d'articles en utilise les possibilités spécifiques, cela devrait suffire pour montrer que ľintroduction de ce médium constitue un progres qualitatif indéniable pour ľanalyse des interactions. Le CD Rom facilite ľappropriatíon des corpus par le lecteur: alors que la lecture des transcriptions de corpus étendus est parfois fastidieuse, ľécoute ou la vision des corpus bénéfície á fond du " dynamisme empathique" s rapprochant ainsi le lecteur des données. II peut ainsi mieux suivre et apprécier transcriptions et analyses. On dispose en francais ďétudes remarquables sur le lexique et la "grammaire des sentiments" ; on trouvera dans cet ouvrage leur nécessaire complement, un état de la recherche sur "la parole émue", sur Ies manifestations et le role des affects dans Ies interactions communicatives. Précisons que cette Presentation utilise le mot emotion comme un terme générique couvrant emotion, affect, éprouvé, hwnevr, sentiment, disposition, état ď cane... 8 Les emotions dans les interactions Pármi les problématiques traitées ou abordées, on relěve les suivantes: — les marques linguistiques de ľémotion ; — ľengendrement, les effets, et la gestion des emotions dans le discours et ľinteraction; les elements du contexte ou du texte fonctionnant comme des inducteurs d'émotion chez le lecteur / interlocuteur; — les effets interactionnels des manifestations de ľémotion d'un des participants sur son partenaire et sur la situation (phénoměnes devaluation, d'ajustement, etc.); — la ťhématisation des emotions, ľémotion née dans ľéchange devenant le tněme de ľéchange; — les normes et les régularités gouvernant les manifestations des emotions (censure, repression, et" mise en scene"); — les discours sur ľémotion, les emotions parlées (racontées, décrites): narration d'épisodes émotionnellement charges, mise en mots de leurs éprouvés aťfectifs par les interactants ; — les emotions typiquement associées ä des genres ď interactions: ľappréhension de ľexamen, ľindignation de ľ argumentation, les douceurs de la conversation, la confíance/méfiance de ľentretien de vente... D'une facon generale, c'est un ensemble de propositions méthodologiques et d'outils susceptibles de permettre le traitement des emotions dans le cadre d'une théorie des interactions, qui se trouve ici mis ä la disposition du lecteur. Une grande importance a été accordée aux travaux sur corpus, dont ľouvrage fournit un abondant échantillonnage. Dans la mesure ou les corpus le permettent, ľexpression des affects a été étudiée aux niveau verbal, vocal et mimo-posturo-gestuel. Le CD Rom permet, et sans doute demande ä chaque lecteur de composer son propre ouvrage en combinant les différents articles en fonction de ses propres intéréts; cette recomposätion peut prendre en compte tout ou partie des articles proposes. II nous a semblé possible d'apporter une aide ä cette lecture en regroupant ces articles en deux ensembles. Le premier est construit ä partir d'un point de vue qu'on pourrait dire "externe" ä la problematique spécifíque des emotions (methodologies, champs disciplinaires, corpus); le second, construit d'un point de vue cette fois "interne", propose une série d'approches selon des problematique specifiques au domaine des emotions. II se fonde sur les perspectives choisies par les auteurs pour observer et analyser les (phénoměnes) émotion(nel)s. r 10 Les emotions dans les interactions 13. Données utilisées dans les différents articles Les articles utilisent différents types de données: 131.Desexemples 132. Des corpus Les corpus interactifs 1322 sont définis par la co-présence des participants ou par 1'existence ďune structure ďécíiange. Tableau 1 1321. Corpus écrits textes- politico-littéraires textes littéraires scientifiques textes didactíques lettres-tracts presse courrier électronique 1322. Corpus ďinteractions montages, protocoles expérimentaux ou entretiens diriges interactions serai-expérimentales (dont corpus d'Aix) i. quotidiennes í. thérapeutiques i. didactíques i. de travail , i. institutionnelles 1323. Corpus ďinteractions médiatiques television: informations, interviews, débaís telenavelas, talk show radio cinéma communication médiatisée par ordinateur journaux,revues opera 12 Les emotions dans les interactions 23. Sur les marqueurs spécifiques de ľémotion Certains articles abordent 3a question de ľémotion á partir d'un marqueur spécifique : melodie, mitigation, petite mots, rire. 24. Du côté des situations et des événements générateurs ď emotions Ľoppositíon communication / expression est discutáble, car toute forme expressive communique en retour. Beaucoup ď articles envísagent cependant la problématique de ľémotion dans les interactions ä partir ďun tel processus linéaire, de type "événement stimulant —> reaction émotionnelle". L'observation porte alors sur ľun ou ľautre de ces moments, qui s'enchalnent; on privilégie ou bien la fonction communication, qui domine en debut de chaíne, ou bien la fonction expression qui domine pour ľindividu récepteur. D'autres articles cherchent ä saisir la circulation de ľémotion dans le groupe des interactants. 241. Articles abordant ou traitant de facon approfondie la question des stimuli émotionnels Ne figurent pas dans ce paragraphe les articles (centres par exemple sur I'expression ou la gestion de ľémotion) qui ne font que mentionner ľexistence d'un stimulus. Figurent les articles qui font etat d'un effet sur le récepteur (lecteur, auditeur, téléspectateur). Les paragraphes suivants proposent quelques entrees plus spécifiques. 242. Typologie des événements inducteurs du marqueur " rire" 243. Effets des variations de ľévénement inducteur 244. Du point de vue des actes de langage et des emotions associées Couple complémentaire menace / crainte- Couple complémentaire misěre / pitié Compliment; couple admiration / embarras Provocation ; couple joie maligne / colěre Accusation ; couple indignation / indignation de sens contraire 245. La tonalité émotionnelle est globalement liée ä une situation. Selon leurs roles et qualités, les participants éprouvent les " emotions de la situation". Situation malade / soígnant Presentation 13 Situation de confidence (ordinaire ou radiophonique) Situation humain / animal; adulte / enfant Situation de debat (social, politique, para-judiciaire,...) ou de dispute, éventuellement télévisé Situation de classe ou d'examen 246. Stimulus émotionnel affectant un groupe constitué Le stimulus émotionnel affecte un groupe d'interactants en situation égalitaire, qui ont ä gérer ce qui leur arrive ; ľévénement générateur est: Un récit oral Un texte romanesque Un événement rituel 247. Dans la perspective de ľémotion médiatisée, montrée, racontée..., les scenes induisant de ľémotion en reception sont de type: Attentat, guerre, torture, mort Dráme conjugal, dráme social, catastrophe naturelle 25. Du côté de I'expression de ľémotion 251. Articles abordant ou traitant de facon approfondie la question de I'expression émotionnelle 252. Ľémotion est inscrite dans le materiel iconique 253. Technique de lecture de ľémotion; ľémotion est lue : dans le materiel verbal dans les mimiques dans la prosodie dans Ies rires lecture multimodale 254. Auto-analyse de ľémotion 255. Expression ritualisée des emotions 256. Competence ďexpression émotionnelle 14 Les emotions dans les interactions 26. Circulation de ľémotion entre interactants Ici on ne peut plus distinguer ľmstance de communication et ľinstance ďexpression de ľémotion qui fonctionnent" en boucle" ; et on passe ainsi de la "gestalŕ émotionnelle au cycle émotionnel. Cest la circulation empathique des emotions qui est ľobjet principal de ľétude. Christian PLANTIN, Véronique TRAVERSO Chapitre 1 Logos, ethos, pathos í'actuiíliíé de la rhétorique des passions chez Aristote Ekkehard EGGS Universitě de Hanovre Permettez-moi d'introduire mon sujet en citant deux représentants de deux écoles linguistiques opposées, le syntacticien Nicolas Ruwet et la sémanticienne Anna Wierzbicka. Ruwet note dans un article de 1995 sur les verbes de sentiment á propos du verbe humilier: Les sentiments, les emotions, peuvent étre plus ou moins visit les [,..]. Humilier exprime un sentiment, et měme un sentiment trěsfort Mais iln'y a humiliation que si la situation qui cause ce sentiment est publique [...], L étre humain est un politikon zöon. Les étres humains, du berceau ä la tombe, vivent sous le regard des autres, et se définissent sans cessepar rapport aux autres (!-'individualisme est intenable) : I'kumihation surgit quand une certaine image de soi, construite dans notre rapport aux autres, s'effondre (Ruwet 1995 : 37). Je repete avec plaisir cette phrase «ľ individualisme est intenable » tout en exprimant mon étonnement qu'une telle phrase se trouve dans un article de syntaxe. De méme., il est assez étonnant de lire dans une note ä propos de « cette fameuse phrase d'Aristote [ľétre humain est un politikon zöon. E.E.] » qu'on ľa « la plupart du temps traduíte tout de travers »l. Cette expression «tout de travers » rnontre déjä que Ruwet s'échauffe réellement. Ce qui est conŕirmé par la note qui clôt toute cette reflexion de Ruwet: Humilier, humiliation, font partie de toute une galaxie de mots qui se rapportent ä cette situation fondamentale: mépris, respect, prestige, honneur, honte, vanité, flatterie, amour propre, etc. Les Une traduction exacte serait selon Ruwet: « Ľétre humain est iin étre animé qui vit dans les cités » {ibid.: 37, note 28). 124 Les emotions dans les interactions SPERBER D., WILSON D., 1989, La Pertinence, Communication et cognition (trad, de ľouvrage anglais de 1986), Paris : Minuit SPERBER D., 1992, "De ľattribution ďintention á la communication", Le Courrier du CNRS, Dossiers scientifiques 79 : 114. ZAJONC R.B., 1980, "Feeling and thinking: Preferences need no infe-rences", American Psychologist 35 :151-175. Chapitre 6 Une problématísation discursive de ľémoíion A propos des effets de pathémísaíion k la television Patrick CHÄRAUDEAU Universitě Paris XILT— CAD La premiere question qui se pose á un analyste du discours pour traiter des emotions est de savoir si, face ä d'autres disciplines humaines et sociales, cette notion peut faire ľobjet d'une etude spécifiquement langagiěre. Répondre par ľafílrmative ä une telle question suppose que Ton délimite le cadre de traitement dans lequel s'ínsere cette notion, que ľ on décrive les conditions de son apparition et que ľon montre comment eile se met en oeuvre. Mon propos ne peut ětre ici de répondre globalement ä ce programme, aussi j'ai choisi de traiter cette question en regardant par le petit bout de la lorgnette, c'est-á-dire en considérant cette notion ä travers une situation de communication particuliěre, la communication télévisuelle. J'essaierai done dans un premier temps de'presenter ce que sont pour moi les conditions d'une etude discursive des emotions, puis je décrirai le dispositif communicatif dans lequel je les ai observées pour montier ensuite comment elles agissent discursivement. TJNE PROBLÉMATIQUE DISCURSIVE DE ĽÉMOTION Le point de vue d'une analyse du discours se distingue de celui d'une psychologie des emotions qui tenterait ďétudier: soit la reaction sensorielle des individus en relation avec íes perceptions qu'ils auraient d'un monde dont les manifestations joueraient le role d'un déclencheur de pulsions, car il est vrai que certaines emotions peuvent étre provoquées physiologiquement et méme mesurées chimiquement (comme le stress, Yangoisse ou hipeur) ; soit les dispositions humorales ou caractérielles des individus qui 126 Les emotions dans les interactions peuvent faire ľobjet d'une categorisation selon les tendances ou inclinations de ces individus ä avoir des comportements récurrents, ce qui déterminerait chez eux des sortes de natures caractérielles (aussi appelées "temperaments") qu'il convient de dénommer par des adjectifs {colérique, atrabilaire, amourettx, pewevx, angoissé, haineia1); soit les reactions comportementales des individus —qu3 elles soient jouées ou reelles— face ä des événements qui se produisent dans le monde ou á Taction que les autres ont sur eux, reactions qui peuvent également faire ľobjet d'une categorisation similaire aux précédentes, mais dans une perspective différente puisqu'il ne s'agirait pas ici de décrire une nature de ľindividu, une disposition essentialiste ni un degré de sensorialité, mais bien une ré-action relative ä la situation dans laquelle ľindividu réagit. Dans certe perspective, il s'agit ďaboutir á la definition de categories de base comme la honte, \&ßerte ou la vexation. De telies études, qui ne sont ďailleurs pas exclusives les unes des autres, et qui ne préjugent pas ici des options théoriques dans lesquelles elles peuvent étre menées2, sont centrées sur ľindividu et proposent des explications causales sur ce qu'est son comportement, que celui-ci soit physiologique ou psychique. Ainsi la peur peut étre mesurée chimiquement, peut étre considérée comme une caractéristique temperamentale ou comme un comportement réactif provoquant panique. Le point de vue d'une analyse du discours se distingue également d'une sociologie des emotions qui cherche ä établir des categories " interprétatives et idéaltypiques" 3 ä travers des reconstructions de ce que devrait étre le comportement humain dans le jeu des regulations et des normes sociales. Ainsi est posé, ä la suite de Mauss et Durkheim4, que les emotions ňe^eľéveät'pas" seulem'eht ^IAj^IHSJ^JÉEXÍíÍ^™^.?* °*e l'Í36^5Ě^^%, mais qu'elles ont aussnňicáractěre sočlaT~ĚTÍěTsě7aient íe'garant de"lä~cObľésfón sočMere"lieTpe1Ťn^1a^ént ä ľindividu de constituer son sentiment ďappartenance ä un groupe (Mauss), elles représenteraient la vitalite de la conscience collective. Ce qui veut dire que, étant signe de reconnaissance pour les membres d'un groupe, elles reposent sur un jugement collectif qui s'institue en une sorte de regle morale. Enfreindre la regie entraine une sanction (Durkheim), ce qui par contre-coup donne ä ces jugements un * Le dictionnaire Robert définit ce dernier terme : "naturellement porté ä la haine". 2 Physiologie du comportement, psychologie différentielle, psychologie sociale, psychanalyse. 3 Pour la difference entre explication causale et explication interpretative, voir Ogien 1995. 4 Paperraann 1995. Problématisation discursive de I 'emotion 127 caractěre ďobligation. IL^'jigirait done ici de procéder ä la descriptionjle^cK^ du —-^jrn^oríěltnentsocial selon différents paramětres: le degré ďuniversalité (la colěre semble plus universelle que la honte), la spécificité culturelle (la pudeur, la fierté semblent trěs liées au contexte societal), la plus ou moins grande orientation actionnelle (ľ indignation semble déboucher sur une action revendicative, la pitié aussi mais á un degré moindre), enfin, la plus ou moins evidente rationalité (Vindignation semble davantage liée ä un jugement —partageable— sur le comportement d'autrui au regard de normes de justice, Vangoisse davantage ä une pulsion individuelle sans determination precise d'un objet-support). II me semble que le point de vue d'une analyse du discours ne peut se confondre totalement ni avec celui de la psychologie — serait-elle sociale —, ni avec celui de la sociologie — serait-elle interpretative et interactionniste —. Ľobjet ďétude de l'analyse du discours ne peut étre ce que ressentent effectivement les sujets (qu'est-ce que éprouver de la colěre), ni ce qui les motive ä éprouver ou agir (pourquoi ou ä ľoccasion de quoi on éprouve de la colěre), ni non plus les normes générales qui régulent les \ relations sociales et se constituent en categories surdéterminantes -r \ ^*.du comportement des groupes sociaux. -,—r \ i ! L'analyse du discours a pour objet ďétude le langage en tant qu'il | ^ fait sens dans une relation ďéchange, qu'il est lui-měme signe de \ \ . quelque chose qui n'est pas dans lui et dont il est pourtant porteur. ) C ^-Děs lors, IsLpew, par exemple, n'est pas ä considérer en fonctioir' de la facon dont le sujet la manifeste par sa physiologie, ni comme une catégorie a priori dans laquelle se mettrait le sujet selon ce qu'il est (ses propres tendances) ou selon la situation dans laquelle jl se trouve (seul face á un lion), ni commÄjÄ_syjtrmtôme__d'un comportement collectif (la panique), mais comme^signe de ce aui__ -pSMLad^iSľúrmjyjet^éiísiú que lui-memej^ le' ' JS£jpx&ajfre^ /^CQd.éjřnnSusique le propose Roland Bardies (1977: 8-9X lui permeftraŤrde~ďirF*'"CTěK^ ou tout simplement "J'ai peur !". Ce point de vue s'apparenterait done ä celui d'une rhétorique d^ajvtséejľeffkt qui est mise en place par des categories de díscmn^appartenant ä différents ordres (inventio, dispositio, elocutio, actio), dans lesquels il y..aurait-entre autres choses une "topiougľ-de^émíaEjg^—une-^pathémieí' dirai-je— qui serait constituée ďun ensemble de " figures" 8 "' G, ^bx*&. B-&1 2.£ £j B r+ g- ^ » P* S S*0 tí a ^"í o ~. © C! &5 ■-*Kh fr ca. gs ° gl B: a' Sľ o £ B ES R o 5 M M p CD P W ., tí O ■. r- _ d 3 w o 2 5! 3 SS ß'g O Is Q < afa|.g o. p- ■< X P £Ltí CD tí. íd n m s -° 3 3 9 í^« O Ö* (j> >rt T) W " 2* M r+r-t-c^e*« „ % P j- O' ogp-íS X U> m CD U Ä D-T3 .-2. P " O XJ o a tí o-xj | « 3 3 &§ 3glS elg^oa | .. o «tí Et. tí w o ^ i »-° ■o í n ň T (B tt H- T C/1 -SO «. ° r -^\ «Mř?i'«Š l/t m t» g S *° «5* 8-3^ s i ^ B*S?° W-Set^l^-3 8 V tí o g » si 5 S^^3 S 5 £h s*- e* *=í P_í5i »: I W 5-£ESi2. s ri§ .!«' O w 3-" o ;; Od p> O-p g n o tí tíi'P'a." t=U_K ° P t:?« íl" it -t* S* N) e*, s g i'sl •a » o So o 8i tQ (JQ CLZ 8^ 09 3 3 S S-2.3 ^2SřS3?232gg:o ää39^g&3 IB r t* tli & sf. & < SsSftÍBf^o.gps3B ^ ^ ej- h S. g. 2 g_ k/T"^ g p "2 ri|g ^(LoO g-i-sř ^G-9 s- 0 30-Q a a *- re 2 a » 2 ti tí a tí" £L CÍ " >CFQT3 njttxi n-rö-ftT 3-ĽtTogwp er» co-og £»nS^|^mB -ang gtí„ tí X O tí CS í^g g-8 3 &»•*'? « eľíej-«^

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O- hfi O Q 3 U) 136 Les emotions dans les interactions L'analyse du discours ne peut s'intéresser á ľémotion comme realite manifeste, éprouvée par un sujet22. Elle n'en a pas les . moyens méťhodologiques. En revanche, eHgjpeut tenter d'étudier ' le processus discursif par lecmel ľém^onpelíretre mise en placed c'est-a-d^Wäíteŕ'č'elIe-'ci comm^ti"éjffel'1nšels)n supposej^säns "jamláls"ävoír'~de^ t'eníofion est 1 "wn^fdefěé^liSrT^eTeprouve, etseulemenf comme un possible syjg[ssement de son "ressenti" chezun^sujetparticulier, dans une situation paríiculieré. Que^nforTcTierche ä détěnnměT les traces ď emotion chez un sujet parlant lors ďun échange interlocutoiré, ou la construction dramatisante d'un récit qui est susceptible de produire de ľémotion, on est toujours dans une perspective d'effet: dans le premier cas, c'est ľinterlocuteur (ou l'analyste) qui est cible (volontaire on involontaire) de cette visée, dans le deuxiěme cas, c'est le destinataire-public (lecteur, spectateur, téléspectateur) qui est receptacle de cette visée. Ainsi peut etre repérée une^ double.^énor^iati.pii._de__ľeffet pathémique :]^ne^eŕ^c^^^ pamémiquW, énonciation ä ^Toi^elöcüTrve'eTallOcutive qui vise a prodüirlTun éffet de pathémisation soit par la descripjuoruojija manifestation de_Iletat_erAQtioJmel_^ji.kauel leTocuteur est ^r^iQe JxQuyer f ("j'ai peur", "je fönds", tremolement dü~^orps3 mimique de [ panique du visage), soit par la description de ľétat dans lequel ľ autre devrait se trouver ("n'a^e^crainte !", " soyez^omrjassif !", "ayez pitié !") ;f'une"SnôncíätionUé la dešcnpiion'-psÚiemiqu^, énonciation qui proplDséT'un'dé^íiňl^ d'une scene dramatisante susceptible de produire xinjtel-effet^ilěs lorjä^n considérera queC^je suis en colerp" et "ne soyez passen Colěre") sont deux types ďenoliiceT~qůT mettent en~place" í'effet pathémique de fa9on différente que "la foule est en colěre". Ľeffet pathémique des deux premiers est mis en place par le biaís d'une construction identitaire ; celui du troisiěme énoncé est mis en place par le biais d'une identification-projection qui est proposée au destinataire. Ľeffet et ľintensité des deux premiers dependent de la relation identitaire et du jeu interlocutoiré qui s'est instauré entre les interlocuteurs; ceux du troisiěme dependent du lien qui est suppose unir projectivement—le destinataire ä la situation décrite et aux protagonistes23. De merne la compassion, par exemple, peut étre détectée dans la réplique "Je vous comprends et partage votre douleur" d'un locuteur ä son interlocuteur qui se trouve dans le désarroi; eile peut aussi étre 22 Ce que les psychosociologues appelleraient les " impressions", voir, dans ce měme colloque, la communication de Chabrol. 23 Ce lien fait que ľeffet pathémique ne peut étre le meme selon qu'il s'agit du frere de Diana Spencer, de ses eníants, de la famille royale, ou du téléspectateur. Problématisation discursive de l 'emotion 137 montrée dans un reportage télévisuel et détectée dans la gestuelle d'une personne prenant un enfant déshérité dans ses bras, dans les i mots qu'elle_-prononce, voire dans ľaction humanitaire qu'elle 1 promouvra. fíDans les deux cas est m'se_eD_place_jine^jvisée V-_^ discursive ďé^ěrcompdšsíoňneI\ ~Cest la~lätšon pour taqueiie je préfere les termes "pathos", "pathémique" et "pathémisation" ä celui ďémotion. Cela me permet d'une part ďinsérer ľanalyse du discours des emotions dans la filiation de la rhétoíique qui depuis Aristote traite les discours dans une perspective de visée et ďeffets24 (merne si des aménagements sont nécessaires ä cette filiation), ďautre part de démarquer ľanalyse du discours, si besoin est, de la psychologie et de la sociologie. Quelle organisation de ľunivers pathémique ? II y a des facons diverses et multiples de classer les emotions. L'histoire de la philosophic et de la sociologie nous en donne de multiples exemples. Tout depend, une fois de plus, des critěres de classement que l'on choisit. On peut tenter de les classer selon le role qu'elles tiennent dans le déclenchement de ľaction en rapport avec d'autres concepts tels Vintérét (les moralistes du 17° et 18° xlistinguaient entre intéréts et passions)25 ou plus récemment les \normessociales^'. On peut également les classer selon lew degré ^£~genéraíite^x essayant de distinguer celieš qui auraient un caractěre plus universel (la colěre) et celieš qui auraient un caractěre spécifique en rapport avec leur contexte societal (la pudeur, la honte). On peut encore les classer selon leur degré de rationalité (ľindignation/ľangoisse), ou, plus finement, en distinguant des emotions dites affectives (tristesse/joie), informatives (ennui/intérét), appréciatives (haine, colěre)2?. On peut _enfin Ies classer selon qu'elles sont simplement \feactionneIles (la pitié) ou qu'elles incitent ä ľaction <ÍUindignation). Mais si ľon croise plusieurs de ces critěres, on voit qu'il est bien difficile ďavoir une typologie opérationnelle. V indignation par exemple peut avoir une base rationnelle qui repose sur une appreciation de la situation, mais eile peut aussi entraíner une reaction de colěre non raisonnée ; en outre eile peut soit avoir un effet paralysant, et merne déboucher sur une í angoisse, soit au contraire un effet actionnel (ľhumanitaire); on I peut aussi considérer qu'elle n'est pas la merne selon les contextes 2"* Voir á ce propos Barthes 1970. 25 Elster (1995 : 33). 27 Livet (1995: 128-29). 138 Les emotions dans les interactions socio-culturels, ou bien, en ces temps de médiatisation planétaire, qu'elle a un caractěre universel (la pauvreté dans le monde). Procéder ä un classement de cette notion sans tenir compte de la situation d'apparition de ľémotion participe plutôt ďun projet socio-anthropologique. Si, comme nous ľavons vu, toute emotion repose sur des croyances et résulte de ľactivité inférentielle qu'un sujet est en mesure de développer, si en outre on s'intéresse davantage ä détecter un effet pathémique plutôt qu'ä établir une „.typologie des emotions, alors il nous^faiirtaborder cette question de ]Ihej&e^.^ičwa?£i2o^^ ■A-J stratégie énonciative. Ainsi pourront éťre traiťesdéux des t^éäoM?^™pOTQteslt ľinstant, ä savoir: la .dř^sité^eg^e^^ djun méme,a£te_dJénOTcjatíon^is^ sgécifícjtés cutturelles. "^PÓuFiílusfrer le premier phénomene, onTe rapp^Iíěřala phrase "Rien ne justifíe que ľ on jette aux chiens ľhonneur ďun homme" prononcée par Fran9ois Mitterrand lors de ľenterrement de Pierre Bérégovoy. Celle-ci est susceptible de produire divers effets pathémiques : de compassion vis-ä-vis d'un homme qui a accompli un acte de désespoir, de colére qui dénonce les persécuteurs, de douíevr contenue par la mort ďun proche. Pour illustrer le deuxiěme cas, on se reportéra aux effets de la Campagne publicitaire de Benetton avec ľaffíche de ľlHV apparaissant en gros plan sur un bras humain. Ses effets n'ont pas été les mémes en France et en Grande Bretagne. Le fait qu'elle n'ait pas choqué en Angleterre, contrairement á la France, tient probablement ä une difference des univers de croyances: en France, ľexistencé de la deportation et ľexpérience des camps de concentration sont susceptibles de déclencher un réseau inférentiel (mort, souffrance et genocide) qui opere un rapprochement entre ceiatauage^ejt^peJui^es^rjortéSj^et done un effet paťhémique de douleur entramant indignation et revolte ; alors que ľ Angleterre, n'ayant pas eu ä souffrir collectívement, de ce phénomene n'a qu'une connaissance informative des camps et done ä disposition un réseau inférentiel different ne déclenchant pas d'effet pathémique aussi fort. \ Ces deux exe^r^lesjno^mt^ue_ľorganisation de l'univers i paťhéniÍq^^Spend^de,Iä\.situation sociale'lirs'üci'ö^ ; íaguellé^sjjns^ ' ™"" Y-a-t-il des marques-traces du pathémique ? Si ľon ne s'en tient ici qu'au langage verbal (et ce sera le cas dans cet exposé), la simple experience et son observation montre que ľeffet pathémique peut étre obtenu par ľemploi de certains mots, mais aussi lorsque aucun des mots utilises ne renvoie ä un univers . Problématisation discursive de ľémotion 139 émotionnel. Autrement dit, ľeffet pathémique peut étre obtenu aussi bien par un discours explicite et direct dans la mesure oů Ies mots eux-mémes sont á tonalité pathémique, qu'implicite et indirect dans la mesure oil les mots semblent neutřes de ce point de vue. Děs lors, on constatera trois types de problěmes : — il est des mots qui décrivent de facon transparente des emotions comme "colěre", "angoisse", "horreur", "indi-gnation", etc., mais Ieur apparition ne signifie pas que le sujet qui Tes emploie les ressente comme des emotions (probléme ďauthenticité), ni qu'ils ■produiront un effet pathémique auprěs de ľinterlocuteur, (probléme de causalité). Parfois on a merne affaire ä ce '; phénomene eurieux de dépathémisation lorsque ces mots sont . employes avec trop d'insistance, comme le font les médias (il ! semble se produire alors un décrochage méta-énonciatíf) ; _J — il est_des jmots-qui-ne-décrivent „Ras .„des„jérap,tiojoíi mais sont _ccjrnn^j3es__^ ""^'assássinat", "complot", ŕ'victimes", "manifestation", "tueur"", par exemple, sont susceptibles de nous entraíner dans un univers pathémique. Oui mais Iequel ? H ne sera pas le méme selon que í'on parle d'une "manifestation silencieuse" (expression de la douleur et d'indignation), comme celie de la "marche blanche" des Beiges á propos de ľaffaire Dutroux, celie des femmes de la place de mai en Argentíne ou celie des espagnols contre TETA, ou que ľon parle d'une "manifestation agitée", voire "violente" (expression du désespoir et de revendication), comme en Afrique ou au Moyen Orient. Cet univers ne sera pas non plus le méme selon que j'apprends que la victime d'un vol est une "vieille dame", "mon patron", un "banquíer richissime", ou que la _ yyictime d'un assassinat est un tyran, un dictateur, un proche. TTAutrement dít, comme le montre la théorie des topoľ (Ducrot), \ \l'orientation argumentative (ici nous dirons pathémique) d'un mot \ \peut changer, voire s'inverser, selon son contexte et ajouterai-je, U§a^ituation d'emploi; — enfin, comme on ľa déjá dit, il est des énoncés qui ne comportent pas de mots pathémisants et qui pourtant sont susceptibles de produíre des effets pathémíques děs lors que ľon a connaissance de la situation d'énonciation : "Assez !" crient des gens victimes du éniěme bombardement de leur ville ; "Mon fils était un pur, un innocent" dit un pere penché sur une tombe et interviewe lors d'un reportage en Bosnie; "Un jour ordinaire á Sarajevo" dit un journaliste ä la television en montrant les images du dernier bombardement qui vient de se produire dans cette ville. Ces trois types de problěmes rappellent que la construction discursive du sens comme mise en oeuvre d'effets intentionnels vises depend des inferences que peuvent produire Ies partenaires de ľacte de communication et que ces inferences dependent elles- 140 Les emotions dans les interactions M měmes de la connaissance que ces partenaires peuvent avoir de la situation ďénonciation. PROPOSITIONS LajDathémisation j>eut done étre traitée discursivement comme une tSfeisSSHSS. 3B03PK2Sr,lLlCä}iSp^,PÄef£lQQŕn^|3^äp l^pognitii, pm"gr^ti£ue^--a>ägfogique, etc. Et comme toute catégorie 'ď'effet^^elfe'aepend des circonsíanc"e~s~dans lesquelles eile apparaít En s'interrogeant sur le phénoměne de ľabsence ďémotion, Paperman constate que le jugement porté sur une telle absence depend des circonstances qui font qu'on ľattend: «Ce qui rendrait remarquable une absence ďémotion, e'est (...) une divergence ďappréciatíon des circonstances significatives rendant possible une emotion spécifique » (1995 : 188); et de conclure : « La question qui peut se, poser aujjociologue concerne la nature dulíefTéhWlaJítu^^ Uenoncé^TT ,' ""TaüTföeTceTnlen" póurra. avoir unelfét cognitifs'il s'agit d'une parole ď expert, un effet pragmatique pour celui qui est chargé de ľexécution d'une teile täche, un effet axiologique au regard de la loi, et un effet pathémique pour le propriétaire du chien. f II faut done entrer dans cette analyse par le "cadre d'expérience" (comme le propose Goffman) mais avec une théorie de la ^situation28. C'est icí que ľanalyste du discours peut etre de quelque utilité dans la mesure oú il ne se contente pas d'apporter des categories linguistico-discursives, et vient avec une definition de4-éehange-com^unicaíiletuneméthodolo 28 Que ne propose pas Goffman. Ayant déjä traité cette questiolTHans~^Hsieurs de mes écritsr, je résumerai mes propositions au regard de ľ etude de ľ effet pathémique en disant que celui-ci depend de trois types de condition: 1) que le discours produit s'inscrive dans un dispositif communicatif áonX les composäntes, ä savoir sz. finalité et les places qui sont attribuées par avance áux partenaires de ľéchange, prédis-posent au surgissement ďeffets pathémiques. Ainsí, on observera que les dispositifs de la communication scientißque et didactique ne prédisposent pas ä ľapparition de tels effets (ce qui ne veut pas dire qu'on n'en trouve jamais), pour des raisons que je ne peux expliquer ici (force de la visée de crédibilité), de méme que ceux des débats de type colloque d'experts. En revanche, les dispositifs de la communication fictionnette (roman, theatre, cinéma) et, pour des raisons différentes, de la communication médiatique s'y prétent, ainsi que ceux des discussions«volémiques 'ffamiliales, j^olitigues). Lorsque^dispositif 35^y_prete_pas, c estcuie la ProbUmatisation discursive de Vemotion 141 finalité communicative est á forte dominante de crédibilité et que les partenaires sont places " á distance" de savoirs de vérité; lorsque le dispositif s'y préte, c'est que la finalité est á forte dominante captatrice et que les partenaires sont "impliqués" dans des savoirs de croyance ; 2) que le champ thématique sur lequel s'appuie le dispositif communicatíf (le propos événementiel) prévoíe ľ existence d'un univers de pathémisation et propose une certaine organisation des topiques (imaginaires socio-diseursifs) susceptibles de produire un tel effet. Pour~les medias d'informatiön, on va le voir, ce sera I'univers des topiques du "désordre social" ou de sa "reparation" ; pour la publicite, ce sera ľ univers des topiques du "bonheur" et du "plaisir" ; pour la fiction romanesque, ce sera ľ univers des topiques de la "destinée humaine" (la vie/la mort, une partie de ce que Barthes a mis en evidence dans ses Fragments — du discours amoureux) ; pour la pojémique familiale ou amicale^ qu'il n'y en ait guěre pour la commumcatióři^cieHtjjElgWT"•"~J,,1^-Ľ" ^)^e7^dans~~t'esjöä^^^ disponible par les contraintes du dispositif communicatif, ľ instance ďénonciation fasse oeuvre de mise en scene discursive ä visée pathémisante. --^^) Tout acte de discours étant en parťíe^contraínt par.des.cpnditions \í situationnelles (que j'appelleC^CQntraL^^^ et en i. partie laissé á la plus ou moíns grande initiative du sujet )'■ ďénonciation (que j'äppelle "espace de strategie"), on dira que la ; . pathémisatfón du discours résulte ďun jeu ertoe j^ruxaintes ef"":-" íibertés énoncjatiy.es-: il y faut des conditions de possibles visées-, pathémiques inserites dans le type ďéchange, mais celles-ci, si elles sont. nécessaires ne sont pas süffisantes, car le sujet ďénonciation peut choisir soit de les renforcer, soit de les gommer, soit, méme, ďen rajouter. II les renforce lorsque par exemple les médías traitent de la mort dramatique de la princesse de Galles. II les gomme comme dans certains discours officiels (et particuliérement ceľui de la reine d*Angleterre aux obsěques de Diana) ou comme dans ce qui s'apparente á un récit fantastique. II en rajoute lorsque par exemple un professeur fait le clown ou menace dans sa classe. C'est pour illustrer cette proposition que je vais maintenant passer en revue les caractéristiques du discours ďinformation télévisuel ípour ďune part montrer en quoi son dispositif communicatif met len place la possible apparition des effets de pathémisation, ďautre í^art mettre en evidence certaínes des strategies énonciatives á visée pathémique. 142 Les emotions dans les interactions Le dispositif de la communication télévisuelle et la place des partenaires La communication télévisuelle est un sous ensemble de la communication médiatique qui est elle-méme un sous ensemble du discours ď information. Certaines de ses caractérístiques reíěvent done du contrat general de la communication médiatique, ďautres lui sont propres. Les caractérístiques générales défmissent la fmalité de ľ acte de communication médiatique et la place des partenaires (instance médiatique / instance réceptrice), les caractérístiques propres au dispositif télévisuel, avec le son et ľ image, renforcent et spécifient les caractérístiques générales. Ayant décrit ces caractérístiques dans mon dernier ouvrage (1997), je me contenterai ďen reprendre certaines et de faire ä leur propos un commentaire en rapport avec la question qui nous oceupe ici: la pathémisation. Les 3 pôles La finalite globale de la communication médiatique est ď information. Ce qui, fait que nous nous trouvons en presence d'un dispositif ä trois poles : un pole source d'information, un pole instance de mediation-transmission, un pole instance de reception (ä la fois "cible" de la transmission et "public" origine ď interpretation). Le pole source d'information est censé représenter la réalité de ce qui se passe dans le monde, dont on verra tout ä ľheure les caractérístiques. II constitue done le referent du discours d'information, sous ľaspect d'une "vérítě ď authenticity (on en verra ľincidence). Le pole instance-InéalaTícfóe^Jae mediation-transmission) est pris dans une contradiction du fait que ce type de communication s'inscrit dans une double logique : de symbolique démocratique d'une part (il doit presenter cette réalité événementielle pour ce qu'elle est, en dormant des gages ďauthenticité et ďobjectivité), de survie dans une concurrence marchande ď autre part (il doit chercher ä s'adresser au plus grand nombre). Sa fmalité discursive est done marquee par une double tension de "crédibilité / captation". Le pole instance de reception (en tant que cible) est done mis en position ďavoir ä "croire" (la réalité de ľévénement), ä " comprendre" (son surgissement et sa causalité) et á " ressentir" (ľenjeu intellectuel et émotionnel qui le fídélisera). D'une certaine ^maniere on peut dire que cette instance de reception est ä la fois un "publicidéaľ,' au sens d'Aristote parce que ľinstance médiatique dSiTTSířeH^TTypothěse de modes de raisonnement nécessaires et objeetifs qui sont valables pour tous (il y va de la crédibilité), et un "^uhlicjjniversel" au sens de Perelman, c'est-ä-dire un public Problématisation discursive de ľ emotion 143 "moyen" susceptible de se laisser toucher par des effets ďéthos ou de pathos. Ľinstance récepteur Voyons maintenant la spécificité de la position de cette instance de reception lorsqu'elle se trouve dans la communication télévisuelle. Tout d'abord, la matérialité audio-visuelle du support de transmission (son et image) met ľinstance de reception dans une double position: de spectateur du monde (sont présentés ä son regard les événements qui se produisent dans le monde), de téléspectateur (il voit le médiateur qui lui rappelle par son existence méme de rapporteur et commentateur des événements qu'il est spectateur de la television). Le fait qu'il soit spectateur des événements du monde (il voit le monde) lui donne ľillusion d'etre en contact avec cette réalité, d'etre "en prise" immediate avec ľévénement, surtout grace aux procédés du direct (ou ď illusion du direct). Le fait qu'il soit téléspectateur (il voit ľinstance de mediation) lui rappelle qu'il est "ä distance" des événements du monde, qu'il est dans un rapport de presence-absence ä celui-ci, ce qui ľoblige ä avoir un regard réflexif sur lui-A-meme et done ä se voir spectateur au second degré. |i Si maintenant on considere cette instance de reception lorsqu'elle 'jest placée devant un spectacle de souŕfŕance, alors on peut liconstater qu'elle se trouve dans une position complexe : ^~ le spectacle de souffrance qui lui est présenté est donné, on vient de le voir, pour " existant dans la réalité". Cela la met dans une position dřfférente du spectateur de cinema. Ce dernier^du fait d 'uncontratjteJIcti eter^3arfs~le~ ype^tEcTe'^^rjosé29. Dans la position du téléspectateiu%du~fäiTde TaTéTérénHáTité de ľobjet de spectacle, il n'est pas possible de se projeter dans ce qui est ou a été, il n'est pas possible de s'approprier le spectacle; le téléspectateur ne peut que "s'interroger" sur ce que peut/doit étre sa reaction. II est une sorte de "métaspectateur"30. — de plus, ce spectacle de souffrance, il le consomme, on vient de le voir, "ä distance". Cela empéche que s'établisse un veritable lien fusionnel (d'empathie) entre le souffrant et lui-méme. II ne peut s'établir qu'un lien de "Sympathie", c'est-ä-dire un lien qui suppose que le Sympathisant ait conscience de sa difference ďavec le souffrant, qu'il se sache non souffrant, et done qu'il puisse s'interroger, comme on vient de le dire, sur les raisons de cette Boltanski (1993: 42,219). D'oii le succěs de certaines emissions inieractives qui donnent au téléspectateur ľillusion de répondre ä ses interrogations. 144 Les emotions dans les interactions difference et done de sa possible culpabilité (ce sentiment ne naít pas au cinema), voire de son possible engagement dans une action. A moins qu'il ne détourne son regard du souffrant et ľoriente vers la cause de la souffrance. II peut alors étre indigné et dénoncer la cause. Le téléspectateur est soit un " speetateur compassionnel" (et ~dojac_un„bqn ^candidatjiour les scenes de catastrophes), soit un " specteteur-dénonciatera^|. "—du~coupniňe peut ršpondre ä ľinterrogation "quoi faire devant ce spectacle ?" qu'en passant par la mobilisation de croyances qui défínissent des principes de morale, des opinions ä défendre, des conduites ä tenir et lui permettent ďépouser une cause generale. Comment peut-il en étre autrement puisque ce qui lui est offert en spectacle n'est pas la souffrance de son quotidien, mais celie du monde ? Sa position de vision totale, globale, ubiquitaire (c'est la souffrance ďun monde lointain qui s'offre ä lui), renforce sa capacité reflexive ä se voir observant, á se sentir impuissant. II s'ensuit qu'il ne peut ni se dire indifferent ä ce spectacle, ni prétendre en jouir31. Le^télésj^qlateur^ Boltanski (1993 : l^)^_ej[«^ecjateur moral >>32. """ 7~~ — enfm,"ilne"peut prétendre jouir du spectacle de la souffrance de ľautre, et pourtant Íl reste la ä la regarder, les yeux rivés sur ľécran, fasciné par la nudité, ľintimité de certe souffrance qui n'est pas la sienne et qu'il ne peut partager. Et il la regarde sans étre lui-méme vu : regard sur ľintimité de ľautre, regard libre de culpabilité parce qu'il n'est pas vu, deux conditions pour définir la position de voyeurisme. Le téléspectateur est un speetateur voyeur"33. ~"~^- —~~lľrastance médiatique Revenons ä present ä ľinstance médiatique dans son role de metteur en scéne du spectacle de souffrance. On s'apercoit qu'elle a une partie difficile ä jouer. Si eile se contente de rapporter des scenes, il lui faut établir un équilibre subtil entre " implication" et " distance". Trop s'impliquer, e'est prendre parti et devenir suspect par rapport aux motifs qui vous font vous étendre sur le spectacle de la souffrance, ou de la joie (il/elle en fait trop pour que ce soit sincere). Marquer trop de distance, e'est risquer d'etre taxe de froideur (il/elle est sans coeur). Les raédias doivent s'instaurer en énonciateur qui ne s'implique pas (donner une image de professionnalisme), mais qui donne des signes ďémotion (donner une image ďhumanité " pour étre journaliste on n'en est pas moins homme"), avec ľespoir de l\ BoStanski(iÄii£:167J. ;** D'oü le succěs ď emissions du genre Telethon. 33 D'oü le succěs des talk show intimistes, (Bas les masques). Problématisation discursive de ľ emotion 145 produire un effet pathémique: telle mimique attristée ou posture génée du présentateur de JT; telle annonce de scenes penibles ä voir ("nous avons édulcoré les images"), tel énoncé litotique ("ce dráme se passe ä deux heures de Paris"). Mais bien souvent, les médias dérapent par une surenchere dans la mise en scéne de la souffrance (images en gros plans, répétitives, musique dramatique, cris des yictímes) ou par ľemploi ďune surabondance de termes appartenant au champ sémantique de ľ emotion ("emotion", "larmes", "pleurs", "coeur", etc.). Si ľinstance médiatique prend une position de commentateur qui dénonce la cause ou les coupables de la souffrance, il faut également qu'il ne puisse étre suspecté ďimplication ni ďacharnement personnel contre les causateurs de la souffrance. p'oú le fait que les médias s'appuíent sur des témoins extérieurs pour confirmer le bien fonde de ľaccusation ; d'oü aussi leur géne et leur ambiguíté lorsqu'ils oceupent la place de ľ accuse et qu'ils doivent se défendre (ľaffaire récurrente des paparazzi; le syndrome de Timisoara). On voit qúe les places que le dispositif de la communication telévisuelle assigne ä ses partenaires sont particuliérement favo-rables au surgissement ďeffets pathémiques qui plus qu'ailleurs s'appuient sur des croyances : tension dans la fmalité communicative entre "crédibilité" et "captation" ; tension dans la place qu'occupe chaeun des partenaires entre "implication" et "distance". Car ce qui est le plus remarquable, e'est la tension et non la simple fmalité de captation. Cela explique peut-étre pourquoi la communication publicitaire n'est pas un dispositif ä effet pathémique (qui peut étre ému par une publicite ?), alors que pourtant est inscrit dans le contrat publicitaire une forte exigence de captation. Peut-étre est-ce parce que ľexigence de captation ne s'accompagne pá"s^ďéx1geňc^^ foMT Voir ľexplication du Bon Samaritain proposée par Boltanski, op.c. (25). 152 Les emotions dans les interactions ^ľ-'—-"--.^ enfant violenté), \& "pitié" (qui est plutôt collective, quantitative, abstraite et universellej-ce^pourquoi eile peut s'accompagner de discours, comme dans le cas des victiraes d'une catastrophe naturelle)46. La television dite compassionnelle active cette topique par la monstration des victimes d'un drame, de populations souffrantes (les sans-logis), de scenes humanitaires, mais aussi par I'organi-sation de campagnes de solidarite (Telethon) et par les interviews de confessions et ďaveux (Bas les masques). Le téléspectateur est encore ici en position de moralisté. La topique de ľ'attirance' et son opposée la 'repulsion' 'Attirance' et 'repulsion' correspondent également á une attitude reactive dans un rapport triangulaire, mais l'attitude du sujet est plus intellectuelle et son comportement plus inactif47. • L' 'attirance' — le sujet est tourné vers un actant bienfaiteur qui a done déjä réparé une souffrance; — il s'en construit une image intellectuelle positive de bienfaiteur ideal qu'il essentialise en "héros" ; — il a un mouvement á"approbation vers cette image qui cependant reste extérieure, et il y adhere sans autre action possible que de la suivre. II l'exprime de facon déloeutive en disant: " il est admirable". Autres figures: ľ "admiration", la "ferveur", Vengouement", ľ"émerveillement", le "ravissement". La television active cette topique ä travers la monstration et le traitement de figures charismatiques (le Pape, l'Abbé Pierre, Bernard Tapie)4* et le téléspectateur est mis en position ďappréciateur ayant de ľadmiration pour ces personnages. • La 'repulsion' — le sujet est cette fois tourné vers un actant dont il possěde une image negative de malfaiteur qui est essentialisée en " méchant" ; — il a done, ä l'inverse du precedent un mouvement de désap-probation, voire de rejet violent de cette image, sans que cependant il soit en rnesure de la détruire. Autres figures : le "mépris", le "degoüt", ľ"aversion", la "phobie". La television active également cette topique par la monstration de personnages charismatiques jugés négatifs (Le Pen) ôu criminels (meurtriers, pedophiles), monstration qui met le téléspectateur 4^ Pour la difference entire "compassion" et "pitié" voir Boltanski, op.c. (19). yiÄveX, op.c. 48 D'oii le soupcon ou la deception lorsque I'image est écornée (l'Abbé Pierre et I'affaire Garaudy: Tapie et ľaffaire OM/VA). Problématisation discursive de l 'emotion 153 dans une position ambigue de fascination (il est attiré par la repulsion elle-meme). Pour étre coraplet dans cette description, il faudrait maintenant décrire ce que j'appelle T'espace de strategies" pour mettre en evidence, non pas des strategies émotionnelles, mais des strategies discursives susceptibles d'avoir un effet pathémique. Mais ce serait déborder largement le cadre physique de cette contribution. CONCLUSION La conclusion sera double, d'une part au regard de la signification de ce dispositif télévisuel et de ses strategies de pathémisation, ďautre part, au regard de la méthode ďanalyse et de ľhypothése ťtiéorique quí la sous-tend. Étant donne ľimportance de la pathémisation ä la télé, aussi bien par le choix des événements et leur monstration, que par les effets des strategies énonciatives, toute tentative ďexplication a la télé est rendue quasiment impossible49. La visée de crédibilité du contrat télévisuel est mise ä mal du fait qu'elle tende ä disparaitre sous la visée de captation. Viser ä toucher ľaffect de ľautre, c'est neutraliser en partie, chez lui, ľactivité rationnelle d'analyse, merne si, comme on ľa vu, cet effet passe par des croyances. Le téléspectateur est ici mis en lieu et place d'avoir plus ä croire (c'est-ä-dire á se prononcer seulement sur le vrai/faux) et á ressentir (c'est-ä-dire á réagír en fonetion du sentiment du bien/mal) qu'ä comprendre. Děs lors, le risque pour la télé est celui de la perte de legitimite puisque son contrat lui donne vocation á informer et que pour cela eile doit se montrer credible. Les chose se passent alors comme si la television ne pouvait récupérer de la legitimite en prouvant que ce qu'elle montre est authentique. La television mánie le paradoxe du "dire vrai". Le "vrai", ici, n'est pas ce qui est démontré et prouvé ; le " vrai" n'est pas ce qui ressort de la confrontation des croyances comme une vérité moyenne. Le "vrai" est ce qui se £££^«j £t,.ne se diseute pas. En effet, quel soup"con^ur1'aumenfic"ite"péut naítre : d'uíinérntri'gh'ägF qui^xpfime''deia>douleu'fW d'une scéne ďhorreur (Timisoara) ou de Hesse (la Bastille en 81); de la mise en accusation d'un persécuteur (Mobutu) ou de la glorification d'un bienfaiteur (l'Abbé Pierre) ; de la mise ä nu de ľintimité souffŕante d'un autre moi-méme (les Psy-shows) ? Et plus ľimage exerce sa fonetion monstrative (direct) et visualisante (gros plan), plus eile nous donne ľillusion que ce que ľon voit ne peut étre que " ce qui est". 49 Voir notre "La television peut-elie expliquer ?" , CoIIoque de Cerisy, Penser la television, (Actes ä paraítre). 154 r^es^TmüonsjimsJ&sJniemctions- Tout cela est/"in-dis-cu-table", c'est 9a la vérité du paíhémiquV Pqur ce qui conceme ľaspect théorique de cette communication, il s'ágit pour moi ďinsister sur le presuppose qui est que les sjgnes dispositifs"asšignent "par avarice"'line"pľace aux partenaires de ľéchange et donnent en méme temps au récepteur une grille de lecture du signe. C'est ce qui fait qu'un méme signe est lu différemment (et done fait sens différemment), non seulement ^.elen-le-oontexte, mais aussi selon le dispositif. Tout dispositif (^"phagocyte)' la valeur, supposée generale (anthropologique), du sigrre~p"öür la remettre sur le marché de la consommation du sens social. Děs lors, comment juger de la validité de l'eŕret pathémique ďun énoncé si je ne sais pas dans quelle position on me demande de le consommer? Est-ce comme interlocuteur impliqué, téléspectateur, consommateur de publicite, membre d'un Conseil /x^-d'administration, lecteur d'un article scientifique ? Le contrat de ' i communication est la premiere surdétermination clü^sens" de '^iscoursrtEť^i" je......voulais^^terrainer^^suř^utíe'.....note^ff^peu pŕôvocatriče, je dirais qu'en fait il n'y a pas de savoir de langue qui ne spit du savoir de discours, et qu'il n'y a pas de connaissance "prototypique"^du monde (pour parier comme les cognitivistes) qui'ne repose sur du savoir de~c^royance'v:\ ^BIBLIOGRAPHIE BARTHES R., 1977, Fragments du discours amoureux, Paris : Le Seuil. BARTHES R., 1970, , "Ľancienne rhétorique", Communications 16 (212), Paris: Seuil. BOLTANSKIL., 1993, La souffrance ä distance, Paris : Métailié. 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