Marie NDIAYE - Rosie Carpe (2001) Mais eile n'avait cessé de croire que son frěre Lazare serait lä pour les voir arriver, eile et Titi, que Lazare, frěre aíné, aurait le bon goůt de lui épargner ľattente inquiěte et légěrement humiliante parmi la foule de vacanciers que des hôtes rétribués, eux, venaient chercher, surgissant de toutes parts avec leur grand sourire blane et, aux pieds, leurs claquettes de plastique qui les annoncaient ďun bruit mouillé, et leurs bermudas sans soucis et leurs joyeuses chemisettes ornées ďinjonctions humoristiques. II lui avait méme paru ďune telle evidence que son frěre Lazare, quoi qu'il fůt devenu, se mettrait en frais pour eile et ľaccueillerait děs sa descente d'avion avec les signes d'une attention quelconque (pas de fleurs, car eile n'était que sa sceur, mais tenue elegante pour ľhonorer et peut-étre, cadeau pour Titi), qu'ä deux reprises eile marcha vers un jeune homme qui aurait pu étre Lazare tel qu'elle ľespérait, en souriant et tendant sa joue de loin, tirant Titi qui trébuchait de fatigue. Elle s'écriait gaiement : « Lazare ! Yaouh ! » Puis eile chatouillait le ereux de la main de Titi et Titi, brave et obéissant, criait: « Tonton ! Yaouh ! » Mais pas de Lazare, rien que de la confusion et de ľembarras, ensuite une sorte de colěre mauvaise lorsqu'elle se rappela qu'elle était venue précisément pour en finir avec ces sentiments-lä, de géne et de honte, et c'était son frěre Lazare qui les lui faisait éprouver de nouveau, alors qu'elle débarquait ä peine et ne voulait, sur cette terre nouvelle, rien connaítre de ce qu'elle quittait, en fait de tracas et de pesanteur. Voilä que son frěre Lazare lui recollait le nez dedans, avant méme de s'étre montré, et voilä qu'elle était, encore et de nouveau, mortifiée. Rosie entoura les épaules du garcon, Titi, dont les yeux se fermaient malgré lui, eile le poussa doucement vers une banquette, dans un coin de la salle d'attente. Son frěre Lazare n'avait guěre connu Titi. Qu'allait penser Lazare, se demanda-t-elle, lorsqu'il arriverait enfin et découvrirait cet enfant maigre et pále, aux jambes si blanches, si osseuses, sous le large short colonial qu'elle lui avait acheté et qui lui semblait maintenant, ä eile (kaki et barde de nombreuses poches ä soufflets), parmi les tenues bariolées, austere et vieillot ? Son frěre Lazare verrait un petit monsieur de six ans démodé et fragile, qui, dans son short et son polo, n'avait rien de la vivacité internationale, de 1'espěce d'enjouement démocratique qui faisaient bondir et sauter entre les siěges, malgré la fatigue, les autres enfants, la, se dit Rosie. Lazare remarquerait tout de suite que Titi n'était ni gai ni petulant ni léger, qu'il n'avait pas de mots charmants ni de sourires malins, et que, comme par un fait expres, ses sandales marron, ses socquettes blanches, en attestaient. Rosie observa que les autres gosses ne portaient que des chaussettes imprimées et des chaussures de sport. Et son frěre Lazare n'allait-il pas, comme eile maintenant, comprendre immédiatement qu'une petite existence qui débutait sous le signe de la correction bourgeoise, maladroitement imitée (1'idée qu'elle s'en faisait de loin !), n'avait que peu de chances de se déployer naturellement vers la réussite, l'harmonie tranquille, ľéquilibre des désirs et des moyens ? Tout cela, c'était certain, son frěre Lazare le saisirait au premier regard, se dit Rosie. Elle s'assit pres de l'enfant, la grosse valise bien calée entre ses cuisses. Elle posa la main sur le bras maigre, presque transparent, de Titi, il tourna vers eile son visage anxieux, et Rosie lui souffla : - Je vais t'acheter de vrais vétements de vacances, tout un tas, oui. Tu seras content ? - Et Lazare, oú est Lazare, maman ? - T'en fais pas, le voilä. Et Rosie n'avait répondu ainsi que pour gagner un peu de temps, car ľinquiétude constante et sinistre de Titi la troublait (depuis toujours, disait-elle, l'enfant avait peur, sans motif, comme une chouette, un petit augure détraqué), et aussi dans le vague espoir que les mots feraient apparaítre celui dont il était question, mais ä present ses yeux se plissaient et une chaleur soudaine rougissait sa nuque et ses joues, comme eile apercevait, dans la porte ä battants, la longue silhouette de son frěre Lazare. Une eternite s'était écoulée depuis ľarrivée de ľavion, lui semblait-il. Elle pensa qu'elle s'était assoupie sans doute, car la salle était déserte et son propre crane bourdonnait. Et la nuit était venue. - II est lä, mon Titi. Cest lui, dit-elle sans joie, brusquement intimidée. Titi avanca les lěvres, hesitant, fronca le nez puis murmura : - Yaouh, tonton. Elle remarqua comme les cheveux ternes de l'enfant paraissaient clairsemés, comme on apercevait bien son crane bleute, entre les měches raides. Mais, songea-t-elle, eile prendrait soin de Titi ä present, le nourrirait convenablement, ferait de lui un garcon petulant et dynamique, dont la décontraction, la légěreté, interdiraient de deviner d'ou il venait. Son impatience ä transformer Titi et ľimpossibilité de commencer tout de suite la rendirent réveuse. L'enfant lui pinca doucement la hanche. - II est lä, maman. Lazare. Elle sentit qu'il était mal ä ľaise, effaré. Dans un effort penible, eile adapta son regard ä la forme mince qui s'approchait d'eux sans hésiter. Puis eile sentit montér dans sa gorge ľenvie de vomir, eile pressa les lěvres, ferma les yeux. Mais était-ce bien son frěre Lazare ? Mane NDiaye, Rosie Carpe, Paris, Minuit, 2001. 1 Marie NDIAYE - Rosie Carpe (2001) - Je ne sais pas si c'est lui, Lazare, glissa-t-elle ä Titi. Ne ťen fais pas, hein. II eut un petit cri de deception que ľautre, le jeune homme qui était peut-étre Lazare, entendit certainement. Les poings serrés, eile se concentrait de toutes ses forces sur la nécessité de faire refluer la nausée. Titi, coutumier de la situation, soudain plein de sang-froid, lui tapotait le dos. La téte vide, eile rouvrit les yeux. Comment pouvait-elle douter de ľaspect de son propre frěre ? Le haut-le-cceur était dompté mais toujours en faction, plus bas, au creux de ľestomac. Et qui était Lazare, qu'était-il devenu, Lazare, frěre aíné ? II y avait maintenant cinq ans qu'ils ne s'étaient vus, depuis le jour oú il avait choisi de s'exiler vers cette terre inconnue d'eux, dans ľespoir ďy prospérer. Mais, ä present, comment étre certaine que celui-lä n'était pas Lazare, avec sa peau sombre, ses cheveux ras ä la ligne bien nette sur le front et les tempes ? Elle et Titi frissonnaient dans la salle climatisée, étant la depuis longtemps, sans bouger, et Rosie redoutait que l'enfant n'eut déjä pris froid. Elle ľétreignit, le frictionna un peu. Ses gros yeux pales tout agrandis ďincompréhension et de crainte, l'enfant lui dit ä ľoreille : - C'est un Noir. Je le vois bien. Est-ce qu'il peut toujours étre Lazare ? - Un Noir ? Chut. Et toi, est-ce que tu connais Lazare ? Tu n'as jamais vu Lazare, pas vrai, dit Rosie, alors chut, mon Titi, chut. pp. 10-13. * * * II roulait maintenant vers la côte dans un pick-up récemment acheté, blane, version modernisée de celui qu'il avait tant aimé et que Lazare, bien longtemps auparavant, lui avait vole, que Lazare Carpe avait vicié, corrompu, au point qu'il avait été impossible ä Lagrand d'y montér pour se rendre compte précisément de ce que le pick-up avait subi. II roulait maintenant vers Bas-du-Fort, par une matinée trěs blanche et odorante, brillante, légěre, dans un etat de bonheur intense. Ses mains se contentaient d'effleurer le volant, le levier de vitesse, formées ä la precision et ä la dextérité par cette sensation de bonheur méme qui le rendait, lui. Lagrand, il le savait, immortel. Le bonheur et une toute nouvelle et étourdissante fierté sexuelle conduisaient ä sa place, et mieux encore que ne l'avait tait son seul cerveau. C'est pourquoi il se permettait, ce matin-lä clair et brillant, de rouler ä vive allure sur ľétroite route tortillonnante, bien qu'il ne lui fůt pas nécessaire de se häter. C'était dimanche. II pouvait entendre, lointains, sans effet sur lui, les carillons de la messe - il les entendait ä peine, délivré de tout souvenir penible ä propos des cloches pressantes, des petites églises décrépites et vaillantes, des dames ä la morale impitoyable et au dur regard toujours pareil ä celui de sa trěs pieuse grand-měre qui était morte depuis longtemps, enterrée avec son chapeau mauve des dimanches, enfin morte, songeait Lagrand, pour le laisser en paix, pour ne plus ľobliger ä entendre quelque appel, quelque reproche ou quelque avertissement que ce fůt dans les volées de cloches des matins enjoués, prometteurs, oú lui-méme, Lagrand, pouvait laisser conduire en toute confiance sa joie et sa sensation d'assouvissement. II se gara devant la Perle des lies que tout d'abord il n'avait pas reconnue : bätiment fraíchement repeint de rose, tennis nettoyés, clotures neuves. Renée avait disparu avec une telle discretion, un sentiment si vite acquis de ľordre naturel des choses que Lagrand en était arrive ä se demander si eile n'avait pas joué dans son existence le role mineur d'un mystérieux mais nécessaire retardement, afin de laisser venir au moment propice celle qui devait: Rosie Carpe. Renée avait retire son regard, en avait libéré Lagrand et s'était éclipsée, et c'était maintenant Rosie qu'il retrouvait dans son appartement des Abymes, qu'il serrait dans ses bras, toujours surpris, ravi, la serrant plus fort encore pour éprouver son ravissement, tendrement satisfait de ľentendre gémir et protester sur un ton étouffé. Rosie ne lui commandait rien, ne le maltraitait d'aucune facon, esquivait son regard. Elle lui semblait avoir atteint le point le plus extreme de la passivité et de ľindifférence. Elle ne s'était animée, depuis ces quelques mois, qu'une fois, se rappelait Lagrand, avec une vigueur incongrue et outragée, pour lui raconter qu'un certain Calmette de Saint-Claude lui avait fait perdre l'enfant qu'elle portait, autrefois, en la frappant durement au ventre. Ce n'était pas la ce que Lazare lui avait décrit, aussi Lagrand était-il reste silencieux, regardant fixement le visage de Rosie que ľapathie n'avait pas tardé ä éteindre de nouveau. II ne faut pas toucher Maman ! songea-t-il, se souvenant de Titi, avec un petit rire comblé. II avancait d'un pas sautillant sur ses grandes jambes minces qui s'étaient arquées légěrement. II entra tout droit dans le bureau d'accueil de ľhôtel-résidence, au rez-de-chaussée, et se dit : Quoi de plus naturel que de rendre visitě ä celie qui est maintenant ma belle-měre ? II attendit un peu dans la piěce deserte, puis il avanca jusqu'au fond, jusqu'ä une porte entrebäillée qu'il poussa doucement. La, au milieu d'un petit salon, il apereut Diane qui se tenait debout derriěre Foret, penchée en avant, et lui enfoncait dans le eráne le contenu d'une seringue qu'elle tenait presque verticalement, d'un air froid et concentre. Foret geignait. II vit alors Lagrand et Mane NDiaye, Rosie Carpe, Paris, Minuit, 2001. 2 Marie NDIAYE - Rosie Carpe (2001) se tut aussitôt. Diane leva les yeux vers lui, rapidement, s'appliqua ä vider la seringue puis ä tamponner le cräne de Foret d'un bout de coton, et ce n'est que lorsqu'elle eut fmi qu'elle sourit ä Lagrand, de son large sourire féroce, malin, sagace. Regarde qui est lä ! Cher monsieur Lagrand ! Elle essuya l'aiguille, rangea le tout dans une trousse de toilette dont Lagrand remarqua qu'elle était imprimée de personnages de Mickey et de Minnie Mouse en train de copuler. Foret frottait doucement son crane douloureux. - Mon pauvre Alex perd ses cheveux par poignées, expliqua Diane sur un ton important. Vous voyez, je fais venir ce produit tout spécialement des Etats-Unis pour essayer ďempécher qu'il devienne complětement chauve. - Ce que ca fait mal, murmura Foret. Oui, ca fait mai, mon pauvre petit, dit-elle, sentencieuse. Les hommes sont bien ä plaindre avec leurs cheveux. N'est-ce pas, monsieur Lagrand ? En ce qui vous concerne, tout a ľair ďaller trěs bien. Mais, n'est-ce pas, les hommes souffrent! Elle était jeune, blonde, chevelue, moulée dans un pantalon blane sur lequel bouffait avec apprét et une certaine raideur un chemisier doré. Sa longue figure mince et brune parut un peu rigide ä Lagrand - mais, se drtil, ébahi bien qu'il se fůt attendu ä cela, embarrassé et déconcerté tout de méme, mais la peau lisse, le grain fin, délicat, de ľépiderme uni, foncé, avec, lä-dedans, profondément enfoncés, les tout petits yeux presque blancs, mobiles, avisés. Ma belle-mére, songea-t-il, se rappelant, dans le méme temps, le cri de Titi: II ľa touchée ! Foret s'était diserétement empäté. II était rouge, fatigue, usé ďune facon naturelle et, se dit Lagrand, de bon aloi. Toutes sortes de bijoux dorés sonnaiUaient aux bras et au cou de Diane. Une grosse chaíne d'or pendait sur la poitrine de Foret, parmi les poils blancs qu'il avait lä, épais. Un collier de chien, se dit Lagrand avec amusement. - Venez, allons boire un coup sur la terrasse, dit Diane. La terrasse carrelée de neuf surplombait la petite plage de ľhôtel. Foret apporta une bouteille de rhum, du sucre et des quartiers de citron vert, tandis que Diane allongeait sur un transat sa grande silhouette athlétique qui avait rattrapé puis dépassé depuis longtemps, pensa Lagrand, en jeunesse, en santé, en souplesse des membres, son propre corps sec et juvenile d'aspect. II se sentit intimidé soudain. Pourquoi était-il venu ? Savez-vous que j'ai épousé Rosie ? demanda-t-il ä mi-voix, posément, la téte renversée sur le siege et ne regardant ni Diane ni Foret. II entendait le murmure paisible de la plage, une rumeur lente, de trěs légers bruits d'eau. Rosie ? fit Diane, comme tächant de se remettre en memoire une vieille et peu interessante histoire. Ah! Elle ajouta, dans un rire bref: Cher monsieur Lagrand ! Malheureux ! II fallait plutôt prendre ma fille. Lagrand ne répondit pas. II attendait, les yeux ä demi clos. - Vous auriez dů prendre ma fille Rose-Marie, reprit Diane. Elle est toute jeune et magnifique. Je vous ľaurais donnée, ä vous, je vous connais - vous étes beau et vous avez une bonne situation, et tout ce qu'il faut. Je vous aurais préféré comme fils ä la place de mon petit Lazare. - Lazare est retourné ä Brive-la-Gaillarde, tout seul, dit Lagrand prudemment. - Quel échec, fit-elle, glaciale. Brive-la-Gaillarde : j'ai honte pour lui et presque de lui, monsieur Lagrand. II ne m'a pas éerit et cela vaut mieux. Mon petit Lazare a tout rate. Foret grogna gentiment. II caressa la main de Diane. Lagrand entendit des pas derriěre eux, venant du salon, et, se retournant sur son siege, il vit s'approcher un homme aux cheveux gris, au ventre gras, qui soufflait en trainant ses savates roses d'estivant. Diane laissa tomber sur lui un regard severe. Est-ce qu'elle est libre ? demanda l'homme avec nervositě. II ne s'adressait qu'ä Diane, paraissant n'avoir pas méme remarqué qu'elle n'était pas seule. II se pourrait qu'elle soit libre, mais vous n'aurez rien avant d'avoir payé vos dettes, dit-elle, sauvagement. Puis : - II doit combien, Alex ? - Cinq cents, dit Foret. - Je sais, dit l'autre. II ouvrit son poing et montra un billet soigneusement plié au creux de sa paume. Foret s'empara tranquillement du billet, le déplia et le lissa sur sa cuisse, puis sortit un porte-feuilles et rangea le billet. Diane Mane NDiaye, Rosie Carpe, Paris, Minuit, 2001. 3 Marie NDIAYE - Rosie Carpe (2001) avait suivi toute ľopération d'un ceil un peu dédaigneux. - Bon, fit-elle. Montez au studio dix-sept. - Elle est libre ? - Elle y sera dans cinq minutes. Lagrand ferma les yeux. II entendit s'éloigner les halětements de ľhomme et les claquements des savates sur ses talons. II entendit ensuite que Diane se levait, dans un petit soupir, il l'entendit crier, sans doute en direction de la plage : Rose-Marie ! Une fois, sěchement, un fouet qui cingle, pensa-t-il - apres quoi eile se rassit et murmura, satisfaite : Rose-Marie est née fille alors que j'avais espéré un garcon, monsieur Lagrand. Mais je ne le regrette plus. C'est une pure merveille, et qui vaut de l'or. Elle ajouta, languissante, généreuse : - Penchez-vous un peu et vous pourrez la voir - sur la plage, lä, eile rentre vers ľhôtel. Je lui demande de se mettre au soleil autant que possible, de passer sa vie au soleil. C'est comme cela qu'elle resplendit, monsieur Lagrand. Regardez-la. Mais il garda les yeux fermés, sans bouger, feignant de ne pas entendre. II sentit les doigts de Diane sur son bras - une petite tape dépitée. - Vous, mon pauvre chéri, avec votre Rosie ! Vous me faites pitie. Et vous ne voulez méme pas regarder ma fille ! II demeura immobile, sans ouvrir les yeux, jusqu'ä la tombée de la nuit. H accepta ensuite de partager leur repas, celui de Diane et de Foret, car Rose-Marie Carpe ne se montra pas. - Nous sommes votre nouvelle famille, lui dit Diane, au dessert, avec une sorte de bonté et de simplicitě qui le troubla. Au moment oú il s'en allait, eile lui confia brusquement qu'elle redoutait la pénombre. Elle voyait alors, lui dit-elle en le retenant par son polo, derriere chaque fenétre obscure, la tete décollée de Francis Carpe, son premier mari, qui la regardait d'un air plein de rancune. pp. 334-339. Mane NDiaye, Rasze Carpe, Paris, Minuit, 2001.