Marie-Antoinette est le quinzième et avant-dernier enfant de l’empereur François Ier de Lorraine et de l’impératrice d’Autriche Marie-Thérèse. Sa mère Marie-Thérèse, comme tous les souverains de l’époque, met le mariage de ses enfants au service de sa politique qui est de réconcilier les Habsbourg et les Bourbons pour faire face aux ambitions de la Prusse et de l'Angleterre. Ainsi, parmi les sœurs aînées de Marie-Antoinette, si Marie-Christine, l’enfant préférée de l’impératrice, épouse par amour en 1766 Albert de Saxe et sera nommée avec lui régente des Pays Bas, Marie-Amélie épouse Ferdinand Ier, duc de Parme. Le mariage entre le futur Louis XVI, petit-fils de Louis XV, et Marie-Antoinette doit être l’apothéose de cette politique. Le 16 mai 1770, Marie-Antoinette épouse le dauphin à Versailles. La jeune fille, au physique agréable quoi que pas complètement développé, est assez petite et ne possède pas encore la « gorge » si appréciée en France. La jeune dauphine a néanmoins beaucoup de grâce et une légèreté presque dansante dans sa façon de se mouvoir. Archiduchesse d’Autriche, objet vivant du « renversement des alliances »[1] du roi Louis XV, elle attire dès son arrivée l’inimitié d’une partie de la cour. De plus, la jeune dauphine a du mal à s’habituer à sa nouvelle vie, son esprit se plie mal à la complexité et à la rouerie de la « vieille cour », au libertinage du roi Louis XV et de sa maîtresse la comtesse du Barry. Elle est manipulée par « Mesdames Tantes »[2], les filles du roi Louis XV, qui lui enseignent l’aversion pour la comtesse du Barry, ce qui agace Louis XV. Par ailleurs, Marie-Antoinette s’en fera bientôt une ennemie : pendant les premiers temps, elle refuse de lui parler mais, forcée par Louis XV, finit par adresser la parole à la comtesse. Marie-Antoinette ressortira humiliée de cet incident. En outre, Vienne tente de la manipuler par le biais de la volumineuse correspondance qu’entretient sa mère avec le comte de Mercy-Argenteau, ambassadeur d’Autriche à Paris. Ce dernier est le seul sur lequel elle peut compter, car le duc de Choiseul, diplomate qui avait permis le rapprochement de la France avec l’Autriche, est tombé en disgrâce moins d’un an après le mariage, victime d’une cabale montée par Mme du Barry. ________________________________ [1] La Révolution diplomatique de 1756 ( ou « renversement des alliances » ) est un terme désignant la modification des alliances diplomatiques de longue date qui ont été créées lors de la guerre de Succession d'Autriche (1740–1748). L'alliance entre la France et la Prusse contre la Grande-Bretagne et l'Autriche est devenue l'alliance de la France et de l'Autriche contre la Grande-Bretagne et la Prusse. [2] Louis XV avait eu huit filles, sur lesquels quatre restèrent célibataires. On les appelait «Mesdames», ou encore «Mesdames Tantes», puisqu'elles étaient les tantes du roi Louis XVI.