,'Aimé «L'aime», c'est le prenom de Ptit-me, cet enfant amene mourant a sa grand-mere et qui, «aime» par ei!e, va renaitre a la vie et s'epanouir au monde. Ce roman est aussi i'histoire de celle qui aime, « Grand-mere », sur laquelle s'ouvre le roman. Quoique petit a petit, Aime se releve done. Et le voila maintenant qui, presque, marche tout seul. Ses deux baguettes de jambes, ses deux brins de fit de jambes, ou s'enfilent la cheville et la pomme du genou, tremhlent encore comme sensitives a la brise. II avance en bourrique maigre, gene qu'il est, de toute son ossaille. II s'arrete ici, s'appuie la, doit - rien que pour alter rendre visite a Dame Caoudin1 ruminant sur son tas de fumier - prendre le baton de goyave2 que Gaby1 lui a prepare. Sitot de retouv, laisse-toi, Ptit-me, tomber dans ton pliant. Plutot, essaie de frei-ner ta chute au pliant vert, qu'il ne se casse ou que tu ne te casses! Puis ferme !es yeux, reprends respiration. Souris, non : exulte! Jubile du deplissage de tes ailes, de ta reme-tamorphose en Vinson. Car ne resteras rampant, larve, chenille, ou pire encore : concombre de mev' crachant ses tripes devant 1c feu follet du poisson-demoiselle\ Grand-mere aussi est plus qu'heureuse, Eile rit de toutes ses dents qui sont fort nombreuses encore, et solides. La vie lui reprend, avec, ä la bouche, son goüt de mais tendre, de manioc au poivre, et sur la peau l'ardeur d'un soleil neuf... Mais, en mcme temps que l'enfleurissement du letchi, la nouaison de la mangue, ce chatonnement des fleurs de la canne en oreiller crevé : la Campagne sucriěre s'en-tame. Alors, si Margrite ne veut pas perdre le cent de la récolte de cette année, les cin-qiiante de ľannée prochaine, il faut qu'elle glisse, au plus vite, le coutelas sous sa ceinture - côté voütement, côté dos - qu'elle se mette au creux de la main un ram-pang 6 de riz ä grignoter, une zikette7 de morue sěche, et que, laissant Ptit-mé ä Grand-pěre, eile s'en aille soigner son champ d'en bas lä-bas du bout de la pente, le garantir de la maladie de non-recolte. Car terre ct vache, c'est tout pareil. Eile meugle ä te fendre le cceur, la terre, si tu laisses le jus sueré de la canne lui dístendre ä craquer la mamellc, si tu ne lui dégages la mamelle. Elle meugle et pleure. Son lait de canne s'échauffe, bout et s'évapore, ou bien caille en caillots. Elie meurt, la terre. Les gens avec. 1. Parne Caoudin : súrnom donne par Margrite ä sa vache. 2. goyave : fruit. 3. Gaby : proche de la famílie. 4. concombre de mer : holothurie. 5. poisson-demoiselle : poisson coralien. 6. rampang : croíite de riz A demi bn'ilé qui adhére au fond de la marmite. 6. zikette : petit morceau. Axel Gauvin, UAlmé. Éd. du Scuil, 1990. e Le récit: le roman ou la nouvelle i. 1. Montrez, en vous appuyant sur des indices precis d'enonciation, que plusieurs voix s'expriment dans cet extrait. 2, De quelle maniere Grand-mere evoque-t-eile le retour ä la vie de l'enfant malade? 3. En quoi peut-on dire que Grand-měre est une «femme-courage» qui vit en harmonie avec la terre ? 4. En étudiant notamment !e rythme, analysez le sentiment de bonheur qui se dégage de cet extrait. L'ecriture des romans d'Axel Gauvin est toujours a la frontiere du frangais et du Creole. Le romancier intro-duit quantite de mots du lexique Creole, de references au mode de vie ou a I'espace insulatres, noms propres, toponymes, surnoms, jeux de mots ou expressions lexicales. Mais il reconstruit aussi le francais par ('in- trusion de formes syntaxiques Creoles, la suppression d'articles, de pronoms, par exemple. II cree aussi des neologismes, melant les deux langues. Enfin, il tente de restituer la maniere de parler Creole, en en repro-duisant le rythme. Tout cela permet de multiplier les effets styiistiques et de sens. La iíttérature de ia Reunion VAXELAIRE Nom et prenom : Vaxelaire, Daniel Naissance: le 2 decembre 1948, a Damelevieres, en Meurthe-et-Moselle Metiers: journaliste, redacteur en chef, ecrivain Les lectures de jeunesse et ies voyages effectues par i'etudiant metro-poiitain devetoppent sa curiosite du monde. journaliste, Daniel Vaxelaire decouvre ia Reunion lors de son service militaire. II travailie dans la presse locale else passionne pour les Mascareignes. II fonde une famifle a la Reunion et s'y installe definitivement, a ('exception d'un sejour de quatre ans au Maroc, pendant fequel il realise La Grande Encyclopedic du Maroc. Apres le Memorial de la Reunion, ceuvre collective dont ii a dirige la redaction, il publie en 1982 son premier roman, Chasseur de Noirs. Ses ceuvres romanesques, enracinees dans I'espace indianoceanique, se suivent des (ors avec regularity. Plusieurs romans de cet auteur protixe, vivant de sa plume desormais, sont publies dans de grandes maisons d'edition, certains faisant I'objet de traductions etrangeres. II a egalement cosigne quelques bandes dessinees et ecrit des recits pour de plus jeunes lecteurs. II a par ailieurs realise plusieurs guides d'interet touristique et patrimonial, une Histoire de la Reunion, et a collabore a des films pour ia television. « des romans et recits: Chasseur de Noirs (1982), L'Affranchi\m% Les Mutins de la liberie (19B6), Les Chasseurs d'epicesimO), Grand-Port (1993) , Cap malheureux (1994) , Bleu m//f(1996), L'fle des damnes (1999), Supplique pour ne pas etre pendu avec les autres pirates (2003) • des ouvrages historiques : Memorial de la Reunion (1978 a 1981,coauteuret redacteur en chef) Le Grand Livre de I'histoire de la Reunion (1999) 1. Conseil Superieur de Bourbon : cour de justice ayant egalement des attributions administratives et legislatives, installee depuis 1724. Chasseur de Noirs Chasseur de Noirs raconte la vie fictive d'un colon de I'Tle Bourbon au xviii' siecle, condamne pour trahison apres avoir renonce a traquer des esdaves marrons et fraternise avec eux. Je me nomme Guillaume Brancher, fils d'Alexandre Brancher, colon de I'ile Bourbon, et de Marie Mirel. J'ai vingt-cinq ans et je sais que je vais mourir. II me reste deux a trois mois tout au plus, le temps qu'on reunisse les derniers temoins, et qu'on fasse venir le grand juge de Port-Louis de I'ile de France; alors le Conseil Superieur de Bourbon1, cette assembles oii tant de visages me sont familiers, ou j'ai compte tant d'amis, pourra me condamner. Je serais fou d'esperer leur clemence. 31s vou-dront au contraire que mon chatiment soit exemplaire : je suis traitre : a plus d'un titre. Un jour peut-etre, les hommes changeront. Les idees aussi. Et les regies coloniales qui regissent ce siecle seront oubliees, voire mepri-sees. J'ecris ce livre dans l'espoir d'etre lu par un homme de cette epoque future. Pour lui, je veux conter ma vie avec detachement, comme si j'avais deja quitte mon enveloppe charnelle. Et devant lui, je ne serai pas tente de me justifier; car ce qui est aujourd'hui circonstance atte-nuante pourrait etre circonstance aggravante dans un siecle... Ma plume souvent s'arrete sur le papier. Tout a l'heure, quand j'entamerai le long recit de mon existence, ma main courra plus vite, I'ecrlture sera plus aisee. Mais sans cesse, a present, je me perds en reveries, ou plutot en pensees. Les premiers mots sont les plus difficiles a enfanter. En realite, je n'ecris pas seule-ment pour demain. Qui me dit en effet que ces feuillets noircis fran-. chiront la porte de ma prison? Ma sceur bien-aimee, la petite 98 Angélique, la seule sans doute qui ait tenté de comprendre, ou du moins de ne pas juger, m'a juré de faire son possible. Mais poiirra-t-elle tromper la vigilance de mes gar-diens? J'ecris pour moí surtout. Je me souviens de mon pere qui, quand j'etais enfant, raillait ma mánie de griffonner; il criait que le papier était trop cher, et Fencre aussi. Les plumes ne coútaicnt rien ; je les volais aux oies de la basse-cour. Á present, c'est Angéiique qui le fait pour moi. Si, dans l'ombre de ma cellule, je prends la plume aujourd'hui, ce n'est pas, comme je l'ai fait parfois, pour múrir quelque decision : on décidera pour moi. Mais j'ai plus que jamais le besoin d'y voir clair. je voudrais, quand mon heure sonnera, ětre en paix avec moi, si je ne peux l'etre avec Dieu. Car je ne peux méme pas ouvrir mon áme au Pere Anselme, qui me rend visite chaque semaine. Comme tous les hommes de ce temps, il ne peut s'empecher de juger. Et seuís mes péchés ordinaires se prétent á ětre absous ou simplement confesses devant lui. Au jour de I'extreme-onction, il renverra á Dieu le soin de pardonner mes autres fautes, si elEes sont pardonnables. Pour ce qui est de lui, sa conviction est faite : ma tra-hison est de celles qui ne peuvent s'expier que dans les flammes de 1'enfer. Faut-il le croire? Chaque soir, á genoux sur la terre battue, pres de ma couche, je prie le Seigneur sans recevoir de réponse. Peut-étre l'effort de me souvenir, de chercher pourquoi j'ai agi ainsi, m'aidera-t-il á peser le bien et le mal dont ma vie hit faite. Mes contemporains ne m'epargneront pas, car ils ne comprennent pas. Mais Dieu, qui est éternel, me pardonnera-t-il ? J'ai deux mois, autant d'encre, de papier et de plumes que nécessaire pour essayer de me le prouver. Non pour sauver mon áme, car le sort en est jeté. Mais pour tromper cette pensée de la mort qui m'habite sans cesse, et celle du mystěre qui la suit. J'aimerais que ce retour sur ma vie me permette, á la fin, de marcher en paix, téte haute, au supplice. Daniel Vaxelaire, Chasseur de Noirs, Éd. Lieu commun, 1982. Ob jet rl'utude I n : In roman ou ia nouvelle . Identifiez le narrateur. Dans quelle entreprtse se lance- 3. A votre avis, qu'est-ce qui rend si emouvant son recit? -it et quelles sont ses diverses motivations? 4 Le ^ de ce romaft permet.n d,avoir une ^ du :. Retevez des indices a valeur historique. projet de f'auteur? Pourquoi? lette premiere page joue le role d'un pacte autobio-iraphique. Eíle annonce les motivations guidant luiliaume Brancher, á I'approche de la mort. Elle tlace te recit a venir sous íe signe de la subjectívité as-umée par ie regard du colon bianc, s'exprimant á la tremiere personne. IE s'agit d'une biographie totaie-lent fictive car le personnage est inconnu de i'his-3ire réunionnaise, mais f'arriere-plan historique est ien documenté. On retrouve ici la veine historique les romans de Vaxelaire, qui pour la plupart propo- sent une réinterprétation romanesque de faits et situations historiques traités plus ou moins librement. L'ecrivain explore I'histoire des Mascareignes, et plus largement de 1'océan Indien : la periodě de I'esclavage a !a Reunion dans Chasseur de Noirs et L'Affrancbi; de I'occupation anglaise a I'Tle Maurice dans Grand-Port et Cop malheureux. Une si joíie naufragée propose une interpretation de la genese du mythe de Paul et Virginie. La íittérature de Sa Reunion 99 ^mfftr La Nuit cyclone Le roman raconte i'histoire douloureuse d'Alexina, jeune metisse de treize ans et fille de Pa Remon, ouvrier du sucre. Alexina tente d'exorciser le maiheur par I'ecriture. Pa Remon, dans un moment d'absence ou de folie, cede a une relation incestueuse qui ie conduit au suicide. Des mois plus tot... En cette nuit du mois de juillet, je m'etais reveillee en sursaut. j'avais cru entendre dans mon sommeil une poule de Pa Remon chanter coq, et ce signe de grand maiheur qui remonte a la nuit du temps me fit fremir, puis la brise de mer s'em-para du hurlement des arbres. je pretai I'oreille, attentive a la parole du fenoir', car ces derniers temps ma mere se plaignait beaucoup de ses douleurs de grossesse. L'autre jour, le docteur Bertheiay avait dit qu'elle accoucherait certainement avant la Noel, et il avait meme ajoute, tirant le portail derriere lui, que ce serait un gar-con. Mon pere avait ri de son grand rire soleit. Cet enfant, c'etait un vieux reve auquel il ne croyait plus. Moi aussl, j'avais ri. Seule ma mere, qui tenait son ventre de ses deux mains, pincait les levres sur son cri. Cette nuit-la, je m'en souviens, ce n'etait pas sa voix qui avait gifle mon sommeil, mais celle de Kalla2 qui la veiHe meme avait du lire un noir presage dans la violence des vagues. Moi, dans une somnolence inquiete, je voyais les aiguilles des filaos arracher les etoiles une a une : le ciel n'avait pas a se montrer complice du drame qui se tramait dans 1'obscurite, funeste. Je me demandais ce que la mer avait pu confier a Kalla, et si dans la chambre d'a cote, mon pere en avait eu peur, comme moi. Ma mere, elle, ne croyait pas a ces his-toires de grand-diable, a ces sornettes, disait-elle souvent avec mepris, inventees pour effrayer l'imagination si peu defrichee des Noirs. A ces mots, Pa Remon baissait tou-jours la tete, comme s'il avait honte de la couleur de sa peau qui faisait de lui une cible si vulnerable. Au bout d'un moment, je decidai d'ouvrir mes yeux qui se remplirent de nuit. Je ne bougeai pas. Le silence qui avait envahi ma chambre m'effrayait, et je sentis un vent de menace souffler sur mon visage, comme pour m'avertir du danger. J'allais me rendormir lorsqu'un autre cri, bref et aigu, monta. Je me mis a prier, les doigts accro-ches au chapelet qui m'avait ete offert a I'occasion de ma premiere communion. Longtemps apres, le sommeil vint m'enlever a ma peur. Je ne savais pas qu'elle ne me quitterait plus, en depit de mes prieres. Le lendemain, c'etait dimanche. Jean-Francois Samlong, La Nuit cyclone, chapitre I, 2, Ed. Grasset, 1992. 1. fenoir : nuit, obscurite. 2. Kalla : reference au personnage de Grand-mere Kalle, figure mythique terrifiante. Ohjct cl'etiiilr Le recit: le roman ou !a nouvelle 1. Caracterisez tes registres de ce texte. 2. Reievez des indices de surnaturel. Quelle atmosphere creent-ils? 3. Quels rapports famiiiaux et sociaux revele ce texte? 4. Quelles phrases du texte montrent que le drame redoute s'est realise? Un pan de la vie anterieure d'Alexina se devoile dans cette page, qui suggere un universfamiiiat marque par la violence et la peur, Chez Samlong, les violences fon-datrices de i'esclavage determinent les rapports de race et de classe. Elles se retrbuvent dans les situations des petits colons et ouvriers du sucre sous le poids d'une malediction seculaire. Cependant, fes informa- tions realistes sont subtilement integrees a la narration, jouant sur ptusieurs plans temporels. Peur, pres-sentiment du maiheur ineluctable et croyances font penetrer dans un imaginaire culture!, superstitieux et religieux, et donnent a voir les modes de fonctionne-ment de fa societe reunionnaise. La litterature de la Reunion ire ~>éme inaugural du recueil Prcsque-Songes, qui invite á déchiffrer ■ on peut y lire commc une definition de la recherche poétique ivelo. tes pas de bruit, ne parlez pas : lorer une foréí les yeux. le cceur, es songes... :rete bien que palpable : rissant de silence, s'est évadé I'oiseau a prendre au piěge, i prendre au piěge qu'on fera chanter fera pleurer. n fera chanter, a qui Ton fera pleurer : son éclosion. seau. :rete, oiseau cache mains. .(ean-Joseph Rabearivelo, Presque-Songes, Tananarive, 1934 _Comprehension_ et langue 1 ~ Dites dans quelle mesure ce poeme fonctionne comme une devinette. 2 - Retrouvez les images qui evoquent la material ite du livre. 3 - Quelles sont les attitudes requises pour la lecture d'apres la strophe 1 ? 4 - Commentez 1'enumeration des vers 2 et 3. 5 - Expliquez les vers 4 et 6. Quelle est la double nature de I'teuvie que ces images souli-gnent ? 6 - Quelle conception du poeme se degage de la metaphore de I'oiseau (v. 7 a 11). activites diverses. expression ECR1TE Proposez a votre tour un para-graphe ou vous essaierez de definir ce que vous entendez par «lire ». MADAGASCAR JEAI^J-JOSEPM xx" siécle « Le vitrier negre » Ce poéme est le dix-septiéme du recueil Traduit de la nuit. // se construit á partir ďune métaphore volontairement énigmaiique. J—/e recueil Traduit de la nuit, au titre tres symbolique, manil'este la parfaite inaitri.se atteinte par Jean-Joseph Kabearivelo dans Tart de composer dans les deux langucs. Mais de graves dif'ficultes materielles et morales, el petit-et re une cerlaine incapacity a vivre, I'ont peu a peu conduit au suicide (22 juin 1937), Les poemes de Traduit de la nuit, com me le dernier recueil qii'ii public, Chants pour Abe/me, accordent une place de plus en plus grande a la fascination de la mort. Tl irajusqu'a noter dans son journal in time les etapes de son suicide, tout en composant tin « dernier pnenie », en guise d1 adieu a sa famille et a ses amis. & vitner negre dont nul n'a jamais vu les prunelies sans nombre et jusqu'aux épaules de qui personne ne s'est encore baussé, ceí esclave tout pare de perles de verroterie, qui est robuste comme Atlas et qui porte Jes sept ciels sur sa tete on dirait que le fleuve multiple des nuages va ľemporter, le fleuve ou son pagne est déjä mouillé. Mille et milk morceaux de vitre tombent de ses mains mais rebondissent vers son front meurtri par les montagnes ou naissent les vents. Et iu assistes ä son supplice quotidien et a son labeur sans fin ; tu assistes ä son agónie de foudroyé des que retentissent aux murailles de l'Est les conques marines - mais tu n'éprouves plus de pitie pour lui et ne te souviens merne plus qu'ii recommence ä souffrir chaque fois que cbavire le soleil. Jean-Joseph Rabearivelo, Traduit de la nuit, l1*; Comprehension et langue 1 - Dans ce poeme metapho-rique sur la naissance du jour, relevez les mots et expressions qui evoquent le ciel nocturne (v. 1 a 8). 2 ~ Quell es sont les metaphores qui suggerent la presence des etoiles 7 3 - Comment comprenez-vous l'image du « vitrier negre » ? 4 -Relevez les termes o. expriment la souffrance. 5~Expliquez l'image des \r 16 a 18. 6 - Quels sont les termes sou gnant ľaspect répétitif de ľactic ACT1VITÉS diverses. expression écrite Recherchez des personna^ mythologjques qui peuvent e™* apparentés au vitrier negre. ILE MAURICE XXs siěcle HASLE r, ..in moiiri Chiislt-. ni' L'ii IV3M, ciipli)]ii:ik-itť i'urriciv. a ivpri^i-iiU1 I'l'.hit maiiríi-itii iiiiprt». cle hi ( uiiiniiiiKiiilť rtiriípčruiu- ;i lirnu-Jki. ■Vu-*: .ii-aii-t hun liti \mmih- ií JwM'ph Isaiiy Many Kin. il a loudi* l;i rv\ur n.ifii/t ti ln( /(■/. Sil (h)lMf. IllNMlllhllT vil pliisiiMirs llTlU'iK ■/i í oruillt m tit \ fitnlh-\. PHI: \ifiih^n,i,tn*. I*r.<: •' \lh-riuuivv tit \ \ol\iu-t\. 1V5 ihldfť ti ťl ji rast. l'»7(n. est all ilii- par (I andarii-iiM-s ivi hťivhfs funiu-lli-*- : d i *•<.() n !,i n i i'i (li- hi miiIhu-. di-saiiKiilalimi dn wr-. ji-ii di-1 insirijiliiHi spafialf du pm'im- Mír l.l \KHIV. "iť IIHHlllC MMiiik-im-iiL sa iniiiť ďun umm-l niíliť du iiinndi'. « Q#e/ ensoleillement * orphique » Publié dans le premier numero de la revue 1'ÉtoiIe et la Clef, ce poéme, évoquant par sa disposition graphique le balancement ďun pendule, semble dire un mystériewc rítuel. quel ensoleillement orphique éc,*« le pendule du soutciet qui éblouit les oiseaux derriěre le hallier participants en cercles opposes tournent autour de Voť&ciant les exes aux mots régénérés vivificnt le poumon des foug' le pendule oscille Raymond Chasle, in le Rite et l'Extase (fragments), 1976 Comprehension etlangue 1 - Que peut-on dire de la versification de ce poeme ? 2 - Etudiez les sonorites et le rythme. Justifient-ils les deux der-niers vers « le pendule oscille » ? 3 - Qui etait Orphee ? Donnez le sens du terme « orphique » (v. 1). 4 - La disposition spatiale des vers correspond-elle au sens ? Le lecteur est-il attire par 1'aspect seraantique ou par 1'aspect visuel du texte ? actívités diverses, expression écrite 1 - Qu'est-ce qu'un Ideogramme, un pictogramme, un calli-gramme ? 2 - Rechercnez d'autres exemples de calligramme chez Raymond Chasle et surtout chez Guillaume Apollinaire (cf. Calligrammes, Editions Gallimard), et inventez ä voire tour un calligramme sur un theme dc votre choix. XX" siede Lntoine Abel, ne en 1934, a debute comme enseignant. II a publie en 1977 trois volumes de contes, de recits et de poemes, qui ont fait de lui le premier ecrivain seychellois de langue francaise. Dans Une tortue se rappelle, ii fait raconter 1'histoire des Seychelles par la plus ancienne des habitantes de I'archipel, la vieille tortue de terre, qui peut vivre piusieurs siecles. « Un phenomene etrange » La tortue, dont la longue memoire remonte Vhistoire seychelloise, affirme, en contradiction avec les historiens « officiels », que les Seychelles ont ete habiteespar des hommes depuis la plus lointaine Antiquite. Son recit n'estpas sans parente avec les legendes de la Lemurie. j. out d'abord, les hommes vivaient assez tranquillement dans des grottes. On etait alors bons voisins. C'etaient des etres ordinaires, cour-bes en deux. lis marchaient toujours armes d'un bout de bois a fourches avec lequel ils « fouillaient » le sol pour prendre des racines qu'ils man-geaient. Ils l'utilisaient egalement pour rabattre les branches a leur hauteur de sorte qu'ils pouvaient atteindre les fruits qui se balancaient tout au bout des rameaux. Ils grimpaient dans les arbres pour prendre le miel des abeilles qui les laissaient faire. A piusieurs reprises, c'etait la catastrophe. Quelques-uns mouraient, parce qu'ils s'etaient empoisonnes, ne sachant pas comme nous les secrets de la vie des plantes. Ces hommes etaient surtout attires par la couleur des choses qu'ils voyaient autour d'eux. Ils avaient une obsession pour les teintes vives. Dans leurs grottes, ils ne cessaient de melanger toutes sortes de glaises (on en trouve encore aujourd'hui a Terre Rouge) pour ensuite badigeonner les parois rocheuses de leur habitation... Mais, parfois, la nature agit tortueusement selon ses caprices, sans avertir. Soudain, chez les hommes, il y eut un profond changement; un phenomene etrange survint. Les hommes ne connurent plus la joie de voir naitre des bebes normaux. Leurs femelles commencerent a mettre bas des males d'une taille inconnue jusqu'alors. Ces Gonods (geants) etaient une race cruelle et leur cruaute etait telle qu'ils n'avaient de pitie pour personne. La premiere surprise passee, les hommes s'organiserent et, avec Faide du feu (secret qu'ils gardaient jalousement au fond de leurs grottes), ceux-ci eurent raison des Gonods qui allerent alors s'installer dans les hauteurs de Terterougelle. Leur territoire se trouvait entre la Pointe des Vents a L'Esota et la Grande Eau Blanche en direction de Noroita. Quand tu passes dans cette region, regarde vers la montagne : tu y verras un immense rocher taille en forme de tete de chevalier geant et, un peu plus loin, un poing et une gueule enormes egalement sculptes. Ce sont les vestiges des travaux de Regulo. Les hommes ne s'estimerent pas en parfaite securite tant que ces ogres rodaillaient dans les parages. Assez souvent un membre de leur clan disparaissait pour ne jamais revenir. Ils delibererent des jours et des jours. Enfin, ils prirent une decision. II fut admis qu'ils devaient quitter Terterougelle, qu'ils iraient recommencer ailleurs. Cette solution, bien que judicieuse, leur causa beaucoup de peine mais il fallait l'accepter. II n'y en avait point d'autres. lis partirent done un soir presque a la derobee. lis prirent la direction e Oueta a l'heure meme ou Flambeau1 se cache derriere la chevelure de 'irrna2. Au lendemain de 1'exode de la famille des hommes, les Gonods com-lencerent a exploiter le fer qu'ils extrayaient d'une carriere. lis frappe-ent pierre contre pierre de toutes leurs forces pour les reduire en fine ioussiere. Ce fut par ce procede qu'ils obtinrent ce qu'ils cherchaient. Et uel vacarme Us menerent! Voila pourquoi on peut aujourd'hui voir lans beaucoup d'endroits du gravier tout blanc. Heureusement pour nous, la disparition des Gonods fut aussi brusque [lie leur apparition. Un jour ils etaient la bien vivants et le lendemain ces rionstres etaient tous creves. La cause ? Qui la saura ? Antoine Abel, Une tortue se rappelle, © L'Harmattan, 1977 Comprehension et langue 1 - Proposez un plan du texte. Sur quels eritěres votre décou-page repose-t-il ? 2 - Quels sont les personnages en presence ? 3 - Relevez et classez le champ lexical de la description des hommes et des géants. 4 - Recherchez dans le texte toutes les expressions dénotant la crainte. 5 - Comment s'explique le sentiment de crainte qui saisit les hommes ? 6 - Qu'est-ce qu'une « mutation » ? Peut-on employer ce mot pour designer ce « phéno-měne étrange » ? pourquoi ? activites diverses, expression écrite Rédigez une suite et une fin ä ce texte en imaginant que les Gonods ne disparaissent pas. 1. Le soleil (dans la vision du monde des tor lues). 2. Les images.