VII. Les Mérovingiens (fin 4e - fin 7e siécie) Le partage de 395. En rouge la pars occidentalis devolue a Honorius, en violet la pars orientalis qui revient a I'aTne Arcadius. Le long des frontieres de I'Empire, les traits noirs correspondent au limes • Pendant trois cents ans, le territoire de la Gaule connaít une immense mutation. • L'effondrement de l'Empire romain, avec les invasions barbares, fait émerger des pouvoirs nouveaux, d'oü se dégagent la puissance franque et, avec elle, la dynastie mérovingienne. • C'est sous son incertaine autorite qu'en méme temps s'élaborent la fusion progressive des elements barbares et romains - le développement d'une société nouvelle, plus rurale, plus violente, - et se poursuit la diffusion du christianisme. • de 395 ä 476, l'Empire romain - perdu son unite ä la mort l'empereur Theodose - dirige par deux empereurs qui resident l'un en Orient et l'autre en Occident, - puis ampute de sa partie occidentale par la mise en place de nouveaux royaumes barbares. - Le phenomene est irreversible, • puisque meme l'effort de reconquete entrepris au 6e siecle par l'empereur Justinien est voue ä l'echec. • l'un de ces royaumes barbares, celui des Francs en Gaule, va donner son nom ä la France d'aujourd'hui. Les invasions barbares (5e s/ec/ej • Au debut du 5e siecle, la fagade romaine de la Gaule cache des transformations tres profondes : - prefecture du pretoire, - dioceses, - provinces, - cites, - aristocratie senatoriale • Sous la menace des invasions, l'Empire s'est militarise : - les villes se sont enfermees ä l'abri d'enceintes ; - des armees, qui comprennent dejä une forte proportion de Barbares, campent aussi bien sur la frontiere du Rhin que dans l'arriere-pays, - et leurs chefs tendent ä accaparer l'essentiel du pouvoir, au detri-ment des civils. • D'autre part, l'Empire s'est christianise, en commengant par les villes. - Les eveques deviennent des person-nages de premier plan, - la vie monastique a fait son apparition en Gaule et, sous l'impulsion de saint Martin, - l'evangelisation des campagnes a commence. • Mais le fragile equilibre entre Romains et Barbares est definitivement rompu au debut du 5e siecle. Itinéraires empruntés par les colonnes d'envahisseurs durant ■es Grandes invasions. L'empire des Huns s'etendit des steppes de l'Asie centrale jusqu'ä l'actuelle Allemagne et du Danube jusqu'ä la mer Baltique. Les grandes invasions. • La Gaule - trois grandes poussees successives des peuples barbares. - Au debut du siecle, un groupe de peuples - Vandales, Alains, Sueves - franchit le Rhin (406-407) et ravage toute la Gaule pour se diriger ensuite vers l'Espagne et l'Afrique du Nord ; - peu apres, entre 410 et 420, deux autres peuples entrent en Gaule et s'y installent avec le statut de « federes » : les Burgondes au nord des Alpes et les Visigots dans la region de Bordeaux-Toulouse. - Au milieu du siecle (451) se produit l'invasion eclair des Huns d'Attila qui provoque la mise en defense des villes • ainsi s'illustra sainte Genevieve ä Paris - et une sorte d'union sacree entre Gallo-Romains et Barbares : vaincu aux Champs Catalauniques, pres de Chälons-sur-Marne, Attila ne reparut jamais en Gaule. Les Huns ä la bataille de Chalons. Illustration de A. De Neuville (1836-1885) pour A Popular History of France From The Earliest Times Volume I of VI (P 135) • pendant tout le siěcle, Visigots et Burgondes étendent lentement leur domination au-delá du territoire qui leur avait été d'abord imparti, • tandis que de nouveaux peuples progressent á I'ouest du Rhin ; - il s'agit des Alamans dans la vallée moyenne du fleuve et - des Francs, en deux groupes : • Francs Rhénans ou Ripuaires autour de Cologne, • Francs Saliens autour de Tournai, dans I'actuelle Belgique. • En méme temps, la péninsule de l'Armorique voit arriver les premiers Bretons chassés de leur Tle (l'Angleterre actuelle) par d'autres peuples germaniques, les Angles et les Saxons. Les rovaumes barbares. • La geographie politique de la Gaule vers 476-480, (disparition de l'Empire en Occident et a la veille du regne de Clovis) - tres confuse, mais importante pour l'avenir. • Des blocs qui se formerent alors = toute l'histoire nationale et regionale de la France. - a part I'Armorique, qui, definitivement submergee par les Bretons au 6e siecle et devenue « Bretagne », allait vivre longtemps, en marge de la Gaule. - Au sud dominent • les Burgondes, de Bale et Constance jusqu'a Vienne sur le Rhone, et surtout • les Visigots, dont le « royaume de Toulouse », qui s'etend des Pyrenees a la Loire et a la Provence, est la grande puissance du moment. - Les uns et les autres se presentent en allies ou en heritiers de Rome ; - ils occupent les regions les plus riches, les plus urbanisees, les plus romanisees. - Vis-a-vis des populations locales soumises au regime de l'hospitalite[1], • leur grand handicap est d'ordre religieux ; » ils sont chretiens, certes, mais sous une forme heretique, l'arianisme : ils ont ainsi rencontre l'hostilite declaree de l'Eglise et de l'aristocratie gallo-romaine, pepiniere d'eveques. HI Hospitalite. Installation de Barbares sur les terres d'un grand proprietaire romain. -A cet ensemble meridional, on peut opposer la Gaule du Nord, • ou subsistent des generaux romains, dont le dernier, Syagrius, se fixe a Soissons. • Moins riche, moins urbanisee, moins romanisee, cette region subit la pression des Francs et des Alamans, beaucoup moins sensibles que les Visigots et les Burgondes a l'influence romaine : - ils ont fait definitivement reculer la frontiere linguistique de 50 a 100 kilometres a l'ouest du Rhin. Ils sont, de surcrott, paiens. -Or, en une generation, le royaume des Francs Saliens allait se substituer a celui des Visigots comme principale puissance en Gaule et transporter dans la moitie nord du territoire les centres du pouvoir, qui etaient restes jusque-la proches de la Mediterranee. Les Merovingiens (6e-7e siecle) • L'auteur de ce retournement est le premier roi de l'histoire nationale : Clovis (481-511). - La rarete des sources, leur caractere tardif et souvent hagiographique - la principale source etant L'Histoire des Francs ecrite par l'eveque Gregoire de Tours plus de soixante ans apres la mort du roi - rendent tres difficile la comprehension des buts politiques reellement poursuivis par Clovis. Saint-Remy baptise Clovis le jour de noel 496 - Vitrail de l'Eglise Saint-Bonaventure, ä Lyon, France Clovis (481-511) • L'auteur de ce retournement est le premier roi de l'histoire nationale : Clovis (481-511). - La rarete des sources, leur caractere tardif et souvent hagiographique - la principale source etant L'Histoire Monnaieärefngie , Ä , . imaginaire de Clovis 1er. des Francs ecnte par l'eveque Gregoire de Tours plus de Piece de 1 Franc soixante ans apres la mort du roi • Il faut s'en tenir aux faits, qui se deroulent en deux grandes phases : - d'abord la victoire sur Syagrius ä Soissons en 486 et, - vers 496, celle sur les Alamans ä Tolbiac ; - ensuite, la victoire sur les Visigots ä Vouille, pres de Poitiers, en 507, suivie de l'effondrement du royaume de Toulouse, qui, bas Languedoc et Provence exceptes, passe sous le contröle de Clovis. La conversion de Clovis • Entre-temps s'etait produit l'evenement decisif qui explique le triomphe sur les Visigots ariens : la conversion de Clovis et son bapteme ä Reims, sans doute en 496. - Traditionnellement attribuee ä l'influence de la reine Clotilde et de l'eveque de Reims saint Remi, - la conversion du roi et de son peuple a eu des consequences immenses, - faisant des Francs Saliens, face aux autres Barbares, paTens ou heretiques, les champions du christianisme romain, - donc les allies des Gallo-Romains dejä convertis. Le bapteme de Clovis d'apres Gregoire de Tours Apres la victoire de Tolbiac sur les Alamans en 496: « Il [Clovis] raconta a la reine comment en invoquant le nom du Christ il avait merite d'obtenir la victoire. Ceci s'accomplit la quinzieme annee de son regne. « La reine fait alors venir en secret saint Remi, eveque de la ville de Reims, en le priant d'insinuer chez le roi la parole du salut. L'eveque, l'ayant fait venir en secret, commenca a lui insinuer qu'il devait croire au vrai Dieu, createur du ciel et de la terre, et abandonner les idoles qui ne peuvent lui etre utiles, ni a lui, ni aux autres. Mais ce dernier lui repliquait : " Je t'ai ecoute volontiers, tres saint pere, toutefois il reste une chose ; c'est que le peuple qui est sous mes ordres ne veut pas delaisser ses dieux ; mais je vais l'entretenir conformement a ta parole. " Il se rendit donc au milieu des siens et, avant meme qu'il eut pris la parole, la puissance de Dieu l'ayant devance, tout le peuple s'ecria en meme temps : " Les dieux mortels, nous les rejetons, pieux roi, et c'est le Dieu immortel que preche Remi que nous sommes prets a suivre. " Cette nouvelle est portee au prelat qui, rempli d'une grande joie, fit preparer la piscine [...] Ce fut le roi qui le premier demanda a etre baptise par le pontife. Il s'avance, nouveau Constantin, vers la piscine pour se guerir de la maladie d'une vieille lepre et pour effacer avec une eau fraiche de sales taches faites anciennement. Lorsqu'il y fut entre pour le bapteme, le saint de Dieu l'interpella d'une voix eloquente en ces termes : " Courbe doucement la tete, 6 Sicambre ; adore ce que tu as brule, brule ce que tu as adore... « Ainsi donc le roi, ayant confesse le Dieu tout-puissant dans sa Trinite, fut baptise au nom du Pere et du Fils et du Saint-Esprit et oint du saint chreme avec le signe de la croix du Christ. Plus de trois mille hommes de son armee furent egalement baptises.» Gregoire de Tours, Histoire des Francs, livre II, chap. xxx-xxxi (trad. R. Lalouche, Paris, Belles Lettres, 1963. p. 119-121). La victoire sur les Visigots, qui se replient alors en Espagne, est suivie de la reconnaissance de i'autorite de Clovis en Gaule par une ambassade venue de Constantinople. Dans ses dernieres annees, Ciovis realise i'unite de tous ies Francs en succedant au dernier roi des Francs Rhenans, a ieur tour convertis, et fixe a Paris, hors de ia zone primitive du peupiement franc, sa residence principaie et ie iieu de sa sepuiture. La conquete devait etre achevee par ses fiis, qui triomphent du royaume burgonde en 532-534 et s'emparent de la Provence en 536. L'unite de ia Gauie etait reconstituee au profit des Francs. Royaume des Francs au debut mS01^ SAX0NS du regne de Clovis + v conquetes de Clovis jusqu'en 507 v conquetes de Clovis apres 507 vfiTolbiac i - . caP1tales successes , (^^ologne # batailles Royaume des Francs * l 1 *-^oissonsjfc ^\ T^ves \ iParis Metz ^Armoriqu'e Royaume de Syagwis ALAMANS ; vouiiie^