PARLEMENT EUROPÉEN
2009 - 2014
{PETI}Commission des pétitions
2011/2106(INI)
{31/05/2011}31.5.2011
PROJET DE RAPPORT
sur le rapport annuel relatif aux activités du médiateur européen en 2010
(2011/2106(INI))
{PETI}Commission des pétitions
Rapporteure: Iliana Malinova Iotova
PR_INI_AnnOmbud
SOMMAIRE
Page
PROPOSITION DE RÉSOLUTION DU PARLEMENT EUROPÉEN....................................... 3
EXPOSÉ DES
MOTIFS.............................................................................................
................. 9
PROPOSITION DE RÉSOLUTION DU PARLEMENT EUROPÉEN
sur le rapport annuel relatif aux activités du médiateur européen en 2010
(2011/2106(INI))
Le Parlement européen,
– vu le rapport annuel relatif aux activités du médiateur européen en 2010,
– vu l'article 24, paragraphe 3, et l'article 228 du traité sur le fonctionnement de l'Union
européenne,
– vu les articles 41 et 43 de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne,
– vu sa résolution du 18 juin 2008 sur l'adoption d'une décision du Parlement européen modifiant
sa décision 94/262/CECA, CE, Euratom du 9 mars 1994 concernant le statut et les conditions
générales d'exercice des fonctions du médiateur[1],
– vu l'accord-cadre sur la coopération conclu entre le Parlement européen et le médiateur le 15
mars 2006, entré en vigueur le 1^er avril 2006,
– vu les dispositions d'exécution du statut du médiateur du 1^er janvier 2009[2],
– vu ses résolutions précédentes sur les activités du médiateur européen,
– vu l'article 205, paragraphe 2, deuxième et troisième phrases, de son règlement,
– vu le rapport de la commission des pétitions (A7‑0000/2011),
A. considérant que le rapport annuel relatif aux activités du médiateur européen en 2010 a été
officiellement présenté au président du Parlement européen le 10 mai 2011 et que le médiateur, M.
Nikiforos Diamandouros, a présenté son rapport à la commission des pétitions le 23 mai 2011 Ã
Bruxelles,
B. considérant que l'article 41 de la Charte des droits fondamentaux dispose que "toute personne
a le droit de voir ses affaires traitées impartialement, équitablement et dans un délai raisonnable
par les institutions et organes de l'Union",
C. considérant que l'article 43 de la Charte dispose que "tout citoyen ou toute citoyenne de
l'Union ou toute personne physique ou morale résidant ou ayant son siège statutaire dans un État
membre a le droit de saisir le médiateur de l'Union en cas de mauvaise administration dans l'action
des institutions ou organes communautaires, Ã l'exclusion de la Cour de justice et du Tribunal de
première instance dans l'exercice de leurs fonctions juridictionnelles",
D. considérant qu'il y a mauvaise administration lorsqu'un organe public n'agit pas en accord avec
les règles ou les principes qui s'imposent à lui,
E. considérant qu'il a élu le 20 janvier 2010, lors de sa séance plénière à Strasbourg,
M. Diamandouros pour un second mandat de médiateur européen et que celui-ci a prêté serment devant
la Cour de justice à Luxembourg le 25 octobre 2010,
F. considérant que, le 27 septembre 2010, l'institution du médiateur européen célébrait son
quinzième anniversaire; qu'en quinze ans, le médiateur a traité plus de 36 000 plaintes et mené Ã
terme plus de 3 800 enquêtes sur des allégations de mauvaise administration,
G. considérant que le médiateur a profité du quinzième anniversaire de l'institution pour lancer
une nouvelle stratégie pour son mandat 2009-2014; que cette stratégie vise à être à l’écoute des
parties prenantes, à obtenir des résultats plus rapidement, à avoir un impact positif sur la
culture administrative des institutions européennes, à fournir des informations opportunes et
utiles aux parties prenantes et au public, à constamment repenser l’utilisation des ressources,
H. considérant qu'en 2010, le médiateur a enregistré 2 667 plaintes; que, comparé à 2009, ce
nombre est en diminution de plus de 400 plaintes;
I. considérant que le médiateur a clôturé 326 enquêtes durant l’année 2010 (contre 318 en 2009),
dont 323 avait pour origine une plainte; que le délai moyen pour la clôture des enquêtes est passé
de treize mois en 2008 à neuf mois en 2009 et 2010; que la plupart des enquêtes sont achevées dans
l'année (66 %) et une bonne moitié (52 %) en moins de trois mois,
J. considérant que le médiateur peut ouvrir des enquêtes de sa propre initiative lorsqu'il
entend examiner un cas possible de mauvaise administration à la suite de plaintes irrecevables ou
s'il apparaît qu'il existe un problème systémique dans les institutions; qu'en 2010, le médiateur a
clôturé trois enquêtes d'initiative et qu'il en a ouvert six autres,
K. considérant que 65 % des enquêtes ouvertes en 2010 concernaient la Commission (contre 56 % en
2009), 10 % l'EPSO (c'est-à -dire l'office européen de sélection du personnel), 7 % le Parlement
européen, 2 % le Conseil et 1 % la Cour de justice de l’Union européenne,
L. considérant que, pour plus de la moitié des affaires clôturés en 2010 (55 %), l'institution
concernée a accepté une solution à l'amiable ou réglé le litige,
M. considérant que le médiateur peut émettre, le cas échéant, des remarques complémentaires en vue
d’améliorer, à l’avenir, la qualité de l’administration; qu'il la fait en 2010 au sujet de
14 affaires (contre 28 en 2009) dans l'espoir d'améliorer le service rendu aux citoyens,
N. considérant que le médiateur fait un commentaire critique lorsque il n'est plus possible pour
l'institution concernée d'éliminer le cas de mauvais administration qui lui est reproché, que la
mauvaise administration n'a pas d'implications générales ou que le médiateur ne juge pas nécessaire
d'exercer un suivi,
O. considérant qu'un commentaire critique confirme au plaignant que sa plainte est justifiée et
signale l'erreur à l'institution concernée, afin de l'aider à éliminer le cas de mauvaise
administration à l'avenir; que le nombre de commentaires critiques ne cesse de diminuer au fil des
années, passant de 44 en 2008 à 35 en 2009 et 33 en 2010,
P. considérant que le médiateur rédige un projet de recommandation dans les affaires qui exigent
de sa part une action de suivi, ou lorsqu'il est possible, pour l'institution concernée, d'éliminer
le cas de mauvaise administration qui lui est reproché ou bien encore lorsque le cas allégué se
révèle particulièrement préoccupant ou a des implications générales,
Q. considérant qu'en 2010, le médiateur a signalé des cas de mauvaise administration dans 12 % des
affaires (40 affaires); qu'il a obtenu une issue positive pour sept d'entre elles, en faisant
accepter des projets de recommandation,
R. considérant que le médiateur peut lui adresser un rapport spécial si une institution ou un
organe n'apporte pas de réponse satisfaisante à un projet de recommandation,
S. considérant qu'un rapport spécial constitue la dernière arme ou mesure importante que le
médiateur peut prendre lors du traitement d'une affaire, étant entendu que l'adoption d'une
résolution et l'exercice de ses compétences relèvent de l'appréciation politique du Parlement
européen lui-même,
T. considérant que le médiateur lui a présenté un rapport spécial en 2010,
1. approuve le rapport annuel pour l'année 2010 présenté par le médiateur européen; félicite
M. Diamandouros pour sa réélection de janvier 2010;
2. prend acte de la nouvelle stratégie que le médiateur a élaborée pour son mandat actuel et qui
constitue la base de ses initiatives et de ses actions; observe que cette stratégie comprend,
notamment, la poursuite du dialogue avec les plaignants, la société civile et les autres parties
prenantes, ainsi que la détermination des meilleures pratiques, en coopération et en consultation
avec ses homologues du réseau européen des médiateurs, afin de rendre les procédures de l'Union
plus justes et transparentes et d'encourager une culture de service dans les administrations des
institutions européennes;
3. tient le rôle du médiateur dans le renforcement de l'ouverture et de la responsabilité dans
les processus de décision et dans l'administration de l'Union européenne pour une contribution
essentielle à une Union dans laquelle les décisions "sont prises dans le plus grand respect
possible du principe d'ouverture et le plus près possible des citoyens", comme énoncé à l'article
premier, deuxième alinéa, du traité sur l'Union européenne;
4. rappelle que, le 27 septembre 2010, l'institution du médiateur européen célébrait son
quinzième anniversaire; observe que, durant ces quinze années, le médiateur a traité plus de
36 000 plaintes et joué un grand rôle en aidant les institutions européennes à se corriger et Ã
élever la qualité de leur administration;
5. constate que l'expérience de ces quinze années d'activité a donné à l'institution du médiateur
une bonne connaissance des travers de la mauvaise administration, des problèmes systémiques et des
faiblesses structurelles des institutions qui lui permet de guider les administrations pour éviter
la répétition d'erreurs et améliorer la qualité et la transparence de leurs travaux;
6. salue l'initiative du médiateur de publier régulièrement des études dans lesquelles il examine
si les institutions européennes donnent suite à ses commentaires critiques et autres remarques
complémentaires; observe qu'en 2009, le taux d'ensemble de réponse positive se montait à 81 % (94 %
pour les remarques complémentaires et 70 % pour les commentaires critiques); juge que l'évolution
est encourageante; estime néanmoins qu'il subsiste une marge d'amélioration, notamment quant au
taux de suivi des commentaires critiques; presse les institutions de coopérer avec le médiateur
afin d'améliorer leur taux de suivi;
7. se félicite des relations, généralement constructives, entre le médiateur et les autres
institutions et organes de l'Union; approuve le rôle que joue le médiateur comme mécanisme de
contrôle externe et source appréciable d'amélioration permanent de l'administration européenne;
8. félicite le médiateur pour le nouveau logo et l'identité visuelle de son institution, ainsi
que pour son rapport annuel "new-look"; le félicite aussi pour avoir accru la transparence de son
institution en publiant sur son site des informations sur les nouvelles enquêtes qu'il ouvre à la
suite de plaintes;
9. suggère qu'outre ceux de la Commission, des représentants de sa propre administration et de
celle du Conseil assistent à la réunion de sa commission des pétitions au cours de laquelle le
médiateur présente son rapport annuel, afin de pouvoir le commenter et participer au débat; demande
donc instamment à sa propre administration et à celle du Conseil d'être représentées dans les
prochaines réunions consacrées à la présentation et à la discussion du rapport annuel du médiateur;
10. observe que le médiateur a enregistré, en 2010, 2 667 plaintes déposées par des citoyens, des
entreprises, des associations, des organisations non gouvernementales ou des collectivités
publiques; constate que les chiffres montrent une diminution de plus de 400 plaintes pour celles
qui ne relèvent pas de son mandat;
11. admet que cette baisse du nombre de plaintes irrecevables peut être attribuée en partie au
guide interactif qui a été mis en place sur le site du médiateur en 2009 et qui, effectivement,
aide les plaignants directs à trouver l'organe le mieux à même de leur venir en aide;
12. a l'intention lui-même d'allouer des ressources à l'installation d'un site similaire pour sa
commission des pétitions, afin d'augmenter tant la transparence que la visibilité de l'institution,
dans le but de contribuer aussi à une réduction du nombre de pétitions irrecevables, tout en
guidant et conseillant les pétitionnaires et en accroissant, en même temps, l'efficience et
l'effectivité du dépôt de pétitions;
13. observe avec plaisir la poursuite de la baisse du nombre des commentaires critiques du
médiateur (33 en 2010, 35 en 2009, 44 en 2008 et 55 en 2007); y voit la preuve que les institutions
européenne joue un rôle anticipateur en réglant les plaintes;
14. constate que le délai moyen d'achèvement des enquêtes semble se stabiliser autour de neuf mois
en 2009 et 2010;
15. relève que 65 % des enquêtes ouvertes par le médiateur en 2010 concernaient la Commission (219
enquêtes); se déclare préoccupé par la forte hausse par rapport au chiffre de 56 % en 2009
(191 enquêtes);
16. prend acte de l'inquiétude du médiateur européen face au nombre relativement grand de réponses
insatisfaisantes de la Commission à ses commentaires critiques (10 sur 32 réponses); partage l'avis
du médiateur en ce qu'il y a encore beaucoup à faire pour persuader les fonctionnaires qu'adopter
une posture défensive vis-à -vis du médiateur est manquer une occasion pour leur institution et
risque de nuire à l'image de l'Union dans son ensemble; souligne que les citoyens européens, selon
la Charte des droits fondamentaux, ont droit à une bonne administration;
17. remarque qu'en 2010, l'allégation de loin la plus fréquente que le médiateur a eu à connaître
portait sur le défaut de transparence de l'administration de l'Union; constate que cette allégation
est présente dans 33 % de toutes les enquêtes closes et qu'elle comprend le refus d'informer et de
donner accès aux documents; partage la rancœur du médiateur devant le fait que le nombre de cas
d'opacité est resté constamment élevé ces dernières années;
18. prend acte qu'en 2010, le médiateur lui a présenté un rapport spécial, qui portait sur le refus
de la Commission de révéler des documents et de coopérer sans arrière-pensée avec le médiateur;
rappelle qu'il a adopté le rapport[3] de sa commission des pétitions sur ledit rapport spécial le
27 octobre 2010; rappelle aussi que, dans sa résolution, il exigeait de la Commission qu'elle lui
donne l'engagement qu'elle remplira son devoir de coopération loyale avec le médiateur européen Ã
l'avenir;
19. rappelle que le règlement (CE) n^o 1049/2001 sur l'accès aux documents des institutions[4] est
en vigueur depuis dix ans; convient avec le médiateur que les institutions bataillent encore contre
l'idée fondamentale du règlement, à savoir que l'ouverture doit être la règle et le secret
l'exception;
20. rappelle que la refonte dudit règlement est toujours en cours; déplore la lenteur de la
procédure de refonte; presse le Conseil et la Commission d'être davantage ouverts à l'idée de
donner, à lui-même comme aux citoyens européens, accès aux documents et à l'information;
21. encourage le médiateur à continuer d'insister sur le droit fondamental d'accès aux documents,
sur une culture de service du citoyen et sur une attitude anticipatrice des institutions, agences
et organes de l'Union en ce qui concerne la publication de leurs documents;
22. convient avec le médiateur qu'une déclaration brève des principes du service public
contribuerait à établir cette culture de service et améliorerait la confiance du public dans
l'administration et les institutions de l'Union; attend avec impatience la déclaration du médiateur
sur les principes du service public, Ã propos de laquelle celui-ci consulte actuellement ses
homologues nationaux et les autres parties;
23. charge son Président de transmettre la présente résolution et le rapport de la commission des
pétitions au Conseil, à la Commission, au médiateur européen, aux gouvernements et aux parlements
des États membres ainsi qu'à leurs médiateurs ou aux organes compétents similaires.
EXPOSÉ DES MOTIFS
Le 10 mai 2011, le médiateur européen transmettait son rapport annuel pour 2010 au président du
Parlement européen, Jerzy Buzek. Le 23 mai 2011, il le présentait lors d'une réunion de la
commission des pétitions, qui est compétente pour les relations avec cette institution.
M. Nikiforos Diamandouros, médiateur européen, a été élu pour un second mandat par le Parlement
européen en séance plénière à Strasbourg le 20 janvier 2010 et il a prêté officiellement serment
devant la Cour de justice de l'Union européenne à Luxembourg le 25 octobre 2010.
La base juridique du mandat du médiateur européen est l'article 228 du traité sur le fonctionnement
de l'Union européenne (traité FUE), qui habilite le médiateur européen à recevoir les plaintes
émanant de tout citoyen de l'Union concernant des cas de mauvaise administration dans l'action des
institutions de l'Union[5]. Le droit de se plaindre au médiateur européen est prévu par
l'article 24 du traité FUE et l'article 8 de la Charte des droits fondamentaux de l'Union
européenne. L'entrée en vigueur du traité de Lisbonne a étendu le mandat du médiateur aux possibles
cas de mauvaise administration dans le cadre de la politique étrangère et de sécurité commune,
laquelle comprend la politique de sécurité et de défense commune.
La définition de la mauvaise administration par le médiateur, qui est approuvée par le Parlement
européen et la Commission, est: "Il y a mauvaise administration lorsqu'un organe public n'agit pas
en accord avec les règles ou les principes qui s'imposent à lui." Elle implique, pour les
institutions, le respect de l'état de droit, des principes de bonne administration et des droits
fondamentaux. La Charte des droits fondamentaux, qui, à l'article 41, inscrit le droit à une bonne
administration parmi les droits fondamentaux, revêt un caractère contraignant pour l'administration
des institutions européennes.
Le 27 septembre 2010, l'institution du médiateur européen célébrait son quinzième anniversaire. En
quinze ans, le médiateur a traité plus de 36 000 plaintes et mené à terme plus de 3 800 enquêtes
sur une éventuelle mauvaise administration. Cette avalanche de plaintes a permis à l'institution
d'accumuler une expérience considérable qui lui a donné une bonne connaissance des travers de la
mauvaise administration, des problèmes systémiques et des faiblesses structurelles des institutions
de l'Union. C'est ce qui lui permet de redresser les torts et d'aider à élever la qualité des
administrations européennes, ainsi qu'à répandre les bonnes pratiques et les faire appliquer.
Le rapport annuel du médiateur pour 2010 arbore un nouveau look: en 2010, le médiateur comme le
réseau européen des médiateurs ont choisi un nouveau logo. Afin de refléter la nouvelle identité
visuelle de l'institution tout en faisant autant qu'il se peut meilleur usage des ressources, la
version relookée du rapport annuel du médiateur, fondée sur les réactions des lecteurs, ne contient
plus les traditionnelles entrées de l'Introduction puis du Résumé exécutif mais, désormais,
commence directement et séparément par une Synthèse dans laquelle le médiateur attire l'attention
sur les points forts du rapport de l'année.
Le médiateur a enregistré, en 2010, 2 667 plaintes déposées par des citoyens, des entreprises, des
associations, des organisations non gouvernementales ou des collectivités publiques (contre 3 098
en 2009) et il en a traité, en tout, 2 727. Sur ce total, 27 % (soit 744 plaintes) entraient dans
son mandat. Près de 58 % des plaintes reçues en 2010 ont été déposées par l'internet. Le médiateur
a clôturé 326 enquêtes sur plainte et ouvert douze enquêtes d'initiative.
Autant que possible, le médiateur s'efforce d'atteindre une issue positive en œuvrant à une
solution à l'amiable qui soit satisfaisante à la fois pour le plaignant et pour l'institution
concernée. En 2010, une solution à l'amiable a été trouvée dans 179 affaires. Lorsqu'une solution Ã
l'amiable n'est pas possible, le médiateur clôt l'affaire avec un commentaire critique ou bien
rédige un projet de recommandation.
Le médiateur fait un commentaire critique lorsqu'il n'est plus possible pour l'institution
concernée d'éliminer le cas de mauvaise administration qui lui est reproché, que la mauvaise
administration n'a pas d'implications générales ou que le médiateur ne juge pas nécessaire
d'exercer un suivi. Il fait de même s'il juge qu'un projet de recommandation n'aurait pas d'effet,
ou dans le cas où l'institution concernée par la mauvaise administration rejette un projet de
recommandation mais que l'importance de l'affaire ne justifie pas pour autant de présenter un
rapport spécial au Parlement européen. Un commentaire critique confirme néanmoins au plaignant que
sa plainte est justifiée et signale clairement à l'institution concernée en quoi elle a mal agi, de
sorte qu'elle puisse éviter la mauvaise administration à l'avenir. En 2010, le médiateur n'a fait
de commentaires critiques aux institutions que dans 33 affaires, contre 35 en 2009 et 44 en 2008.
Il estime encore que des progrès peuvent être faits.
Les remarques complémentaires, qui sont l'instrument que le médiateur utilise dans les cas où il
voit une occasion d'améliorer la qualité de l'administration, ne portent que sur 14 affaires
(contre 28 en 2009). Ces remarques ne sont pas destinées, de la part du médiateur, à critiquer
l'institution concernée mais à guider et conseiller l'institution sur la manière d'améliorer son
service.
Pour informer le public et assurer que les institutions tirent les leçons de leurs erreurs, le
médiateur publie chaque année sur son site une étude sur la manière dont les institutions suivent
ses commentaires ou ses remarques et invite les institutions à y répondre. Selon la dernière étude
qui porte sur l'année 2009, le taux d'ensemble de réponse positive se montait à 81 % (94 % pour les
remarques complémentaires et 70 % pour les commentaires critiques). Même si les chiffres sont
encourageants, il subsiste une marge d'amélioration, notamment quant au taux de suivi des
commentaires critiques.
En 2010, le médiateur a signalé des cas de mauvaise administration dans 12 % des affaires
(40 affaires). Il a obtenu une issue positive pour le plaignant dans sept d'entre elles, en faisant
accepter des projets de recommandation. En 2010, le médiateur a rédigé 16 projets de
recommandation.
Le médiateur rédige un projet de recommandation lorsqu'il est possible, pour l'institution
concernée, d'éliminer le cas de mauvaise administration qui lui est reproché ou lorsque la mauvaise
administration est grave ou a des implications générales. Selon le traité, l'institution concernée
est tenue de soumettre au médiateur dans un délai de trois mois un avis circonstancié sur son
projet de recommandation.
Si l'institution n'apporte pas une réponse satisfaisante au projet de recommandation, le médiateur
peut adresser un rapport spécial au Parlement européen. Un rapport spécial constitue la dernière
arme ou mesure importante que le médiateur peut prendre lors du traitement d'une affaire. Ensuite,
c'est au Parlement européen qu'il appartient de décider de la suite, comme, par exemple, d'adopter
une résolution. Les rapports spéciaux sont soumis à la commission des pétitions, qui est compétente
pour les relations avec le médiateur.
Le médiateur a soumis un rapport spécial au Parlement en 2010, après une enquête sur une plainte
concernant l'accès aux documents portant sur les émissions de CO[2] des voitures. Le rapport
spécial constate que la Commission a mis près de quinze mois à répondre à un projet de
recommandation, alors que le délai prévu par le traité est de trois mois. La Commission n'a pas non
plus exécuté une promesse qu'elle avait faite au médiateur. Ces négligences constituent un
manquement de la Commission à son devoir de coopération loyale avec le médiateur. La commission des
pétitions a rédigé un rapport[6] sur le rapport spécial du médiateur, qui a été adopté par la
plénière le 27 octobre 2010 (rapporteur: Chrysoula Paliadeli, vice-présidente).
Pour ce qui concerne le thème des plaintes, le rapport annuel du médiateur met en exergue l'accès
aux documents des institutions qui sous-tend grand nombre de plaintes. En 2010, 33 % des enquêtes
achevées portaient sur ce thème.
Les institutions sont tenues par le traité de mener leurs travaux aussi ouvertement que possible
afin de promouvoir la bonne gouvernance et d'assurer la participation de la société civile.
L'article 15, paragraphe 3, du traité FUE et l'article 41 de la Charte des droits fondamentaux
prévoient le droit d'avoir accès aux documents des institutions. Ce droit est mis en œuvre par le
règlement (CE) n^o 1049/2001.
Le médiateur s'est toujours voulu un défenseur valeureux du droit d'accès aux documents de l'Union
et il a apporté, à diverses occasions, une contribution importante au débat sur la révision dudit
règlement. En 2010, le médiateur a clôturé 22 enquêtes sur des plaintes concernant l'application du
règlement (CE) n^o 1049/2001. D'ailleurs, le rapport spécial soumis au Parlement en 2010 portait
aussi sur une affaire qui avait commencé par une plainte pour refus de communiquer un document.
Le médiateur a aussi le droit d'examiner le contenu des analyses et conclusions auxquelles parvient
la Commission quand elle enquête sur des plaintes pour infraction. Il peut, par exemple, vérifier
si elles sont raisonnables, convenablement motivées et exposées pleinement et clairement aux
plaignants.
Pour 70 % de toutes les affaires traitées en 2010, le médiateur était été en mesure d’aider le
plaignant soit en ouvrant une enquête, soit en transférant l’affaire à l'organe national ou
européen compétent, soit en indiquant au plaignant à qui d'autre s'adresser. Les plaintes qui ne
relèvent pas du mandat du médiateur européen sont, dans de nombreux cas, de la compétence d'un
médiateur national ou régional. En 2010, 1 435 plaintes relevaient ainsi de la compétence d’un
membre du réseau européen des médiateurs, dont la commission des pétitions est membre à part
entière. En 2010, le médiateur a transféré 145 plaintes à la commission des pétitions, tandis que
601 autres plaintes étaient transférées à la Commission (176 plaintes), ou à d'autres institutions
ou organes, dont le réseau de résolution des problèmes dans le marché intérieur.
Le rapport annuel pour 2010 attire l'attention sur la nouvelle stratégie que le médiateur et son
personnel ont élaborée pour son mandat 2009-2014. Les objectifs sont:
• d'être à l’écoute des parties prenantes en obtenant des retours d’information des plaignants
sur leurs expériences, en ayant des contacts plus larges et plus profonds avec les institutions
européennes et en déterminant les meilleures pratiques;
• d’obtenir des résultats plus rapidement en réduisant le temps nécessaire pour clore les
enquêtes et en développant des procédures simplifiées en vue de promouvoir une résolution rapide
des plaintes;
• d'avoir un impact positif sur la culture administrative des institutions européennes en
contribuant à l'amélioration des pratiques administratives et en se concentrant sur les questions
systémiques;
• de fournir des informations opportunes et utiles aux parties prenantes et au public en
communiquant mieux;
• de repenser l’utilisation des ressources en appliquant les normes les plus élevées
d’administration en interne.
L'institution du médiateur qui dispose actuellement d'un effectif de 64 postes (20 fonctionnaires
et 44 agents temporaires) et d'un budget d'environ 9 millions d'euros, aura recours à cette
stratégie nouvelle pour fonder et orienter son action qui vise à assurer que les citoyens européens
exercent pleinement leurs droits et à élever la qualité de l'administration de l'Union.
________________________________
[1] JO L 189 du 17.7.2008, p. 25.
[2] Dispositions adoptées le 8 juillet 2002 et modifiées par les décisions du médiateur du 5 avril
2004 et du 3 décembre 2008.
[3] Rapport sur le rapport spécial du médiateur européen faisant suite au projet de recommandation
du médiateur à la Commission européenne dans la plainte 676/2008RT. Rapporteur: Chrysoula Paliadeli
(P7_TA(2010)0436)..
[4] Règlement (CE) n° 1049/2001 du Parlement européen et du Conseil du 30 mai 2001 relatif Ã
l'accès du public aux documents du Parlement européen, du Conseil et de la Commission (JO L 145 du
31.5.2001, p. 43).
[5] Dans ce rapport, le terme "institution" couvre aussi les organes, agences et offices de
l'Union.
[6] Rapport sur le rapport spécial du médiateur européen faisant suite au projet de recommandation
du médiateur à la Commission européenne dans la plainte 676/2008RT (2010/2086(INI)). Textes
adoptés: A7-0293/2010.