DOCUMENT III.b. Les fortifications de César devant Alésia [...] César entreprit les travaux que voici [...] Il creusa (deux fossés larges de quinze pieds - 4,5 m) et chacun de profondeur égale ; il remplit le fossé intérieur, dans les parties qui étaient en plaine et basses, ďeau qu'il dériva de la rivire. Derrire ces fossés, il construisit un terrassement surmonté ďune palissade, dont la hauteur était de douze pieds [3,5 m] ; il compléta celle-ci par un parapet et des créneaux, et disposa la jonction de la terrasse et de la paroi de protection de grandes pices de bois fourchues qui, pointées vers ľennemi, devaient lui rendre ľescalade plus malaisée ; il éleva sur toute la périphérie de ľouvrage des tours distantes les unes des autres de quatre-vingts pieds [24 m]. [...] César pensa qu'il devait encore ajouter ces ouvrages, afin de pouvoir défendre la fortification avec de moindres effectifs. On coupa donc des troncs ďarbres ayant des branches trs fortes et ľextrémité de celles-ci fut dépouillée de son écorce et taillée en pointe ; puis on creusait des fossés continus profonds de cinq pieds [1,5 m]. On y enfonçait ces pieux, on les reliait entre eux par le bas, pour empcher qu'on pt les arracher, et on ne laissait dépasser que le branchage. Il y en avait cinq rangées, reliées ensemble et entrelacées : ceux qui s'engageaient dans cette zone s'empalaient la pointe acérée des pieux. On les avait surnommés les " cippes ". Devant eux, on creusait, en rangées obliques et formant quinconce, des trous profonds de trois pieds [0,9 m], qui allaient en se rétrécissant peu peu vers le bas. On y enfonçait des pieux lisses de la grosseur de la cuisse, dont ľextrémité supérieure avait été taillée en pointe et durcie au feu ; on ne les laissait dépasser du sol que de quatre doigts ; en outre, pour en assurer la solidité et la fixité, on comblait le fond des trous, sur une hauteur ďun pied [0,28 m], de terre qu'on foulait ; le reste était recouvert de branchages et de broussailles afin de cacher le pige. On en fit huit rangs, distants les uns des autres de trois pieds [0,9 m]. On les appelait " lis ", cause de leur ressemblance avec cette fleur. En avant de ces trous, des pieux longs ďun pied, dans lesquels s'enfonçait un crochet de fer, étaient entirement enfouis dans le sol ; on en semait partout et intervalles rapprochés : on leur donnait le nom ď" aiguillons ". Ces travaux achevés. César [...] fit, sur quatorze milles de tour [20,70 km], une fortification pareille celle-l, mais inversement orientée, contre les attaques du dehors. César, La Guérie des Gaules, VII, 72-75 (trad. L. A. Constans, Paris, Belles Lettres, 1964, p. 263-265). Le texte de César décrit en détail les travaux de la contrevallation face Alésia ; les trois dernires lignes font allusion la circonvallation tournée vers ľextérieur. Le site ďAlésia a donné lieu de nombreuses polémiques. Plusieurs localités en ont revendiqué ľattribution, en particulier Alaise 25 kilomtres de Besançon et AliseSainte-Reine en Bourgogne. Commencées ľinitiative de Napoléon III, les fouilles archéologiques ont permis ďétablir ľidentification ďAlise-Sainte-Reine avec Alésia ; elles ont sur de nombreux points confirmé les descriptions de César. Aussi est-il possible de reconstituer le systme défensif selon le croquis ci-dessous :