XXII.         La monarchie constitutionnelle au temps des notables

   

   

   Pendant un tiers de siecle, la France vit deux expériences de monarchie constitutionnelle.
   Apres la Restauration, la monarchie de Juillet consacre les conquetes libérales de 1789. La
   société est dominée par l'opposition entre le monde des notables et le peuple. L'économie se
   transforme `a partir de 1840.

   

   

   XXII.    La monarchie constitutionnelle au temps des notables. 1

   XXII.a.    La Restauration.. 2

   XXII.a.i.   Mise en place du régime.  2

   XXII.a.ii.  La vie politique sous la Restauration.  3

   XXII.b.    La monarchie de Juillet. 3

   XXII.b.i.   La révolution de 1830. 3

   XXII.b.ii.  Le regne de Louis-Philippe. 4

   XXII.c.    La société française sous la monarchie constitutionnelle. 6

   XXII.c.i.   Poids politique et social des élites.  6

   XXII.c.ii.  Les couches populaires. 6

   XXII.c.iii.     Romantisme et religion. 7

XXII.a.       La Restauration

  XXII.a.i.        Mise en place du régime.

   Louis XVIII octroie le 4 juin 1814 une Charte  constitutionnelle.  Le terme venait de l'Ancien
   Régime. Le préambule affirme que l'>> autorité tout entiere réside en France dans la personne
   du roi << et rejette la souveraineté du peuple. Mais, présentée comme une concession, la Charte
   reconnaît les conquetes politiques et sociales de la Révolution : égalité devant la loi,
   admissibilité de tous aux emplois civils et militaires, liberté individuelle, droit de
   propriété - la vente des biens nationaux n'est pas mise en cause. Certes, des limites sont
   apportées `a l'affirmation de la liberté de religion (la religion catholique est en effet
   >>religion de l'État<<), et de la liberté de la presse, qui doit se conformer aux lois qui
   répriment ses abus. Cependant, les fondements de la société libérale et bourgeoise issue de la
   Révolution ne sont pas touchés. Le compromis de 1814 exclut une restauration de la société
   d'Ancien  Régime.

   L'organisation des pouvoirs donne au roi le pouvoir exécutif, la nomination des ministres,
   l'initiative des lois. Deux assemblées discutent celles-ci : la Chambre des pairs, dont les
   membres sont nommés par le roi, et la Chambre des députés, élue selon un suffrage
   censitaire[1] ; les électeurs doivent payer une contribution directe de 300 francs ; pour etre
   éligible, il faut payer une contribution directe de 1 000 francs. Ainsi, la vie politique est
   réservée `a une minorité : moins de 90 000 Français vont pouvoir voter. Les ministres, choisis
   par le roi, n'ont pas de responsabilité politique devant les Chambres. Ce régime,
   représentatif et constitutionnel, n'est donc pas un régime parlementaire, ou le gouvernement
   mis en minorité est tenu de démissionner.

   Compromis entre >> les droits et les prérogatives de la couronne << et les aspirations
   libérales, les institutions issues de la Charte bénéficient, au départ, de la prudence
   politique de Louis XVIII. Frere de Louis XVI, le comte de Provence a pris le titre de Louis
   XVIII en 1795 `a la mort de l'orphelin du Temple. Il souhaite >> nationaliser la royauté et
   royaliser la nation <<. Mais, si la premiere Restauration, en 1814, s'est faite sans heurt, la
   seconde Restauration (apres l'exaspération des passions entraînée par les Cent-Jours, le
   retour au pouvoir de Napoléon suivi de la défaite de Waterloo) s'accompagne de violences. Dans
   le Sud-Est et le Sud-Ouest, des centaines de bonapartistes furent massacrés. Dans ce climat,
   ou les royalistes >> plus royalistes que le roi <<, les ultraroyalistes, souhaitent que soient
   condamnés les partisans des Cent-Jours, se font les élections. Elles désignent, `a la fin
   d'aout 1815, selon le mot de Louis XVIII, une >> Chambre introuvable <<. Le gouvernement fit
   voter des lois d'exception. Le maréchal Ney, héros des campagnes napoléoniennes, est condamné
   par la Chambre des pairs et fusillé le 7 décembre 1815. Les administrations sont >> épurées << :
   le mot entre alors dans le vocabulaire politique.

  XXII.a.ii.       La vie politique sous la Restauration.

   

   Louis XVIII appelle au pouvoir un ancien émigré, d'esprit modéré, le duc de Richelieu. Il
   souhaite, tout comme les Alliés, que la réaction ne s'étende pas. Le roi prend, le 5 septembre
   1816, l'ordonnance de dissolution de la Chambre >> introuvable <<. Les élections d'octobre 1816
   envoient une majorité de constitutionnels dont le chef de file est le comte Decazes, qui
   succede `a Richelieu en 1818. Mais, le 13 février 1820, l'assassinat du duc de Berry, héritier
   de la dynastie, emporte Decazes et met fin `a la tentative libérale ouverte par Louis XVIII.
   Apres un bref gouvernement Richelieu, les ultras viennent aux affaires avec le comte de
   Villele, que le comte d'Artois, frere de Louis XVIII, Charles X, conserve `a la tete du
   gouvernement, lorsqu'il monte sur le trône en septembre 1824. Le nouveau souverain est acquis
   `a la cause ultraroyaliste. La loi du double vote, qui fait voter deux fois le quart des
   électeurs, les plus imposés, assure l'élection d'une majorité ultra. Une loi sur la presse
   frappe les idées libérales : elle impose l'autorisation préalable, permet de rétablir la
   censure par ordonnance, renvoie les délits non devant le jury, mais en correctionnelle. Les
   conspirations, dues en 1821-1822 `a l'association secrete de la Charbonnerie, échouent. Le
   recours `a la force ne trouve pas grand écho. En revanche, l'opposition libérale dénonce avec
   succes l'influence de l'Église dans la politique, les menées du >> parti pretre << et la mise en
   question de l'oeuvre révolutionnaire par l'indemnisation des émigrés pour leurs propriétés
   vendues comme biens nationaux. La victoire de l'opposition aux élections de 1827 entraîne la
   démission de Villele, en janvier 1828. Le roi forme un gouvernement proche des modérés. Mais
   cette tentative de conciliation tourne court. Le 8 aout 1829, Charles X appelle un ultra, le
   prince Jules de Polignac, `a former le gouvernement. Lors de la rentrée parlementaire en mars
   1830, l'adresse[2], votée par 221 députés de l'opposition, constate l'absence de >> concours <<
   entre les vues politiques du gouvernement et les voeux du peuple. La Chambre est dissoute le
   16 mai. Le conflit est ouvert entre la souveraineté du roi et la souveraineté du peuple
   représenté par la Chambre.

   

XXII.b.       La monarchie de Juillet

  XXII.b.i.        La révolution de 1830

   Les élections renforcent l'opposition. Charles X, fort du succes de la prise d'Alger le 5
   juillet, promulgue le 25 juillet quatre ordonnances, comme l'y autorise l'article 14 de la
   Charte. Elles rétablissent l'autorisation préalable pour les journaux, elles excluent la
   patente du cens électoral, ce  qui revient `a exclure du droit de vote commerçants et
   industriels au profit des propriétaires fonciers. La Chambre est dissoute et de nouvelles
   élections fixées.

   Les journalistes, réunis par Thiers au bureau du National, appellent `a la résistance. A
   l'instigation des jeunes gens des sociétés secretes, étudiants, employés, ouvriers, notamment
   les typographes, dressent des barricades dans les quartiers de l'est de Paris. L'armée compte
   moins de 12 000 hommes, peu désireux de combattre le peuple, qui arbore le drapeau tricolore.
   Au terme de trois jours de combat, l'armée évacue Paris. Les journalistes du National et des
   hommes politiques libéraux avaient préconisé depuis des mois un changement de dynastie et
   l'appel au duc d'Orléans, le cousin du roi. A l'exemple de la révolution d'Angleterre de 1688,
   c'est >> changer les personnes sans changer les choses <<. Ce petit groupe impose sa solution.
   Le 30 juillet au matin, un manifeste rédigé par Thiers lance la candidature du duc d'Orléans,
   >> prince dévoué `a la cause de la Révolution [...], roi citoyen <<, acquis aux couleurs
   tricolores et `a la Charte.

   Le duc d'Orléans accepte des députés et des pairs la lieutenance générale du royaume. Le 31,
   il se rend `a l'hôtel de ville et paraît au balcon, embrassant La Fayette, enveloppé du
   drapeau tricolore. Le peuple l'acclame. Les orléanistes avaient escamoté la victoire
   républicaine. Charles X, retiré `a Rambouillet, crut sauver la dynastie en abdiquant en faveur
   de son petit-fils le duc de Bordeaux, Henri V, et en nommant le duc d'Orléans régent. Vaines
   décisions. Une colonne de gardes nationaux marche sur Rambouillet. Charles X ne veut pas
   lutter et gagne l'Angleterre. Le pays suit la révolution parisienne. Le 9 aout, Louis-Philippe
   I^er est proclamé >> roi des Français <<, apres avoir preté serment `a la Charte révisée par les
   Chambres.

   Le préambule de la Charte est supprimé, parce qu'il paraissait >> octroyer aux Français des
   droits qui leur appartiennent essentiellement <<. La religion catholique n'est plus religion de
   l'État, mais >> professée par la majorité des Français << : c'est le retour `a la formule du
   Concordat. La censure est abolie. >> La France reprend ses couleurs <<, tricolores. Peu de
   modifications sont apportées `a l'organisation des pouvoirs : les Chambres ont l'initiative
   des lois. La Chambre des députés élit son président. Le cens électoral est abaissé de 300 `a
   200 francs ; le cens d'éligibilité, de 1 000 `a 500 francs. L'âge pour etre électeur est
   abaissé de 30 `a 25 ans ; pour etre éligible, de 40 `a 30.

   La révolution de Juillet a une double signification, politique et sociale. Elle confirme la
   victoire de la souveraineté nationale sur le droit monarchique, la victoire de la bourgeoisie
   libérale sur l'aristocratie et le clergé. 1830 est bien l'aboutissement de 1789. Le régime
   s'appuie sur une milice bourgeoise : la garde nationale, ou servent, face aux émeutes, les
   hommes inscrits `a la contribution personnelle et qui peuvent acheter leur équipement.

  XXII.b.ii.      Le regne de Louis-Philippe

   Roi citoyen, roi bourgeois, qui participe des vertus et des défauts de la bourgeoisie de son
   temps, Louis-Philippe est un roi Bourbon, désireux d'affirmer son autorité personnelle face au
   pouvoir ministériel. Il ne parvient `a ses fins qu'`a partir de 1840. A ses débuts, le régime,
   dans l'effervescence née de la révolution, doit faire face `a l'agitation ouvriere, aux
   émeutes suscitées par les sociétés secretes républicaines frustrées de leur victoire, aux
   menées des légitimistes.

   Le nouveau régime va-t-il étendre les réformes libérales et soutenir les mouvements
   révolutionnaires qui venaient d'éclater en Europe ? C'est le voeu du ministere Laffitte et du
   >> parti du mouvement <<. Mais, le 13 mars 1832, Louis-Philippe appelle aux affaires le banquier
   Casimir Perier, qui définit un programme >> juste milieu << : >> Au-dedans l'ordre sans sacrifice
   pour la liberté, au-dehors la paix sans qu'il en coute rien `a l'honneur. << Casimir Perier,
   puis ses successeurs (le leader du >> parti de la résistance << est emporté par le choléra en
   avril 1832), triompherent des troubles sociaux, de la tentative de soulevement légitimiste
   animée par la duchesse de Berry, des sociétés secretes républicaines. La répression est rude,
   notamment en avril 1834, lorsque des barricades sont élevées dans le quartier de l'hôtel de
   ville, `a Paris, et que les soldats massacrent les habitants d'une maison, rue Transnonain,
   d'ou est parti un coup de feu. La loi de septembre 1835 sur la presse punit l'offense au roi,
   l'attaque contre le principe ou la forme du gouvernement.

   Les républicains renoncent `a l'action violente et prennent le nom de >> radicaux <<, emprunté
   `a l'Angleterre. Ils ne sont qu'une poignée `a la Chambre, autour de Ledru-Rollin.
   L'opposition légitimiste qui se place sur le terrain parlementaire est dirigée par Berryer,
   remarquable avocat et orateur. Une partie des légitimistes ajoute `a la revendication,
   traditionnelle, de la décentralisation, celle, démocratique, du suffrage universel.

   Dans le camp orléaniste, mais dans l'opposition, la gauche dynastique réclame un abaissement
   du cens et une politique extérieure active. Les chefs du parti de la résistance, le duc de
   Broglie, Thiers, Guizot, unis apres la mort de Casimir Perier, se divisent ensuite.
   Louis-Philippe n'en peut que mieux imposer sa volonté de gouvernement personnel face aux
   partisans du gouvernement parlementaire, issu de la majorité de la Chambre. D'octobre 1840 `a
   la fin du régime, Guizot est le principal ministre. Cet universitaire protestant, doctrinaire
   libéral aux vues de plus en plus conservatrices, gouverne en harmonie avec le roi. Il
   s'attache au développement de l'instruction primaire (document 1, p. 275), mais refuse tout
   élargissement du cens, répliquant : >> Enrichissez-vous par le travail et par l'épargne et vous
   deviendrez électeur. << Son hostilité `a la réforme du droit de suffrage contribue `a affaiblir
   les assises du régime. Sa politique extérieure de paix, fondée sur l'>> Entente cordiale << avec
   l'Angleterre, paraît une humiliation pour l'honneur national.

   

XXII.c.       La société française sous la monarchie constitutionnelle

  XXII.c.i.        Poids politique et social des élites.

   Au long des trente-trois ans de la monarchie constitutionnelle ont été fondées des pratiques
   durables de la vie parlementaire : reglement du fonctionnement des Assemblées, regles de
   l'établissement et du contrôle du budget par une loi de 1818, vote annuel de la loi de
   finances. La qualité des débats parlementaires, l'essor de la presse d'opinion, lieu et enjeu
   des luttes politiques, attestent de la vitalité de la vie politique du temps. Mais celle-ci ne
   concerne qu'une minorité : la France ne compte que -240 000 électeurs `a la fin du régime de
   Juillet, les journaux ont 200 000 abonnés. La France est entrée dans l'âge du libéralisme, non
   dans celui de la démocratie. Seuls les républicains aspirent au suffrage universel, fondement
   de la démocratie politique. Certains seulement revent d'une démocratie sociale bien éloignée
   des réalités du temps.

   La société de l'époque est en effet dominée par le contraste entre les élites et le peuple. Au
   sein des élites, l'aristocratie perd son rôle politique en 1830. Mais, bien souvent, les
   nobles légitimistes qui abandonnent le service de l'État se retirent sur leurs terres,
   fortifiant ainsi leur influence locale. La grande bourgeoisie tient une place croissante dans
   l'État et la société. Mais la banque et l'industrie sont loin d'etre déterminantes dans la
   promotion bourgeoise. La fonction publique, la propriété fonciere, source de considération et
   de revenu, comptent davantage. Cette France bourgeoise, soucieuse d'épargne et de prudence
   dans la gestion du patrimoine, n'est pas d'abord une France capitaliste. Elle souhaite
   disposer, selon la formule de Guizot, >> de liberté et de loisir << pour s'adonner `a la
   réflexion intellectuelle et participer aux affaires publiques.

  XXII.c.ii.       Les couches populaires

   La grande majorité des classes populaires est faite de paysans. Leur condition est tres
   variée, selon qu'il s'agit de propriétaires ou d'exploitants qui ont pu bénéficier des
   transferts de propriété de l'époque révolutionnaire, qui vendent une partie de leurs produits
   sur le marché, ou de tout petits paysans parcellaires et de journaliers. A la diversité
   sociale s'ajoute la diversité des situations régionales. La France rurale du premier 19^e
   siecle est encore tres proche de l'ancienne France. Les communications sont lentes, les
   valeurs et les idées des villes restent lointaines, les traditions folkloriques sont `a leur
   apogée, les parlers locaux restent en honneur.

   Le peuple des villes va du monde de la boutique et de l'artisanat, qui touche `a la
   bourgeoisie populaire, `a ces >> classes dangereuses << des faubourgs, population flottante,
   déracinée, prompte `a se joindre au moindre trouble, nouveaux >> Barbares << aux yeux de la
   bourgeoisie. Les ouvriers, les >> classes laborieuses << constituent un groupe hétérogene. A la
   veille de 1848 encore, les ouvriers de la grande industrie représentent environ le quart
   seulement de la main-d'oeuvre. La situation dominante est celle de l'ouvrier qui travaille
   dans une petite entreprise ; tel est le cas du bâtiment, l'industrie la plus importante dans
   le Paris du temps. Les ouvriers et ouvrieres du textile, qui travaillent `a domicile pour un
   négociant, connaissent la condition la plus misérable. Ce sont eux que décrivent en premier
   lieu les enquetes des philanthropes et observateurs sociaux. Ce sont eux dont les conditions
   de logement, les horaires de travail, les salaires sont les plus médiocres. Ce n'est pas dans
   ce milieu, mais dans l'aristocratie ouvriere des vieux métiers, qui a une véritable
   qualification, des traditions de culture, le gout de l'instruction, que s'affirment les
   militants d'un premier mouvement ouvrier, vite influencé par les idées républicaines et
   socialistes.

   Cette France encore traditionnelle connaît, `a partir de 1840, des mutations décisives.
   Cependant que se poursuit un certain essor démographique - la population est de 35 402 000
   habitants en 1846, pour 30 462 000 en 1821 -, la baisse du taux de natalité s'accompagne d'une
   lente baisse du taux de mortalité. La population française croît moins vite que celle du reste
   de l'Europe. L'industrie entre dans une phase d'expansion rapide `a la faveur du développement
   des chemins de fer et de la métallurgie, qui va se poursuivre jusque dans les années 1860.
   Mais, en 1848, la France n'exploite encore que 1 900 kilometres de voies ferrées, quand
   l'Angleterre en a 6450, la Prusse 3500.

  XXII.c.iii.     Romantisme et religion

   Face au rationalisme des Lumieres et aux valeurs dominantes de la bourgeoisie, s'affirment les
   révoltes romantiques. Poetes et écrivains, de Lamartine `a Hugo et de Musset `a Vigny,
   musiciens comme Berlioz, peintres comme Delacroix, ont en commun les memes idéaux : exaltation
   des forces du sentiment et de l'individu, culte du peuple, opprimé au-dehors, en Grece, en
   Pologne, en Italie, victime de l'égoisme des possédants en France meme. Dans la jeunesse des
   écoles, dans cette frange du peuple urbain qui participe aux aspirations et aux débats du
   temps, le romantisme trouve un large écho.

   Il est inséparable d'un retour au religieux, qui, apres les destructions révolutionnaires, se
   manifeste hors des Églises et au sein de celles-ci. C'est le cas chez les protestants avec le
   >> réveil << et chez les catholiques avec le mouvement mennaisien. Félicité de Lamennais, dans
   son Essai sur l'indifférence en matiere de religion, en 1819, invite l'Église de France `a
   regarder vers Rome, `a rompre avec la tradition gallicane, `a se libérer de la tutelle de
   l'État. Apres la révolution de 1830, dans le journal l'Avenir, il appelle `a la réconciliation
   de Dieu et de la liberté. Rome va bientôt condamner Lamennais, qui quitte l'Église, mais
   clercs ou laiques restés dans l'Église sont les artisans d'un renouveau du catholicisme qui
   porte ses fruits des années 1840 aux années 1860. Plus généralement, le climat de religiosité
   du temps est une des composantes de l'>> esprit de 1848 <<.

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   [1] Cens. Au Moyen Age, redevance annuelle, fixe et perpétuelle, en argent ou en nature, due
   pour une tenure au propriétaire foncier. Le paiement du cens. A l'époque contemporaine, le
   cens est le montant minimum des impôts directs permettant le droit de vote.

   [2] Adresse. Texte par lequel les députés, au début de la session parlementaire, expriment
   leur approbation ou leur critique vis-`a-vis du pouvoir exécutif.