XXIV. La République pqrlementaire et laiche (1870-1914) XXIV. RÉPUBLIQUE PARLEMENTAIRE ET LAICITE (1870-1914) Née de la revolution du 4 septembre 1870, la République triomphe des conservateurs monarchistes. Elle allie la démocratie politique, le regime parlementaire et la laícité. Avec la fin du siede s'affirme la montée du socialisme. XXIV.A. NAISSANCE DU REGIME....................................................................................................2 XXIV. a. i. La Commune.................................................................................................................2 XXIV. a. ii. La victoire des républicains.......................................................................................2 XXIV a. iii. La crise du 16 mai.....................................................................................................3 XXIV.B. LES RÉPUBLICAINS DE GOUVERNEMENT AU POUVOIR........................................................4 XXIV b. i. Les grandes lois républicaines......................................................................................4 XXIV b. ii. La crise boulangiste..................................................................................................5 XXIV.C. SOCIALISTES ET MODÉRÉS................................................................................................5 XXIV c. i. Les divers socialismes...................................................................................................5 XXIV c. ii. Le ralliement et les modérés......................................................................................6 XXIV.D. Le tournant de l'affaire Dreyfus.............................................................................6 XXIV.d.i. «L'Affaire»..................................................................................................................6 XXIVd. ii. La separation des Eglises et de l'Etat.........................................................................7 XXIV d. iii. La montée des perils..................................................................................................8 La Ilľ République naít en plein dráme. La guerre continue, menée par le gouvernement de la Defense nationale, compose des deputes républicains de Paris. A partir du 18 septembre, la capitale est investie et Gambetta quitte Paris en ballon pour aller animer la lutte eh province. Impuissant á débloquer Paris, craignant l'insurrection, le gouvernement, malgré Gambetta, signe l'armistice, le 28 Janvier 1871. Sous la pression de Bismarck, qui souhaite un veritable interlocuteur lors du traité de paix, les elections á l'Assemblée nationale ont lieu le 8 février 1871. La Campagne pour la paix des notables locaux conservateurs leur vaut un écrasant succés sur les républicains et surtout les gambettistes, partisans de la lutte á outrance. L'homme des « libertés nécessaires » et de ľopposition á la guerre, Thiers, alors au sommet de sa popularite, est élu « chef du pouvoir exécutif de la République ». II signe le 26 février, á Versailles, les préliminaires de paix ratifies par l'Assemblée le Ier mars. Le 10 mai, le traité de Francfort impose á la France le paiement ďune indemnité de 5 milliards de francs-or et surtout la perte de ľAlsace et ďune partie de la Lorraine avec Metz. Les provinces perdues vont hanter la conscience nationale francaise jusqu'á 1914. 1 XXIV. La Republique pqrlementaire et laiche (1870-1914) XXIV.a. Naissance du regime XXIV.a.i. La Commune. La question du regime reste pendante. Devant une Assemblée en majorite monarchiste, Thiers s'est engage á ne pas prendre parti sur le regime. La crainte d'une restauration, l'humiliation de la défaite, les misěres du siege, ľeffervescence révolutionnaire de la capitale depuis la fin de l'Empire, tels sont les aspects du malaise de Paris, dont les elections de février avaient montré les sentiments républicains. ĽAssemblée nationale s'installe á Versailles et non á Paris, supprime la solde des gardes nationaux et le moratoire des loyers : ces maladresses mettent le feu aux poudres. Le 18 mars, les erneutes éclatent á Montmartre. Thiers, instruit par ľexpérience de la monarchie de Juillet, préfěre quitter Paris pour Versailles, abandonnant la ville á l'insurrection. La Commune s'installe, affirmation de l'autonomie parisienne. Le Conseil general de la Commune est élu le 26 mars avec 50 % d'abstentions, mais la Commune n'a guěre le temps d'accomplir une ceuvre en profondeur car toutes ses energies sont absorbées par la guerre entre versaillais et communards (ou fédérés) qui commence en avril. Elle s'achéve de facon atroce par la « semaine sanglante » du 22 au 28 mai. De 20 000 á 35 000 insurgés sont executes sans jugement; le reste est condamné á ľexil ou á la deportation. Les communards sont issus du vieux Paris des metiers qualifies et de l'artisanat, pour leur majorite. lis représentent des courants trěs divers : patriotes décus, jacobins révolutionnaires, blanquistes, proudhoniens, socialistes de l'Internationale. Proche des sansculottes et des insurgés de 1848, dernier avatar des soulěvements parisiens venus de la Revolution francaise, la Commune est interprétée par Marx comme la premiere des revolutions futures. Mais l'essor du mouvement ouvrier n'en est pas moins brisé pour dix ans en France. La premiere consequence de la Commune est de démontrer qu'aucun regime autre que la Republique n'est tolerable pour la capitale et pour les grandes villes de province, Lyon, Marseille, Toulouse, qui ont connu elles aussi ďéphéměres Communes. XXIV.a.ii. La victoire des républicains. La restauration monarchiste parait impossible aprěs le refus du comte de Chambord, le prétendant legitimisté, d'adopter le drapeau tricolore reclame par les orléanistes. Divises, les monarchistes doivent continuer á s'en remettre á Thiers. La loi Rivet du 31 aoüt 1871 organise ses pouvoirs : il est á la fois chef du gouvernement et president de la République. II obtient ľévacuation du territoire par les Allemands děs 1873 grace á deux emprunts qui remportent un 2 XXIV. La Republique pqrlementaire et laiche (1870-1914) étonnant succěs et assurent le paiement anticipé de ľindemnité. Les républicains vont de succěs en succěs aux elections partielles et locales. La République s'est montrée conservatrice et pacifique, eile parait désormais le gage de la stabilitě. Par ses voyages en province, Gambetta contribue á diffuser une veritable pédagogie du suffrage universel, pour gagner les campagnes á la République. Mais, quand Thiers lui-méme prend parti en novembre 1872 pour la République, les monarchistes le contraignent á la demission (24 mai 1873). ĽAssemblée designe á la présidence de la République le maréchal de Mac-Mahon, de Sympathie legitimisté. Dirigé en fait par le due de Broglie, un orléaniste, le gouvernement adopte une politique ď« ordre moral », conservatrice, antirépublicaine et eléricale, qu'illustrent les pélerinages des deputes conservateurs á Lourdes ou á Paray-le-Monial (centres de la piété ultramontaine1), ľépuration de ľ administration et le renvoi de maires républicains. La restauration de la monarchie semble proche. Mais le comte de Chambord réaffirme ses principes intransigeants en octobre 1873 : la fusion avec les orléanistes est á nouveau impossible. La loi du septennat, solution ďattente, est votée pour permettre á Mac-Mahon de se prolonger au pouvoir. Les orléanistes cependant, inquiets ďune remontée bonapartiste, se rapprochent des républicains. Cette « conjonction des centres » permet le vote des « lois constitutionnelles » en février et juillet 1875. Un large pouvoir est accordé au president de la République, élu pour sept ans par l'Assemblée nationale (c'est-á-dire la reunion de la Chambre des deputes et du Senat) et rééligible ; il dispose de la plenitude du pouvoir exécutif et peut dissoudre la Chambre avec l'accord du Senat. II nomme les ministres. La Chambre des deputes, élue pour quatre ans au suffrage universel et au scrutin d'arrondissement, voit ses pouvoirs limités par le Senat, d'inspiration conservatrice. Elu par des colleges électoraux oú la France rurale est surreprésentée (chaque commune a un grand électeur), le Senat compte 300 membres, dont 75 sont « inamovibles », élus á vie par l'Assemblée nationale puis cooptés. Les monarchistes ne désespéraient pas que ces institutions aient un jour á leur téte un monarque constitutionnel. XXIV.a.iii. La erise du 16 mai. Les elections legislatives de 1876 donnent la majorite aux républicains, qui ľemportent notamment dans l'Est, le Sud-Est et la region parisienne. Mac-Mahon s'accommode ďabord de cette majorite, puis contraint á la démission le républicain modéré Jules Simon, le 16 mai 1877. Face á la Chambre, oú 363 deputes protestent solennellement contre la violation du regime 1 Gallicanisme. Doctrine defendant les liberies de l'Église catholique en France contre les pretentions de la papauté, qualifiées, par opposition, ďultramontanisme. 3 XXIV. La Republique pqrlementaire et laiche (1870-1914) parlementaire, Mac-Mahon use de son droit de dissolution. Aux elections ďoctobre, les républicains restent majoritaires, obligeant Mac-Mahon á « se soumettre », selon le mot de Gambetta. En janvier 1879, avec la conquéte du Senat et la demission de Mac-Mahon, remplacé par Jules Grévy, la République triomphait définitivement. Paris redevient capitale, le 14 juillet devient la féte nationale, et la Marseillaise l'hymne national. La vie politique de la IIIs République est profondément marquee par cette naissance difficile. La crise du 16 mai jette le discredit sur le droit de dissolution, qui n'est plus utilise. Les pouvoirs du president de la République s'en trouvent affaiblis. Cependant, ľinstabilité gouvernementale, due á l'absence de grands partis organises, ne conduit pas á affirmer ľautorité du president du Conseil. La permanence des hommes permet toutefois de mener á bien les grandes réformes républicaines en matiěre ďécole et de libertés. La revision constitutionnelle de 1884 supprime les 75 sénateurs inamovibles, modifie le regime electoral du Senat, affirme que « la forme républicaine du gouvernement ne peut faire l'objet d'une proposition de revision ». La République devient le « regime définitif » de la France. XXIV.b. Les républicains de gouvernement au pouvoir XXIV.b.i. Les grandes lois républicaines. Sortis vainqueurs de la crise, les républicains sont pourtant divisés. Aux républicains de gouvernement, qualifies ď« opportunistes », s'opposent les radicaux démocrates et jacobins qui, derriěre Clemenceau, revendiquent « la République démocratique et sociale » et un programme hardi : suppression du Senat, decentralisation administrative, impôt sur le revenu, separation des Eglises et de l'Etat. Ľélectorat des radicaux était encore en 1879 celui des quartiers ouvriers des grandes villes, mais il s'implante de plus en plus dans les regions rurales, « rouges » de longue date comme le nord du Massif central, ou venues du bonapartisme comme le Sud-Ouest et les Charentes. Les années 1881-1885 sont dominées par les républicains de gouvernement, les « opportunistes ». En quelques années, les idées républicaines s'incarnent dans une série de lois : en 1881, la liberté de reunion et la liberté de presse ; en 1884, la liberté d'association et la loi municipale. Ľceuvre républicaine se veut ceuvre d'unité, comme le montre la loi militaire de 1889, qui supprime le volontariat et les exemptions de service (« les cures sac au dos»). Ľinspiration profondément laique se manifeste dans la lutte contre les congregations (ľexpulsion des jésuites en 1880) et le rétablissement du divorce (1884). L'unité républicaine triomphe dans la mairie, lieu de « républicanisation du décor » (M. Agulhon), la caserne, mais 4 XXIV. La Republique pqrlementaire et laiche (1870-1914) surtout ľécole. L'esprit des lois scolaires républicaines est imprégné de foi dans la science et le progres, et de patriotisme. Sous l'influence de Jules Ferry, la loi sur la gratuité de ľenseignement primaire est votée en 1881, la loi sur I'obligation scolaire de six á treize ans et sur la laicité de ľenseignement public en 1882. Le personnel est laicise á partir de 1886. L'ceuvre de Ferry couronne une evolution séculaire. Elle n'apporte done pas ľécole á une France déjá majoritairement alphabétisée et acquise á Instruction, mais eile aide á gommer les inégalités entre France du Nord et France du Midi, entre instruction masculine et feminine. Ľécole est dotée de materiel, de manuels, de locaux plus décents et de maitres mieux formes grace au veritable code de I'enseignement primaire que forme ľensemble des lois scolaires tout au long des années1880. XXIV.b.ii. La crise boulangiste. Aprěs la chute de Ferry en 1885, la Republique connait une phase ďinstabilité qui culmine avec la crise boulangiste. La popularite du general Boulanger, ministře de la Guerre en 1887, républicain mais belliqueux, inquiěte le gouvernement, qui le met á la retraite. Boulanger peut alors conduire une carriěre politique triomphale par le jeu des elections partielles. Sa devise-» dissolution, Constituante, revision » - réunit les mécontents : radicaux, jacobins, nationalistes réclamant la revanche, monarchistes esperant la restauration, bonapartistes autoritaires. Né á gauche, le boulangisme, un temps, maintient ľéquivoque, mais glisse rapidement á droite. II marque l'apparition d'un nationalisme de droite antiparlementaire. Mais Boulanger ne sait pas exploiter son succěs et son mouvement reflue aprěs Janvier 1889. XXIV.c. Socialistes et modérés XXIV.c.i. Les divers socialismes. Une evolution profonde du paysage politique se produit au cours des années 1890. Le socialisme devient un grand mouvement par la conquéte de nombreuses mairies et ľentrée d'une cinquantaine de deputes á la Chambre aux elections de 1893. Les socialistes restent cependant divisés. Le Parti ouvrier francais de Jules Guesde, marxisté et révolutionnaire, gagne le nord de la France et supplante parfois le radicalisme dans le Midi. II se heurte á l'autonomie croissante du mouvement syndical, imprégné d'anarcho-syndicalisme, et á plusieurs autres groupes socialistes : les blanquistes du Comité central révolutionnaire, devenu le Parti socialiste révolutionnaire de Vaillant en 1898, revendiquent ľhéritage jacobin ; les « possibilistes » de la Federation des travailleurs socialistes créée en 1882 déclinent aprěs la crise 5 XXIV. La Republique pqrlementaire et laiche (1870-1914) boulangiste et la scission du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire de Jean Allemane en 1890, qui prône la lutte des classes, l'antimilitarisme et l'antiparlementarisme. Nombre de socialistes « indépendants »jouent un role important dans le mouvement : ainsi Millerand ou Jaurěs (document, p. 299). Déchiré entre ses tendances, hesitant entre marxisme et réformisme, le socialisme choisit, au moment du boulangisme comme lors de l'affaire Dreyfus, de s'allier á la gauche politique contre les adversaires irréconciliables de la République. Plusieurs socialistes s'engagent nettement sur la voie du réformisme : en 1896, le programme de Saint-Mandé d'Alexandre Millerand affirme que la conquéte du pouvoir se fera par voie electorate et parlementaire et répudie l'antimilitarisme. XXIV.c.ii. Le ralliement et les modérés. Les radicaux, assagis par la crise boulangiste et éclaboussés, pour certains, par le scandale financier de Panama en 1892, sont alors en retrait. Face á la menace socialiste, les républicains modérés, dénommés « progressistes », gouvernent. Ils bénéficient du ralliement des conservateurs modérés. Lancé par le toast du cardinal Lavigerie á la République en 1890 (le toast ď Alger) et par ľencyclique Au milieu des sollicitudes en 1892, le « ralliement » marque la reconnaissance par Rome de la volonte du suffrage universel. ĽÉglise de Léon XIII tient surtout á montrer qu'elle n'est liée á aucune forme de gouvernement. Le ralliement a suscité bien des resistances, á droite comme á gauche. H permet une conjonction des centres largement motivée par une preoccupation de defense sociale : la lutte contre ľimpôt sur le revenu, eher aux radicaux, et contre le socialisme. La vague ďattentats anarchistes de 1892-1893 entraine le vote de lois de repression, les « lois scélérates », qui visent aussi les socialistes. Tandis que les partis monarchistes sont voués au déclin á la suite du ralliement et de la politique ďapaisement - ľ« esprit nouveau » dont se réclament les républicains de gouvernement -, ces derniers glissent peu á peu vers le centre droit. La droite a beau soutenir Méline á la Chambre, la fracture entre droite et gauche reste pourtant entiére dans le pays. L'affaire Dreyfus le montre bientôt. XXIV.d. Le tournant de ľ affaire Dreyfus XXIV.d.i. «ĽAffaire». L'affaire Dreyfus n'est au depart qu'une affaire ďespionnage au ministére de la Guerre. Le capitaine ďétat-major Dreyfus, un juif alsacien, est accuse á tort d'avoir dérobé un bordereau et de ľavoir remis á ľattaché militaire allemand. II est condamné et déporté en 1894 vers la 6 XXIV. La Republique pqrlementaire et laiche (1870-1914) Guyane. L'affaire rebondit en 1897 quand le colonel Picquart acquiert la conviction que Dreyfus est innocent. Dans ľarticle « J'accuse » publié dans l'Aurore de Clemenceau, Emile Zola reclame la revision du proces. « ĽAffaire » déchaine les passions francaises et divise profondément les esprits, entre dreyfusards et antidreyfusards. La presse joue un role preponderant. La droite conservatrice se fait nationaliste, militariste et antisemité, tandis que la gauche, démocratique, attachée aux droits de ľhomme, évolue vers le pacifisme, voire ľantimilitarisme. Enfin, les « intellectuels » prennent part au débat en tant que tels. A nouveau condamné en 1899, Dreyfus est gracié par le president Loubet. H dut attendre sept ans pour étre réhabilité (1906). ĽAffaire eut ďimportantes consequences politiques : eile entraina le passage á droite de la majorite des « progressistes » derriěre Méline ; mettant fin au gouvernement děs centres, eile rétablit ľopposition entre deux blocs. XXIV.d.ii. La separation des Églises et de ľ Etat. Waldeck-Rousseau, leader de la fraction des progressistes qui ne voulurent pas se couper de la gauche, president du Conseil de juin 1899 á 1902, mene une politique de « defense républicaine » contre le nationalisme et le cléricalisme. On prétait aux congregations et notamment aux congregations enseignantes, principal objet de suspicion de la part des républicains, une fabuleuse richesse (le « milliard des congregations »); on les accusait surtout ďélever la moitié de la jeunesse francaise dans ľhostilité aux principes républicains, et de dresser ainsi l'une contre ľautre «les deux jeunesses» irréconciliables. La loi sur les associations (1901) introduit la liberté des associations laiques non professionnelles (la loi de 1884 avait autorisé les associations professionnelles). Ainsi peuvent se constituer les premiers partis politiques, et, d'abord, le Parti républicain radical et radical-socialiste fonde en 1901. Mais les congregations doivent solliciter une autorisation et, soumises au contrôle étroit de l'Etat, peuvent étre dissoutes par décret. Sürs de ne pas obtenir ďautorisation, les jésuites repartent en exil. Le Bloc des gauches ľemporte de peu aux elections de 1902. Les radicaux s'installent au gouvernement avec le « petit pere Combes », radical farouchement anticlerical. II applique la loi sur les associations avec la plus grande rigueur, refusant systématiquement les demandes ďautorisation. La loi du 7 juillet 1904 interdit ľenseignement á toutes les congregations, méme autorisées. Le 30 juillet 1904, la France rompt ses relations diplomatiques avec le Vatican. La Campagne pour la separation des Églises et de l'Etat prend de l'ampleur. Le gouvernement Combes n'eut pas le temps ďaccomplir son programme. Combes dut demissionner en Janvier 1905 á la suite de l'affaire des Fiches (le cabinet du ministře de la Guerre utilisait des fiches de la franc-maconnerie sur l'attitude religieuse des officiers). La separation, désormais inevitable, 7 XXIV. La Republique pqrlementaire et laiche (1870-1914) est votée. Par la loi du 9 décembre 1905, la République ne reconnaít aucun culte, mais garantit le libre exercice de touš. Les biens ďEglise, aprěs la loi, doivent étre attribués á des associations cultuelles. Mais le climat de lutte anticléricale et l'opposition du Vatican empéchent l'application de cette mesure. Dans les regions ou l'influence politique de l'Eglise est grande, les inventaires des biens d'Eglise donnent Heu á de graves heurts entre fideles et forces de l'ordre. Ce n'est qu'en 1924 que furent formées des associations diocésaines dont Rome accepte alors la constitution. Ľanticléricalisme qui cimentait le Bloc perd sa principále raison d'etre. Les socialistes cessent, au reste, de soutenir le gouvernement et entrent dans l'opposition en 1905, tandis que se crée la SFIO (Section francaise de l'Internationale ouvriěre), dominée par Guesde et Jaurěs. Vainqueurs aux elections de 1906, les radicaux doivent faire face á des troubles sociaux croissants : revendication de la journée de huit heures, erneutes viticoles du Languedoc en 1907, grěves des cheminots. President du Conseil de 1906 á 1909, Clemenceau réprime énergiquement les troubles. XXIV.d.iii. La montée des perils. A partir de 1910, le poids croissant des perils extérieurs fait redouter la guerre. Le républicain modéré Raymond Poincaré, élu president de la République en 1913, incarne la fermeté patriotique. II entend procéder á une reorganisation militaire, en proposant l'allongement de deux á trois ans du service militaire. La loi des trois ans est votée en juillet 1913 par une majorite de centre et de droite. Contre cette loi se mobilise l'union des gauches, radicaux et socialistes, qui remporte les elections d'avril-mai 1914. Le nouveau gouvernement fait voter ľimpôt sur le revenu, mais la loi de trois ans est provisoirement maintenue, compte tenú de la situation internationale. 8