494 LES QUATKE VENTS de l'eSPRIT Et j'ecoutais voler sur ta tete les anges; Et je te regardais dormir; et sur tes langes J'effeuillais des jasmins et des oeillets sans bruit; Et je priais, veillant sur tes paupieres closes; Et mes yeux se mouillaient depleurs, songeantaux chosen Qui nous attendent dans la nuit. Un jour mon tour viendra de dormir; et ma couche, Faite d'ombre, sera si morne et si farouche Que je n'entendrai pas non plus chanter l'oiseau; Et la nuit sera noire; alors, 6 ma colombe, Lärmes, priere el fleurs, tu rendras ä ma tombe Ce que j'ai fait pour ton berceau. (Extrait des Quatre Vents de I'esprit.) 495 170. — ENTRÉE DANS L'EXIL J'ai fait en arrivant dans l'ile connaissance Avec un frais vallon plein d'ombre et d'innocence, Qui, comme moi, se plait au bord des flots profonds. Au méme rayon d'or tous deux nous nous chauffons ; J'ai tout de suite avec cette humble solitude Pris une familiěre et charmante habitude. Lá deux arbres, un fréne, un orme á l'air vivant, Se quereilent et font des gestes dans le vent Comme deux avocats qui parlent pour et contre; J'y vais causer un peu tous les jours, j'y rencontrl Mon ami le lézard, mon ami le moineau; Le roc m'nffre sa chaise et la source son eau; J'entends, quand je suis seul avec cette nature, Mon áme qui lui dit tout bas son aventure; Ces champs sont bonnes gens, et j'aime, en vérii. Leur douceur, et je crois qu'ils aiment ma iicrlc. (Extrait des Quatre Vents de i'etprit.) PROMENADES DAMS LES ROCHEBS 171. — PROMENADES DANS LES ROCHERS I Un tourbillon d'e'eume, au centre de la baie, Forme par de secrets et profonds entonnoirs, Se berce mollement sur l'onde qu'il egaie, Vasque immense d'albatre au milieu des flots noirs. Seigneur, que faites-vous de cette urne de neige? Qu'y versez-vous des l'aube et qu'en sort-il la nuit? La mer lui jette en vain sa vague qui l'assiege, Le nuage sa brume et 1'ouragan son bruit. L'orage avec son bruit, le flot avec sa fange, Passent; le tourbillon, venere du pecheur, Reparait, conservant, dans l'ablme ou tout change, Toujours la meme place et la meme blancheur. Le pecheur dit : « C'est la qu'en une onde benie, Les petits enfants morts, chaque nuit de Noel, Viennent blanchir leur aile au souffle humain ternie, Avant de s'envoler pour etre anges au ciel. »> Moi, je dis : « Dieu mit la cette coupe si pore, Itlanche en d<