916 BUFFÍ bard, loin des salons, de la mélée encyclopédique, au milieu de ses vassaux admiratiís, aM une patience de génie, il édifia son monument. Ce fut ďabord La Théorie de la Terre et L'lA toire naíurelle de ťhomme (1749), précédant Les Quadrupědes (1749-1767). L'Academie franca] s'empressa ďouvrir ses portes (1753), et Buff on, exaltant l'ordre, lui fit, dans son discours reception (1753), la théorie de son propre style (Cf. Extrait 1). Longuement, solennellemeni, les animaux comparaissaient devant Bufton pour s'entenol juger (Cf. Extrait 2) selon leur caractěre ou leur utilité pour 1'homme, ce roi de la nature dj la pare, la féconde (Cf. Extrait 3) et sait aussi la comprendre, observer ses forces et déméf ses lois. Puis vinrent Les Oiseaux (1770-1783), Les Minéraux (1783-1788) et, couronnant tout, les Ěpoques de la nature (1788), puissante et dramatique resurrection des « archives monde ii (Cf. Extrait 4). Buffon eut la bonne fortune de mourir avant la Bévolution, n'ayant ainsi connu que I'M gresse du travail et les satisfactions de la gloire, y compris celle d'etre créé comte et ďavi vivant sa statue. II avait eu raison de prévoir que « les fails et les découvertes s'enlevent ai, ment... Ces choses sont hors de 1'homme. Le style est 1'homme méme ». Fůt-il méme, sur ci tains points, le précurseur des naturalistes modernes, il ne serait plus qu'un nom, si son sty dans ses meilleures pages, n'eut soutenu sans effort la majesté de la nature. 917 1%PÄiXeTt1a meditation ; ses par icaf"* ies germes cie ses .•onnaissances sont les ge productions; ^f^^on travail, ''.ainS .&v? Pa? 1P contemplation aux s eleve par ui } j r6uiut, Writes les plus subbmes, su les enchalne, s rfflffi, « etablira 3 lUl.^.,--- nonuments immortels. C'est faute de plan, c'est pour 'avoir pas assez reflechi sur son objet2, u'un homme d'esprit3 se trouve em-liarrasse, et ne sait par ou commencer i ccrire 4. II apercoit a la fois un grand iKimbre d'idees ; et, comme il ne les a ui c.omparees, ni a DISGOURS DE RECEPTION A L'ACADEMIE FRANQAISE ou DISCOURS SUR LE STYLE (175S MfarMeßeif M. de Büffon ayant iH.~r~ ~ , de f Academie Franpifi a lapua i. n/r t'ArcHEVESQUE BE bEtfS , y vint analyse et extrait Messieurs. — Je ne saurais mieax mériter I'honneur que vous m'avez fait en m'appelar\ á vous, qu'en vous exposant quelques idées sur le style puisées dans vos ouvrages. La parole peut aisément émouvoir et entraíner. II f aut davantage pour toucher des lecteuA éclairés. « Le style n'est que l'ordre et le mouvement qu'on met dans ses pensées ». On con mence par trouver les idées essentielles et par delimiter son sujet. Puis un effort de meditation ľ organise et le ramene á ľ unite. 1. SAVOIR COMPOSER parees, ni subordonnees, rien ne determine a preferer les unes aux ml res ; il demeure done dans la per-ilcxite. Mais, lorsqu'il se sera fait un i'I:in, lorsqu'une fois il aura rassemble ■ i mis en ordre toutes les pensees essen-i "lies a son sujet, il s'apercevra aise-incnl de l'instant auquel il doit prendre In plume ; il senlira le point de matu-mIc de la production de 1'esprit 5 ; il ii i.i presse de la faire eclore ; il n'aura mh Hie i[ue du plaisir a ecrire ; les idees iireederont aisement, et le style sera n.il iirel et facile ; la chaleur naitra de i plaisir, se repandra partout, et don-imtii de la vie a chaque expression ; on nlus : le ton prendre fiance L _ . & prononpa le Difcours qui flat. M ESSIEURS, Vous rn'avés combiéďhonneurenm'apEellant roais ia gloire n'eíi: un bien qu'autanc qu'ón iíglic Sc je ne me períuade pas que quelques ' * nrnemen ä vous en eft digne. . eflais écnts lans art & fim aiitrcs ometnens eptéfencenticiiaiplen- „faprendrepkceparmilesMatoesc iesHomm« & dontks nomscé- deurlitteraire de la l'.ranee, c% u timnt encore avec eclat dans bbwd« niers neve«. Vous aví.«, M»sW ^ ^ Aij ^fe'enjettant les yeux fur moi; vousatí Fic. 747. Pour le commentaipe. — Buffon, dans le passage qui precede immediatement, critique le morcelle ment du style en songeant a VEsprit des lois. Les leconsde composition qu'il tire ici de lanature ' qu'il donne a ses contemporains n'ont pas perdu toute valeur d'actualite. Pourquoi les ouvrages de la nature sont-ils si parfaits ? C'est que chaque on vrage est un tout1, et qu'elle travaille sur un plan eternel2 dont elle ne s'ecartt jamais ; elle prepare en silence les germes de ses productions ; elle ebauche par] un acte unique la forme primitive de tout etre vivant ; elle la developpe, elle la perfectionne par un mouvement continu et dans un temps prescrit. L'ouvrage etonne3, mais c'est l'empreinte divine dont il porte les traits qui doit nous frapper. Toront de ¥™f\oĽ'ľ* i'era passer de ce que plus iom»_** k lummeux. himlcre 1. Un tout: Buffon est si penetre de cette idee que, voulant definir ce qu'est un monstre, il le deflnit comme « un etre auquel la nature n'a pas travaille selon un plan «. 2. Sur un plan eternel: c'est une idee neuve et forte de Buffon d'avoir degage les traits com-muns aux etres vivants. Mais, pour lui, ce plan part de l'anatomie humaine : « Ce plan, 6crit-il, bien saisi par 1'esprit humain, est un exemplaire fidele de la nature vivante et la vue la plus simple et la plus considerable sous laquelle on puisse la considerer ; et lorsqu'on veut l'etendre, et passer de ce qui vit a ce qui vegete, on voit ce plan, qui d'abord n'avait varie que par nuances, se deformer par degres des reptiles aux insectes, des insectes aux vers, des vers aux zoophytes, des zoophytes aux plantes et, quoique alters dans toutes ses parties extérieures, conservoí néanmoins le méme fond, le méme caractěro. dont les traits principaux sont la nutrition, la développement et la reproduction : traits génM raux et communs a toute substance organisée » traits éternels et divins, que le temps, loin d'effa^ cer ou de détruire, ne fait que renouveler et! rendre plus évidents ». (Nomenclature des singes, XIV, 28.) C'est le contraire des theories modernei qui remontent, par une complexité croissante, de l'amibe á l'homme. Mais pour Buffon 1'homme est au centre de tout. 3. Etonne: au sens fort et classique du mot. — Cf. Regle n° 1 : var quel cbarme ont-ih. trompe mes yeux? — 194 XVIIP uč ia viv. « . s'animera de plus en plus levera, les objets prendront l'augmentera, la portera 0 pius tum, .. n »a dire, et le style deviendra interessant et lumineux Uten n'est plus loin de ceue »^.w» style aisd et clair que les i llien écrire, c'est tout á la fois bien penser, bien sentir ......- *> nfnle au sujet. II s'eleve sponlanément quand on par los penible par fauxbrülantsäla Le ton n'est \ nul llf l mvenance du style au si des ,on»^^Tonttrouf^ ľ imagination. Plus tard, quand Iv'l'lHUe de tout ce ' ans les deux parties <[ui se presente trois de successifs-et rendue Pén"M^n, '"Bufton, l'excitation cere-6. Le sentiment: pour "UII0"'te ďemotion sen- brale se transforms ^Xtrľdľ c"e qui se passe sale. C'estJuste_tócontraweiae qU, cheľ eertalnes -^gST^t^ehent ä le commencent par ^ÄSÄo^^loindeBoUeau: ?- ÄS-foVmé, c"elä'dévient = un homme inieíligení. Cf. Pascal, Pensees, unie, V^,fÄ7ÄiiondeI'eSPri( ot de maturite de laprou^ pfodaiTe est , T a'derniére chose que 'ouv?Se est de savorr ce mien/ "» ,, maturite. que I'esprif doii Expression peu claire ce que I'on conCoit bien »™'í;7149.) énonce clairement. Art poétiq La grande ^ÄeÄrÄ nette et harmomeuse ^u™?«rivain ime certame 195 xviir