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Raoul, un beau soir, en entendant Marguerite chanter la jolie romance du colonel Henry d'Erville:
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L'averse, chère à la grenouille,
Parfume le bois rajeuni.
. . . Le bois, il est comme Nini.
Y sent bon quand y s'débarbouille.
Raoul dis-je, s'était juré que la divine Marguerite (diva Margarita) n'appartiendrait jamais à un autre homme qu'à lui-même.
Le ménage eût été le plus heureux de tous les ménages, sans le fichu caractère des deux conjoints.
Pour un oui, pour un non, crac! une assiette cassée, une gifle, un coup de pied dans le cul.
A ces bruits, Amour fuyait éploré, attendant, au coin du grand parc, l'heure toujours proche de la réconciliation.
Alors, des baisers sans nombre, des caresses sans fin, tendres et bien informées, des ardeurs d'enfer.
C'était à croire que ces deux cochons-là se disputaient pour s'offrir l'occasion de se raccommoder.
Chapitre II
Simple épisode qui, sans se rattacher directement à l'action, donnera à la clientèle une idée sur la façon de vivre de nos héros.
Amour en latin faict amor.
Or donc provient d'amour la mort
Et, par avant, soulcy qui mord,
Deuils, plours, pièges, forfaitz, remord . . .
(Blason d'amour.)
Un jour, pourtant, ce fut plus grave que d'habitude.
Un soir, plutôt.
Ils étaient allés au Théâtre d'Application, où l'on jouait, entre autres pièces, L'Infidèle, de M. de Porto-Riche.
Quand tu auras assez vu Grosclaude, grincha Raoul, tu me le diras.
Et toi, vitupéra Marguerite, quand tu connaîtras mademoiselle Moreno par 0201-001.gif, tu me passeras la lorgnette.
Inaugurée sur ce ton, la conversation ne pouvait se terminer que par les plus regrettables violences réciproques.
Dans le coupé qui les ramenait, Marguerite prit plaisir à gratter sur l'amour-propre de Raoul comme sur une vieille mandoline hors d'usage.

 
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