Tout comme elle Acte quatre 'ou-h COMjiiric g/la Tableau 8 Tableau 9 Devant moi, en silence, eile est lä, cette fille qui est ma fille, elle se laisse observer comme une douleur incon-solable. Elle ne parle pas, ne parlera pas, elle attend, une ancienne memoire peut-etre, un gout de lait qui se met ä surir dans la bouche, un lait suri tout ä coup crache au visage d'une femme sans nom. Elle attend, devant moi, captive/' Et j'attends avec elle, captive d'une violence qui croupit dans ses eaux, je cherche un geste,^ou une parole capable de me faire ressembler encore, pour un soir, ä cette femme ä laquelle je ne veux plus ressembler. Est-ce moi ? Est-ce ma mere? Ou sa mere avant elle ? J'attends, moi aussi, une memoire, ou le tableau que je ferais d'une femme sans visage qui cracherait, la bouche ouverte comme un volcan. 70 Mais on n'acheve pas la douleur. Elle colle á la paroi des branches comme une poussiěre, une suie fine, un reste, un amour depuis toujours perdu^ne demande trop grande á combler pour une seule femme!^Assise devant ma fille qui m'enfume en silence, je serre la tašse de mes mains usees, comme ma mere, autrefois, dans I'enfance, quand elle n'avait rien, presque rien á donner: un reste de the, un maigre sourire, ces petites consolations incapables de consoler^t aprěs tant de rěves et de voyages, me void au\euil d'une méme indigence, n'avoir rien, ou presque, á offrir. Que des mains usees.^'avoir rien, mais rester la, devant ma fille, ne pas me dérober. Me faire le receptacle de la douleur. mĚĚĚĚĚĚĚĚWĚ