Opéra acousmatique pour huit haut-parleurs AUCASSIN et NICOLETTE d’André DION D’après une Chantefable du XIIIe siècle I L’Anonyme (parlé) (Fougasse ; il doit jouer Si vous voulez entendre des coudes pour se faire De bons vers, entendre, Sur deux beaux tout jeunes gens Nicolette et Aucassin, castagner Doux est le chant Beau le récit Et courtois et bien mis Nul homme n’est si abattu, Si affligé ou malheureux, Ni atteint de maux si cruels Qu’il ne soit guéri En entendant cette histoire puis essoufflé Et ragaillardi de joie joyeux) Tant elle est douce. II L’Anonyme (parlé) (Explique au public) Le Comte Garin, de Beaucaire Vieux Frêle Fini son temps. Nul héritier Ni fils Ni fille Qu’un seul garçon (Faussement ingénu) Au visage pâle et allongé. Le Père (parlé-chanté) (Asthmatique, Fils, souffreteux, Prends donc les armes mystique, Monte à cheval colérique) Défends ton pays Aide tes sujets Aucassin (parlé-chanté) (Adolescent, empâté, Père, ailleurs, romantique, A quoi bon en parler plus ? en état de grâce) Que Dieu ne m’accorde rien De ce que je lui demande, (négation permanente) Quand je serai chevalier, Que je ne monte à cheval, Ni que j’aille au combat Ou bien à la bataille, Là où je frapperai des Chevaliers et les autres Moi, Si vous ne me donnez Nicolette Ma douce amie que j’aime tant. Le Père (parlé-chanté) (Crise d’asthme...) Fils, un peu hystérique Laisse-la tranquille cette Nicolette C’est une captive du Vicomte Qui fut ramenée d’une terre Etrangère De tout cela tu n’as que faire Aucassin (parlé-chanté) (Encore plus loin... Où y a-t-il dans l’ailleurs) A présent Si haut fief sur la Terre Si Nicolette Ma très douce amie Le possédait Qu’elle ne le méritât ? III La Mère (chanté) Allons, fou, que veux-tu faire ? Nicolette est gracieuse, et gaie, Mais fut enlevée à Carthage, Achetée par un Sarrasin ; Puisque tu veux prendre une épouse, Prends une femme de haut rang. Aucassin (chanté) Mère, je ne puis faire autrement, Nicolette est de bonne race ; Son gentil corps et son visage, Sa beauté soulagent mon cœur, Il est juste que j’aie son amour, Car celui-ci est par trop doux. IV Le Père (parlé-chanté) (Hystérie....) Seigneur Vicomte Ecartez donc votre Nicolette Que maudite soit la terre D’où elle fut amenée en ce pays ! Car à cause d’elle Je pers Aucassin Puisqu’il ne veut être chevalier Ni rien faire de ce qu’il devrait Et sachez bien que, si je la peux tenir Je la ferai brûler sur un bûcher. L’Anonyme (parlé) (A faible voix, Là, en une chambre voûtée pour ne pas se faire Ornée de fresques entendre du pouvoir) On fit placer Nicolette Au visage pâle et allongé En un étage elevé Et une vieille avec elle Pour lui tenir Compagnie et société, Et on y fit porter du pain De la viande et du vin Et tout ce qui leur était Nécessaire Puis on fait sceller la porte De façon qu’on n’y pût De nulle part entrer et sortir Sauf qu’il y avait une fenêtre de marbre Vers le jardin, très petite, D’où il leur venait un peu d’air. V Nicolette (chanté) Hélas ! Moi, Misérable captive Pourquoi suis-je mise en prison ? Aucassin, jeune seigneur, Je suis pourtant votre amie Et vous ne me haïssez point, C’est pour vous que je suis Mise en prison En cette chambre voûtée Où je mène une vie bien misérable ; Mais par Dieu, le fils de Marie, Je n’y serai pas longtemps Si je le peux. VI Aucassin (parlé-chanté) (Au bord des larmes) Seigneur Qu’avez-vous fait de Nicolette Ma très chère amie ? Me l’avez-vous ravie et enlevée ? Sachez bien que si j’en meurs, Vengeance vous en sera réclamée. Et ce sera bien justice. Car vous m’aurez tué de vos deux mains En m’enlevant l’être de ce monde Que j’aimais le plus. Le Seigneur (parlé-chanté) (Grivois, rires gras, Et que penseriez-vous avoir gagné vaguement complice) Si vous en aviez fait votre maîtresse Et mise dans votre lit ? Vous y auriez peu gagné Car tous les jours du monde Votre âme serait en Enfer, Car en Paradis vous n’entreriez plus. Aucassin (parlé-chanté) (Touché, colère) En Paradis, qu’en ai-je affaire ? Je ne cherche pas à y entrer Si j’ai Nicolette Ma très douce amie Que j’aime tant Car en Paradis Ne sont que telles gens Que je vais vous dire ; Y vont les vieux prêtres Et les vieux éclopés et les manchots Qui tout le jour et toute la nuit Se tiennent accroupis Devant les autels Et dans les vieilles cryptes, Ceux qui sont vêtus de vieilles pélerines râpées Et de vieux haillons Qui sont nus, sans souliers et sans chausses, Qui meurent de faim et de soif Et de froid et de misère ; Ceux-là vont en Paradis, Avec ceux-là je n’ai que faire. Mais en Enfer je veux aller, Car en Enfer vont les beaux étudiants Et les beaux chevaliers, Qui sont morts aux tournois Et dans les guerres magnifiques Et les vaillants hommes d’armes Et les nobles hommes ; C’est avec ceux-là que je veux aller ; Et y vont encore les belles dames Assez courtoises Pour avoir deux ou trois amants En plus de leurs maris ; Et y vont aussi l’or et l’argent, Les fourrures de vair et de petit gris, Et y vont encore les joueurs de harpe Et les jongleurs et les rois de ce monde ; C’est avec eux que je veux aller, Pourvu que j’aie Nicolette Ma très douce amie avec moi. VII Aucassin (chanté) Nicolette, beau maintien Belle démarche et belle allure Beau plaisir et doux parler Beaux ébats et beaux jeux Beaux baisers et belles étreintes Pour vous je suis si affligé Et si durement mené Que je ne crois pas m’en tirer vivant Ma sœur, Ma douce amie. VIII Le Père (parlé-chanté) (A l’agonie, extatique) Mon fils Prends donc les armes Monte à cheval Défends ta terre Aide tes hommes Et va au combat Même si tu n’y frappais les hommes Et les autres toi S’ils te voient parmi eux Ils défendraient mieux leurs biens Et leurs personnes et ta terre Et la mienne ; Tu es grand et si fort Que tu peux bien le faire Et faire le dois. Aucassin (parlé-chanté) (Ailleurs, amer) Père, pleurant Pourquoi en parlez-vous encore ? Que Dieu ne me donne plus rien De ce que je lui demande, Si je deviens chevalier Ou que je monte à cheval Ou aille au combat, Là où je frapperai des chevaliers Et ceux-ci moi Si vous ne me donnez Nicolette ma chère amie que j’aime tant. Le Père (parlé-chanté) (Au bord des larmes) Mon fils Cela ne peut être J’accepterais d’être dépossédé de tout Et que je perde tout ce que j’ai, Plutôt que tu l’aies Pour femme et épouse. Aucassin (parlé-chanté) Père, avancez-vous Je vous proposerai un bon accord. Le Père (parlé-chanté) Et quel, cher fils ? Aucassin (parlé-chanté) Je prendrai les armes J’irai au combat Sous telle condition que Si Dieu me ramène sain et sauf Vous me laisserez voir Nicolette, Ma chère amie, Assez longtemps pour que je lui aie dit Deux ou trois mots Et que je l’aie embrassée Une seule fois. Le Père (parlé-chanté) Je l’accorde. IX L’instrumentiste (sur la mélodie historique) Il demanda un équipement coûteux, Qu’on lui a préparé : Il revêt cotte à doubles mailles, Et laça son casque sur la tête, Ceignit l’épée au pommeau d’or pur Et monta sur son cheval, Et prend le bouclier et la lance, Il regarda ses deux pieds, Bien posés sur les étriers Et fut prodigieusement satisfait Il se souvient de son amie, Eperonna son cheval Qui s’élance avec ardeur : Il arrive tout droit à la porte En pleine bataille. X Aucassin (parlé-chanté) (Cauchemard) Ah ! mon Dieu, chère créature ! Ce sont mes ennemis mortels Qui ici m’emmènent Et qui déjà s’apprêtent A me couper la tête. Et après que j’aurai la tête coupée, Je ne parlerai jamais à Nicolette Ma chère amie que j’aime tant. Encore ai-je ici une bonne épée Et je suis juché sur un bon cheval, Bien reposé ; Si je me défends pour elle Que Dieu ne lui vienne en aide Si jamais elle m’aime encore. (Cris puissants et nombreux) (Violent, présent, fou, Père, voici votre ennemi bravache) Qui vous a tant fait la guerre Et tant causé de mal ; Il y a vingt ans déjà Que dure cette guerre, Qui ne put être achevée Par nul homme Le Père (parlé-chanté) (Colère de peur) Cher fils Vous deviez faire vos premières armes Et non pas rêver à telle folie. Aucassin (parlé-chanté) (Autoritaire) Père n’allez pas me sermonner Mais tenez-moi parole. Le Père (parlé-chanté) (Provocant) Ah bah ! Quelle parole, mon cher fils ? Aucassin (parlé-chanté) (Peu à peu Allons père, l’avez-vous oubliée ? retour à l’ailleurs...) Ne m’avez-vous pas permis Lorsque je pris les armes De voir Nicolette ma douce amie ? Le Père (parlé-chanté) (Asthmatique Moi, que Dieu ne m’aide jamais ... colérique Si je vous en tiens parole ... hystérique Et, si elle était ici, et souffreteux) Je la ferais brûler sur un bûcher Et vous-même pourriez tout craindre Pour vous. Aucassin (parlé-chanté) (Ailleurs) Est-ce cela votre dernier mot ? Le Père (parlé-chanté) (Fou) Avec l’aide de Dieu, oui. Aucassin (parlé-chanté) (Encore plus loin... Par Dieu je suis bien peiné aigri) De voir un homme de votre âge Se parjurer. Laisse XI L’Anonyme (parlé) (Ton de circonstance...) Lorsque le Comte Garin Voit maintenant Qu’il ne pourra séparer Aucassin son enfant De Nicolette Au visage brillant Il le jette en prison, En un caveau souterrain Qui était fait de granit dur. Aucassin (chanté) Nicolette, fleur de lis Chère amie au brillant visage Tu es plus douce que le raisin Ou que la tranche sucrée Dans la coupe de bois madré. L’autre jour je vis un pélerin Né dans le Limousin, Qui était atteint de folie Et gisait au fond d’un lit Il était très atteint, Malade d’un mal cruel Tu passas devant son lit Et soulevas ta traîne Et ta tunique fourrée d’hermine La chemise de lin blanc Au point qu’il aperçut ta fine jambe : Il fut guéri ce pelerin Et plein de santé comme jamais Il se leva de son lit Et retourna en son pays, Sain et sauf et tout à fait guéri. Chère amie, fleur de lis Nul ne vous pourrait haïr. Pour vous j’ai été en prison En ce caveau souterrain Où je vais vers une triste fin Car il m’y faudra mourir Pour vous, amie. XII Nicolette (parlé-chanté) (Folie Une nuit de Mai où j’étais dans mon lit rêve Je vis la lune luire clair par une fenêtre «agie par les choses» Et entendis le rossignol chanter dans le jardin, épanouïe) Et je me souvins d’Aucassin Mon ami que j’aimais tant. Je sentis que la vieille Qui était avec moi, dormait. Je me levai, revêtis une tunique de soie, Pris les draps de lit et des serviettes, Les nouai ensemble, en fis une corde Aussi longue que je pus Que j’attachai au pilier de la fenêtre ; Je me laissai glisser jusque dans le jardin, Pris mon vêtement d’une main par devant Et de l’autre par derrière, Me retroussant à cause de la rosée Que je voyais, abondante, sur l’herbe, Et m’en allai au bout du jardin. L’Anonyme (parlé) (Ressouuvenance émue) Elle avait les cheveux blonds et frisés, Les yeux vifs et riants, Le visage allongé, Le nez haut et régulier, Les lèvres fines Et plus vermeilles Que la cerise ou la rose en été, Les dents blanches et menues ; Ses deux petits seins Soulevaient son vêtement, Fermes et semblables A deux grosses noix ; Sa taille était si fine Que vous auriez pu l’entourer De vos deux mains ; Et les fleurs des marguerites Qu’elle brisait avec les orteils Et qui lui tombaient Par dessus le cou de pied Semblaient tout à fait noires A côté de ses pieds et de ses jambes Tant était entièrement blanche La fillette. Nicolette (parlé-chanté) J’arrivai au portillon, L’ouvris et m’en allai Dans les rues de Beaucaire Du côté de l’ombre Car la lune brillait très claire Je marchai tant Que j’arrivai à la tour Où se trouvait mon ami La tour était fendue En plusieurs places Et je me blottis Contre un des piliers Et, m’enveloppant de mon manteau, Glissai la tête dans une crevasse de la tour Qui était vieille et antique J’entendis Aucassin Qui pleurait à l’intérieur Et s’abandonnait au désespoir. Et lorsque je l’eus écouté un bon moment, Je coupai une mêche de mes cheveux Que je jetai à l’intérieur. XIII Nicolette (chanté) Aucassin, noble seigneur Valeureux jeune homme riche en terres A quoi sert-il de vous lamenter, De vous plaindre et de pleurer, Puisque jamais vous ne pourrez Vous unir à moi, Car votre père me hait Comme font tous vos parents ? A cause de vous je traverserai la mer Et irai dans un autre pays. XIV Aucassin (parlé-chanté) (Touché Belle, chère amie, Colérique Vous ne vous en irez point Impuissant) Car de la sorte vous me tueriez. Le premier qui vous verrait Et qui le pourrait, Vous prendrait ausitôt Et vous mettrait dans son lit Et ferait de vous sa maîtresse. Et après que vous auriez couché Dans un lit avec un homme, Sinon dans le mien, Ne croyez pas que j’attendrais Beaucoup pour trouver Un couteau dont je puisse Me frapper au cœur et me tuer Non vraiment, je n’attendrais pas tant Mais je m’élancerais d’aussi loin Que je verrais une muraille Ou un rocher dur Et j’y frapperais si fort ma tête Que j’en ferais sauter Les yeux et la cervelle. J’aimerais encore mieux Mourir de telle mort Que d’apprendre que vous ayez couché Dans un lit avec un homme Sinon dans le mien. Nicolette (parlé-chanté) (Implacable Ah ! Je ne crois pas que vous m’aimiez mais pas méchante) Autant que vous dites Mais je vous aime plus Que vous ne le faites de moi Aucassin (parlé-chanté) (Sûr de lui) Allons donc, belle, douce amie Il est impossible que vous m’aimiez Autant que je le fais de vous. La femme ne peut aimer L’homme autant que l’homme Aime la femme, Car l’amour de la femme Est dans son œil Et à l’extrémité de son sein Et au bout de l’orteil de son pied, Mais l’amour de l’homme Est planté au fond de son cœur D’où il ne peut sortir. L’Anonyme (parlé) (Grave, apeuré) Les gardes de la ville arrivaient Tout le long d’une rue. Ils avaient les épées nues Sous leurs manteaux amples, Parce que le Comte Garin Leur avait commandé Que, s’ils pouvaient la prendre, Ils la tuassent ; Et le guetteur qui était sur la tour Les vit venir et les entendit Parler de Nicolette Et menacer de la tuer. XV Le Guetteur (chanté) Jeune fille au noble cœur, Tu es distinguée et agréable de ta personne Les yeux clairs, le visage gai. Je le vois bien à ton aspect, Tu as parlé à celui qui t’aime Et qui pour toi se trouve mourant. Je te le dis et toi, Entends le bien Prends garde aux traîtres Qui par ici te cherchent, Leurs épées nues Sous leurs manteaux amples. Ils vont te menaçant gravement Et t’auront vite fait du mal Si maintenant tu n’y prends garde. XVI L’Anonyme (parlé) (En voyance) Elle se blottit dans son manteau (Catimini) En l’ombre du pilier Jusqu’à ce qu’ils fussent passés Puis elle prit congé d’Aucassin Et s’avança jusqu’à ce qu’elle parvint Au mur du château. Le mur était dégradé, Mais avait été pourvu d’un échafaudage Sur lequel elle monta Et fit tant qu’elle fut Entre le mur et le fossé. Elle regarda vers le bas Et vit le fossé très profond Et très escarpé Qui la remplit de frayeur. Nicolette (parlé-chanté) (Fébrile) Eh ! Dieu, chère créature ! Si je me laisse tomber, Je me romprai le cou Mais, si je reste ici, On me prendra demain Et on me brûlera sur un bûcher. J’aime encore mieux Mourir ici Plutôt que la populace Me regarde demain avec curiosité. L’Anonyme (parlé) (La Passion) Elle se signa le front, Se laissa glisser au bas du fossé Et quand elle arriva au fond Ses beaux pieds et ses belles mains Qui n’avaient pas l’habitude D’être ainsi blessés, Furent meurtris et écorchés Et le sang en jaillit En bien douze places, Et cependant elle ne sentit Ni mal ni douleur A cause de la grande peur qu’elle avait Et si elle eut de la peine à entrer, Elle en eut une plus grande pour sortir Elle pensa qu’il ne faisait pas Bon demeurer là Et trouva un pieu aiguisé Que ceux du dedans Avaient jeté pour défendre le château ; Elle fit un pas après l’autre Et monta tant avec grandes peines Qu’elle arriva au sommet. XVII Nicolette (chanté) Père, roi de majesté, Maintenant je ne sais de quel côté aller ! Si je vais dans la forêt épaisse, Les loups me dévoreront bientôt Et les lions et les sangliers, Qui y sont en abondance. Et si j’attends la clarté du jour Et qu’on me puisse trouver ici, Le bûcher sera allumé Dont mon corps sera embrasé ; J’aime beaucoup mieux encore Voir les loups me manger, Les lions et les sangliers, Que de retourner dans la ville : Je n’irai point. XVIII L’Anonyme (parlé) ("Inquiétante étrangeté") Elle marcha tant qu’elle atteignit la forêt Où elle n’osa pas s’enfoncer. Elle se blottit dans un épais buisson Et le sommeil la prit. Les petits bergers menaient leurs bêtes Entre forêt et rivière. Près d’une belle source, A l’orée de la forêt, Ils étendirent un large manteau Et mirent leur pain dessus. Nicolette (parlé-chanté) (Etat d’urgence Chers enfants pressentiment d’une Si vous connaissez Aucassin métamorphose intérieure) Le fils du Comte Garin de Beaucaire Dîtes-lui qu’il y a Une bête en cette forêt ; Qu’il lui donne la chasse, Et que s’il peut l’attraper Il n’en donnerait pas Un des membres pour cent marcs d’or Pas même pour cinq cents Ni pour aucune somme. La bête à telle vertu Qu’Aucassin sera guéri de sa maladie Prenez ces deniers et dîtes lui Qu’il lui faut aller à la chasse Dans les trois jours Que s’il ne la trouve dans ces trois jours Jamais il ne sera guéri de sa maladie. L’enfant (parlé-chanté) (Libre) Malheur à qui vous croit Vous êtes fée Et nous ne tenons pas à votre compagnie Allez votre chemin Mais ma foi, nous lui dirons Mais nous n’irons jamais le chercher. XIX Nicolette (chanté) Je me mis en route A travers la forêt feuillue Par un vieil et antique sentier J’arrivai à une étoile Où aboutissent sept chemins Qui s’en vont par le pays. Je pris des fleurs de lis, De l’herbe de la lande Et aussi des feuilles, Et j’en fis une belle hutte Par le Dieu de vérité, Je jure que si Aucassin Passe par là et par amour pour moi Ne s’y repose un peu Il ne sera jamais mon ami Ni moi son amie. XX L’Anonyme (parlé) (Expliquant au public) Le Comte Garin Fit relâcher Aucassin Et organisa une fête magnifique Si quelqu’un s’y amusait Aucassin, lui, n’en avait guère envie Puisqu’il n’y voyait rien De ce qu’il aimait. Un chevalier le regarda Vint à lui Et lui conseilla D’aller se distraire Là-bas dans la forêt. Il s’éloigne alors de la Salle, Descend l’escalier Arrive à l’écurie Où était son cheval, Lui fait mettre la selle et le frein Met le pied à l’étrier, Le monte et sort du château. Il alla jusqu’à la forêt, Chevaucha jusqu’à la source Où il trouva les petits bergers. XXI L’Enfant (chanté) Chers compagnons, Que Dieu assiste Aucassinet, Ma foi vraiment un beau jeune homme ; Et la jeune fille en corsage Qui avait les cheveux blonds Le visage brillant et l’œil vif, Qui nous donna des deniers, Avec lesquels nous acheterons Des gâteaux Des couteaux avec leurs gaines Des flûteaux et des cornets Des petites massues et des pipeaux Dieu la protège ! XXII Aucassin (parlé-chanté) (Etat d’urgence Chers enfants présent, violent, Répétez donc la chanson fou, bravache) Que vous venez de dire Et prenez dix sous que voici L’enfant (parlé-chanté) (Peur du prédateur...) Seigneur Nous étions ici tout à l’heure Quand survint une jeune fille La plus belle personne du monde, Au point que nous crûmes Que c’était une fée, Et tout ce bois en fut illuminé. Elle nous donna tant de sa bourse Que nous lui fîmes la promesse Si vous veniez par ici Que nous vous dirions D’aller à la chasse en cette forêt Qu’il y avait là une bête telle Que si vous pouviez la prendre Vous ne donneriez pas un de ses membres Pour tout l’or du monde Car la bête possède Telle vertu guérissante Que, si vous la pouvez prendre Vous serez guéri de votre maladie, Et qu’il vous faut l’avoir prise Dans les trois jours Et si vous ne l’avez pas prise Alors vous ne la verrez plus jamais Donc allez à sa poursuite Si vous voulez et si vous ne voulez pas Laissez-la, Car je m’en suis bien acquitté Envers elle. XXIII Aucassin (chanté) Nicolette Au corps gracieux C’est pour vous que je suis venu Dans cette forêt, Je n’y chasse ni le cerf, ni le sanglier, Mais ce sont vos traces que je suis Vos yeux clairs et votre gracieux corps Vos beaux sourires et vos douces paroles Ont blessé mon cœur à mort. S’il plait à Dieu Le père tout-puissant, Je vous reverrai encore Ma sœur, ma douce amie. XXIV L’Anonyme (parlé) (Expliquant au public) Ne croyez pas que Les ronces et les épines l’épargnent. Elles lui déchirent ses vêtements Au point qu’à peine Eût-on pu faire un nœud Avec ce qu’il en restait Et que le sang lui coulait Des bras, des flancs et des jambes En trente ou quarante endroits Au point qu’on eût pu Le suivre A la trace du sang Qui tombait sur l’herbe. Mais il pensait Tant à Nicolette Qu’il ne ressentait Ni mal ni douleur. Aucassin (parlé-chanté) (Voyance de lui-même) Le soir, je vis devant moi au milieu du chemin Un jeune homme Grand et extraordinairement Laid et hideux ; Il avait une grande tête poilue Plus noire que nielle Et avait plus d’une pleine paume Entre les deux yeux Et de grandes joues et un énorme Nez plat et de grandes et larges Narines et de grosses lèvres Plus rouges qu’une grillade Et de grandes dents jaunes et laides. Il était chaussé de jambières Et de souliers en cuir de bœuf Noués par des cordes en écorce de tilleul Jusqu’au-dessus du genou Et était enveloppé d’un large manteau Sans envers ni endroit Et il était appuyé Sur une longue massue. Aucassin (parlé-chanté) (Pleurant comme d’une Par la Grâce de Dieu, vieille blessure ravivée) Que fais-tu là ? Le Bouvier (parlé-chanté) (Ogre) Que vous importe ? Mais Si vous me dîtes Pourquoi vous pleurez Je vous dirai ce que je fais ici. Aucassin (parlé-chanté) (Doute) J’avais un lévrier blanc Le plus beau du monde Et je l’ai perdu Le Bouvier (parlé-chanté) Quoi ? Vous avez pleuré pour un sale cabot ? Malheur à qui jamais vous estimera ! Mais c’est moi qui doit me lamenter : Il y a trois jours Je perdis le meilleur De mes bœufs, Roger, Et je vais partout le cherchant Et ne mange ni ne bois Depuis trois jours passés Et je n’ose rentrer dans la ville Puisqu’on me jetterait en prison Car je n’ai pas de quoi le racheter J’avais une pauvre mère Qui n’avait plus qu’un Misérable matelas On le lui a retiré et Elle couche à même la paille. Son sort m’afflige Beaucoup plus que le mien. Aucassin (parlé-chanté) (Décision grave) Voilà vingt sous Que j’ai ici dans ma bourse Et rachètes-en ton bœuf. Le Bouvier (parlé-chanté) Seigneur, grand merci et Que Dieu vous fasse trouver Ce que vous cherchez. L’Anonyme (parlé) (Ressouvenances) Il s’éloigne de lui Et Aucassin chevauche. La nuit était belle et sereine Il erra tant qu’il parvint (Pertes de mémoire) ..... si n .............. (déchirures du manuscrit) Nicolette ....................... ........................................ Dehors et dedans (Egarement) Par-dessus et par devant, de fleurs, Si belle qu’elle ne pouvait L’être davantage. Quand Aucassin l’aperçut il s’arrêta tout à coup Et un rayon de lune Perçait dedans. Aucassin (parlé-chanté) (Physiquement Ici a été Nicolette, ma chère amie dans son ailleurs...) Et cela elle l’a fait de ses belles mains Pour sa douceur et pour son amour Je descendrai ici à présent Et je m’y reposerai le reste de la nuit. L’Anonyme (parlé) (Douloureusement Il mit le pied hors de l’étrier ému et en colère) Mais le cheval était grand et haut Il pensait tant à Nicolette Qu’il tomba sur une pierre Si durement qu’il se déboîta l’épaule De l’autre main il attacha Son cheval à un aubépin (Fiévreux) Et arriva à se coucher Sur le dos dans la hutte. Par un trou de la hutte Il vit les étoiles dans le ciel Et parmi elles une Plus brillante que les autres XXV Aucassin (chanté) Petite étoile, je te vois Que la lune attire vers elle Nicolette est avec toi Je crois que Dieu veut l’avoir Pour la lu................ de s......... ................................................. ................................................. ................................................. Au risque de tomber Que je fusse là-haut avec toi Je t’accolerais étroitement Même si j’étais fils de roi Vous seriez un beau parti pour moi Ma sœur, ma douce amie XXVI Anonyme (parlé) (Emu, malade Quand Nicolette entendit Aucassin obéïssant) Elle vint à lui. Lui tâtant l’épaule de tout côtés Elle trouva qu’il l’avait démise Elle la mania tant De ses blanches mains Qu’elle la remit en place. Ensuite elle cueillit des fleurs De l’herbe fraîche Des feuilles vertes Qu’elle appliqua dessus Avec un pan de sa chemise Et il fut tout à fait guéri. XXVII Nicolette (chanté) Aucassin, doux ami En quelle contrée irons-nous ? Aucassin (chanté) Chère amie Qu’en puis-je savoir Il ne m’importe où nous allons Dans la forêt ou sur la lande, Pourvu que je sois avec vous. XXVIII L’Anonyme (parlé) (Montée lyrique Ils passent les vallées vers le carnaval) Et les montagnes Et les villes et les bourgs, Au jour, ils arrivèrent à la mer Et descendent sur le sable Le long du rivage. Des marchands les prirent Sur leur bateau Mais lorsqu’ils furent en haute mer Une tempête s’éleva Effrayante et violente Qui les mena de terre en terre Si bien qu’ils arrivèrent Dans une terre étrangère Et entrèrent au port Du château De Torelore Où le roi était couché en mal d’enfant Et sa femme à l’armée, Y ayant mené Tous ceux du pays. XXIX Le Roi de Torelore (chanté) J’ai accouché d’un fils Quand mon mois sera accompli Et que je serai tout à fait guéri J’irai entendre la messe Comme fit mon aïeul Et mener avec ardeur Ma grande guerre Contre mes ennemis, Je ne l’abandonnerai pas. XXX L’Anonyme (parlé) (Actant, excité) Lorsqu’Aucassin entendit Le Roi parler ainsi Il prit tous les draps Qui étaient sur lui Et les lança à travers la chambre. Il aperçut derrière lui un bâton, Il le prit le brandit Et frappa et le battit si fort Qu’il aurait dû le tuer. Le Roi de Torelore (parlé-chanté) (Voix travestie de femme) Seigneur Qu’exigez-vous de moi ? Avez-vous perdu la raison Vous qui me battez chez moi ? Aucassin (parlé-chanté) (Violent, présent, Par le cœur de Dieu voulant affirmer sa virilité) Misérable fils de putain Je vous tuerai si vous ne jurez Que jamais plus homme de votre terre Ne se couchera en mal d’enfant Conduisez-moi maintenant là Où est votre femme et son armée. XXXI Les récitants (chanté) Aucassin s’est arrêté Appuyé sur sa selle Et se met à considérer Cette formidable bataille rangée Ils avaient apporté Beaucoup d’œufs et de fromages blancs Des pommes sauvages blettes Et des grands champignons Celui qui trouble le plus les guets Est proclamé vainqueur. Aucassin le vaillant, le noble Commence à les regarder Et se met à rire. XXXII Aucassin (parlé-chanté)(rire mi-hystérique, mi-libérateur) (Toujours bravache) Sire, Sont-ce là vos ennemis ? Le Roi (parlé-chanté) (Voix efféminée, riant) Oui, Seigneur. Aucassin (parlé-chanté) Et voudriez-vous Que je vous en venge ? Le Roi (parlé-chanté) Oui, avec plaisir. Aucassin (rires + cris de guerre) Cris puissants et nombreux HA ! HA ! HA ! Le Roi (parlé-chanté) (Voix d’homme très viril) Ah ! cher seigneur Ne les tuez pas de la sorte Aucassin (rires + cris de guerre) Eh ! Quoi ? Vous ne voulez donc pas Que je vous venge ? Le Roi (parlé-chanté) Seigneur, Vous en avez trop fait Ce n’est pas notre coutume Que nous nous entretuions Les uns les autres. XXXIII Nicolette (chanté) Sire Roi de Torelore Votre peuple me croit folle Lorsque mon doux ami Me tient dans ses bras Et qu’il me palpe, Dodue et de chair tendre, Alors je me sens en telle aise Que ni danse, ni farandole ou ronde, Harpe, violon ou viole Ni jeu de tric trac N’aurait de valeur. XXXIV L’Anonyme (parlé) (Simplifiant pour le public) Aucassin vivait au château de Torelore Avec son amie Nicolette, Coulant des jours Heureux et agréables Mais voilà qu’une flotte de Sarrasins Surgit de la mer, Ils donnèrent l’escalade au château Et le prirent d’assaut, Ils s’emparèrent de tous les biens Et emmenèrent des prisonniers Et des prisonnières : Ils prirent Nicolette et Aucassin A Aucassin lièrent les mains et les pieds Et le jettèrent dans une barque Et Nicolette dans une autre, Puis s’éleva sur mer Une tempête Qui les sépara. La barque où était Aucassin Dériva tant sur la mer Qu’elle arriva au château de Beaucaire Où son père et sa mère étaient morts. Quand ceux de Beaucaire Virent leur jeune seigneur, Tous devinrent ses sujets Et il gouverna En paix son pays XXXV Aucassin (chanté) Chère amie au visage brillant, A présent je ne sais plus Où vous chercher Mais Dieu ne fit de pays Où par terre ou par la mer Si je pensais t’y trouver, Que je ne t’y cherche. XXXVI L’Anonyme (parlé) (Coup de théâtre raconté) La barque qui emportait Nicolette Appartenait au roi de Carthage. Le voyage l’amena Sous les murs de la ville Et quand Nicolette les aperçut Elle reconnut qu’elle y avait été Elevée et ravie petite enfant Mais elle n’était pas si petite enfant Qu’elle ne sût bien Qu’elle avait été Fille du roi de Carthage Et qu’elle avait été Elevée dans cette cité. XXXVII Nicolette (chanté) C’est seulement pour mon malheur Que je fus de haute naissance En ce lieu me mènent des gens barbares. Aucassin, noble et honnête, Cher jeune homme plein d’honneur, Votre doux amour me presse Et m’appelle et me tourmente. Que Dieu le pur esprit m’accorde Que je vous serre encore dans mes bras Et que vous baisiez mon visage Et ma bouche et ma figure Jeune seigneur. XXXVIII L’Anonyme (parlé) (Sur le ton des dernières On voulait lui donner pour époux nouvelles, au public) Un roi païen Mais elle n’avait pas Envie de se marier Elle réflêchit par quelle ruse Elle pourrait retrouver Aucassin Elle demanda une vielle à archet Et apprit à en jouer Elle s’échappa de nuit Arriva au port sur la mer Et logea chez une pauvre femme Sur le rivage ; Elle prit une herbe Et s’en frotta la tête et le visage En sorte qu’elle fut toute noire Et privée de son éclat Elle se fit faire une tunique Un manteau, une chemise et une culotte Et se déguisa en jongleur Elle prit sa vielle à archet S’adressa à un marin Qui la mit en son bateau Ils tendirent leur voile Et naviguèrent tant en haute mer Qu’ils abordèrent au pays de Provence Et Nicolette sauta du bateau Prit sa vielle et s’en alla Jouant de la vielle par le pays Jusqu’à ce qu’elle arriva Au château de Beaucaire Là où était Aucassin. XXXIX Nicolette (chanté) (mélodie historique ?) Ecoutez-moi, nobles seigneurs Vous plaîrait-il d’entendre La chanson d’Aucassin, Un noble seigneur et de la vaillante Nicolette ? Leurs amours se poursuivirent Jusqu’à ce qu’il partît La chercher dans la forêt épaisse A Torelore dans le donjon Les païens vinrent les prendre un jour. D’Aucassin nous ne savons rien Mais Nicolette la vaillante Est à Carthage dans le donjon Car son père l’aime beaucoup Qui est seigneur de ce royaume On veut lui donner un mari Un traître roi de païens. Nicolette n’en a cure Car elle aime un jeune seigneur Qui s’appelle Aucassin. Elle jure Dieu et son saint nom Qu’elle ne se mariera point Si elle n’a celui qu’elle aime Et désire tant. XL Aucassin (parlé-chanté) (VoiX bien placée, Cher doux ami bien timbrée) Ne savez-vous rien de cette Nicolette Dont vous avez ici chanté l’histoire ? Nicolette (parlé-chanté) (Imitant Aucassin adolescent, Oui seigneur, empaté, ailleurs, romantique, Je la tiens pour la plus en état de grâce) Noble créature, la plus Distinguée et la plus Honnête qui jamais fut née. Aucassin (parlé-chanté) Ah ! cher doux ami Si vous vouliez retourner En ce pays-là et si vous lui disiez Qu’elle vienne me parler Je vous donnerais de mes biens Autant que vous en oseriez Demander ou prendre Et sachez que par amour pour elle Je ne voulus prendre femme De si grande maison fût-elle, Mais je l’attends et je n’aurai D’autre femme, sinon elle, Et si je savais où la trouver Je n’aurais plus à présent A la chercher. Nicolette (parlé-chanté) Seigneur, ne vous tourmentez pas Car, d’ici peu, je vous l’aurai Amenée en cette ville En sorte que vous la verrez. L’Anonyme (parlé) (Riant, puis grave, Elle s’éloigne de lui sans raison) Et dans la ville se dirige Vers la maison de sa marraine Car le Vicomte, son parrain, était mort. Elle se logea là Et parla à celle-ci Tant qu’elle comprit bien Que c’était la Nicolette Qu’elle avait élevée. Elle la fit laver Et baigner et reposer Pendant huit jours complets. Alors Nicolette prit une herbe Qu’on appelle éclaire S’en frotta et redevint Aussi belle qu’elle l’avait Jamais été. Elle s’habilla de riches étoffes Que la dame avait en abondance, S’assit dans la chambre Sur un coussin de soie, Appela la dame Et lui demanda d’aller Chercher Aucassin, son ami. La Dame (chanté) Aucassin, ne vous désolez plus Mais venez plutôt avec moi Et je vous montrerai l’être Que vous aimez le plus au monde C’est Nicolette, votre chère amie, Qui est venue vous chercher De lointaine contrée. XLI L’Anonyme (parlé) (Epique) Aucassin a suivi la dame Sans s’arrêter jusqu’à la maison Et ils sont entrés dans la chambre Là où Nicolette était assise Lorsqu’elle aperçoit son ami Elle fut joyeuse, comme jamais elle ne l’avait été, Et se leva pour aller à sa recontre Lorsqu’Aucassin l’aperçoit, Il lui tendit les deux bras Et l’y enlace tendrement Lui baisa les yeux et le visage. A la nuit, ils la quittèrent Jusqu’au lendemain matin Où Aucassin l’épousa Il la fit dame de Beaucaire Puis ils vécurent de longs jours Et s’abandonnèrent à leurs plaisirs. (Repart, Maintenant castagnant Aucassin est comblé jouant des coudes) Et Nicolette Aussi Notre chantefable Est finie Je ne puis En dire Plus.