272 lllIHI Content! de ľunité • C'est !a guerre! • La guerre au pays • Les femmes et ('effort de guerre Introduction Malgre les tensions qui subsistent entre ses princi-paux groupes ethniques, malgre les problemes lies ä l'industriali-sation et ä 1'urbanisation, et malgre sa relation parfois contrai-gnante avec la Grande-Bretagne, le Canada coule des jours relativement prosperes et tranquilles au debut du 20e siecle. Ce-pendant, un evenement de portee mondiale vient bientöt boule-verser le cours des evenements au pays. En 1914, la Premiere Guerre mondiale eclate, et le Canada s'engage ä y participer. Cette premiere contribution militaire de grande envergure presente des defis inedits pour le jeune Etat canadien et pour sa population. Elle donne egalement une nouvelle dimension aux problemes nationaux. Les rapports entre les Canadiens francais et les Cana-diens anglais, la relation entre le Canada et la Grande-Bretagne, la place de divers groupes dans la societe canadienne, voild autant de debats qui prendront un nouveau sens sous le coup du conflit mondial. m Quelle est la nature de la participation canadienne ä la Premiere Guerre mondiale? ■ Comment la guerre est-elle pergue et vecue par les Canadiens et les Canadiennes et quels grands changements provoque-t-elle dans la societe? la mitwei Le debut du 20e siécle laisse présager des lendemains heureux pour le Canada : sa population s'accroit de facon constante et son économie déborde de vitalite. ĽHistoire en décidera autrement. De ľautre côté de l'Atlantique, un réseau compliqué ďalliances et de rivaíités crée une situation explosive qui dégénére en conflit armé lorsqu'un incident diplomatique vient mettre le feu aux poudres. C'est la Premiére Guerre mondiale, dont les échos retentiront jusque dans les plus lointaines campagnes canadiennes. Les origknes de ia brande duerre La guerre qui s'amorce tire ses origines de la rivalite croissante entre les principaux pays d'Europe en matiere de commerce, et du choc de leurs ambitions imperialistes. Les pays qui ont realise plus tardivement leur unification, principalement l'Allemagne et l'lta-lie, cherchent d rattraper les pays plus anciens, notamment la France et la Grande-Bretagne, sur les plans de la puissance militaire et de l'expansion coloniale. Plus immediatement, le conflit est Le Canada et la Premiere Guerre mondiale, 1914-1918 273 declenche par l'assassinot de 1'archiduc Francois-Ferdinand d'Autriche-Hongrie, commis par un jeune Serbe ä Sarajevo en juin 1914. En represailles, l'Empire austro-hongrois declare la guerre d la Serbie. En vertu des alliances et des ententes qui les lient, les principaux pays europeens sont tenus de se prefer une assistance mutuelle pour assurer leur protection. Par consequent, la guerre entre la Serbie et l'Autriche-Hongrie entraine aussi 1'entree en guerre de la Russie dans le camp des Serbes et de I'Allemagne dans le camp austro-hongrois, puis celle de la France et de la Grande-Bretagne aux cotes des Russes. C'est ainsi que les Canadiens et les Canadien-nes sont plonges dans ce conflit qui va durer plus de quatre ans et au cours duquel le Canada s'affirmera comme une puissance economique et militaire, mais au prix de grands sacrifices. Uentree en guerre du Canada Le Canada est brusquement tire de sa quietude en aoüt 1914, quand la Grande-Bretagne declare la guerre a I'Allemagne. Cons-titutionnellement, le Canada entre en guerre du seul fait de la declaration britannique. En effet, la decision de la Grande-Bretagne engage egalement ses dominions, qui lui sont encore lies dans le domaine des relations exterieures. Par contre, le Canada n'est pas tehu de fournir des soldats a la Grande-Bretagne pour combattre sur les champs de bataille europeens. Les politiciens canadiens, le premier ministre Robert Borden en tete, s'empressent tout de meme de confirmer au gouvernement britannique la pleine collaboration militaire du Canada en tant que membre de l'Empire. La grande majorite des Canadiens partage cet avis, estimant que la cause est juste et que, de toute facon, le conflit sera vite regie. Meme Laurier, chef de l'opposition, et le nationaliste quebe-cois Henri Bourassa appuient l'effort de guerre. Les diverses forces politiques au pays mettent done de cote leur differend sur la question de la defense de l'Empire, de sorte que le pays semble plus uni que jamais. Les preparatifs militaires Sitot la guerre declaree, le gouvernement canadien s'affaire a organiser l'effort de guerre. Parmi les premieres mesures en ce sens, le Parlement adopte la Loi sur les mesures de guerre, qui accorde au gouvernement des pouvoirs ex-traordinaires afin de garantir la securite et la defense du pays, et de faire respecter la loi et l'ordre ä l'interieur de ses frontieres. Le veritable defi pour le Canada, cependant, consiste ä mettre sur pied une force militaire digne de ce nom, lui qui ne compte que 3 000 hommes dans son armee reguliere, appuyes par quelque 60 000 miliciens peu entraines et mal equipes. Le gouvernement lance done un appel aux volontaires et cree le Corps expeditionnaire canadien, destine a se joindre rapidement aux combats en Europe. Le recrutement se deroule rondement: des octobre 1914, un premier contingent de 32 000 hommes s'embarque ä destination des camps d'entrainement en Grande-Bretagne avant d'etre envoye au front. 274 Vexperience canadienne, de 1914 á 1945 Le profil des recrues Les volontaires proviennent surtout du Canada anglais et pres de la moitie d'entre eux sont des immigrants de fraiche date, nes en Grande-Bretagne. De leur cote, les Canadiens francais s'enrolent en nombre limite. Parmi les recrues, on compte de nombreux Autochtones; plus du tiers des Amerin-diens d'dge militaire se portent volontaires. D'autres groupes sont toutefois moins bienvenus. Les Asiatiques et les Noirs en particulier sont souvent refuses par les officiers de recrutement. Les femmes, quant a elles, sont invitees d servir a titre d'infirmieres pour soigner les blesses. C'est Id leur seule possibilite d'etre actives au sein des forces armees. Fig. 5.4 Des anciens posent avec un groupe de soldats autochtones avant que ceux-ci s'embarquent pour I'Europe. Que révěle cette photo sur i'integration des Amérindšens dans la societě canadienne? L'effort militaire canadien Les fatts d'armes Á vrai dire, les soldats du Corps expédition-naire canadien forment un petit contingent parmi 1'ensemble des forces alliées. Néanmoins, ils participent a plusieurs affrontements majeurs, d'abord sous le commandement britannique, puis sous celui du Canada. Leur veritable initiation au combat survient á Ypres d l'hiver 1915, ou ils sont exposes a une nouvelle arme offensive mise au point par les Allemands : les gaz toxiques. Les Canadiens s'illustrent aussi a la bataille de la Somme en 1916, qui ren-force quelque peu les positions alliées mais qui se solde par la perte de 24 000 soldats canadiens morts ou blesses. Á la bataille de Vimy, en 1917, l'intervention militaire canadienne s'avere determinante. Cette offensive alliée, menée par le Corps expéditionnaire canadien, parvient d percer les lignes ennemies en capturant une position allemande qu'on disait imprenable (voir la figure 5.5). Le Canada et la Premiere Guerre mondiale, 1914-1918 275 Fig. 5.5 L'avance des troupes aliiees sur le front ouest lors de la Grande Guerre progresse lentement et au prix de lourdes pertes. Cette carte donne un apercu des principals zones ou les soldats canadiens ont combattu. La contribution humaine Au-dela des faits d'armes, les soldats canadiens subissent toute 1'horreur de la guerre. Tenailles par la faim et le froid, ils doivent affronter le carnage et l'angoisse des combats. Contraints de se refugier dans des tranchees humides, ils /ivent au milieu des bombardements incessants, des cadavres en putrefaction, de la boue, de la vermine... A la fin des combats, en lovembre 1918, environ 60 000 Canadiens ont perdu la vie sur les .hamps de bataille europeens. Le nombre des compatriotes blesses itteint 144 000, dont pres de la moitie seront marques a jamais par eurs blessures physiques, sans compter les sequelles psychologizes. En fin de compte, le Canada consent un effort de guerre onsiderable sur le plan humain au cours de la Premiere Guerre londiale. Plus de 600 000 Canadiens servent sous les drapeaux en mt que volontaires ou en tant que consents, ce qui est beaucoup our une population d'environ huit millions d'habitants. La gestion miutaire Durant les premieres annees de la guerre, gouvernement canadien ne participe pas avec les Britanniques a gestion du conflit. A l'instar des autres dominions, le Canada est pas consulte sur la strategie militaire ou les developpements x le terrain. Cependant, les politiciens canadiens demandent avoir voix au chapitre au fur et a mesure que la contribution nadienne prend de 1'ampleur. A partir de 1916, la Grande-etagne reconnait fmalement l'effort de guerre canadien. Dans i premier geste d'ouverture, elle invite le Canada et chacun des minions a se joindre au cabinet de guerre britannique pour 276 L'experience canadienne, de 1914 ä 1945 former un cabinet de guerre imperial. Puis eile nomme un Canadier!, Arthur Currie, ä la tete du Corps expeditionnaire canadien ä la suite de la victoire de Vimy en 1917. Par consequent, bien que coüteuse en vies humaines et en sacrifices pour les Canadiens et les Canadiennes, la guerre procure au pays une plus grande marge d'autonomie dans la conduite de ses affaires militaires. Eventuelle-ment, eile lui vaut meme d'etre considers sur un pied d'egalite avec la Grande-Bretagne au sein de l'Empire. Fig. 5.6 Des soldats canadiens se tancertt contre I'ennemi a Vimy, en France. Decris les conditions que les militaires dosvent affronter sur le champ de bataille. La guerre ne se deroule pas uniquement sur les champs de ba-taille, avec des soldats et des armes; elle se deroule aussi sur le front interieur. Pour appuyer les operations militaires menees en Europe, le gouvernement canadien doit mobiliser les ressources economi-ques et humaines du pays, ce qui amene tous les citoyens et les citoyennes a s'engager a divers degres dans reffort de guerre. A la longue, cependant, la participation a reffort de guerre entraine des difficultes pour le pays, tant du point de vue economique et social que du point de vue politique. la balailh sur le front economique Augmenter la production Pour mener le combat contre I'ennemi, il faut des vivres et des munitions en grande quantite. La guerre suscite done dans un premier temps l'expansion de l'activite economique canadienne. Les agriculteurs produisent davantage, en particulier du ble, pour repondre aux enormes besoins ali-mentaires des forces alliees et de l'Europe ravagee. De plus, les Le Canada et la Premiere Guerre mondiak, 1914-1918 277 industries se lancent a fond de train dans la fabrication de materiel de guerre. Plusieurs manufactures sont transformees en usines d'ar-mements et de nouvelles sont construites a cette fin. Les grandes entreprises se mettent a produire des armes et des munitions a profusion. L'expansion rapide du secteur manufacturier stimule sexploitation et la transformation des ressources minieres. Pour la premiere fois, la production industrielle du pays depasse celle de l'agriculture. L'acheminement des ravitaillements en vivres et en materiel vers l'Europe de meme que l'envoi des convois de soldats favorisent la croissance du secteur des transports, et les ports de Quebec et de Halifax bourdonnent d'activite. Fig. 5.7 Le 6 decembre 1917, le navire beige Imo entre en collision avec !e Mont Blanc, un navire francais charge de munitions, dans fe port de Halifax. II en resulte une enorme explosion qui rase completement le quartier industriel de ia vifle et fait 1 963 morts et quelque 10 000 blesses. Assurer le bon fonctionnement de l'economie Le gouverne-ment est aussi appele d intervenir de diverses manieres dans le fonctionnement de l'economie, afin de rationaliser l'utilisation des ressources et d'assurer la stabilite de la production. Ainsi, il regle-mente les secteurs de l'alimentation et des combustibles en vue 3'eviter les penuries de produits comme le charbon et le sucre. Cela t'empeche pas que plusieurs families traversent des hi vers froids m raison de la rarete et du cout eleve du charbon. Le gouverne-nent introduit egalement des mesures de controle dans le domaine lu ble et met sur pied le Board of Grain Supervisors. Ce bureau lational recoit le monopole de la vente du ble canadien, de facon i proteger l'approvisionnement du marche canadien et des pays illies. Enfin, le gouvernement se voit contraint de prendre des dis->ositions en ce qui a trait aux chemins de fer, point nevralgique les transports au pays. Devant la situation flnanciere precaire des irands reseaux de chemins de fer nationaux, il decide d'acheter les ompagnies en difficulte (sauf le Canadien Pacifique) pour creer le canadien National. Par la force des choses, la guerre oblige done Etat d assumer directement un plus grand role dans l'economie Canadien National: Societe d'Etat creee a partir de 191 7 par la fusion et la nationalisation de cinq compagnies ferroviai-res en difficultes financieres, et qui de-vient ainsi le plus grand reseau ferroviaire d'Arnertque du Nord. 278 [.'experience canadienne, de 1914 a 1945 obligation de la Vktoire : litre financier emis lors de la Premiere Guerre mondiale et par iequel i'Etat canadien contracte des emprunts aupres des particuliers pour financer la victoire des Allies. C'est durant la Premiere Guerre ä I'origine temporaire, doit permet-tre a l'fetat d'obtenir des ressources supplementaires pour financer {'effort de guerre. En 1918, elle touche moins de 1 p. 100 de la population revenu constitue l'une des principals sources de revenus des gouver-nements, et peu de Canadiens y ethappent. Et. dire que cet impot se du pays. Dans ces conditions, 1'influence du gouvernement se fait sentir de facon quotidienne dans la vie de tous les habitants. Financer l'effort de guerre Bien que la guerre dans un premier temps profite a l'economie, il en coute cher au gouvernement pour la financer. Rapidement, les coffres de I'Etat se vident, et le gouvernement doit trouver de nouvelles ressources financieres pour assumer les depenses reliees a l'activite militaire. Pour ce faire, il va d la fois exploiter plus a fond ses sources de revenus traditionnelles et trouver de nouveaux capitaux. Ainsi, le gouvernement federal augmente les droits de douane et les frais de poste, impose de nouvelles taxes sur divers produits et cree finalement de nouveaux types d'impots. De plus, il se tourne vers le marche des capitaux pour obtenir des prets. II emprunte de grosses sommes sur le marche americain ainsi qu'aupres des investisseurs et des epargnants canadiens grace a une campagne de vente d'obligations «de la Victoire». En consequence, la dette du gouvernement canadien passe d'environ 400 millions a plus de deux milliards de dollars entre 1914 et 1918. f 1 p?**. B^fT*-" .i 4f, »VW . 1 -Ml ..Ml Fig. 5.8 Generalement, la guerre stimule revolution technologique; aussi I'industrie canadienne developpe-t-elle de nouveiles productions entre 1914 et 1918. Quelle innovation figure sur cette photo? Les retombees sociales L'effort de guerre apparait egalement tres couteux pour les individus. Premierement, le gouvernement se montre plus gourmand sur le plan de la fiscalite et puise davan-tage dans les poches des contribuables. De plus, les prix d la con-sommation montent en fleche d cause de la demande croissante de produits dans le secteur manufacturier, de la hausse des couts de la main-d'ceuvre et de la forte demande de capitaux sur le marche des emprunts. L'inflation est si prononcee que les prix de plusieurs produits d'utilisation courante doublent pendant les annees de la Le Canada et la Premiere Guerre mondiale, 1914-1918 279 guerre. En bout de ligne, le pouvoir d'achat de nombreux consom-mateurs diminue malgre 1'augmentation de leurs salaires. Insatis-faits, les travailleurs adherent en plus grand nombre aux syndicats et recourent plus volontiere ä la greve. En retour, le gouvernement federal intercut les lock-out et les greves pour la duree de la guerre. En somme, la guerre accroit eventuellement les tensions sociales au pays, de meme qu'elle attise les divisions ethniques. Les «etrangers ennemis» Plusieurs milliers de citoyens canadiens sont originaires des pays }ue combat le Canada sur les champs de bataille europeens. Cer-ains Canadiens d'origine allemande ou austro-hongroise, en par-iculier, se trouvent done partages entre la loyaute envers leur pays l'adoption et l'attachement ä leur terre ancestrale. D'autres, par ontre, resident depuis longtemps au Canada et eprouvent peu ou >as de liens avec leur pays d'origine. Neanmoins, des tensions eth-tiques se manifestent entre la population canadienne dans son nsemble et les Canadiens issus des pays ennemis. Le gouverne-lent, ainsi qu'une bonne partie de l'opinion publique, en vient ä ientifier ces gens comme etant des «etrangers ennemis». Des le declenchement de la guerre, les Canadiens originaires 'Allemagne ou d'Autriche-Hongrie sont frappes par des mesures >eciales qu'autorise la Loi sur les mesures de guerre. Au debut, ils >nt forces de s'inscrire aupres des autorites et de porter en tout mps une carte d'identite indiquant leur origine nationale. Envi-■n 8 000 d'entre eux sont egalement internes dans des camps de jtention. En 1917, par l'adoption de la Loi sur les elections en mps de guerre, le gouvernement retire meme le droit de vote aux :oyens qui ont immigre au Canada apres 1902 en provenance m pays ennemi. Les reactions defavorables ä l'egard de ces neo~ inadiens proviennent aussi de l'opinion publique. Les «etrangers nemis» sont victimes de discrimination et s'attirent la mefiance it au cours de la guerre. crise de la conscription Foutefois, les plus grands dechirements ethniques ä survenir au au cours de la guerre ont lieu entre Canadiens francais et nadiens anglais. Durant les premieres annees du conflit, peu de nadiens francais s'enrölent dans l'armee pour diverses raisons. n'eprouvent guere d'affinites avec la Grande-Bretagne, anglo->ne et protestante, ni de liens avec la France, terre lointaine de rs ancetres. De plus, ils se sentent peu ä l'aise dans l'armee adienne, qui fonetionne essentiellement en anglais. Les Cana-is anglais leur reprochent done de ne pas faire leur part dans la duite de la guerre. Une partie de l'opinion publique au Canada lais va jusqu'ä demander que le gouvernement rende le service taire obligatoire pour forcer tous les Canadiens ä partieiper au flit. Mais le gouvernement juge preferable de n'adopter la scription qu'en dernier recours, sachant que cette mesure it fort impopulaire. conscription : Inscription obligatoire sur les listes de I'armee de tous les jeunes hommes qui ont atteint I'age legal pour le service militaire; se dit aussi du service militaire obligatoire lui-rneme. 280 L'experience canadienne, de 1914 á 1945 Fig. 5.9 Ces affiches, produites par le gouvernement federal lors de la Premiere Guerre mondiale, invitent (es Canadiens francais ä s'enröler dans l'armee. Queis themes 1a propagande gouvernementale exploite-t-elle pour convaincre les civils? Une autre source de conflit Comme si les tensions au sujet de la participation canadienne á la guerre écoies qui fait rage en Ontario de- :pUiS:i)l%&fi^ qui dresse les Canadiens fran^ais contre les Canadiens anglais. La crise:. ;sSi&KM::^^ phones de I'Omario, qui souhaitent .recevoir une education en francais dans les écoies de la province, et les Angio-Ontariens de religion protestante ou catholique, qui s'y oppo- jl#rilf|lí!(; sšíÉ r}i!;fQf ;g1i$|if3 ^iájtópě1^ plus tot, qyi^iHíeWi^pBqiueíeWiW Canadiens fran<;ais á leur suite réa- ^i|||flfíyiyg|^ ' transporte au Parlement federal et envenime les rapports ethniques du- : irffliÉSytě pas nécessaire d'aller en Europe pour :siehs>ř::jjiáit Ife rrt a rtďsí. SbiHfc.íSe j á: ;ěh:#| ::}é. Le probléme militaire Avec la guerre qui se prolonge, le nora-bre des victimes sur les champs de ba taille ne cesse de croitre. II devient bientót urgent ďenvoyer des renforts aux troupes alliées. En 1916, le premier ministře Borden s'engage ä doubler les effectifs du Corps expéditionnaire canadien, les faisant passer de 250 000 ä 500 000 hommes. Or, au mérae moment, le nombre de Canadiens qui se portent volontaires accuse une diminution sensible. Les re-crues potentielles sont plutöt attirées par la possibilité de trouver aisément un emploi au pays. Puisque les volontaires ne suffisent plus, le gouvernement Borden choisit de remplir son engagement en tentant de mieux gérer les ressources humaines. II crée une commission chargée de dresser la liste de tous les Canadiens aptes au combat, et ďévaluer si leur presence á leur travail est plus sou-haitable pour la nation que leur envoi sur les champs de bataille. Vu 1'importance des denrées alimentaires, Borden assure que les travailleurs agricoles ne seront pas mobilises. Le gouvernement instaure également un service militaire interne pour ceux qui ne veulent pas servir en Europe, ce qui dégagerait les soldats respon-sables de la sécurité á l'interieur du pays. Ces mesures donnent toutefois peu de résultats, compte tenu des enormes objectifs du gouvernement; le probléme du recrutement demeure done entier. Le probléme politique Lié par ses engagements militaires en-vers la Grande-Bretagne, Borden en vient á la conclusion que la conscription est inevitable. Cependant, il est conscient qu'une par-tie de la population s'oppose farouchement au service militaire obligatoire, en particulier les Canadiens francais, mais aussi des fermiers et des travailleurs du Canada anglais. Borden doit done trouver le moyen de recueillir pour la mesure le plus vaste appui possible parmi les électeurs aussi bien que dans l'enceinte du Le Canada et la Premiere Guerre mondiale, 1914-1918 281 element. II propose done ä Laurier de former un gouvernement union nationale, mais le chef des Liberaux refuse, soucieux des visions que la conscription va entrainer. Toutefois, plusieurs delates anglophones du Parti liberal font defection et s'associent aux anservateurs. Les membres de la coalition politique forment un )uvernement d'union, dirige par Borden et compose essentielle-ent de Canadiens anglais. Pour imposer la conscription, la Loi sur service militaire obligatoire est soumise au vote des Communes, esque tous les deputes anglophones votent pour, presque tous 5 elus francophones se prononcent contre. Resultat: la Chambre is communes se divise radicalement selon l'appartenance iguistique. Le verdict de l'electorat Le gouvernement d'union declen-e des elections pour que la population lui donne le mandat de aceder ä la conscription. Afin de faciliter son retour au pouvoir, il opte au prealable de nouvelles lois qui permettent aux soldats voyes outre-mer de participer aux elections et qui accordent en is le droit de vote aux femmes de leur famille immediate. De hne, le gouvernement reifere sa promesse aux fermiers d'exemp-leurs fils du service militaire. Les candidats du gouvernement Enion remportent les elections haut la main, grace ä l'appui du nada anglais. Le pays est neanmoins divise, sinon dechire. Les cteurs des Maritimes elisent plusieurs candidats liberaux, spe-lement dans les regions acadiennes. Plus encore, les Quebecois ent en bloc contre les unionistes. Hi Fig. 5.10 En 1916, !e mandat du gouvernement conservateur est exception-nellement prolonge d'un an, vu I'etat de guerre. Ce sursis permet a Borden de raS-lier suffisamment d'appuis pour former une coalition dite «d'union», qui est portee au pouvoir en 1917. Fig. 5.11 La province de Quebec est le theatre de nombreuses manifestations contre 5a conscription, comme celie-ci, tenue au square Victoria, a Montreal, en mai 1917. Pourquoi les Canadiens fran-cais sont-ils plus nombreux a prendre position contre I'enrolement obligatoire? 282 L'expérience canadienne, de 1914 á 1945 sBĚSĚSĚm Le recrutement des soldats La nature de l'effort de guerre devient vite un enjeu politique durant la Premiere Guerre mon-diale. Encore une fois, les Canadiens anglais et les Canadians francais ont des vues opposees. Au coeur du debat se situe une question fondamentale: le recrutement des soldats. Au debut du conflit, 1'armee canadienne fuit appel a I'enrolement volontaire. Mulgre les risques et perils du service militaire, de nombreux jeunes, surtout d'origine brilannique, se portent volon-taires. C'est le cas de H.L. Livingstone, du Cap-Breton, qui explique les motifs de son engagement militaire: )e me suis enrole dans le 106c Bataillon parce que mon -■■i plus vieux frere etait un officier dans cet uniforme. jo . me suis engage a une assemblee de recrutement a I'ecote " de Big Bras d'Or [...]. ]e pense qu'en grande partie e'etait jusfe pour faire ie brave. Je suis devenu quelqu'un d'im-portant (j'etais rien qu'un garcon, j'avais 18 ans) en m'enrolant devant I'assemblee communautaire. Ce sen- j timent - cree par la propagande - etait repandu dans toute la society jusque dans les reyions rurales. je me -' rappelle que queiqu'un est venu chez nous et que ma mere a suspendu le portrait d'un soldat avec une citation de Robert Burns: «Pour de 1'or, Ic marchand silionne S I'ocean / Le fermier laboure le domaine, / La gfoire est le prix do soldaL, / La nchesse du soldat est t'honneur.» - C'etait de la propagande habile. C'est devenu une affaire emotive. Patrioliqite et emotive. Et je dirais que i tout le monde avait le crane bien bourre. Le Cap-Breton '* au complet, en tout cas. Tout le monde est entre dans I'armee, et environ la moitie onl ete tues. .! S^ A Book from Cape Breton's Magazine, St. John's, Breakwater Books, 1988, p. 151A 52 (traduction). Pourquoi ce veteran s'est-il enrole dans I'armee alors qu'il n'avait que 18 ans? Quel role la propagande gou~ vernementale a-t-elte joue dans sa decision? A mesure que la guerre se prolonge, le problems du recrutement se fait toutefois sentir avec plus d'acuite. Des la fin de 1916, plusieurs Canadiens jugent que 1'appel au volontariat ne suffit plus a combler les besoins. Par consequent, le premier ministre Robert Borden introduit en juin 1917 un projet de loi rendant le service militaire obliga-toire. Void comment Borden justifie cette mesure : : je suis en situation de dire a la Chambre et au pays que le besoin de renforts est urgent, pressant [et] imperieux. 1 [...] Les renforts actuellement disponibles ne dureront que , quelques rnois [...], Nous sommes tous tiers de ce que le ': Canada ait joué un role important et briliant dans cette ' guerre. Les exploits de nos troupes ont place notre pays au J premier rang des nations, et la question qui se pose [...] est ' celle-ci : le Canada accepte-t-ii de diminuer son effort dans 1 la periodě la plus critique de la guerre, oú il s'agit de son i heritage, de sa constitution et de sa liberie? je suis sur que '' la réponse de la Chambre et du pays sera la méme, á savoir ■ que le Canada ne peut pas et ne doit pas lacher prise. Source : Canada, Débats de la Chambre des communes, seance du 11 juin rt 917, p, 2241, 2243. Pourquoi faut-il imposer le service militaire obligatoire selon Borden? í - Toutefois, la decision du gouvernement est loin de faire l'unanimite. Dans un discours á la Chambre des communes, le chef de l'opposition, Wilfrid Laurier, met en lumiěre la controverse suscitée par la conscription parmi la population du pays. En voici un extrait: ., Nous sommes en presence de 1'une des questions les plus complexes qui aient jamais été soumises au Pariement. il 1 existe á ce sujet une profonde divergence d'opinions parmi t le public et au sein de la deputation. II y a ici des hommes 5 qui, trente années durant, ont été nos cotiaborateurs politi-s ques, et qui approuvent la conscription, et il y a parmi les partisans du ministére des gens qui n'en veulent pas. i Un tel état de choses nous démontre combien profond est \ I'abime qui séparé les deux camps. En presence d'une situa- ■ tion semblable, dira-t-on qu'il est sage et de bonne guerre d'imposer le service obligatoire a la population? Dira-t-on j que cela tendra á faire régner le bon accord? Le ministěre \ eút été mieux avisé, il me semble, de maintenir 1'union en-5 Ire tous les groupes de notre population au Sieu de proposer le service obligatoire. Source: Ibid, seance du 18 juin 1917, p. 2467. Quelle est la position de Laurier au sujet du service militaire obligatoire? Que déplore-t-il? Rédige une lettre d'optnion au counter des lecteurs d'un journal de ľépoque pour te prononcer sur la conscription, Adopte le point de vue de ľune des personnes sui-vantes: un soldat canadien d'origine britannique qui s'est parte volontaire, un pere de famille acadien, la sceur d'un jeune militaire des Prairies ou un nationaliste canadien-frangais, partisan d'Henri Bourassa. ■ ill 'is m m ■ IE JU? ■ Le Canada et la Premiere Guerre mondiale, 1914-1918 283 ľ application de la conscription Le man dat de Borden est :íair : procéder au plus tôt au rassemblement des consents. La mo-)ilisation generale commence au debut de 1918. Tous les hommes élibataires ages de 20 ä 45 ans sont appelés au service. Revenant ur sa parole, le gouvernement mobilise également les travailleurs gricoles. Des milliers de consents, dont beaucoup de Canadiens rancais mais aussi des Canadiens anglais, demandent une dis-ense ou prennent la clef des champs, poursuivis par la police lilitaire. La reaction est particuliěrement vive au Quebec. Des meutes éclatent a Montreal á la fin de ľété 1917. Ä Québec, au Durs ďune nouvelle erneute en mars 1918, ľarmée intervient et re sur la foule. Bilan : cinq morts parmi les civils, des dizaines 'autres blessés. L'iMPACT de la conscription Ironie du sort, la conscription ura peu d'impact du point de vue militaire. Sur 400 000 Cana-ens jugés aptes ä servir sous les drapeaux, seulement 125 000 >nt effectivement conscrits et aussi peu que 25 000 se rendent sur s champs de bataille en France. De plus, au moment ou elle est ise en ceuvre, il ne reste que quelques mois avant que les Allies 2 remportent la victoire. En definitive, la conscription a surtout )ur effet de faire montér les tensions parmi la population du xys, spécialement entre Canadiens francais et Canadiens anglais. : prix a payer est lourd, car les divisions ethniques exacerbées par conscription demeureront longtemps anerées dans la memoire ■ nombreux Canadiens. ENROLEMENT ET INSTALLATIONS MÍLITAIRES 1914 1918 ^sources humaines de ľarmée 1 Hommes d'äge miütaire non enrôfés (1 112 996) Membres du Corps expeditionnaire canadien outre-mer (41 7 486) Membres du Corps expéditJonnaire au Canada (189 588) installation militaire ILE-DU-PRINCE-EDOUARD ET NOUVELLE-ÉCOSSE 115 361 500 ~ 1000 km .i , .. »■_J D'apres: D.W. Holdsworth et D. Kerr (sous la direction de), SiJaj Mtas hhtorique du Canada, vol. 3, Xti'fj Montreal, Presses de I'Uoiversite _S" de Montreal, 1990, pi. 26. s.12 La majorite des hommes ceiibataires ages de 20 a 45 ans evite de s'enroler dans I'armee. Toutes proportions gardees, dans e province repondent-i!s le pSus a Tappel aux armes? Dans laquelfe y repondent-fls le moins? 284 L'experience canadienne, de 1914 ä 1945 Du point de vue militaire, la Premiere Guerre mondiale est es-sentiellement une affaire d'hommes, car les femmes ne peuvent pas participer directement aux combats. Neanmoins, les Cana-diennes apportent une contribution fondamentale d l'effort de guerre. Ainsi, etant donne la penurie de main-d'ceuvre, les femmes se retrouvent en plus grand nombre sur le marche du travail, non seulement dans les secteurs d'emploi traditionnels, mais aussi dans les secteurs traditionnellement reserves aux hommes. Les tra-vailleuses salariees sont principalement des celibataires, les femmes mariees etant invitees ä contribuer d l'effort de guerre par des activites de benevolat. D'une certaine facon, la guerre ameliore la situation professionnelle et economique des Canadiennes et conduira eventuellement d leur avancement politique. LAiil f t TUVfJ. I i Dans l'ensemble, la contribution des femmes ä l'effort de guerre prend diverses formes. Certaines femmes participent de pres ä l'ac-tivite militaire en tant qu'infirmieres dans le Corps expedition-naire canadien. Environ 3 000 Canadiennes servent ainsi outre-mer durant la Grande Guerre, d soigner les blesses dans des camps de fortune. Au pays, de nombreuses femmes ceuvrent benevole-ment dans des organisations charitables. Par exemple, elles trico-tent des bas et des mitaines et preparent des colis pour les soldats au front. Les agricultrices, pour leur part, doivent souvent rempla-cer sur la ferme leur mari ou un fils parti au combat, tout en continuant d'assumer leurs täches habituelles. Toutefois, la percee des femmes se remarque surtout dans les industries, les manufactures et les bureaux, ou les travailleuses doivent combler le vide laisse par les hommes enroles dans l'armee. Rien que dans les usines de munitions, quelque 30 000 femmes sont employees a la fin de la guerre. Plus discrete dans l'ensemble de l'industrie, la presence des femmes ne se revele pas moins essentielle pour faire fonctionner l'industrie de guerre. En depit de leur apport indeniable, la guerre n'amene pas de changements profonds dans la place des femmes sur le marche du travail. L'emploi des femmes est considere comme une situation exceptionnelle necessaire pour repondre aux besoins de la crise nationale. En ce qui a trait aux salaires, les femmes continuent d'etre moins remunerees que les hommes. Dans les usines d'arme-ments, notamment, les femmes recoivent entre 50 et 80 p'. 100 du salaire des hommes. Ä la fin de la guerre, plusieurs femmes se retrouvent sans emploi en raison de la chute de la demande de main-d'ceuvre dans le secteur militaire et du retour des soldats demobilises. L'episode de la guerre montre qu'aux yeux de plusieurs les femmes constituent un reservoir de main-d'ceuvre bon marche qu'on peut manipuler au gre de la conjuncture. Le Canada et la Premiere Guerre mondiale, 1914-1918 285 .13 Une usirte de munitions de Verdun, pres de Montreal, ou Se personnel est tairement feminin. Quel role les femmes jouent-eltes dans I'effort de guerre en? la Premiere Guerre mondiale ne procure pas aux Canadien-?es gains permanents sur le marche de l'emploi, elle leur per-ie realiser un gain fondamental pour l'avancement de leur ?. En effet, c'est au cours de la guerre que le monde politique re partiellement aux femmes du pays, alors que le droit de eur est accorde dans la meme mesure qu'aux hommes dans tpart des provinces et sur la scene föderale. Le Manitoba est la iere province ä octroyer le droit de vote aux femmes en 1916. skatchewan et 1'Alberta l'imitent rapidement, ce qui traduit telque sorte la reconnaissance du röle joue par les femmes les societes pionnieres des Prairies. Ä 1'echelle nationale, cer-; femmes obtiennent le droit de vote aux elections de 1917. II des infirmieres militaires ainsi que des epouses, meres, sceurs ?s majeures des soldats enroles dans l'armee. Ce geste du rnement Borden n'est pas desinteresse; il vise avant tout ä ■'i une voix aux personnes les plus susceptibles d'appuyer la Enfin la prohibition! La Premiere Guerre mondiale voit aussi i'aboutissement d'un combat que plusieurs femmes onl: mene de-puis des annces : la prohibition des boissons alcoolisees. Pour des motifs essentielfement patriotiques, le gouvernement federal emboTte ert effet le pas ä plusieurs provinces et inter-dit d'abord la fabrication et ('importation pour cortsommation de boissons alcoolisees en 1917, puis la consommation d'alcool en 1918. Ce-pendant, la victoire prohibitionniste est de courte duree : des la fin de la guerre, le gouvernement federal met un terme a la prohibition nationale. La plupart des provinces ne tarde-ront pas ä lever ä leur tour I'inter-diction qui pese sur la vente et la consommation d'alcool. 286 [.'experience canadienne, de 1914 a 1945 decision d'imposer la conscription. Finalement, le droit de vote aux elections federates est etendu a toutes les femmes a compter de 1918. Les Canadiennes devancent ainsi leurs consceurs britan-niques et americaines d l'echelon national. CHRONOLOCIE PES DROITS POLITIQUES DES CANADIENNES, 1916-1940 Province Armee d'obtention du droit... de vote d'occuper un poste efectif Manitoba 1916 1916 Saskatchewan 1916 1916 Alberta 1916 1916 Colombie-Brttannique 1917 1917 Ontario 1917 1919 Nouvelle-Ecosse 1918 1918 Canada (federal) 1918 1919 Nouveau-Brunswick 1919 1934 lle-du-Prince-Edouard 1922 1922 Terre-Neuve* 1925 1925 Quebec 1940 1940 * Dominion britannique jusqu'en 1949. Source : Alison Prentice et a!., Canadian Women: A History, Toronto, Harcourt Brace Jovanovich, 1988, p. 207-208. La situation des femmes durant la Grande Guerre reflete bien les multiples dimensions du premier conflit mondial. Ainsi, la guerre entraine des changements sociaux et politiques importants, et fa-vorise une rapide expansion economique. Pour plusieurs Cana-diens et Canadiennes, elle exige d'importants sacrifices materiels, sans oublier qu'elle conduit souvent a des tragedies personnelles, Entre 1914 et 1918, le pays tout entier traverse une rude epreuve. Meme si le territoire canadien est epargne par les combats, la population du pays deplore de nombreuses pertes humaines et est divisee par les conflits ethniques et politiques. Fig. 5.14 Des infirmieres canadiennes exercent pour ia premiere foss leur droit de vote ä partir d'un camp militaire en France en 191 7. De quelle facon I'effort de guerre favorise-t-SI I'octroi du droit de vote aux femmes du pays? Iii!! Le Canada et la Premiere Guerre mondiale, 1914-1918 237 Conclusion Quand la guerre prend fin avec la signature de 1'ar-mistice le 11 novembre 1918, tous les Canadiens et les Canadien-nes poussent un soupir de soulagement. lis peuvent desormais considerer que les sacrifices consentis pendant les annees de guerre sont chose du passe, et esperer que l'avenir leur reserve des jours meilleurs. A la faveur du climat economique rassurant, certains parviendront d rehausser leur niveau de vie et d gouter aux plai-sirs de la vie moderne. D'autres, par contre, profiteront moins du vent de folie qui souffle au debut des annees 1920. Derriere l'esprit de fete qui anime une partie de la population se cache malgre tout une dure realite pour plusieurs families du pays. L'obtention du droit de vote marque une etape cruciate dans la marche des femmes vers I'egalite. Jusqu'alors, les Canadiennes etaient tenues ä Vecart du domaine politique, qui joue pourtant un rote majeur dans la vie des societes. Ä cause de cette exclusion, les personnes qui ecrivent Vhistoire, en s'appuyant bien souvent sur les evenements politiques, en sont reduites ä parier peu des femmes. Comment cette lacune se traduit-elle dans ton manuel? Quelle place celui-ci accorde-t-il aux femmes et comment en traite-t-il? Pour repondre a ces questions, res camarades de classe et toi pourriez vous reunir en plusieurs groupes aün que chaque groupe dresse une liste des themes de toutes les illustrations d'un module. Examinez ensuite combien d'illustrations component des femmes et dans quelle situation elles les representent. Mettez tous en commun les resultats de votre examen. Dans l'ensemble, les femmes recoivent-elles un traitement equitable?